samedi 7 juillet 2018

STEVEN WILSON – Olympia, Paris - 07/07/2018



Cette troisième série de dates pour la tournée "To the Bone" a déjà permis à Steven de s'exprimer notamment devant le public du Hellfest (vendredi). Le choix fut difficile, mais je ne suis pas allé à ce rendez-vous. D'autres opportunités se sont offertes heureusement à moi ; d'abord assister à sa très bonne prestation au festival Retro-C-Trop dimanche dernier, puis d'assister à ce retour à l'Olympia. C'est ainsi que j'ai la chance d'assister une quatrième fois à la promotion de cet opus.
Je savais que le principe d'une "soirée avec Steven" en deux actes était maintenu, mais en revanche j'avais un doute sur sa volonté à proposer un programme différent du printemps dernier. Bien qu'admirateur absolu de l'œuvre du Monsieur, j'étais d'autant plus inquiet que son concert de mars avait privé le public parisien de "Song of Unborn", sublime titre du dernier opus auquel je tiens tout particulièrement. J'attendais donc au moins l'interprétation de ce titre, faute de quoi le Steven m'aurait vraiment déçu pour la première fois (Il en faut bien une me direz-vous…)
Il était par ailleurs assez intéressant de jauger l'évolution de la notoriété de Steve, en observant l'état de remplissage de la salle et la perception du public. Car l'auditoire est cette fois composé de quelques nouveaux venus qui avaient été séduits par la campagne de promotion, sans pouvoir accéder au concert de mars, qui affichait complet mais bien avant la promotion dans nos "augustes" médias…
Fort heureusement, pas de (mauvaise) surprise au niveau du groupe ; outre les fidèles Nick Beggs à la basse, et Adam Holzmann aux claviers, nous retrouvons Craig Blundell (batterie) et Alex Hutchings (guitare) qui entourent Steven dans la joie et la bonne humeur (enfin, à ce qu'il me semble bien sûr). Je ne m'étendrai pas sur les talents de ces musiciens que Steven a le bon goût de savoir recruter (mais pas toujours de savoir garder, hélas…). Ce concert ne pouvait que confirmer mes récentes observations.
Pour une fois, j'avais pris un siège situé plus en retrait sans être trop éloigné, face au milieu de la scène. Connaissant le principe d'une partie du spectacle, qui consiste à utiliser le rideau transparent pour y diffuser des images, je m'assurais ainsi d'avoir le recul nécessaire pour apprécier la globalité du spectacle et surtout apprécier davantage le son. En effet, à me précipiter trop systématiquement sur les premiers rangs tel un fan transi (et, disons-le franchement abruti), je me retrouvais trop souvent le nez sur le rideau et les oreilles à proximité des enceintes. Là, au moins je peux affirmer d'une part que la sonorisation, quoiqu'un peu surpuissante, fut excellente (d'autres auditeurs diront même, meilleure qu'en mars) et, d'autre part que les images illustrant les titres sur le rideau (notamment sur "Song of I") comme en fond de scène sont d'un esthétisme soigné.
A l'instar de trois précédents concerts, je revois le court-métrage introductif "Truth" qui (je le rappelle pour le nouveau lecteur) évoque les dangers de l'interprétation des images par des commentaires brefs et décalés.
Lors du premier acte, si Steven choisit de débuter avec trois titres issus de "To the Bone" (dont le titre éponyme qui avait été oublié lui aussi du concert de mars), en revanche il enchaine avec sept titres du précédent opus "Hand Cannot Erase". Beaucoup de plaisir donc, mais afin de ne pas être suspecté d'angélisme je ferai part de quelques observations. D'abord, toujours pas de Ninet Tayeb en personne pour interpréter "Pariah" ; la diva commence à m'agacer grave, le public doit se contenter d'une bande-son accompagnant son minois en gros plan sur le rideau. Perso, j'apprécie moyennement. Je ne comprends pas l'obstination de Steven, à moins qu'il ne soit fada de la dame… Ensuite, lors des soli, sur "Routine" et "Ancestral" notamment, je ne parviens pas à oublier la virtuosité, la finesse de jeu, la sensibilité de Guthrie Govan (le guitariste sur l'opus HCE et sa première partie de tournée). Cette légère obsession n'a pas vraiment gâché mon plaisir mais c'est juste que ma mémoire entend autre chose que ce que je vois interpréter. C'est tout le problème du luxe, quand on en est privé, on a du mal à s'en passer, on devient aigri. Mais bon, ne restons pas sur cette impression, Alex est aussi un très bon guitariste, c'est certain ; le groupe est parvenu à évoquer avec bonheur cet album d'anthologie.
Durant le second acte, Steven revient à "To the Bone" avec cinq titres. Cependant, le superbe "Don't Hate Me", dans sa version de "Stupid Dream", s'intercale d'autant plus judicieusement qu'il nous épargne les miaulements dispensables subit dans la reprise de "". Une fois de plus, nous aurons droit à son (trop) habituel "je suis désolé d'écrire des chansons tristes". Ça devient lourd. Vous me direz que je pourrais aussi m'abstenir de le voir quatre fois en une tournée, et vous n'auriez pas tort. Même laïus pour "s'excuser" de jouer un titre pop en référence à son adoration pour des groupes tels qu'ABBA… Mais, bon public, on rit puis on se détend sur "Permanating", titre qui me procure malgré tout un étrange malaise. Non pas que je n'aime pas cette chanson ; mais depuis quinze années à écouter du mélancolique, du déprimant avec lui, j'ai un peu de mal à sourire à la vie pendant ses concerts… Ça viendra peut-être mais là c'est un peu dur, quoi. Mais bon, fort heureusement, cet état d'âmes n'est que temporaire, cette deuxième partie est somptueuse également ! Elle se clôt en pure folie avec "Vermillioncore" et "Sleep Together".
En amont du présent récit j'évoquais un regard sur la salle et ses occupants. La salle est bien pleine, mais pas complète ; quelques sièges sont vacants ici et là mais sans toutefois ternir l'impression d'une belle occupation. En revanche, je me suis amusé à regarder du coin de l'œil et à écouter du coin de l'oreille, les auditeurs manifestement nouveaux, et curieux d'examiner la nature de ce mystérieux va-nu-pied ! J'ai bien perçu toute la fragilité de leur démarche dans les conversations pendant l'entracte. Fatalement, ils n'ont pas résisté à l'assaut final ; "Vermillioncore" les a traumatisés et "Sleep Together" les a fait fuir, profitant de l'obscurité ! Le nombre de fauteuil vacants fut (relativement) plus important lorsque l'éclairage fut rétabli ! Ah évidemment, mes p'tites cailles, ici on n'est pas chez Nagui, ni à RTL2 hein ! Sacré Steven, va !! Il va avoir encore du boulot s'il veut séduire les chastes oreilles franchouillardes ! hahahaha !
Lorsque nous réclamons un rappel, je réalise que je n'ai toujours pas obtenu MON TITRE, celui qui a été accordé à d'autres salles, pas la mienne. Je peste à l'idée qu'il me lèse à nouveau, …grrrr. Sous le coup de l'agacement sans doute, je trouve sa reprise de "Blackfield" un peu fade. "Postcard" à peine mieux, dans les deux cas je préfère nettement leur version d'origine (que j'ai déjà entendue en concerts, dans les deux cas). Mais "The Sound of Muzak", avec ses rythmes chaloupés, tempère ma mauvaise humeur ; j'adore chaque titre de "In Absentia" qui demeure mon opus favori, toute ère confondue de SW.
Lorsqu'enfin Steven daigne annoncer en dernier lieu "Song of Unborn" c'est avec un immense soulagement que je me cale profondément dans mon fauteuil pour déguster cette chanson aux mélodies parfaites et mélancoliques. Ce titre et "From 44 to 48" écrit pour Blackfield, sont ceux que je préfère parmi ses créations de ces deux dernières années (il ne faudrait pas remonter plus loin dans le temps, car cela deviendrait trop compliqué !).
Encore une superbe soirée en compagnie de Monsieur Steven WILSON, qui m'a fait vivre une nouvelle fois une bonne dose d'émotions.

PROGRAMME

ACTE 1: (20:00)
Introduction mini-film "Truth"
To the Bone (To the Bone, 2017)
Nowhere Now (To the Bone, 2017)
Pariah (To the Bone, 2017)
Home Invasion (Hand Cannot Erase, 2015)
Regret #9 (Hand Cannot Erase, 2015)
Routine (Hand Cannot Erase, 2015)
Hand Cannot Erase (Hand Cannot Erase, 2015)
Ancestral (Hand Cannot Erase, 2015)
Happy Returns (Hand Cannot Erase, 2015)
Ascendant Here On... (Hand Cannot Erase, 2015).
(pause : 21:10-21h30)
ACTE 2:
People Who Eat Darkness (To the Bone, 2017)
Don't Hate Me (Stupid Dream, Porcupine Tree, 1999)
Permanating (To the Bone, 2017)
Song of I (To the Bone, 2017)
Refuge (To the Bone, 2017)
The Same Asylum as Before (To the Bone, 2017)
Vermillioncore (4½, 2016)
Sleep Together (Fear of the Blank Planet, Porcupine Tree, 2007).

RAPPEL:
Blackfield en acoustique (Blackfield, 2004)
Postcard en acoustique (Grace for Drowning, 2011)
The Sound of Muzak (In Absentia, Porcupine Tree, 2002)
Song of Unborn (To the Bone, 2017).
(fin : 23:07)
Au moment où je rédige ce récit, j'apprends qu'une quatrième série de concerts pour cette tournée TTB est prévue début janvier, mais en province. J'incite les concernés à s'y rendre, pour ma part j'ai le sentiment d'avoir (pour l'instant) reçu ma dose avec ce que je voulais entendre. L'année 2019 commence déjà à se remplir par ailleurs…

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