Quelles sont les principales vertus et bienfaits du
Lapis Lazuli ? Je lis qu'il aide à réduire le stress, atténue les migraines, allège
les problèmes d’insomnie, contribue à débloquer la parole en cas de colère ou
frustration, apaise les symptômes d’allergies, notamment respiratoires. Il me
plait à croire qu'en choisissant ce nom les frères Leonetti avaient pour vocation de nous soulager des tourments du
quotidien.
En cette période de disette musicale, l'annonce de ce
concert en bord d'Océan nous a paru comme une véritable thérapie à appliquer
sans hésiter, en dépit de la distance à parcourir (depuis Ivry) ! Une
pré-inscription préalable pouvait nourrir une relative inquiétude quant au
maintien de l'événement, alors que les annulations continuent de se succéder.
Nous avions affronté le sort en réservant une chambre dans un centre hippique,
à une douzaine de kilomètres, à Les Mathes. Jusqu'à la dernière semaine nous contenions
notre enthousiasme, de peur d'être de nouveau déçu. Je fanfaronnais dans mon
entourage sur l'objectif, mais dans le fond j'angoissais gravement.
L'obstination des organisateurs du Crescendo fut
récompensée par l'engagement à venir, exprimé par quelque trois cents
mélomanes. Et davantage furent finalement présent dans l'enclos du Concié. Le
concert fut finalement maintenu. La fête s'annonce belle et pleine de sourires
échangés entre les artistes et leurs admirateurs.
En préalable à cette soirée, avec une quinzaine
d'autres amis nous nous sommes attablés pour déjeuner dans un resto de
L'Éguille, un village au confluent de la Seudre et du Liman, suffisamment
proche de l'Océan pour percevoir la montée de la marée dans son charmant petit
port. Nous avons ainsi pu déguster notamment une éclade, préparation de moules caractéristique
de la cuisine charentaise. Bières et vins accentuèrent notre ivresse des
retrouvailles, la plupart des convives ne s'étant pas vus depuis de nombreux
mois. Pour ma part, j'ai eu le plaisir de m'asseoir aux côtés de Jean-Max Delva qui m'a parlé de son parcours
musical et de son groupe (trop méconnu) Anaïd,
que j'avais pu apprécier lors de l'édition 2016 du Crescendo.
Après notre longue route et ces premières émotions, un
p'tit répit s'est imposé avant d'atteindre la soirée que nous débutions par un
apéro abreuvé notamment de vins cuits faits-maison.
C'est donc bien guillerets que nous présentons
volontiers notre passe sanitaire pour pénétrer dans l'enceinte dans laquelle
j'étais déjà venu en 2016 et 2017.
Un film rétrospectif du festival Crescendo créé en
1999, est montré au public. Le documentaire montre l'organisation, les
émotions, les efforts, et les visages souvent connus des artistes, des
protagonistes, simples mélomanes, programmateurs ou animateurs. Difficile de
résumer tant d'années de labeur et de passion mais ce film a retenu l'attention
et réveillé bien des souvenirs !
EUX ET
MOI
Mes précédents récits de leurs prestations l'ont déjà
exprimé, mais il me plait de le répéter ; ce groupe FRANÇAIS et FRANCOPHONE est scandaleusement ignoré
par la bulle médiatique et pseudo-artistique française, incapable de
curiosité musicale. Où sont les journalistes d'investigation, où sont les
promoteurs audacieux, où sont les mélomanes curieux ? Heureusement quelques
trop rares illuminés les ont reconnus à leur juste valeur. On trouve ces
étonnants spécimens le plus souvent en Allemagne, au Royaume-Uni et aux
Pays-Bas ; ils démontrent dans les faits que la langue de Molière n'est
absolument pas un obstacle à la notoriété internationale. En France, quelques
organisateurs sagaces et passionnés ont permis à Lazuli de se produire au Crescendo (2007), au Prog en Beauce (2013, 2014, 2017), Rock au Château (2017) mais aussi à Prog'Sud (2011 et 2018).
Pour ma part, ce n'est que par la grâce des réseaux
sociaux que j'ai découvert le groupe gardois, petit à petit au début des années
2010 ; la parution de "Tant que
l’herbe est grasse" (2014) motiva mon premier achat. Les occasions de
les découvrir sur scènes étant inexistantes à Paris, ce n'est que lors de leur
tournée " Nos âmes saoules" que j'ai pu enfin tomber dans la Marmite. Une première fois, le
05 aout 2017 à VILLERSEXEL (70), lors du festival Rock au Château. Puis une deuxième
fois, le 29 octobre 2017 à PIERRES (28), lors du Prog en Beauce et enfin une troisième fois le 20 juillet 2019,
à St GOARSHAUSEN lors du Loreley, Night of the Prog.
J'avais coché cinq dates dans les prochaines semaines.
Ce 22 aout à St-Palais (17), le 11 septembre au Raismesfest (59),
le 18 septembre à La-Ferté-Sous-Jouarre (77), le 23 octobre à
Pierres (28) et le 31 octobre à Pagney-Derrière-Barine (54). Mais la
pandémie continue de sévir, le Raismesfest est contraint de lâcher l'affaire…
Je vais me contenter des deux dates d'octobre.
Si ces véritables artistes se distinguent par la
qualité des textes, leurs talents de musiciens et leur innovation (Rappelons que la léode est leur invention),
il faut aussi voir LAZULI sur scène pour comprendre toute l'essence de leur âme.
Dans mon salon, je cultivais une admiration croissante. Devant leur scène,
celle-ci fut transcendée en passion. Je frémis encore aujourd'hui en me
souvenant de leur prestation étourdissante en Allemagne, devant un public
international debout et enthousiaste !
LE
CONCERT [21h55-00h05].
La pandémie, le départ de Ged et l'arrive d'Arnaud
furent autant de motivation pour retourner au studio et concevoir un album
atypique, astucieusement intitulé "Dénudé" qui est paru le 16 mars 2021.
Lazuli a choisi de réviser certains titres de son répertoire, dans une version
acoustique. L'album me semble magnifier encore les mélodies et les sons, même
si je préfère quand même leur version plus électrique.
Aujourd'hui, les deux frangins Dominique Leonetti (chant, guitare, depuis 1998),
et Claude Leonetti (léode, depuis
1998), restent entourés de Vincent Barnavol
(batterie, depuis 2010) et Romain Thorel
(claviers, cor d'harmonie, depuis 2010). Arnaud Beyney (guitare, depuis 2020) s'est produit une première fois avec
Lazuli sur scène ce 20 aout à Reichenbach (Allemagne) ; ce soir sera ainsi
son deuxième concert.
L'auditoire se réjouit d'entendre Domi qui annonce que
le concert se composera de l'intégralité de l'album "Le Fantastique Envol de Dieter Böhm", suivi d'une sélection de
titres emblématiques. Le tout étant prévu sur une durée de deux heures. Il
s'agira ainsi de mon premier vrai concert et non d'un passage (toujours trop
bref) en festival. C'est aussi ma première occasion d'entendre les titres de ce
formidable album qui est déjà passé plus souvent qu'à son tour entre mes
oreilles.
Rapidement, je constate une très bonne sonorisation,
tout avait bien été préparé dans l'après-midi. L'éclairage, sans artifice
superflu, s'est avéré adéquat, notamment pour les chasseurs d'images. En fond
de scène, un écran a valeureusement diffusé quelques images, avant de rendre
l'âme, une demi-heure avant la fin.
La voix si limpide et si juste de Domi fait partie aussi des éléments qui rendent la musique de
Lazuli si singulière et émouvante. Sa tessiture élevée se marie à merveille
pour exprimer les émotions. Quel plaisir que de pouvoir comprendre enfin des
chansons lorsqu'elles racontent avec sincérité des rencontres (Dieter), et davantage encore la désillusion,
la tristesse, la révolte. Je n'avais plus ressenti une telle conviction, une
telle pertinence, alliée à une musique qui me convient, depuis les quatre
premier opus de Trust ou les trois premiers de Téléphone. Il suffit de regarder
Domi chanter, jouer de sa guitare, taper sur une caisse claire, un marimba, ou danser
comme un lutin endiablé pour se convaincre de son authenticité, sa bonté d'âme.
Etant moi-même cornettiste de formation, je ne puis
qu'être sensible aux apports cuivrés dans le rock. C'est notamment ce qu'apporte
le multi-instrumentiste Romain. Si
son pupitre principal reste le clavier qu'il maitrise parfaitement (soli improvisés notables), il prend
souvent son cor d'harmonie avec lequel il contribue encore davantage aux
sonorités Lazulienne. A cet égard, on aura notamment remarqué son solo durant
"Les Sutures". Ce
touche-à-tout participe aux percussions ou à la batterie, par exemple "Le Miroir aux Alouettes".
Autre particularité (décidément…), Lazuli ne comprend
pas de guitare basse. Donc la rythmique repose fortement sur la batterie et
donc sur la frappe à la fois chaloupée et puissante de Vincent. Sa technique irréprochable, les nuances qu'il sait porter
sur les toms, caisses, et cymbales font de lui une pièce maitresse pour
amplifier les rythmes si dansant de Lazuli. Tout cela ne l'empêche pas
d'ajouter ses chœurs ou d'inter-changer son pupitre avec Romain dont il prend
les percussions ("Le Miroir aux
Alouettes").
Cette quatrième occasion qui m'est donnée d'assister à
un concert de Lazuli présente la particularité de découvrir le nouveau
guitariste depuis le départ de Gédéric Byar. On n'oubliera jamais Ged ; le
remplacer n'est probablement pas une mince affaire, ni musicalement ni
humainement, mais Arnaud semble bien
intégré. Il assume son pupitre avec fougue et conviction, en démontrant sa
propre sensibilité, notamment sur des soli qui m'ont paru plus bluesy.
Bref, chacune de ces pierres constituent un bien bel
édifice ! D'ailleurs le public ne s'y est pas trompé ; il a logiquement chaviré
de bonheur devant tant de générosité et de bonne humeur, il chante, danse et
applaudit avec exaltation ! C'est comme un rituel désormais, une vraie complicité
est une nouvelle fois démontrée à l'occasion de "Les courants ascendants" dont l'air est repris longuement à
gorges déployées par des voix volontaires, les musiciens ne peuvent
qu'accompagner l'ensemble vocal.
Le mélomane exigeant et passionné par le répertoire de
l'artiste s'est encore (fatalement) senti frustré par l'absence de certains
titres. Mais si j'étais raisonnable je serais ravi de souligner que nous avons
eu la chance d'entendre dix-neuf invitations au voyage. Outre les neuf titres
issus de "Le Fantastique Envol de
Dieter Böhm" paru en 2020, la sélection a permis d'entendre notamment
trois titres issus de "Tant que
l’herbe est grasse" paru en 2014, trois titres issus de "Nos âmes saoules" paru en 2016, deux
titres issus de "4603 battements"
paru en 2011 et un seul titre issu du pourtant remarquable "Saison 8" paru en 2018. A cette nuance près que l'interprétation
de 15h40 est tirée de leur dernière parution en date "Dénudé".
Pour clore cette superbe prestation, Lazuli accorde au
public averti un autre rituel très attendu, les cinq musiciens entourent un marimba
sur lequel ils interprètent leur air favori "Neuf mains autour d'un marimba" suivi cette fois d'une allusion
à Police (au dernier Loreley ce fut un
hommage à Nick Mason qui les écoutait en coulisse !).
PROGRAMME
Les Chansons Sont Des Bouteilles À La Mer (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Dieter Böhm (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Un Visage Lunaire (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
L'envol (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
L'homme Volant (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Dans Les Mains De Dieter (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020).
Déraille (Tant que l’herbe est grasse, 2014)
Le Lierre (Nos âmes saoules, 2016)
15h40 (4603 battements, 2011, version Dénudé, 2021)
Les Sutures (Nos âmes saoules, 2016)
Homo Sapiens (Tant que l’herbe est grasse, 2014)
Les Courants Ascendants (Tant que l’herbe est grasse, 2014)
J'attends un Printemps (Saison 8, 2018).
Il est tard, nous sommes passés largement au
lendemain, il est temps de se quitter, plein d'étoiles dans la tête. On se
quitte en se donnant rendez-vous à la prochaine occasion prévue ; le Raismesfest !
LE JOUR D'APRES
(eh oui…)
Le lever du corps à une heure raisonnable, aussi regrettable
fut-il, était nécessaire pour se mettre sur la longue route prévue vers l'Aveyron.
D'autant plus qu'un détour dans les vignobles charentais s'imposait pour
dégoter le meilleur Pineau. Pourquoi relater ce parcours d'une banalité
affligeante ; quel rapport avec Lazuli ?
Bah justement, le Destin a prévu une autre surprise de
taille. Inattendue, extraordinaire, incroyable. Pourquoi nous sommes-nous
arrêtés aux alentours de midi justement sur cette aire de repos d'autoroute,
quelque part après Bordeaux ? Il y a des moments dans la vie où on se demande
si un ange gardien nous aide quelque part…
Toujours est-il qu'abrutis par la route une pose s'imposait
à ce moment-là. Nous suspendons l'écoute des albums de Lazuli qui était en
boucles depuis notre départ. Garé en épi au magasin de la station de
carburants, nous commencions à nous détendre et à discuter encore et toujours
de nos émotions vécues la veille. De notre passion pour Lazuli. Mais très
rapidement ma p'tite Fée ouvre de grands yeux incrédules en direction de ce qui
se passait derrière moi au niveau des pompes à essences …
Non ce n'était pas un hologramme, c'était bel et bien
Claude qui venait de sortir de leur bahut. Puis Romain, puis Vincent… Domi en
train de se charger de la logistique du véhicule utilitaire. Est-il utile de
préciser l'état du palpitant à cet instant ? Nous les saluons à distance,
chaleureusement mais assez respectueusement pour leur foutre la paix après les heures
agitées qu'ils viennent aussi de vivre. Mais sans doute avions nous sous-estimé
leur simplicité ; Claude s'approche volontiers et entame la conversation
suspendue la veille. Vincent, puis Romain, puis Domi font de même. Nous nous
trouvons ainsi en compagnie de nos idoles, à partager nos émotions plus
calmement qu'hier soir sous le kiosque.
Une bonne demi-heure durant, nous pouvons leur dire
toute notre admiration, régurgiter des questions que nous nous posions, sur
eux, leur goûts, leur musique. Mais c'est bien mieux qu'un entretien à sens unique
; ils s'intéressent à nous, à nos impressions. Bref, ce fut un véritable
échange qui accentue encore notre respect. Nous aurions bien prolongé ces
instants magiques, presque irréels, mais nous avions notre route et eux la
leur. Je précise que j'ai passé l'âge de jouer les "groupies", il
s'agissait juste d'un immense plaisir de pouvoir échanger simplement aves des
artistes. J'estime que ce genre de rencontre est de nature à nous rassurer sur
l'état de notre humanité par les temps qui courent…
Confiant dans l'avenir, nous nous saluons et nous
donnons rendez-vous pour le 11 septembre à l'occasion du Raismesfest. (Nous ne savions pas encore que cet
événement, aussi, devait être malheureusement annulé…)
Je reprends le volant, encore abasourdi par
l'événement extraordinaire que nous venions de vivre. Avec ma p'tite Fée nous
peinions à réaliser la chance inouïe que nous avons eu ! Sur tout le reste de
notre parcours, nous n'avons pas même songé à remettre la musique dans la
voiture, tellement nous étions totalement bouleversés. Il a bien fallu
reprendre nos esprits une fois arrivés à notre destination où il aurait été
vain de vouloir faire partager l'intensité de notre joie d'adulescents.
Magnifique retour ! Merci Patrice !
RépondreSupprimerMerci beaucoup Joël, ton avis me touche
SupprimerC'est toujours un régal d'écriture que de lire tes chroniques de concert, en particulier sur ce groupe dédaigné par les médias dont je suis absolument admiratif !
RépondreSupprimerJe te remercie beaucoup pour cette réaction. Mon partage vise à promouvoir nos artistes à la place de ceux qui devraient le faire...
SupprimerMerci merci pour ce magnifique texte et ces impressions emouvantes pour moi mais certainement pas moi seule .
RépondreSupprimerMerci L Ami de Lazuli
Nel
Ta satisfaction est la mienne 🙂
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