Loin de prévoir une soirée musicale, nous nous étions mis
en goguette, avec mon fils et ma P'tite Fée. Notre tournée des bars était bien
entamée (nous aussi d'ailleurs !) lorsque mon fils, nous présente le Supersonic
où nous dit-il des groupes sympa peuvent se produire.
Le nom "Supersonic" ne m'était pas inconnu
(non je n'évoque pas le Concorde !) ; durant la Pandémie son concept s'était
déplacé astucieusement dans la cour extérieure du Trabendo, pour organiser une
soirée promotionnelle du nouvel album de POGO CAR CRASH CONTROL, le 16septembre 2020.
Le Supersonic
a ouvert en janvier 2016, mais en fait c'était déjà un lieu de soirées
musicales depuis de nombreuses années sous le nom d'OPA-Bastille. Situé dans
une ancienne fabrique, au 9 rue Biscornet, 75012 Paris, il est à moins de cinq
minutes du métro Bastille). Cet espace s'inscrit sur la cartographie de la vie
nocturne parisienne, alternant ses fonctions pour répondre aux besoins des
fêtards parisiens. Il se métamorphose en club électro après 23 heures, le
vendredi et le samedi jusqu’à l’aube. Mais c'est dans sa version bar-concert
que je le trouve très intéressant. Dans un cadre atypique, avec sa grande baie
vitrée, ses murs en briques et sa mezzanine, son espace permet au public de
profiter d'une bonne acoustique à tous les niveaux. Toutefois, le point de vue
plongeant depuis la mezzanine n'est réel que depuis les deux premiers rangs. Il
s'est donné pour vocation de faire découvrir les nouveaux talents de la scène
pop indépendante et rock française avec des concerts gratuits toute la semaine.
Seul point gênant, c'est le prix des consommations
mais on peut considérer qu'il se justifie par l'entrée gratuite pour assister à
des concerts, dès lors que la musique convient.
Nous atterrissons avant la prestation de deux groupes
qui m'étaient totalement inconnus et qui ont su nous séduire, alors que nous
n'étions pas prédisposés à écouter leur musique. Le genre de surprise qui est
toujours agréable à vivre.
WHERE MERMAIDS DROWN [21h30-22h20].
Originaire de Lyon, Where Mermaids Drown ("où les sirènes se noient", quel
joli nom !) est actuellement composé de Jean-Sébastien Mattant (batterie), entouré de valeureux mais anonymes
collaborateurs ; la postérité pourra essayer de retenir "JP" (basse),
"Nello" et "Pierrick" (guitares). Je ne trouve pas
davantage d'information sur les sites les concernant.
Cette tournée européenne est l'occasion de promouvoir "And the raging winds do blow " un mini-CD/3 titres paru le 9 avril 2021,
qui comprend trois titres "One Week",
"My Driasis", et "Brine Pool".
Leur musique purement instrumentale pourrait être
qualifiée de post-rock, mais j'estime que ce serait un peu réducteur, à mon
sens. Je préfère évoquer un rock atmosphérique incorporant des rythmes, des
harmonies, des mélodies, des progressions harmoniques épiques, dramatiques, et fortes
qui m'ont envouté dans une sorte de transe émotionnelle pour peu que je ferme les
yeux. Mais j'admets volontiers que mon ébriété du moment ne fut pas étrangère à
cette sensation. Ma perception positive de cet univers m'étonne a posteriori
car dans le même style j'étais resté hermétique au concert de MOGWAI le 25 mai
2018. Le contexte, sans doute…
La sonorisation fut excellente, et l'éclairage correct.
Pas de décor particulier hormis un éclairage complémentaire (bienvenu pour
distinguer les visages et faciliter quelques belles images). La seule bande-son
perçue fut une courte séquence de voix masculine sensée entretenir une ambiance
dispensable à mon avis.
L'espace scénique est fatalement réduit et impose aux
musiciens un relatif immobilisme. Mais leur investissement évident ne pouvait
qu'emmener le proche auditoire dans une franche communion.
Leur prestation fut donc réussie et provoqua
immanquablement l'adhésion du public ravi. Ses acclamations appuyées ne seront
pas parvenues à obtenir un rappel, en raison d'un créneau horaire restreint.
Sur Cinq titres
interprétés deux sont issus du dernier EP que nous nous sommes procurés
volontiers (7€) avant d'en obtenir une dédicace. J'aurais bien apprécié disposer
d'un CD avec le superbe "Rio Plata"
mais aussi "We grew up together"
dont la version de ce soir m'a semblé différence de celle sur leur bandcamp.
PROGRAMME
Mydriasis
(And the raging winds do blow, 2021)
Apophenia
Rio
Plata
We
grew up together (2021)
Brine
Pool (And the raging winds do blow, 2021).
HUBRIS [22h30+? -23h35]
Le quatuor instrumental est un groupe suisse
originaire de Fribourg, formé en 2014 par Jonathan Hohl (guitare) et Nathan
Gros (batterie). Ils sont désormais entourés de Matthieu Grillet (guitare), qui a remplacé Corentin Wicht et de Lucien Leclerc
(basse), qui a remplacé Julien Vonlanthen.
Le 2 mai 2015, HUBRIS sort son premier opus "Emersion", puis le deuxième "Apocryphal Gravity" parait en avril
2017. Le troisième opus "Metempsychosis"
parait le 13 mars 2020 (label australien Art As Catharsis).
Après quelques ajustements, les helvètes reprennent l'emplacement
laissé par les lyonnais. La sonorisation demeure aussi excellente qu'en début
de soirée. L'éclairage est quant à lui plus sombre puisqu'ils se contentent des
rampes présentes teintées de bleu et de rouge.
Leur musique n'est pas dépaysante pour l'auditoire ; cela
reste dans le même univers que précédemment. Les différences abstraites,
s'agissant d'un style musical qui laisse briller peu d'individualité. A l'image
de la pénombre dans lequel ils évoluent ce soir, les musiciens et leurs
instruments sont au service d'une atmosphère bourrée d'harmonies et de rythmes lancinants.
On plane délicieusement dans un tourment de notes obsédantes et finalement notre
nuque ne peut que suivre les leurs, comme si notre désir était de la déboiter
du reste, dans un geste désespéré.
Le public réagit d'ailleurs avec l'enthousiasme qui
convient.
L'album "Emersion"
est oublié ce soir, on a droit à six
titres dont trois issus de "Metempsychosis"
et trois autres issus de "Apocryphal
Gravity".
PROGRAMME
Hepius (Metempsychosis, 2020)
Dedalus (Metempsychosis, 2020)
Dooms Mons (Apocryphal Gravity, 2017)
Heracles (Metempsychosis, 2020)
Deimos to Phobos pt.1 (Apocryphal
Gravity, 2017)
RAPPEL
Beyond Styx pt1 et 2 (Apocryphal Gravity, 2017).
Voilà. Lors de cette soirée inopinée, nous étions là bien loin de notre univers musical habituel ; pas de tournoi de
pupitres, pas de puissance débridée, pas de contractes saisissants comme on
aime tant dans le metal progressif. Mais ce fut la musique parfaitement
adéquate dans l'instant en suspens. Une parenthèse musicale inattendue qui nous
aura ravi les feuilles avant de continuer notre périple nocturne du côté de
Beaubourg…
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