samedi 23 novembre 2024

DREAM THEATER – Adidas Arena (Paris 18) – le samedi 23 novembre 2024.

Cette soirée nous donne l'occasion d'assister à notre premier concert au sein de l’Arène de la Porte de la Chapelle, située dans le 18ème arrondissement de Paris. Elle a été intitulée au nom de son parraineur commanditaire ; Adidas Arena. C'est une salle polyvalente et modulable, inaugurée le 11 février 2024. Elle a été construite dans la perspective des Jeux olympiques d'été de 2024. La salle a une jauge de 8 000 places assises pour les événements sportifs et de 8 500 places pour les concerts-spectacles ; il n'est cependant pas précisé comment est évalué la capacité de la fosse, selon la configuration assise ou debout...

Hormis cette "première", la principale motivation pour cette participation, c'est le retour de DREAM THEATER avec son batteur cofondateur, Mike PORTNOY, après quatorze années (certains ont compté 5 177 jours) d'absence ! En attendant la parution d'un futur album, en cours de finitions, le quintuor s'est lancé sans attendre dans une tournée commémorant ses quarante années d'existence. De surcroit, parmi les nombreuses dates de cette longue tournée internationale, celle de Paris aurait été choisie pour enregistrer le film du concert qui ferait donc l'objet d'un bluray. Des séquences du premier concert de la formation réunie à Londres ont toutefois été filmées et serviront probablement de bonus.

Nous nous sommes abstenus de rentrer dans la logique inflationniste du cout des tickets de concert lorsque, dès le 17 avril dernier, nous avions réservés nos tickets modestement en catégorie 2 (85 €). Nous prenons ainsi places en balcon S, rang 86. Le confort de vue est correct, en dépit de la scène fatalement lointaine. Le site est encore neuf et beau, mais c'est une arène sportive avant tout ; certainement pas un auditorium…

Quoi qu'il en soit, peu à peu la salle se remplit quasi totalement ; ce qui me rassure, car cette date était la seule de la tournée à ne pas afficher complet. Pour parfaire ma soirée au Théâtre de Rêve, je suis accompagné de mes deux crapules et de ma P'tite Fée ; que demander d'autre ? Rien, sinon écouter, regarder, se divertir et jouir du temps présent. Carpe Diem !

BREF HISTORIQUE https://dreamtheater.net/  John Petrucci et John Myung ont grandi ensemble à Long Island, New York. Après le lycée, tous deux ont reçu des bourses d'études à la prestigieuse Berklee University of Music, à Boston (Massachusetts/USA). Ce sont les deux seuls membres constants du groupe qui allait se former. A Berklee, ils ont rencontré Mike Portnoy. Tous trois, passionnément admiratifs de la sophistication de YES, de la virtuosité de RUSH et la puissance d'IRON MAIDEN, se sont rapidement liés d'une réelle amitié, ils ont alors abandonné leurs études pour se concentrer sur l'objectif de créer leur propre musique. Ils s'engagent ainsi dans une constante recherche d'un son à la fois complexe, puissant et progressif. Il restait à recruter les complices ; ainsi a été fondé MAJESTY en 1985. Les claviéristes et les chanteurs se succéderont avant d'établir une certaine stabilité depuis vingt-cinq ans ; mais le trio historique demeurera le cœur de la machine !

Toutefois, juste avant la parution du premier album "When Dream and Day Unite", le nom MAJESTY doit être remplacé, sous la menace d'une action judiciaire d'un autre groupe ayant le même nom. Ils choisissent alors de s'appeler DREAM THEATER.

En octobre 1991, avant de débuter l'enregistrement d'un deuxième disque, "Images and Words", DREAM THEATER embauche le canadien Kevin LaBrie, (un ex-chanteur du groupe glam rock Winter Rose). Le quintuor comporte déjà deux John et un Kevin ; LaBrie change son nom en James, qui est son 2ième prénom. Le groupe rejoint le label Atco Records, dirigé par Derek Shulman, un ancien membre du légendaire groupe de rock progressif GENTLE GIANT.

L'Histoire débute là, le talent de ces artistes se révèle enfin.

Mike Portnoy est resté jusqu'en 2010, après avoir contribué à dix albums pendant les vingt premières années. Le reste du groupe ne souhaitant pas faire une pause, Mike a décidé de partir poursuivre d'autres projets musicaux notamment avec SONS OF APOLLO, TRANSATLANTIC, FLYING COLORS, SHATTERED FORTRESS, et THE WINERY DOGS. Il est alors remplacé par Mike Mangini. Après d'excellents et loyaux services, en octobre 2023 celui-ci rend les baguettes à Mike Portnoy, qui ne cachait plus son envie retrouver son groupe de cœur.

La parution du seizième album studio, intitulé "Parasomnia" est prévue le 7 février 2025. Il s'agit donc moins de promouvoir un nouvel album, que de fêter dignement le 40ième anniversaire du groupe, qui de surcroit est couronné par le retour du batteur prodigue, Mike Portnoy ! Ce concert se tient donc dans le cadre d'une tournée européenne comprenant vingt-trois escales, qui a débuté le 20 octobre à Londres et aboutira au 24 novembre à Amsterdam, après quoi ils s'envoleront vers les Amériques. Il s'agit plus globalement d'une longue tournée internationale intitulée "40th Anniversary Tour 2024-2025" qui est prévue à ce jour jusqu'au 27 juillet 2025, à Istanbul.

Le quintet est actuellement composé de John Petrucci (guitares, chœurs, depuis 1985), et John Myung (basse, depuis 1985), de Mike Portnoy (batteur de 1985 à 2010, et depuis 2023), de James LaBrie (chant, depuis 1991), et Jordan Rudess (claviers, lap steel guitar, continuum, depuis 1999).

Je ne revois ce soir DREAM THEATER que pour la quinzième fois, depuis ce 7 avril 2000 où je les découvrais à l'occasion de leur prestigieuse et mémorable tournée "Scenes from a Memory". Auparavant, je m'obstinais à les ignorer, au bénéfice du groupe brésilien ANGRA que je préférais à l'époque, notamment en raison d'Andre Matos, son chanteur de 1991 à 1998, dont la tessiture, le timbre et le charisme étaient tout simplement exceptionnels. Paix à son âme. La dislocation d'ANGRA, ainsi que le conseil insistant d'un ami, m'ont incité à me tourner avec bonheur vers DREAM THEATER… Je n'ai pas eu le sentiment d'y perdre, car à défaut de retrouver un chanteur d'exception, je découvrais des musiciens extraordinaires sortis de conservatoire ! (pour l'anecdote, c'est par ce biais que je découvrais aussi PORCUPINE TREE !).

LE CONCERT [20h00/21h15 - 21h40/23h15] Avec ponctualité, la lumière s'éteint et l'auditoire est plongé dans l'angoisse qu'évoque la bande son de Bernard Herrmann, tirée du film d'Alfred Hitchcock "Psychose" (1960). La pénombre est alors percée par l'éclairage ciblant le tableau qui illustre l'affiche de la tournée, les lettres de DREAM THEATER brillent comme des décharges électriques. Le tissu tombe pour laisse paraitre les musiciens qui débutent "Metropolis Pt. 1: The Miracle and the Sleeper" issu de l’album "Images and Words" (1992).

En dépit de l'excitation, je tente de maitriser mes émotions pour bien capter et analyser ces premiers instants. Le son de chaque pupitre me parait limpide mais puissant ; dans cette arène sportive la musique résonne et cela devient assez pénible pour m'imposer les protections auditives. L'éclairage est particulièrement lumineux ; c'est un pur bonheur ! Le fond est constitué d'un écran articulé en trois volets verticaux. La batterie de Mike Portnoy trône en surplomb au centre. Je remarque bien évidemment son évidente envie d'en découdre. Sur sa droite, légèrement en contrebas, sont positionnés les claviers de Jordan Rudess. Sur la scène on voit à notre gauche John Myung et à droite John Petrucci. Le chanteur James LaBrie rejoint la formation, une fois que la phase instrumentale introductive se termine.

Je passe rapidement sur le contenu du programme qui évoque astucieusement les quatre décennies. Inutile de chipoter sur les choix de titres qui seront toujours de nature à discuter inutilement. Le temps imparti nous a permis de nous réjouir des extraits de neuf albums sur seize, et tant pis pour les oubliés. L'essentiel est que les esprits s'évadent et se réjouissent ! Disons quand même que la fin de l'acte II fut une apothéose étourdissante avec deux purs chefs d'œuvre du rock progressif : l'instrumental "Stream of Consciousness" (déjà énormissime), suivi de "Octavarium" (que j'affectionne tout particulièrement). Ces morceaux sont bourrés d'alternances mélodiques, de ruptures rythmiques, d'harmonies oniriques, d'interventions individuelles et/ou collectives virtuoses ; bref, tout ce que j'attends du rock progressif. Rien que pour écouter ces deux morceaux d'anthologie, pendant environ trois quarts d'heure, il fallait être présent (même dans une arène sportive) ! Ajoutons à ce délicieux tourbillon de sonorités hallucinantes quelques improvisations du meilleur goût, distillées au cours de la prestation, et vous pourriez imaginer un tant soit peu le bonheur vécu durant ce concert !

Le programme débutant par une évocation des années 90, la relative faiblesse du groupe actuel est apparue cruellement. Un petit bémol que je me dois honnêtement d'évoquer, pour que le reste de mon récit dithyrambique conserve sa crédibilité. Chacun, selon son centre d'intérêt, trouve sa part à admirer au sein de DREAM THEATER ; En ce qui me concerne, j'admire tout particulièrement les parties instrumentales qui me paraissent constamment d'une richesse harmonique et technique extraordinaire. Cependant, je peine souvent à relativiser les limites de James LaBrie qui, rappelons-le, ont pour origine une intoxication alimentaire (29 décembre 1994, lors de vacances à Cuba) dont ses cordes vocales ne semblent que partiellement remises. La tessiture et parfois même la justesse de sa voix en concert, pâtissent de la comparaison avec les enregistrements en studio, surtout sur des titres antérieur à l'accident. Il n'en demeure pas moins que son timbre est lié au son du groupe et j'imagine mal écouter un autre chanteur, finalement. Il est le légitime chanteur depuis 1991, d'un groupe qui a marqué une génération, la mienne. Certes victime de circonstances fatales pour un chanteur, j'estime qu'il mérite le respect malgré tout.

Cette gêne relative est heureusement surmontée par l'univers onirique que m'inspirent globalement ces musiciens.

S'agissant du reste du groupe, l'art est affaire de sensibilités et d'appréciations personnelles. Certains préfèrent l'ombre à la lumière, les cuivres aux cordes, le romantisme à la fureur … Pour mon bonheur, je parviens souvent à adapter mon écoute selon mes humeurs et surtout selon les talents observés. En tant que mélomane, je me régale autant des douces et suaves subtilités d'Andy Latimer et de David Gilmour, que des performances techniques de Joe Satriani et de John Petrucci ; tous expriment avec leur propre sensibilité des harmonies qui me touchent au plus profond de l'âme. Un artiste exprime son talent qu'il a forgé par un travail admirable et qu'il perfectionne au fil de son expérience. Je me refuse à opposer cette conception de la Musique à d'autres prétendument plus sensibles parce qu'épurées. Ce soir encore, devant tant de virtuosité, comment ne pas être sidéré par la capacité de John Petrucci à maitriser son répertoire à la fois si complexe et si mélodique !!? On ne vénère que son Dieu, mais je ne suis pourtant pas loin de le faire ici…

Idem pour John Myung dont la réserve légendaire le porte à s'effacer le plus possible. Et pourtant, ses accords de basse continuent à m'impressionner. Avec une dextérité remarquable sur ces cordes basses, il accompagne souvent la partition de Petrucci, ce qui est déjà remarquable, mais ses interventions en solo montrent une classe que mes oreilles perçoivent avec admiration !

La partition de Jordan Rudess s'inscrit dans ce maelström harmonique avec nuance et subtilité. Son exubérance naturelle n'est pas nuisible, car il démontre une totale maitrise du potentiel de ses claviers ; notamment avec le continuum dont les sonorités me rappellent parfois celles de la Léode. Lui et les deux John alternent les soli avec adresse et inspiration.

Quant à l'infatigable et prodigieux Mike Portnoy, je ne me lasse pas d'assister à ses prestations ! Toujours fougueux, énergique et motivé comme un débutant, ce véritable passionné adulescent et facétieux reste d'une efficacité hors du commun. Il sait adapter sa frappe à son environnement avec une aisance surprenante ; je l'ai vu à sept reprises au sein de DT, deux fois au sein de SOA, une fois au sein de SHATTERED FORTRESS, et une fois au sein de TRANSATLANTIC, dans tous les cas avec un sourire constant et plaisir sincère ! Je n'ai aucune difficulté à imaginer son bonheur de s'épanouir à nouveau dans son cadre initial.

Une somme de talents individuels qui m'impressionne au plus haut point ! Cette capacité à fusionner autant de potentiel pour produire une œuvre collective d'une telle densité m'émeut ! DREAM THEATER SONT DES DIEUX ET JE SUIS UN APOTRE ! amen.

Le public, sagement aligné par les travées de ce vaste enclos peu propice encore une fois à apprécier de la Musique de cette qualité, a contribué autant que faire se peut à animer l'ambiance compte tenu de l'annonce de l'enregistrement de la soirée. Le concert se termine avec un plaisir qui se trahit par les mines réjouies; y compris celle de mon fils cadet qui découvrait le groupe ce soir !

Le concert d'une durée de (près de) trois heures a déroulé un programme en deux actes distincts.

Parmi les dix-huit titres interprétés, quatre de "Scenes from a Memory" (1999), trois sont issus de "Images and Words" (1992), trois de "Train of Thought" (2003), deux de "Octavarium" (2005), un de "Awake" (1994), un de "Falling into Infinity" (1997), un de "Systematic Chaos" (2007), et un de "Parasomnia" (2025). Comme indiqué plus haut dans mon récit, neuf albums ont ainsi été sollicités, ainsi que la prochaine parution.

Par ailleurs, fait notable, Mike Portnoy a joué pour la première fois deux titres qui avaient été initialement enregistrés avec son remplaçant, Mike Mangini : un de "A Dramatic Turn of Events" (2011), un de "Distance Over Time" (2019).

PROGRAMME

Acte I

  1. Metropolis Pt. 1: The Miracle And The Sleeper (Images and Words, 1992)
  2. Act I: Scene Two: I. Overture 1928 (Scenes from a Memory, 1999)
  3. Act I: Scene Two: II. Strange Déjà Vu (Scenes from a Memory, 1999)
  4. The Mirror (Awake, 1994)
  5. Panic Attack (Octavarium, 2005)
  6. Barstool Warrior (Distance Over Time, 2019)
  7. Hollow Years (Falling into Infinity, 1997)
  8. Constant Motion (Systematic Chaos, 2007)
  9. As I Am (Train of Thought, 2003).

Acte II

  1. Night Terror (Parasomnia, 2025)
  2. This Is The Life (A Dramatic Turn of Events, 2011)
  3. Under A Glass Moon (Images and Words, 1992)
  4. Vacant (Train of Thought, 2003)
  5. Stream Of Consciousness (Train of Thought, 2003)
  6. Octavarium (Octavarium, 2005).

RAPPEL : Bande image et son, "There's No Place Like Home", tirée du film "'The Wizard of Oz' "

  1. Act II: Scene Six: Home (Scenes from a Memory, 1999)
  2. Act II: Scene Eight: The Spirit Carries On (Scenes from a Memory, 1999)
  3. Pull Me Under (Images and Words, 1992).

En conclusion, ce concert, aussi monumental soit-il, ne sera pourtant pas mon préféré avec ce groupe, car nous étions éloignés en balcon, dans une salle davantage prédisposée à faire résonner les acclamations pour une équipe de basket, qu'à savourer les subtilités de notre Musique. Je ne retiendrai donc pas le cadre mais la toile. De toutes façon, ne doutons pas que le film (qui paraitra dans un prochain bluray) gommera les aspects finalement secondaires pour laisser l'essentiel ; une Musique dense et riche exprimée par des Maîtres ès guitares, claviers et percussions !

Je m'abstiens de l'achat du t-shirt (pourtant joli) en raison de son prix (45 €) que je trouve excessif en dépit de sa qualité. En revanche, mon fils ainé ne s'en prive pas et ma P'tite fée se procure un bonnet estampillé du logo et des 40 ans du groupe !

Dans la fraicheur d'une fin d'automne, nous ne tardons pas à rejoindre nos chemins de retour. D'autant que ce nouveau site nous éloigne encore un peu plus que de coutume (…) de chez nous ; pas moins de soixante-quinze minutes de  transports en commun.

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