Ce stade, d'une capacité théorique de 59 186 places en
configuration football, est situé à Décines-Charpieu, dans l'est de
l'agglomération lyonnaise. En projet depuis 2007, il a nécessité l'expropriation
d'une quarantaine d'agriculteurs pour des montants très faibles (un euro le m²).
Il a été construit de 2012 à 2015, puis inauguré en 2016.
La tournée Europe
Stadium Tour en 2019 se déroulant parfaitement, le groupe avait annoncé dès
le 24 juin 2019 une seconde partie de sa tournée pour 2020, et une vente des
billets avait débuté dès le 5 juillet 2019. Mais, la Pandémie a interrompu le
processus et le 19 mai 2020, Rammstein annonçait sur son site officiel que
leurs concerts seraient reprogrammés les 9 et 10 juillet 2021. Puis la tournée
européenne du groupe fut de nouveau reprogrammée en 2022, les dates des
concerts français sont désormais les 8 et 9 juillet 2022 à Lyon. Ce sera ainsi
mon quatrième concert de Rammstein après les 7 mars 2012 à Paris, 12 juin
2016 à Paris et 28 juin 2019 à
Nanterre.
C'est donc avec une impatience non dissimulée que tout
ce beau monde s'est donné rendez-vous à Lyon, dont les rues sont envahies de
gros malades venus des quatre coins de la France, et au-delà... Notre
microcosme réuni dans le vieux Lyon a quelque chose de rassurant. Il reste
encore des gens qui aiment la bonne musique. Malgré tout.
Pour nous mener de Paris à Lyon, Flixbus nous a
facturé la modique somme de 24 € A/R ! L'accès
au Stade a nécessité la réquisition de la ligne T3 pour assurer les navettes de
liaison depuis la gare Pare-Dieu. Moyennant un forfait de 5 €. Mais sa capacité
demeure bien inférieure à celle d'un métro et la file d'attente au terminus fut
impressionnante au départ, et pénible au retour.
Avant le concert, nous passons par l'échoppe
officielle. J'opte pour le t-shirt (35€) floqué spécialement à la date du jour,
même si sa couleur rose me déplait. Avec ma p'tite Fée et mon fils, nous
parvenons ensuite à réunir des amis Daniel, Viviane, Michel, Carine, Patrick, …
tous venus de divers horizons, avant de nous disperser sur nos secteurs
respectifs.
DUO
ABELARD [20h?-20h30?]
Comme en 2019, Rammstein a choisi de débuter sa soirée
par la prestation d'un duo de pianistes. Mais les concertistes françaises de
2019, JATEKOK, avait réservé d'autres spectacles avant d'être invité par
Rammstein. C'est donc le duo de lyonnaises ABELARD qui assure les premières parties des allemands sur cette tournée. On imagine aisément la fierté des deux dames, Héloïse Hervouët et Katherine Nikitine, d'exécuter leurs interprétations dans leur agglomération d'origine ! Et
d'ailleurs elles ne s'en cachent aucunement, à l'occasion de leurs
remerciements.
La part du public venue seulement pour l'agitation et
le bruit a pu s'agacer de cette séquence, mais pour les mélomanes avertis (dont
je suis) ce fut un bien bel hommage à la musique de Rammstein. Preuve, s'il en
fallait, que Rammstein c'est aussi de la poésie dans les mots et dans les
notes.
Ces deux artistes ont su transmettre toutes les
émotions, les nuances et les harmonies qui m'ont toujours ému personnellement. Un
peu de tendresse dans un monde de brutes ! Je salue leur courage de présenter
leurs interprétations dans un cadre a priori peu favorable.
PROGRAMME
Sonne
Mutter
Diamant
Mein Herz brennt
Zeit
Frühling in Paris
Ohne dich
Deutschland
Du hast.
RAMMSTEIN [21h06-23h25]
Formé en 1994
à Berlin, le groupe demeure composé des six membres originaires d'Allemagne de
l'Est ; Till Lindemann (chant), Richard
Zven Kruspe (guitare, chœurs), Paul
H. Landers (guitare, chœurs), Oliver
Riedel (basse), Doktor Christian "Flake" Lorenz, claviers, Christoph "Doom" Schneider (batterie).
La scène est une structure monumentale, industrielle, grandiose
et massive. Ce décor est particulièrement impressionnant, surplombé d'une large
tour au centre de laquelle apparaitra un dispositif ascensionnel ; elle est
elle-même surmontée d'une sorte de vasque olympique qui s'enflammera durant le
concert. Le reste de cette colossale construction est constellé de projecteurs
et d'enceintes prêts à déverser feux et décibels. A chaque extrémité latérale
sont dressés des écrans géants pour les spectateurs privés de vision en
profondeur (faible compensation à mon
avis), et un (trop petit) écran
est posé au centre de la structure. Dans la fosse, une scène secondaire a été
installée sur le côté gauche en regardant la scène. Toujours dans la fosse le
fond du stade est surplombé de deux derricks métalliques prêts à cracher les
flammes de l'Enfer ! De mes jumelles, je distingue nettement les bombonnes de
carburant à leur sommet. Enorme travail, surtout quand on sait que tout ce
dispositif est en double sur la tournée afin de garantir la succession des
dates.
On s'attend à du lourd, on sait déjà que nous ne
serons pas déçus à ce niveau là… En attendant l'heure fatidique, sont diffusées
dans le stade vidéos et musiques de …Rammstein ; on n'est jamais aussi bien
servi que par soi-même !
Le public s'impatiente logiquement et passe ses nerfs
en déclenchant de belles vagues humaines (ola) depuis les gradins vers la fosse
; Tous ces bras qui se lèvent ensemble constituent un magnifique spectacle de
ferveur partagée !
Lorsqu'enfin une bande-son baroque annonce le début
des hostilités, le sigle de RAMMSTEIN s'élève sur l'écran, aux couleurs de la
France. L'excitation est à son comble lorsque les premières notes retentissent
dans le stade. Hélas, l'ingénieur du son s'est avéré incompétent pour garantir
une sonorisation digne de l'événement. Selon leur positionnement, j'ai su que
des spectateurs furent satisfaits de l'acoustique, mais je peux garantir que
des blocs N212, 213 et 214 nous n'avons perçu qu'une bouillie sonore infâme, au
moins pendant les cinquante premières minutes.
En fait, ce n'est que passé l'introduction de "Deutschland" (dont les sonorités électro
m'agacent profondément), j'ai commencé à percevoir un son audible. Sans rancune
et pressé d'en profiter, j'ai alors participé pleinement à la grand'messe.
Je passerai donc rapidement sur les neuf premiers
titres dont je n'ai pratiquement rien perçu hormis le visuel. C'est d'ailleurs
par les jeux de scène que j'ai parfois pu reconnaitre les chansons ; Ah, Till a
le cœur qui brûle, c'est donc probablement "Mein Herz brennt" … Ah, le landau brûle, c'est donc
probablement "Puppe" !
Frustrant. Très frustrant…
Je n'ai toutefois pas à me plaindre de mon
positionnement, aucun des derricks ne gêne ma vision de la scène, que je vois
dans toute sa profondeur ; ce qui ne fut pas le cas de tout le monde. Les lésés
furent ceux assis sur les côtés et ceux dans la perspective desdits derricks. Mauvaise
loterie, y compris pour certains qui avaient investis en carré "or"
supposés offrir un confort supérieur.
L'éclairage est logiquement sobre au début puisque la
nuit n'est pas tombée. Mais au fil de la soirée les dispositifs ont accompagné
les effets pyrotechniques avec une belle efficacité.
Avec une bonne sono ça change vraiment tout ; "Deutschland" suivi de "Radio" fut un pur moment de bonheur
auditif.
Puis, sur "Mein
Teil", le martyre traditionnel de Flake amuse toujours autant ; le
pauvre doit se cacher dans sa marmite et subir le feu craché depuis des
lance-flammes de toutes tailles, parfaitement maîtrisés par Till à l'acmé de
son art pyrotechnique.
Le paroxysme incendiaire est atteint sur "Du hast" et surtout "Sonne" ! Le feu passe de la scène
aux derricks avant d'enflammer le stade d'une luminosité incandescente ! Enorme
impression. A ce niveau du concert, l'amélioration de la sonorisation alliée au
spectacle parfaitement orchestré me comble de joie. Mais c'est déjà la fin
annoncée…
Bien évidemment le public réclame et obtient vite le
rappel mérité.
RAMMSTEIN a tenu à assumer son soutien aux deux
pianistes en les faisant participer à leur rappel du concert ; et ce, pour
interpréter "Engel" de
surcroit ! Un titre emblématique qu'attendent habituellement les admirateurs
notamment à cause de la panoplie incendiaire qu'arborait Till. Cette fois,
c'est une version a capella et sans artifice ; les cinq membres occupent le
périmètre de la scène secondaire et entourent les deux pianistes comme pour les
protéger de mauvaises ondes ! Magnifiques instants de grâce !
Pour quitter cette mini-scène et rejoindre la scène
principale, cinq musiciens (Till est parti se préparer pour la suite) survolent
la foule à bord de trois bateaux gonflables. Ils avancent tant bien que mal,
portés par les bras bienveillants. Belle communion entre les artistes et leur
public.
A peine réinstallés, que le très dansant "Ausländer" remet le turbo ! Je
m'époumone sur "Du riechst so gut",
un de mes titres préférés. Puis je distingue l'érotique canon qui prédit le
titre suivant, "Pussy", qui
permet à Till d'arroser le public… de ce que j'identifie comme de la mousse. C'est la fête
totale ! Dans ces moments-là, le lieu idéal est la fosse, assurément. A
condition de disposer de la taille requise…
Les musiciens quittent la scène et reviennent pour un
second rappel avec trois titres. Le concert se clôt opportunément avec
l'émouvant titre "Adieu".
Logique.
L'atmosphère festive retombe et la mélancolie
s'installe déjà sur fond de bandes-son finales. Le souvenir d'un public remuant
comme des diables dans un bénitier, fut un bonheur à regarder. Son plaisir
était palpable, visible, évident. Une fête comme celle-là on en redemande
toujours ! Dommage qu'elle fut gâchée au début par une sonorisation
démotivante.
Près de deux heures et quart pour 21 titres dont cinq
titres issus de "Rammstein"
(2019), quatre de "Mutter" (2001), quatre
de "Zeit" (2022), trois de "Herzeleid" (1995), trois
de "Sehnsucht" (1997), un de "Reise, Reise" (2004) et un
de "Liebe ist für alle da"
(2009).
PROGRAMME
Bande-sons
: Music for the Royal Fireworks (Georg Friedrich Haendel)
- Armee der
Tristen (Zeit, 2022)
- Zick Zack (Zeit, 2022)
- Links 2-3-4 (Mutter, 2001)
- Sehnsucht (Sehnsucht, 1997)
- Zeig dich (Rammstein, 2019)
- Mein Herz
brennt (Mutter, 2001)
- Puppe (Rammstein, 2019)
- Heirate mich (Herzeleid, 1995)
- Zeit (Zeit, 2022)
Intro électro : Deutschland (Remix by Richard Z.
Kruspe)
- Deutschland (Rammstein,
2019)
- Radio (Rammstein,
2019)
- Mein Teil (Reise,
Reise, 2004)
- Du hast (Sehnsucht,
1997)
- Sonne (Mutter,
2001).
RAPPEL :
- Engel (en acoustique avec le Duo Abélard a piano,
sur la scène annexe) (Sehnsucht,
1997)
- Ausländer (Rammstein,
2019)
- Du riechst so gut (Herzeleid, 1995)
- Pussy (Liebe ist für alle da, 2009).
RAPPEL : 2:
- Rammstein (Herzeleid, 1995)
- Ich will (Mutter, 2001)
- Adieu (Zeit, 2022).
Bande-sons : Sonne (Piano-Version), Haifisch, (Haiswing Remix by Olsen Involtini), Ohne dich, (Piano-Version)
Le stade a accueilli 49 124 personnes ce 8 juillet et en aura accueilli 49 560 le
lendemain. En comparaison, les 28 et 29 juin 2019, 73 223 personnes avaient assisté
aux concerts à Paris La Défense Arena.
Une telle foule pour trop de peu de navette décline
fatalement un temps d'attente relativement pénible mais heureusement tout se
fait dans la bonne humeur et à température estivale.
En conclusion, ce fut un concert qui aurait pu être
excellent avec une meilleure sonorisation. Le spectacle fut dantesque et le
choix des titres parfait. Mais à mon avis, le prix d'entrée comprenait autre
chose que des flammes et du bruit ; c'était avant tout un concert. Or, pour écouter
la musique il faut du son de qualité, je ne dis pas "parfait", je dis
juste "de qualité", audible, quoi, tout simplement ! Il ne figurera donc
pas comme mon meilleur souvenir de leurs concerts. Pour moi, cela restera celui
du Palais Omnisport de Paris-Bercy le 7 mars 2012, qui a d'ailleurs fait
l'objet d'un DVD. Là le son et le spectacle n'avait laissé aucune amertume.
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