vendredi 3 juin 2022

MOSTLY AUTUMN – Spirit of 66 (Verviers, Belgique) – vendredi 3 juin 2022

LE SITE

Relativement éloignée de Paris (environ 400km/4heures de routes), sise dans la province belge de Liège, place du Martyr, 16 à Verviers (4800), cette salle attirait mon attention depuis quelques années déjà, souvent inscrite dans les programmes de tournées de mes artistes favoris. La ville est arrosée par la Vesdre, ce dont ce serait bien passé le Spirit of 66 en juillet 2021, lorsque des inondations monstrueuses ont tout dévasté. J'ai bien cru alors que mon objectif tomberait aux oubliettes ...

Une petite recherche historique m'apprend que depuis juin 1995, cet emplacement d'un ancien cinéma a dans un premier temps cherché sa vocation, d'abord simple salle de spectacles locaux. Petit à petit, grâce à Francis Geron, son rayonnement déborde largement de la région de Liège.

Le Spirit of 66, dont la décoration se réfère logiquement à la célèbre route américaine, organise entre 15 et 20 concerts par mois, ce qui fait de cette salle une des plus actives de Belgique. D'une capacité d'accueil de 350 personnes, elle peut légitimement s'enorgueillir d'avoir accueilli de nombreux artistes, tels que Camel, Caravan, Glenn Hughes, Uli Jon Roth, Uriah Heep, Porcupine Tree, Saga, Status Quo, Steve Hackett, Steve Howe, Ten Years After, Tony Levin, …

Il m'aura fallu attendre ce concert pour enfin mettre les pieds dans ce lieu devenu mythique ! L'extérieur ne paie vraiment pas de mine ; la façade ferait davantage penser à ce qu'il était à l'origine ; un p'tit cinéma de quartier aujourd'hui délabré…  Mais en s'approchant, on tombe sur les affiches de programmation avec envie et admiration. Une fois à l'intérieur nous tombons sous le charme. Le bar est magnifique, la salle est fort bien agencée surplombée d'une mezzanine accessible par un escalier latéral, en bois. A l'image de la taille de l'auditorium, la scène n'est pas bien grande mais sa profondeur permettra quand même d'accueillir les sept musiciens sans inconfort !

LE GROUPE

MOSTLY AUTUMN, originaire de York, (North Yorkshire) s'est formé au milieu des années 1990, alors que ses membres fondateurs reprenaient principalement des titres de Pink Floyd. Au fil du temps et des changements d'effectifs, leur musique s'est forgé une identité, semblant fusionner Pink Floyd et Fleetwood Mac, mêlant avec brio des thèmes folkloriques traditionnels celtiques, du rock puissant et mélodique.

Parmi les cofondateurs du groupe demeurent Bryan Josh (chant et guitares), et Iain Jennings (claviers). Ils sont désormais entourés d' Olivia Sparnenn (chant, percussions, flûtes à bec, depuis 2004), Angela Gordon (flûtes, claviers, flûtes à bec, sifflets, percussions, chœurs, 1999-2007, et depuis 2015), Chris Johnson (guitares rythmiques et acoustiques, claviers, chant, 2006-2007, et depuis 2014), Andy Smith (basse, depuis 2000) et de Henry Rogers (batterie, depuis 2018).

Depuis 1998, MOSTLY AUTUMN a produit quatorze albums, le dernier étant le superbe "Graveyard Star" paru le 24 septembre 2021.

Et pourtant, j'ai tardé à connaître leur talent. Je voyais leur nom apparaitre plus souvent qu'à leur tour dans les débats de mes amis mélomanes sur les réseaux sociaux. Impardonnable, en octobre 2018, je n'étais pas allé à la sixième édition du festival prog en Beauce … Bref, il aura fallu toute la bienveillante insistance de Pascal (Il se reconnaitra ; merci !) pour que je tombe enfin sous le charme avant de me décider de partir à l'Aventure, avec ma P'tite Fée elle aussi séduite !

LE CONCERT

Nous parvenons sans difficulté à nous positionner au premier rang, toujours confronté au même dilemme entre cette place de choix pour observer les musiciens de près, et une place à proximité de la console de sons qui garantirait une acoustique idéale… Mais bon, nous sommes en phase découverte et nous restons en compagnie de nos amis pour partager nos émotions au plus près de l'action !

MOSTLY AUTUMN [20h30-21h30 – 21h53 -- 23h14].

La sonorisation s'avère satisfaisante, en dépit de notre (relative) proximité avec la batterie ; la voix d'Olivia peine à être perceptible au début de la prestation mais cette impression s'estompera heureusement au fil du concert. A l'instar de chaque pupitre, d'ailleurs ; Un pur régal auditif à la hauteur de leur exigence portée sur la qualité de leurs harmonies.

L'éclairage n'est pas bien riche mais suffit cependant à mettre en valeur les artistes dans les atmosphères requises. Suffisant en tous cas pour assurer de beaux clichés aux chasseurs d'images. Pas d'écran, ni de fond de scène ; The Spirit of 66 s'inscrit fièrement sur le mur.

J'hésite à me lancer dans une description de leur prestation, comme souvent lorsqu'il s'agit d'évoquer une telle densité d'atmosphères exprimées avec tant de talent. Comme toujours, rien ne vaut le vécu ; mon modeste récit ne peut que soutenir la mémoire de ceux qui l'auront vécu réellement, mais j'ambitionne qu'il donne envie aux curieux d'en savoir davantage sur ces anglais. Car leur faible notoriété à ce stade de leur existence est tout simplement scandaleuse.

Dès l'entrainant titre d'introduction (Tomorrow Dies), l'auditeur comprend que la voix d' Olivia Sparnenn tient une place prépondérante dans la sidération pour la musique du groupe. Quel timbre magnifique ! Quelle éloquence dans l'expression du chant, dans les nuances et vibratos émouvants !! Une puissance vocale maitrisée à merveille qui me surprend au regard de la femme que je n'imaginais pas aussi fine et frêle avant de l'avoir devant mes yeux. Sa beauté naturelle est pourtant peu mise en valeur ; sa séduction dépasse largement l'esthétique. Sa voix somptueuse ne faiblira jamais durant les deux heures vingt du concert. Il faut préciser qu'elle est admirablement suppléée par les voix d' Angela Gordon, de Bryan Josh et de Chris Johnson, qui interviennent alternativement ou en duo, ou ensemble. Pour moi qui attache une importance particulière aux voix, je suis aux anges !


Nous percevons dans la foulée toute la cohérence harmonique des sept musiciens, l'apport de chaque pupitre est savamment dosé sous l'autorité vigilante d' Iain Jennings qui semble surveiller chaque intervention d'un regard et d'une oreille implacable. Chaque musiciens aura suscité mon admiration à tour de rôles ; même le bassiste et le batteur à qui incombent le rôle ingrat mais essentiel d'assurer les rythmes tantôt chaloupés tantôt magiquement délicats. Angela Gordon, outre son soutien vocal, démontre également un admirable talent aux flutes (traversière, à bec, …) et aux claviers additionnels. Pieds nus, elle sort fréquemment de son retrait en fond de scène pour mettre légitimement en valeur ses interventions. Bien sûr, je ne peux pas minorer les splendides soli de Bryan Josh dont la sensibilité rappelle immanquablement celle de nos héros favoris tels que David Gilmour, Andy Latimer, Steve Rothery, Nick Barrett. Je ne peux minorer davantage le pupitre rythmique de Chris Johnson qui, outre ses interventions délicatement chantées, alterne sa guitare sèche (dont le coffre est troué par l'usure du passage énergique de son médiator !) et sa guitare électrique pour accompagner efficacement les titres. Ce personnage m'a particulièrement touché par la sensibilité exprimée dans son chant ; jamais exubérant mais toujours juste et essentiel.

Je pourrais décrire chaque titre et chaque musicien mais je crains de pouvoir communiquer toute l'émotion et l'admiration que suscitent ces maudits anglais, qui décidément maitrisent franchement notre art musical favori. Leur sens des harmonies font d'eux réellement les maîtres du rock progressif en général et, en l'occurrence, du néo-prog, quoiqu'il soit bien difficile de caser MOSTLY AUTUMN dans un style particulier. Car leur rayonnement déborde sur des horizons folkloriques, souvent celtiques, parfois à la limite de la country (Skin of Mankind). Leur musique produit d'infinies combinaisons de motifs auditifs qui emmènent l'auditeur dans des voyages étourdissants !

Bien évidement dans une telle vague d'émotions, la réaction du public ne peut qu'être enthousiaste. Les acclamations semblent toucher les artistes, nous sommes en communion. Plutôt modestes, ils ne saluent pas particulièrement le public en quittant la scène. Nous aurions sans doute pu leur accorder une longue ovation s'ils étaient restés un peu devant nous pour partager cet instant de bonheur. Mais bon, cette modestie est à leur honneur.

Vingt et un titres, dont cinq (sur les douze) du dernier opus "Graveyard Star" (2021), trois de issus de "White Rainbow" (2019), quatre issus de "Sight of Day" (2017), trois issus de leur superbe premier opus "For All We Shared..." (1998), deux issus de "Heart Full of Sky" (2006), un titre issu de "Passengers" (2003), un titre issu de "The Last Bright Light", un titre issu de "The Spirit of Autumn Past" (1999) et une reprise issu de l'album de Josh & Co. Limited "Transylvania - Part 1 - The Count Demands It "(2016).

PROGRAMME
 
ACTE 1:
Tomorrow Dies (Sight of Day, 2017)
Spirit of Mankind (Graveyard Star, 2021)
The Spirit of Autumn Past, Part 2 (The Spirit of Autumn Past, 1999)
The Last Climb (For All We Shared…, 1998)
Gaze (Heart Full of Sky, 2006)
This Endless War (Graveyard Star, 2021)
Back in These Arms (Graveyard Star, 2021)
Passengers (Passengers, 2003)
Mother Nature (The Last Bright Light, 2001)
ACTE 2:
In for the Bite (reprise de Josh & Co. Limited) (Transylvania - Part 1 - The Count Demands It, 2016)
Into the Stars (White Rainbow, 2019)
Western Skies (White Rainbow, 2019)
Skin of Mankind (Graveyard Star, 2021)
Nowhere to Hide (Close My Eyes) (For All We Shared…, 1998)
Changing Lives (Sight of Day, 2017)   Chris Johnson
Silver Glass (Heart Full of Sky, 2006)
Heart, Body and Soul (Sight of Day, 2017)
White Rainbow (White Rainbow, 2019)
RAPPEL :
The Harder That You Hurt (Graveyard Star, 2021)
Heroes Never Die (For All We Shared…, 1998)
Forever and Beyond (Sight of Day, 2017).

A leur échoppe je demande au vendeur si, à tout hasard, il ne disposerait pas d'un exemplaire de l'édition limitée de "Graveyard Star" que je n'avais pas su saisir avant son épuisement sur leur site. Il se penche sur moi, pour me chuchoter qu'il lui en resterait bien un exemplaire … il se retourne et me ressort une enveloppe contenant le précieux reliquat !!! Dans la série "qui ne demande rien, n'a rien …", voilà une regrettable lacune comblée pour 30 € (oui, quand même mais bon …) ! J'acquiers également l'avant dernier opus "White Rainbow" pour 15 €. Je m'abstiens de prendre le t-shirt qui ne montre malheureusement pas les dates de cette tournée.

Muni de l'objet convoité, je me suis mis en quête des musiciens pour leur faire dédicacer. Exercice auquel ils se sont volontiers prêtés après une petite attente après le concert. Adorables, tous sont venus discuter avec leurs admirateurs, excepté Bryan Josh qui a fait savoir qu'il se sentait souffrant (ce que personne n'avait remarqué durant la soirée). Tous furent affables et souriants, y compris Olivia, qui m'accorda un portrait avec ma  P'tite Fée. Angela, qui m'a semblée particulièrement simple et gentille, se chargea même de porter mon livret à Bryan pour lui faire dédicacer en arrière scène. J'ai pu vérifier l'amabilité de Chris en lui faisant part de mon intrique pour l'état de sa guitare !

Bref, le lecteur de ce p'tit récit l'aura compris, ces gens-là m'ont séduit, définitivement !

Une si belle soirée en ce royaume de Belgique ne pouvait pas s'arrêter là ; nous tombons dans une embuscade improbable ; "Le Chapuis", bistrot jouxtant la salle et tenu par un très exubérant Salah. Tel un Marius tunisien tout droit sorti d'un Pagnol, nous a retenus jusque bien au-delà de l'heure légale de fermeture ! Assis en terrasse par cette belle soirée printanière, nous (ma p'tite Fée, Marc et Michel) avons commencé à la bière avant de finir au rhum sorti d'on ne sait où ! La convivialité du monsieur finissait même par attirer tous les bois-sans-soif des environs, frustrés par les autres fermetures… Lorsque nous sommes rentrés à notre point de chute, l'hôtel des Ardennes il était plus de trois heures du matin… Le lever du corps sera pénible. C'est aussi cela, la Belgique !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire