Le temps qui passe relativise tout. Lorsque j'ai
assisté à leur concert à l'Espace Balard de Paris, ce samedi 4 février 1984,
à l'occasion de la promotion de "Revölution
by Night", je me souviens qu'à l'époque nous les considérions déjà
comme de vénérables ancêtres ! Leur double album en concert "On your Feet, or on your Knees",
paru en février 1975, était auréolé d'une admiration empreinte de mystères. Les
média spécialisés contribuaient à entretenir les plus folles rumeurs,
accentuées par des symboles intrigants que le groupe ne se privait pas d'entretenir.
La guitare d'Eric Bloom en forme du sigle du groupe était … culte ! Mais, à
l'époque, je n'aurais pas imaginé que je les reverrai à l'Olympia de Paris
plus de quarante et une années plus tard
!!! Tel un Phénix, THE BLUE ÖYSTER CULT est toujours là, contre les vents et
marées des modes musicales. Ce n'est pourtant que la septième fois ce soir que
j'assiste à un de leurs concerts.
Leurs concerts du samedi 24 juin 2017 au festival
Retro C Trop, puis celui du lundi 31 octobre 2022 au Trianon de Paris,
avaient brillamment entretenu l'illusion d'un temps suspendu. Mais les prémices
d'une usure inéluctables et des annonces distillées dans les média laissèrent augurer
d'une fin relativement proche. Depuis deux ans et demi, nous espérions cependant
un retour hypothétique …
C'est la raison pour laquelle nous avons méprisé une
fois de plus la Sagesse qui nous suggérait une pause après nos cinquante
concerts depuis le début de l'année. Impossible de laisser passer cette légende
(encore) bien vivante et trop rare sur notre continent, et qui nous accorde un
vrai privilège. Car en marge de leur tournée mondiale, intitulée "50th
Anniversary Live - Third Night", une petite tournée européenne
constituée de onze étapes a débuté
le 24 mai à Londres (Angleterre) et se terminera le 13 juin à Bilbao
(Espagne). Pour une fois que la France n'est pas oubliée, je n'allais quand
même pas bouder mon plaisir !
GENESE : BLUE ÖYSTER CULT a été officiellement
créé en 1971, mais sa fondation remonte à 1967 à New York,
sous le nom de Soft White Underbelly. Leur biographie relate que Donald "Buck Dharma" Roeser (guitare solo, chant), Eric Bloom (chant, guitare électrique), Allen Lanier (claviers, guitare) et la fratrie Bouchard à la section rythmique Joe (basse, voix) et Albert
(batterie, voix) ont enregistré leur premier album éponyme dès 1972. Soulignons
que leur histoire débute par une rencontre entre des étudiants new-yorkais et
un poète, Sandy Pearlman, devenu
leur manager. D'après leur biographie, celui-ci serait à l'origine du nom
"Blue Öyster Cult"
tiré d'un de ses poèmes écrits dans les années 1960, intitulé "Imaginos". Thème d'ailleurs repris
en 1988 pour l'opus éponyme. On comprend mieux le rapport avec l'enregistrement
en concert intitulé "ETL,
extraterrestrial Live", à l'aune de cette explication ; dans la poésie
de Pearlman, le "Blue Öyster Cult"
était un groupe d'extraterrestres qui s'étaient réunis secrètement pour guider
l'histoire de la Terre. D'abord perplexe, le groupe avait fini par adopter cet
intitulé pour préparer son premier album. Retenons aussi que le mystérieux logo
s'inspire de la mythologie grecque (Chronos, Zeus, …), de symboles alchimiques
(le plomb, le plus lourd des métaux), mais aussi de symboles astrologiques
(Saturne).
Originaire de Long Island, dans l'État de New York, le
groupe est reconnu mondialement sur la scène hard rock et heavy metal pour son
travail pionnier, acclamé par la critique et les mélophiles. L'héritage de Blue
Öyster Cult, qui s'étend sur plus de cinq décennies, captive les fans avec un
hard rock intelligent, ponctué de chansons devenues des classiques. Cité comme
une influence majeure par des groupes comme Metallica, Blue Öyster Cult possède
un catalogue intemporel, comprenant des titres emblématiques comme "(Don't Fear) The Reaper", "Godzilla" et "Burnin' for You".
Hormis "Ghost
Stories", un album qui a rassemblé des fonds de tiroirs (de 1978 à
1983), il n'y a pas de réelle nouveauté sortie des studios. Leur quinzième
album "The Symbol Remains"
est paru le 09 octobre 2020. Toutefois un enregistrement en concert a
été décliné en CD/DVD, qui est présenté comme le tout dernier album officiel du
groupe. Eh oui, ça sent la fin… Rappelons qu'Eric Bloom est né le 1er décembre 1944, ce qui lui
confère l'âge honorable de 80 ans,
et que son fidèle complice Donald Roeser
est né le 12 novembre 1947, il a donc 77 ans. Il est permis d'imaginer sans
médire que la vie des tournées commence à leur peser…
Donald "Buck
Dharma" Roeser (depuis
1967, guitare solo, chant), et Eric Bloom
(depuis 1969, chant, guitare électrique), considérés comme le duo fondateur,
sont accompagnés par Danny Miranda (basse, chœur de 1995 à 2004, puis depuis 2017), Richie Castellano (guitare,
claviers, chœurs, depuis 2007 – après avoir été basse de 2004 à 2007), et Jules Radino
(batterie depuis 2004).
http://www.blueoystercult.com/
SIX PENNY
MILLIONNAIRE [20h05-20h25].
SixPenny Millionnaire est un nouveau projet de
François "Shanka" Maigret
(ex-guitariste The Dukes de 2010 et 2018 et de No One Is Innocent de 2004 à 23).
J'ai donc eu l'occasion de le voir sur la scène du Stade de France le 23 mai
2015, alors que NOII était invité d'AC/DC.
SIXPENNY MILLIONNAIRE promeut un mini album "Grime Pusher" (Autoproduit). Il est
récemment passé au Supersonic, le 14 février dernier.
Cette première partie de soirée nous a paru plutôt
agréable. Soutenu par une sonorisation bien équilibrée, et un éclairage pas
toujours bien orienté (une partie du public s'en est bruyamment plaint). Il
s'est exprimé en se contentant d'une étroite partie de l'avant de la scène.
Le guitariste solitaire nous distille du bon blues
bien gras, à la fois sensible; fougueux et bruyant, joué à l'aide de guitares
aux sonorités typiques (guitare cigarbox, guitare slide, …), et soutenu par des
séquenceurs en boucles. Cette musique est bien interprétée, elle prend aux
tripes avec une efficacité imparable.
Le public a bien accroché et lui accorde une belle
ovation. ……..
BLUE
ÖYSTER CULT [21h00-22h50]
Honnêtement, dans mon impatience, je confesse avoir
consulté avec satisfaction les programmes des concerts du début de la tournée. J'avais
donc de bonne raisons d'être confiant sur l'intensité de cette soirée.
Nonobstant, en dépit de notre indubitable bienveillance
d'admirateurs convaincus, nous avons rapidement déchanté, hélas. Peut-être que
notre retrait inhabituel en fond de salle, a contribué à pondérer notre
entrain, mais toujours est-il que nous avons davantage perçu les faiblesses que
les qualités de ses musiciens pourtant talentueux. C'est avec consternation que
ma P'tite Fée et moi avons perçu une langueur fréquente, pour ne pas dire
constante, dans l'interprétation. Comme une perte d'énergie et de conviction.
Sans doute ai-je trop écouté d'enregistrements de concerts avant de venir ce
soir, mais la comparaison est cruelle. Les voix d'Eric et de Donald d'ordinaires
si énergiques et gouailleuses, sont chancelantes, voire à la limite de la
justesse. De surcroit, les soli de guitares étaient loin d'être aussi acérés et
ciselés que d'habitude. Notre perplexité, loin de s'estomper, n'a connu que de
trop rares séquences salvatrices. Même la section rythmique, assumée par Jules
Radino et Danny Miranda, semblait comme aseptisée, comme retenue par la
nécessité de ménager une cadence soutenable par l'ensemble…
Je n'ai pas pu m'empêcher de m'imaginer dans la salle
de détente d'un EPADH… Et je n'ai même pas honte de l'avouer. Même les quelques pas d'Eric vers son bassiste m'ont navré. Alors je sais
bien ; on en est tous là et c'est bien frustrant de vieillir… Respect aux
anciens. Mais franchement, nous nous sommes dit qu'il serait peut-être temps
pour eux aussi de prendre une bonne retraite méritée.
Et pourtant, en d'autres circonstances, l'interprétation
de titres emblématiques tels que "Cagey
Cretins" et de "Flaming
Telepaths", aurait été de nature à me réjouir au plus haut point ! Le
titre que j'adore particulièrement, "Godzilla"
aurait pu m'emporter aussi mais, à l'instar du solo de Buck Dharma, le tout m'a
paru quelque peu émoussé. Certes, durant "Don't Fear The Reaper", un technicien logistique est venu ajouter
sa frappe d'une cloche à vache (la fameuse cowbell !), ce qui a contribué à réveiller
le public pour ce dernier titre du programme officiel.
Non, en réalité c'est le multiinstrumentiste Richie Castellano qui a sauvé le concert du
naufrage. La fougue et le talent de ses
interventions ont permis de nous de sortir d'une torpeur désespérante. D'ailleurs,
c'est à lui que le groupe a confié fort heureusement le chant sur "Hot Rails to Hell", preuve que les
deux piliers ont sans doute conscience d'avoir atteint leurs limites désormais…
Toutefois, il ne faut surtout pas croire que j'aurais
regretté ma présence ce soir. Bien au contraire, j'ai le sentiment diffus d'assister
sans doute à la dernière représentation de ces honorables dinosaures. Je
combats donc l'amertume et je relativise ma mélancolie en accentuant bruyamment
les quelques passages malgré tout réjouissants.
Je fus heureusement surpris de réentendre "Shooting Shark" qui m'a évoqué avec
nostalgie la période où je les découvrais. Heureusement surpris aussi,
d'écouter "Astronomy".
Le public semble malgré tout suffisamment enthousiaste
pour obtenir un brillant rappel. Le titre "Dominance and Submission" n'avait pas été joué durant les
récentes dates européennes. Le tout se clôt avec un "Cities on Flame" qui encore une fois manquait d'un peu de
folie, en dépit de la pose des quatre guitares (dont le bassiste) sur le bord
de la scène pour un solo final.
Nos gloires d'antan recueillent une ovation qui me
semble méritée, moins pour leur prestation de ce soir que pour leur brillante
carrière. Ô vénérable BÖC, ceux qui t'admirent, te saluent et te remercient
pour ces décennies désormais révolues…
Le groupe a survolé sa discographie en choisissant
d'évoquer neuf de ses quinze albums.
Parmi les dix-huit titres, ils nous
ont joué quatre titres issus de " Blue Öyster Cult " (1972),
quatre de " Secret Treaties
" (1974), deux de "Agents of Fortune " (1976), deux de "Club Ninja" (1985), deux de "Spectres"
(1977), un de "Fire of Unknown Origin" (1981), un de "The Revölution by Night" (1983), un de "Tyranny and Mutation" (1973), et un seul de"The Symbol Remains" (2020).
PROGRAMME
Bande son introductive : Blade Runner ; The New
American Orchestra.
- Transmaniacon MC (Blue
Öyster Cult, 1972)
- Before the Kiss, a Redcap (Blue
Öyster Cult, 1972)
- I'm on the Lamb but I Ain't No Sheep (Blue Öyster Cult, 1972)
- Golden Age of Leather (Spectres,
1977)
- Burnin' for You (Fire of
Unknown Origin, 1981)
- Dancin' in the Ruins (Club
Ninja, 1985)
- Cagey Cretins (Secret
Treaties, 1974)
- E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence) (Agents of Fortune, 1976)
- Shooting Shark (The
Revölution by Night, 1983)
- Flaming Telepaths (Secret
Treaties, 1974)
- Hot Rails to Hell (Tyranny
and Mutation, 1973)
- Astronomy (Secret Treaties,
1974)
- Tainted Blood (The Symbol
Remains, 2020)
- Godzilla (Spectres, 1977)
- (Don't Fear) The Reaper (Agents
of Fortune, 1976).
RAPPEL :
- Dominance and Submission (Secret
Treaties, 1974)
- Perfect Water (Club Ninja,
1985)
- Cities on Flame With Rock and Roll (Blue Öyster Cult, 1972).
Mon fils est content de la prestation. Tant mieux, il m'en voit ravi car il fallait qu'il voit ce qui reste de ces monstres sacrés, au moins une fois malgré tout. Sur le trottoir, nous entendons quelques conversations qui semblent indiquer une réelle
satisfaction parmi des admirateurs convaincus. Nous les laissons à leur joie et nous nous effaçons poliment. L'échoppe aurait pu nous séduire
avec ses t-shirts plutôt jolis à 35 €, mais ma morosité, même relative, n'était
pas de nature à me pousser aux excès. Je porte fièrement ce soir le t-shirt acquis
ce 4 février 1984 et cela me suffit.
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