mercredi 20 décembre 2023

TILL LINDEMANN – Palais Omnisport de Paris, Bercy (Paris 12) - mercredi 20 décembre 2023.

Ma chute dans la marmite RAMMSTEIN remonte vers 2010, avant d'assister à un premier concert le mercredi 7 mars 2012, ici même à Bercy. Cette première expérience demeure, à ce jour, la meilleure pour moi. Les quatre qui ont suivi furent plus ou moins convaincantes ; la pire était Lyon avec une sonorisation épouvantable. Quoiqu'il en soit l'univers RAMMSTEIN demeure indéniablement un des groupes incontournables du métal festif !

Toutefois, à mon humble avis, Till est fondamentalement lié à RAMMSTEIN et doit le rester, afin de contribuer à maintenir l'unité d'un des rares groupes à demeurer soudé depuis le début de leur succès. Et donc, l'idée de soutenir le projet parallèle d'un de ses membres, susceptible de créer ainsi une faille dans cette unité, ne m'enchante guère à priori. J'ai donc suivi son émancipation de loin et écouté furtivement un titre par-ci et un autre par-là ; suffisamment pour constater que sa création musicale ne me semblait pas se démarquer vraiment de son univers indus'… Quant à ses vidéos, bien réalisées au demeurant, n'étaient pas de nature à me convertir.

Cependant, son projet semble recueillir un écho favorable puisque le voilà à Bercy, dans le cadre d'une tournée dont de nombreuses étapes se sont déroulées à guichets fermés ! Tournée européenne qui se termine ici à Bercy.

Till aurait ainsi pu continuer longtemps son parcours à mon mépris ; seulement voilà, mon fils nous propose de l'accompagner à ce concert. Reconnaissant et curieux de nature, j'ai eu le pressentiment de devoir accepter, avec ma P'tite Fée, elle aussi intriguée. Pourtant nous avions encore l'esprit imprégné de notre précédent concert en Belgique d'un groupe nettement plus romantique ; THE MOSTLY AUTUMN !

Pour une fois, nous bénéficions de sièges numérotés en carré or ; nous sommes plutôt bien placés, même si une pile d'amplis suspendus me pollue partiellement la vue. Ce détail réanime mon agacement de ce découpage en zones de cette salle devenue mythique… Je me souviens avec nostalgie de mes années 80 où les premiers venus étaient les premiers servis … mais ça c'était avant. Mon fils, lui (à tout S(a)eigneur, tout honneur) est au deuxième rang, au pied de l'Ogre.

Bercy ouvre ses portes à 18h30. De nombreux sièges resteront vacants dans les deux virages de gradins. De nombreux provinciaux sont pourtant montés à Paris pour cette seule date française. Et j'ai entendu beaucoup de germanophones présents dans l'auditoire…

PHANTOM VISION [20h00-20h20]. https://phantomvision.bandcamp.com/album/guilty

Une fois n'est pas coutume, voilà un groupe portugais fondé en 2000 à Lisbonne. Totalement méconnu de mes répertoires, je lis en préalable qu'il revendique des influences de THE SISTERS OF MERCY et BAUHAUS, dans un style "gothic/darkwave".

PHANTOM VISION est actuellement composé de Pedro Morcego Santos (chant), Pedro Barradas (guitare), Tiago Barbosa (clavier) et Carlão N-Hancer (batterie). Son sixième album, intitulé "Guilty", est paru 23 Septembre 2019.

Le quatuor lusitanien dispose d'un espace restreint mais d'une sonorisation et d'un éclairage correct. De surcroit, ils ont pu arborer le logo du groupe étendu en grand en fond de scène.

Pas désagréable à entendre, mais pas non plus de nature à transcender nos esprits peut-être devenus trop exigeants. Effectivement, je rejoins la définition de leur musique sur leur bio ; on est dans une sorte de "dark-wave", un univers hybride ou l'électro se mêlent gentiment à de lointaines évocations punkies, selon les chansons.

La prestation ne nous a pas davantage convaincu que le reste du public, qui leur a accordé quelques applaudissements convenus.

Titres à déterminer

 

AESTHETIC PERFECTION [20h35-21h]. www.aesthetic-perfection.net

Deuxième prestation, encore des inconnus pour moi. J'apprends qu'ils sont Austro-américains ; c'est un projet "électro" fondé par Daniel Graves en 2000, Los Angeles (Californie) avant qu'il émigre vers Linz (Autriche).

La composition d'AESTHETIC PERFECTION actuelle me laisse perplexe. Sur le site officiel on peut lire que Daniel Graves (chant, claviers, programmations, depuis 2000), est entouré de Joe Letz (batterie, depuis 2018 et membre de TILL LINDEMANN), mais aussi de Constance Antoinette Day (claviers, guitares, basse, depuis 2021, et membre de TILL LINDEMANN). Or, nous avons une brunette bien agitée mais qui ne ressemblait pas vraiment à la blonde officiant au sein de groupe de Till… Si quelqu'un a une info, je suis preneur… Il semblerait qu'à la guitare/clavier ce fut Lore Jarocinski et à la batterie ce fut (si j'ose dire) Mike Schopf.

Un huitième album studio"MMXXI" est paru le 3 juin 2022.

On le pressentait déjà à l'équilibrage de la sonorisation, la batterie est puissante. La voix souvent rauque du chanteur accompagnée par deux des membres de Till Lindemann, confirme que l'auditeur se rapproche de la thématique musicale de la soirée. Servi par un éclairage et un espace de scène équivalent au groupe précédent, le groupe semble soulever une plus grande part du public.

Certaines séquences ont pu me séduire, mon pied a battu le rythme de satisfaction. Mais, je demeure allergique aux bandes préenregistrées ; or le clavier pourtant installé sur la scène, est rarement occupé au profit de celles-ci. Fatalement, au bout d'un moment on ressent ainsi une certaine lassitude. Dommage car on sent un potentiel, d'autant que les protagonistes ne manquent pas d'énergie.

Leur prestation aura eu au moins le mérite de chauffer le public.

Titres à déterminer

A ce stade, je demeure inquiet pour le reste de la soirée…

TILL LINDEMANN [21h20-22h55] https://www.lindemannworld.com/

Au départ, en 2013, Till s'intégrait dans un projet avec Peter Tägtgren (PAIN, HYPOCRISY). Mais cette collaboration n'a pas survécu à la Pandémie, ce dernier quitte le navire en 2020.

Sa discographie présente huit monoplages, un mini-album (2015), un enregistrement en concert (à Moscou) et deux albums studio. "Skills in Pills" est paru le 22 juin 2015. "F & M" (Frau und Mann) est paru le 22 novembre 2019. "Zunge" est le troisième album de la carrière solo de Till Lindemann, et le premier sorti en son nom propre (les deux précédents étaient sous le projet Lindemann). Jusqu'à présent "Zunge" n'est disponible qu'en format digital, depuis le 3 novembre 2023. La sortie physique avait été repoussée, mais il était en vente à l'échoppe ce soir. Cet album est dans la continuité de ceux composés avec Peter Tägtgren pour Lindemann, cependant les sons électro semblent plus poussés.

Cette parution est l'occasion d'une tournée de vingt-sept concerts dans quatorze pays durant l'année 2023.

Désormais, Till Lindemann s'entoure sur scène de Danny Lohner (basse, depuis 2022 américain –Texas- et collaborateur de NINE INCH NAILS et A PERFECT CIRCLE), Constance Antoinette Day (claviers, depuis 2022, Américaine –Californie- et membre de AESTHETIC PERFECTION), Emily Ruvidich (guitares, depuis 2022, Américaine - Caroline du Nord), Jes Paige (guitares, depuis 2022, Américaine -New York-), et Joe Letz (batterie, depuis 2022, Américain -New York-, et membre de AESTHETIC PERFECTION).

Dès le début de son concert, on comprend que l'efficacité et l'expérience allemande sont à l'œuvre. Une sonorisation puissante mais audible, et un éclairage davantage porté sur les rouges, mais cependant lumineux ainsi qu'un vaste écran en fond de scène, ont permis d'exprimer toute la puissance des chansons. L'espace dévolu aux claviers est sur la droite, la batterie plutôt sur la gauche, les trois guitaristes (dont une basse) sont très mobiles et engagés. Till quant à lui, harangue son public sur tout l'espace, y compris dans la fosse où il n'hésitera pas à baigner.

©Samuel C

Alors que je ne connais pas vraiment le répertoire du Monsieur, je parviens immédiatement à m'imprégner de son univers pourtant brutal et malsain que, reconnaissons-le, nous sommes tous venus chercher ici, plus ou moins volontairement. Mais TILL LINDEMANN est un musicien suffisamment talentueux pour nous faire partager ses fantasmes orgiaques et licencieux, voire obscènes.

Musicalement, sa voix au timbre ténébreux et profond, est captivante même pour un non germanophone. C'est un véritable phénomène de scène. Pourtant dans une démarche cynique, son charisme et son sens artistique ont produit un concert éruptif et exaltant ! Ses musiciens assurent efficacement leurs fonctions ; je n'ai pas perçu de bande préenregistrée sauf durant "Allesfresser" (mais là c'était justifié). J'ai été impressionné par la frappe fougueuse et redoutable du batteur, qui est aussi déjanté que Till. Le bassiste s'est montré d'une grande efficacité pour assurer le lien entre les rythmes infernaux du bûcheron de service avec les harmonies des guitares et claviers. Ces derniers pupitres étant tenus par trois Américaines très impliquées, même si le style musical ne leur confère pas une subtilité extraordinaire. Nous sommes loin des fantaisies délicates et ciselées du rock progressif que j'admire tant par ailleurs. Assumons ; a priori, nous sommes là pour festoyer avec exubérance et désinhibition…

Une certaine forme de délicatesse avait toutefois sa place ; notamment l'intro (2'30) de "Knebel", durant laquelle Till est en duo avec la guitare sèche. Mais la débauche d'énergie n'est jamais contenue longtemps avec Till, et l'explosion qui suit est d'autant plus jouissive !

En dehors de l'aspect musical, on retrouve les attitudes inhérentes au style indus'. Les musiciens ont clairement leurs corps constamment électrocutés, la tête dans le sac à poussières !

©Samuel C

Le batteur, au-delà de son énergie exubérante, n'a pas quitté son accoutrement sadomaso ; bâillon, faux seins, et collant résilles laissant voir ses fesses, et une immonde fausse vulve. Allant jusqu'à balancer au public des accessoires sexuels retirés de son string. La claviériste, entre deux accords, ne perdait pas une occasion de prendre des postures lubriques, notamment autour sa barre verticale …

Toutefois, s'agissant de la mise en scène, alors que RAMMSTEIN base son spectacle davantage sur la pyrotechnie, Till accentue le sien sur les atmosphères torrides illustrées notamment par les vidéos sur l'écran. Elles défilent, débridées de toute censure (au contraire de YouTube). D'emblée, avec celle de "Zunge" on comprend qu'il va y avoir de l'émotion !

Les images sont délibérément insolentes, extrêmement libres à l'égard des mœurs, provocatrices, portées sur le sexe, le sang, la démesure, l'outrance, et l'abus. Ad Nauseum. Les textes étant souvent à double sens, les films ont le mérite de montrer le fond d'une pensée extraite d'un cerveau qui semble malade. Où qui feint de l'être en tout cas. Détailler les illustrations prendrait le risque d'heurter les âmes sensibles. On est loin de la poésie romantique, c'est gras, c'est cru, c'est violent… Outre, les anatomies exhibées, nous en avons appris beaucoup sur les mœurs dissolues de certains …

Je reconnais volontiers avoir été souvent mal à l'aise et pourtant je ne suis pas né de la dernière pluie ! Je m'interroge sur la démarche, est-il dans la provocation ou dans la dénonciation ? Peut-être les deux …

© Sam C

© Sam C

Bravant sa prétendue timidité (vantée dans sa biographie), le pape de l'électro-metal est descendu dans la fosse, accompagné par sa sulfureuse claviériste, et transporté sur une chaise à porteurs. Une caméra "Gopro", fixée sur son chapeau, montre sa déambulation. Il en fait le tour avant de remonter sur scène. Nous pouvons ainsi mieux distinguer son costume dans la même teinte rouge que tous ses complices et son maquillage rouge sang. En parlant des porteurs, vêtus de noir, je les ai plains toute la soirée, car ils étaient aussi chargés de rétablir constamment les pieds de micro et les éléments au sol que Till se donnait un malin plaisir à bousculer dans la fosse ! ou de ramasser les débris d'une guitare cassée par une des guitaristes qui devait sur croire sur un ring de catch…

On peut apprécier ce cirque. Ou pas. Disons que je m'autorise à apprécier cette parenthèse festive.

En tous cas, le public est ravi et l'a montré, même quand les musiciens leur ont balancé des (faux) gâteaux (durant une longue séquence intermédiaire "Allesfresser" [omnivore]), ou des (faux) poissons (durant "Fish on" jets de poissons). Ou encore des oreillers, alors que personne n'avait prévu de dormir ! Sans omettre les jets d'eau, visant sans doute à refroidir les esprits échauffés !!

Bref, à la base nous étions dubitatifs, le concert nous a finalement convaincu d'un talent musical et théâtral.

Parmi les dix-huit titres interprétés ce soir, six sont issus de Zunge (2023), sept sont issus de F & M (2019), cinq sont issus de Skills in Pills (2015).

PROGRAMME

  1. Zunge (Zunge, 2023)
  2. Schweiss (Zunge, 2023)
  3. Fat (Skills in Pills/Lindemann, 2015)
  4. Altes Fleisch (Zunge, 2023)
  5. Allesfresser (F & M /Lindemann, 2019)
  6. Golden Shower (Skills in Pills/Lindemann, 2015)
  7. Tanzlehrerin (Zunge, 2023)
  8. Ich weiß es nicht (F & M /Lindemann, 2019)
  9. Sport frei (Zunge, 2023)
  10. Blut (F & M /Lindemann, 2019)
  11. Praise Abort (Skills in Pills/Lindemann, 2015)
  12. Platz Eins (F & M /Lindemann, 2019)
  13. Fish On (Skills in Pills/Lindemann, 2015)
  14. Gummi (F & M /Lindemann, 2019)
  15. Steh auf (F & M /Lindemann, 2019).

RAPPEL :

  1. Knebel (F & M /Lindemann, 2019)
  2. Ich hasse Kinder (Zunge, 2023)
  3. Skills in Pills (Skills in Pills/Lindemann, 2015).

Bande son finale : Home Sweet Home.

 

Je m'abstiens d'acquérir le t-shirt pourtant plutôt joli qui coutait 35€. Mon fils et ma p'tite Fée sont absolument conquis ; moi je me définirais plutôt comme sidéré. Nous avons cependant tous convenu que nous ne sommes jamais sortis aussi perturbés d'un concert de RAMMSTEIN. L'audace de Till est d'autant plus surprenante à l'issue d'une année où sa réputation fut judiciairement mise en cause. Mais aucun de nous n'a regretté d'être venu à ce qui sera notre dernier concert de l'année 2023, car c'est assurément un spectacle à voir et, qui sait, à revoir !


vendredi 15 décembre 2023

MOSTLY AUTUMN – Spirit of 66 (Verviers, Belgique) – vendredi 15 décembre 2023

Ce rendez-vous traditionnel fixé à chaque mi-décembre par MOSTLY AUTUMN au Spirit of 66, est désormais inscrit à notre calendrier, qu'il vente ou qu'il pleuve. Contrairement aux précédentes fois (pluie, neige, verglas), notamment à l'approche des Ardennes, les conditions météorologiques furent cette fois satisfaisantes.

Au-delà de ce motif musical, notre décision pour ce déplacement est facilitée par l'assurance d'un accueil confortable à l'hôtel des Ardennes où Maguy, la patronne, personnifie la convivialité belge par excellence. D'ailleurs, nous nous inquiétons désormais de la mise en vente de l'établissement ; l'avenir nous dira ce que deviendra l'accueil.

De surcroit, la Fringale est la friterie devenue incontournable, je dirais même rituelle pour nous restaurer dès notre arrivée à Verviers. Elle a ouvert ces portes fin 2022 et offre de succulentes spécialités belges ; des frites délicieuses, les viandes assorties de milles sauces possibles et surtout … des bières à la pression issues de la {C}, une brasserie locale, dont la plus récente est la Curtius, un régal aux saveurs florales étourdissantes !

Et puis surtout, le dévouement de Francis pour gérer cette salle, devenue mythique au fil du temps, est admirable. Une programmation éclectique tente d'attirer les mélomanes des pays environnants ; outre les Belges bien sûr, dans le public on a pu discerner aussi des Français, des Allemands, des Anglais, des Luxembourgeois, des Suisses, et des Néerlandais. Pourtant, ces derniers ne sont pas les plus à plaindre s'agissant des étapes de tournées…

Nombreux sont, comme nous, près à parcourir des centaines de kilomètres pour assister aux concerts de nos artistes favoris au Spirit of 66 ! En ce qui nous concerne, cela représente quatre cents kilomètres, heureusement desservis en grand partie par autoroutes, en un peu moins de quatre heures. Peu d'artistes sont de nature à nous faire déplacer ainsi ; STEVEN WILSON (& Co), CAMEL, LAZULI, THE WINDMILL sans doute. Mais aussi assurément MOSTLY AUTUMN, désormais.

En effet, même tardif, notre intérêt pour ces Anglais ne fait que croitre à chacune de leurs prestations. Ce jour, nous nous déplaçons pour la quatrième fois, et ce avec toujours le même engouement, jamais déçu.

Pour éventuellement comprendre notre passion, j'invite mon lecteur à se rapporter à mon précédent récit [ici] pour un reflet de leur biographie. Je rappelle simplement ici que ce groupe originaire de York, (North Yorkshire) s’est formé en 1995 autour de Bryan Josh, chanteur et guitariste et de la chanteuse Heather Findlay (qui mène maintenant une carrière solo depuis 2010).

A la base, leurs prestations consistaient principalement à rendre hommage aux Pink Floyd. Mais, au fil du temps et des changements d'effectifs, leur musique s'est forgé une identité, en fusionnant diverses influences, notamment Pink Floyd donc, mais aussi Fleetwood Mac, Jethro Tull ou Camel. Les ingrédients subtilement dosés se composent de superbes mélodies enveloppées de voix féminines sensuelles, envoutantes, et transcendées de superbes soli de guitares. Cet enchantement musical mêle brillamment du rock à la fois puissant et mélodique avec des thèmes folkloriques, traditionnels, celtiques. Avec ma p'tite Fée, on se surprend souvent à s'imaginer autour d'un feu de camp, en compagnie de ces saltimbanques pour chanter, boire et danser nuits et jours sous les cieux de l'Albion (ou ailleurs) …

Leur discographie est riche de compositions magnifiques. Mais s'il me fallait en désigner un, l'opus "White Rainbow", paru fin 2018 (ou le 1er mars 2019, selon les sources…) constitue selon moi leur chef d'œuvre ; cet album transpire une émotion tellement sincère qu'elle en est à la fois indescriptible et presque palpable. Un opus indispensable dans la discothèque de tout mélomane. Il rend un émouvant hommage à Liam Davison, longtemps guitariste de MA et ami d’enfance de Brian Josh, disparu brutalement fin 2017.

Toutefois, "Graveyard Star" le quatorzième album paru le 24 septembre 2021, est également somptueux, bourré de mélodies entêtantes et d'harmonie entre tous les pupitres.

Bref, en compagnie de nos amis helvètes, nous sommes de nouveau parmi les premiers à nous présenter à l'entrée de ladite salle, ce qui nous permet de bénéficier de notre emplacement favori, au premier rang (légèrement excentré sur la droite, face à Chris) pour mieux partager les émotions avec les sept musiciens.

Cet emplacement n'est pas vraiment le meilleur sur un plan acoustique, mais nous n'avons pas eu à en souffrir beaucoup. La voix, un peu en retrait au début, est rapidement devenue perceptible, comme les autres pupitres. Le dispositif d'éclairage m'a semblé un peu trop insistant sur les rouges et les bleus (ce qui est nuisible aux clichés depuis nos portables) mais sans altérer toutefois les atmosphères requises.

D'une stabilité remarquable, le groupe se présente de nouveau composé de Bryan Josh (chant et guitares), et Iain Jennings (claviers, depuis 1997), entourés d'Olivia Sparnenn-Josh (chant, percussions, flûte à bec, depuis 2005), Angela Gordon (flûtes, claviers, percussions, et chœurs, 1997-2007, et depuis 2016), Chris Johnson (guitares rythmiques et acoustiques, chant, claviers, 2006-2007, et depuis 2014), Andy Smith (basse, depuis 2000) et de Henry Rogers (batterie, depuis 2018).

LE CONCERT [20h30/21h20 – 21h45/23h30]

Pour décrire mes émotions dans mes récits, j'ai toujours des scrupules à user de superlatifs qui pourraient être de nature à décrédibiliser mes propos. Et pourtant. Il s'agit bien de magie. Du septuor se dégage un état d'esprit positif, collectif, généreux ; et ce, avant, pendant et après leurs concerts. Je l'ai déjà ainsi relaté et je le répète volontiers ; ces sept ne font qu'un sur scène. Aucun ne semble tirer les couvertures à lui, pas même Bryan dont les soli pourtant brillants semblent couler de source dans ce flot de mélodies. Personnellement, Bryan Josh m'émeut autant que David Gilmour, Andrew Latimer, Nick Barett, Steve Rothery ou John Mitchell (pour ne citer qu'eux…).

Chacun des pupitres conserve cependant l'opportunité de s'exprimer et de s'épanouir à tour de rôle, tout en étant complémentaires. Tout est dans le collectif. Chris vient en support de Bryan dans les soli. Angela vient en support d'Olivia dans ses chants. Ils sont visiblement heureux et contribuent ainsi à nous envelopper dans une bulle de bonheur. Ils assument leur rôle de troubadours des temps modernes. Leur Musique parle à notre âme avec poésie et lyrisme.

Je serais d'une mauvaise foi si je n'avouais pas mon admiration béate pour Olivia qui continue d'irradier la scène de son charisme, de son charme, de sa vivacité et de sa voix. Son timbre limpide, harmonieux et puissant est un surcroit indéniable de qualité pour ce groupe, qui n'en manque pourtant pas ! Je ne peux pas m'empêcher de me réjouir de la complémentarité du couple qu'elle forme avec Bryan. On les sent complices, sans exubérances mais avec des regards et des signes qui ne trompent pas l'observateur.

Discret, concentré et appliqué Iain permet d'accentuer toute la sensibilité musicale des morceaux ; les accords riches et puissants de son synthétiseur ont souvent détourné mon attention.

Autre duo dont la complicité est au service du groupe, celui que forment Chris et Angela habitués à jouer ensemble aux seins d'autres formations folkloriques du Yorkshire. Ce sont deux remarquables multi-instrumentistes qui alternent leurs talents aux flûtes et au clavier (Angela), aux guitares et au clavier (Chris) ou encore au chant (pour les deux). Leur expérience et leur complémentarité constitue un apport incontestablement de nature à magnifier les compositions. Je suis particulièrement sensible à la voix douce et expressive de Chris, notamment lorsque qu'il chante "Changing Lives" et "Silver Glass".

Andy lève rarement les yeux au-dessus de sa basse mais dispute souvent l'espace d'Olivia, avec vivacité. Ses lignes de basse sont expressives et puissantes. Avec la batterie d'Henry, ils constituent un plateau puissant et rythmé qui contribue largement à remuer les corps et les esprits !

Cette soirée en deux actes n'a jamais baissé en intensité d'émotions, alternant des morceaux plus folk, d'autres plus bluesy, ou plus rock. Le public ne peut qu'être pleinement emporté dans ce flot d'harmonies. Je pourrais citer tel ou tel titre particulièrement touchants mais il me semble vain vouloir distinguer la qualité dans la qualité ! Comme d'habitude, le mélomane présent pourrait être animé d'une frustration à l'égard de tel titre qui n'aura pas été interprété, mais franchement ce sentiment ne se ressent pas durant le concert ; chaque séquence étant un émerveillement auditif.

C'est maintenant un rituel, en clôture de soirée, les membres de MOSTLY AUTUMN se parent des couvre-chefs adéquats pour nous accorder un rappel en rapport avec l'esprit de Noël.

Dans un louable souci de renouveler leur programme, davantage de titres anciens ont été joués ce soir. Huit titres diffèrent ainsi de l'an dernier. Nous avons voyagé sur vingt-deux titres, dont deux de leur superbe premier opus "For All We Shared..." (1998), un de "The Spirit of Autumn Past" (1999), un titre de "The Last Bright Light" (2001), un titre de "Passengers" (2003), un titre de "Storms over Still Water" (2005), un titre de "Heart Full of Sky" (2006), un titre de "Dressed in Voices" (2014), trois de "Sight of Day" (2017), trois de issus de "White Rainbow" (2019), quatre du dernier opus "Graveyard Star" (2021), ainsi qu'une reprise issu de l'album de Josh & Co. Limited "Transylvania - Part 1 - The Count Demands It "(2016). Le final étant composé de trois reprises spéciales pour fêter Noël.

PROGRAMME
ACTE 1:

  1. In for the Bite (Limited, Transylvania - Part 1 - The Count Demands It, reprise de Josh & Co, 2016)
  2. Into the Stars (White Rainbow, 2019)
  3. Spirit of Mankind (Graveyard Star, 2021)
  4. Western Skies (White Rainbow, 2019)
  5. Skin of Mankind (Graveyard Star, 2021)
  6. Passengers (Passengers , 2003)
  7. Heart, Body and Soul (Sight of Day, 2017)
  8. Silver Glass (Heart Full of Sky, 2006)
  9. The Night Sky (For All We Shared…, 1998).

ACTE 2:

  1. Tomorrow Dies (Sight of Day, 2017)
  2. Winter Mountain (The Spirit of Autumn Past, 1999)
  3. Broken Glass (Storms over Still Water, 2005)
  4. Changing Lives (Sight of Day, 2017)
  5. Half the Mountain (The Last Bright Light, 2001)
  6. Dressed in Voices (Dressed in Voices, 2014)
  7. This Endless War (Graveyard Star, 2021)
  8. Back in These Arms (Graveyard Star, 2021)
  9. White Rainbow (White Rainbow, 2019).

RAPPEL

  1. Heroes Never Die (For All We Shared…, 1998)
  2. I Believe in Father Christmas (reprise de Greg Lake)
  3. A Spaceman Came Travelling (reprise de Chris de Burgh)
  4. Fairytale of New York (reprise de The Pogues).

Comme à leur habitude, les musiciens descendent parmi nous pour discuter, partager, échanger. Bryan toujours aussi modeste, sympathique et chaleureux a pris ma P'tite Fée dans ses bras. Puis il m'a confié que la réédition des premiers albums était bien prévue, mais sans préciser toutefois les délais … Un nouvel album devrait paraitre d'ici l'été prochain. Nous avons pu également clamer à Olivia toute l'admiration que nous lui vouons. Le timide Ian a également pu écouter nos compliments. Tout ce beau monde a accepté volontiers les portraits visant à fixer ces mémorables moments. C'est compliqué de pouvoir discuter avec les sept ; j'ai renoncé à aborder Chris, et Angela avec lesquels j'avais déjà parlé les précédentes fois. Et j'ai dû abandonner mon objectif d'approcher Andy. Mais je ne doute pas y parvenir une prochaine fois.

A l'échoppe, nous nous procurons le DVD récemment paru ainsi que le CD "Live in Abbey Road's Studio 2" qui est paru ce 13 octobre 2023.

Quitter cette agréable compagnie est toujours difficile, mais il faut bien se ménager en vue de reprendre la route le lendemain. D'ailleurs, il en est de même pour eux qui rejouent aux Pays-Bas.

Nous les reverrons dans dix mois, ce sera pour l'apothéose du Prog en Beauce en octobre 2024.


dimanche 10 décembre 2023

THE LACHY DOLEY GROUP – New Morning (Paris 10) – dimanche 10 décembre 2023.

 

Une bonne part de notre microcosme musical s'émeut depuis quelques semestres des prestations de cet Australien. Je suis plutôt méfiant par nature de ce genre de phénomène qui m'apparait soudainement. Mais une fois consulté les vidéos j'ai rapidement été séduit. Par la suite, son concert du 19 décembre 2022 (récit ici) m'a confirmé la capacité du Monsieur à interpréter et promouvoir cette musique qui m'a toujours enthousiasmé. The Lachy Doley Group est un trio de musiciens manifestement heureux de jouer ensemble du blues, du rock, du funk jouissif à souhait !

Dès que j'ai su qu'il revenait dans les mêmes conditions (même salle, même période, et mêmes invités), j'ai acquis non pas un mais deux tickets ; il était hors de question que ma p'tite Fée manque encore une fois cette nouvelle prestation parisienne

Pour rappel, le New Morning est situé au 7-9 rue des Petites-Écuries, au cœur du 10ème arrondissement de Paris, dans les locaux de l'ancienne imprimerie du journal Le Parisien. Cette salle mythique ouvre très rarement ses portes à notre milieu progueux/metalleux. En fait, c'est un club dont la programmation est dédiée principalement au jazz. Il a été fondé en 1981 par Eglal Farhi, une franco-égyptienne, qui était journaliste enseignante, avant de prendre la direction du club. Depuis le décès de cette dernière en 2010, il est dirigé par sa fille Catherine Farhi. Des artistes de renom s'y sont produit tels que B.B. King, Prince, Didier Lockwood, Chet Baker, Pat Metheny, Dizzy Gillespie… Pour ma part, j'avais découvert ce bel auditorium le 14 mai 2014, à l'occasion du concert du groupe de hard rock (eh oui, une exception semble-t-il) espagnol ELDORADO. Cet établissement dispose d'une capacité de 500 places.

La configuration de l'auditorium offre de bonnes conditions d'écoute quel que soit le positionnement. Nous arrivons après l'ouverture des portes et pourtant nous nous positionnons sans difficulté au deuxième rang en fosse. Il faut dire que l'atmosphère de cette salle est conviviale ; la plupart de gens sont détendus, assis ou au bar.

Fait notable, cinq caméras de France-Télévision ont filmé toute la soirée…

ROSAWAY [19h45-20h35].

Je ne suis pas mécontent de retrouver ce duo, français mais anglophone, fondé en 2017. Ils ont enregistré trois monoplages, "Walk" (2019), "Midnight" (2021), "Freedom" (2018) et deux mini albums (4 titres) "Stranger" (2019) et "Dreamer" (2020). Ils maintiennent leur anonymat sous des pseudonymes ; "Rachel" (je suis tout de même parvenu à dénicher son nom, Rachel Ombredane) et "SteF".


Une bande son introductive me rappelle l'univers musical qui sera proposé. L'excellente sonorisation permettra de distinguer toutes les harmonies. Leur musique mélodique et très rythmée, qualifiée d'électro-pop-jazz, anime un irrésistible entrain. A l'instar de "Rhythm Of The Night", un titre qui m'avait déjà beaucoup plus l'an dernier.

Pourtant, leur choix d'interprétation me fait assez vite ressentir leurs limites, que j'évoquais déjà dans mon récit de leur précédente prestation. Avec un véritable groupe composé d'un guitariste, d'un bassiste et d'un clavier, je serais complétement séduit. Au lieu de cela, le batteur, au demeurant très efficace dans sa fonction, fait également office de disc-jockey ; il active des pistes préenregistrées, dont les sons répétitifs et astreignant finissent fatalement par me lasser. Dommage, car (la très jolie) Rachel excelle à son poste ; sa voix puissante et juste délivre un chant jazzy très agréable, et de surcroit elle maitrise la flute traversière et les percussions.

Le public s'enthousiasme volontiers et accorde de belles ovations. Quant à moi, j'applaudis poliment, au moins pour leur talent individuel indéniable. Je les reverrais bien volontiers dans un bar ou dans un cadre festivalier…

Titres du programme à déterminer.

J'ai distingué toutefois "Here Comes The Rain", "Rhythm Of The Night", "Walks" et "It's alright".

 


LACHY DOLEY [21h-22h40]

Bref rappel biographique : Lachlan R "Lachy" Doley est né le 21 avril 1978 et a grandi à Adélaïde. Chanteur et auteur-compositeur, il a débuté musicalement avec Clayton, son frère ainé qui se chargeait de l'orgue Hammond, pendant que lui se chargeait déjà du clavinet. Ils jouent longtemps ensemble, puis en 2011, Lachy se lance dans un parcours en solo. Il fonde ensuite The Lachy Doley Group en s'entourant d'un bassiste et d'un batteur, avec lequel il enregistre un album qui parait en septembre 2013 sous son propre label. Son album le plus récent est "Studios 301 Sessions", paru le 17 Septembre 2021. Un nouvel opus "A World Worth Fighting For" est paru le 9 juin 2023.


Je retrouve immédiatement les mêmes sensations que l'an dernier, grâce au trio toujours composé du batteur Jackie Barnes et du bassiste Joel Burton. Pour l'anecdote, soulignons que Jackie Barnes est le fils du chanteur austro-écossais Jimmy Barnes, qui a connu un certain succès durant les 80's/90's.

La sonorisation demeure impeccable, dans cet auditorium qui dispose d'une acoustique adéquate. L'éclairage est sobre mais efficace, y compris pour les chasseurs d'images.

Lachy demeure bien fidèle à sa réputation. Mis à part la longueur de ses cheveux (allongés), je retrouve le même personnage charismatique, extraverti et passionné par le blues. Il ne tient pas en place, rarement assis plus de cinq minutes, il vit sa musique et transmets du même coup son enthousiasme à son public. Il alterne les claviers de son orgue et son clavinet, avec lequel il exprime ces étonnantes sonorités guitaristiques. Je reste sidéré par la proximité sonore ; les yeux fermés je pourrai jurer entendre une guitare. Mais peut-être que la compétence aiguisée d'un aveugle serait plus perspicace que moi, j'en conviens. En tous cas, ce quatrième instrument tient toute sa place dans ce groupe dont les deux autres membres Jackie Barnes et Joel Burton partagent une vraie complicité. Les regards attentifs, bienveillants et souriants démontrent pleinement la cohésion du trio.

D'une énergie débordante et communicative, Lachy a bien évidemment emporté les ovations d'un public ravi.

Voodoo Child

Sur les douze titres interprétés ce soir cinq diffèrent du programme de l'an dernier. Trois nouveaux titres issus de "A World Worth Fighting For" (2023), deux titres issus de "Make or Break" (2019), deux de "Conviction" (2015), un de "Lovelight" (2017) et un de "S.O.S. (Singer Organ Soul" (2013). Mais aussi trois reprises des années 70.

PROGRAMME 2022

PROGRAMME 2023

1.   Stop Listening To The Blues (Conviction, 2015)

1.               Money (A World Worth Fighting For, 2023)

2.   Conviction (Conviction, 2015)

2.               A Woman (Make or Break, 2019)

3.   Voodoo Child (Slight Return) (J Hendrix, 1970)

3.               Conviction (Conviction, 2015)

4.   Give It (But You Just Can’t Take It) (Make or Break, 2019)

4.               I’m a Man (Spencer Davis Group, 1967).

5.   Only Cure for the blues is the blues (Lovelight, 2017)

5.               Get out your ears way (A World Worth Fighting For, 2023)

6.   Make It Up (Conviction, 2015)

6.               If Looks could kill (Singer Organ Soul, 2013)

7.   Use Me (Bill Withers) (Conviction, 2015)

7.               Frankly My Dear I Don’t Give A Damn (Conviction, 2015)

8.   Frankly My Dear I Don’t Give A Damn (Conviction, 2015)

8.               Only Cure for the blues is the blues (Lovelight, 2017)

9.   (enchainé avec) Just kissed my baby (the Meters, 1974)

9.               Voodoo Child (Slight Return) (J Hendrix, 1970)

10.A Woman (Make or Break, 2019)

10.            Gone (A World Worth Fighting For, 2023)

11.Still In Love (S.O.S. (Singer Organ Soul), 2013).

11.            Downtown Smalltown (Conviction, 2015)

RAPPEL :

 

12.I’m a Man (Spencer Davis Group, 1967).

12.            Give It (But You Just Can’t Take It) (Make or Break, 2019)

J'avais décidé d'être sage ce soir, et me suis privé de l'acquisition du récent opus. Je m'en veux un peu…