Il y a un peu plus de trois ans,
le 24 avril 2015, j'avais tenté l'expérience ARENA, sans trop connaitre ; je
m'étais rendu à leur concert sur le seul conseil insistant de plusieurs amis.
J'étais sorti du Divan de Monde ravi et convaincu.
Depuis, j'ai pris le temps de
m'intéresser un peu plus à ce groupe britannique qui nous propose un rock néo-progressif
pure souche qui perdure depuis 1995, non sans bonnes raisons !
Je retrouve ainsi Clive Nolan (claviers et chœurs, cofondateur),
Mick Pointer (batterie et chœurs,
cofondateur), John Mitchell
(guitares, depuis 1997), Paul Manzi
(chant, depuis 2010) et Kylan Amos
(basse, depuis 2014). Le groupe semble donc enfin se stabiliser après avoir
changé, en vingt années et huit opus, trois fois de chanteur, deux fois de
bassiste, et une fois de guitariste.
La tournée prévoit actuellement vingt-deux dates, dont dix-sept dates quotidiennes entre les 4 et 20 mai ! Quelle santé ! Cependant, au lendemain de leur prestation dans la belle Z7 suisse, leur arrivée à la Maroquinerie aura probablement de nouveau dû leur suggérer une amertume à propos du désintérêt (relatif) du public parisien. Heureusement, l'ambiance que le public parisien leur réserve aura permis sans doute de relativiser cette fâcheuse impression.
La salle est bien remplie (sans
être pleine, toutefois), on peut évaluer le public à quelque quatre cents
personnes…
L'éclairage est correct pour cette
salle qui, de toute façon, ne pourrait pas accueillir un dispositif plus impressionnant.
Si le confort visuel de cette
petite salle est excellent, en revanche son acoustique nous a souvent déçu ; ce
n'est pas cette soirée qui nous aura fait changer d'avis. La sonorisation de s'avéra
correcte mais, comme souvent, à la condition de se placer en retrait de la
scène. Pour le début de la prestation, je m'étais positionné dans les premiers
rangs avec ma petite Fée pour lui garantir un bon point de vue, mais il s'est
vite avéré que ce n'était pas un bon point d'écoute ; les sons de la batterie
et de la basse nous ont dissuadé d'y rester ! A distance respectable, les
mélodies et les soli redevenaient reconnaissables.
Il eût été permis d'imaginer
qu'ARENA soit reparti sur les routes pour promouvoir la parution de son
neuvième album "Double Vision".
En fait, étonnamment seuls deux titres sont inscrits au programme ("Poisoned" et "The Mirror lies") ; la tournée
insiste davantage sur le 20ème anniversaire de l'album "The Visitor", qui est repris intégralement !
Si le concept de tournée pour l'anniversaire
d'un évènement me séduit toujours lorsque les artistes ont décidé de faire une
pause créative, en revanche, je me sens un peu frustré de ne pas entendre davantage
de titres d'un opus qui vient de paraître. J'attendais tout particulièrement
l'interprétation du magnifique titre de (plus de) vingt-deux minutes "The Legend of Elijah Shade". Mais
bon, soyons optimiste et gageons que ce sera pour une prochaine fois, mais pas
dans trois années !
Cette légère amertume n'était pas
de nature à voiler le plaisir d'écouter "The Visitor", ce troisième opus (paru en 1998, donc, pour ceux
qui n'auraient pas suivi !). L'ordre d'interprétation a été modifié, sans
doute histoire d'exciter encore davantage l'intérêt de l'auditoire, tout acquis
à leur cause de toute manière ! Néanmoins, c'est bel et bien le magnifique
"A Crack in the Ice" qui ouvre la soirée ! Parmi les
autres réjouissances, je souligne "The
Hanging Tree" dont le solo de John Mitchell, en état de grâce, fut éblouissant.
"State of Grace" est
enchainé derrière, à point nommé ! La première heure ainsi consacrée à cette
commémoration est passée très (trop) vite.
Bien d'autres titres auraient
réjouis le public insatiable, mais "Jericho"
aura satisfait tout particulièrement les admirateurs les plus anciens.
Pour clore la soirée, le
programme avait prévu "Solomon"
(source : affiche à leur pied !),
mais "The Tinder Box" de
leur septième opus sera le point d'orgue qui enchantera l'auditoire.
En rappel, "Ascension" issu du monumental opus
"Contagion" m'occasionne
une nouvelle (relative) frustration en imaginant les autres titres ! In fine, "Crying for help VII" permet au
public de communier bruyamment en chantant le refrain.
En digne représentant du rock
néo-progressif, le groupe délivre une somptueuse atmosphère musicale dans
laquelle alternent la mélancolie et la révolte, grâce à une combinaison de
mélodies et de technicités musicales.
Paul Manzi, qui aurait pu être gêné
vocalement par la reprise de "The
Visitor" auquel il n'avait pas contribué, continue d'être très
convaincant grâce à la justesse de son chant et à son charisme. Il n'hésite pas
à revêtir de sobres mais éloquents déguisements en rapport avec les chansons,
pour contribuer à donner une réelle conviction à son interprétation.
Mick Pointer, qui a le mérite honorable
d'avoir cofondé ARENA avec Clive Nolan (ainsi
que de permettre sa survie en tenant à bout de bras sa société éditrice de
disques), semble cependant parfois un peu fatigué musicalement. Un ou deux contretemps
fâcheux mais pas excessivement perceptibles ont paru contrarier John Mitchell.
Notez que ce dernier semble constamment contrarié, les épais sourcils froncés
lui donnant une impression d'immuable concentration ! Le guitariste, qui
conserve une démarche un peu pataude et une allure si ordinaire (sa dégaine me donne, comme en 2015, l'impression
d'un simple employé consciencieux et effacé), nous délivre pourtant de superbes
soli et partage des moments exquis avec ses partenaires, magnifiant ainsi les
titres, même ceux de l'époque antérieure à son arrivée !
Kylan Amos, toujours le sourire
aux lèvres, me parait épanoui au sein de ce groupe qui l'a accueilli il y a
quatre ans.
Clive Nolan, qui ne s'est
toujours pas engagé dans un programme de régime alimentaire (doux euphémisme), reste maître de son
pupitre, du groupe et de son public avec lequel il échange d'ailleurs davantage
que lorsqu'il officie au sein de Pendragon. La comparaison entre les deux groupes
s'arrêtera là, car ma préférence pour Pendragon est purement affective et donc
irrationnelle.
Globalement ARENA donne
l'impression d'une bonne cohésion et d'une belle complicité (même si en authentiques britanniques ils
n'en font pas de démonstration éclatante) qui laisse augurer de belles
années à suivre. J'aspire donc à un retour rapide, ne fut-ce que pour nous
interpréter le dernier opus !
Un passage à l'échoppe s'impose
car ma discothèque présentait quelques lacunes… A noter que les CD sont vendus
à des prix raisonnables ; 10€ l'unité, 15€ pour le dernier !
Les membres du groupe ajoutent à
leur talent, celui de la convivialité ; après le concert ils viennent tous
discuter avec leurs admirateurs. Portraits et dédicaces s'imposent
naturellement.
PROGRAMME :
A Crack in
the Ice (The Visitor)
Pins and
Needles (The Visitor)
Double
Vision (The Visitor)
Elea (The
Visitor)
The Hanging
Tree (The Visitor)
A state of Grace
(The Visitor)
Blood red Doom
(The Visitor)
In the
blink of an Eye (The Visitor)
(Don't
forget to) breathe (The Visitor)
Serenity (The
Visitor)
Tears in
the Rain (The Visitor)
Enemy
without (The Visitor)
Running
from Damascus (The Visitor)
The Visitor
(The Visitor)
Poisoned (Double Vision)
Jericho (Songs
from the Lion's Cage)
The mirror lies (Double Vision)
The tinder
Box (The Seventh Degree of Separation).
RAPPEL :
Ascension (Contagion)
Crying for
help VII (Pride).
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