Certains "défenseurs du Temple" entretiennent
une polémique, prétendant dénoncer RIVAL SONS, et d'autres tels que DEWOLFF,
qui n'auraient rien inventé, et qui ne feraient "que" du recyclage,
blâablabla… Ce faisant, ils omettent que d'une part tous les artistes au
travers de l'Histoire ont fondé leurs créations sur leur propre expérience
culturelle et donc avec une inspiration plus ou moins influencée par celle-ci.
Ils omettent aussi que le peuple a certes besoin d'honorer les légendes mais a
aussi besoin d'entendre les troubadours et autres trouvères bien vivants, eux. Je
laisse tous ces pisse-vinaigre à leur nostalgie poussiéreuse. Fort d'une
expérience acquise durant plus de quarante années ponctuées de concerts, je
suis ravi de voir le flambeau du Rock être aussi vigoureusement repris. Car il
le vaut bien. Et nos oreilles aussi. Ainsi soit-il.
RIVAL SONS m'a séduit lors du Download festival le 12
juin 2016, alors qu'une pluie incessante aurait pu/dû nous faire fuir. Leur
concert dantesque à l'Elysée Montmartre le 6 février 2017 ne pouvait que me
confirmer leur talent. Leur musique, leur attitude tout concourt à succomber à
leurs incantations émise dans une transe électrique irrésistible.
Malgré un calendrier musical déjà chargé en cet
automne, nous sommes donc impatients de retrouver ces sensations.
Nous nous plaçons dans les premiers rangs de la fosse,
excentrés sur la droite (face aux pupitres guitare et clavier). En dépit de la
proximité de personnages un peu trop éméchés dans notre entourage (…), nous
jouirons d'un bon point de vue et d'écoute durant toute la soirée.
MNNQNS (prononcez
“mannequins”, avec l’accent gallois si possible, nous dit-on. Ce sigle antivoyelle
me rappelle celui du groupe belge BRNS qu'il faut prononcer "brains")
[20h00-20h30]. Ce quatuor désigné pour débuter la soirée, m'est totalement
inconnu. A priori, c'est déjà mieux que la première partie proposée en
février 2017 (voir mon récit). N'ayant
pas consulté l'affiche officielle, j'en ai même ignoré le nom jusqu'au
lendemain (ils se sont peut-être
présentés mais je n'ai pas compris grand-chose à ce qu'a bien voulu exprimer
notre normand de passage) ! Renseignement pris, Adrian, rouennais, a
commencé MNNQNS tout seul, en 2013 lors d’un échange universitaire à Cardiff,
au Pays de Galles. Douze membres en trois ans se sont succédés dans le groupe. Adrian
(chant, guitare) est aujourd'hui entouré de Grégoire (batterie), de Félix (basse)
et de Marc (guitare). En dépit de mes recherches, on n'en saura pas plus sur
leur identité.
Ils ont livré un mini-album en 2016 intitulé "Capital", puis un autre le 13 avril
2018, intitulé "Advertisement".
Un premier album "Body Negative"
est paru le 30 août 2019. Leurs prestations aux festivals Printemps de Bourges,
Terra Incognita, puis Rock en Seine en 2019, viennent apparemment de marquer
certains esprits. Début octobre la Maroquinerie les accueillait en tête
d'affiche. D'une influence délibérément britannique, les textes sont en anglais.
Leur démarche de révoltés transparaît dans leur musique et sur scène.
Un éclairage vif et blafard est à l'image d'une scène
dépouillée de tout décor, pour une musique qui l'est tout autant. La
sonorisation est délibérément puissante et sans concession, conforme au style
revendiqué par le groupe ; on n'est pas dans la subtilité.
Ce soir, ils ont délivré un bon rock solide, énervé,
efficace. Les musiciens sont impliqués, honnêtes et motivés, mais pour ma part,
en dépit de leur conviction ce n'est pas (ou plus ?) ce qui me touche
maintenant. MNNQNS aura eu le mérite de faire chauffer les muscles de mon cou
en parvenant à me faire marquer un rythme complice et bienveillant.
Le public leur accorde une ovation respectueuse et
méritée.
RIVAL
SONS [21h00-22h45] La formation
qui m'a tant séduite en 2016 et 2017 demeure identique. Fondé en 2009 par Jay Buchanan (chant), Scott Holiday (guitare, chœur) et Mike Miley (batterie), ce groupe californien
a accueilli Dave Beste (basse,
chœur) depuis 2013. Pour la scène, le très barbu Todd Ögren-Brooks semble être régulièrement recruté depuis 2014
pour tenir les claviers (mais aussi assurer les chœurs et quelques percussions).
Leur sixième album, "Feral Roots" est paru le 25 janvier 2019.
La scène est de plain-pied, est n'est encombrée
d'aucun décor ; les musiciens disposent de beaucoup d'espace. L'éclairage
s'avère très lumineux, alternant toutes les teintes, un vrai plaisir pour les yeux
mais aussi pour les objectifs des chasseurs d'images. Le fond de scène est
fixe, il reprend la couverture très colorée de "Feral Roots". La sonorisation est puissante mais audible.
Aucun pupitre ne s'impose sur les autres, et les protections auditives sont
juste une précaution.
Avec "End
of Forever" en introduction je perçois vite les mêmes sensations qu'en
2017 ; leur prestation a tendance à me faire oublier les dimensions de la
salle. Il me plait de m'imaginer dans un club en écoutant ce hardrock chaleureusement
bluesy et survolté. Musicalement, ils entretiennent une maîtrise remarquable
des sonorités distinctives de leur style de prédilection, telles que ces
guitares plaintives répondant à un chant écorché conforme au style. Les
mélodies sont appuyées par des chœurs auxquels participent tous les autres
musiciens.
Scott Holiday
dispose toujours d'un impressionnant râtelier, particulièrement fournis en
guitares adaptées à ses besoins, pour nous offrir ses soli d'une sensibilité
réjouissante. Mike Miley, à qui le
groupe a accordé quelques instants d'un solo efficace (mais dispensable à mon
humble avis), assure par ailleurs son rôle de métronome avec un juste équilibre
de brutalité assumée et de finesse. Dave Beste,
dont le son de la basse m'a souvent évoqué celui de Lemmy, est relativement
discret et pourtant plusieurs accords vigoureux m'ont impressionné. Todd Ögren-Brooks ne semble pas complexé par
son statut d'occupant de strapontin car sa participation est notable autant par
les accords de clavier que par ses interventions vocales ou par ses
interventions aux percussions.
Mais par la force des choses, le regard et l'attention
du public se porte particulièrement sur le très charismatique Jay Buchanan, dont la voix est émouvante,
captivante ; elle continue de me rappeler celle de Joe Cocker et celle de Rusty
Day (Cactus), voire celle de Robert Plant (Led Zeppelin, parfois). Le chanteur
vit ses chansons avec une émotion qui ne peut qu’accroître l'attention du
public à son égard. En observant ses grimaces qui lézardent parfois son visage,
il est permis de se demander combien d'années il pourra tenir à ce rythme
quotidien (ou quasi).
Bien que toujours aussi peu souriants, ils n'ont rien
perdu de leur classe. Scott Holiday, toujours aussi dandy avec un costume et
une moustache finement taillés ; Todd Ögren-Brooks avec sa très longue et dense
barbe. Jay Buchanan, qui était arrivé chaussé de chaussures vernies et couvert
d'un chapeau de paysan américain, se mettra très vite plus à son aise, tête et
pieds nus.
Dans ces conditions, l'auditorium plein comme un œuf,
le public s'est montré logiquement enthousiaste et répondant volontiers aux
sollicitations du chanteur. Comme d'habitude, le groupe peine à calmer les
ardeurs de l'auditoire notamment lorsque celui-ci impose une longue pause en
chantant une mélodie marquante.
Durant une heure quarante-cinq défilerons dix-huit
titres, dont six (des onze) titres de leur opus "Feral Roots", paru en 2019.
PROGRAMME
End of Forever (Feral Roots, 2019)
Wild Animal (Head Down, 2012)
Pressure and Time (Pressure & Time, 2011)
Secret (Great Western Valkyrie, 2014)
Burn Down Los Angeles (Pressure & Time, 2011)
Tied Up (Hollow Bones, 2016)
My Nature (Great Western Valkyrie, 2014)
Solo de batterie
Look Away (Feral Roots, 2019)
Too Bad (Feral Roots, 2019)
Where I've Been (Great Western Valkyrie, 2014)
Feral Roots (Feral Roots, 2019)
Open My Eyes (Great Western Valkyrie, 2014)
Electric Man (Great Western Valkyrie, 2014)
Shooting Stars (Feral Roots, 2019)
Do Your Worst (Feral Roots, 2019).
RAPPEL :
Sleepwalker (Rival Sons EP, 2011)
Face of Light (Pressure & Time, 2011)
Keep On Swinging (Head Down, 2012).
Une très bonne ambiance, et par conséquent une
excellente soirée.
https://patriceduhoublon.blogspot.com/2019/11/rival-sons-elysee-montmartre-paris-18.html
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