samedi 5 août 2017

ROCK AU CHATEAU FESTIVAL – LES 5 et 6 AOUT 2017 – CHATEAU DE VILLERSEXEL (70)


L'année dernière déjà je m'étais rendu coupable de ne pas faire le déplacement alors qu'au moins deux groupes (Pendragon et Special Providence) m'intéressaient vivement. L'affiche de cette année étant encore plus séduisante, je suis parvenu à mes fins. Malheureusement, ma p'tite Fée n'a pas pu m'accompagner. Il faut dire que cette année, le calendrier des festivals d'été est plus chargé que d'habitude.
Les organisateurs ont beaucoup de mérite et de pugnacité pour parvenir à faire venir des artistes et leur public dans un endroit relativement reculé (à quatre heures de Paris, par exemple). En conséquence, le public était peu nombreux mais motivé.
Mon hôtel est à moins d'une demi-heure du site (La Filature, Héricourt, 70) ; il est bien sympa et pas trop cher, la logistique de base est ainsi assurée.

SAMEDI 5 AOUT

Météo : éclaircies, avec un petit vent agréable venant modérer une température élevée (28°C).

De 18h à 19h : CHILDREN IN PARADISE. Dam Kat (chant, guitares), accompagnée de Gwalchmei (guitares), Frédéric Moreau (batterie) et de Loic Blejean (Cornemuse, flutes), continue la promotion de son 2ème album "Morrigan" paru le 29 Février 2016.

La bretonne est manifestement très inspirée par les très anciennes légendes celtiques. La musique et les paroles rendent hommage aux guerriers celtes et autres histoires apparentées.
Présenté par le festival comme "Fer de lance du néo prog français", CHILDREN IN PARADISE ne m'a cependant que partiellement convaincu. Les bandes sons de basse et de clavier pour combler les absences de musiciens auront sans doute contribué à ma perplexité.
Kat dispose d'une jolie voix et propose une vraie qualité d'écriture de de composition. Cette musique pourrait sans doute, à mon humble avis, produire une meilleure alchimie dans un cadre plus intime et entouré au moins d'un bassiste.
Son guitariste est remarquable, avec un jeu plus metal que prog à mon avis. Des gens bien informés m'indiquent que le précédent titulaire de ce poste n'était autre que Pat O'May. Comme le monde est petit ; c'est lui que j'aurai le plaisir de découvrir prochainement sur la scène du Crecendo !
En tout état de cause, cet apéritif breton fut de bon aloi !
Titres : Esyllt, …

De 19h30 à 20h30 : LIGHT DAMAGE. Ce groupe semble être basé au Luxembourg mais comprend également des musiciens belges et français. Nicholas-John Dewez (chant, guitare) est entouré de Stéphane Lecocq (Guitare), Frédérik Hardy (Basse), Sébastien Pérignon (Claviers) et Christophe Szczyrk (Batterie), mais aussi d'une mystérieuse et très jolie Astrid mentionnée nulle part et dont l'apport n'est pourtant pas négligeable. Cette place de strapontin mériterait mieux à mon sens …
Ils promeuvent un premier opus éponyme paru en 2014. Ils ne cachent pas leurs inspirations parmi lesquelles Marillion, mais sans plagiat excessif. Il faut dire que, depuis 2005 ce groupe s'est longtemps tenu à des reprises et que c'est avec leur premier album qu'ils commencent à se forger une personnalité. D'ailleurs, il sera suivi d'un deuxième dans quelques mois.
Ce groupe luxembourgeois me semble en tous cas très prometteur. Personnellement j'ai particulièrement apprécié le guitariste et le bassiste. Le chanteur un peu moins ; il chante plutôt juste mais il m'a semblé qu'il manque de coffre. Peut-être un effet de sonorisation (cette impression s'estompe à l'écoute du CD). En tout état de cause, outre leurs qualités de musiciens, ils sont très abordables, humbles et sympathiques encore dotés d'une fraicheur d'esprit très agréable à partager. La séance dédicace (de l'opus que j'ai acheté) fut l'occasion de s'en assurer !
Ce deuxième groupe est une bien belle révélation pour moi ; les anciens qui m'entourent m'assurent les avoir déjà vus au Crescendo et au ProgEnBeauce. Ils se forgent donc une solide expérience scénique avant, qui sait, de récolter une meilleure notoriété.
Titres : Empty – Touched - Shadow of the hierophant - …

De 21h à 22h : LAZULI. Depuis quelques années j'attendais ce moment de pouvoir assister à leur concert !!! La France se montrant trop peu réceptives à leur musique, ils jouissent en attendant d'un réel succès dans les autres pays qui ont la chance de les accueillir …
Dominique Leonetti (chant, guitare) et Claude Leonetti (Léode) tiennent la maison depuis 1998 mais ils sont entourés désormais de Gédéric Byar (guitare, depuis 2004), Romain Thorel (claviers, cor d'harmonie, depuis 2010) et de Vincent Barnavol (batterie, marimba, percussions, depuis 2010). Les albums se succèdent avec une richesse musicale et littéraire jamais démentie. Depuis 2016, le groupe promeut le superbe opus "Nos âmes saoules".
En 1986 pourtant, un accident de moto aurait pu stopper le destin du groupe ; Claude fut ainsi privé de son bras gauche (et donc de sa précieuse guitare). Mais, à force de ténacité et d'ingéniosité, une alternative inédite fut trouvée avec la création de la Léode, avec laquelle il produit désormais un son si typique du groupe maintenant !

Le concert fut à la hauteur de mes espoirs ; de l'énergie communicative, des mélodies enivrantes, une communication enthousiaste et sincère avec le public, bref tous les ingrédients d'une fête réussie ! Dominique n'hésite pas à se rendre dans le public pour entretenir l'enthousiasme.
Une brève panne de sonorisation est venu brièvement troubler la messe, mais fort heureusement la leur n'aura pas duré davantage que quelques secondes. (Gens de la Lune subira bien pire le lendemain !)

Les échanges sont d'autant plus intenses que le public français peut ENFIN partager les émotions EN FRANÇAIS. Qui plus est sur des textes intelligents et engagés. Les thèmes de sociétés, écologie et politique, sont abordés avec sincérité et pertinence. Personnellement j'adhérerais encore davantage si les textes dénonçaient tous les excès (politiques et religieux en particulier) mais leur liberté artistique ne peut pas satisfaire toutes les sensibilités du public, c'est évident ! Depuis mes années '80, durant lesquelles je récitais inlassablement les textes de Bonvoisin et autres Aubert, je n'avais plus retrouvé pareil intérêt !
De surcroit, ces personnages sont des êtres sympathiques, abordables avant, pendant et après le concert ! Ils semblent encore dotés de cet état d'esprit ouvert et heureux de partager leur passion ! Autoportraits, poignées de main, sourires ne peuvent que m'inciter à les soutenir ; ce que je fais en achetant leur DVD, qu'ils me dédicacent volontiers bien évidemment !
Bref, je suis conquis par les hommes et par leur musique. Reste à obtenir de plus fréquentes visites en France. Pour l'instant de rares prestations provinciales ponctuent leur parcours ; Paris attend depuis bien trop longtemps …
Titres : Le miroir aux alouettes - Le temps est à la rage - …

De 22h 30 à 0h15 : MAGMA. Voici la cinquième fois qu'il m'est permis d'assister à leur concert. En cette fin de longue journée, j'ai tardé à trouver la fameuse "Porte" si chère à mon guide dans cet univers particulier. Mais avec le déclic finit le plus souvent par intervenir avec ces maîtres des sons !
Les nombreux adeptes arborant fièrement le sigle de Magma ont quant à eux rapidement manifesté une grande satisfaction ; l'éclairage fut bien trop sombre mais la sonorisation fut juste excellente. Les différents pupitres furent audibles laissant ainsi libre court aux évasions des esprits venus s'enivrer de ces atmosphères !
Les longues et très techniques pièces mélangeant rock, jazz d'avant-garde et chants peuvent paraitre rébarbatives et hermétiques aux non-initiés (j'ai observé le public maigrir durant la prestation) mais la persévérance finit par payer et le rappel "Zombies" fut pour moi un vrai bonheur !
Christian Vander, vissé derrière sa batterie, semble imperturbablement guider cette formation dans un univers qu'il a créé de toutes pièces : le Zeuhl. Ses sept fidèles complices brillent de mille feux par leur talent respectif mais, comme d'habitude c'est encore le jeu hallucinant de Philippe Bussonnet qui focalise mon attention. Cette observation me rappelle que son départ d'Electric Epic (Guillaume Perret) est bien regrettable ; certes il est désormais présent dans Wax'in, mais la musique d'Electric Epic me semblait plus accessible.
Quoiqu'il en soit, après le rappel, le sauvage (ou timide, comme on voudra) Christian et son groupe quittent la scène sans attendre les compliments sans doute sincères de l'organisateur.

La foule se disperse pour aller se reposer avant la seconde journée qui s'annonce très intéressante également !


DIMANCHE 6 AOUT

Météo : Le soleil est beaucoup plus présent que la vielle, mais sans couverture nuageuse la fraicheur s'installe dès la tombée de la nuit.
Un public est moins nombreux que la veille, pourtant je discute avec des festivaliers qui n'arrivent qu'aujourd'hui ; il y a eu un brassage de population, semble-t-il !
Je passe l'après-midi à assister aux répétitions de quelques groupes ; avantage de ce genre de p'tit festoche où beaucoup de préparations restent accessibles ! L'occasion aussi de bavarder avec d'autres passionnés à la terrasse des cafés des alentours ! Ce sont mes vacances avant l'heure …


De 18h à 19h : LA FABBRICA DELL' ASSOLUTO. Pour présenter mon contexte, je dois préciser que je ne connais que depuis peu le rock italien : seul No-Sound avait attiré mon attention depuis 2007. Ce n'est qu'en 2015 que j'ai creusé un peu plus le sujet en découvrant PFM, Le Orme puis RanesTrane. Toujours séduit par le chant dans la langue maternelle, ces trois derniers groupes ont logiquement attiré mon attention. Voilà pour mon état d'esprit avant de découvrir ce nouveau groupe transalpin.
Claudio Cassio (chant), Daniele Sopranzi (chitarra), Daniele Fuligni (claviers), Marco Piloni (basse) et Michele Ricciardi (batterie) viennent de Rome. A la différence de leur compatriote RanesTrane qui s'inspire du cinéma, La Fabrica a développé en 2015 un album concept inspiré du roman "1984" de George Orwell, d'Orson Wells.
Musicalement, la musique est plutôt musclée, me paraissant plus proche du progmetal. J'apprécie de nombreux passages mais mon attention est surtout attirée par la prestation du clavier doté d'un matériel impressionnant. En revanche, le chanteur, hormis le charisme inné chez les italiens, ne m'a pas paru doté de qualités extraordinaires ; pas de timbre particulier. Il chante juste, ce qui est déjà bien, mais sans profondeur. Autre écueil, lié sans doute à la jeunesse du groupe, les compositions manquent de fluidité ; les pupitres exécutent leurs partitions, avec talent souvent, mais elles ne s'enchainent pas suffisamment pour enthousiasmer complétement l'auditoire.
Mais je veux bien croire qu'avec un bon entourage, il y aurait de quoi faire un bon groupe.
Titres : La canzone del castagno - …

De 19h30 à 20h30 : TRISTAN DECAMPS. Clavier au sein du légendaire groupe français Ange, Tristan Decamps a la chance d'être doté d'un organe vocal exceptionnel. Il aurait bien tort de négliger ce talent. Cependant, seul avec son clavier sur la scène du festival, il ne m'aura que partiellement intéressé.
Bien que réceptif au chant en général, j'ai en effet eu un peu de mal à accrocher à la prestation. C'est parfait sur le plan vocal. Il chante avec beaucoup d'émotion et invite son auditoire à un grand voyage dans un monde de poésies, parfois issu du répertoire d'Ange. Même de Michel Polnareff.
J'ai pu observer des larmes sur certaines joues mais pour ma part je confesse avoir souvent ressenti de l'ennui ; il faut croire que je n'étais pas disposé à entrer dans cet univers aujourd'hui.


De 21h à 22h : GENS DE LA LUNE. Créé en 2005 par Francis Décamps (clavier), et Jean Philippe Suzan (chant), le groupe s'est stabilisé en 2009 avec Damien Chopard (guitare), Mathieu Desbarats (basse) et Cédric Mells (batterie). Deux opus précèdent l'album concept Épitaphe (en hommage à Léon Deubel un poète natif de Belfort).
Groupe local, il était logique qu'il soit présent et dans les meilleures conditions sur la scène de Villersexel. Pourtant, alors que la sonorisation n'a pratiquement pas failli durant le festival, les malheureux affronteront quatre pannes qui auront finalement le dernier mot.
Concert écourté, donc ; vraiment très dommage, car à l'instar du public conquis, j'étais ravi de découvrir ce groupe français qui me parait très prometteur… avant que ce souci technique ne vienne tout gâcher après le troisième titre. Il semble bien que les claviers de Francis soient à l'origine des pannes.

Les compositions sont séduisantes et les musiciens ont malgré les ennuis techniques eut le temps de montrer leur talent.
Compréhensif, le public a redoublé ses acclamations de soutien. A mon humble avis, Gens de la Lune a gagné son ticket de retour pour l'année prochaine…Ce ne serait que justice.


Mais alors qu'ils quittent la scène, dépités, le public et les organisateurs s'inquiètent déjà de la technique pour accueillir les prestigieux et tant attendus suivants de l'affiche. En fait, tout se passera très bien.


De 22h30 à 0h20 : CARAVAN. Pye Hastings (guitare et chant depuis 1968), Geoffrey Richardson (violon, guitare et flutes depuis 1972), Jan Schelhaas (claviers depuis 1975), Jim Leverton (basse depuis 1995) et le dynamique Mark Walker (batterie et percussion depuis 2010, il a définitivement remplacé de co-fondateur Richard Coughlan, mort d'une pneumonie en 2013).
D'autres cofondateurs, Richard Sinclair (basse et chant entre 1968 et 1992) et Dave Sinclair (clavier de 1968 à 2002) errent malheureusement, d'après ce que j'en sais, sous d'autres cieux. Par principe autant que pour leur talent, on serait en droit de regretter leur absence. Mais honnêtement, de mon modeste point de vue, se serait faire offense à leurs remplaçants qui assurent parfaitement leur rôle… et tant pis, donc, pour la légende … De toutes façons c'est bien connu ; "les absents ont toujours tort".

Ainsi donc, pour clôturer cette édition 2017, le festival nous suggère ce groupe mythique, prestigieux pilier du rock de Canterburry ! A l'instar de l'annonceur je peux confirmer que CARAVAN "c'est l'assurance de vivre un moment unique où qualité, émotion, virtuosité seront au rendez-vous !" Pour parfaire le contact avec le public conscient du privilège, Geoffrey Richardson ne se contente pas d'être le virtuose du violon ; il parle assez bien français et a ainsi constamment essayé d'expliquer les chansons et d'échanger avec le public.
"In the Land of Grey and Pink" puis "Golf Girl" chantés en rappel auraient pu être mes seules sources de satisfaction du concert, mais en fait, toute la prestation fut un enchainement de plaisirs sans pause ! Des titres de longues durées développent de délicieuses atmosphères alternant les rythmes aux limites du jazz, du rock et du blues, voire de la funk, bref, à l'essence même du rock progressif !
Contrairement à mes craintes, l'absence des Sinclair n'a pas altéré l'interprétation des titres car en gardien du temple, Pye (70 ans) veille au grain : tous ont un talent convaincant qu'ils mettent au service d'une légende encore vivante. Il suffisait de prendre connaissance du pedigree des musiciens pour se rassurer ! Jan Schelhaas (69 ans !) : ex-Thin Lizzy puis Camel ! Jim Leverton (70 ans !) : ex Jimi Hendrix et Rory Gallagher notamment !
La musique entendue ce soir est une évolution qui ne renie rien des origines du rock progressif que Caravan a largement contribué à promouvoir dans les années 70.

Voilà le festival se clôt donc sur une prestation historique.


Fatigué mais la tête pleine de bons souvenirs, je me lance vers les quatre heures de routes qui me séparent de Paris…

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