Lorsque j'ai vu LEPROUS pour la première fois en
concert, à l'occasion de la tournée promotionnelle de "Tall Poppy Syndrome", je ne
connaissais d'eux que leur réputation, un peu de musique téléchargée et
quelques vidéos. Suffisamment pour être positivement intrigué. Cependant, le 3
novembre 2010, j'allais à l'Elysée Montmartre surtout pour assister au concert
de THERION. C'était donc une soirée cent pour cent Vikings ! Attisé par les
discussions sur les réseaux spécialisés, j'avais hâte de vérifier la réputation
de Leprous sur scène. A l'issue de
leur prestation, je fus subjugué, autant par leur musique que par leur stature
scandinave. La voix d'Einar plus
souvent agressive que maintenant laissait déjà paraitre cette tessiture si
étourdissante. Son charisme était encore accentué par une apparence particulièrement
impressionnante avec sa crinière sauvage. Je sentais bien qu'un virus venait de
m'être inoculé. Onze années et un mois plus tard, quasiment jour pour jour, je les
retrouve pour la neuvième fois avec mon admiration décuplée par un parcours
musical toujours plus surprenant et inattendu.
Pour l'anecdote, le dernier concert de Leprous (25/02/20) auquel j'ai assisté
fut l'un des trois derniers avant le début du confinement imposé par la
Pandémie mondiale.
Fin mai, en achetant les tickets du concert je me
disais bien qu'une part de risque n'était pas à négliger en cette période de
pandémie décidément persistante. Mais je n'imaginais cependant pas un tel
scenario. Ayant joué la veille à Londres, le groupe devait passer notre
frontière pour rejoindre Paris. Mais les mesures sanitaires se sont durcies
précipitamment au point de bloquer l'équipage, mettant en péril notre soirée.
Le Brexit n'aura sans doute rien arrangé. L'heure approche et l'angoisse
grandit, lorsque le groupe fait savoir qu'il jouera tout son programme ou pas
du tout ; ce que j'approuve totalement sur le fond. Quelques minutes
s'égrainent encore, avant de savoir que la soirée aura bien finalement lieu. Mais
amputée de sa première partie, aux dépends donc des deux groupes malchanceux
qui auront investi en vain dans cette affaire… De notre point de vue, c'était
cela ou risquer de ne pas revoir Leprous
avant un bout de temps. Par ces temps incertains, mieux vaut tenir que courir…
Sous la pluie, le vent et le froid, nous rejoignons
une file d'attente déjà impressionnante ; il est vrai que le concert était
annoncé complet. De toute évidence, il aurait fallu davantage d'adversité pour
décourager les mélomanes présents devant le bel édifice !
LE SITE.
Comme souvent au 19ème siècle, c'est en
tant que salle de bal que l'Élysée-Montmartre fut inaugurée en 1807. C'est même
là qu'on y lancera de nouvelles modes : le fameux cancan ou encore le quadrille
naturaliste. Puis beaucoup plus tard, dans les années 50, on y organise des combats
de boxe et de catch. Sa façade, ainsi que le décor de la salle ont fait l'objet d'une inscription
au titre des monuments historiques le 4 mars 1988. Je me souviens encore des beaux
ornements sculptés au plafond. Mais l'incendie du 22 mars 2011 a ravagé ses
murs. Il aura fallu attendre 2016 pour sa réouverture, le 10 décembre avec
Marillion, en ce qui me concerne. Elle est désormais en capacité d'accueillir 1
380 personnes.
Mais au-delà de cet historique, c'est un lieu qui
compte pour moi puisque j'y ai assisté à 29 évènements, dont 60 concerts depuis
le 18 mai 1988… J'y ai laissé beaucoup d'énergie et de sueur, vous pouvez me
croire !
LA SOIREE.
Par respect pour ces malheureux
musiciens qui auront été sans doute frustrés et pénalisés de ne pas pouvoir
s'exprimer ce soir, je considère devoir évoquer au moins leur existence et leur
présence physique (ils me faisaient pitié à leur échoppe, oubliés de tous ou presque).
WHEEL [XXhXX-XXhXX].
Wheel est un quatuor prog-metal finnois, originaire d'Helsinki,
comprenant James Lascelles (chant et
guitare), Jussi Turunen (guitare), Santeri
Saksala (batterie), et Aki ‘Conan’ Virta (basse).
De ce que j'ai pu écouter sur les réseaux, ils me
paraissent comparables à TOOL. On me parle aussi de Karnivool que je ne connais
pas.
Après un premier album "Moving Backwards"
paru en février 2019, ils viennent de sortir leur deuxième album "Resident
Human" le 26 mars 2021. Ils étaient en vente à leur échoppe mais je me
suis abstenu, faute d'avoir pu vérifier mes (bonnes) impressions…
AIMING FOR
ENRIKE [XXhXX-XXhXX].
Aiming For Enrike est un duo norvégien, originaire
d'Oslo, composé de Tobias Ørnes Andersen
(batterie) et Simen Følstad Nilsen
(guitare).
C'est également en consultant les réseaux que j'ai pu
découvrir leurs titres aux sonorités électroniques qui peuvent paraître un peu
répétitifs : l'usage d'effets de boucles et de séquences diverses entretient
cette impression. Cela dit ce n'est pas désagréable à entendre et il est permis
d'imaginer que ce duo aurait pu meubler une première partie de soirée…
Un quatrième album intitulé "Music For Working
Out" est paru le 10 janvier 2020. Un monoplage "Steam Yoga City"
est paru en 2021.
LEPROUS [21h00-22h50]
LEPROUS avait mis la barre très haute lors des deux
concerts de leur tournée "Pitfalls",
tout particulièrement au Cabaret Sauvage, le 12 novembre 2019 ; on pouvait
légitiment se demander s'il serait à nouveau capable d'atteindre une telle
intensité.
Pour rappel, le groupe norvégien a été fondé en 2001
par Einar Solberg (chant, claviers,
depuis 2001) et Tor Oddmund Suhrke
(guitares, chœur, depuis 2001), est actuellement composé de Baard Kolstad (batterie, depuis 2014), Simen Børven (basse, chœur, claviers
occasionnel, depuis 2015) et Robin Ognedal
(guitares, chœur, depuis 2017). Pour marquer le caractère exceptionnel de cette
tournée ils ont invité Tobias Ørnes
Andersen, batteur pour Leprous sur le "Tall Poppy Syndrome" (2009), "Bileteral" (2011) and "Coal" (2013)".
Cette tournée d'automne, intitulée "From Early Demos to Aphelion" a
vocation à célébrer le 20ème anniversaire
du groupe. Mais chaque date est soumise à une pression particulière en cette
période de pandémie persistante. Les risques financiers sont importants et nous
leur savons gré de maintenir cette tournée. Gageons cependant que la promotion
de leur septième opus "Aphelion",
paru ce 28 Aout 2021, fera
l'objet d'une autre tournée. Si Leprous est notre soleil, alors nous scruterons
les cieux pour ne pas demeurer à leur aphélie
(rhôôlàlààà ca y'est je sors ma science
!).
Je m'estime plutôt bien placé dans la fosse, à
distance raisonnable de la scène, au centre.
L'éclairage m'a paru somptueux ; les chasseurs
d'images auront pu s'en donner à cœur-joie ! Même moi avec mon simple S9 ! Le
fond de scène est garni d'un écran géant diffusant des beaux plans fixes et
mobiles en rapport avec les différentes couvertures d'album.
Cela fait plaisir de voir enfin Leprous sur une scène large
et profonde, digne de leur rang et qui répond au besoin d'espace de ces
gaillards nordiques.
Ce n'est donc qu'avec le titre "Passing" que j'ai commencé vraiment
à ressentir du plaisir. Plaisir tempéré en réalisant que le programme serait
écourté en raison du retard. C'est donc avec une certaine frustration que le
public parisien aura dû se passer de "Eye
of the Storm" et de "Disclosure"
(Aeolia) ainsi que de "Painful Detour" (Bilateral). Mais dès le troisième titre,
on assiste aux surprises ; les deux batteurs amplifient les rythmes trépidants de
"Dare You" et final
laissant paraitre un trompettiste dont les sonorités m'ont semblé bienvenues.
Musicien dûment présenté par Einar mais dont je n'ai pas capté le nom hélas (si quelqu'un pouvait me renseigné sur ce
point ce serait constructif !).
Car en effet, encore une petite déception, le
violoncelliste canadien Raphael Weinroth-Brown, qui participait aux activités du groupe depuis
2017, est absent. C'est très dommage sur le principe, surtout pour une tournée
sensée honorer l'histoire du groupe, mais on ne peut pas dire que cela ait beaucoup
nui aux interprétations qui ont été adaptées en conséquence. Un trompettiste le
remplace cette fois, la prochaine nous aurons peut-être un trombone à coulisse,
un accordéon et pourquoi pas un biniou…Mais là je m'égare, j'en conviens.
Quoique. Bref, le cuivre interviendra sur plusieurs titres (détail ci-dessous), le plus souvent
audible en dépit du déluge ambiant.
Je détaille dans le programme ci-dessous l'alternance
des interventions des deux batteurs, mais je peux dire que leur présence
simultanée était toujours particulièrement impressionnante ! Einar se charge le
plus souvent des claviers mais il cède volontiers ce pupitre à Tor, Robin et Simen
lorsqu' il souhaite se concentrer sur son chant. Preuve, si nécessaire, que
nous avons à faire à d'excellents musiciens multi-instrumentistes.
Je ne peux pas relater ce concert sans souligner une nouvelle fois mon admiration pour la voix d'Einar, dont le timbre et la tessiture sont simplement exceptionnels. Il maitrise parfaitement l'usage de ses cordes vocales pour faire ressortir toutes les nuances nécessaires, distillant opportunément les voix gutturales et les voix claires. J'ai encore prêté une attention toute particulière à ses interventions sans jamais déceler d'erreur ni d'excès, sauf à considérer les passages les plus rugueux du répertoire.
Baard était d'une exubérance sans doute attisée par la
présence de son prédécesseur à ses côté, mais quelle frappe, quelle énergie !
Quant à Tor, Robin et Simen, à la fois appliqués et impliqués, ont largement
contribué à exacerber l'exaltation des
mélomanes par leurs interventions millimétrées. Et physiquement leur stature
imposante est accentuée lorsqu'ils montent sur les cubes pour haranguer le
public.
Enorme prestation, acclamée comme il se doit par un auditoire
d'autant plus enthousiaste qu'il a conscience que le concert aurait pu ne pas
avoir lieu, tout simplement… Public plus hétéroclite que de coutume, remuant et
exubérant mais respectueux, pas chahuteur, laissant chacun vivre la musique à
sa guise. Une belle communion avec les artistes qui saluent en manifestant leur
soulagement avec des sourires évidents. Pour ma part, ma satisfaction est un
peu ternie par ces incidents certes indépendant de leur fait. Mon meilleur
souvenir restera la parfaite prestation du Cabaret Sauvage.
A la base, le programme prévu m'avait paru très
judicieux avec dix-huit titres survolant ces vingt années. Mais les
circonstances nous ayant hélas couté trois titres, il me restera la
satisfaction d'entendre trois titres du magnifique "Pitfalls" dont mon préféré absolu ; le sublime et renversant "Distant Bells" !