samedi 24 mars 2018

LAX'N'BLUES - LE SAMEDI 24 MARS 2018 - BARAQUEVILLE (12)




Des âmes bienveillantes insistaient depuis quelques années pour que je me rende à ce festival aveyronnais, cette fois les astres sont positionnés favorablement. Ca tombe bien, compte tenu du succès qui ne se dément pas, un nouvel auditorium est inauguré à l'occasion de cette 16ème édition.
Lax est un lieu-dit de Baraqueville qui accueille une fois par an toute la faune de mélomanes hétéroclites mais éclectiques des environs et d'au-delà. Sous la pluie, heureusement guidé par ma p'tite Fée une autochtone notoire, dans cette campagne profondément retirée, je finis par trouver l'antre réputée.

Très vite, le second objectif de la soirée est atteint ; les amis se retrouvent (au bar, principalement !) et discutent avec un accent aveyronnais qui oblige mes oreilles parisiennes à se tendre tout particulièrement. Heureusement, pour me soutenir dans cet effort, la bière est buvable et pas chère (2€). J'ai bien remarqué le comptoir dédié à l'appétissante gastronomie locale, mais je n'aurai pas eu le temps de m'y rendre ; l'alternance des bavardages, des concerts et des tentatives redoutables d'accès au bar m'auront dissuadé de m'y restaurer. 


Une foule compacte de fêtards s'est donné rendez-vous ce soir et ne se clairsèmera que tard dans la soirée ! (la plus haute densité étant atteinte après 21 heures)
Les plus mélomanes se pressent dans la partie scène alors que les plus assoiffés resteront dans la partie bar dans laquelle était judicieusement installé un écran géant.

KATHY BOYE & THE DTG GANG.
Kathy Boyé (Chant, Piano & Harmonica) a déjà participé à ce festival avec d'autres accompagnants mais cette fois ce sont Mister Tchang (Guitares & Chant), Daniel TBone Stec (Orgue, Piano et Chœurs), Pascal Celma (Basse & Chœurs) et Fabien Tournier (Batterie & Chœurs).
Son retour sur ces planches me semble légitime, non seulement en raison de son origine locale, mais aussi pour la qualité de sa prestation. Du bon blues, de la soul, du rock, se mêlent avec un brio et entrain.
La troublante ressemblance de Kathy avec une femme politique est immanquablement observée par beaucoup, cependant c'est bel et bien son talent de chanteuse qui s'impose, pour le plus grand plaisir du public. Le timbre viscéral et profond de sa voix alternant avec les sons de son harmonica et celui de ses comparses produisent une chaude ambiance, propice à l'entame de cette soirée.
Mister Tchang fait pleurer sa guitare provoquant de belles émotions, pendant que la rythmique délicate et les mélodies au clavier apportent un soutien non négligeable.
Un bel apéritif musical, en somme !





MOUNTAIN MEN
L'écoute de leur dernier opus paru en 2016 "Black Market Flowers" m'avait séduit sans toutefois m'emporter au septième ciel ; du blues, du rock, du folk chanté parfois en anglais parfois en français avec force et conviction mais pas de quoi grimper aux rideaux. C'est donc sans conviction que je me plaçais en fosse.

Mais là, ce fut la claque monumentale de la soirée !! Voilà donc l'exemple-type du groupe de scène par excellence !
Mathieu Guillou (dit "Mr Mat", au chant et à la guitare), et Ian Giddey (dit "Barefoot Iano", à l'harmonica et au choeur) les deux membres fondateurs (2005), déjà très talentueux, ont une la bonne idée de s'entourer d'une rythmique d'enfer avec Denis Barthe (batteur de Noir Désir) et d'Olivier Mathios (bassiste de The Hyènes) ! J'ignore si cette collaboration perdurera mais à mon humble avis ce quartet ainsi formé est forgé pour un succès garanti et en tous cas mérité !
Les deux insolents sont dotés de surcroît d'un humour et d'un charisme saisissant.
Le chant de Mr Mat me fait parfois penser à Bernard Bonvoisin ("passe dans cette vallée", notamment), parfois à Tom Waits.
Mais le plus exubérant est assurément Barefoot Iano ; il s'agite comme un fou furieux sur la scène qui semble du coup trop petite pour lui ! A tel point que, continuant à souffler dans son harmonica, il descend dans la fosse et se fraye un chemin dans le public, jusqu'au fond pour que tout le monde en profite ! Son accent australien ne l'empêche pas d'échanger avec le public amusé par ses pitreries.
J'achète leur opus (15€), emporté par mon enthousiasme et le fait dédicacé par Ian, très sympathique. (L'écoute a posteriori ne fait que confirmer mon impression : à ce jour, MM est avant tout un groupe de scène !) à suivre et revoir absolument !! (Déjà la date du 30 mars à Brétigny me tente bien…)






THE CHRIS SLADE TIMELINE


Le pedigree du Gallois, né le 30 octobre 1946 (71 ans !) laisse songeur : batteur de Tom Jones de 1965 à 1968, Manfred Mann de 1971 à 1978, Uriah Heep en 1980, David Gilmour en 1984, The Firm (avec Jimmy Page !) en 1985/86, Gary Moore en 1987/88, et aussi Asia pour deux opus en 2001 et 2004 ! Mais il est fort probable que ce sont principalement ses prestations au sein d'AC/DC (1989-1994, 2014-2016) qui constituent le motif d'attraction du public de ce soir ! D'ailleurs, c'est bien cet aspect qui est opportunément mis en valeur sur l'affiche …
Manifestement toujours enthousiaste et peu enclin à prendre sa retraite en dépit des errements de ses employeurs australiens, Chris a décidé de s'entourer de cinq musiciens ; deux chanteurs, Paul 'Bun' Davis et Steve Glasscock, (un pour le registre AC/DC et un autre pour le reste) ainsi que James Cornford à la guitare, Michael J Clark au clavier + guitare, et Andy Crosby à la basse. Il nous présente ainsi son honorable parcours, en reprenant des titres qu'il a interprété parfois en studio, parfois sur scène.

Je me suis rendu dans la fosse sans a priori, notamment perplexe sur leur capacité de faire oublier Angus. La soirée en leur compagnie s'avèrera ma foi plutôt sympathique avec des très bonnes reprises ("Back in Black", "Thunderstruck", et "Highway to Hell" pour AC/DC mais aussi "July Morning" pour Uriah Heep et "Davy's on the Road Again" et "Blinded by the Light" pour Manfred Mann).
Hélas, le talent des musiciens, et particulièrement celui du guitariste, a montré ses limites sur des titres cultes ; n'est pas David Gilmour ou Gary Moore qui veut ! L'interprétation de "Parisienne Walkways" a dû faire retourner le pauvre Gary dans sa tombe et celle de "Comfortably Numb" a failli me provoquer une crise cardiaque sur les solos respectifs … Je m'abstiens habituellement de descendre en flammes les artistes que je respecte pour leur courage mais là, non. C'est juste pas possible de toucher ainsi au sacré ! A l'inverse, il m'a pourtant semblé que les parties d'Angus étaient valorisées …
M'enfin, je tiens à rester "bon public" et globalement je veux retenir les bons moments ; et il y en a eu !
Je salue surtout la fougue de Chris qui continue à tourner et à frapper avec l'énergie de ses 19 ans alors qu'il débutait avec Tom Jones ! Il nous présente fièrement et légitimement les titres qui évoquent sa longue carrière, avec lui nous visitons une partie de l'Histoire du rock et je lui en sais gré ! Je sens d'ailleurs que je vais me remettre à écouter du Manfred Mann !!

PROGRAMME
Dirty Deeds Done Dirt Cheap (AC/DC)
Davy's on the Road Again (reprise de Manfred Mann issue de "Watch" (1978)
High Voltage (AC/DC)
July Morning (reprise de Uriah Heep issue de "Look at Yourself" (1971)
Hells Bells (AC/DC)
Parisienne Walkways (reprise de Gary Moore, issue de "Back on the Streets" (1978)
Comfortably Numb (reprise de Pink Floyd)
You Shook Me All Night Long (AC/DC)
Drum Solo
The Razors Edge (AC/DC)
Back in Black (AC/DC)
Blinded by the Light (reprise de Manfred Mann issue de "The Roaring Silence" (1976)
Thunderstruck (AC/DC).

Rappel :
Highway to Hell (AC/DC).



MISS AMERICA
Je ne connaissais pas ce groupe, ni d'Ève ni d'Adam ! A la lecture de leur nom sur l'affiche je craignais le pire et je me disais que leur prestation me donnerait sans doute l'occasion d'aller me désaltérer au bar avec une bonne tisane de houblon. D'autant plus qu'ils sont arrivés sur scène alors qu'une partie du public avait quitté les lieux après le départ de CST ; il faut souligner qu'il était déjà bien tard (plus d'une heure et quart du matin !) lorsque le quartet se décide à venir …
Les rangs de l'auditoire sont donc un peu éclaircis mais l'ambiance monte vite d'un cran grâce à la hargne de ces jeunes sudistes plein d'envie ! Tant pis pour les couche-tôt, ils auront manqué une très belle occasion de se décrasser les cages à miel !
Fondé en 2012, ce groupe composé de Morgane Taylor (Batterie), Dimitri Walas (guitares, chœurs), et Mathilde Malaussena (Basse, chœurs) a véritablement décollé à l'arrivée de Tommy Roves au chant et guitares). Il faut dire que la voix rauque du monsieur a de quoi décoiffer n'importe quel gominé !
Les quatre musiciens occupent la scène avec toute la fougue qui sied à leur musique dont on sent les influences diverses et variées : surtout The Rolling Stones, ZZ-Top, Led Zeppelin, Aerosmith, mais aussi The Who, AC/DC, Oasis, et on en passe ! Cependant avec ma p'tite Fée nous avons nettement ressenti une voix évoquant celle de Joe COCKER, alors que son imposante carrure ne lui prête pas a priori ce timbre…
De surcroît, et cela ne gâche rien, ce sont tous de "beaux gosses" comme on dit ! Personnellement, vous me permettrez d'avoir craqué tout particulièrement pour les deux minettes ravissantes, pleines d'enthousiasme et d'énergie accordant ainsi une place prépondérante à la section rythmique !
Dans la foulée et en dépit de l'heure très tardive de la fin de leur prestation, je me suis rendu à l'échoppe où leurs deux mini-Cd étaient en vente (pour 5€ chaque) ; j'en ai pris un pour le faire dédicacer aux quatre musiciens très volontaires et accessibles. Un petit portrait s'imposait avec ces dames bien entendu …
Dans la nuit aveyronnaise il nous reste à rentrer au son de cet enregistrement qui ne trahit pas notre enthousiasme ! Encore un groupe à suivre !...












vendredi 9 mars 2018

STEVEN WILSON – Ancienne Belgique, Bruxelles - 09/03/2018


Je ne peux pas prétendre m'être isolé des informations qui ont filtré sur le début de la tournée, mais j'ai essayé tout de même de m'en détacher un tant soit peu pour préserver une part de mystère. Je connaissais ainsi à peu près la teneur du programme et la satisfaction de mes amis, mais je n'ai pas visionné de vidéos que la Surveillance de Steven aurait pu laisser sur YouTube.
Mon impatience d'assister à ce concert est encore accrue par sa situation géographique et temporelle ; ce rendez vous est hors de nos frontières et avant la date prévue pour l'Olympia !

Ravi de retrouver l'Ancienne Belgique, belle salle que je venais de découvrir le samedi précédent à l'occasion du concert de Machiavel. Les deux mille tickets ont été vendus, la soirée s'annonce bien ! Je m'ajoute aux deux seules personnes présente à l'entrée vers 16h15.

Ouverture ponctuelle de la salle à 18:30 ; je me précipite vers l'intérieur afin de garantir ma place au premier rang au centre légèrement sur la gauche, au pied du Maître. Ici, la fosse accueille un public debout ce qui me permettra une autre appréciation de celle qui sera perçue à l'Olympia. Seuls les 184 fauteuils de la mezzanine sont au fond de la salle.
Première observation, les emplacements sont installés en profondeur, la batterie, les claviers et les micros sur pieds sont éloignés du bord. En fait, il s'avérera que ce dispositif favorise le confort de vue des premiers rangs, surtout pour visionner les images diffusées sur le rideau semi-transparent qui s'intercalera par intermittence à deux mètres de l'auditoire.
Deuxième observation, je ne suis pas spécialiste mais j'observe que les ampli utilisés par Steven me paraissent avoir changé ; les Badcat noirs sont toujours là mais un bloc orange qui ne pouvait être ignoré dans le dispositif a disparu.
Troisième observation, le nouveau logo-signature de Steven est dessiné en tapis devant son micro.


La salle s'obscurcit comme prévu à 19:40 pour laisser cours au mini-film d'introduction diffusé sur le rideau. Des images de personnages publics et de scènes de vie défilent, commentées chacune d'un mot sensé les qualifier. Puis ce diaporama revient dans le même ordre mais avec les commentaires décalés ; une manière de démontrer la subjectivité et la relativité de l'information par les seules images.

Les musiciens pénètrent alors sur la scène sous les ovations. Le premier titre diffère selon les dates, à l'AB, nous aurons "Nowhere now". A ce stade, il est encore permis d'espérer entendre aussi le titre éponyme de l'album qu'il vient promouvoir (ce sera vain). Le concert débute ainsi de manière assez calme, jusqu'à la cinquantième seconde où le son et les couleurs explosent à la perception de l'auditoire, qui comprend à ce moment-là que la sonorisation sera quasi parfaite ! L'éclairage est très réussi également avec beaucoup de couleurs chaudes, des rouges et des verts puissants, qui ne sont pas sans rappeler la campagne de promotion dans laquelle on voit Steven arrosé de pigments.

Parmi les compagnons de route sur cette tournée nous retrouvons les deux fidèles lieutenants Nick Beggs (basse), Adam Holzmann (claviers). Craig Blundell (batterie) semble avoir gagné la confiance de Steven. Le guitariste Dave Kilminster ayant réintégré la troupe de Roger Waters, c'est Alex Hutchings qui a la lourde charge de suppléer Steven aux parties de guitares.
Quant à Ninet Tayeb, comme prévu, elle respecte ses préceptes religieux en s'abstenant de participer à cette soirée de vendredi. Steven semble cependant tenir à interpréter "Pariah" qui sera le deuxième titre de la soirée ; le public doit donc se contenter de l'enregistrement de son image et de sa voix. Cela ne me gâche que partiellement mon plaisir, tant il est vrai que ce titre est l'un des phares de l'album. Surtout vers 3'15" où, là aussi, c'est une explosion de couleurs et de sons qui sautent sur nos visages émerveillés par tant de sensations !

Steven est devenu bavard au fil des tournées.
Il l'a encore récemment reconnu ; il a dû apprendre à se produire sur scène, car ce n’est pas quelque chose d’inné chez lui. Ce caractère relativement introverti je l'ai découvert (trop tardivement) en 2005. Ensuite, j'ai pu constater une réelle évolution de son assurance et sa communication avec son public. Certes, il reste encore parfois un peu maladroit et ce soir il aura crispé quelques oreilles sensibles en critiquant la relative passivité de telle ou telle partie du public anglo-saxon et scandinave de sa tournée. Mais apparemment, nous pouvons nous flatter en tant que public latin de recueillir son agrément, puisque ce soir il ne cessera pas de nous remercier pour notre vif engouement !

Passons sur ces flatteries réciproques, le titre suivant nous ramène à l'opus précédent "HCE" et constitue ma première source de surexcitation car "Home Invasion" représente l'aspect que je préfère chez Wilson ; il me rappelle Porcupine Tree et sa période metal. Je sais bien que mon attrait n'est pas forcément partagé par l'auditoire éclectique du Monsieur, mais c'est le mien. Ces ruptures tantôt jazzy (3'05"), tantôt floydienne (5'50"), tantôt metal m'enivrent au plus haut point ! A l'instar de la précédente tournée, au début de ce titre Nick est au clavier et Steven à la basse, avant que chacun reprenne vite sa place. Ce titre nous permet de savourer un premier duo étourdissant entre les claviers d'Adam et le chant mélancolique de la guitare d'Alex ! En fond d'écran, on retrouve la dame mystérieuse de la précédente tournée qui nous confie ses pensées imagées du fond de sa pupille. Mon délire s'accroit encore avec l'enchaînement de "Regret #9" dont, là aussi, la conjugaison des atmosphères jazzy et metal est particulièrement réjouissante. Les rythmes syncopés de la batterie de Craig sont irrésistibles, même s'il ne parvient pas complètement à me faire oublier la finesse et subtilité de Marco Minnemann.

Steven a choisi d'enfoncer le clou énergétique à ce stade de la soirée car c'est le très énervé "The Creator has a Mastertape" qui secoue les nuques déjà bien chauffées ! L'exercice est audacieux tant la technique me semble redoutable ; notamment à la basse mais Nick maitrise parfaitement sa partition. Premier bel hommage à Porcupine Tree sur le programme qui en comportera bien d'autres, pour mon plus grand bonheur !

L'introduction de "Refuge" vient rassurer nos neurones. Une invitation au recueillement à l'égard de ce douloureux sujet d'actualité. Les images, sans doute filmées par Lasse Hoile sur les plages du Sud de l'Europe, illustrent cette chanson poignante et mélancolique qui, à défaut d'apporter une solution, suggère la compassion et la réflexion.


Steven nous parle ensuite longuement de la nouvelle guitare qu'il déclare adorer pour le son particulier qu'elle émet. Je n'ai pas tout capté de ses explications mais en tout état de cause, cet instrument, au corps déjà bien usé, me parait en effet bien adapté au titre suivant "People who eat Darkness", très énergique.

Troisième et dernier regard sur "HCE", c'est avec "Ancestral" que le groupe choisit de clôturer magistralement le premier acte. Cette plainte déchirante (3'30") reste un des summums d'émotions comme Steven sait nous faire partager. Le solo de guitare qui suit est une merveille d'expression sentimentale. Le son produit par la guitare d'Alex ne me semble toutefois pas parfait à ce moment-là; je ne parviens pas à percevoir les subtilités crées par Guthrie Govan. Est-ce la faute au musicien ou à celle de la sonorisation, ou encore la faute subjective de mon regret inconsolable du départ de Guthrie ? Bref, le tourbillon des délirantes ambiances qui s'en suivent estompent vite mes états d'âmes ! Titre jouissif et étourdissant à souhait !

Autant avouer que la pause est bienvenue.

A peine quelques minutes d'entracte nous préparent à une dantesque et mémorable reprise d'un autre titre de Porcupine Tree. L'introduction au son des maracas, qui était interprété initialement au clavier (Barbieri) est inédite : Craig secoue un instrument, puis arrive et Nick en secoue un deuxième et c'est enfin au tour de Steven qui en secoue un troisième "Arriving Somewhere but not here" est ainsi sublimé dès le départ. Quel bonheur de réécouter ce titre que je n'avais plus entendu sur scène depuis le Royal Albert Hall ce 14 octobre 2010 ! Rythmes successivement chaloupés, jazzy ou metal, chaque sensibilité musicale est abordée dans ce titre d'un petit quart d'heure ! Une pépite du répertoire de Porcupine Tree.

Après une longue ovation méritée, Steven profite de l'enthousiasme général pour présenter "Permanating" un titre polémique depuis sa parution le dernier opus. Il explique tout son intérêt pour la musique pop, et rappelle que ce terme vient de "populaire", qui a vocation à plaire au plus grand nombre sans que cela ne soit grossier. Il fait rappeler au public que le plus grand groupe du genre reste The Beatles, suivi également d'autres grands comme ABBA, Tear For Fears, ou encore "Kajogoogoo" (mention qui suscite l'ovation en direction de Nick bien sûr) ! Mes oreilles d'admirateur d'ABBA (et oui !) sont particulièrement réceptives à ce message. Il prêche un convaincu. Il invite donc son public à faire la fête sans scrupule. Durant la chanson, chacun se regardera du coin de l'œil mais disons qu'il y avait de la bonne volonté ! Pour agrémenter la prestation je déplore qu'il n'ait pas diffusé la vidéo officielle en fond de scène ; je considère que les danseuses indiennes auraient pu nous aider à se décoincer ! A la fin, Steven dit se réjouir d'avoir vu des t-shirt Opeth se dandiner allègrement, il y a donc de l'espoir !

Dans la série titres atypiques et perturbants, il enchaine avec "Song of I", une chanson qui me rappelle à la fois Prince et The Cure. Sur le rideau se dessinent des ombres d'abord sobres en noir et blanc puis des ombres multicolores qui dansent aux rythmes chaloupés. Dans l'ombre, les musiciens s'appliquent à créer une atmosphère bien lugubre ; notons particulièrement pour ce faire l'usage d'un archet par Alex sur sa guitare. Je dois reconnaître que j'avais eu du mal avec ce titre lors des premières écoutes mais maintenant je l'adore et sur scène il est encore transcendé.


Nouvelle introspection dans le monde Porcupine Tree, c'est au tour du magnifiquement mélodique "Lazarus" d'animer des sentiments nostalgiques pour les plus anciens admirateurs.

La promotion du dernier opus revient avec "Detonation", encore un régal d'atmosphères fortes en émotions diverses et variées. La fausse douceur de la voix est pulvérisée avec une puissance surprenante à 2'20" ; excellent pour une ambiance de concert !

Ensuite, Steven décidément très loquace nous parle de son très grand respect pour Prince qui l'a inspiré notamment pour composer "The Same Asylum as before". Il énumère tous les multiples talents de l'artiste récemment disparu. Avec une fausse arrogance, il annonce relever le défi de tenter un chant en voix de tête à la manière de Prince. Le résultat n'est ma foi pas si mal. Le public ovationne à la fois la performance vocale et la tonalité pop de la chanson.

Quatrième retour sur la faste période de Porcupine Tree, "Heartattack in a Layby" nous plonge dans une ambiance délicieusement mélancolique. Steven est assis sans guitare sur un tabouret ; à 2'40" Nick et Alex et Steven se font écho dans une polyphonie absolument merveilleuse ! Excellent exercice vocal délicatement accompagné par un clavier et une batterie tout en retenue.

Repos de courte durée, puisque Steven a décidé de nous asséner une très violente montée d'adrénaline avec l'enchaînement de "Vermillioncore" et de "Sleep Together" qui, personnellement, m'a juste explosé les neurones, débridé les dernières retenues et désaxé la nuque. Comme disait tonton Zézé, je secouais la boite à poussières. Je dois confesser que ce genre de titre me transcende au-delà du raisonnable. Faudra bien que je me calme avec l'âge mais pour l'instant Steven ne m'y aide pas.


La fin de soirée approche et c'est déjà l'heure d'un rappel. Surprenant retour de Steven avec un ampli et sa guitare dans les mains. Il a décidé de nous interpréter "Even Less", une cinquième reprise de son ancien groupe, mais seul. Personnellement, j'ai trouvé cette idée malheureuse. J'adore ce titre que je connais dans plusieurs versions, mais celle-ci n'est pas la plus probante à mon humble avis.


Pour clore le concert, cela devient une habitude (depuis 2013 il clôt tous ces concerts avec ce titre), il a choisi "The Raven that refused to sing". J'aime beaucoup ce titre magnifiquement mélancolique, mais tant qu'à reprendre cet opus j'aurais préféré "Holy Drinker" ou encore n'importe quel autre titre, histoire de changer un peu mais bon je ne bouderai pas ces huit dernières délicieuses minutes…

La promotion de "To the Bone" s'est ainsi limité à huit titres, en omettant les trois autres dont le pourtant superbe "Song of Unborn" et "To the Bone". Le groupe a interprété par ailleurs trois titres de "Hand. Cannot. Erase.", un titre de "4 ½" et un de "The Raven That Refused to Sing (and Other Stories)", écartant ainsi malheureusement le pourtant très remarquable "Grace for Drawning".

Une nouvelle fois, Monsieur Steven WILSON a prouvé son immense talent d'artiste en parvenant à nous emmener dans son univers toujours plus éclectique et merveilleux. Un noyau dur de musiciens (Nick et Adam) semble s'être aggloméré à lui et ceux qui s'intègrent ont toutes les raisons de s'enorgueillir de cet accès qui doit leur apporter beaucoup de plaisir… Je revois le groupe lundi prochain mais déjà j'ai hâte de le revoir encore et encore …


PROGRAMME
Introduction mini-film "Truth"

ACTE 1: (19:50)
Nowhere now (To the Bone)
Pariah (To the Bone)
Home Invasion (Hand. Cannot. Erase)
Regret #9 (Hand. Cannot. Erase)
The Creator has a Mastertape (Reprise de Porcupine Tree)
Refuge (To the Bone)
People who eat Darkness (To the Bone)
Ancestral (Hand. Cannot. Erase).
(pause : 21:05)

ACTE 2:
Arriving Somewhere but not here (Reprise de Porcupine Tree)
Permanating (To the Bone)
Song of I (To the Bone)
Lazarus (Reprise de Porcupine Tree)
Detonation (To the Bone)
The Same Asylum as before (To the Bone)
Heartattack in a Layby (Reprise de Porcupine Tree)
Vermillioncore (4 ½)
Sleep Together (Reprise de Porcupine Tree).

RAPPEL:
Even Less (Steven seul, reprise de Porcupine Tree)
The Raven that refused to sing.

(fin : 22:30)
L'échoppe ne répond pas totalement à mon espoir, je comptais bien trouver le t-shirt du concert en rouge mais il n'existait qu'en noir ou en gris. Je ne pouvais pas revenir sans un souvenir donc je me suis contenté du gris (pour 30 €). Je ne parviens pas à m'abstenir d'arroser cette acquisition d'une modeste petite Jupiler à la pression (2€70) ; je sais que ce n'est pas raisonnable avant de conduire mais tant pis.
Adam était disponible pour signer son opus solo. Mais il était temps pour moi de repartir vers un trajet d'une heure et quart dans la nuit humide pour traverser les Flandres, mais avec la tête plein d'étoiles une nouvelle fois !



STEVEN WILSON – Olympia, Paris - 12/03/2018

En tous points identiques au spectacle bruxellois, il ne me semble pas nécessaire de refaire un nouveau récit. Juste quelques nuances … La sonorisation d'Alex lui a été davantage favorable à Paris. Steven un peu moins bavard s'est abstenu de commentaires sur la parenté de "The Same Asylum as before" avec l'œuvre de Prince. Le public de l'Olympia étant assis (à l'étroit, d'ailleurs !), s'est volontiers levé sur l'invitation de Steven durant "Permanating".
Bref, si je suis toujours ravi d'assister à un concert de Steven Wilson, en revanche je suis un tantinet déçu par la similarité des deux programmes. Paris, pas davantage que Bruxelles, n'aura pas eu droit à "to the bone" et encore moins "Song of Unborn". De surcroit, Ninet Tayeb n'a pas daigné participer à la soirée, les informés nous suggèrent que la "diva" serait occupée sous d'autres cieux. Je comprends qu'elle ne se sente pas motivée pour répondre au duo de Steven sur une seule chanson, mais alors que son absence soit affirmée, point final.
Ces légers motifs d'amertume s'estomperont très rapidement avec le temps, seul l'enchantement des concerts de SWB demeurera !


samedi 3 mars 2018

MACHIAVEL – Ancienne Belgique - AB– 03/03/2018



Avant leur prestation au Raismesfest ce dimanche 14 septembre 2008, je n'avais jamais entendu parler de ce groupe belge. Ce jour-là, j'avais été touché davantage par les autres groupes, davantage portés sur le metal il est vrai ; il me semble que Machiavel cherchait une nouvelle voie à cette époque. Ce n'était plus le groupe de rock progressif des années 70 et ce n'était pas encore le groupe de pop assumé des années 2000.
Néanmoins, ces dernières années j'avais trouvé beaucoup d'intérêt à écouter et découvrir ces deux époques. Formé en 1974, son inspiration issue très clairement de groupes tels que Supertramp et Genesis, ne lui a pas permis de se forger une réelle identité en dehors de la Belgique et c'est sans doute ce qui a poussé les compositeurs à se tourner petit à petit vers d'autres registres plus pop.
Même si on peut déplorer ce manque de persévérance dans le monde du progressif, car il y avait un vrai potentiel me semble-t-il, il n'en demeure pas moins que les derniers opus Eleven (2011), et surtout Colours (2013) sont très soignés et dignes d'intérêt. Et du coup, l'annonce de leur concert consacré aux années 70 m'a engagé à acquérir le ticket pour l'Ancienne Belgique, salle que je ne connaissais pas encore.

L'Ancienne Belgique est un très bel auditorium qui peut accueillir 2000 visiteurs (dont 184 fauteuils au balcon) L'acoustique est excellente et l'espace très agréable avec une fosse entourée de balcons latéraux sur deux étages et d'une mezzanine au fond dotée de fauteuils. Un foyer et un bar sont à la disposition du public avec, bien sûr, de l'excellente bière pour pas cher (nous sommes en Belgique, quand-même hein !).

En 2016, Machiavel venait de fêter ses 40 ans d'existence, une longévité remarquable qui avait été motivé un concert mémorable accompagné par l'Orchestre Royal de Chambre de Wallonie que je vous invite à visionner (https://www.youtube.com/watch?v=Un8X1zTvpFk).

Depuis plusieurs mois (ticket acquis en juillet 2017), le groupe se préparait donc à ce nouveau concert, exclusivement consacré à ses trois premiers opus "Machiavel" (1976), "Jester" (1977), et "Mechanical Moonbeams" (1978). Il s'avèrera ce soir qu'ils se sont accordés un petit additif avec trois autres titres, issus de "Urban Games" (1979), de "New Lines" (1980) et de "Break out" (1981) mettant une touche plus pop à la ligne purement progressive.

La maladie de Mario Guccio, son chanteur depuis 1977, accentuait l'impatience du public d'assister à cet unique concert sur une longue échéance. Oui mais voilà, c'était sous-estimer ce crabe qui a trop souvent le dernier mot. Mario Guccio a combattu en vain cette saloperie. Il est parti à l’âge de 64 ans le 20 janvier 2018.
Il a cependant pris la précaution d'insister auprès de ses camarades pour le concert soit maintenu. Les deux membres fondateurs, Roland De Greef (basse, chœur) et Marc Ysaye (percussions, batterie, et chant) ont donc pris la décision de respecter la volonté de leur ami. Désormais entouré d'Hervé Borbé (piano et synthétiseur depuis 1998) et de Christophe Pons (guitares depuis 2011), Marc a décidé de reprendre le micro (il en était déjà le seul titulaire jusqu'en 1977, après quoi il a continué peu ou prou à chanter) ; c'est Nicolas Scaillet qui assure la batterie. Afin d'étoffer les parties vocales Marc a eu la très bonne idée de recruter une très bonne choriste, Lili Gin.

Voilà pour le contexte. Pour le reste, comme d'hab' il m'est difficile de relater le ressenti. Cette fois les émotions étaient principalement justifiées bien évidemment par la perte de Mario. Mais Marc a su rester digne tout en rendant un hommage répété et appuyé. La photo de l'absent était posée en affiche sur le côté de la scène mais de toutes façons son esprit était parmi nous.
J'étais placé au tout début en balcon mais très vite je suis descendu en fosse pour mieux voir et mieux ressentir les émotions du public.

La sonorisation m'a semblé parfaite, l'éclairage fut ordinaire mais suffisant. Le fond d'écran m'a semblé sous-employé ; les images du groupe et des couvertures de disque auraient pu rester plus longtemps, car en dehors des images de Mario qui s'imposaient bien évidement, le fond restait immuablement noir. Sans doute pour mieux se marier aux hommes tous vêtus d'un noir de circonstance…



Très opportunément, les titres ont respecté la chronologie des opus. Trois titres du premier, six du deuxième et six du troisième m'ont paru être un excellent dosage, un excellent choix. Il me semble que ceux-ci rendent bien mieux qu'en studio ; effet sans doute dû à l'expérience acquise par le groupe depuis quatre décennies et aussi dû à la présence non-négligeable de la choriste, mais je veux bien admettre une part de ma subjectivité dans le contexte du concert.
D'anciens membres du groupe ont été invités. Il semble que Jean-Paul Devaux (guitariste en 1977) ait décliné l'invitation). En tout état de cause, Jack Roskam (1976) et Thierry Plas (de 1980 à 2011) ont su justifier leur présence dans l'Histoire du groupe, apportant chacun leur style et leur sensibilité.



Avant de débuter "After the Crop", Thierry a tenu à rendre lui aussi un hommage appuyé à son chanteur en citant quelques mots écrits par Mario dans une nouvelle.
Ce titre a également été entrecoupé d'un solo remarquable à deux batteries (Nicolas et Marc).
Le point d'orgue du concert fut "Rope Dancer" qui fut précédé d'une minute de silence suivie de la diffusion sur l'écran de fond de scène du premier couplet chanté par Mario puis enchainé par le groupe pour le reste de la chanson. Excellente idée qui accentua encore un peu plus la charge émotive de la soirée.
Le concert arrive à sa fin, mais il était prévu et attendu un rappel plus pop et nécessaire pour ne pas se quitter sur trop de mélancolie. Effet réussi, le public s'enflamme. Le second rappel accentue le plaisir.



Les musiciens furent tous à la hauteur de l'enjeu, même si on pouvait observer depuis le balcon que Marc disposait de deux téléprompteurs pour soutenir sa mémoire. On ne lui en voudra pas compte tenu du contexte (ancienneté de morceaux qu'il n'a pas toujours chanté et émotion de les chanter à la place de son ami). Vu de la fosse on ne remarquait rien. Et puis l'homme est tellement touchant et sincère dans sa démarche que le courant passe sans problème avec son public.
J'ai été surtout impressionné par le très bon niveau des guitaristes des trois époques. Le petit con que je suis se demande bien pourquoi ils ne sont pas restés ; en particulier le remarquable Thierry Plas mais bon, ça c'est leur problème hein…
PROGRAMME
Johan's Brother Told Me (Machiavel)
When Johan Died, Sirens Were Singing (avec Jack Roskam) (Machiavel)
Cheerlessness(Machiavel)
Wisdom (Jester)
Sparkling Jaw (Jester)
In the Reign of Queen Pollution (Jester)
The Jester (Jester)
Moments (Jester)
Mr. Street Fair (Jester)
Beyond the Silence (Mechanical Moonbeams)
Summon Up Your Strength (Mechanical Moonbeams)
Rebirth (Mechanical Moonbeams)
After the Crop (avec Thierry Plas) (Mechanical Moonbeams)
The Fifth Season (Mechanical Moonbeams)
Rope Dancer (après une minute de silence et le premier couplet interprété sur écran avec Mario Guccio au chant) (Mechanical Moonbeams).

Rappel : (22h05)
Over the Hill (avec Jack Roskam) (Urban Games)
Fly (avec Thierry Plas) (New Lines).

Rappel : (22h15)
Lay Down (avec Thierry Plas) (Break Out).
(fin 22h25)



Petites frustrations en fin de soirée ; devoir me priver de bière (pour reprendre dans les meilleures conditions la relativement longue route ensuite) et pas d'échoppe, donc pas de CD (je convoitais deux CD) et pas de t-shirt… tant pis.