Il y a trois semaines, vous nous auriez demandé, à moi et ma p'tite Fée, où nous serions ce 28 janvier, nous aurions bien été incapables de prétendre être présents à cette soirée. GALAAD est certes un groupe dont le nom était cité parfois dans les discussions, mais pas suffisamment pour me convaincre d'y prêter davantage d'attention. Il faisait partie des nombreux artistes dont on remet l'étude aux calendes grecques, fautes de temps. Cependant, lors de la soirée Ennéades & Friends ce 14 janvier, des Helvètes bienveillants nous ont chaudement conseillé de nous pencher sur l'affaire, à l'occasion de cette proche prestation parisienne.
Pendant l'apéritif à quelques heures dudit rendez-vous,
après moult hésitations et écoutes sur les sites appropriés, nous avons fini
par nous procurer nos Sésames, mettant ainsi fin à une trop longue
procrastination ! Nous ne l'avons pas regretté.
LE SITE
https://www.lacamillienne.fr/reserver-une-salle/
Outre l'aspect "découverte musicale", pour ces
deux groupes que nous ne connaissions pas encore, nous étions curieux aussi de
découvrir par la même occasion cette salle de spectacle, proche de chez nous (enfin dans le Sud parisien !!), qui a la
bonne idée d'ouvrir ses portes à notre passion musicale !!
La consultation de son historique nous apprend que La Camillienne fut d’abord un patronage.
En 1894, l'Abbé Delamaire, Curé de Bercy, décide de créer une Maison afin d'y
accueillir les jeunes gens de la Paroisse de Bercy pour y faire des activités.
Après la guerre La Camillienne se constitue
en association. Le théâtre de La
Camillienne s'est mis, petit à petit, à disposition de spectacles, de
conférences, de concerts, jusqu'à ce jour béni de prog ! Notons qu'il est
équipé d'un écran rétractable et d'un rétroprojecteur, le théâtre peut servir
de salle de projections, mais nos artistes n'ont pas opté pour cette option.
Située au sous-sol, la salle offre une capacité de 170 places. Dans la
journée, nous apprenions que le taux de réservations s'élevait à 70% pour ce
soir.
Après vingt-cinq minutes de transports en commun (quel bonheur cette proximité, pour une fois
!) Nous nous présentons peu avant l'ouverture des portes prévue à 19h, et
nous avons le plaisir d'y retrouver une part de notre microcosme de mélomanes
passionnés. Le lieu est insignifiant de l'extérieur ; une simple porte métallique
à deux battants. Une fois dans la cour intérieure, l'espace associatif me
rappelle des souvenirs d'enfance. Après une petite attente, nous descendons
nous placer très tranquillement dans la fosse, aux abords de la scène.
LE
CONCERT
SYNAPSE [19:55-20:45].
https://linktr.ee/Synapse.band
Avant ce plongeon dans l'inconnu, j'ai ressenti le
besoin de prospecter afin d'assouplir mes outils réceptifs. La consultation de
la biographie du groupe d'ouverture et la lecture des entretiens m'apprend
ainsi que SYNAPSE est un groupe de rock progressif, parisien mais anglophone, fondé
par d'Alex Sacleux (guitariste) et
Carlos Bardonnet (batterie) en avril 2016. Sacha Le Roy (bassiste) les a vite rejoints. Le poste de chant fut
compliqué à stabiliser mais finalement c'est Thomas Valentin qui les rejoints en 2019 ; peu avant la parution de leur
mini-album "Impulse" paru
le 16 septembre 2019, à ce jour épuisé (l'album, pas Thomas !). Thomas et Sacha continuent cependant leurs
autres projets en parallèle.
Le groupe, comme souvent, a débuté en tant que groupe
de reprises. A l'écoute de leur musique, je perçois des influences qui me
séduisent telles que Dream Theater ou Haken. Les autres influences affichées (du
Yes, du Genesis, du jazz) me conviennent aussi a priori. Je lis que les
compositions se veulent une "invitation
au voyage rock/prog aux sonorités résolument métal entremêlées de refrain
mélodiques" et de passages instrumentaux intenses, "avec un soupçon de couleurs jazz",
voire un soupçon de salsa (notable sur "Brand New Sky"). Bandcamp et Youtube contribuent à allumer une
petite veilleuse en moi.
Le deuxième album "Singularities" est paru
le 18 novembre 2021, enregistré au
studio Axone et produit par Pierre Danel, du groupe Kadinja.
Voilà, les présentations étant faites, il me restait à
évaluer leur potentiel de séduction sur scène.
La scène sans décor offre un espace suffisant et
correctement éclairé.
La sonorisation me semble ma foi correcte, même si
certains autres auditeurs auraient préférer minorer la part du bassiste ; ce
qui n'est pas mon cas, car la mise en valeur du talent de Sacha m'a paru
justifiée. Il n'était pas là pour nous assourdir de banals ostinatos ; ses
accords, son doigté et sa sensibilité ont eu le don de souvent fixer mon
attention sur sa partition. Certes, le son de la guitare d'Alex fut peut-être
un peu moins perceptible, mais sans toutefois le léser. A mon sens, les
interventions des deux pupitres à cordes m'ont paru remarquables par leurs
virtuosités et leur sensibilité. Ces deux performances ont à elles seules finalement
emporté mon enthousiasme. Par ailleurs, la batterie et son titulaire ont su
marquer les rythmes avec efficacité sans compromettre la perception du reste.
Toutefois, cette quête d'équilibre du son des pupitres
m'a semblé pénaliser un peu plus le chanteur… à moins que ce ne fût son propre timbre.
Thomas raconte qu'à la base son chant s'est formé aux sonorités "surtout punk et death métal", avant
que ses nouveaux complices "l'initie
au prog". Personnellement, ce parcours me gêne moins que l'option du
groupe pour un chant anglophone ; je rappelle que sur mon blog je ne manque
jamais de revendiquer mon militantisme pour la francophonie dans le rock.
Il parait que les textes de SYNAPSE causent de
"la place de l’individu dans la
société et l’influence de la société sur l’individu". Soit, je n'irai
pas vérifier. A mon humble avis, ce choix linguistique leur ôte une chance de
se distinguer davantage de la concurrence. Néanmoins, à l'invitation valeureuse
de Thomas, il m'a bien fallu me plier à la majorité pour yaourter quelques mots
comme "sunlight" et "sunrise", pendant "3000".
Mais fort heureusement, tout le monde n'est pas aussi obtus que moi sur l'aspect linguistique et la réaction du public est franchement positive ; SYNAPSE quitte la scène avec une belle et méritée ovation !
Parmi les sept
titres, cinq sont issus de leur
nouvel album, un de leur premier
essai et un morceau encore inédit.
PROGRAMME
Lost by design (Singularities,
2021)
Rage (Singularities,
2021)
The Stream (Impulse,
2021)
Brand New Sky (Singularities,
2021)
Lies (morceau
inédit)
3000 (Singularities,
2021)
It’s Only Cries (Singularities,
2021).
GALAAD [21:10-22:45]
Ainsi donc m'est-il permit enfin de faire connaissance
avec ces braves Helvètes, trente-cinq années après leur création, mieux vaut
tard que jamais, hein ! Car GALAAD a été fondé en 1988 à Moutier, dans le Jura
suisse. Deux albums avaient pourtant montré un début prometteur ; "Premier Février" paru en 1992 et
surtout "Vae Victis" paru
en 1996. Mais, à ma décharge, leur collaboration s'était alors éteinte…
Comme le relate leur biographie officielle, "Sorti d'un coma de vingt ans et d'une mort
donnée pour sûre, Galaad a repris vie en 2016". Pour que cette
résurrection s'opère, il fallait de bons ingrédients de base ;"c’est d’abord une histoire de potes d'enfance transformée en aventure musicale et
humaine. Autodidactes à leur début, les musiciens s'associent autour du désir
de jouer leur propre répertoire". Même si leurs influences sont
perceptibles, ils parviennent à se distinguer par leur talent créatif mais
aussi "le chant en français, poétique et axé sur les sonorités, rock voir
metal, pop, tendance fusion".
GALAAD se reforme donc dans sa version originelle,
avec Gianni Giardiello (claviers, depuis
1988), Laurent Petermann (batterie, depuis
1988), Pierre-Yves Theurillat (chant,
depuis 1988), Sébastien Froidevaux
(guitares, chœurs, depuis 1988), Gérard Zuber
(basse, 1988-1992, depuis 2016).
Un troisième album "Frat3r" est ainsi paru 15 mai 2019. Il ne faudra attendre que
deux années pour voir paraitre un quatrième opus "Paradis Posthumes" le 23
avril 2021. Des chroniques spécialisées sont dithyrambiques sur la qualité
de ce retour.
Ces premières impressions lues et écoutées ici et là
me placent dans de bonnes dispositions pour aborder ce premier concert. Et je
ne serai pas déçu, mais alors pas du tout, bien au contraire très enthousiasmé
par un univers qui me semble familier. Notamment par l'influence de Marillion
qui me semble évidente à bien des égards, mais pas que. Une musique basée sur un
chant francophone exprimé avec conviction et charisme, et sur des atmosphères
alternant les rythmes complexes, surplombés par de magnifiques soli de guitare
et, de somptueuses nappes de claviers.
Nous retrouvons un espace de scène (toujours dénué de
décor) et un bel éclairage, équivalents à la précédente prestation. Avec un
clavier en plus, l'espace du bassiste est toutefois un peu plus réduit.
La sonorisation m'a paru très bien équilibrée,
laissant exprimer toutes les sensibilités des cordes ; Sébastien n'a pas à
rougir de la comparaison avec ses influences, le son et la sensibilité sont là
et nous font vibrer ; Gérard sans exubérance nous assure une bas(s)e solide,
alors que le manche de son instrument (fret inclinés) en surprend plus d'un. La
batterie est subtilement et opportunément présente mais pas assourdissante, ce
qui entretien un confort d'écoute appréciable. Aucune protection auditive ne me
parait nécessaire.
Encore néophyte, je ne me sens pas encore habilité à
détailler leurs prestations individuelles, à commencer par les textes qui a
priori me semblent vraiment intéressants. Pierre-Yves m'a semblé vraiment
habité par ce qu'il relate, son charisme est saisissant, son regard
hypnotisant. J'ai hâte d'étudier ces paroles. Les autres musiciens montrent une
belle cohésion, une belle complicité ; les sourires et les regards en disent
long ! J'ai particulièrement admiré le jeu de guitare de Sébastien qui, sous son
air de faux Rudolf Schenker, nous sort des soli aux sonorités dignes de
comparaison avec ceux d'un certain Steve Rothery. La conjugaison du puissant tricot
de Gérard et des frappes délicates et chaloupées de Laurent, contribue à
balancer les esprits, déjà emportés par les accords magnifiquement synthétisés
par Gianni.
Une bonne partie du public était manifestement
conquise d'avance, mais l'autre a forcément apporté son renfort pour ovationner
bruyamment ! Encore un groupe qui mériterait une bien meilleure notoriété …
Parmi les onze
titres, quatre sont issus de
"Paradis posthumes" (2021),
quatre de "Frat3r" (2019), et trois
de "Vae Victis" (1996).
PROGRAMME
Paradis posthumes (Paradis posthumes, 2021)
L'Apocalypse (Paradis posthumes, 2021)
La Machine (Frat3r, 2019)
Le Feu et l'Eau (Vae Victis, 1996)
Kim (Frat3r, 2019)
Stone (Frat3r, 2019)
Jour sidéral (Paradis posthumes, 2021)
La Loi de Brenn (Vae Victis, 1996)
L'instinct, l'instant (Paradis posthumes, 2021)
Merci [pur] (Frat3r, 2019).
RAPPEL :