Au regard de mon parcours de mélomane de près de cinq
décennies il est permis de s'étonner de me voir aller à un concert de rock
plutôt électronique, alternatif et expérimental ce qui n'est pas ma
prédilection. Je concède volontiers m'en étonner moi-même, surtout a
posteriori. Je persiste à trouver les sons trop mécaniques, froids, sans
l'émotion ni les richesses harmoniques si chères à mes oreilles.
Toutefois, si je confesse beaucoup de défauts, je
continue à revendiquer et à entretenir la qualité de curiosité à la recherche
de nouvelles sensations, surtout en matière musicale.
Or, MOGWAI
est un groupe écossais parfois cité en référence pour caractériser certains
groupes de rock progressif… De surcroit ma p'tite Fée avait conservé de bonnes
sensations à l'écoute passagère de leur musique.
Si bien que, lorsque j'ai lu dans la rue une publicité
pour l'édition 2018 du "Villette
sonique" j'ai été intrigué par la présence de MOGWAI en tête
d'affiche. C'est un vendredi, une fin de semaine calme, alors pourquoi ne pas
tenter l'expérience, moyennant une trentaine d'euros !
20h00 : JAMES
HOLDEN & the Animal Spirits ouvre la soirée. Inutile de feindre la connaissance,
j'ignore tout du parcours de l'individu et de sa musique. J'ai noté qu'après
moult expériences, James Holden, DJ et compositeur anglais de musique
électronique, né en 1979, a enregistré en novembre 2017 un album intitulé "The Animal Spirits".
Au centre du fond de la scène peu éclairée, il est
entouré de quatre musiciens. Très peu loquaces, on ne connaîtra pas leur
identité, ils resteront donc d'anonymes artistes à la gloire du maître DJ. Je
remarque tout particulièrement la présence d'un cornettiste à temps plein (joueur
de cornet à pistons pour ceux qui ne connaissent pas les cuivres). A son côté,
une joueuse de saxophone, de clarinette, et de flûtes, puis devant un percussionniste et enfin
sur le côté opposé un batteur.
Je n'avais écouté qu'une vidéo sur youtube la veille,
c'est avec un esprit quasi vierge que j'aborde de concert, non sans quelques
appréhensions. J'avais préparé les protections auditives en prévoyant un déluge
de sons plus pénibles les uns que les autres… et bien ma surprise fut grande et
plutôt heureuse.
Non seulement le son fut audible mais le musique
accessible et ma foi agréable. Ô rien de transcendant certes ; je maintiens mes
griefs énoncés en préambule de ce récit, mais je dois reconnaitre qu'en fermant
les yeux (sur scène il ne se passe rien,
à part un fond d'écran diffusant quelques jeux de couleurs) on peut tenter
le voyage.
Mais pour un voyage encore faut-il que l'avion
s'envole, que le train s'emballe, que l'automobile accélère … or, à la
différence d'Ulver qui me fit décoller dès les premières secondes l'an dernier
au BeProg Festival, là j'attends toujours avec l'impression de porter des
valises bien lourdes…
Un peu lassé d'attendre, je tourne vers les pupitres
de cuivres (car votre dévoué a lui-même été cornettiste il y a … très longtemps)
afin de tenter de détecter une source de réjouissance. Peu de motifs
d'admiration, là aussi ; leurs interventions, comme celles du percussionniste,
sont souvent noyées dans les sonorités synthétiques du DJ. Le batteur, lui, n'a
pas ce problème et parvient à imposer sa présence avec habileté et sensibilité.
Toujours aussi réservés, ils quittent rapidement la
scène après avoir très brièvement remercié le public pour son accueil.
Bon voilà, quoi ; sympathique et rassurante entame de
soirée, qui se termine une heure plus tard ! (21h)
21h30 : MOGWAI. Il était conseillé de se munir de protections
auditives ; le groupe ayant la réputation d'inviter Monsieur Larsens à ses
concerts. Je m'interrogeais donc sur l'atmosphère, sur la scène et dans le
public, que pouvait générer ce genre de musique éthérée.
Les premiers instants me rassurent ; la sonorisation
est plutôt correcte, l'éclairage un peu plus présent que pour les précédents,
et les musiciens semblent très appliqués. Trop, peut-être …
Reconnaissons leur déjà a priori une première qualité
: MOGWAI jouit d'une bonne stabilité puisque Stuart Braithwaite (guitare), Dominic Aitchison
(basse) sont ensembles depuis 1995 et que Barry Burns (claviers, guitare) les a rejoint en 1998.
Cependant, Martin Bulloch (batterie) ayant des gros
soucis de santé depuis octobre dernier, c'est Cat Myers qui tient les baguettes depuis (un provisoire qui semble durer). Par ailleurs, John Cummings a
quitté le navire en 2015 mais sans le couler, puisque remplacé sur scène (le
plus souvent par Scott Paterson et Luke Sutherland semble-t-il).
Depuis 2017, ils font la promotion de leur neuvième
opus "Every Country’s Sun",
plutôt bien accueilli par la critique, mais qui moi me touche peu…
C'est avec envie que j'aborde leur concert ; envie
d'évasion et de plaisirs auditifs. A l'instar du groupe précédent, je suis dans
de bonnes dispositions pour voyager… A l'instar du groupe précédent, j'ai
attendu en vain. S'il y avait une porte d'accès, je ne l'ai pas trouvée ce soir
…
Après une bonne demi-heure de ma bonne volonté je me
suis tourné vers d'autres regards, à la recherche de leurs impressions mais il
semble que j'avais loupé un wagon… Les mines autour de moi semblaient réjouies,
(sans excès toutefois car j'ai trouvé le public très mou).
Je savais pourtant que leur musique conjugue des
sonorités tantôt électro tantôt rock pour créer des atmosphères plus ou moins
planantes ; je savais que je devais vider de mon esprit toute comparaison avec
les autres concerts auxquels je suis plus enclin à participer … M'enfin tout de
même, j'ai cherché en vain la moindre aspérité, le moindre relief susceptible
de créer une émotion forte et de soulever mon enthousiasme. Sur la plupart des
titres, certains passages me laissaient espérer une rupture mélodique ou une
envolée harmonique, mais rien. Nada. Le Néant, le désert. Toujours déçu
d'arriver à la fin d'un titre prometteur mais décevant… Ce que j'ai ressenti
persista ainsi durant une heure et quart. Je me suis rarement senti aussi
frustré, je me suis rarement autant ennuyé pendant un concert !
L'avant-dernier titre est assez révélateur de mon
ressenti ; des sons répétés inlassablement, l'absence de virtuosité à peine
compensée par un minimum d'émotion (et encore, je suis gentil). Un titre joué
en decrescendo jusqu'à une fausse fin, violemment interrompue par un déluge
sonore qui reprenait ni plus ni moins de les notes jouées précédemment, mais en
plus fort !!!
Je note cependant une qualité non négligeable ; les
musiciens, bien que statiques pendant leur interprétation, échangent leur
pupitre selon les titres.
A 22h45, le groupe quitte la scène, sans avoir
communiqué avec son public. Pas de présentation, pas de marque de plaisir
particulier. L'audience, toujours aussi mole, les acclament mais pas au point
de réclamer un retour.
D'habitude je profite des invités en premières parties
ou des festivals pour faire découvrir des artistes ; là j'ai voulu forcer le
destin en me rendant délibérément dans une arène inconnue. La musique aurait pu
être horriblement inaudible ou pénible, ce ne fut pas le cas ; ce fut
sympathique mais plutôt soporifique. J'ai joué, j'ai perdu.
PROGRAMME
Hunted
by a Freak (Happy Songs for Happy People)
Crossing
the Road Material (Every Country’s Sun)
Party
in the Dark (Every Country’s Sun)
Rano
Pano (Hardcore Will Never Die, But You
Will)
I'm
Jim Morrison, I'm Dead (The Hawk Is
Howling)
New
Paths to Helicon, Pt. 1
Ithica
27ø9
Don't
Believe the Fife (Every Country’s Sun)
Every
Country's Sun (Every Country’s Sun)
Mogwai
Fear Satan (Young Team)
Old
Poisons (Every Country’s Sun).
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