Davantage que de coutume, j'ai tardé à reprendre le
clavier pour exprimer mes sentiments sur ce concert fabuleux de Pendragon.
Lorsque j'ai appris la manière avec laquelle le personnel de la Maroquinerie a
accueilli la Troupe, j'ai peiné à retrouver l'apaisement nécessaire pour
relater le concert lui-même. C'est donc avec toute mon objectivité légendaire
que je peux tenter d'exprimer mes impressions.
Tout avait pourtant bien commencé pour les
organisateurs, comme pour le groupe et son public puisque la soirée était annoncée
"complet", depuis le 28 février dernier. Les portes se sont ouvertes
à l'heure ; le public a pu s'engouffrer rapidement dans cette salle que par
ailleurs je n'apprécie guère. Son acoustique m'a toujours paru médiocre. Je lui
reproche également son accessibilité car elle est assez éloignée des stations
de métro. Il n'y a guère que son bar avec sa terrasse en plein air qui soit séduisant
; il permet aux beaux jours de bavarder avec les amis et les artistes
volontaires (boire une bière à côté de
Ross Jennings de Haken en toute simplicité fut un beau souvenir !). Nonobstant
mes réticences, je n'ai pas d'autres choix que de continuer à m'y rendre bon
gré mal gré, tant que mes artistes favoris y sont annoncés…Mais à mon humble
avis, on n'est pas près d'y revoir Pendragon !
Comme pour tous les artistes qui se produisent à la
Maroquinerie, la logistique a peiné à débarquer hommes et matériels. Pas
d'espace de stationnement dans cette petite rue du vingtième arrondissement de
Paris. Comme pour tous les artistes qui s'y produisent, l'arrière-scène est
particulièrement exiguë et peu confortable. Jusque-là, il est permis de
considérer que ce sont les aléas d'une tournée auxquels ils doivent plus ou
moins s'attendre. En revanche, les soucis rencontrés après le concert me
semblent, eux, inadmissibles. Je copie en fin de mon présent relevé la
traduction du récit qui en a été fait pas Clive sur son site. J'espère que les
artistes se passeront le mot pour boycotter cette salle et ses gérants.
Davey
DODDS [19h30-19h55].
Après avoir longtemps imaginé que cette soirée anniversaire allait être
intégralement assurée par Pendragon, j'ai appris dans la semaine précédente que
les anglais ont eu droit à une première partie de luxe ; sur les trois
précédentes dates, elle fut assurée par Monsieur Pete Jones (génial multi-instrumentiste au sein de son
groupe Tiger Moth Tales, mais aussi et surtout au sein de Camel). Nous,
nous devrons nous contenter de Davey Dodds glorieux inconnu en ce qui me
concerne…
Renseignement pris, ce sympathique personnage fut le
meneur, chanteur et compositeur du groupe de rock progressif Red Jasper jusqu'à ce qu'il quitte le
groupe dans les années 90 pour travailler comme guide de pêche-à-la-mouche (!)
et écrivain, reclus au fin fond des Cornouailles. Il semble toutefois que son
œuvre jouisse d'une certaine reconnaissance, outre-manche… En juin 2017, "Kernowcopia" son album solo est
paru. Ses thèmes traditionnels et celtiques sont évoqués ce soir, aux sons de
sa mandoline.
Cette prestation acoustique ne nécessite pas de sonorisation
particulière, ni d'artifice, ni d'autre éclairage que le faisceau focalisé sur
lui. Celui-ci suffit à faire briller les yeux malicieux de cet artiste
particulièrement indépendant.
Relativement disert pour présenter ses chansons, il
nous a proposé quelques titres (quatre ou cinq) ma foi sympa à écouter,
d'autant plus si on parvenait à laisser notre esprit vagabonder dans les pubs
gallois, à l'abri des caprices météorologiques de la région… Mais là je
m'égare. Le public applaudit poliment avec moi le monsieur qui ne semble pas en
demander autant en s'éclipsant vers l'arrière-scène…
PENDRAGON [20h15-22h30]. Nick Barrett (guitares, chant, depuis 1978) demeure entouré par son fidèle
complice, Peter Gee (basse, clavier
depuis 1978), mais aussi par son très ancien ami d'enfance Clive Nolan (claviers, depuis 1986).
Jan-Vincent Velazco (batterie,
depuis 2015) continue à participer à l'aventure. Les choristes sont désormais
Anne Cambridge et Zoe Devenish. Cette dernière est également
violoniste. L'autre changement pour cette tournée, c'est l'apport d'un
guitariste additionnel, Mark Westwood
(ex-NEO en 2007, et ex-Clive Nolan band en 2013).
A l'échoppe du jour, je me procure l'édition simple de
l'opus "Love Over Fear" (15€)
qui vient de paraitre cette année. Mais ce soir, Nick promeut également le
coffret du 40ème anniversaire contenant cinq disques compacts, dont
trois proposent un enregistrement complet d'un concert réalisé à Londres en
2018.
Compte tenu de la configuration du lieu (…), les
moyens techniques du groupe ont permis d'obtenir une sonorisation ma foi
acceptable, passées les premières minutes de réglages durant lesquelles on ne
percevait qu'à peine les choristes… Etant placé au troisième rang en face de
Nick, j'étais de toutes façons condamné à conserver mes protections auditives
pour me protéger des frappes redoutables du batteur. Mais bon, globalement j'ai
pu profiter agréablement du concert.
L'éclairage m'a semblé correct, à la fois pour les
yeux des spectateurs et pour les objectifs des chasseurs d'images. En tous cas,
pour ma part je suis parvenu à conserver quelques beaux clichés.
Pour agrémenter cette scène relativement étroite, deux
toiles étaient tendues en fond de scène sur lesquelles furent diffusés des
images et des jeux de lumières assez ordinaires mais suffisantes pour illustrer
un tant soit peu les titres du programme.
D'emblée Nick nous a paru lumineux, joyeux et
bondissant, d'une bonne humeur surprenante (surtout avec le recul de ce que
nous apprîmes le lendemain de leurs mésaventures…). C'est rafraichissant de
voir cet artiste heureux comme un gamin sorti de classe pour s'éclater dans la
cour de récréation ! Son attitude tranche quelque peu avec celle de ses
complices ; Pete est très discret, très modeste, limite austère, alors que
Clive est très concentré, limite préoccupé, il ne sourira qu'à la fin !
Mais au-delà de ces impressions de façade, les talents
s'expriment. En particulier bien sûr celui de Nick dont les sons gilmouriens
continuent à dissiper nos soucis du quotidien (et Dieu sait qu'ils sont nombreux en ce moment !). Pendant deux
heures et quart, nos esprits se sont évadés dans un pays où la fantaisie est
Reine et le bonheur son Roi. On se sent d'autant plus emporté par ses somptueux
soli qu'il les offre au public avec une générosité et un plaisir évident. Les
ovations que suscitent ses exploits entretiennent un échange intense et
réjouissant de part et d'autre.
Pete laisse entendre sa basse avec perspicacité,
quelques accords remarquables sont astucieusement ressortis des périodes les
plus propices. Clive est impérial pour recréer les atmosphères qui sont déjà
dans toutes les oreilles des admirateurs convaincus d'avance. Jan-Vincent fait
l'objet de débats, mais pour ma part il me semble assurer correctement sa
fonction. Il est certes moins exubérant que Scott Higham (parti en 2014) mais
j'imagine que c'est ce que veut Nick, et c'est lui le patron, point final.
Le concert s'est tenu en deux actes ; d'abord la
reprise intégrale de "Love Over Fear",
puis des titres retraçant le répertoire de 1993 à 2014. Durant la première
partie, j'étais plutôt en phase découverte et observations, visant à vérifier
mes premières impressions relevées de l'écoute de l'opus. Je ne me suis donc
pas senti emporté par l'émotion même si j'ai ressenti quelques beaux frissons !
En revanche, dès le début de la seconde partie avec "The Walls of Babylon" mon esprit s'est totalement libéré,
capté par ces mélodies entêtantes et sublimées par ces soli fabuleux !
L'ensemble de la prestation m'a d'autant plus ravi qu'elle
a rapidement dissipé ma crainte sur une séquence particulière issue du dernier
opus. Ayant en horreur les bandes-sons pré-enregistrées, que j'estime le plus
souvent parfaitement inutiles (voire nuisibles), j'attendais avec inquiétude
l'interprétation de "360 Degrees"
aux sonorités celtiques. Le pire eût donc été un son venu de "nulle part".
Le moindre mal aurait pu être une intervention astucieuse de Clive au synthé.
Or, que nenni, à mon grand soulagement, Zoe Devenish est non seulement l'une des
deux choristes expansives, mais elle s'exprime aussi avec son violon ! Le son
étant limpide à souhait, l'apport Mark Westwood, avec sa guitare sèche à douze
cordes, contribua également à densifier opportunément les ambiances requises !
Ce dernier, assis discrètement en bord de scène, m'a semblé ainsi magnifier quelques-uns
des plus beaux titres du répertoire de Pendragon.
Face à tant de beauté, d'harmonie et de virtuosité, la
réaction du public ne pouvait qu'être exubérante ; les ovations se sont exprimées
crescendo jusqu'au rappel. Un enthousiasme fervent, mais respectueux aura
toutefois contribué à faire monter la température à tel point qu'un malheureux
spectateur des premiers rangs (juste à ma gauche) a chuté au sol. L'émoi en
fosse ne pouvait pas échapper au regard bienveillant de Nick alors qu'il venait
de débuter "Afraid of Everything",
qu'il arrêta immédiatement. Lorsque le malade a bien voulu se laisser
transporter (on peut comprendre qu'il souhaitât rester !) Nick reprit le court
du concert. Mais ce furent de précieuses minutes perdues avant l'heure de
couvre–feu, prétendument fixée ici à 22h30 ! Un amis photographe que se
reconnaitra m'indique être resté le lendemain bien au-delà de cet horaire à
l'occasion d'un concert…
Seize titres sur les dix-huit
prévus ont été interprétés ; mais les circonstances ont abouti au retrait
terriblement frustrant de "This
Green and Pleasant Land" et "Masters
of Illusion", deux titres majeurs du répertoire qui étaient pourtant
bel et bien inscrits sur les feuilles au pied des micros…
PROGRAMME
Everything
(Love Over Fear, 2020)
Starfish
and the Moon (Love Over Fear, 2020)
Truth
and Lies (Love Over Fear, 2020)
360
Degrees (Love Over Fear, 2020)
Soul
and the Sea (Love Over Fear, 2020)
Eternal
Light (Love Over Fear, 2020)
Water
(Love Over Fear, 2020)
Whirlwind
(Love Over Fear, 2020)
Who
Really Are We? (Love Over Fear, 2020)
Afraid of Everything (Love Over Fear, 2020) ; Nick a suspendu la chanson lorsqu'un
spectateur des premiers rangs s'est effondré dans le public, puis il a
recommencé après son évacuation.
The Walls of Babylon (The Window of Life, 1993)
The
Wishing Well: II. Sou' by Sou' West (Believe,
2005)
Indigo
(Pure, 2008)
Paintbox
(The Masquerade Overture, 1996)
Breaking
the Spell (The Window of Life, 1993).
RAPPEL :
Faces
of Light (Men Who Climb Mountains, 2014).
Nous
sommes restés avec ma p'tite Fée, espérant rencontrer les musiciens comme ce
fut le cas à la fin de chaque concert précédent. Mais ignorant le contexte,
nous avons attendu en vain …
"Le Jour de l'Enfer !
Nous nous doutions que ce serait un jour
difficile, mais personne ne s'attendait à ce que ce soit le cas à ce point !
Comme si souvent à Paris, nous avons
déposé notre matériel et nos affaires près du lieu du spectacle, afin que le
bus puisse partir et trouver un parking adéquat. Sauf que nous avons été
déposés dans une autre rue (à cause d'une bizarrerie de la position de la
salle), donc tout le matos a dû descendre d'une petite colline, puis remonter
une autre rue et revenir à la salle. Bravo à l'équipe pour cette
"entrée" vraiment merdique !
Une fois à l'intérieur de la salle, nous
avons eu droit à un environnement sans air et, bien sûr, à une loge de la
taille d'un timbre-poste. Il y avait un peu de nourriture mais Vinnie s'est
retrouvé à manger du poulet cru, ce qui nous a mis en garde !
C'est alors que les disputes ont
commencé. Les chauffeurs n'ont pas réussi à faire entrer le bus dans le parking
qui leur avait été proposé et ils ont donc dû trouver un autre endroit ; cela a
coûté de l'argent et du temps, mais au moins ils ont fini par se garer et par
se brancher sur le courant. Cela signifiait que le bus ne pouvait pas venir
nous chercher à minuit mais à 1h30 du matin.
C'est simple, non ?
Non !
Il y avait un couvre-feu sonore strict à
22h30, donc la première chose que nous avons dû faire a été de couper le décor.
Ce n'est jamais bon, mais nous n'avions pas le choix.
Le défi suivant était de libérer le lieu
avant minuit. Une heure et demie pour finir de vendre la marchandise, emballer
tout le matériel, mettre la marchandise en boîte, et tout sortir de la salle.
Encore une fois, quelle équipe !
Cela aurait pu se faire, mais le bus n'a
pu nous rejoindre qu'à 1h30. Il y avait une sorte de couloir couvert à
l'extérieur de la salle où nous pouvions charger tout le matériel et le
trimballer jusqu'à ce que nous soyons récupérés.
C'est simple, non ?
Non !
Apparemment... ce n'était pas possible
parce que le personnel du site avait commencé à une certaine heure et, grâce à
diverses règles syndicales, il devait finir à minuit. Malheureusement, à moins
de payer des heures supplémentaires à quelqu'un pour attendre avec nous, il
devait fermer les portes du grand couloir et nous laisser dans la rue glacée
avec tous nos sacs et notre matériel.
Alors peut-être aurions-nous pu payer
quelques shekels supplémentaires pour que quelqu'un nous laisse utiliser le
couloir ?
C'est simple, non ?
Non !!!
Ils voulaient 300 euros pour nous
laisser utiliser ce putain de tronçon de béton sous couverture. 300 euros !
Naturellement, nous étions pris à la gorge, alors malgré les meilleures
tentatives de Rachel pour négocier quelque chose de plus raisonnable, 300 euros
ont été accordés.
Sachant que ce concert était complet, on
aurait pu penser qu'un peu de flexibilité aurait pu être exercée. Mais non.
Alors, on met le matériel dans le
couloir avant minuit avant de tout faire glisser dans la rue, puis on remonte
l'autre rue et on monte dans le bus.
C'est simple, non ?
Non !!!!
Un appel est arrivé pendant que nous
attendions : les chauffeurs s'étaient réveillés mais quelqu'un avait coupé le
courant dans ce parking de bus, si bien que les batteries du bus étaient
complètement à plat ! Le bus n'allait nulle part ! Il n'allait certainement pas
être avec nous à 1h30.
Mais il y a de la bonne nature en chacun
de nous, alors ayant déjà payé les 300 euros pour ces "heures
supplémentaires", on aurait pu imaginer qu'ils ne nous en voudraient
sûrement pas de rester un peu plus longtemps jusqu'à ce que le bus arrive
enfin.
C'est simple, non ?
Non ! !!!!
A une heure cinq minutes, on nous a dit
de sortir le matériel du couloir ! A ce stade, nous n'avions aucune idée de
quand nous reverrions le bus. Alors on s'est tous mis au travail et on a sorti
le matériel dans la rue. Franchement, d'après mes calculs, on devrait nous
rembourser une partie de ces 300 euros !
Nous étions donc là, dans la rue à 1h30
du matin.
Peu importe, l'autobus triait quelques
câbles de démarrage et nous rejoignait rapidement.
C'est simple, non ?
Arghhhhhhhhh !!!!!
Apparemment, même cela était beaucoup
trop compliqué. Alors nous avons attendu, et gelé, et attendu, et gelé, et
attendu. Finalement, le "service normal" a repris et le bus est
parti. Le matériel a donc été déplacé vers le bas de la colline et dans l'autre
rue où nous avons attendu et gelé encore un peu.
Juste après 3 heures du matin, le bus
est arrivé ! Après un emballage très fatigué de notre matériel et de nos
affaires, nous avons enfin pu quitter une salle qui, je l'espère
personnellement, ne sera plus jamais utilisée !
De surcroit, ce n'est qu'une partie de
tous les incidents de la journée, mais je pense que cela suffira pour le
moment. Peut-être que plus tard, je révélerai l'"épreuve du
pantalon".
Jusqu'à présent, j'ai omis de mentionner
le concert lui-même. Le meilleur moment de la journée, c'était le public ! Ils
étaient absolument brillants et c'était un plaisir de mettre de côté toutes les
conneries de la journée et de leur jouer 😉 J'ai été
impressionné par leur silence pendant les moments d'ambiance ; merci pour ce
respect 🙂
Il faisait tellement chaud et il n'y
avait pas d'air dans la salle (qui, personnellement, je pense qu'elle était
trop remplie) qu'un pauvre type s'est effondré, et nous avons dû interrompre le
concert jusqu'à ce qu'il soit mis à l'écart. Je suis heureux de dire qu'il a
quand même pu voir le reste du spectacle depuis le côté de la scène.
Donc oui, super concert.
Et puis tout ce qu'on a eu à faire,
c'est de faire nos bagages et de partir...
C'est simple, non ?"
Désolé de toutes ses misères et de cet accueil vous ne méritez pas ça. Quelle idée aussi mon cher clive de faire du prog faites de la bonne daube à bobos et vous aurez les meilleures salles.
RépondreSupprimerUne seule chose est sure on vous aime et pour toujours.
Amicalement
Une équipe de fans.
le paradoxe,avoir envie de les voir et les savoir maltraités de la sorte, c'est ça la France musicale!
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