LE CONTEXTE.
Depuis quelques années, le rock sudiste me semblait en voie d'extinction, au
fil de la disparition de ses plus éminents représentants. Pourtant, le XXXIIIème
Raismesfest m'a permis de découvrir ROBERT
JON & The Wreck, dont la vitalité revigorante, m'a donné le sentiment
de revoir quelqu'un que je croyais mort depuis belle lurette !
J'attendais donc avec impatience de les revoir dans un
cadre plus intime, persuadé que cette Musique prend encore davantage son
ampleur dans un endroit plus confiné ; Le Trabendo me parait à cet égard idéal
!
Nous étions arrivés dans la file d'attente peu avant
l'ouverture des portes, et pourtant nous nous plaçons sans difficulté dans les
premiers rangs, positionnés au centre droit. La scène est basse mais, pour une
fois que ma P'tite Fée ne subit pas la présence d'un géant, on bravera la
grosse caisse et l'ampli de la basse, qui sont situés en face de nous, au fond
de la scène…
FAT JEFF [19h30-20h00]
https://www.facebook.com/fatbluesjeff?locale=fr_FR
Inconnu
de mon répertoire, Jeff Duschek vient
du département du Doubs, dans la région de Franche-Comté dans laquelle il s'est
montré au sein de Wootz, Blend Of Stones, et Café Noir. Depuis 2017, il est FAT JEFF, un seul homme, doté de ses
guitares et d'une grosse caisse. Son univers baigne délibérément dans les
profondes racines du blues. Il a séduit de nombreux bars, de nombreuses salles,
lors des concerts donnés en France, en Belgique ou encore au Luxembourg. Un
premier album "Tales From The Road" est paru le 1 septembre 2018, suivi d'un deuxième, intitulé
"Feelin' Wood" le 10 septembre
2020.
Son troisième
album "Get Back to Boogie"
est paru le 3 avril 2023. Alors
qu'il est par ailleurs engagé pour accompagner STEVE'N'SEAGULLS durant trois
dates, il vient d'apprendre ce 10 novembre qu'il est invité à assurer la
présente première partie de soirée. C'est sa première prestation à Paris.
La sonorisation, parfaitement équilibrée pour les deux
seuls instruments, lui a permis d'exprimer toute l'énergie et l'émotion qui se
dégagent de ses compositions. Dans l'espace réduit qui lui était concédé, l'éclairage
sobre mais efficace, nous a permis de distinguer correctement le personnage, et
ses guitares parfois atypiques. Il débute sa prestation avec une "cigar box guitar" estampillée FAT
JEFF, dont les sonorités placent l'imaginaire de l'auditeur dans les contrées
américaines du Sud profond, en écoutant un blues, martelé par les coups de
grosse caisse qu'il actionne nerveusement. Puis il utilise une guitare plus
classique, avant de nous en présenter une autre, bidouillée avec deux jantes de
roues d'une vieille Peugeot ! Le son de cette guitare résonne un peu comme celui d'une Dobro. Et ma foi, le tout nous procure
de bien belles sensations.
Franchement, nous avons beaucoup aimé cette prestation
aussi étonnante qu'inattendue. Ce musicien exprime un authentique blues avec
toute la sensibilité requise. Sa sincérité et sa joie manifeste de jouer sur cette
scène nous le rend attachant. Pour clore la prestation, Jeff parvient sans
difficulté à faire chanter le refrain "Goin'
To The Radio" par le public.
Le public ovationne l'audacieux bluesman, dans le
cadre de remerciements mutuels et sincères. Nous avons passé un moment bien
agréable avec vous, merci monsieur.
Parmi six
titres, quatre sont issus de "Get Back to Boogie" et deux de "Feelin' Wood".
PROGRAMME
- Clock Mornin’
(Get Back to Boogie, 2023)
- Cookie Box (Get Back to Boogie, 2023)
- Tarred and
Feathered (Get Back to Boogie, 2023)
- I’m A Gipsy (Get Back to Boogie, 2023)
- Rust, Coffee
and Cigarettes (Feelin' Wood, 2020)
- I’m Goin’ to
the Radio (Feelin' Wood, 2020).
ROBERT
JON & The Wreck [20h30-22h05]
Ce
quintuor américain de blues rock et de rock sudiste a été fondé en février 2011, non pas en Alabama, mais dans le comté
d'Orange, en Californie, aux États-Unis.
Un premier album autoproduit, intitulé "Fire Started" est paru le 2 Septembre 2011. Très
vite, avec soixante dates à travers les Etats-Unis, leurs prestations sont
remarquées. Tant et si bien que leur calendrier s'étoffe des tournées, ponctuées
de dates en studio.
Avec un peu plus de perspicacités et d'opportunisme,
j'aurais pu/dû les repérer plus tôt ; le groupe a ainsi joué dès le 8 avril 2015,
au The Blue Devils, à Arras (un site fermé, depuis) ! Plus récemment, le 21 mai 2022
à Bully-les-Mines, puis à l'Empreinte le 30 juin 2022, puis le 5 février 2023
à la Maroquinerie. Mais j'aurai attendu ce 10 septembre 2023 pour
découvrir ces américains, lors du Festival Raismesfest (ici), parmi un public
abasourdi, sidéré par autant de talent !
Dans la continuité d'une abondante production, un neuvième album studio, intitulé "Red Moon Rising" est paru le 28 juin 2024. Réjouissons-nous de
cette unique date française,
puisqu'elle s'inscrit dans une tournée européenne débutée ce 30 octobre,
et qui comprend dix dates en Allemagne et quatre aux Pays-Bas
!... "pauvre, pôôoovre france" ?!
Nous retrouvons donc Robert Jon Burrison (chant, guitare), entouré d'Andrew Espantman (batterie, chœurs depuis 2011), Henry-James Schneekluth (guitare solo, chant,
depuis 2017), Warren Murrel (basse,
depuis 2017), et Jake Abernathie (claviers,
depuis le 16 avril 2023).
L'éclairage m'a semblé satisfaisant, compte tenu de
l'espace modeste dont le quintuor peut disposer. La sonorisation, après quelques
petites minutes pour atteindre l'équilibre requis, a permis d'entendre
distinctement les pupitres et en particulier, les sublimes soli de Henry-James.
D'entrée, l'exaltant "Hold On" nous plonge immédiatement dans l'univers du rock
sudiste le plus étourdissant ! Les duos de guitares, ou de guitare et clavier,
endiablés par une percutante base de basse/batterie, le chant et les chœurs
américains, tout cela me permet de retrouver enfin mes sensations vécues lors
des concerts de BLACKFOOT, MOLLY HATCHET, LYNYRD SKYNYRD. J'adooooooooore !
Robert Jon Burrison est manifestement le maître à bord, et
pourtant il se place en retrait dès que l'un de ses musiciens s'exprime. Le
regard obscurci par l'ombre de son chapeau de cow-boy, les traits de visage
masqués par une barbe hirsute, il est concentré sur son chant, son jeu de
guitare et celui de ses complices. Il apprécie de se frotter alternativement,
comme par défi musical, à son bassiste et/ou à son guitariste. Il n'arborera
ses sourires qu'une fois passée la première heure de concert, lorsqu'il aura estimé
que le boulot est garanti, le public est emballé.
Les accords de basse de Warren Murrel sont intensément rythmés et finement tricotés. Il est
manifestement heureux, épanoui, à voir son large sourire émaillé pendant la
majeure partie du concert.
Jake Abernathie,
intégré au groupe depuis dix-huit mois, apporte un indéniable surcroit de
talent à ce groupe ; il agrémente excellemment les harmonies avec des accords
d'une folie rock'n'roll aux claviers. Son duo avec le guitariste durant le
rappel est le point d'orgue de son éminent rôle. Avec son apparence assumée de
cowboy, le chapeau vissé sur une belle blonde crinière ondulée, il contribue
aussi aux chœurs pour faire voyager nos esprits dans les vastes étendues
d'Outre-Atlantique.
Le plus souvent dans l'ombre du fond de scène, Andrew Espantman n'en demeure pas moins bien
sûr un des éléments moteur des rythmes effrénés ; sa frappe redoutable n'a
laissé que bien peu de répit à nos nuques et nos jambes ! Il est le plus ancien
membre avec Robert Jon, et en dépit de tournées répétitives, nous avons pourtant
remarqué sa joie de jouer et de chanter les chœurs avec envie. Par exemple, son
insistance à photographier et filmer ses complices et leur succès est d'une
fraicheur réjouissante et communicative ! En voilà un autre qui ne semble pas
se lasser de son statut de saltimbanque !
Bref, chacun contribue à perpétuer le style avec
entrain et efficacité ! J'aborde délibérément à part le cas du guitariste Henry-James
Schneekluth qui constitue une
véritable pépite, que Robert a une chance inouïe d'avoir dégoté ! Il nous a une
fois de plus totalement épatés par son talent, son inspiration, son implication
dans chaque segment de jeu ! C'est un régal de regarder ses doigts courir sur
l'instrument, et le bottleneck frotter très souvent le manche pour accentuer
encore les atmosphères bluesy. L'intarissable guitariste ne pouvait pas
s'arrêter de jouer, même lorsque le patron s'adressait à l'auditoire de son
micro ; c'est à croire qu'il a une pile dans la main ! Incroyable. Il quitte
souvent son espace pour se rapprocher du public et traverse la scène pour
défier ses complices, notamment au clavier. Et, pourtant, l'homme me semble
réservé, presque austère ; son charisme il le doit davantage à son jeu de
guitare, qu'à sa communication. Par ailleurs, son allure se confond souvent
avec celles de Jimi Hendrix (son maintien) et Phil Lynott (sa coupe afro ?). Vous l'aurez compris je suis totalement admiratif
de ce musicien au jeu à la fois sobre dans l'attitude, et luxuriant dans la
richesse des accords.
Ce genre de concert passe à une vitesse démesurée, on
aimerait que cela continue encore… ROBERT JON & The Wreck constitue
indéniablement un ardent hommage au Rock Sudiste, avec tout ce que l'on en
attend ; sa Musique truffée de subtils arrangements met en valeur les guitares avec
moult duos, intervention de clavier et de chœurs.
L'auditoire ovationne vivement ces américains avec un enthousiasme qui semble les toucher. Espérons qu'ils ne tarderont pas à revenir !
C'est assez rare et admirable pour être souligné ; en
comparant les programmes du reste de la tournée, j'observe qu'un gros tiers des
titres est renouvelé à chaque concert. A chaque fois, "Red Moon Rising", la plus récente
parution est logiquement promue, ici avec cinq titres. Mais nous aurons
droit à trois titres issus de "Glory
Bound", trois de "Last
Light on the Highway", un de "Ride into the Light" et un de "Robert Jon & The Wreck".
PROGRAMME
- Hold On (Red Moon Rising, 2024)
- Rager (Red Moon Rising, 2024)
- Blame It on the Whiskey (Glory Bound, 2015)
- Red Moon Rising (Red Moon Rising, 2024)
- High Time (Robert Jon & The Wreck, 2018)
- Life Between the Lines (Red Moon Rising, 2024)
- Ballad of a Broken
Hearted Man (Red Moon Rising, 2024)
- Bring Me Back Home Again
(Ride into the Light, 2020)
- Glory Bound (Glory Bound, 2015)
- Tired of Drinking Alone (Last Light on the Highway, 2020)
- Oh Miss Carolina (Last Light on the Highway, 2020)
- Do You Remember (Last Light on the Highway, 2020).
RAPPEL :
- Cold Night (Glory Bound, 2015).
Je me rue à l'échoppe pour me procurer trois autres albums pour compléter ma collection. Un t-shirt pour ma P'tite Fée compétera mon soutien au groupe. J'apprendrais plus tard que les musiciens étaient venus au bar sans que j'y sois, hélas… J'aurais pourtant apprécié discuter avec eux, histoire de vérifier leur bon état d'esprit, ce dont je ne doute pas vraiment, en fait.
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