lundi 9 décembre 2019

MARILLION – Salle Pleyel (Paris 08) – 09/12/2019.


Ces cinq musiciens font partie de ceux que j'admire au-delà de leur discographie ; leur attitude, leur conception des rapports avec leur public font de Marillion un cas à part. Beaucoup d'autres artistes m'incitent à être vigilant sur leurs tournées, mais celles de Marillion constituent une priorité d'autant plus aisée à respecter qu'ils ne manquent jamais de rendre visite à notre pauvre France (je parle de culture musicale).
Le 10 décembre 2018 en me procurant les tickets je n'imaginais pas les complications à subir en matière de transports pour s'y rendre. Par bonheur, nous avions exceptionnellement opté pour des places assises (en carré or, une fois n'est pas coutume), et puisqu'il s'agit de la salle Pleyel, l'accès est facilité par la ligne de métro M1 désormais automatisé. Les planètes étaient ainsi alignées pour nous faire passer une excellente soirée. Y'avait plus qu'à…

Harry PANE [20h00-XXh00].
Il était déjà invité le dimanche 26 mars 2017 lors de la sixième convention Marillion à Port-Zeland. J'avais ainsi eu l'occasion d'assister à une prestation de ce musicien qui propose, seul sur scène, des titres plus ou moins captivants. A l'époque, Je concluais mon récit par un laconique "il ne nous laissera pas un souvenir impérissable".
Marillion s'obstine, Dieu sait pourquoi, à nous l'imposer… J'ai pourtant tenté de trouver une justification récente à cette nouvelle invitation ; en vain. D'ailleurs, parmi les cinq titres inscrits à son programme ce soir, dont trois avaient déjà interprétés en 2017 ! Mais bon, installons nous et patientons, ce sera toujours mieux qu'une mauvaise soupe radiophonique.
Dans cet écrin qu'est la salle Pleyel, sa seule guitare n'a pas eu de mal à être parfaitement perçue par l'auditoire. La sonorisation me parut même un peu puissante pour ce type de prestation, mais bon, il fallait bien occuper l'espace sonore et ce fut fait.
Pas de jeu de lumières particulier et pas de fond de scène, l'artiste s'exprime dans la sobriété.
Que dire de ce brave garçon ? En fait, ce qu'il joue n'est pas mauvais, c'est juste banal. Je me demandais si je lui aurais glissé la pièce en passant devant lui dans un couloir du métro. Ben non, même pas. Je pense que j'aurais juste passé mon chemin… C'est triste mais vrai.
Cinq titres dont "Big Love", une reprise de Fleetwood Mac. Personnellement, j'ai particulièrement apprécié le dernier titre "Mamma", non pas parce qu'il précéda son départ mais parce qu'enfin la musique bluesy me parla davantage.
PROGRAMME
Hiding Place
Big Love (reprise de Fleetwood Mac déjà jouée en 2017)
Fletcher Bay (déjà joué en 2017)
Beautiful Life
Mamma (déjà joué en 2017)
Une soirée comme celle-ci aurait mérité une autre introduction, mais le public de Marillion reste toujours aussi bienveillant, et applaudit poliment l'artiste. On dit "jamais deux sans trois !"? bof…

MARILLION [21h00-23h00]
A la terrasse du café jouxtant la salle Pleyel, alors que nous discutions autour d'une savoureuse Grimbergen avec un autre consommateur, nous nous aperçûmes de nouveau à quel point Marillion était hélas trop méconnu. En communiquant au sein de notre microcosme, on aurait trop tendance à oublier ce fait consternant. Les noms de Steve Rothery (guitares, depuis 1979), Pete Trewavas (basse, depuis 1981), Mark Kelly (claviers, depuis 1981), Ian Mosley (batterie, depuis 1984) et Steve Hogarth (chant, depuis 1988) sont autant d'inconnus pour ce que nos chers médias appellent "le grand public". Pourtant, alors que je ne les vois ce soir que pour la quatorzième fois, les admirateurs les plus fidèles les suivent maintenant depuis près de quarante années…
Lors de la sixième convention Marillion de Port-Zeland, un quatuor composé uniquement de cordes avait déjà enthousiasmé le public. Il s'agit d'un ensemble bruxellois appelé "IN PRAISE OF FOLLY STRING QUARTET", il est (à ce jour) composé de trois violonistes Margaret Hermant, Maia Frankowski, Nicole Miller, et d'une violoncelliste Annemie Osborne. Six mois plus tard, le 7 octobre 2017, à l'occasion du concert au Zénith, nous découvrions le quatuor complété par le corniste Sam Morris et la flûtiste Emma Halnan. C'est cette formation que nous retrouvons aujourd'hui.
Car cette expérience s'est révélée assez séduisante pour justifier une adaptation orchestrale de quelques titres qui ont été regroupés dans un album en studio. C'est ainsi qu'est paru "With Friends From The Orchestra", le 29 novembre 2019. Il aurait été regrettable de ne pas décliner une telle initiative par une tournée adéquate. Les moyens matériels et humains ont manifestement été réunis pour huit dates européennes dont deux en France, ce qui représente une proportion inhabituelle, preuve de la reconnaissance de MARILLION pour son fidèle public français !
Dans ce somptueux et véritable auditorium, il était impératif que l'ingénieur du son se montre à la hauteur des circonstances ; or, de mon point d'écoute, la sonorisation m'a semblé tout simplement parfaite. D'une amplitude confortable, pour profiter de tous les pupitres, en particulier celui de Steve Rothery dont la guitare à émis ses merveilles habituelles. D'une limpidité cruelle, dénonçant parfois quelques légères imperfections vocales de H. Un auditoire d'environ 2500 mélomanes aura ainsi pu s'émouvoir durant deux heures.
L'éclairage est lumineux et coloré mais pas extravagant, on peut comprendre que le budget visait d'autres priorités. Le fond de scène est occupé par un écran sur lequel sont diffusées les illustrations (films ou images fixes) des chansons.
Etonnement, cette fois Steve Rothery est revenu se placer à la droite de la scène (vu du public), au-dessous donc de Marc Kelly. La section rythmique est ainsi regroupée sur la gauche, avec Pete qui est surplombé par la batterie de Ian Mosley. Quant à H, il occupe toujours le centre (quand il n'est pas parti fanfaronner à un autre bout de la scène).
Globalement la prestation des cinq membres fut à la hauteur, même si Steve Hogarth nous a semblé un peu éméché ; sans doute trop content de revenir à Paris, qu'il semble affectionner particulièrement. Personnellement, je ne l'aurais pas trop remarqué (j'aime voir les gens gais) sans ses quelques échanges confus avec les musiciennes ou avec le public … Mais c'est un pro ; cet état ne l'a pas empêché de réciter ses textes sans lacune aucune, et avec son éloquence habituelle. Comme évoqué ci-haut, sa voix ne m'a pas toujours paru aussi calibrée qu'espéré, mais cela n'a pas été rédhibitoire puisqu'il s'est permis de rechanter le redoutable "the Space" qui nécessite une tessiture impressionnante.
Pour le reste du groupe rien à redire. Steve R exprime avec sa guitare une sensibilité gilmourienne toujours émouvante. Pete T est toujours aussi expressif, efficace dans ses accords de basse, et généreux aux chœurs pour soutenir H. Ian M exprime toujours avec finesse une frappe chaloupée et délicate qui trahit ses influences musicales. Enfin, Marc K qui est parvenu astucieusement à adapter son pupitre à la concurrence des cordes, en se concentrant davantage sur les sons de piano.
Quant au sextet, il s'est montré impliqué et expressif. Un état d'esprit qui logiquement transparaît dans leur interprétation. Manifestement, la musique de Marillion ne les indiffère pas ; conscients de leur privilège, ils partagent le même plaisir que nous ! Etant personnellement attaché aux sons cuivrés, j'ai vibré aux éclats sonores du cor d'harmonie et tout particulièrement durant "Seasons End" au moment du contre-chant en réponse au solo de guitare (aux alentours de 3'40").
Onze titres, issus de huit des dix-huit opus parus de 1989 à 2016, durant l'ère Hogarth, sont ainsi réadaptés avec une orchestration.
Sur l'album, neuf titres ont été révisés. Etonnamment, ce soir seuls quatre titres en sont extraits et répartis dans le programme ("Estonia", "Fantastic Place", "The Sky Above The Rain", "Seasons End") ; il est vrai que ce sont les quatre titres qui me semblent le mieux ressortir de l'ensemble… De fait, conformément à mon impression de salon, même sur scène l'orchestre apporte indéniablement une profondeur à ces chansons. (note a posteriori : le lendemain à Lyon, "the Strange Engine" et "Hollow Man" seront interprétés à la place de "the Space", ce qui du coup a rallongé le concert d'une demi-heure…)
Pour compléter le programme, sept autres titres ont été choisis pour être étoffés avec les sonorités du sextet. "Gaza" ne figurant pas sur l'album, je ne m'attendais pas à l'entendre ce soir, a fortiori en introduction du concert. "The New King" (en quatre acte) est magnifié tout comme "the Great Escape" qui conclut superbement la liste, avant la phase de rappel(s) attendue.
Après s'être fait désiré comme il se doit durant quelques instants, le rappel débute par "Afraid of Sunlight" suivi de l'énergique "Separated Out" durant lequel un clin d'œil à Kashmir de Led Zeppelin est joué debout par le sextet survolté. Mais, le public ne se doute pas encore que le septième ciel les attend pour un second rappel d'anthologie, un événement unique (au moins pour cette tournée) …
"The Space" est toujours de nature à faire frémir ma colonne vertébrale et à faire hérisser mes poils ; ce titre a d'ailleurs déjà été interprété dans cette configuration au concert du Zénith 2017. Mais cette fois ces sensations furent encore décuplées (si cela fut encore possible !). Pour expliquer la situation, il faut faire un p'tit retour en arrière ; lors de son récital parisien (Eglise Saint-Eustache) le 13 décembre 2018, H fut accompagné d'un chœur dont la qualité de la prestation avait permis d’accroître les émotions. Cette fois-ci, Gil Pinatel, par ailleurs grand admirateur du groupe Marillion et arrangeur, a suggéré et obtenu d'inviter le Chœur de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ensemble vocal habituellement dirigé par Guilhem Terrail. Le concept orchestral de cette tournée offrait l'occasion d'accomplir son vœu. Il a donc écrit les arrangements pour chœurs et tout organisé afin de faire vivre un intense moment d'émotions à ses complices et à l'ensemble des participants. C'est ainsi qu'à la surprise générale, le public ébahi aperçut un chœur s'installer en fond de scène, durant la seconde partie de cette chanson déjà forte en intensité émotionnelle. Leur intervention ne pouvait que faire resplendir ce joyau, vibrer les tympans, éblouir les yeux bref, exploser les neurones sensitifs. Terrassés de bonheur, le public ne put faire autrement que de se lever et hurler à tout rompre (cordes vocales comprises). Sûrs de leur coup, les cinq salopards avaient sur leur visage les mêmes traits de satisfaction que lors du lever de rideau pour la troisième journée de la convention 2017 (où l'orchestre était vêtu luxueusement de tenues baroques).
Cette valeureuse chorale ne pouvait pas partir sans s'exprimer sur un second titre ; "Man with a thousand Faces" fut ainsi transcendé augmentant encore le plaisir d'un auditoire exultant et reconnaissant.
Le public est proche de la stupeur lorsque les lumières se rallument ; un concert dont nous nous souviendrons longtemps. Les frissons ont très souvent parcourus mon dos et mes bras ; les concerts de MARILLION sont habituellement chargés en émotions bien sûr mais là, dans un tel écrin ce fut absolument fantastique. Pour paraphraser un de leur titre ce soir : "A Fantastic Place" … J'imagine que ceux qui ont assisté à l'un de leur concert au Royal Albert Hall ont dû vivre des sensations similaires, oui mais cette fois c'était chez nous !
(ph. Samuel Couteau)
PROGRAMME
Gaza (Sounds That Can’t Be Made, 2012)
Seasons End (Seasons End, 1989)
Estonia (This Strange Engine, 1997)
Fantastic Place (Marbles, 2004)
The New Kings: I. Fuck Everyone and Run (Fuck Everyone and Run, 2016)
The New Kings: II. Russia's Locked Doors
The New Kings: III. A Scary Sky
The New Kings: IV. Why Is Nothing Ever True?
The Sky Above the Rain (Sounds That Can’t Be Made, 2012)
The Great Escape (Brave, 1994).
RAPPEL :
Afraid of Sunlight (Afraid of Sunlight, 1995)
Separated Out (comprenant un court extrait de "Kashmir" de Led Zeppelin) (Anoraknophobia, 2001).
RAPPEL 2 :
The Space (avec choeur) (Seasons End, 1989)
Man of a Thousand Faces (avec choeur) (This Strange Engine, 1997).
(ph. Samuel Couteau)

mercredi 4 décembre 2019

LAURA COX – Trabendo (Paris 19) – 04/12/2019

Mon calendrier des concerts de l'année 2019 arrive à son terme. Aujourd'hui ce sera très probablement mon avant-dernier ; il se tient au Trabendo, un auditorium que j'affectionne particulièrement. Laura Cox nous propose d'y fêter la parution de son deuxième opus, en poursuivant une tournée déjà entamée à la fin de l'été, qui m'a permis de la voir au Raismesfest en septembre.
ZAK PERRY & The Beautiful Things [19h45-20h30].
Ce Texan m'est parfaitement inconnu, et pourtant il semble apprécier le Nord de la France et en particulier l'Avesnois ! Le 3 septembre 2019 il s'est arrêté pour la troisième fois pour un concert au sein même de l’église Saint-Martin de Preux-au-Sart. Il faut souligner que depuis l’automne 2016, il séjourne de nombreux mois dans ce ch'ti village, lorsqu’il n’est pas outre-Atlantique ! Ses liens y sont tissés à tel point qu'il a carrément consacré un titre à son village d'adoption "Preux-au-Sart", dans son dernier album enregistré à Arras. Il y raconte son bien-être quand il est dans la commune, les bonnes odeurs qui sortent des cuisines ou encore les rires des enfants. info sur son exil
Dans sa dizaine d'albums on trouve un mélange de blues, de rock, de gospel et de country.
Aujourd'hui, The Beautiful Things est en mode trio. Le chanteur et sa guitare est entouré de son fidèle guitariste Vern dit "Barefoot" Vennard (toujours présent depuis 23 années de complicité), et Guillaume "Frenchy" Maillard à la basse.
Curieusement dénué de batterie (Julien Mahieux son batteur a été prié de s'abstenir ces soir pour des questions logistiques apparemment), la musique peut d'abord déstabiliser un auditoire venu chercher des sons agités et percutants. Mais voyons les choses du bons côté ; nos oreilles sont ainsi épargnées. La sonorisation du reste du groupe aura pu être d'autant plus facilement équilibrée ! Et ma foi, cela m'aura permis une découverte dans une relative douceur ; une bien belle entame de soirée.
Le trio se contente d'une frêle bordure en avant de la scène et d'un éclairage suffisant pour les regards et les objectifs.
Passé la séquence d'adaptation à ces sonorités inattendues, je me laisse bercer par ces parfums texans et ces mélodies bluesy. J'ignore si l'absence de batterie fut un choix ou une adaptation à un imprévu mais en tous cas j'apprécie l'audace du concept. A mi-chemin entre l'électrique et l'acoustique, l'émotion est bel et bien présente. Le cowboy de Galveston (Texas, USA), dispose par sa voix et sa stature d'un charisme convaincant ; il a en outre une gueule qui dénonce de longues soirées sans aucun doute bien arrosées. Une expérience qui a sans doute contribué à forger cette voix rocailleuse et profonde.
Les connaisseurs auront apprécié son tube de 2006, le rugueux blues rock sudiste "Mama (Was A Redneck Cowboy)" qui fut classé dans les "charts" texans. Au passage, il en profite pour faire valoir son dernier album "Live Session In France" en interprétant "Make A Little Memory". Un autre titre "Shadows Of Our Love" fera probablement partie d'un  prochain album prévu au printemps 2020.
La réaction du public, d'abord respectueuse, fut au fil du concert très enthousiaste. Une belle ovation méritée accompagne son départ de la scène. Pour ma part, j'ai bien accroché et je tâcherai de me pencher sur le cas de ce monsieur dès que possible ! [je note a posteriori qu'il sera en concert le samedi 18 janvier 2020 au Bateau El Alamein (Paris 13)]
PROGRAMME
Mama (Was A Redneck Cowboy)
Endless Fall
Make A Little Memory
Shadows Of Our Love
I'll Be Waiting
Wounded Puzzle
(dans le désordre !)

LAURA COX [20h50-22h20]
Depuis l'âge de quatorze ans, Laura Cox se passionne pour la guitare. A partir de 2008, les vidéos de Laura Cox circulaient sur You Tube ; sa voix et son jeu de guitare ont justifié sa notoriété croissante sur internet. Si bien qu'au bout de quelques années, sous l'impulsion de Mathieu Albiac (guitare), elle a ressenti l'envie de se confronter au public. François Delacoudre (basse) et Antonin Guérin (batterie) rejoignent le duo pour former un vrai groupe. Pour distinguer cette formation de ses publications, il est convenu de l'appeler Laura Cox Band.
Après avoir un peu trop attendu une bonne occasion de la voir sur scène, j'ai pu enfin m'assurer de son talent le 8 décembre 2018 à Paray-Vieille-Poste, puis plus récemment lors du Raismesfest le 14 septembre 2019.
Son style puise ses influences dans un vaste répertoire dont on peut percevoir les accents country, blues, rock sudiste ou hard rock. Tout ce que j'aime ! Même si, à titre personnel, je ressens juste une légère frustration, compte tenu de son origine ; les textes sont banalement en anglais. Mais je lui accorde une circonstance atténuante, elle est franco-anglaise. Gageons qu'elle se sente davantage anglophone… Mais qui sait, un jour se sentira-t-elle capable de chanter dans la langue de Molière, comme ont su le faire Téléphone, Trust, Lazuli et bien d'autres …
Un deuxième opus "Burning Bright" est paru le 8 novembre 2019 mais des titres ont déjà été interprétés sur scène depuis la fin de l'été, notamment lors d'une prestation remarquée au Raismesfest. Cette tournée promotionnelle est l'occasion de présenter le nouveau nom du groupe ; Laura Cox Band est devenu Laura Cox (tout court), soi-disant pour estomper un côté blues-band… ainsi soit-il.
Le Trabendo offrant à mon sens une bonne acoustique, la sonorisation de ce soir m'a cependant paru variable. Les voix et certains sons de guitares ne m'ont pas semblé toujours très perceptibles, en tous cas perçu de mon emplacement (deuxième rang sur la droite). Mais rien de rédhibitoire cependant, je fais partie des conquis d'avance et je suis prêt à découvrir les nouveaux titres avec bienveillance !
Un éclairage assez lumineux a permis de bonnes prises de vues pour les photographes et une bonne visibilité pour les auditeurs. Un cadre sobre ; pas de fond de scène, ni autre décor que les amplis.
La scène est peu étendue ; la batterie surplombe les autres musiciens du quatuor qui parviennent à se mouvoir et à s'exprimer sans trop de difficulté. En tous cas jusqu'à l'intervention des invités. Car en effet, pour agrémenter cette soirée de lancement de son album ("release party" pour les adeptes d'anglicisme), la Belle a eu la bonne idée d'inviter des amis artistes.
En guise d'attaque frontale, Laura a choisi le titre "Fire Fire" issu de l'album aujourd'hui à l'honneur, qui me parait être le plus adéquat et le plus ravageur. L'auditoire est ainsi prévenu, on n'est pas ici pour passer la soirée à s'endormir en regardant une chandelle se consumer. Et de fait les articulations et la nuque nécessiteront une bonne souplesse pendant tout le concert ! 




Pratiquement rien à reprocher au programme ; on voulait du rock, on a eu notre dose. Mais à mon sens l'intérêt de la soirée aura été singulièrement accru par l'invitation de nombreux invités.
Pour interpréter sa traditionnelle reprise de Jimi Hendrix "Fox Lady", c'est Waxx (alias Benjamin Hekimian) qui est invité à prêter guitare forte ! Je ne connaissais pas du tout le monsieur, je constate que le "youtuber" est très à l'aise en public, ce gaillard occupe bien la scène et la sono !

Je connais déjà Mary Reynaud pour l'avoir vue/entendue en compagnie de FRANCK CARDUCCI BAND (au Crescendo le 18 aout 2017, puis au Prog en Beauce le 29 octobre 2017). Cette lyonnaise m'avait ainsi beaucoup séduit par son chant et son charme. Si son inspiration d'origine est dans la country, cette artiste n'a pas attendu sa rencontre avec le FCB en 2014 pour s'épanouir. Elle est à l'aise dans plusieurs styles ; le rock progressif (j'ai pu le vérifier !), le bluegrass, le swing, le punk rock, la pop, la surf music, bref tout le panel du rock, quoi ! Laura présente brièvement l'origine de leur amitié (Elles ont notamment Sheryl Crow en centre d'intérêt commun) Adepte du micro et de la guitare depuis ses 12 ans la chanteuse est là ce soir pour apporter toute sa sensibilité sur le très bleusy "Just Another Game" en compagnie de son amie. Très beau duo !

Laura explique comment elle a rencontré Norbert Krief (guitariste de TRUST) et a pu l'inviter à venir témoigner son amitié en apportant son talent sur "Fortune Son", une reprise de l'anthologique Creedence Clearwater Revival. Ceux qui me connaissent peuvent imaginer mon émotion de revoir l'un des héros de mon adolescence… Depuis le 21 novembre 1981, je l'ai vu sur scène sept fois avec Trust. Mais ce soir, il est plus proche que jamais ! Nono s'est montré généreux et impliqué, apportant bonheur et joie au public comme au groupe. 

Dans la rubrique "je suis largué", j'apprends que Gaëlle Buswel est une chanteuse réputée et reconnue. Ah bon. [a posteriori, je constate en effet les nombreuses récompenses obtenues par cette artiste ciblée sur le folk rock 70's, qui jouit déjà d'une belle réputation scénique] Laura m'aura donné l'occasion de faire amende honorable en découvrant cette artiste venue ce soir joindre son énergie à celle de son amie sur "River". Impliquée et fougueuse elle a su apporter un surcroît de folie à ce titre déjà entraînant.

Le public a maintes fois pu montrer sa grande satisfaction, notamment sur un "As I am" accrocheur dont le refrain est chanté à gorges déployées ! Très bonne ambiance donc, qui me semble s'être encore accrue au fil des interventions des invités ou lorsque Laura s'est autorisée, entre deux gorgées de bière, un p'tit bain de fosse. En tout état de cause, tel était mon cas. Le bouquet final en étant le summum ; tous les musiciens invités par le groupe sont revenus sur la scène pour interpréter "Heartbreaker" de Pat Benatar. Choix astucieux au regard de l'enthousiasme du public manifestement ravi !

Durant une heure et demie, nous aurons eu droit à dix-sept titres, dont neuf (des dix) titres extraits de "Burning Bright". Cet opus est ainsi interprété dans sa quasi intégralité puisque seul le dixième titre est écarté, en raison de son atmosphère particulière que Laura n'a pas estimé souhaitable de jouer en concert.
Avec le recul, pour ma complète satisfaction il m'aura manqué un solo basse/batterie, dont le public du Raismesfest avait pourtant bénéficié ce 14 septembre. Il constituait une ponctuation utile dans le programme, démontrant le talent d'un pilier rythmique trop souvent estompé dans un groupe. En l'occurrence, François avait fait entendre des arguments convaincants. Mais il est probable que le choix d'inviter d'autres artistes laissait peu d'espace d'expression.
PROGRAMME
Fire Fire (Burning Bright, 2019)
If You Wanna Get Loud (Come to the Show) (Hard Blues Shot, 2017)
The Australian Way (Hard Blues Shot, 2017)
Foxy Lady (reprise de The Jimi Hendrix Experience, avec Waxx)
Too Nice for Rock 'N' Roll (Hard Blues Shot, 2017)
Looking Upside Down (Burning Bright, 2019)
Last Breakdown (Burning Bright, 2019)
Just Another Game (Burning Bright, 2019) (avec Mary Reynaud)
Here's to War (Burning Bright, 2019)
Take Me Back Home (Hard Blues Shot, 2017)
Fortunate Son (reprise de Creedence Clearwater Revival, [1978], avec Norbert Krief)
Bad Luck Blues (Burning Bright, 2019)
As I Am (Burning Bright, 2019)
River (Burning Bright, 2019) (avec Gaëlle Buswel)
RAPPEL :
Hard Blues Shot (Hard Blues Shot, 2017)
Freaking Out Loud (Burning Bright, 2019)
Heartbreaker (reprise de Pat Benatar, In The Heat Of The Night, 1979) (avec tous les invités).
Une très bonne ambiance, et par conséquent une excellente soirée. J'en redemande !

mardi 12 novembre 2019

LEPROUS Le Cabaret Sauvage le 12 novembre 2019.

Alors que je rédige ce petit relevé d'impressions, au lendemain de cette soirée dantesque, je suis encore sous le choc émotionnel avec le sentiment d'avoir assisté à un concert tout simplement exceptionnel et inoubliable.
Lorsque ce concert a été annoncé officiellement en mai 2019, je disposais d'un double motif d'engagement.
1°) Revoir un concert de LEPROUS me semble a priori un objectif quasi inévitable compte tenu de leur discographie qui est pour moi une source ininterrompue de plaisirs auditifs, mais aussi compte tenu de la haute qualité de tous les concerts auxquels j'avais déjà assisté.
2°) Mais tout bijou mérite son écrin ; retourner au Cabaret Sauvage entretient une motivation supplémentaire pour mon déplacement. Je n'y avais pas remis les pieds depuis 2014 ; c'était à l'occasion du concert de Guillaume Perret et son Electric Epic. C'est un très joli petit auditorium, situé en bord du Canal de l'Ourcq, qui affiche une capacité de 1 200 personnes. Cet espace douillet me fait davantage penser à un petit cirque car il offre la particularité d'être conçu selon un format à 360°. Dans sa configuration concert, une piste centrale accueille la fosse. Elle est entourée d'un cercle compartimenté et feutré pour accueillir des spectateurs, et entrecoupé d'un segment pour la scène. Cette particularité permet à une partie du public d'assister au concert depuis les côtés de la scène. Je m'étonne et déplore que sa programmation particulièrement hétéroclite soit trop rarement à mon goût pour y venir plus souvent. Mais outre la bonne visibilité, c'est surtout l'excellente acoustique qui en fait un véritable auditorium.
PORT NOIR [19h30-20h]
Port Noir est un groupe suédois de rock alternatif qui a commencé en 2011. Leur premier album, "Puls", est sorti à l'automne 2013. Il est actuellement composé de Love Andersson (basse, chant), Andreas Hollstrand (boite à sons, guitare) et Andreas Wiberg (batterie).
Leur nouvel album, "The New Routine" est paru le 10 mai 2019.
La sonorisation fut correcte, audible et équilibrée laissant entendre notamment les sonorités électroniques crées par Andreas Hollstrand sur son bidouilleur de sons sur pied.
Logiquement réduit vu le statut d'invité, l'éclairage fut toutefois plutôt clair et sans fumée. Pas de fond de scène mais, afin de s'identifier ostensiblement, deux bloc monolithiques noirs installés de chaque côté de la batterie montrait respectivement les mots "Port" et "Noir". Voilà qui a le mérite d'être clair !
Habituellement, je suis enclin à aimer les trios, car ils ont tendance à exprimer avec une guitare, une basse et une batterie, un rock épuré de toute fioriture inutile. Sur le papier, un trio avec un bassiste chanteur, cela aurait pu m'évoquer Mötorhead, mais ici on est bien loin du rock'n'roll pur et dur, plus proche du rock électro. D'ailleurs, la guitare de Hollstrand est juste un accessoire, peu mise en valeur, le plus souvent en bandoulière dans le dos. Le chant est juste, mais sans tessiture ni relief particulier. Les rythmes sont chaloupés et souvent entraînant, mais peu de mélodie susceptible de m’entraîner vers la satisfaction.

Heureusement pour ces scandinaves, une part du public semble apprécier plus que moi et leur accorde une ovation sans doute méritée dans leur genre…
Durant une demi-heure, ils ont pu chanter six titres.
PROGRAMME :
Young Bloods (The New Routine)
Flawless (The New Routine)
Blow (The New Routine)
Champagne (The New Routine)
Old Fashioned (The New Routine)
13 (The New Routine).

THE OCEAN [20h10-20h45]
Ce quintet allemand est supposé proposer au fil de ses créations du post-metal ou/et du metal progressif (personnellement je cherche encore l'aspect progeux...) Le groupe trouve ses origines à Berlin en 2001 sous l'impulsion du guitariste Robin Staps. Mais THE OCEAN se stabilise à partir de 2009. C'est ainsi qu'actuellement, autour de Robin Staps (guitare, depuis 2001) nous découvrons le français Loïc Rossetti (chant-ou plutôt hurlement-, depuis 2009), Damian Murdoch (guitare, depuis 2013), Paul Seidel (batterie, depuis 2013), Chris Breuer (basse, depuis 2013, membre de tournée et apparition sur l'album "Pelagial"). Il semblerait que le titulaire du pupitre de basse depuis 2008, Louis Jucker ait mis son activité en suspens pour suivre ses études…
Leur septième album, "Phanerozoic I: Palaeozoic" est paru le 2 novembre 2018. Il semble que ce soit le premier volet d'un diptyque dont la deuxième partie serait prévue pour 2020. J'ai déjà eu l'occasion d'assister à un de leurs concerts car, lors de leur tournée "Precambrian", ils furent invités par Opeth pour ouvrir leur soirée à l'Elysée Montmartre, le 27 novembre 2008. Je n'en avais conservé qu'un souvenir bruyant et désagréable.
L'ingénieur du son a su tirer profit de l'excellente acoustique de cet espace en produisant un son un peu trop puissant mais équilibré et audible.
Pas de fond de scène dans cet espace restreint. Quant à l'éclairage, il est logiquement minimaliste vu le statut d'invité, et plutôt sombre favorisant les couleurs vertes enveloppées de vapeurs épaisses. Un Mandrilloptère aurait sans doute été nécessaire pour distinguer autre chose que des ombres sur la scène, mais je suppose que l'effet était recherché…


 
Leur musique très metal aurait pu me paraître attractive s'il n'y avait pas ces hurlements du vociféraptor de service. Du coup, globalement THE OCEAN me parait toujours aussi répulsif, onze années après. Quant à leurs textes anglais, notoirement antithéistes, ils ne me touchent guère.
Une bonne part du public leur a accordé son soutien. Ils ont recueillis une belle ovation finale. On est content pour eux. Moi, je suis soulagé de passer à autre chose…
Durant une grosse demi-heure, six titres ont été interprétés.
PROGRAMME :
Permian: The Great Dying (Phanerozoic I: Palaeozoic)
Mesopelagic: Into the Uncanny (Pelagial)
Silurian: Age of Sea Scorpions (Phanerozoic I: Palaeozoic)
Bathyalpelagic II: The Wish in Dreams (Pelagial)
Devonian: Nascent (Phanerozoic I: Palaeozoic)
Firmament (Heliocentric).

LEPROUS [21h45-23h10]
Ce groupe norvégiens a été fondé en 2001 par le chanteur et claviériste Einar Solberg et le guitariste Tor Oddmund Suhrke.
Après quelques tâtonnements et changements, Einar Solberg (chant, claviers, depuis 2001) et Tor Oddmund Suhrke (guitares, chœur, depuis 2001), ont finalement été rejoints par Baard Kolstad (batterie, depuis 2014), Simen Børven (basse, chœur, claviers occasionnel, depuis 2015) et Robin Ognedal (guitares, chœur, depuis 2017).
Cette tournée, débutée avec l'arrivée de l'automne, se cadre dans la promotion de leur sixième album "Pitfalls" paru le 25 Octobre 2019. Déjà avec l'opus "Melina" paru en 2017, on pressentait un virage vers un horizon moins agressif, plus éthéré. Les soli de guitares, leurs accords agressifs et les grognements ayant disparu. En effet, après la parution du dvd "Live at Rockefeller Music Hall"  (2016), il est probable qu'Einar aura voulu tourner une page. Au désarroi de certains admirateurs des débuts, ce "Pitfalls" confirme et accentue magnifiquement cette orientation. Ce splendide opus transpire l'état psychologique difficile et finalement salvateur que vient de traverser Einar. Il restait à vérifier la transposition de cette création sur les scènes de la tournée…
Avant de me rendre au concert de THERION ce 3 novembre 2010, à l'Elysée Montmartre, j'avais été prévenu d'une probable transmission d'un virus imparable durant la première partie de soirée. LEPROUS était à cette époque en tournée pour promouvoir "Tall Poppy Syndrome". A l'écoute de leur musique à la fois très énergique et mélodique, et de la voix incroyable d'Einar, la contagion fut en effet inévitable. Je ne pouvais que subir l'évolution de la fièvre en attendant fébrilement les parutions successives d'opus-remèdes pour calmer les accès. A l'occasion des tournées que s'en suivirent, j'ai eu ainsi la chance d'assister aux concerts du 20 octobre 2012 au Divan du Monde (tournée Bilateral), du 11 juillet 2015 au Poble Espagnol/BeProg My Friend (tournée The Congregation), du 05 octobre 2015 au Divan du Monde (tournée The Congregation), du 01 juillet 2017 au Poble Espagnol/BeProg My Friend (tournée Malina), et enfin du 15 septembre 2019 au Raismefest (tournée Pitfalls). Ce soir c'est donc la septième fois que j'ai le plaisir d'assister à un de leurs concerts.
Au fil des années, leur metal-progressif aux mélodies irrésistibles emportées par une puissance colossale s'est mué en rock de plus en plus éthéré, mélancolique mais paradoxalement toujours aussi puissant, atypique et toujours surprenant.
Je sais à quoi m'attendre musicalement ce soir, puisqu'il y a deux mois, je faisais partie des metallos du Raismesfest qui avaient la lourde tâche de soutenir ces valeureux vikings, parmi un public majoritairement sceptique. Mais j'ai hâte de communier avec le public de LEPROUS a priori plus réceptif. Je m'incruste dans les premiers rangs, histoire de capter l'émotion au plus près.
S'agissant de la sonorisation, il est rare de bénéficier d'un tel faisceau d'opportunités : le plus souvent soit l'acoustique de la salle est mauvaise, soit l'ingénieur du son est plus ou moins incompétent, ou/et désinvolte. Cette fois, tout est parfait, et ce du début à la fin du concert ! Il ne me fut même pas nécessaire de garder mes protections auditives, ce qui a encore accru la finesse de ma perception de tous les sons. Dès les premières notes la pureté sonore a permis aux auditeurs de percevoir toute la sensibilité, tout le talent exprimé par les artistes, et Dieu sait qu'ils en ont !
Alors que l'éclairage m'avait semblé sombre et lugubre au Raismesfest, cette fois il m'a paru plus lumineux offrant davantage de visibilité aux auditeurs et aux chasseurs d'images. Les couleurs rouges et bleues sont toujours favorites, mais les projecteurs blancs me paraissent plus présents qu'auparavant, c'est en tous cas mon ressenti de photographe amateurs. En fond de scène, malgré l'exiguïté du lieu on distingue l'image de la couverture du dernier album.
La scène est étroite, et pourtant non seulement LEPROUS est parvenu à caser un espace pour chacun des cinq membres du groupe (pourtant très expansifs et agités !), et un espace pour un clavier occasionnel en plus du clavier central, mais de surcroît ils accueillent à leurs côtés Raphael Weinroth-Brown, un violoncelliste canadien déjà connu pour avoir collaboré avec Steven Wilson et Mikael Åkerfeldt. Ce virtuose se révèle aussi expressif sur scène que pouvaient le laisser imaginer ses vidéos.
Dans ce contexte, cette soirée ne pouvait être que grandiose. Einar, d'une main de maître est parvenu à adapter parfaitement ses chansons à la fois somptueuses et complexes pour la scène et à les faire apprécier de son public. Voilà un artiste qui prend des risques et les assume. Cela passe ou cela casse, mais en l'occurrence, LEPROUS parvient à obliger son auditoire à adapter son logiciel d'écoute pour le suivre dans des aventures qui débordent largement du metal et même du rock progressif. Il nous emmène aux confins d'une pop expérimentale.
Les conditions idéales d'écoute, et ma proximité avec les artistes m'ont permis de déceler moult subtilités que je n'avais pas encore eu le temps de capter sur l'album. Je souligne bien évidement la performance vocale de Einar qui, sur des titres comme "Below", ou "Alleviate" entre autres, montre le même timbre à la fois délicat et puissant, la même tessiture étourdissante qu'en studio. Il chante avec une telle facilité apparente que rien sur son visage ne montre d'autre marque que celle de sa conviction. Je souligne aussi en particulier la présence quasi permanente du violoncelliste, dont les accords en contre-chant subliment densément les mélodies. Je souligne encore l'abnégation des guitaristes (tous pupitres) qui font un travail remarquable techniquement sans pour autant démontrer de soli saillant. Ils contribuent ainsi à l'expression d'une musique fouillée mais pas fouillis, chacun à sa place mais tous ensemble. Je souligne de surcroît les talents de multi-instrumentistes qui alternent leur pupitre avec un clavier ou avec un micro pour les chœurs. D'ailleurs j'en profite pour ajouter une autre qualité à cette prestation, à part quelques rares séquences négligeables, tout était interprété par les musiciens : pas de bandes-son ! Les deux claviers et le violoncelle ont remplis à merveille les fonctions de jonctions harmoniques et d'ambiance. Que du bonheur je vous dis !
Le public ne pouvait que chavirer de bonheur. L'auditoire était certes conquis d'avance mais beaucoup comme moi ont eu le sentiment ce soir d'avoir assisté à un concert d'une rare perfection.
Durant près de deux heures et demie, nous aurons eu droit à quatorze titres, dont sept (des dix) titres extraits de Pitfalls. Je me permets de déplorer l'absence de "Golden Prayers", très beau titre paru en monoplage (mot québécois que je préfère à "single") le 1er juin 2018, et qui avait pourtant été chanté au Raismesfest … Mais par ailleurs l'ensemble du programme fut un pur régal ; de surcroit il m'a permis de redécouvrir  "Distant Bells" qui figure désormais dans mes favoris !
PROGRAMME :
Below (Pitfalls, 2019)
I Lose Hope (Pitfalls, 2019)
Illuminate (Malina, 2017)
Foe (Coal, 2013)
From the Flame (Malina, 2017)
Observe the Train (Pitfalls, 2019)
Alleviate (Pitfalls, 2019)
At the Bottom (Pitfalls, 2019)
The Cloak (Coal, 2013)
The Price (The Congregation, 2015)
Third Law (The Congregation, 2015)
Salt (Coal, 2013)
Distant Bells (Pitfalls, 2019).
RAPPEL
The Sky Is Red. (Pitfalls, 2019).

lundi 11 novembre 2019

OPETH – Olympia (Paris 9) – 11/11/2019.

 
L'Olympia affichait complet, mais Garmonbozia a annoncé sur son site, en dernières minutes, lutter contre la vente frauduleuse de ticket en mettant quelques tickets en vente. Je trouve cette démarche astucieuse, digne d'être maintenue pour tous les concerts. Quitte à risquer de ne pas remplir une salle, ce qui était loin d'être le cas ce soir, car l'Olympia est plein comme un œuf !
L'audace paie ! Steven Wilson continue à attirer toujours plus d'admirateurs en déstabilisant sa base, Einar Solberg idem, et Mikael Åkerfeldt idem. Je suis sans doute très bien placé pour discuter de la nécessité de maintenir une saine curiosité musicale, car à la base la musique "death mélodique" d'Opeth ne me paraissait pas accessible à cause du chant guttural de Mikael. Si Monsieur Wilson ne m'avait pas montré le chemin de la sagesse, alors je n'aurais jamais compris toutes les subtilités qu'Opeth offre à ses auditeurs. En effet, Steven Wilson, que j'admirais en tant que concepteur de fines dentelles musicales, a été le producteur, ingénieur du son et responsable du mixage du magnifique album "Damnation" paru le 22 avril 2003. Le travail de SW avec Opeth m'a contraint à outrepasser mes principes ; petit à petit j'ai été séduit par ces alternances surprenantes de délicatesse et de violence, même si je persiste à préférer les voix claires aux grognements. Alors que je commençais à m'habituer bon gré mal gré à ceux-ci, Mikael décida de les abandonner ! Le virus Opeth pu alors se propager sans anticorps, toute résistance était vaine. Les vannes de la débauche ouvertes, il me fallut acheter la discographie antérieure et m'engager à surveiller les passages du groupe en France.
C'est ainsi que j'assiste ce soir pour la dixième fois à un de leurs concerts. J'eus en effet la chance d'assister aux concerts du 27 novembre 2008 à l'Elysée Montmartre (tournée Watershed), du 4 octobre 2009 au Zénith (tournée ProgNation Watershed), du 3 avril 2010 au Bataclan (tournée BlackWaterPark réédité), du 16 novembre 2011 au Bataclan (tournée Heritage), du 5 novembre 2014 au Bataclan (tournée Pale Communion), du 17 octobre 2015 au Trianon (tournée 25ème anniversaire), du 2 juillet 2016 au BeProg Festival, du 21 novembre 2016 au Trianon (tournée Sorceress), et du 15 juin 2018 au Download Festival.
VINTAGE CARAVAN [20h00-20h40].
Ce trio fut Cofondé en Islande par Óskar Logi Ágústsson (chant, guitare, depuis 2006). Partie d'une histoire de gamins passionnés, les choses sérieuses débutent plutôt vers 2009. Óskar est maintenant entouré par Alexander Örn Númason (basse, chœur depuis 2012) et Stefán Ari Stefánsson (drums, percussion, depuis 2015).
VINTAGE CARAVAN profite de l'invitation d'Opeth sur cette tournée européenne, pour promouvoir "Gateways" leur album paru le 12 octobre 2018. J'aurais pu/dû les découvrir lors de leur tournée "Arrival" en 2015, car le Raismesfest les a accueillis en septembre de cette année-là. Hélas c'est une des éditions que j'avais dû manquer. Les échos favorables que j'en avais recueillis ne pouvaient que m'inciter à m'impatienter de les voir.
La sonorisation est puissante mais audible, j'estime préférable de conserver ses protections auditives.
L'éclairage est basique, correspondant au minimum syndical pour des invités. Mais suffisant, et je dirais même paradoxalement plus lumineux que celui d'Opeth !
Leur performance particulièrement énergique est sidérante. Contrairement à ce que pourrait laisser penser leur nom, leur musique, moins vintage que hard rock psychédélique, allie certaines sonorités classiques des années 60 et 70 mais avec une puissance et une folie qui leur attribue un cachet personnel et très convaincant. Óskar ne se contente pas de s'agiter et d'exciter son auditoire, c'est surtout un très bon guitariste dont les soli trahissent une maîtrise indéniable de ses cordes. Beaucoup de virtuosité accentuée par la rapidité mais aussi beaucoup de finesse aux moments opportuns. Ses deux acolytes assurent une rythmique d'enfer, avec la même énergie.
Face à tant de fougue, le public ne pouvait qu'acclamer ces trois jeunes vikings.
Durant une quarantaine de minutes, ils interpréteront des titres que je ne peux reconnaître puisque je ne maîtrise pas leur répertoire. Toutefois j'ai reconnu un titre extrait de "Gateways" (2018).

PROGRAMME 
(à compléter et sous réserve, car ne connaissant pas assez leur répertoire)
Reflections (Gateways, 2018)
Crazy Horses (Arrival, 2015)
Set Your Sights (Gateways, 2018)
Innerverse (Arrival, 2015)
Babylon (Arrival, 2015)
Expand Your Mind (Voyage, 2018)
On the Run (Gateways, 2018).
Midnight Meditation (Voyage, 2018).

OPETH [21h00-22h45]  
Fondé en Suède par Mikael Åkerfeldt (guitare, depuis 1990, puis chant, depuis 1992), OPETH a connu de nombreux changements de musiciens. Une relative stabilité s'est établie depuis une dizaine d'année. Il est entouré désormais de Martín Méndez (guitare basse, depuis 1997), Martin "Axe" Axenrot (batterie, percussion, depuis 2006), Fredrik Åkesson (guitare, chœurs, depuis 2007) et Joakim Svalberg (clavier, synthétiseur, chœurs, percussions, depuis 2011).
Cette tournée a vocation à promouvoir "In Cauda Venenum" leur treizième album paru le 27 Septembre 2019. A mon humble avis, l'un des meilleurs opus parus en cette année 2019. Bourré de raffinements harmoniques, de ruptures mélodiques, de puissance maîtrisée, cet album renferme tout ce que j'aime dans Opeth. Mikael semble avoir abandonné définitivement l'enregistrement de ces alternances de voix gutturales et de voix claires qui étaient pourtant l'un des signes distinctifs à ses débuts. Cependant, les compositions continuent de faire dresser les poils de mes avant-bras avec d'autant plus de ferveur que ces titres sont transcendés sur scène.
La musique d'Opeth est une dentelle particulièrement subtile et complexe, elle exige une salle avec une bonne acoustique. Elle exige également un ingénieur du son compétent pour obtenir une sonorisation qui respecte parfaitement les équilibres instrumentaux. Je ne voulais plus jamais subir à nouveau une bouillie sonore aussi indigne que celle du concert du 5 novembre 2014, alors que j'étais pourtant bien placé en mezzanine. Il m'était permis d'espérer un bon confort d'écoute ce soir car tous les autres concerts auxquels j'ai assisté furent excellents, y compris lors du mini-festival Progressive-Nation en 2009.
Malheureusement, durant une bonne moitié du concert la sonorisation était déséquilibrée, laissant encore les fréquences basses excessivement imposantes. Fort heureusement, cette très désagréable sensation fut estompée ensuite. C'est franchement dommage et d'autant plus incompréhensible lorsque l'on sait la minutie de Mikael qui réaccorde fréquemment sa guitare, tout comme Frederik. La faute à l'ingénieur Duçon, probablement. Si je peux me permettre cette petite suggestion à Mikael ; si c'est le même incapable qu'en 2014, il conviendrait de lui suggérer d'exercer ses talents ailleurs, dans une technoparade par exemple...

Un vaste écran en fond de scène diffusait soit des images de natures mortes, soit des jeux de faisceaux lumineux et parfois l'image en direct de Mikael. Délibérément très sombre, au désespoir des photographes amateurs, la lumière principalement axée sur le rouge et le bleu a entretenu une atmosphère intime et inquiétante. L'introduction du concert fut à cet égard particulièrement réussie ; durant une longue séquence, dans le noir absolu, accompagnées de la bande-son de "Svekets Prins", des étoiles blanches montent du sol comme pour inviter l'auditeur à élever son esprit avec elles. Puis les musiciens prennent leur place avant de faire exploser les sensations… juste sublime !
Les pupitres de Joakim Svalberg, du Martín Méndez et Martin Axe sont surélevés ; ce dernier étant au-dessus de tous. Fredrik Åkesson est à hauteur de Mikael sur sa droite. Cette disposition permit une relative mobilité des deux guitaristes ; je dis "relative" car les deux ont rarement interverti leur place. Sur la fin le bassiste est descendu terminer le concert parmi ses deux compères.
Mikael demeure adepte de la dérision et de l'humour "so-british" ; son chapeau mormon est revenu plusieurs fois dans les échanges. A la fois concentré sur l'ajustement du son de sa guitare et impliqué dans la conversation qu'il anime volontiers avec la part anglophone de son public. Évidemment, je me sens parfois à l'écart des subtilités de langages, mais l'essentiel est que la bonne humeur générale soit entretenue. Ces discussions de salon ne s'étendent pas à l'excès, laissant aux autres musiciens le plaisir de s'exprimer à leur manière. Fredrik nous produit ainsi de nombreux soli d'une virtuosité enivrante, notamment sur le final de "Hope Leaves". S'il n'avait pas été surexposé à la sono, j'aurais pu sans doute souligner le talent de Martín Méndez qui a cependant été invité par Mikael à s'exprimer seul, durant un p'tit solo funky impressionnant, juste avant "Deliverance".
Je retrouve dans le cours de programme ces astucieuses alternances d'atmosphères durant lesquelles se succèdent finesse, puissance, fluidité, mélancolie.
Parallèlement à la sonorisation, l'enthousiasme a logiquement été croissant aboutissant à un bouquet final d'une beauté étourdissante.
Durant une heure quarante-cinq, nous nous régalerons de onze titres dont seulement trois extraits de "In Cauda Venenum".
PROGRAMME
Svekets Prins (In Cauda Venenum, 2019)
The Leper Affinity (Blackwater Park, 2001)
Hjärtat Vet Vad Handen Gör (In Cauda Venenum, 2019)
Reverie/Harlequin Forest (Ghost Reveries, 2005)
Nepenthe (Heritage, 2011)
Moon Above, Sun Below (Pale Communion, 2014)
Hope Leaves (Damnation, 2003)
The Lotus Eater (Watershed, 2008)
Allting Tar Slut (In Cauda Venenum, 2019)
RAPPEL :
Sorceress (Sorceress, 2016)
Deliverance (Deliverance, 2002).