L'Olympia affichait complet, mais Garmonbozia a
annoncé sur son site, en dernières minutes, lutter contre la vente frauduleuse
de ticket en mettant quelques tickets en vente. Je trouve cette démarche astucieuse,
digne d'être maintenue pour tous les concerts. Quitte à risquer de ne pas
remplir une salle, ce qui était loin d'être le cas ce soir, car l'Olympia est
plein comme un œuf !
L'audace paie ! Steven Wilson continue à attirer
toujours plus d'admirateurs en déstabilisant sa base, Einar Solberg idem, et Mikael
Åkerfeldt idem. Je suis sans doute très bien placé pour discuter de la
nécessité de maintenir une saine curiosité musicale, car à la base la musique "death
mélodique" d'Opeth ne me paraissait pas accessible à cause du chant
guttural de Mikael. Si Monsieur Wilson ne m'avait pas montré le chemin de la
sagesse, alors je n'aurais jamais compris toutes les subtilités qu'Opeth offre
à ses auditeurs. En effet, Steven Wilson, que j'admirais en tant que concepteur
de fines dentelles musicales, a été le producteur, ingénieur du son et
responsable du mixage du magnifique album "Damnation" paru le 22 avril 2003. Le travail de SW avec Opeth
m'a contraint à outrepasser mes principes ; petit à petit j'ai été séduit par
ces alternances surprenantes de délicatesse et de violence, même si je persiste
à préférer les voix claires aux grognements. Alors que je commençais à
m'habituer bon gré mal gré à ceux-ci, Mikael décida de les abandonner ! Le
virus Opeth pu alors se propager sans anticorps, toute résistance était vaine. Les
vannes de la débauche ouvertes, il me fallut acheter la discographie antérieure
et m'engager à surveiller les passages du groupe en France.
C'est ainsi que j'assiste ce soir pour la dixième fois à un de leurs concerts. J'eus
en effet la chance d'assister aux concerts du 27 novembre 2008 à l'Elysée
Montmartre (tournée Watershed), du 4 octobre 2009 au
Zénith (tournée ProgNation Watershed), du 3 avril 2010 au
Bataclan (tournée BlackWaterPark réédité), du 16 novembre
2011 au Bataclan (tournée Heritage), du 5 novembre 2014 au
Bataclan (tournée Pale Communion), du 17 octobre 2015
au Trianon (tournée 25ème anniversaire), du 2 juillet
2016 au BeProg Festival, du 21 novembre 2016 au Trianon (tournée Sorceress), et du 15 juin 2018 au Download Festival.
VINTAGE
CARAVAN [20h00-20h40].
Ce trio fut Cofondé en Islande par Óskar Logi Ágústsson (chant, guitare, depuis
2006). Partie d'une histoire de gamins passionnés, les choses sérieuses débutent
plutôt vers 2009. Óskar est maintenant entouré par Alexander Örn Númason (basse, chœur depuis 2012)
et Stefán Ari Stefánsson (drums,
percussion, depuis 2015).
VINTAGE CARAVAN profite de l'invitation d'Opeth sur
cette tournée européenne, pour promouvoir "Gateways" leur album paru le 12 octobre 2018. J'aurais
pu/dû les découvrir lors de leur tournée "Arrival" en 2015, car le Raismesfest les a accueillis en
septembre de cette année-là. Hélas c'est une des éditions que j'avais dû
manquer. Les échos favorables que j'en avais recueillis ne pouvaient que
m'inciter à m'impatienter de les voir.
La sonorisation est puissante mais audible, j'estime
préférable de conserver ses protections auditives.
L'éclairage est basique, correspondant au minimum
syndical pour des invités. Mais suffisant, et je dirais même paradoxalement
plus lumineux que celui d'Opeth !
Leur performance particulièrement énergique est
sidérante. Contrairement à ce que pourrait laisser penser leur nom, leur
musique, moins vintage que hard rock psychédélique, allie certaines sonorités
classiques des années 60 et 70 mais avec une puissance et une folie qui leur
attribue un cachet personnel et très convaincant. Óskar ne se contente pas de
s'agiter et d'exciter son auditoire, c'est surtout un très bon guitariste dont
les soli trahissent une maîtrise indéniable de ses cordes. Beaucoup de
virtuosité accentuée par la rapidité mais aussi beaucoup de finesse aux moments
opportuns. Ses deux acolytes assurent une rythmique d'enfer, avec la même
énergie.
Face à tant de fougue, le public ne pouvait
qu'acclamer ces trois jeunes vikings.
Durant une quarantaine de minutes, ils interpréteront
des titres que je ne peux reconnaître puisque je ne maîtrise pas leur
répertoire. Toutefois j'ai reconnu un titre extrait de "Gateways" (2018).
PROGRAMME
(à compléter et sous réserve, car ne connaissant pas assez leur
répertoire)
Reflections (Gateways, 2018)
Crazy Horses (Arrival, 2015)
Set Your Sights (Gateways, 2018)
Innerverse (Arrival, 2015)
Babylon (Arrival, 2015)
Expand Your Mind (Voyage, 2018)
On the Run (Gateways, 2018).
Midnight Meditation (Voyage, 2018).
OPETH [21h00-22h45]
Fondé en Suède par Mikael Åkerfeldt (guitare, depuis 1990, puis chant, depuis 1992), OPETH a
connu de nombreux changements de musiciens. Une relative stabilité s'est
établie depuis une dizaine d'année. Il est entouré désormais de Martín Méndez (guitare basse, depuis 1997),
Martin "Axe" Axenrot (batterie,
percussion, depuis 2006), Fredrik Åkesson
(guitare, chœurs, depuis 2007) et Joakim Svalberg
(clavier, synthétiseur, chœurs, percussions, depuis 2011).
Cette tournée a vocation à promouvoir "In
Cauda Venenum" leur treizième
album paru le 27 Septembre 2019. A mon humble avis, l'un des
meilleurs opus parus en cette année 2019. Bourré de raffinements harmoniques,
de ruptures mélodiques, de puissance maîtrisée, cet album renferme tout ce que
j'aime dans Opeth. Mikael semble avoir abandonné définitivement l'enregistrement
de ces alternances de voix gutturales et de voix claires qui étaient pourtant
l'un des signes distinctifs à ses débuts. Cependant, les compositions
continuent de faire dresser les poils de mes avant-bras avec d'autant plus de
ferveur que ces titres sont transcendés sur scène.
La musique d'Opeth est une dentelle particulièrement
subtile et complexe, elle exige une salle avec une bonne acoustique. Elle exige
également un ingénieur du son compétent pour obtenir une sonorisation qui
respecte parfaitement les équilibres instrumentaux. Je ne voulais plus jamais subir
à nouveau une bouillie sonore aussi indigne que celle du concert du 5 novembre 2014, alors que j'étais pourtant bien placé en mezzanine. Il m'était permis
d'espérer un bon confort d'écoute ce soir car tous les autres concerts auxquels
j'ai assisté furent excellents, y compris lors du mini-festival Progressive-Nation en 2009.
Malheureusement, durant une bonne moitié du concert la
sonorisation était déséquilibrée, laissant encore les fréquences basses
excessivement imposantes. Fort heureusement, cette très désagréable sensation
fut estompée ensuite. C'est franchement dommage et d'autant plus
incompréhensible lorsque l'on sait la minutie de Mikael qui réaccorde
fréquemment sa guitare, tout comme Frederik. La faute à l'ingénieur Duçon,
probablement. Si je peux me permettre cette petite suggestion à Mikael ; si
c'est le même incapable qu'en 2014, il conviendrait de lui suggérer d'exercer
ses talents ailleurs, dans une technoparade par exemple...
Un vaste écran en fond de scène diffusait soit des
images de natures mortes, soit des jeux de faisceaux lumineux et parfois
l'image en direct de Mikael. Délibérément très sombre, au désespoir des
photographes amateurs, la lumière principalement axée sur le rouge et le bleu a
entretenu une atmosphère intime et inquiétante. L'introduction du concert fut à
cet égard particulièrement réussie ; durant une longue séquence, dans le noir
absolu, accompagnées de la bande-son de "Svekets Prins", des étoiles blanches montent du sol comme pour
inviter l'auditeur à élever son esprit avec elles. Puis les musiciens prennent
leur place avant de faire exploser les sensations… juste sublime !
Les pupitres de Joakim Svalberg, du Martín Méndez et
Martin Axe sont surélevés ; ce dernier étant au-dessus de tous. Fredrik Åkesson
est à hauteur de Mikael sur sa droite. Cette disposition permit une relative
mobilité des deux guitaristes ; je dis "relative" car les deux ont
rarement interverti leur place. Sur la fin le bassiste est descendu terminer le
concert parmi ses deux compères.
Mikael demeure adepte de la dérision et de l'humour
"so-british" ; son chapeau mormon est revenu plusieurs fois dans les
échanges. A la fois concentré sur l'ajustement du son de sa guitare et impliqué
dans la conversation qu'il anime volontiers avec la part anglophone de son
public. Évidemment, je me sens parfois à l'écart des subtilités de langages,
mais l'essentiel est que la bonne humeur générale soit entretenue. Ces discussions
de salon ne s'étendent pas à l'excès, laissant aux autres musiciens le plaisir
de s'exprimer à leur manière. Fredrik nous produit ainsi de nombreux soli d'une
virtuosité enivrante, notamment sur le final de "Hope Leaves". S'il n'avait pas été surexposé à la sono,
j'aurais pu sans doute souligner le talent de Martín Méndez qui a cependant été
invité par Mikael à s'exprimer seul, durant un p'tit solo funky impressionnant,
juste avant "Deliverance".
Je retrouve dans le cours de programme ces astucieuses
alternances d'atmosphères durant lesquelles se succèdent finesse, puissance,
fluidité, mélancolie.
Parallèlement à la sonorisation, l'enthousiasme a logiquement
été croissant aboutissant à un bouquet final d'une beauté étourdissante.
Durant une heure quarante-cinq, nous nous régalerons
de onze titres dont seulement trois extraits de "In Cauda Venenum".
PROGRAMME
Svekets Prins (In Cauda Venenum, 2019)
The Leper Affinity (Blackwater Park, 2001)
Hjärtat Vet Vad Handen Gör (In Cauda Venenum, 2019)
Reverie/Harlequin Forest (Ghost Reveries, 2005)
Nepenthe (Heritage, 2011)
Moon Above, Sun Below (Pale Communion, 2014)
Hope Leaves (Damnation, 2003)
The Lotus Eater (Watershed, 2008)
Allting Tar Slut (In Cauda Venenum, 2019)
RAPPEL :
Sorceress (Sorceress, 2016)
Deliverance (Deliverance, 2002).
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