LE SITE. Il aurait
dû se nommer "Le nouvel Alhambra", puisqu'il
prétend remplacer l'historique Alhambra qui était établi à 300 mètres de là,
avant d'être démoli en 1967. Ce nouvel espace a été inauguré en avril 2008 au
21, rue Yves-Toudic (10ème ardt.). La salle est totalement
insonorisée, une coque de béton et d’acier, pesant 800 tonnes, posée sur
ressorts et fondée sur une puissante infrastructure édifiée en sous-œuvre. La
salle est ainsi désormais totalement indépendante de l’immeuble dans lequel
elle se cache. Sa capacité assis/debout est entre 600 et 800 places. Il y a un
peu moins d'un an, le lundi 16 octobre 2023, nous étions venus une première
fois, pour assister à un formidable concert de RIVERSIDE.
LE CONTEXTE.
Ouverture des portes une heure avant le début du concert (18H30). Une bande-son
du film "Le livre de la Jungle" accueille les auditeurs pour attendre
le commencement.
L'organisateur de l'évènement a cru opportun de
configurer la salle en places assises et numérotées. Cette initiative
relativement inhabituelle nous a probablement déstabilisés ; le dimanche 12 mai
nous avons opté à l'économie pour des places positionnées en fond de salle, à
deux rangs avant le mur. D'abord inquiet pour la visibilité et pour
l'acoustique, je finirai par apprécier l'emplacement, bien qu'un peu éloigné de
la scène… Quoi qu'il en soit, nous étions à peine remis du concert d' IQ de
samedi dernier ; cette option pépère nous permet d'assister sans trop de
fatigue à notre huitième concert du
groupe.
Bref rappel biographique. Le multi-instrumentiste
Richard Henshall, et le chanteur
Ross Jennings ont débuté la
conception de HAKEN vers 2004, mais le groupe s'est formellement constitué en
2007. Ils ont ainsi enregistré une démonstration, "Enter the 5th Dimension" en 2008. La parution de leur premier
album "Aquarius", le 30
mars 2010, confirme immédiatement la phase ascendante. HAKEN peut être
considéré comme un groupe stable. On retrouve les trois piliers historiques, Ross
Jennings (chant, depuis 2007), Richard
Henshall (guitares, claviers, chœurs
depuis 2007), et Raymond Hearne (batterie,
chœurs depuis 2007). Le quatrième membre fondateur, Peter Jones (claviers, chœurs de 2007 à 2008, et depuis 2022) est
récemment revenu ; il avait quitté le groupe en 2008 pour poursuivre une
carrière universitaire dans la physique. Restés amis, il revenait les voir à
chaque concert à Londres, il a même fait des apparitions sur "Vector" et "Virus". La première recrue
post-fondation Charles Griffiths
(guitares, chœurs depuis 2008) demeure fidèle au poste. Le petit dernier aussi,
Conner Green (basse, chœurs depuis
2014).
Le septième
album studio du groupe, "Fauna"
est paru le 3 mars 2023. Nous avions assisté à quelques interprétations de
cet opus lors du festival Midsummer le 23 juin 2023, mais cette fois nous
aurons droit à l'intégrale.
HAKEN adopte donc à son tour le concept "an evening with", que j'ai déjà
apprécié notamment avec Steven Wilson, Anathema et Dream Theater. Cette tournée,
qui leur permet de promouvoir "Fauna",
a débuté en février en Amérique du Nord, a continué au printemps en Asie puis
en Océanie. Deux étapes festivalières durant l'été, ont précédé la reprise de
la tournée en Europe qui a débuté le 4 septembre en Finlande.
Je ne le cache pas, HAKEN est un de mes groupes
vivants favoris. A l'instar des Norvégiens LEPROUS et des Américains DREAM
THEATER, ces Anglais parviennent à m'émerveiller par leur capacité à composer
des harmonies à la fois complexes et mélodiques grâce à un talent d'exécution
extraordinaire. Leur musique mélange brillamment les influences multiples pour
faire progresser le concept du rock. Cette fusion audacieuse entre modernité et
tradition me subjugue à chaque écoute. Il serait particulièrement vain de
classifier leur musique tant elle tire son inspiration de plusieurs sonorités
issues des années 70 et 80. Mais disons que, compte tenu de mon parcours de mélomane
qui a longuement erré dans le hardrock, il me plait de les situer dans une
mouvance progmetal ou plutôt, metalprog fusion jazzy. Mais, comme dit l'adage,
peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse, hein !?
LE
CONCERT [19h30-23h50] Notre
emplacement (assis et éloigné) n'est pas idéal, mais l'acoustique de la salle
est bonne et la sonorisation est bien équilibrée ; j'entends clairement la
voix, et les instruments. Un éclairage particulièrement lumineux et coloré
contribuera à valoriser ces artistes extraordinaires. Sur notre droite de la
scène sont positionnés le pupitre du guitariste&clavier (Richard) et celui
du bassiste (Conner). Sur notre gauche, se situent les pupitres du guitariste (Charles)
et du clavier (Peter). Devant le socle central de la batterie occupé par (Raymond),
se tient le chanteur (Ross). En fond de scène, s'étend une illustration
rappelant le thème du récent album promu par cette tournée.
La prestation prévoit deux actes d'environ une heure
et demie chacun, entrecoupés d'un entracte d'une petite demi-heure.
On ressent un spectacle déjà bien rôdé. Le premier
acte déroule l'intégralité de l'album "Fauna",
et démontre une nouvelle fois la maîtrise et la précision déjà légendaire de
chacun des musiciens ; c'est un pur régal qui permet de confirmer toutes les
qualités de cet album montrant un retour du groupe aux fondamentaux du rock
progressif. Ce premier volet se termine toutefois avec l'étourdissante
interprétation de "Crystallised",
qui était paru en 2014 dans le mini-album "Restoration".
Le second acte accentue l'euphorie générale grâce à une sélection de titres astucieusement choisis parmi les six albums parus durant la
décennie 2010-2020.
La perspicacité et la technicité développée ce soir par
ces musiciens pourraient entretenir de nombreuses lignes de commentaires dithyrambiques,
tant sur leur talent individuel que sur leur capacité à trouver la cohérence et
l'harmonie dans ce foisonnement de sons syncopés. Je suis admiratif de leur
extraordinaire efficacité que rien ne semble pouvoir perturber. Ils sont moins
dans la démonstration que dans la sobriété ; l'exubérance est dans le jeu.
Quant à la voix tellement distinctive de Ross, je ne
me lasse pas d'écouter son chant, dont la tessiture lui permet des falsetti du
meilleur effet. Et d'ailleurs, toujours sur le plan vocal, je souligne les
interventions des autres musiciens aux chœurs, une autre particularité chez
HAKEN ; et notamment lors des polyphonies déjantées qui ne sont pas sans
rappeler celles de GENTLE GIANT.
L'auditoire est composé d'un public hétéroclite,
manifestement déjà conquis et connaisseur à la fois du répertoire et de ses
influences. Il s'emporte autant sur les séquences subtiles et jazzy que sur
celles, plus puissantes et lourdes, de la période "Vector" et "Virus".
L'exaltation est toutefois à son comble sur les morceaux devenus emblématiques
tels que "Cockroach King"
et "Visions". Ce dernier
titre achève de nous conforter dans la satisfaction totale ! L'ovation finale
est grandiose. Ross, drapé de notre drapeau tricolore estampillé au nom du
groupe, affirme être attaché au public parisien. Gageons qu'il ne tarde pas
trop à revenir ! En ce qui nous concerne, moi et ma P'tite Fée reverrons HAKEN
prochainement… à Barcelone. Mais c'est une autre histoire !
Parmi les dix-neuf titres de ce magnifique programme, neuf sont issus de "Fauna", deux de "Affinity", deux de "Virus", deux de "Vector", un de "The Mountain" un de "Visions" un de "Aquarius" un de "Restoration". Pour l'anecdote, précisons que le public londonien a eu droit à l'intervention d'un trompettiste sur "The Alphabet of Me"
PROGRAMME
bande son introductive : The Last Lullaby (édition japonaise de Fauna, 2023)
Taurus (Fauna, 2023)
Nightingale (Fauna, 2023)
The Alphabet of Me (Fauna, 2023)
Sempiternal Beings (Fauna, 2023)
Beneath the White Rainbow (Fauna, 2023)
Island in the Clouds (Fauna, 2023)
Lovebite (Fauna, 2023)
Elephants Never Forget (Fauna, 2023)
Eyes of Ebony (Fauna, 2023)
Crystallised (mini-album Restoration, 2014).
ACTE 2 [21h25-22h50]
Puzzle Box (Vector, 2018)
Earthrise (Affinity, 2016)
Cockroach King (The Mountain, 2013)
Nil by Mouth (Vector, 2018)
1985 (Affinity, 2016)
The Strain (Virus, 2020) suivi d'un solo batterie et clavier
Canary Yellow (Virus, 2020)
Drowning in the Flood. (Aquarius, 2010).
RAPPEL :
L'émotion
est intense, nous ressentons l'envie d'échanger nos ressentis encore
incandescents ! Je me souviens que dans ces circonstances, les membres de HAKEN
venaient volontiers parmi nous pour recueillir nos impressions, à la Boule
Noire, à la Maroquinerie, au Divan du Monde, et même après leur prestation au
festival de Barcelone et de Valkenburg… Mais cette fois ils ne viendront pas.
Tant pis.
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