En
cette fin d'hiver où l'énergie commence à manquer, il me fallait bien la
perspective d'un concert de Haken pour me faire sortir de mon cocon. Depuis une
bonne semaine, les cinq cents places étaient vendues ! La file d'attente est si
longue que lorsque nous sommes parvenus dans l'auditorium, le premier groupe
avait déjà commencé.
BENT KNEE: Ces américains jouaient
déjà probablement depuis une dizaine de minutes au moment où mes sens perçoivent
des sonorités intéressantes et atypiques. Très vite, leur fougue et leur
recherche d'harmonies énergiques me captivent au plus haut point. C'est toujours
réjouissant de faire de belles et inattendues découvertes comme celle-là !
(Renseignement
pris par la suite, j'apprends que) ce sextuor a été fondé en 2009 dans le Massachusetts
et est composé de Courtney Swain (chant,
claviers), Jessica Kion (basse,
chœurs), Ben Levin (guitare, chœurs),
Gavin Wallace-Ailsworth (batterie), Chris
Baum (violon, chœurs) et Vince Welch (synthés, guitare rythmique). Ils
ont déjà quatre opus à leur actif ; "Bent
Knee" (2011), "Shiny
Eyed Babies" (2014), "Say
So" (2016), et "Land Animal"
(2017).
L'acoustique
de cette salle ne m'a jamais paru idéale, m'enfin la sonorisation est correcte
pour ces américains. De même que l'éclairage fut plutôt lumineux, pour une
première partie.
Méconnaissant
totalement leur répertoire, j'ai cependant accroché à ces chansons alternant la
douceur et l'énergie, interprétées avec beaucoup de talent par des musiciens
que je crois sentir soudé et heureux de jouer entassés sur cette minuscule
scène parisienne. Jessica et Ben peinent à rester dans le maigre espace qui
leur est imparti et j'ai souvent crains qu'ils se cognent tant leur énergie
semble difficilement contenue ! Courtney jouit d'une tessiture qui lui permet
toutes les plus belles modulations rappelant les plus belles voix du rythm'n
blues.
Cette
bonne humeur, cette fraicheur se ressent pendant et entre les titres et donne
envie de creuser la question avec le plus grand intérêt ! (D'ailleurs, les
vidéos que je visionne depuis n'ont pu que confirmer tout le bien que je pense
d'eux désormais !)
Un
groupe à suivre, assurément !
PROGRAMME (à determiner)
Being Human
…
VOLA : Fondé en 2006 au
Danemark, Vola est composé de Asger Mygind
(guitare & chant), Martin Werner
(claviers), Nicolai Mogensen (basse)
et Adam Janzi (batterie). Ils sont
sur les routes pour promouvoir "Applause
of a Distant Crowd" paru en 2018.
Je m'attendais,
d'après les échos lus et entendus ici et là, à apprécier davantage ce quatuor mais
finalement je n'ai jamais su accrocher à aucun titre ce soir … Une musique qui
m'a paru sans réelle aspérité, faussement nerveuse et insipide, à vrai dire.
A mon sens,
l'ordre de passage des deux groupes invités aurait gagné à être inversé …
PROGRAMME
Smartfriend (Applause of a Distant Crowd, 2018)
Ghosts (Applause of a Distant Crowd, 2018)
Your Mind Is a
Helpless Dreamer (Inmazes, 2016)
Owls (Inmazes, 2016)
Alien Shivers
(Applause of a Distant Crowd, 2018)
Ruby Pool (Applause of a Distant Crowd, 2018)
Whaler (Applause of a Distant Crowd, 2018)
Stray the
Skies (Inmazes, 2016).
HAKEN:
La tournée "European Vector Studies"
permet au groupe de promouvoir son cinquième opus "Vector", qui est paru le 26 octobre 2018.
Le
noyau dur du groupe demeure Richard Hen Henshall
(guitare). Ross Jennings (chant), et
Ray Hearne (batterie) toujours
soudés depuis 2007. Les autres semblent se complaire dans le concept puisque Diego
Tejeida (claviers), et Charlie Griffiths (guitare) sont là depuis 2008
et Conner Green (basse) depuis 2014.
Leurs
cinq précédentes prestations auxquelles j'ai eu la chance d'assister n'ont fait
qu'entretenir mon d'admiration. Le 8
avril 2014 à La Boule noire durant "The Mountain Tour", les 11
juillet à Barcelone et 25 septembre 2015
à La Maroquinerie durant "Restoration
Tour", le 29 mai 2016
au Divan du Monde durant "Affinity
Tour", et le 29 mars 2017
à La Maroquinerie pour leur dixième anniversaire. Ajoutons à cette liste le 30 juin 2017, date à laquelle
j'ai eu la chance de vérifier encore un peu plus l'étendue des talents de ces
musiciens et leur capacité d'adaptation ; Haken se produisait sous l'égide de
Mike Portnoy's Shattered Fortress à Barcelone pour interpréter quelques un des
plus beaux titres de Dream Theater !
A
chaque concert, je ressens le même émerveillement devant tant de virtuosité et
de sens des mélodies. Ces musiciens émérites et appliqués parviennent à
interpréter parfaitement toutes les nuances, les subtilités de cette musique
qui nous régale les oreilles à l'écoute de chacun de leurs opus. De surcroit, leur
bonne entente me semble évidente et transparait pendant toute la durée de la
prestation. A tour de rôles, tous participent aux chœurs, souvent dans une
polyphonie qui rend un hommage à peine voilé à Gentle Giant. Je trouve en
particulier que Ross dispose d'une bonne tessiture qui lui permet de jouer
admirablement avec les nombreuses harmonies ; le timbre de sa voix est davantage
doux que puissant et pourtant il se marie à merveille avec les accords
ravageurs des guitares.
Richard
et Charlie rivalisent constamment de fantastiques accords avec une telle décontraction
qu'on en oublierait presque la densité de travail qui a sans doute précédé leur
maitrise. Ces duos ne sont pas les seuls puisque Diego et Conner participent
volontiers à la folle danse de notes et n'hésitent pas à s'avancer (Diego avec son clavier portable) au
bord de la scène pour mieux contribuer à la communion.
Mais
ce qui me sidère le plus ce sont ces multiples ruptures d'ambiance qui berce
l'auditeur sans jamais briser son voyage auditif ! Les références musicales à
Gentle Giant et Dream Theater ne sont qu'une amorce à un style qu'ils ont su
forger à force de fantaisies musicales. Un régal à tous points de vue… euh à
tous points d'écoute plutôt ! La part des improvisations fut difficile à
discerner tant leur œuvre est riche en ruptures harmoniques et en surprises sonores
déroutantes et audacieuses ! Ils savent passer du rock progressif le plus
délicat au metal lourd d'une agressivité étourdissante sans jamais se complaire
dans l'excès. De la pure dentelle musicale, vraiment !
Logiquement
la promotion de "Vector"
justifie la part belle du programme, avec cinq titres, mais "Affinity" est évoqué avec deux
titres, "The Mountain" et
"Restoration" sont
représentés avec un seul titre. Compte tenu du temps imparti, la densité et la
longueur des œuvres réduit de fait la possibilité d'entendre des pièces des autres
opus, pourtant tout au aussi magnifiques que sont "Aquarius" et "Vision".
Un
peu de frustration donc ; on se demande bien ce qu'ils attendent pour inviter
les auditeurs à une soirée en deux actes, avec eux. Mais je dois reconnaitre
que clore le concert avec le déjanté "Crystallised" fut un
moment tout particulièrement réjouissant ! Je souligne tout particulièrement
ces polyphonies dont je raffole et que ces artistes maîtrisent à la perfection
sur ce titre, comme sur d'autres.
L'éclairage
était parfaitement dosé pour cette salle. L'acoustique aurait gagné à minorer
le son de la basse parfois un peu embarrassant, mais rien de rédhibitoire ;
globalement l'auditeur aura pu savourer les nuances et les mélodies, ce que
j'appelle, moi la Musique, la vraie. Epicétou.
PROGRAMME (21h20-23h)
Intro pré-enregistrée : Ouverture de Guillaume Tell (Gioachino Rossini)
The Good Doctor (Vector, 2018)
Puzzle Box (Vector, 2018)
Falling Back to Earth (The Mountain, 2013)
A Cell Divides (Vector, 2018)
Nil by Mouth (Vector, 2018)
1985 (Affinity, 2016)
Veil (Vector, 2018)
The Architect (Affinity, 2016)
RAPPEL:
Crystallised (Restoration, 2014).
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