mercredi 5 juin 2024

TOOL – Palais Omnisport de Bercy (Paris 12e) – mercredi 5 juin 2024

MON CONTEXTE. Ce concert n'était pas inscrit dans mon calendrier prévisionnel. La rareté de leurs tournées, et la notoriété du groupe, attisent les convoitises des organisateurs, et accentuent l'inflation sur les prix des tickets. En dépit de mon envie de voir TOOL au moins une fois sur scène, il était hors de question que je valide leur cupidité. Des prix qui culminent à 350 € et dégringolent à 80 € pour les grouillots, cela me donne des nausées.

En raison d'incompatibilité de calendrier, ou (déjà) des prix jugés excessifs, le fait est que je n'avais pas encore eu l'opportunité de les voir sur scène. J'ai néanmoins eu l'occasion d'apprécier Maynard James Keenan au sein de ses activités parallèles, lors de ses prestations au cours de festivals ; A PERFECT CIRCLE, le 29 juin 2018 à Barcelone et PUSCIFER, le 17 juin 2023. Dans les deux cas, je n'avais pas été séduit (…). Pourtant, depuis ce jour de juillet 2009, où un de mes neveux, bien inspiré, m'a offert "Lateralus", (paru le 19 mai de la même année), j'ai été rapidement séduit par ces atmosphères à la fois lugubres, torturées et puissamment mélancoliques.

Il y a deux ans, les récits de leur concert parisien m'avaient fait amèrement regretter mon abstention. Mais cette fois, fort heureusement mon fils, telle une fouine, est parvenu à nous dégoter des tickets à la revente, à prix cassés. Des places en secteur "orchestre", en carré or, affichée à 200 € mais revendues à 85 €, soit à 42% de sa valeur, ça ne se refuse pas !

Tous les mélomanes qui ont vécu l'expérience d'un concert de TOOL, m'ont rapporté n'être jamais sortis indemnes de leurs concerts. Et cette sensation va bien au-delà des mélomanes allergiques aux productions médiatisées. Notons par exemple que, parmi les adeptes de cette musique sombre et tourmentée, la romancière Amélie Nothomb ne manque jamais d'en faire écho. Tant et si bien, que le vaste Palais Omnisport de Bercy (oui, je sais le site a changé de nom, mais désolé je ne m'y fais pas !) est désormais le lieu de rencontre habituel pour TOOL.

LE CONCERT.

Avec ma p'tite Fée et mon fiston, nous prenons place dans un secteur réputé privilégié, au vu de l'intitulé des places. Nous jouxtons la console de son sur son arrière gauche… Bah franchement, cela m'aurait fait bien mal de débourser 200 € pour un emplacement aussi éloigné de la scène ! De surcroit, la scène n'étant pas très surélevée, ce qui s'y passait n'était pas visible, en particulier pour les petites tailles ; car bien entendu, ma P'tite Fée avait devant elle des spectateurs bien plus grands qu'elle …

LE CONCERT.

NIGHT VERSES [19h30-20h10]
https://nightverses.com/
https://music.youtube.com/channel/UCQXBIgWtEgJZ5NIU2JHURig

NIGHT VERSES m'était parfaitement inconnu jusqu'aux quelques jours qui ont précédé cet événement. J'ai ainsi appris qu'il s'agit d'un groupe américain originaire de Fullerton, en Californie, mais formé en 2012, à Los Angeles. D'abord un trio, Douglas Robinson les remarqua lors d'une soirée et leur proposa ses services de chanteurs. Il le resta jusqu'en 2017, départ qui amena un changement de cap musical et un retour au statut de trio instrumental. Le groupe comprend ainsi désormais Nick DePirro (guitare), Reilly Herrera (basse) et Aric Improta (batterie).

Après un premier mini-album "Out of the Sky" (2012), leur discographie montre un premier album intitulé "Lift Your Existence" (2013), puis "Into the Vanishing Light" (2015), puis "From the Gallery of Sleep" (2018) et un quatrième, "Every Sound Has a Color in the Valley of Night" qui est paru le 18 août 2023.

Leur concert débute alors que beaucoup des spectateurs ne sont pas encore installés.

La scène est dépouillée de tout décor et éclairée clairement mais sobrement. Elle est surplombée du logo du groupe, avec ses caractères arabisants. Servi par une sonorisation puissante mais audible, bien que manquant de profondeur, le trio sera parvenu à capter mon attention en me confirmant mes premières impressions recueillies en écoutes préalables.

Pour ma part, bien qu'étant sensible aux performances vocales, j'apprécie aussi beaucoup la musique instrumentale pour la technicité qu'elle permet de mettre en valeur. De temps à autre, je ressors volontiers les œuvres du quatuor hongrois SPECIAL PROVIDENCE, celle du quatuor texan POLYPHIA, et bien sûr celles du quatuor américain LIQUID TENSION EXPERIMENT. NIGHT VERSES apporte une originalité dans un style qui pourrait éventuellement lasser à force de démonstration ; mais ces musiciens démontrent leur virtuosité remarquable dans un metal alternatif très puissant, et énergique.

Bienvenu dans l'univers de la complexité rythmique et technique, des accords syncopés et des polyrythmies qui s'adressent principalement aux épris de jazz et/ou de rock progressif et d'autres mélanges des sonorités.

Cette prestation aurait été, à mon sens, sans doute mieux appréciée dans un cadre plus restreint. Leur talent n'aura probablement convaincu que les plus avertis et curieux des mélomanes présents. Beaucoup de sièges étaient vacants et, aidés par des lumières pas totalement éteintes en fond de salle, beaucoup de spectateurs déambulaient ou discutaient sans prêter l'attention requise à ces valeureux artistes.

En ce qui me concerne j'ai bien l'intention de suivre NIGHT VERSES dans leurs productions, si tant est qu'ils consentent à venir plus souvent en Europe.

Parmi sept titres, quatre sont issus de "Every Sound Has a Color in the Valley of Night" et trois de "From the Gallery of Sleep".

PROGRAMME

  1. Arrival ("Every Sound Has a Color in the Valley of Night", 2023)
  2. Vice Wave ("From the Gallery of Sleep", 2018)
  3. Åska ("Every Sound Has a Color in the Valley of Night", 2023)
  4. 8 Gates of Pleasure ("Every Sound Has a Color in the Valley of Night", 2023)
  5. Karma Wheel ("Every Sound Has a Color in the Valley of Night", 2023)
  6. Infinity Beach ("From the Gallery of Sleep", 2018)
  7. No. 0 ("From the Gallery of Sleep", 2018).


Vingt minutes d'entracte. La salle ne sera pas complète, de nombreuses places demeurent vacantes. Il me plait d'imaginer (naïvement ?) qu'à l'avenir les organisateurs réévalueront le cout des tickets. Car il me partait manifeste que les secteurs à bas cout sont davantage remplis.

TOOL [20h30-22h45]
https://www.toolband.com/home

Un regard sur la biographie de TOOL nous apprend que ce groupe américain, originaire de Los Angeles, en Californie a été formé en 1990 par le chanteur Maynard James Keenan, le guitariste Adam Jones, le batteur Danny Carey et le bassiste Paul D'Amour. Ce dernier a toutefois quitté le groupe en 1995. Justin Chancellor (ex-PEACH) le remplace depuis le deuxième album intitulé "Ænima". Leur musique est réputée pour envouter son auditeur dans des atmosphères puissamment émouvantes, en alliant l'intensité du metal avec celle du rock psychédélique, celle du rock progressif, du rock alternatif et expérimental.

Avec cinq albums en trente ans, il est permis d'imaginer que ce groupe ne se laisse pas guider par les impératifs commerciaux. Et cependant, la notoriété de TOOL ne fait que croitre. D'une exigence intransigeante sur leurs compositions, "Undertow" (1993), "Ænima" (1996), "Lateralus" (2001), "10 000 Days" (2006) sont autant d'œuvres très espacées, mais toujours très attendues et appréciées. Je me méfie toujours des récompenses officielles mais, vu le palmarès, il me semble toutefois opportun de le signaler ici. TOOL a remporté quatre Grammy Awards : meilleure performance métal (1998, "Ænima"), meilleure performance métal (2002, "Schism"), meilleur ensemble d'enregistrements (2007, "10 000 Days") et meilleure performance métal (2020, "7empest"). De surcroît, leurs vidéos promotionnelles sont le plus souvent d'une qualité remarquable ; ce soin apporté pour la réalisation me rappelle celui pour RAMMSTEIN et AVATAR. Je ressens alors autant de plaisir à écouter leur musique qu'à regarder leurs mini-films.

Le cinquième album studio "Fear Inoculum" est paru le 30 août 2019. Ce concert s'inscrit dans une tournée européenne de quinze dates, qui a débuté le 25 mai à Hanovre et terminera le 27 juin à Oslo.

TOOL est un quatuor d'une honorable stabilité de surcroit, puisque les membres actuels sont ainsi Maynard James Keenan (chant, depuis 1990), Adam Jones (guitares, depuis 1990), Danny Carey (batterie, percussions, depuis 1990), et Justin Chancellor (basse, depuis 1995).

La sonorisation m'a semblé équilibrée ; les quatre pupitres étaient perceptibles. Les protections auditives ne m'ont pas paru nécessaires au début, mais j'ai fini cependant par les appliquer avec le sentiment que la puissance du son augmentait au fil de la prestation…

®Samuel

Trois écrans forment un gigantesque triptyque couvrant tout le fond de la scène ! Les images très vivement colorées et psychédéliques exerçaient un phénomène d'attraction visuel d'autant plus influençable lorsqu'on était éloigné de la scène, bien entendu. Un intriguant heptagramme suspendu au-dessus de la scène, s'illumine parfois. Le dispositif d'éclairage m'a paru splendide ; alors que je m'attendais à retrouver la pénombre de la scène pour PERFECT CIRCLE, là au contraire les lumières sont lumineuses, resplendissantes laissant paraitre des couleurs vives. Des faisceaux de lasers et de multiples rampes d'éclairage ont mis en valeur les artistes avec éclats… Enfin presque. Car, fidèle à son habitude, Maynard James Keenan semble ne pas supporter les feux de la rampe ; il est resté dans l'ombre pendant toute la durée du concert. Il surplombait pourtant ses camarades du haut des deux podiums placés de chaque côté de la batterie placée au centre. Sa voix est d'une tessiture ordinaire, relative agressive ; il exprime davantage le désespoir et la révolte que la douceur mélancolique.

®Samuel
La prestation a globalement répondu à mes attentes, même si j'ai un peu peiné, au début, à m'enthousiasmer vraiment. La haute complexité des harmonies et des rythmes m'a souvent déstabilisé. Et finalement, c'est plutôt bon signe ! La musique de TOOL surprend l'auditeur non averti que je suis, car je ne prétends pas connaitre chacune des mesures des titres. Elle ne s'apparente pas aux rythmes binaires et systématiques assumés par certaines autres. Très peu d'occasion de partir dans un délire, du style "la tête dans un sac à poussière", car rapidement le rythme se casse et part dans un contretemps déstabilisateur ! J'ai souvent eu le sentiment étonnant d'être dans la retenue, une sorte de violence puissante mais contenue. Cette atmosphère crée en moi une sensation d'oppression permanente.

®Samuel
Dans une transgression assumée des styles, la musique de TOOL oscille constamment dans les polyrythmies les plus surprenantes. Avec TOOL, on est moins dans la nuance que dans les contrastes, ce qui ne l'exempte pas de subtilités loin de là ! D'abord sourde et contenue, la fureur totale explose avec la conjugaison des accords de guitare et de basse d'une violence sonore saisissante qui vous place dans un état proche de la sidération. La guitare accentue, par ses déchirements sonores, les sensations d'immenses détresses exprimées par ce tourbillon sonore.

C'est à ce titre que la fonction de Danny Carey me semble fondamentale dans l'ensemble. Sa maitrise des percussions nous entraine souvent dans une sorte de transe tribale, sans doute inspirés par des rites chamaniques venus du fin fond de l'Amazonie. Pendant une première partie du concert j'ai longtemps entretenu une perplexité sur l'origine des sonorités qui parvenaient à mes oreilles. Suspicieux j'ai craint de regrettables bandes préenregistrées… mais ces craintes se sont totalement dissipées lorsque fut venu la séquence dévolue à son solo hallucinant ("Chocolate Chip Trip") ! En effet, il s'est alors tourné vers une partie de sa batterie que je n'avais pas pu remarquer depuis mon point de vue ;  un tableau à bidouillages de sons avec lequel il nous a démontré toute l'étendue de son imagination ! Complétement entouré de caisses diverses et d'un gong, il pouvait encore se retourner et pianoter sur des touches pour exprimer des sons synthétiques. Une caméra surplombant tout son outillage filmait en format plongeant ; les images dédoublées sur l'écran géant ont permis de suivre le jeu.

Adam Jones et Justin Chancellor triturent constamment leurs guitares pour en extraire des sons saturés et improbables, à tel point que là encore il m'a fallu souvent regarder à deux fois pour savoir qui jouait tel ou tel segment ! Adam accentuait ses effet notamment avec un petit clavier et de divers outils que je n'ai pu voir que de loin.

Les meilleurs qualificatifs qui me viennent à l'esprit pour définir et tenter de résumer cette expérience, sont "Hallucinant", "puissant".

Le public de Bercy, fatalement dispersé ne m'a pas paru particulièrement enflammé, mais plutôt comme envouté. Il faut dire que les places assises ne sont pas de nature à favoriser l'expression corporelle …..

L'ovation finale fut la plus bruyante, comme une libération des esprits opprimés par une musique obsédante !

®Samuel

®Samuel

Parmi les onze titres, TOOL a assez logiquement continué à promouvoir leur opus le plus récent "Fear Inoculum" (2019) avec cinq titres. Deux titres sont issus de "10 000 Days" (2007), un de "Lateralus" (2001), un de "Ænima" (1996), et deux de "Undertow" (1993).

PROGRAMME
Bande son introductive : Third Eye (Heartbeat intro)
1.                  Jambi (10 000 Days, 2007)
2.                  Fear Inoculum (Fear Inoculum, 2019)
3.                  Rosetta Stoned (10 000 Days, 2007)
4.                  Pneuma (Fear Inoculum, 2019)
5.                  Intolerance (Undertow, 1993)
6.                  Descending (Fear Inoculum, 2019)
7.                  The Grudge (Lateralus, 2001).
 
ENTRACTE (douze minutes)
8.                  Chocolate Chip Trip (Fear Inoculum, 2019)
9.                  Flood (Undertow, 1993)
10.              Invincible (Fear Inoculum, 2019)
11.              Stinkfist (Ænima, 1996).
Bande son finale : Dancing Queen (ABBA)

Je me suis laissé tenter par le t-shirt, plutôt joli et confectionné d'un bon tissu, mais que je trouve un peu cher quand même ; 40 €.

En conclusion, TOOL est assurément un groupe à voir en concert, et je ne regrette absolument pas l'opportunité d'avoir pu enfin les voir. Je pense que je pourrai(s) retourner volontiers voir un concert de TOOL, mais quitte à devoir être assis, ce serait en gradin pour un meilleur confort visuel. Et à la condition que les prix d'entrée redeviennent plus raisonnables. Ce qui a peu de chance de se produire… Donc, il nous reste à espérer bénéficier des favorables circonstances d'une improbable, mais toujours possibles, revente à prix cassés. Pourquoi pas !... Entre temps, je vais en revenir à nos petits concerts, dans nos petites salles, avec des petits prix.

 
EUROPEAN TOUR 2024
25/05 Hanovre (ZAG Arena)
27/05 Amsterdam (Ziggo Dome)
30/05 Birmingham (Resorts World Arena)
01/06 Manchester (AO Arena)
03/06 Londres (O2)
05/06 Paris (Accor Arena)
08/06 Berlin (Parkbühne Wuhlheide)
10/06 Vienne (Wiener Stadthalle)
11/06 Cracovie (Tauron Arena)
13/06 Budapest (Budapestarena)
18/06 Cologne (Lanxess Arena)
20/06 festival Graspop
22/06 Copenhague (Copenhell)
25/06 Stockholm (Tele2 Arena)
27/06 Oslo (Tons of Rock Festival.

 

 

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