LE CONTEXTE
C'était déjà pour découvrir MOSTLY AUTUMN que nous
avions découvert cette mythique salle, le Spirit of 66, ce vendredi 3 juin 2022.
Le calendrier des concerts de ce bel écrin nous a tentés bien souvent au cours
de l'année mais son éloignement de Paris (environ 400 km/4 heures de routes)
ralentit nos ardeurs, quand même. Oui, il nous arrive d'être raisonnables. Les
voisins de ce prestigieux établissement ont bien de la chance, épicétou.
A l'instar de CAMEL et de LAZULI, MOSTLY AUTUMN est de
nature à nous faire déplacer sur de longues distances puisque la probabilité de
les revoir à Paris reste faible à ce jour. En dépit de conditions hivernales sur
les routes (brouillard, verglas, neige), nous avons maintenu notre engagement
pris depuis le 8 octobre…
L'accueil particulièrement convivial, chaleureux, accueillant
du personnel de l'hôtel des Ardennes (ah, Maggi c'est un personnage !), et de la
friterie à proximité, nous a rapidement fait oublier ces aléas.
LE GROUPE, brève biographie
Mes récits de concert n'ont pas vocation à s'attarder excessivement
sur la biographie des artistes. Mais je rappelle ici volontiers le pedigree de MOSTLY
AUTUMN. Parce que ces musiciens méritent une attention particulière, compte
tenu des émotions que leur Musique me procure.
Ce groupe originaire de York, (North Yorkshire) s’est
formé en 1995 autour de Bryan Josh,
chanteur et guitariste et de la chanteuse Heather Findlay (qui mène maintenant une carrière solo depuis 2010). A la base, leurs
prestations consistaient principalement à reprendre des titres de Pink Floyd,
mais, au fil du temps et des changements d'effectifs, leur musique s'est forgé une
identité, en fusionnant diverses influences, notamment Pink Floyd donc, mais
aussi Fleetwood Mac, Genesis, Jethro Tull ou Camel. Les ingrédients subtilement
dosés se composent de superbes mélodies enveloppées de voix féminines sensuelles
et envoutantes, et transcendées de longs soli de guitares. Cet enchantement
musical mêle brillamment du rock à la fois puissant et mélodique avec des
thèmes folkloriques, traditionnels, celtiques.
Il me semble intéressant de rapporter ce que Bryan
raconte pour expliquer comment lui est venue l'idée du nom de son groupe :
"Le nom "Mostly Autumn"
est né en 1992, alors que Liam
(Davison)
et moi buvions dans un pub appelé The Newfield Inn à Dunnerdale, dans la région
des lacs. Je savais que je voulais donner au projet un nom ayant un rapport
avec l'automne et lorsque, de but en blanc, Liam a pointé du doigt un rail de
carte postale indiquant "Mostly Sheep", je n'ai vu que le mot
"mostly". Cela m'a frappé et c'est ainsi que le nom a été créé. J'ai
et j'ai toujours un grand amour pour la saison de l'automne. Outre les
changements de couleurs et les parfums frappants, je trouve que c'est une
période très provocante, très nostalgique et puissante avec sa beauté
époustouflante et un certain air de tristesse, mais avec un grand sentiment
d'optimisme. La période entre l'automne et Noël a toujours été l'une de mes
préférées." Je le comprends
d'autant plus que je préfère l'automne également…
Bryan a demandé à Iain Jennings de jouer pour MOSTLY AUTUMN au pub "The Northern Wall" à York en 1997,
pour remplacer temporairement leur
claviériste qui ne pouvait pas venir. Iain se souvient n'avoir disposé que de
peu de temps pour répéter avant le concert, mais il apprécia vraiment la
musique car elle lui semblait différente de tout ce qu'il 'avait joué
auparavant. Une belle complicité durable est ainsi née.
Angela Gordon
rencontre Bryan Josh en 1997, c'est le début de son aventure
avec MA. Elle suspend toutefois sa participation en 2007 pour une pause
maternelle, avant de revenir en 2016. Une multi-instrumentiste de talent,
capable d'alterner avec grâce et sensibilité les flûtes (traversière, picolo, fifre), les synthétiseurs, les percussions ou
les chœurs.
Avec la parution du premier opus "For All We
Shared..." en 1998, MA
démontre déjà de très belles compétences. Dès 1999, MA fut remarqué et honorés,
notamment en obtenant le trophée de meilleur nouveau groupe accordé par la "Classic Rock Society".
Arrivé en mai
2000, Andy Smith fait partie du
groupe depuis leur troisième album. Mais en fait, c'est un ami de longue date,
alors qu'il était ingénieur du son et éclairagiste. Il avait donc eu tout le
temps de se familiariser avec l'univers de MA avant d'accepter de mettre ses
compétences à son service pour remplacer le bassiste parti pour raisons
familiales.
Chris Johnson
est un auteur compositeur, ingénieur du son et universitaire qui semble
s'épanouir pleinement au sein de MA depuis
2006, même s'il s'est aussi accordé une pause entre 2007 et 2014. Sa
sensibilité, autant à la guitare qu'au chant, constitue un apport magistral (écoutez
en particulier "Silver Glass"
et "Changing Lives").
Un soir de fin 2004, Bryan entend Olivia Sparnenn chanter sur une scène et lui
demande de faire les chœurs au sein de MA pour le lancement de l'album "Storms Over Still Waters", à
l'Astoria. Puis Iain lui demande à son tour des collaborations de son côté. Tant
et si bien qu'en 2010, Olivia a accepté l'offre de Bryan
de prendre la relève de Heather Findlay en tant que chanteuse principale de
Mostly Autumn. L'entente est telle que, sur le plan personnel, Olivia a épousé
Bryan Josh en 2013, union dont est issue une fille, opportunément nommée
Autumn.
Le poste de batteur semble être le plus délicat pour
MA puisque Henry Rogers est le
neuvième batteur. Arrivé en 2018,
c'est ainsi le membre le plus récent. Recruté pour sa polyvalence et son
expérience dans des styles musicaux différents, il a déjà officié au service du
funk, de la soul, du progmetal.
Même si tous leurs enregistrements en studio rivalisent
de qualités, leurs prestations scéniques sont légitiment remarquées par leur
maitrise des atmosphères et par leur durée. Nous avons pu constater lors du
concert de juin que ce groupe dégage une aura particulière. Son histoire humaine
contribue sans doute à cette impression.
L'opus "White
Rainbow", paru fin 2018 (ou le 1er
mars 2019, selon les sources…) rend un hommage touchant à Liam Davison, longtemps
guitariste de MA et ami d’enfance de Brian Josh, disparu brutalement fin 2017. Selon
moi, c'est leur chef d'œuvre ; cet album transpire une émotion tellement
sincère qu'elle en est à la fois indescriptible et presque palpable. Un opus indispensable
dans la discothèque de tout mélomane.
Le quatorzième album, le superbe "Graveyard Star" est paru le 24 septembre 2021.
Bryan Josh
(chant et guitares), et Iain Jennings
(claviers, depuis 1997) sont donc désormais entourés d'Olivia Sparnenn-Josh (37 ans, chant,
percussions, flûte à bec, depuis 2005), Angela Gordon (flûtes, claviers, percussions, et chœurs, 1997-2007, et
depuis 2016), Chris Johnson
(guitares rythmiques et acoustiques, chant, claviers, 2006-2007, et depuis
2014), Andy Smith (basse, depuis
2000) et de Henry Rogers (batterie, depuis
2018).
LE CONCERT [20h30/21h30
– 21h50
/23h45]
Afin de se protéger du froid glacial (en dessous de
zéro), nous nous réfugions dans le tunnel d'accès d'où nous percevons avec
plaisir et admiration les derniers réglages préparatifs au concert ("Soundcheck", pour les anglicistes).
Même en répétition, ces artistes assurent admirablement. Ce petit apéritif
sonore accroit encore notre excitation. Peu après 19h les portes s'ouvrent
enfin.
En pénétrant dans la salle avec ma p'tite Fée, nous étions
tentés d'aller nous asseoir en balcon mais finalement nous optons pour un
retour au premier rang, afin de communier pleinement avec les musiciens. Certes,
ce n'est pas idéal pour le son, mais nous préférons partager leurs sourires,
leurs regards, et leur complicité. L'établissement dispose d'une capacité
d'accueil de 350 personnes, mais étonnamment la soirée n'affiche pas complet.
Le septuor prend place et la magie opère immédiatement avec le titre introductif "Tomorrow Dies". Olivia irradie la scène de son charisme, de son charme, de sa vivacité et de sa voix. Son timbre limpide, harmonieux et puissant est valorisé par les accords et soli de Bryan qui semble au mieux de sa forme ce soir. La complicité du couple se ressent pleinement ; les interventions sont dosées et exprimées avec charisme et engagement. A l'instar de leur prestation ici en juin, tout est interprété avec soin et poésie.
Bref, ces sept ne font qu'un. Aucun ne semble tirer
les couvertures à lui, pas même Bryan dont les soli pourtant brillants semblent
couler de source dans ce flot de mélodies. Il laisse chacun des pupitres
s'exprimer et s'épanouir à tour de rôle. Ils sont visiblement heureux (au moins
sur scène) et jouent parfaitement leur rôle de troubadour des temps modernes.
Je ne peux m'empêcher de relater un court épisode de vie de couple anecdotique
mais qui en dit long sur leur état d'esprit ; Bryan ayant maladroitement
renversé une (de ses) Jupiler, Olivia s'est empressée d'éponger humblement le
sol à ses pieds. J'ai trouvé cela mignon tout plein. Autre anecdote ; Bryan
cherche un décapsuleur pour une (nouvelle) Jupiler ; je lui temps le mien (j'en
ai toujours un sur moi !), c'est Olivia qui vient me l'emprunter. J'aurai ainsi
accompli ma B.A. pour la journée !!
Cette petite scène, heureusement dépouillée d'artifice
ou de décor, aura permis toutefois de contenir les sept musiciens sans léser
leur expression. La sonorisation était sans doute parfaite pour les auditeurs
plus en retrait ; de notre position assumée nous ressentions davantage les
basses/batterie, au dépend parfois du chant. Mais rien de rédhibitoire à nos
sens d'admirateurs inconditionnels !
Je serais tenté de distinguer des moments forts dans
ce bouquet de toute beauté, mais à mon sens chaque titre est une invitation au
voyage. Les opus "Graveyard Star",
"White Rainbow" et "Sight of Day", "For All We Shared" sont légitimement
représentés avec trois extraits chacun.
Le public ne pouvait qu'être enthousiaste et
pleinement engagé dans ce tourbillon de notes enchanteresses et envoutantes.
En clôture de soirée, dans un admirable état d'esprit,
les sept artistes nous accordent un programme spécial pour fêter Noël comme il
se doit, coiffés des couvre-chefs adéquats.
Leur titre "For
Everyone at Christmastime" paru le 4 décembre 2020 s'impose avec évidence
et bonheur. Puis c'est l'opportune reprise de Greg Lake "I Believe in
Father Christmas" durant laquelle Olivia, tout sourire, secoue bruyamment
son manche à grelots, et Angela perce les harmonies de sa flute picolo. La magnifique
reprise de Chris De Burgh "A Spaceman Came Travelling" permet
une participation accrue du public. Je ne peux qu'approuver le recours au
répertoire festif de The Pogues
"Fairytale of New York" dont
l'interprétation laisse percer fifre et flute. Dans une ambiance conviviale et
chaleureuse, le public contribue volontiers à chanter avec le groupe ces airs réjouissants.
Cette magnifique soirée nous aura permis d'écouter vingt et un titres, dont trois du dernier opus "Graveyard Star" (2021), trois de issus de "White Rainbow" (2019), trois de "Sight of Day" (2017), trois
de leur superbe premier opus "For
All We Shared..." (1998), deux
de "Heart Full of Sky"
(2006), un titre de "The Last Bright Light", un de "The Spirit of Autumn Past" (1999), leur monoplage "For Everyone at Christmastime"
(2020), et une reprise issu de l'album
de Josh & Co. Limited "Transylvania
- Part 1 - The Count Demands It "(2016). Et pour clore spécialement
cette soirée de l'Avent, les trois
reprises citées.
PROGRAMME
ACTE 1:
- Tomorrow Dies (Sight of Day,
2017)
- Spirit of Mankind (Graveyard
Star, 2021)
- Nowhere to Hide (Close My Eyes) (For All We Shared…, 1998)
- The Spirit of Autumn Past, Part 2 (The Spirit of Autumn Past, 1999)
- The Last Climb (For All We
Shared…, 1998)
- Gaze (Heart Full of Sky, 2006)
- This Endless War (Graveyard
Star, 2021)
- Back in These Arms (Graveyard
Star, 2021)
- Mother Nature (The Last
Bright Light, 2001).
ACTE 2:
- In for the Bite (Limited,
Transylvania - Part 1 - The Count Demands It, reprise de Josh & Co, 2016)
- Into the Stars (White
Rainbow, 2019)
- Western Skies (White Rainbow,
2019)
- Changing Lives (Sight of Day,
2017)
- Silver Glass (Heart Full of
Sky, 2006)
- Heart, Body and Soul (Sight
of Day, 2017)
- Heroes Never Die (For All We
Shared…, 1998)
- White Rainbow (White Rainbow,
2019).
RAPPEL
- For Everyone at Christmastime (monoplage, 2020)
- I Believe in Father Christmas (reprise de Greg Lake)
- A Spaceman Came Travelling (reprise de Chris de Burgh)
- Fairytale of New York (reprise de The Pogues).
Le programme aura peu évolué par rapport à celui interprété
ici en juin ; des vingt et un titres, ils ont juste remplacé "Passengers", "Skin of Mankind", "The Harder That You Hurt" et "Forever and Beyond" par les quatre titres
de Noël. Mais compte tenu de la qualité, on ne se plaindra pas !
Comme en juin, le concert terminé, les musiciens (tous, cette fois, y compris Bryan)
descendent dans la salle pour recueillir en toute simplicité et avec
bienveillance nos impressions bafouillées dans un anglais plus ou moins approximatif.
Je retrouve l'extrême amabilité d'Angela, et de Chris qui ont bien voulu
entendre nos compliments et qui nous ont très simplement communiqué leurs
activités parallèles. Olivia, radieuse et souriante reste elle aussi très
disponible ; Rien d'une star si ce n'est la beauté. Mais je découvre également
l'humilité et la gentillesse de son mari, Bryan qui nous laisse espérer une
réédition d'une partie de sa discographie, espérer aussi une prestation au
prochain Rock en Scène (le 13 mai
semble-t-il) ! Iain, Andy et Henry étaient aussi disponibles mais les
conversations ne m'ont pas laissé le temps de les approcher.
Je pourrais me lâcher à l'échoppe, mais je n'y trouve
pas les premiers albums que je continue d'attendre…
Tout à une fin, nous peinons cependant à quitter les
lieux.
Nous retrouvons nos chambres, la tête dans les étoiles.
nota bene : j'ai ajouté deux anecdotes amusantes, pour la petite histoire (dans le paragraphe "Bref, ces sept ne font qu'un...")
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