Six mois !... Six mois sans concert !! De surcroît, la pandémie m'avait imposé un dernier concert le 8 mars qui s'était révélé insipide, et le dernier concert musclé (j'entends "metal") datait du 9 février ! Pour le fervent adepte de musicothérapie que je suis, cette attente fut une torture psychologique à laquelle il me tardait de mettre fin d'une manière ou d'une autre. Les vaines tentatives d'organisateurs valeureux, mais bridés par les circonstances, furent autant de déceptions douloureuses.
Résigné, j'avais fini par ne plus consulter des
calendriers, aussi hypothétiques que risqués. Mais c'est mon fiston qui a fini
par me convaincre de l'existence d'un petit concert qui sembla miraculeusement se
maintenir en dépit des restrictions. Il s'agit pour P3C de faire la promotion en
avant-première de "Tête Blême",
leur nouvel album sensé sortir le 18 septembre.
Je me rends donc à ce rendez vous, impatient de vivre
de nouveau des émotions collectives, entendre, voir, ressentir, voire sentir (l’enivrant trio cuir, bière, sueur).
L’entrée est gratuite dans la limite des places disponibles sur la terrasse.
Leur style stoner, grunge et garage-rock saturé n'est
pas celui que j'écoute le plus, loin de là (je
supporte désormais difficilement qu'on me gueule aux oreilles), mais je me
souviens cependant que P3C était parvenu à me séduire sur la scène de la
Warzone lors du Hellfest 2018. Ces jeunots ont la pêche ; leur énergie ne
pourra que me paraitre positive dans le marasme actuel ! A défaut de prog, à
défaut de metalprog, je me contenterai donc volontiers de metal…
La salle du Trabendo n'est pas accessible, un bar
mobile en interdit l'accès ; je me retrouve donc sur la terrasse du Trabendo,
un peu paumé parmi une horde de jeunes, fringants et tatoués… Encore marqué par
ce semestre de privations, je me sens mal à l’aise ; hormis mon fils, pas
de visage connu dans le public, j'ai le sentiment amer de vivre une scène dans "le
monde d'après". Heureusement, cette mélancolie se dissipe quelque peu par
la grâce d'une mousse bien fraîche, d'autant plus facilement que ledit nouvel opus,
diffusé en primeur au public présent, me semble ma foi convaincant !
Le gel hydroalcoolique est à disposition, le port du masque est obligatoire et à ce stade de la soirée, on peut dire que les gestes barrières sont relativement respectés… Mais je n'ai pas la naïveté d'imaginer que cela va perdurer !
MSS FRNCE [20h00-20h40]. Les hostilités débutent avec un quatuor
d'enragés originaires de Paris. Leur punk-hardcore pur et (très) dur, sur fond
de larsens, de batterie frénétique et d'accords bruts et acérés, prétend
accompagner des textes francophones engagés. Mais je parie que peu d'auditeur
auront eu le loisir de comprendre ce qui est vociféré ; d'ailleurs, tout le
monde s'en fout. Le but est clairement d'entretenir le chaos dans la fosse.
J'ai juste pu capter que le brave garçon au micro en voulait à la police, ce
qui est probablement politiquement correct ici … quoique…
Fondé en 2015, Mss Frnce en est déjà à avoir promu
quatre mini-albums lors de concerts en France, en Espagne et même au Canada. Ces
franciliens revendiquent une filiation punk davantage dans leur musique que
leur apparence ; je me rappelle avec une certaine nostalgie des coupes
"iroquois" multicolores, des clous sur les perfectos et dans le nez !
Mes recherches pour les identifier ont été compliquées. Doté sans doute d'un état
d’esprit nihiliste par nature, ils se présentent anonymement sous des
pseudonymes ; Miss Cambodge, Miss Moselle, Miss Troyes, Miss Vesoul. Mais,
merci Discogs, j'y suis parvenu : Martin Sek
(micro), Jérémie Maire (batterie), Jérôme
Barberot (basse) et Thibault Dautrevaux (guitare), ce dernier étant par
ailleurs connu pour sa collaboration à l'émission "Quotidien" avec Yann
Barthès sur TMC.
La sonorisation est plutôt bonne, quelques larsens assumés
ne nuisent pas à la perception des rythmes et des cris furieux. L'éclairage de
cette petite scène est basique mais suffisant pour l'événement alors que la
nuit tombe lentement. En fond de scène, une petite pancarte accrochée à une
tringle mentionne discrètement le nom du groupe.
Délibérément, leur prestation s'exprime dans la
violence sonore et dans l'urgence ! Mss Frnce est manifestement spécialisé dans
l'expédition de huit morceaux en moins de 12 minutes (chiffres à titre
indicatifs, je n'ai pas su compter !). "Punk's not dead", quoi ! Curieux
de nature, j'ai cru comprendre qu'ils se révoltent contre les "conditions de vie, sur le rêve amoureux,
constamment pourri par les affres sexistes et criminels de la construction sociale".
Bref, une rébellion de vingtenaires qui me rappelle de lointains souvenirs. Les
chiens aboient la caravane passe, dit le dicton…
Quoiqu'il en soit, la réaction du public se révèle à
la hauteur des frustrations provoquées par la pandémie et les mesures de
confinement. La fosse s'agite frénétiquement. Personnellement, en observateur
bienveillant, mon flegme l'a emporté, même si l'énergie de ce rock débridé fait
du bien à réentendre en concert ! Oï !
PROGRAMME
Titres à déterminer
POGO CAR
CRASH CONTROL [21h3x-22h25].
Fondé en juillet 2011, originaire de Lezigny (Seine-et-Marne), le quatuor se
compose d’Olivier Pernot (chant, 28
ans), de Louis (batterie) et Simon (guitare) Péchinot, et de Lola Frichet
(basse), tous âgés d'une vingtaine d'années. Après avoir vaillamment promu un
mini-album (2016), puis leur premier opus, "Déprime hostile" en 2018 (165
dates, dont des passages au Hellfest, Download Festival et Zénith de Paris),
les revoilà pour une nouvelle campagne, bien décidés à braver les éléments.
Comme je l’indiquais ci-haut, leur nouvel album "Tête Blême" parait ce 18 septembre ; sa promotion s'annonce
contrariée par des restrictions sanitaires qui n'en finissent pas.
La petite scène demeure bien sûr dans ses dimensions,
avec des éclairages principalement rouges, cette fois mis en valeur par la nuit
qui est désormais tombée. En guise de fond de scène, un rideau affiche le logo
du groupe.
Les sonorités de P3C me rappellent des groupes metal issus
de la frange la plus dure, tels que Slayer ou Vulcain mais parfois aussi
Nirvana ou Noir Désir. Dans leur style, je leur reconnais une vraie efficience.
L'odeur de la mort (Tête Blême, 2020)
Déprime hostile, 2018 (Déprime hostile, 2018)
Seul à tomber (Tête Blême, 2020)
Pourquoi tu pleures (Tête Blême, 2020)
Le ciel est couvert (Tête Blême, 2020)
L'histoire se répète (Tête Blême, 2020)
Mirroir (Tête Blême, 2020)
Paroles/M'assomment (P3C, 2016)
Comment lui en vouloir (Déprime hostile, 2018)
Rancunier (Déprime hostile, 2018)
L'intérieur de ton corps (Tête Blême, 2020)
Qu'est-ce qui va pas ? (Tête Blême, 2020)
Tête Blême, 2020 (Tête Blême, 2020)
Trop défoncé (Tête Blême, 2020)
Crève (P3C, 2016).
Conseil (P3C, 2016).
Finalement, je ne regrette pas le déplacement. Comme l'a observé Olivier, il valait mieux être ici que dans son canapé ! Si ces p'tits jeunes arrivent à équilibrer leur vie personnelle avec la musique, ils pourraient aller loin.
Superbe live report.��������
RépondreSupprimerAvis totalement partagé sur la présence de têtes que je ne connaissais pas, malheureusement. Mais c'est aussi un avantage du fait que le public français bouge encore pour des petits concerts et c'est assez réconfortant de se dire que la présence de concerts éveille encore l'enthousiasme et la curiosité.
En ce qui concerne P3C cela me fait également pensé à Vulcain (car je suis une énorme fan du groupe, il faut le dire) et on y retrouve la même agressivité mais manier d'une façon à ce que ce ne soit pas trop lourd pour les auditeurs.
Finalement c'est pour moi une superbe découverte, ayant délaissé la scène française depuis un moment par des groupes politiques imposants les têtes d'affiches de certains festivals, et cet album sera sans hésiter dans mon top 10 des albums metal de l'année 2020.
Merci beaucoup pour ton commentaire Elodie
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