LE SITE
Relativement éloignée de Paris (environ 400km/4heures
de routes), sise dans la province belge de Liège, place du Martyr, 16 à Verviers
(4800), cette salle attirait mon attention depuis quelques années déjà, souvent
inscrite dans les programmes de tournées de mes artistes favoris. La ville est
arrosée par la Vesdre, ce dont ce serait bien passé le Spirit of 66 en juillet
2021, lorsque des inondations monstrueuses ont tout dévasté. J'ai bien cru alors
que mon objectif tomberait aux oubliettes ...
Une petite recherche historique m'apprend que depuis
juin 1995, cet emplacement d'un ancien cinéma a dans un premier temps cherché
sa vocation, d'abord simple salle de spectacles locaux. Petit à petit, grâce à Francis
Geron, son rayonnement déborde largement de la région de Liège.
Le Spirit of 66, dont la décoration se réfère
logiquement à la célèbre route américaine, organise
entre 15 et 20 concerts par mois, ce qui fait de cette salle une des plus
actives de Belgique. D'une capacité
d'accueil de 350 personnes, elle peut légitimement s'enorgueillir d'avoir
accueilli de nombreux artistes, tels que Camel, Caravan, Glenn Hughes, Uli Jon
Roth, Uriah Heep, Porcupine Tree, Saga, Status Quo, Steve Hackett, Steve Howe, Ten
Years After, Tony Levin, …
Il m'aura fallu attendre ce concert pour enfin mettre
les pieds dans ce lieu devenu mythique ! L'extérieur ne paie vraiment pas de
mine ; la façade ferait davantage penser à ce qu'il était à l'origine ; un
p'tit cinéma de quartier aujourd'hui délabré… Mais en s'approchant, on tombe sur les
affiches de programmation avec envie et admiration. Une fois à l'intérieur nous
tombons sous le charme. Le bar est magnifique, la salle est fort bien agencée surplombée
d'une mezzanine accessible par un escalier latéral, en bois. A l'image de la
taille de l'auditorium, la scène n'est pas bien grande mais sa profondeur
permettra quand même d'accueillir les sept musiciens sans inconfort !
LE GROUPE
MOSTLY AUTUMN, originaire
de York, (North Yorkshire) s'est formé au milieu des années 1990, alors que ses
membres fondateurs reprenaient principalement des titres de Pink Floyd. Au fil
du temps et des changements d'effectifs, leur musique s'est forgé une identité,
semblant fusionner Pink Floyd et Fleetwood Mac, mêlant avec brio des thèmes
folkloriques traditionnels celtiques, du rock puissant et mélodique.
Parmi les cofondateurs du groupe demeurent Bryan Josh (chant et guitares), et Iain Jennings (claviers). Ils sont désormais
entourés d' Olivia Sparnenn (chant,
percussions, flûtes à bec, depuis 2004), Angela Gordon (flûtes, claviers, flûtes à bec, sifflets, percussions,
chœurs, 1999-2007, et depuis 2015), Chris Johnson
(guitares rythmiques et acoustiques, claviers, chant, 2006-2007, et depuis 2014),
Andy Smith (basse, depuis 2000) et
de Henry Rogers (batterie, depuis
2018).
Depuis 1998, MOSTLY AUTUMN a produit quatorze albums,
le dernier étant le superbe "Graveyard
Star" paru le 24 septembre 2021.
Et pourtant, j'ai tardé à connaître leur talent. Je
voyais leur nom apparaitre plus souvent qu'à leur tour dans les débats de mes
amis mélomanes sur les réseaux sociaux. Impardonnable, en octobre 2018, je
n'étais pas allé à la sixième édition du festival prog en Beauce … Bref, il
aura fallu toute la bienveillante insistance de Pascal (Il se reconnaitra ; merci !) pour que je tombe enfin sous le charme
avant de me décider de partir à l'Aventure, avec ma P'tite Fée elle aussi
séduite !
LE CONCERT
Nous parvenons sans difficulté à nous positionner au
premier rang, toujours confronté au même dilemme entre cette place de choix
pour observer les musiciens de près, et une place à proximité de la console de
sons qui garantirait une acoustique idéale… Mais bon, nous sommes en phase
découverte et nous restons en compagnie de nos amis pour partager nos émotions
au plus près de l'action !
MOSTLY AUTUMN [20h30-21h30 – 21h53
-- 23h14].
La sonorisation s'avère satisfaisante, en dépit de
notre (relative) proximité avec la batterie ; la voix d'Olivia peine à être
perceptible au début de la prestation mais cette impression s'estompera heureusement
au fil du concert. A l'instar de chaque pupitre, d'ailleurs ; Un pur régal
auditif à la hauteur de leur exigence portée sur la qualité de leurs harmonies.
L'éclairage n'est pas bien riche mais suffit cependant
à mettre en valeur les artistes dans les atmosphères requises. Suffisant en
tous cas pour assurer de beaux clichés aux chasseurs d'images. Pas d'écran, ni de
fond de scène ; The Spirit of 66 s'inscrit fièrement sur le mur.
J'hésite à me lancer dans une description de leur
prestation, comme souvent lorsqu'il s'agit d'évoquer une telle densité
d'atmosphères exprimées avec tant de talent. Comme toujours, rien ne vaut le
vécu ; mon modeste récit ne peut que soutenir la mémoire de ceux qui l'auront
vécu réellement, mais j'ambitionne qu'il donne envie aux curieux d'en savoir
davantage sur ces anglais. Car leur faible notoriété à ce stade de leur
existence est tout simplement scandaleuse.
Dès l'entrainant titre d'introduction (Tomorrow Dies), l'auditeur comprend que la voix d' Olivia Sparnenn tient une place prépondérante dans la sidération pour la musique du groupe. Quel timbre magnifique ! Quelle éloquence dans l'expression du chant, dans les nuances et vibratos émouvants !! Une puissance vocale maitrisée à merveille qui me surprend au regard de la femme que je n'imaginais pas aussi fine et frêle avant de l'avoir devant mes yeux. Sa beauté naturelle est pourtant peu mise en valeur ; sa séduction dépasse largement l'esthétique. Sa voix somptueuse ne faiblira jamais durant les deux heures vingt du concert. Il faut préciser qu'elle est admirablement suppléée par les voix d' Angela Gordon, de Bryan Josh et de Chris Johnson, qui interviennent alternativement ou en duo, ou ensemble. Pour moi qui attache une importance particulière aux voix, je suis aux anges !
Nous percevons dans la foulée toute la cohérence
harmonique des sept musiciens, l'apport de chaque pupitre est savamment dosé
sous l'autorité vigilante d' Iain Jennings qui semble surveiller chaque
intervention d'un regard et d'une oreille implacable. Chaque musiciens aura
suscité mon admiration à tour de rôles ; même le bassiste et le batteur à qui
incombent le rôle ingrat mais essentiel d'assurer les rythmes tantôt chaloupés tantôt
magiquement délicats. Angela Gordon, outre son soutien vocal,
démontre également un admirable talent aux flutes (traversière, à bec, …) et aux
claviers additionnels. Pieds nus, elle sort fréquemment de son retrait en fond
de scène pour mettre légitimement en valeur ses interventions. Bien sûr, je ne peux
pas minorer les splendides soli de Bryan Josh
dont la sensibilité rappelle immanquablement celle de nos héros favoris tels
que David Gilmour, Andy Latimer, Steve Rothery, Nick Barrett. Je ne peux
minorer davantage le pupitre rythmique de Chris Johnson qui, outre ses interventions délicatement chantées, alterne
sa guitare sèche (dont le coffre est
troué par l'usure du passage énergique de son médiator !) et sa guitare électrique
pour accompagner efficacement les titres. Ce personnage m'a particulièrement
touché par la sensibilité exprimée dans son chant ; jamais exubérant mais
toujours juste et essentiel.
Je pourrais décrire chaque titre et chaque musicien
mais je crains de pouvoir communiquer toute l'émotion et l'admiration que
suscitent ces maudits anglais, qui décidément maitrisent franchement notre art
musical favori. Leur sens des harmonies font d'eux réellement les maîtres du
rock progressif en général et, en l'occurrence, du néo-prog, quoiqu'il soit
bien difficile de caser MOSTLY AUTUMN dans un style particulier. Car leur rayonnement
déborde sur des horizons folkloriques, souvent celtiques, parfois à la limite
de la country (Skin of Mankind). Leur
musique produit d'infinies combinaisons de motifs auditifs qui emmènent
l'auditeur dans des voyages étourdissants !
Bien évidement dans une telle vague d'émotions, la réaction du public ne peut qu'être enthousiaste. Les acclamations semblent toucher les artistes, nous sommes en communion. Plutôt modestes, ils ne saluent pas particulièrement le public en quittant la scène. Nous aurions sans doute pu leur accorder une longue ovation s'ils étaient restés un peu devant nous pour partager cet instant de bonheur. Mais bon, cette modestie est à leur honneur.
Vingt et un titres, dont cinq (sur les douze) du dernier opus "Graveyard Star" (2021), trois de issus de "White Rainbow" (2019), quatre issus de "Sight of Day" (2017), trois issus de leur superbe premier opus "For All We Shared..." (1998), deux issus de "Heart Full of Sky" (2006), un titre issu de "Passengers" (2003), un titre issu de "The Last Bright Light", un titre issu de "The Spirit of Autumn Past" (1999) et une reprise issu de l'album de Josh & Co. Limited "Transylvania - Part 1 - The Count Demands It "(2016).
PROGRAMME
ACTE 1:
Tomorrow Dies (Sight of Day, 2017)
Spirit of Mankind (Graveyard Star,
2021)
The Spirit of Autumn Past, Part 2 (The
Spirit of Autumn Past, 1999)
The Last Climb (For All We
Shared…, 1998)
Gaze (Heart Full of Sky, 2006)
This Endless War (Graveyard Star, 2021)
Back in These Arms (Graveyard
Star, 2021)
Passengers (Passengers, 2003)
Mother Nature (The Last Bright
Light, 2001)
ACTE
2:
In for the Bite (reprise de Josh & Co. Limited) (Transylvania - Part 1 - The Count Demands
It, 2016)
Into the Stars (White Rainbow, 2019)
Western Skies (White Rainbow, 2019)
Skin of Mankind (Graveyard Star, 2021)
Nowhere to Hide (Close My Eyes) (For
All We Shared…, 1998)
Changing Lives (Sight of Day, 2017) Chris Johnson
Silver Glass (Heart Full of Sky, 2006)
Heart, Body and Soul (Sight of
Day, 2017)
White Rainbow (White Rainbow, 2019)
RAPPEL
:
The Harder That You Hurt (Graveyard
Star, 2021)
Heroes Never Die (For All We
Shared…, 1998)
Forever and Beyond (Sight of Day, 2017).
A leur échoppe je demande au vendeur si, à tout hasard,
il ne disposerait pas d'un exemplaire de l'édition limitée de "Graveyard Star" que je n'avais pas
su saisir avant son épuisement sur leur site. Il se penche sur moi, pour me
chuchoter qu'il lui en resterait bien un exemplaire … il se retourne et me
ressort une enveloppe contenant le précieux reliquat !!! Dans la série "qui ne demande rien, n'a rien …",
voilà une regrettable lacune comblée pour 30 € (oui, quand même mais bon …) ! J'acquiers également l'avant dernier
opus "White Rainbow" pour
15 €. Je m'abstiens de prendre le t-shirt qui ne montre malheureusement pas les
dates de cette tournée.
Muni de l'objet convoité, je me suis mis en quête des
musiciens pour leur faire dédicacer. Exercice auquel ils se sont volontiers
prêtés après une petite attente après le concert. Adorables, tous sont venus
discuter avec leurs admirateurs, excepté Bryan Josh qui a fait savoir qu'il se sentait souffrant (ce que personne n'avait remarqué durant la
soirée). Tous furent affables et souriants, y compris Olivia, qui m'accorda un portrait avec ma P'tite Fée. Angela, qui m'a semblée particulièrement simple et gentille, se
chargea même de porter mon livret à Bryan pour lui faire dédicacer en arrière
scène. J'ai pu vérifier l'amabilité de Chris
en lui faisant part de mon intrique pour l'état de sa guitare !
Bref, le lecteur de ce p'tit récit l'aura compris, ces
gens-là m'ont séduit, définitivement !
Une si belle soirée en ce royaume de Belgique ne pouvait pas s'arrêter là ; nous tombons dans une embuscade improbable ; "Le Chapuis", bistrot jouxtant la salle et tenu par un très exubérant Salah. Tel un Marius tunisien tout droit sorti d'un Pagnol, nous a retenus jusque bien au-delà de l'heure légale de fermeture ! Assis en terrasse par cette belle soirée printanière, nous (ma p'tite Fée, Marc et Michel) avons commencé à la bière avant de finir au rhum sorti d'on ne sait où ! La convivialité du monsieur finissait même par attirer tous les bois-sans-soif des environs, frustrés par les autres fermetures… Lorsque nous sommes rentrés à notre point de chute, l'hôtel des Ardennes il était plus de trois heures du matin… Le lever du corps sera pénible. C'est aussi cela, la Belgique !
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