LE SITE.
Le bâtiment, inscrit au titre des monuments
historiques depuis le 7 novembre 1990, est situé 32 rue Richer dans le 9ème
arrondissement de Paris, sur un ancien terrain qui appartenait à l'hôpital des
Quinze-Vingts. Ce site accueillait, en 1860, un grand magasin de literie, qui
décida d'ouvrir une salle de spectacle sous le nom de "Folies
Bergère", inaugurée le 2
mai 1869. Situé non loin de la rue Bergère, ce qui justifie l'absence de
"s" à Bergère (et, pour les
superstitieux, permet au passage d'avoir
un nom comportant 13 lettres !), il fait référence aux folies, maisons de
divertissement au XVIIIème siècle. Pour l'anecdote, le théâtre des
Folies Bergère est notamment réputé pour avoir permis dès 1912 l'apparition sur
scène d'une femme totalement dénudée.
Bref, de nos jours cette salle de spectacle peut aussi
accueillir 1720 spectateurs pour les concerts, dont celui de Nina HAGEN le vendredi
15 janvier 1988, auquel j'ai eu la chance d'assister. Je n'y étais pas retourné
depuis … Un peu surpris d'être sollicité par les malheureuses placeuses qui
sont rémunérées aux pourboires, je n'ai plus de monnaies en poche depuis belle
lurette …
LE GROUPE.
Depuis 1969,
MAGMA entretient son concept musical, baptisé Zeuhl, croisant ses influences
aux confins du jazz, du rock progressif, de la musique classique, des musiques
folkloriques d'Europe de l'Est, du chant choral ou encore du chant lyrique. Son
cofondateur, le compositeur-batteur-chanteur Christian Vander, perpétue cet univers atypique qui enivre ses auditeurs de
rythmes puissants, et de textes dans une langue inventée et mystérieuse, le
kobaïen. Ce groupe culte de la scène musicale française est capable de séduire
le public à travers le monde, capable de surprendre des publics aussi variés
qu'en Chine, qu'au Hellfest de Clisson (2016), ou qu'au BeProg My Friend de
Barcelone (2016).
Pour ma part, si je me souviens très bien des intrigantes
affiches observées vers la fin des années 70 sur les murs des stations de métro,
puis de prestations télévisées (notamment aux Enfants du Rock), en revanche je
n'étais pas parvenu à trouver la Porte de cet Univers mystérieux. Finalement, les
rencontres providentielles d'adeptes convaincus et convaincants (je ne citerai que Robert, Marie, puis
Marie-Emmanuelle, Marco, Joël, et ma p'tite Fée entre autres) m'ont permis
une approche éclairée.
Ce n'est qu'en assistant à un premier concert le samedi
15 novembre 2014 dans leur
antre du Triton, aux Lilas (93), que j'ai réellement commencé à percevoir la
petite Lueur annonciatrice de révélations. Puis au fil des concerts suivants, j'ai
peu à peu appris à capter toutes les subtilités ; le samedi 31 janvier 2015 (Le Bascala à
Bruguière, 31), le vendredi 26 février 2016
(Le Triton, Les Lilas, 93), le samedi 2 juillet 2016
(Poble Espagnol, Barcelone, Espagne), et le samedi 5 aout 2017 (Château de Villersexel, 70).
Je ne les ai pas revus depuis leur fantastique concert
du mercredi 26 juin 2019 à
La Philharmonie de Paris (Paris 19e). Ce soir, ce n'est ainsi que mon
septième concert.
Depuis cette date, trois membres éminents sont partis.
On ne compte plus les artistes de talent qui se sont ainsi succédés au sein du
groupe depuis cinq décennies…Mais cette fois Philippe Bussonnet (basse), Jérôme
Martineau (clavier) et Benoit Alziary (percussions) sont à leur tour passés à la
trappe. Dommage, moi j'aimais bien Bubu ; mais je le reverrai dans son autre
groupe Welcome-X.
Actuellement, le démiurge musical Christian Vander demeure entouré des voix de Stella
Vander, Isabelle Feuillebois, et Hervé Aknin (depuis 2008), avec le renfort si justement apprécié de Sylvie Fisichella (depuis 2019), Laura Guarrato
(depuis 2019) et Caroline Indjein (depuis 2021). Aux instruments nous retrouvons Rudy Blas (guitare, depuis 2016), Jimmy Top
(basse, depuis 2020), Thierry Eliez (claviers, voix, depuis 2020) et l'éternel Simon Goubert (claviers, complice de longue date de Christian notamment au sein
d'Offering en1983 et 2014 et de Magma en 1982, de retour pour le concert à la
Philharmonie le 26 juin 2019 puis à nouveau dans Magma depuis 2020).
Le quatorzième album studio, "Zëss" (sous-titré "Le jour du néant") est paru le 14
juin 2019 (sur le label Seventh Records).
"Kãrtëhl" le quinzième est paru
ce 7 octobre 2022.
LE
CONCERT [20h15-21h15 ENTRACTE 21h37-22h48].
L'acoustique de cette salle n'est pas mauvaise mais
elle varie selon l'emplacement. Les auditeurs installés au rez-de-chaussée semblèrent
pleinement satisfaits, alors que nous, placés en mezzanine avec un plafond
relativement bas, avons perçu un son imparfait, manquant de profondeur. Une
puissance insuffisante sur le premier titre justifia des sommations d'auditeurs
agacés. Le son s'est renforcé dès le deuxième titre, puis s'est progressivement
amélioré jusqu'à la deuxième partie de soirée. Mais je veux bien admettre que
cette sensation passagère trouvait sa source dans ma légère frustration de ne
pas être plus près…
L'éclairage est sobre, relativement sombre, plutôt
dans le rouge et le bleu. Pas de fond de scène, hormis l'apparition
intermittente du logo rouge du groupe projeté sur le rideau. La scène est
évidement plus spacieuse que celle du Triton, elle permet aux onze musiciens de
s'exprimer dans un espace décent.
En préalable aux concerts de Magma, je dois toujours
me préparer psychologiquement afin d'adapter mes paramètres d'évaluation. Je
suis habituellement davantage attiré par les mélodies et les sons harmonieux,
quitte à les percevoir dans le métal le plus brutal. Or, pour s'imprégner de
l'univers Magma il faut savoir s'abandonner dans une chute vertigineuse,
prévoir l'imprévu, se laisser séduire par les sonorités étranges, perturbantes,
parfois dissonantes, mais toujours baignées de rythmes enivrants. Gare à celui
qui ne conçoit la musique que dans un cadre préfabriqué, Magma invite son
auditeur à voyager dans un chaos sonore dont lui seul maitrise les articulations,
à force sans doute de longues répétitions. Ce soir ne fera pas exception à
cette règle.
Après un "KA
I" introductif, le premier acte m'a d'autant plus déstabilisé qu'il est
consacré au nouvel opus que je n'avais pas encore entendu.
Très loin des connaissances encyclopédiques de
certains adeptes qui m'entourent lors des concerts de Magma, je ne
m'aventurerai pas dans un descriptif musical très hasardeux de ma part, les
perceptions sont ici plus que jamais très personnelles. J'ai surtout perçu avec
satisfaction les accords de la basse et de la guitare, d'une technicité
admirable. Avec désormais six chanteurs, les atmosphères n'en sont que plus
enivrantes. Les deux claviers enchantent le tout de nappes ou d'accords
incisifs ; les deux semblent se répondre ou se compléter selon les séquences. Le
tout est cadencé implacablement par les frappes chaloupées et puissantes du
Maître de cérémonie. Il ne cède sa place à son clavier que l'espace d'un titre
où il intervient au micro.
Cet enchevêtrement de partitions produit sur les
adeptes les habituelles sensations étourdissantes ; l'enthousiasme du public s'exprime
avec ferveur à l'issue des titres, et parfois aussi pour saluer une
intervention remarquable. Là aussi la passion se ressent, les mélomanes
commentent avec gourmandise et enthousiasme les différentes interprétations du
soir.
En ce qui me concerne, j'ai bel et bien été emporté
sur plusieurs séquences, mais ce concert-là de Magma ne me laissera pas le
meilleur souvenir. Habituellement mieux placé, mon impression s'en est trouvée
sans doute plus mitigée.
PROGRAMME
ACTE 1
K.A. I [K.A, 2004]
Walomend Ëm warreï [Kãrtëhl, 2022]
Hakëhn Deïs [Kãrtëhl, 2022]
Do Rïn Ïlï Üss (première scène)
[Kãrtëhl, 2022]
Irena Balladina [Kãrtëhl, 2022]
Wïï Mëlëhn Tü (première scène) [Kãrtëhl, 2022].
ACTE
2
Ëmëhntëhtt-ré (Parts I - IV) [Ëmëhntëhtt-Ré, 2009].
RAPPEL :
Dëhndë (première scène) [Kãrtëhl, 2022].
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