MON CONTEXTE.
Ce concert n'était pas inscrit dans mon calendrier prévisionnel. La rareté de
leurs tournées, et la notoriété du groupe, attisent les convoitises des organisateurs,
et accentuent l'inflation sur les prix des tickets. En dépit de mon envie de
voir TOOL au moins une fois sur scène, il était hors de question que je valide
leur cupidité. Des prix qui culminent à 350 € et dégringolent à 80 € pour les
grouillots, cela me donne des nausées.
En raison d'incompatibilité de calendrier, ou (déjà)
des prix jugés excessifs, le fait est que je n'avais pas encore eu
l'opportunité de les voir sur scène. J'ai néanmoins eu l'occasion d'apprécier
Maynard James Keenan au sein de ses
activités parallèles, lors de ses prestations au cours de festivals ; A PERFECT CIRCLE, le 29 juin 2018 à
Barcelone et PUSCIFER, le 17 juin
2023. Dans les deux cas, je n'avais pas été séduit (…). Pourtant, depuis ce
jour de juillet 2009, où un de mes neveux, bien inspiré, m'a offert "Lateralus", (paru le 19 mai de la
même année), j'ai été rapidement séduit par ces atmosphères à la fois lugubres,
torturées et puissamment mélancoliques.
Il y a deux ans, les récits de leur concert parisien
m'avaient fait amèrement regretter mon abstention. Mais cette fois, fort
heureusement mon fils, telle une fouine, est parvenu à nous dégoter des tickets
à la revente, à prix cassés. Des places en secteur "orchestre", en
carré or, affichée à 200 € mais revendues à 85 €, soit à 42% de sa valeur, ça
ne se refuse pas !
Tous les mélomanes qui ont vécu l'expérience d'un
concert de TOOL, m'ont rapporté n'être jamais sortis indemnes de leurs concerts.
Et cette sensation va bien au-delà des mélomanes allergiques aux productions
médiatisées. Notons par exemple que, parmi les adeptes de cette musique sombre
et tourmentée, la romancière Amélie Nothomb ne manque jamais d'en faire écho.
Tant et si bien, que le vaste Palais Omnisport de Bercy (oui, je sais le site a changé de nom, mais désolé je ne m'y fais pas !)
est désormais le lieu de rencontre habituel pour TOOL.
LE CONCERT.
Avec ma p'tite Fée et mon fiston, nous prenons place
dans un secteur réputé privilégié, au vu de l'intitulé des places. Nous
jouxtons la console de son sur son arrière gauche… Bah franchement, cela
m'aurait fait bien mal de débourser 200 € pour un emplacement aussi éloigné de
la scène ! De surcroit, la scène n'étant pas très surélevée, ce qui s'y passait
n'était pas visible, en particulier pour les petites tailles ; car bien
entendu, ma P'tite Fée avait devant elle des spectateurs bien plus grands
qu'elle …
LE CONCERT.
NIGHT
VERSES [19h30-20h10]
https://music.youtube.com/channel/UCQXBIgWtEgJZ5NIU2JHURig
NIGHT VERSES m'était parfaitement inconnu jusqu'aux
quelques jours qui ont précédé cet événement. J'ai ainsi appris qu'il s'agit
d'un groupe américain originaire de Fullerton, en Californie, mais formé en 2012, à Los Angeles. D'abord
un trio, Douglas Robinson les remarqua lors d'une soirée et leur proposa ses
services de chanteurs. Il le resta jusqu'en 2017, départ qui amena un
changement de cap musical et un retour au statut de trio instrumental. Le groupe comprend ainsi désormais Nick DePirro (guitare), Reilly Herrera (basse) et Aric Improta (batterie).
Après un premier mini-album "Out of the Sky" (2012), leur discographie montre un premier
album intitulé "Lift Your Existence"
(2013), puis "Into the Vanishing
Light" (2015), puis "From
the Gallery of Sleep" (2018) et un quatrième, "Every Sound Has a Color in the Valley of
Night" qui est paru le 18 août
2023.
Leur concert débute alors que beaucoup des spectateurs
ne sont pas encore installés.
Pour ma part, bien qu'étant sensible aux performances
vocales, j'apprécie aussi beaucoup la musique instrumentale pour la technicité
qu'elle permet de mettre en valeur. De temps à autre, je ressors volontiers les
œuvres du quatuor hongrois SPECIAL PROVIDENCE, celle du quatuor texan POLYPHIA,
et bien sûr celles du quatuor américain LIQUID TENSION EXPERIMENT. NIGHT VERSES apporte une originalité
dans un style qui pourrait éventuellement lasser à force de démonstration ;
mais ces musiciens démontrent leur virtuosité remarquable dans un metal alternatif
très puissant, et énergique.
Bienvenu dans l'univers de la complexité rythmique et
technique, des accords syncopés et des polyrythmies qui s'adressent
principalement aux épris de jazz et/ou de rock progressif et d'autres mélanges
des sonorités.
Cette prestation aurait été, à mon sens, sans doute
mieux appréciée dans un cadre plus restreint. Leur talent n'aura probablement
convaincu que les plus avertis et curieux des mélomanes présents. Beaucoup de
sièges étaient vacants et, aidés par des lumières pas totalement éteintes en
fond de salle, beaucoup de spectateurs déambulaient ou discutaient sans prêter
l'attention requise à ces valeureux artistes.
En ce qui me concerne j'ai bien l'intention de suivre
NIGHT VERSES dans leurs productions, si tant est qu'ils consentent à venir plus
souvent en Europe.
Parmi sept titres,
quatre sont issus de "Every
Sound Has a Color in the Valley of Night" et trois de "From the Gallery of Sleep".
PROGRAMME
- Arrival ("Every Sound
Has a Color in the Valley of Night", 2023)
- Vice Wave ("From the
Gallery of Sleep", 2018)
- Åska ("Every Sound Has
a Color in the Valley of Night", 2023)
- 8 Gates of Pleasure ("Every
Sound Has a Color in the Valley of Night", 2023)
- Karma Wheel ("Every
Sound Has a Color in the Valley of Night", 2023)
- Infinity Beach ("From
the Gallery of Sleep", 2018)
- No. 0 ("From the
Gallery of Sleep", 2018).
Vingt
minutes d'entracte. La salle ne sera pas complète, de nombreuses places demeurent
vacantes. Il me plait d'imaginer (naïvement
?) qu'à l'avenir les organisateurs réévalueront le cout des tickets. Car il
me partait manifeste que les secteurs à bas cout sont davantage remplis.
TOOL [20h30-22h45]
Un regard sur la biographie de TOOL nous apprend que
ce groupe américain, originaire de Los Angeles, en Californie a été formé en 1990 par le chanteur Maynard
James Keenan, le guitariste Adam Jones,
le batteur Danny Carey et le
bassiste Paul D'Amour. Ce dernier a toutefois quitté le groupe en 1995. Justin Chancellor (ex-PEACH) le remplace depuis
le deuxième album intitulé "Ænima".
Leur musique est réputée pour envouter son auditeur dans des atmosphères puissamment
émouvantes, en alliant l'intensité du metal avec celle du rock psychédélique,
celle du rock progressif, du rock alternatif et expérimental.
Avec cinq albums en trente ans, il est permis
d'imaginer que ce groupe ne se laisse pas guider par les impératifs
commerciaux. Et cependant, la notoriété de TOOL ne fait que croitre. D'une
exigence intransigeante sur leurs compositions, "Undertow" (1993), "Ænima"
(1996), "Lateralus" (2001),
"10 000 Days" (2006) sont
autant d'œuvres très espacées, mais toujours très attendues et appréciées. Je
me méfie toujours des récompenses officielles mais, vu le palmarès, il me
semble toutefois opportun de le signaler ici. TOOL a remporté quatre Grammy
Awards : meilleure performance métal (1998, "Ænima"), meilleure performance métal (2002, "Schism"), meilleur ensemble
d'enregistrements (2007, "10 000
Days") et meilleure performance métal (2020, "7empest"). De surcroît, leurs
vidéos promotionnelles sont le plus souvent d'une qualité remarquable ; ce soin
apporté pour la réalisation me rappelle celui pour RAMMSTEIN et AVATAR. Je
ressens alors autant de plaisir à écouter leur musique qu'à regarder leurs
mini-films.
Le cinquième
album studio "Fear Inoculum"
est paru le 30 août 2019. Ce concert
s'inscrit dans une tournée européenne de quinze dates, qui a débuté le 25 mai à
Hanovre et terminera le 27 juin à Oslo.
TOOL est un quatuor d'une honorable stabilité de
surcroit, puisque les membres actuels sont ainsi Maynard James Keenan (chant, depuis 1990), Adam Jones (guitares, depuis 1990), Danny Carey (batterie, percussions, depuis
1990), et Justin Chancellor (basse,
depuis 1995).
La sonorisation m'a semblé équilibrée ; les quatre
pupitres étaient perceptibles. Les protections auditives ne m'ont pas paru
nécessaires au début, mais j'ai fini cependant par les appliquer avec le
sentiment que la puissance du son augmentait au fil de la prestation…
®Samuel |
Trois écrans forment un gigantesque triptyque couvrant tout le fond de la scène ! Les images très vivement colorées et psychédéliques exerçaient un phénomène d'attraction visuel d'autant plus influençable lorsqu'on était éloigné de la scène, bien entendu. Un intriguant heptagramme suspendu au-dessus de la scène, s'illumine parfois. Le dispositif d'éclairage m'a paru splendide ; alors que je m'attendais à retrouver la pénombre de la scène pour PERFECT CIRCLE, là au contraire les lumières sont lumineuses, resplendissantes laissant paraitre des couleurs vives. Des faisceaux de lasers et de multiples rampes d'éclairage ont mis en valeur les artistes avec éclats… Enfin presque. Car, fidèle à son habitude, Maynard James Keenan semble ne pas supporter les feux de la rampe ; il est resté dans l'ombre pendant toute la durée du concert. Il surplombait pourtant ses camarades du haut des deux podiums placés de chaque côté de la batterie placée au centre. Sa voix est d'une tessiture ordinaire, relative agressive ; il exprime davantage le désespoir et la révolte que la douceur mélancolique.
®Samuel |
®Samuel |
C'est à ce titre que la fonction de Danny Carey me semble fondamentale dans
l'ensemble. Sa maitrise des percussions nous entraine souvent dans une sorte de
transe tribale, sans doute inspirés par des rites chamaniques venus du fin fond
de l'Amazonie. Pendant une première partie du concert j'ai longtemps entretenu
une perplexité sur l'origine des sonorités qui parvenaient à mes oreilles.
Suspicieux j'ai craint de regrettables bandes préenregistrées… mais ces
craintes se sont totalement dissipées lorsque fut venu la séquence dévolue à
son solo hallucinant ("Chocolate
Chip Trip") ! En effet, il s'est alors tourné vers une partie de sa
batterie que je n'avais pas pu remarquer depuis mon point de vue ; un tableau à bidouillages de sons avec lequel
il nous a démontré toute l'étendue de son imagination ! Complétement entouré de
caisses diverses et d'un gong, il pouvait encore se retourner et pianoter sur des
touches pour exprimer des sons synthétiques. Une caméra surplombant tout son
outillage filmait en format plongeant ; les images dédoublées sur l'écran géant
ont permis de suivre le jeu.
Adam Jones
et Justin Chancellor triturent
constamment leurs guitares pour en extraire des sons saturés et improbables, à
tel point que là encore il m'a fallu souvent regarder à deux fois pour savoir
qui jouait tel ou tel segment ! Adam accentuait ses effet notamment avec un
petit clavier et de divers outils que je n'ai pu voir que de loin.
Les meilleurs qualificatifs qui me viennent à l'esprit
pour définir et tenter de résumer cette expérience, sont
"Hallucinant", "puissant".
Le public de Bercy, fatalement dispersé ne m'a pas
paru particulièrement enflammé, mais plutôt comme envouté. Il faut dire que les
places assises ne sont pas de nature à favoriser l'expression corporelle …..
L'ovation finale fut la plus bruyante, comme une
libération des esprits opprimés par une musique obsédante !
®Samuel |
®Samuel |
Parmi les onze titres, TOOL a assez logiquement continué à promouvoir leur opus le plus récent "Fear Inoculum" (2019) avec cinq titres. Deux titres sont issus de "10 000 Days" (2007), un de "Lateralus" (2001), un de "Ænima" (1996), et deux de "Undertow" (1993).
PROGRAMME
Bande son introductive : Third Eye (Heartbeat intro)
1.
Jambi (10 000 Days, 2007)
ENTRACTE (douze minutes)
Je me suis laissé tenter par le t-shirt, plutôt joli
et confectionné d'un bon tissu, mais que je trouve un peu cher quand même ;
40 €.
En conclusion, TOOL est assurément un groupe à voir en
concert, et je ne regrette absolument pas l'opportunité d'avoir pu enfin les
voir. Je pense que je pourrai(s) retourner volontiers voir un concert de TOOL,
mais quitte à devoir être assis, ce serait en gradin pour un meilleur confort
visuel. Et à la condition que les prix d'entrée redeviennent plus raisonnables.
Ce qui a peu de chance de se produire… Donc, il nous reste à espérer bénéficier
des favorables circonstances d'une improbable, mais toujours possibles, revente
à prix cassés. Pourquoi pas !... Entre temps, je vais en revenir à nos petits
concerts, dans nos petites salles, avec des petits prix.
EUROPEAN TOUR 2024
25/05 Hanovre (ZAG
Arena)
27/05 Amsterdam (Ziggo
Dome)
30/05 Birmingham
(Resorts World Arena)
01/06 Manchester (AO
Arena)
03/06 Londres (O2)
05/06 Paris (Accor Arena)
08/06 Berlin (Parkbühne
Wuhlheide)
10/06 Vienne (Wiener
Stadthalle)
11/06 Cracovie (Tauron
Arena)
13/06 Budapest
(Budapestarena)
18/06 Cologne (Lanxess
Arena)
20/06 festival Graspop
22/06 Copenhague
(Copenhell)
25/06 Stockholm (Tele2
Arena)
27/06 Oslo (Tons of Rock
Festival.
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