lundi 31 octobre 2022

BLUE ÖYSTER CULT – Le Trianon de Paris (Paris 18e) – lundi 31 octobre 2022.

Beaucoup de groupes du continent américain privilégient leurs tournées américaines, sans doute plus lucratives ou déjà assez éreintantes, sans avoir à aller plus loin. On peut ainsi déplorer ne jamais avoir vu des géants tels que Boston, Kansas, Triumph. On peut aussi se réjouir du parti-pris inverse de certains autres qui n'hésitent pas à sortir délibérément de leur cadre, tels que Dream Theater, Metallica. Reste les opportunistes, qui daignent en faire la démarche, mais avec parcimonie, tels que Aerosmith, Rush, Van Halen … BLUE ÖYSTER CULT fait partie de cette dernière catégorie. Autant dire qu'il ne faut pas manquer leurs (trop) rares visites !

Cependant, la trop longue litanie des concerts reportés à cause de la Pandémie continue ; ce concert était initialement prévu le mardi 2 juin 2020, il a d'abord été reporté au jeudi 20 mai 2021, puis au dimanche 17 octobre 2021 pour enfin être fixé à ce lundi 31 octobre 2022. Le concert étant complet, une seconde date a été ajoutée à Paris, mais la veille. Je m'en veux un peu de ne pas avoir opté pour celle-ci également…

Ces deux concerts parisiens s'inscrivent dans leur tournée pour leur 50ème anniversaire, mais aussi pour promouvoir leur quinzième album "The Symbol Remains" qui est paru le 09 octobre 2020, soit dix-neuf années après le précédent quand même ! Le 14 octobre, ils étaient encore aux USA et ils y retournent le 4 novembre ! Les douze dates européennes, dont deux parisiennes, ne sont donc qu'une parenthèse dans leurs incessantes tournées américaines. Par conséquent, une fois n'étant pas coutume, savourons notre privilège français !

Je pouvais d'autant moins me priver de ce concert que j'entretiens des scrupules d'avoir manqué parfois, trop souvent, leurs concerts. Je ne les ai vus que cinq fois ! J'ai tardé jusqu'au samedi 4 février1984 (Revölution by Night) pour me rendre à un premier concert. Puis, j'ai pu les revoir les jeudi 30 aout 1984, lundi 27 janvier 1986 (Club Ninja), et lundi 13 février 1989 (Imaginos). Mais il m'aura fallu attendre …plus de vingt-huit années plus tard, le samedi 24 juin 2017 pour les revoir à l'occasion du festival Retro C Trop. A ma décharge, ils semblent n'être passés à Paris que deux fois avant ma première (1975 et 1978), puis je les ne les ai manqués que trois fois ensuite (1992, 1995 et 2009).

BLUE ÖYSTER CULT, fondé en 1967 à New York, figure dans Mon Panthéon des groupes pionniers du Hard Rock. Donald "Buck Dharma" Roeser (guitare solo, chant), Eric Bloom (chant, guitare électrique), Allen Lanier (claviers, guitare) et la fratrie Bouchard à la section rythmique Joe (basse, voix) et Albert (batterie, voix) ont enregistré leur premier album éponyme dès 1972. Influencés notamment par Black Sabbath, The Stooges et bien d’autres, BÖC a construit sa notoriété en occupant les scènes inlassablement et composant des titres devenus indispensables en concert, tels que "(Don’t Fear) The Reaper" (1976), "Godzilla" (1977) et "Burnin’ for You" (1981).

Je ne m'étendrai pas sur la biographie du groupe, que tout mélomane curieux peut aisément consulter, mais il me parait intéressant de souligner qu'elle relate l'histoire d'une rencontre entre des étudiants new-yorkais et un poète Sandy Pearlman, devenu leur manager. Celui-ci serait à l'origine du nom "Blue Öyster Cult" tiré d'un de ses poèmes écrits dans les années 1960, intitulé "Imaginos". Thème d'ailleurs repris en 1988 pour l'opus éponyme. On comprend mieux le rapport avec l'enregistrement en concert intitulé "ETL, extraterrestrial Live", à l'aune de cette explication ; dans la poésie de Pearlman, le "Blue Öyster Cult" était un groupe d'extraterrestres qui s'étaient réunis secrètement pour guider l'histoire de la Terre. D'abord perplexe, le groupe avait fini par adopter cet intitulé pour préparer son premier album. On peut retenir aussi que le mystérieux logo résulte de diverses inspirations venant de la mythologie grecque (Chronos, Zeus, …), de symboles alchimiques (le plomb, le plus lourd des métaux), mais aussi de symboles astrologiques (Saturne).

Voilà pour mon contexte. C'est donc avec une certaine fébrilité que nous rejoignons la file d'attente qui ne tarde pas à être arrosée d'une copieuse pluie d'automne bien malvenue.

18:30 Ouverture des portes. Nous parvenons à nous positionner correctement en fosse, centré et relativement proche de la scène. Seules quelques têtes inopportunément hautes nous empêchèrent d'atteindre un confort de salon.

L'animation de la première partie de la soirée était dévolue à Gaëlle Buswel, comme celle de la veille, mais la Dame s'est déclarée indisponible, laissant ainsi à Sylvain Laforge, son complice de scène, le soin de la remplacer.

LUX [19:45-20:10].
https://lux-theband.com/

Ancien complice de Rita Mitsouko, le guitariste Sylvain Laforge, a fondé à Paris, en 2014, un duo avec la chanteuse new-yorkaise Angela Randall. "LUX the band" montre une affinité avec la tradition folk/rock anglo-saxonne.…

Un premier album, "Super 8", a été réédité avec des nouvelles chansons en juin 2019. Un second album était prévu cette année. Leur biographie revendique ainsi une étiquette "Velvet Rock" dont je ne comprends toujours pas très bien le sens à l'issue de leur prestation… Leur musique sonne tout ce qu'il y a de plus folk-rock dans les couloirs de nos métros parisiens.

Une prestation bien sympathique mais disons que les amateurs du BÖC ont par le passé été habitués à des invités d'un autre calibre. Je les ai vus avec le canadien Aldo Nova en 1984, Tokyo Blade en 86, et Patrick Rondat en 89, et surtout ils ont tourné avec Black Sabbath, Rush, Boston, Kiss, Uriah Heep et tant d'autres encore …

Mais notre microcosme musical est composé de gens bien élevés, le public applaudit respectueusement le binôme qui a au moins le mérite d'avoir relevé le défi inopiné de remplacer Gaëlle Buswel.

BLUE ÖYSTER CULT [20:30-22h20]
http://www.blueoystercult.com/

L'extinction des feux, accompagnée d'une évocation de "Blade Runner" (Vangelis) dans les enceintes, annonce l'imminence du concert tant attendu !

Le quintuor entre en scène et attaque avec "Tattoo Vampire" que je confesse ne pas avoir reconnu immédiatement. Je ne m'attendais pas à ce titre en introduction, et pourtant avec le recul il me semblait s'imposer en cette période d'halloween, importante pour les ricains.

Je retrouve ainsi avec plaisir la même formation qu'au Retro C Trop en 2017. Donald ROESER alias "Buck Dharma" (guitare, chant depuis 1967, né le 12 novembre 1947 ; 74 ans) reste le seul membre fondateur du groupe, mais Eric BLOOM (chant, guitare, claviers depuis 1969, né le 1er décembre 1944 ; 77 ans) était déjà intégré au groupe pour le premier album. Ils sont entourés de Danny MIRANDA (basse, chœur de 1995 à 2004, puis depuis 2017), Richie CASTELLANO (guitare, claviers, chœurs, depuis 2007 – après avoir été basse de 2004 à 2007) et Jules RADINO (batterie depuis 2004).

Cette salle dispose d'une acoustique excellente, l'ingénieur du son m'a semblé à la hauteur de l'enjeu, par conséquent la sonorisation nous a permis de vivre un excellent concert.

Un éclairage à la fois lumineux et coloré a parfaitement entretenu les atmosphères à l'attention des regards et des objectifs de chasseurs d'images. Aucun fond de scène ; ni symbole, ni écran. Aucun artifice ni décor de scène, juste des musiciens et leurs accessoires. Rock'n'roooooooooll !

La prestation est quasi irréprochable avec des titres piochés dans la longue discographie, parfois de manière surprenante (Tattoo Vampire, The Vigil, Teen Archer, I Love the Night) parfois de manière plus conventionnelle (Burnin' for You, Then Came the Last Days of May, Godzilla, Don't Fear The Reaper), mais le titre qui m'aura surpris avec bonheur fut Black Blade.

Fait notable, la séquence initialement jouée au saxo dans "Shooting Shark", titre coécrit par Buck Dharma et Patti Smith, est ici remplacée par les guitares de Ritchie puis de Buck.

Un des points culminant fut sans doute l'interprétation de "Then Came the Last Days of May" avec ses étourdissants solos des guitares de Ritchie, puis de Buck ! Ce dernier n'a d'ailleurs pas cessé de nous démontrer, avec sa fameuse guitare-gruyère, qu'il a de beaux restes, notamment après "Godzilla". Vraiment, voir ces deux grands guitaristes rivaliser de soli fut un réel bonheur. Richie Castellano est un multiinstrumentiste particulièrement doué, talentueux et charismatique. Buck demeure une Référence, toujours aussi technique et sensible sur ses cordes.

Eric quant à lui n'est certes plus aussi fringant qu'autrefois, et sa voix peut paraitre parfois hésitante, mais il inspire toujours le respect. Pour le côté esthétique, dommage qu'il ne joue plus avec sa légendaire guitare aux formes du logo.

Le public exulte avec moi, mais pouvait-il en être autrement ?! Les ovations permettent un juste retour du groupe pour un rappel amplement mérité.

Autre qualité du groupe, et non des moindres, l'auditeur peut s'engager à les suivre sur plusieurs dates, le programme varie le plus souvent. Ces musiciens exploitent leur répertoire en modifiant les titres interprétés durant leur tournée, quand d'autres (je ne nommerai personne, non !) se contentent d'un programme figé pendant toute leur tournée ! Par rapport à la veille, la loterie des programmes variables d'un soir à l'autre nous a ainsi privé de NEUF TITRES : "Transmaniacon MC", "Harvest Moon", "E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence)", "Train True (Lennie's Song)", "Tainted Blood", "Dancin' in the Ruins", "Perfect Water", "Harvester of Eyes",  et surtout de "Cities on Flame With Rock and Roll". Je considère être en droit d'être frustré, quand on se rappelle avoir acheté nos billets avant les spectateurs d'hier… mais bon, passons!

Dix-sept titres, dont (seulement) deux de The Symbol Remains (2020), trois issus de Blue Öyster Cult (1972), trois de Spectres (1977), deux de Agents of Fortune (1976), deux de Secret Treaties (1974), un de The Revölution by Night (1983), un de Cultösaurus Erectus (1980), un de Fire of Unknown Origin (1981), un de Mirrors (1979), et un de Tyranny and Mutation (1973). Un heure cinquante de plaisir auditif absolu.

PROGRAMME
Bande son introductive : Blade Runner (Vangelis)
Tattoo Vampire (Agents of Fortune, 1976)
That Was Me (The Symbol Remains, 2020)
Golden Age of Leather (Spectres, 1977)
Burnin' for You (Fire of Unknown Origin, 1981)
Shooting Shark (The Revölution by Night, 1983)
The Vigil (Mirrors, 1979)
Cagey Cretins (Secret Treaties, 1974)
Box in My Head (The Symbol Remains, 2020)
Screams (Blue Öyster Cult, 1972)
She's as Beautiful as a Foot (Blue Öyster Cult, 1972)
Black Blade (Cultösaurus Erectus, 1980)
Then Came the Last Days of May (Blue Öyster Cult, 1972)
Godzilla (Spectres, 1977)
(Don't Fear) The Reaper (Agents of Fortune, 1976).
RAPPEL :
Teen Archer (Tyranny and Mutation, 1973)
I Love the Night (Spectres, 1972)
Dominance and Submission (Secret Treaties, 1974).

Il est permis de craindre de pas de ne pas les revoir de sitôt, le passage à l'échoppe s'imposait. J'ai été bien inspiré de m'y précipiter car, la tournée européenne touchant à sa fin, il ne restait que très peu de t-shirts. J'ai même dû me contenter d'une taille inférieure à mon habitude, et je m'estime heureux, car j'avais à peine le dos tourné que le stock fut épuisé !! ouf !






dimanche 23 octobre 2022

MARILLION – Zénith de Paris – dimanche 23 octobre 2022.

 

Encore un reliquat de la pandémie, cet événement était prévu le dimanche 17 octobre 2021, et la Convention bisannuelle était prévue en mars 2022 ; tous les deux ont été reportés d'un an, mettant ainsi notre patience à rude épreuve. Autant dire qu'avec la parution du splendide album "An Hour Before It's Dark", notre fébrilité avait encore monté d'un cran, cette date automnale était particulièrement attendue !

Rédiger un récit sur mes impressions à l'issue d'un concert de MARILLION demeure un exercice redoutable pour moi. Je crains toujours de me vautrer dans le pathétique au dépends d'un partage d'impressions le plus factuel, à défaut d'objectif possible. Le fait est que ce groupe, à l'instar de quelques autres, est capable de provoquer en moi des vagues émotives irrépressibles. Leur Musique est l'une des prescriptions qui soulage le mieux mes tracas du quotidien. Elle illustre parfaitement le concept de musicothérapie que je prône depuis toujours.

Ô, je sais bien que ceux qui me connaissent de longue date pourront m'opposer mon dédain initial durant les années 80 pour ce groupe avec lequel je ne me suis finalement réconcilié que dans les années 2000 (eh oui…), par la grâce de Monsieur Steven Wilson. Vieux motard que jamais, ce soir n'est ainsi que la quinzième fois que j'assiste pieusement à leur concert.

Avec ma p'tite Fée et mon fils, nous parvenons à nous positionner très correctement en fosse, en centre gauche, à une dizaine de rangs de la scène. Nous remarquons la présence du guitariste d'OVERHEAD, Jaakko Kettunen et de sa ravissante épouse que nous avions quitté moins de vingt-quatre heure auparavant. Une nouvelle occasion pour lui renouveler notre respect admiratif !

Le Zénith est dans son format réduit et pourtant il est à peine rempli. Certes, les admirateurs français ont eu cette fois l'opportunité de se répartir sur six dates réparties dans l'Hexagone. Mais quand même, il est bien navrant de devoir compter sur le renfort d'une brigade d'admirateurs allemands (arborant fièrement leur t-shirt "Web Germany, Die offizielle deutsche Marillion Gemeinschaft") pour tenter de combler les trous. On peine alors à se souvenir de l'époque où MARILLION remplissait le POP-Bercy … Mais on va estimer que la plupart des plus sincères dévots franciliens sont ici… Pauvre, pôôôôvre france.

18h30 : UN DUO IDYLLIQUE

Cette fois, mon "angoisse de la feuille blanche" est soulagée avec l'opportunité de débuter mon récit par un conte de Fée des temps modernes. Dans le cadre très particulier du microcosme MARILLION, le romantisme à toute sa place, car il est favorisé par leur musique et l'émotion qu'elle procure. Et ce soir, nous en aurons de nouveau une belle démonstration.

Il était une fois, une jolie violoniste bruxelloise qui faisait partie d'IN PRAISE OF FOLLY, un quatuor de cordes recruté par MARILLION pour les accompagner en concert. Maia Frankowski s'épanouit pleinement en accompagnant les anglais lorsqu'elle rencontre son prince charmant, l'artiste folk britannique Harry Pane… Ils ont été réunis par un beau coup du sort ; le couple s'est rencontré sur scène lors d'une tournée européenne. Leur première collaboration, le monoplage "Time", est sorti en 2020 sous le nom de "Harry Pane feat. Maïa Frankowski". Ils créent ainsi le duo JUNE ROAD, un mélange indie folk exprimant de riches harmonies vocales, à la guitare et au violon. Leur biographie nous décrit "une alchimie entretenue par une passion commune pour les voyages". Le duo est désormais basé à Bruxelles où leur écriture et leur relation s'épanouissent. Bref, dans la pure tradition de sincérité, limite candeur, typiquement belge, la jolie princesse a même clamé à notre assemblée que leur Amour sera sacré par le mariage ! C'est bô, l'Amoûr !

Les parrains de cette belle union ont eu la bonne idée de recruter le couple de tourtereaux pour ouvrir leurs soirées du 16 octobre au 9 novembre.

Nous avons déjà eu l'occasion d'assister à deux concert d'Harry Pane, à chaque fois à l'invitation de MARILLION ; le premier lors de la Convention le 26 mars 2017, puis une deuxième fois à Pleyel le 9 décembre 2019. Prétendre qu'il m'avait laissé un souvenir impérissable serait un abus de langage, m'enfin son entrain et son grain de voix ont toujours permis de passer un bon moment. Quant à sa protégée, nous l'avons écoutée à chaque fois qu'IN PRAISE OF FOLLY accompagnait MARILLION ; depuis le 26 mars 2017, depuis que cette formation musicale nous était apparue déguisée en costumes (18e s) pour interpréter les titres de l'album ".com".

Bon, c'est pas le tout, mais ça donne quoi au final ?! Eh bien c'est ma foi très, très bien fait ! Le violon endiablé et les accords très rythmés à la guitare sèche forment une belle unité entrainante. Je ne connais pas leurs références, mais leur état d'esprit et leur expression musicale nous a plu. Des mélodies énergiques et/ou douces ont contribué agréablement à nous faire patienter avant la Grand' Messe. Je ne traverserais pas l'Europe pour aller les voir, mais disons que je passerais bien une soirée en leur compagnie (enfin, pour être honnête surtout celle de la belle Maia) dans un bar.

19h30 : UN QUINTETTE MAGIQUE

L'entrée sur scène de Steve Rothery (guitares, depuis 1979), Mark Kelly (claviers, depuis 1981), Pete Trewavas (basse, chœurs, depuis 1981), Ian Mosley (batterie, depuis 1984), et Steve Hogarth (chant, clavier, guitare et percussion, depuis 1988) restera toujours un moment d'intense émotion qui dénonce une réelle communion d'esprit entre les artistes et leur public. Ce soir, un sixième membre est présent sur scène ; le percussionniste Luis Jardine. Son pedigree montre sa participation aux enregistrements parallèles de H, ainsi qu'au dernier album de MARILLION.

"An Hour Before It's Dark" paru le 4 mars 2022 pourrait être considéré comme le vingtième opus, mais ce serait en considérant que l'acoustique "Less is More" et que l'orchestré "With Friends…" seraient des albums à part entière, et qu'en revanche les deux volumes "Happiness Is the Road" ne formeraient qu'un opus, ce qui me semble discutable… Bref, quoi qu'il en soit c'est par ce somptueux album que débute mon quinzième concert.

Nous avons pu sans difficulté conserver notre emplacement, nous sommes en présence d'un public respectueux et unanime pour communier (j'ignore volontairement l'intrusion d'un ou deux parasites discourtois qui sont en retard sans l'assumer ; ils sont fort heureusement bien moins nombreux ici qu'ailleurs, tel est le sens de mon propos !). De là, nous pourrons observer Pete, placé devant Ian, sur notre gauche, et H sur notre droite. Steve est positionné devant Mark, sur la droite. 

Une acoustique et une sonorisation excellentes nous permettent de retrouver immédiatement la Porte vers l'Univers magique !


L'intégralité de l'album défile et ne fait que confirmer tout le bien que nous en pensions depuis notre salon. Quelle magnifique Création ! Un recueil à la fois sombre, lumineux, poétique aérien, dynamique et émouvant. Toute une palette d'émotions exprimées avec conviction par ce grand comédien qu'est Steve Hogarth. Ce chanteur au timbre si sensible et expressif est vraiment doté d'un charisme exceptionnel.

"The Crow and the Nightingale" était et restera je pense mon titre préféré de l'album. Il a su une nouvelle fois tirer les larmes de mes yeux, déjà embués par ce qui précédait ! L'usage de bandes-son a habituellement le don de m'agacer, néanmoins cette fois j'admets volontiers que les sonorités bouleversantes du Choir Noir aurait manqué à l'ambiance du titre… La ferveur de l'auditoire a encore monté d'un cran !

Steve Rothery, l'immense guitariste, digne fils spirituel des D. Gilmour, A. Latimer et autre M. Knopfler, reste une source d'admiration infinie. Son inquiétant embonpoint ne semble pas gêner ses sensibles touchers qui transcendent les harmonies du groupe. Ces soli admirables accentuent les sentiments déjà puissamment exprimés par la musique.

Pete Trewavas, m'a semblé bénéficier d'un son particulièrement efficace qui m'a permis d'admirer une nouvelle fois son jeu, ses accords comme cet ostinato introductif entêtant sur "Murder Machines". Ces chœurs généreux en soutien à H accentuent son statut de pilier fiable.

Mark Kelly, le garant des ambiances aérées et des atmosphères somptueuses nous faire vivre ses superbes progressions de textures sonores, notamment sur "The Crow and the Nightingale" (eh oui, encore ce titre !).

Ian Mosley ne revendique ni originalité, ni exubérance ; il met à profit toute sa longue expérience pour garantir les rythmes requis et il le fait avec tact et précision.

 


Ces cinq artistes conjuguent leurs talents avec une force, une authenticité et une sincérité qui leur confère le rang de maîtres de la scène néoprog. Le chant habité de H, la délicatesse des interventions de Steve Rothery alliée à celle de Mark Kelly, et la base basse/batterie astucieusement dosée mais suffisamment puissante pour assurer le voyage de l'auditeur ; tout est équilibre, source de plaisir auditif et d'évasion spirituelle. L'apport des percussions de Luis Jardine a encore ajouté une touche d'épices très agréable à l'ensemble. Agréable, mais pas indispensable à mon sens ; s'il devait y avoir un choix à faire, j'opterais pour le retour de l'orchestre. Mais je concède volontiers que le coût de revient n'est pas le même !

Faire plaisir, rendre les gens heureux semble l'objectif absolu de MARILLION ; très attentionnés pour leurs admirateurs (je peux en témoigner avec une certaine émotion, depuis les Conventions !), ils le sont aussi pour leur proches. Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Nial HOGARTH, fils de Steve et accessoirement assistant technique ; il est prié de venir, une fois n'est pas coutume, sur le devant de la scène pour accepter un opportun gâteau piqué de ses bougies. Evidemment, le public toujours aussi spontané, solidaire et émotif entonne LA chanson adéquate !

Il n'y a pas d'entracte avant une deuxième partie de soirée durant laquelle MARILLION interprète cinq titres d'une période comprise entre de 1994 à 2007, dont trois sont issus de "Brave" (1994), un de "Somewhere Else" (2007) et un de "Afraid of Sunlight" (1995). Le poignant "The Great Escape" clôt le concert avant les rappels évidemment attendus.

L'enthousiasme du public est total, bien évidement. Il est vrai qu'il serait difficile de trouver un titre qui déçoive l'auditeur en concert…

Le groupe ne tarde pas à revenir pour nous accorder les quatre séquences du fabuleux "The New Kings", titre issu de "F E A R" (2016). Alors que depuis le début il était engoncé dans un costume oppressant, H revient vêtu d'autre costume… qui nous parait toujours aussi inadapté à sa mobilité et à la température scénique !

Un second rappel achève d'exalter les plus anciens adeptes avec "Sugar Mice" ! H est vêtu d'une veste plus légère cette fois !! Je suis toujours ému/frustré de voir mes co-mélomanes chanter les paroles, en particulier le refrain, à l'invitation de H qui leur tend son micro. Je ne devrais plus me contenter de lire (et d'essayer) de comprendre les textes, il me faudrait aussi les retenir (hypocrite vœu pieu !) …

21h30 : Les musiciens, souriants et reconnaissants, quittent la scène avec une intense ovation, après avoir délivré deux heures de bonheur intense. Les lumières se rallument pour nous ramener brutalement à la réalité de cette fin de soirée.

A peine le temps de partager nos émotions que déjà les videurs nous indiquent la sortie.

PROGRAMME :
ACTE I : An Hour Before It's Dark (2022)
Be Hard On Yourself (I) The Tear in the Big Picture
Be Hard On Yourself (II) Lust for Luxury
Be Hard On Yourself (III) You Can Learn
Reprogram the Gene (I) Invincible
Reprogram the Gene (II) Trouble-Free Life
Reprogram the Gene (III) A Cure for Us?
Only a Kiss
Murder Machines
The Crow and the Nightingale (Choir Noir, choeur enregistré)
Sierra Leone (I) Chance in a Million
Sierra Leone (II) The White Sand
Sierra Leone (III) The Diamond
Sierra Leone (IV) The Blue Warm Air
Sierra Leone (V) More Than Treasure
Care (I) Maintenance Drugs (h on cowbell)
Care (II) An Hour Before It's Dark
Care (III) Every Cell
Care (IV) Angels on Earth.
ACTE II :
Somewhere Else (Somewhere Else, 2007)
Wave (Brave, 1994)
Mad (Brave, 1994)
Afraid of Sunlight (Afraid of Sunlight, 1995)
The Great Escape (Brave, 1994).
RAPPEL :
The New Kings: I. Fuck Everyone and Run (Fuck Everyone and Run (F E A R), 2016)
The New Kings: II. Russia's Locked Doors
The New Kings: III. A Scary Sky
The New Kings: IV. Why Is Nothing Ever True ?
RAPPEL 2:
Sugar Mice (Clutching at Straws, 1987).


Je jette un coup d'œil à l'échoppe, mais je reste sage. Dans environ 150 jours, nous aurons l'occasion de nous ruiner à l'échoppe de la Convention !

L'atterrissage est lent. Nous sommes une quinzaine à convenir de nous retrouver autour d'une table de bistrot, histoire de prolonger cette parenthèse de bonheur dans un monde de brutes.

samedi 22 octobre 2022

PROG EN BEAUCE VIII – samedi 22 octobre 2022, salle Maurice Leblond de Pierres (28)

 

Grâce à la ténacité et la passion de Thomas, Jean-Michel et leurs compagnes respectives, ce beau festival continue d'exister en dépit de bien des désillusions, des renoncements et, heureusement, des espoirs maintenus. Sans cette maudite Pandémie, cette huitième édition aurait dû se tenir le 20 octobre 2020. Reportée au 23 octobre 2021, elle fut de nouveau reportée à ce 22 octobre 2022. De surcroît, j'ai bien failli manquer cette édition pour des raisons personnelles ; je n'ai pu m'y engager que le 2 octobre dernier ! A force de persévérance et de patience, le microcosme de fidèles mélomanes s'est ainsi à nouveau réuni pour notre culte commun. Ce sera mon cinquième et dernier festival de la belle année musicale 2022.

La biographie du site PROG EN BEAUCE nous indique que la première édition s'est jouée "à guichet fermé" le 26 octobre 2013 dans la petite salle "Rive Droite" de Nogent-Le-Roi. Les trois années suivantes, le festival a trouvé un lieu plus spacieux à Villemeux-sur-Eure. Depuis le 29 octobre 2017, il se tient désormais dans la salle Maurice Leblond de Pierres, en partenariat avec la municipalité.

C'est à cette occasion que j'ai assisté à ce festival pour la première fois ! Il s'agissait pour moi surtout de revoir LAZULI. Depuis, je réserve cette période du calendrier pour l'événement. Je n'ai toutefois pas été en mesure d'assister à l'édition 2018, ce qui m'a privé d'anticiper ma dévotion pour MOSTLY AUTUMN. La VIIème édition en 2019 a confirmé mon intérêt pour cet événement. Puis, dans un contexte encore pandémique, l'organisation du PeB a eu toutefois l'énergie de réunir les affamés de musique, le 23 octobre 2021, pour une soirée de concerts avec LAZULI en tête d'affiche ; ce fut encore une soirée très réussie !

La musicothérapie, c'est important. Les amis aussi. Ces rendez-vous constituent une belle occasion de les retrouver, parfois venus de loin. Pour parfaire ses retrouvailles, il est des traditions qui se respectent et s'inscrivent dans la durée ; pour la deuxième fois consécutive, un déjeuner au restaurant du coin (non, je ne dirai pas lequel ! la carte est un pur régal, mais l'endroit dispose de peu de places !) permet d'entamer l'après-midi dans les meilleures conditions ! Notre microsociété vient d'ouvrir une nouvelle parenthèse salvatrice dans ce monde de brutes, pour échanger avec passion nos découvertes, nos émotions musicales, nos objectifs de concerts et festivals… L'organisation tient à cet égard à rappeler qu'un des nôtres a disparu cet été ; un hommage à Eric Bouillette (Nine Skies) est brièvement rendu.

Cette VIIIème édition éveille la curiosité, elle reste internationale et attractive en présentant quatre groupes venus respectivement des Hauts-de-France, de Finlande, de Pologne, et de Grande-Bretagne. Trois groupes sont déjà montés sur les planches devant moi ;  ma découverte du jour viendra de l'Est !

Points communs à l'ensemble de la soirée, le fond de la scène est occupé d'un écran disponible pour tous les groupes pour présenter images et illustrations. Le dispositif d'éclairage leur a permis une équitable répartition des moyens.

(Ouverture des portes 14h30)

AMARTIA [15h40-16h25]
F  http://www.amartia.fr/

AMARTIA est un groupe de rock français (Lille), mais anglophone, d'abord fondé en tant que quatuor à l'aube du nouveau millénaire par Vincent Vercaigne (guitares, chœurs, claviers, programmation), Marielle Duroule (chant), Nicolas Sion (basse), et Vincent Duparcq (batterie, percussions). Leur premier album intitulé "Maïeutics" est sorti en 2002.

Leur discographie présentait quatre albums aux influences variant du rock progressif au métal atmosphérique, quand j'ai assisté à leur concert lors du Raismesfest, le 14 septembre 2008. J'étais encore laconique dans mes récits de l'époque, mais j'indiquais : "Ces chti jouent un rock progressif accrocheur. La chanteuse Britta a du coffre, les musiciens talentueux, et leur album "Délicately" est sans doute à découvrir. A suivre. http://www.myspace.com/amartia". Cyril Carrette accompagnait déjà Vincent Vercaigne. Ce troisième album "Delicately", est paru le 1er décembre 2008.

Avec son sixième opus empreint d'une ambiance plus apaisée et atmosphérique, AMARTIA semble s'ancrer dans la scène progressive ; "Daylight Beauty" est paru le 12 mars 2021. Vincent Vercaigne (guitares, chœurs), est actuellement entouré de Cyril Carrette (claviers), Amandine Duwooz (chant), Sébastien Descarpentries (basse, percussions), et Quentin Daumal (batterie, percussions).

Est-ce un réglage de sonorisation inadapté, ou est-ce le timbre de la chanteuse ; toujours est-il que j'ai peiné à percevoir le chant. Pour le reste, les musiciens m'ont convaincu de leur talent pour nous livrer une musique douce, sombre et envoûtante. Mon impression ressentie en 2008 semble globalement se confirmer ce soir, même si je n'ai pas retrouvé mon enthousiasme pour le chant. A mon humble avis, il gagnerait en originalité en français, mais AMARTIA demeure un groupe à suivre assurément.

Huit titres dont cinq issus de "Daylight Beauty" (2021), une de The Beast Within (2021), une de Marionette  (2021) et une de Delicately (2008).

PROGRAMME
Lose Control (Daylight Beauty, 2021)
Dancing Light (Daylight Beauty, 2021)
Fortunée (The Beast Within..., 2017)
Child's Eye (Daylight Beauty, 2021)
NDE (Marionette, 2006)
Please Tell Me (Daylight Beauty, 2021)
Old Man and the Sea (Daylight Beauty, 2021)
Rain's End (Delicately, 2008).

 

OVERHEAD [17h-18h25]
F http://www.overhead-band.com/
https://www.facebook.com/overheadband/
https://overheadband.bandcamp.com/music

Fondé en Finlande en 1999, ce quintet se compose actuellement d'Alex Keskitalo (chant et flûte), Jaakko Kettunen (guitare), Ville Sjöblom (batterie, choeurs), Janne Katalkin (basse), Jere Saarainen (claviers). Grâce à une fabuleuse trilogie d'albums studio : "Zumanthum" (2002), "Metaepitome" (2005) et "And We're Not Here After All" (2008), ils se sont vite bâtis une solide réputation dans le milieu prog. De clubs de rock, en festivals à travers l'Europe, en passant par des lieux prestigieux comme le palais du Roi Soleil à Versailles, ou le légendaire Spirit of 66 en Belgique, ils ont acquis une bonne maitrise de la scène.

Ils ne cachent pas leurs influences qui passent par des géants du prog classiques comme PINK FLOYD, GENESIS, JETHRO TULL et KING CRIMSON. Cette fusion aboutit à des mélodies bien construites, des voix claires parfois éraillées, des atmosphères calmes et contrastées, des arrangements raffinés, sophistiqués, mélangés à d'étranges séquences psychédéliques et électroniques. Sans oublier de superbes parties instrumentales, en particulier à la guitare avec Jaakko mais aussi à la flûte avec Alex.

Un sixième opus est attendu pour mars prochain ; le cinquième album "Haydenspark" est paru le 15 novembre 2018.

Pour ma part, je ne les ai découverts qu'en hiver 2019, alors que l'affiche du Festival à Loreley mentionnait ces finlandais à la date du 20 juillet 2019. Les écoutes préalables en boucles de leurs disques m'ont sans doute permis d'accrocher immédiatement à leur prestation scénique très efficace. Nous regrettions déjà de ne pas les avoir connus plus tôt ! Puis, nous avons eu grand plaisir à les revoir cet été lors du Festival Crescendo le 22 aout 2022. A chaque fois, nous avons pu constater de surcroit leur amabilité, leur accessibilité, ce qui les rend très attachants.

En étant positionné dans les premiers rangs, le premier titre m'a fortement inquiété pour la suite du concert car la sonorisation était manifestement très mal réglée. La voix et la flûte étaient inaudibles. Fort heureusement, le son a ensuite été amélioré, sans toutefois atteindre l'excellence. Ce regrettable incident aurait pu me gâcher le plaisir mais, plus grave encore, empêcher d'autres mélomanes de connaitre leur musique pourtant si entrainante et mélodique. Il faut croire que les astres n'étaient pas alignés en leur faveur aujourd'hui, car le titre "Dawn" a été interrompu par une coupure d'électricité bien inopportune. Mais il en fallait davantage pour démotiver les musiciens qui ont repris le cours du concert au fil du retour des éléments (d'abord le son, puis les lumières). L'éclairage quant à lui était correct, la luminosité a permis quelques beaux clichés pour les chasseurs d'images.

Comme à leur habitude, Jaakko Kettunen (guitare) et Alex Keskitalo (chant et flûte) inondent la scène de leur talent remarquable. Les soli époustouflants de Jaakko exécuté avec brio, générosité et sourire alternent et se conjuguent avec les mimiques, la gestuelle désarticulée et les accords de flûtes exprimés par Alex. Comment ne pas penser à Ian Anderson en regardant ce saltimbanque déjanté et touchant. Je n'oublie pas bien sûr le rôle important des soutiers sans lesquels l'entrain ne serait pas. Ville Sjöblom est le métronome imperturbable, même en regardant les facéties du chanteur, ses frappes sont approfondies par la basse inlassable de Janne Katalkin, alors que Jere Saarainen se charge des nappes déchainées et harmonieuses aux claviers.

J'avoue bien volontiers ne pas être objectif en parlant de ce groupe, j'aime leur musique à la fois mélodique, puissante, irrésistible et éclectique. Décidément, d'une manière plus générale, force est de constater que ces scandinaves persistent à nous séduire toujours davantage par leur magnifique diversité et leur talent ; je pense bien sûr notamment à THE WINDMILL, THE WOBBLER, OAK, THE FLOWER KINGS, LEPROUS, OPETH, GASPACHO, SOEN, ALL TRAP ON EARTH, PAIN OF SALVATION, ANEKDOTEN, … et je ne cite que le milieu du rock progressif (je pourrais citer aussi mes favoris dans le metal !).

En dépit des déplorables aléas techniques, OVERHEAD a obtenu une très enthousiaste ovation du public ; en écoutant çà et là les commentaires, bon nombre des spectateurs ne connaissaient pas ces vikings mais ils ont été conquis. Non plus de manière barbare comme leurs ancêtres mais avec poésie et harmonie !

Huit titres ont permis au groupe de présenter un extrait de leur discographie ; un titre de l'album à paraitre (mars 2023), deux titre de l'album le plus récent "Haydenspark" (2018), un de "And we're not here after all" (2008), et quatre du magnifique "Metaepitome" (2005).

PROGRAMME
Haydenspark (Haydenspark, 2018)
Metaepitome (Metaepitome, 2005)
Butterfly's Cry (Metaepitome, 2005)
Point Of View (Metaepitome, 2005)
Gone Too Far (Haydenspark, 2018)
Tuesday That Never Came (à venir, 2023)
To The Madness (and we're not here after all, 2008)
Dawn (Metaepitome, 2005).

Tuesday That Never Came

Montage du concert (sans le premier titre car la sono n'était pas au point)

Après avoir assistés à trois concerts en festival, nous aimerions bien les voir en concert, en tête d'affiche bien sûr. Mais pour cela il faudra peut-être nous rendre assez loin…

A l'échoppe nous retrouvons Jaakko accompagné de sa charmante et souriante compagne, déjà à ce poste au Crescendo il y a deux mois ; ils commencent à nous reconnaitre, à force. Il faut dire qu'il est très présent sur Facebook ; ça aide ! Nous lui achetons le dernier né ; l'enregistrement du concert de cet été au Crescendo. Nous lui exprimons notre vœu de les voir chez eux à Helsinki, mais pour l'instant il n'y a pas de date fixée… Avant cela, on se salue et nous donnons rendez-vous au lendemain, car lui et sa Belle seront également au concert de Marillion ! (note a posteriori : nous les approcherons de nouveau, spectateurs dans la fosse !)

 

MILLENIUM [19h-20h25]
F http://www.millenium.art.pl/strony/sklep_a.htm

FRAMAURO groupe précurseur de Millenium, fut fondé à Cracovie (Pologne) en 1996 par le multi-instrumentiste Ryszard Kramarski. Ce premier projet fut rebaptisée Millenium en 1999. Ryszard Kramarski (claviers, guitares) est actuellement entouré de Piotr Płonka (guitare), Krzysztof Wyrwa (basse), Grzegorz Bauer (batterie, percussion), et Dawid Lewandowski (chant). Ce dernier vient d'intégrer le groupe depuis peu.

Le dernier opus "Tales From Imaginary Movies" est paru le 5 septembre 2022. Une quinzaine d'autres albums studio l'ont précédé, mais il m'est difficile d'en distinguer le nombre parmi une discographie ponctuée de mini-albums, de récapitulatifs et d'enregistrement de concerts.

Je ne connaissais pas du tout ces polonais, ce festival me donne donc l'occasion de les découvrir. Ils sont apparentés au mouvement néo-progressif, mais je considère qu'ils ont abandonné leur véritable originalité en délaissant leur langue maternelle. Désormais anglophone, MILLENIUM accumule les albums en démontrant certes de belles ambiances mélodiques mais sans révolutionner le genre. C'est l'impression que je retiens de leur prestation qui, en quatorze titres, a permis de passer en revue sept albums de leur discographie de 2000 à 2022. Grâce à une sonorisation correcte, leur musique m'a semblé plutôt agréable à entendre, sans toutefois me paraitre bouleversante. Le chanteur, récemment intégré au groupe, a fait ce qu'il a pu avec l'aide d'un prompteur, mais fatalement cet outil n'était pas de nature à développer son charisme. Les soli de guitare et de clavier montrent parfois un bon niveau et tentent de briser une certaine monotonie. Sensation de monotonie peut-être en partie entretenue par des séquenceurs et boites à rythmes et peut-être aussi un manque d'unité… Bref l'ensemble ne m'a pas ému outre mesure.

Heureusement pour eux, une bonne partie du public semble les avoir suffisamment appréciés pour leur accorder une belle ovation. Belle récompense pour une groupe peu habitué à la scène ; une trentaine de concert en 22 ans. C'est leur première prestation en France, et même leur première prestation hors de Pologne, semble-t-il ! Accordons-leur des circonstances atténuantes, donc.

Des quatorze titres, trois sont issus du dernier opus "Tales From Imaginary Movies" (2022), deux de "The Sin" (2020), un de "The Web" (2019), un de "Ego" (2013), un de "Exist" (2008), deux de "Interdead" (2005), un de "Deja Vu" (2004), deux de "Reincarnations" (2002), et un de "Vocanda" (2000).

PROGRAMME
Higher than me (Reincarnations, 2002)
Visit in Hell (Vocanda, 2000)
When I fall (Ego, 2013)
A World full of Spies  (Tales From Imaginary Movies, 2022)
Light Your Cigar (Reincarnations, 2002)
Madman (Interdead, 2005)
A Comedy of Love (Tales From Imaginary Movies, 2022)
Name on the sand (The Web, 2019)
Gluttony (The Sin, 2020)
Demon (Interdead, 2005)
Envy (The Sin, 2020)
Drunken Angels (Deja Vu, 2004)
Embryo (Exist, 2008)
Tales from imaginary Movies (Tales From Imaginary Movies, 2022)


ARENA [21h35-23h20]
F https://www.arenaband.co.uk/

Arena a été fondé en 1995 à Virginia Water (Surrey, Royaume-Uni), par Clive Nolan, le claviériste de PENDRAGON et SHADOWLAND, et Mick Pointer, le batteur original de Marillion (de 1979 à 1983).

La plupart des paroles du groupe sont écrites par Nolan, bien que Pointer ait contribué aux paroles de Sirens et d'autres morceaux des deux premiers albums. Alors que les premiers albums s'inspirent du rock progressif traditionnel, la discographie montre une évolution qui les pousse à davantage de puissance, d'originalité et de musicalité, s'approchant ainsi du progmetal ; ce qui n'est pas pour me déplaire ! Avec "The Visitor" enregistré en 1998, le groupe confirme son statut de groupe majeur dans leur genre. D'ailleurs, aujourd'hui encore ses titres sont fréquemment repris en tournée !

Pour ma part, je ne me suis vraiment intéressé à ARENA qu'en 2015, soit bien longtemps après PENDRAGON que je persiste à préférer malgré tout.

Les deux cofondateurs Clive Nolan (claviers et chœurs, depuis 1995), et Mick Pointer (batterie, depuis 1995), sont désormais entourés de John Mitchell (guitares chœurs, depuis 1997), Kylan Amos (basse, depuis 2014), et Damian Wilson (chant, depuis 2020).

"The Theory of Molecular Inheritance" est paru officiellement ce 21 octobre 2022, mais je l'ai déjà écouté maintes fois avec un plaisir toujours renouvelé ; on retrouve les ingrédients traditionnels du groupe auxquels s'est ajoutée une voix que j'estime encore supérieure à celles de ses prédécesseurs (sans vouloir minorer leur réel talent). J'apprécie le timbre, la puissance, l'éloquence et on devine même en studio le charisme naturel du personnage.

Etant placé en fosse, à quelques rangs de la scène à laquelle je fais face en son centre, la sonorisation m'a semblé parfaite, chaque pupitre étant perceptible. Bel éclairage et fond de scène identiques au dispositif que j'ai pu observer à Oslo la semaine dernière.

The Equation

Je vais cette fois rester bref sur mes impressions issues de ce concert car elles seraient similaires à celles exprimées sur le concert d'Oslo. En effet, la seule différence notable c'est le remplacement, pour le rappel, du titre "Solomon" issu de "Songs From the Lion’s Cage" (1995) (durant lequel Damian était venu fendre le public), par "Enemy Without", un cinquième titre issu de "The Visitor" (1998). Damian s'est cette fois abstenu de se jeter sur la foule ; j'imagine qu'il a compris la leçon (même les vikings n'avait pas pu le soutenir !!).

Autre similarité, l'enthousiasme que suscite la musique d'ARENA sur son public. Les norvégiennes étant peut-être un peu plus démonstratives !

ARENA a interprété dix-sept titres, dont cinq de The Visitor, (1998), trois de The Theory of Molecular Inheritance, (2022), trois de The Seventh Degree of Separation, (2011), un de Pride, (1996), un de Immortal ?, (2000), un de Contagion, (2003), un de Pepper's Ghost, (2005), un de The Unquiet Sky, (2015), et un de Double Vision, (2018).

PROGRAMME
Time Capsule (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
Rapture (The Seventh Degree of Separation, 2011)
Bedlam Fayre (Pepper's Ghost, 2005)
How Did It Come to This? (The Unquiet Sky, 2015)
The Butterfly Man (Immortal ?, 2000)
Paradise of Thieves (Double Vision, 2018)
The Equation (The Science of Magic) (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
A Crack in the Ice (The Visitor, 1998)
Salamander (Contagion, 2003)
A State of Grace (The Visitor, 1998)
The Ghost Walks (The Seventh Degree of Separation, 2011) (Instrumental)
Life Goes On (The Theory of Molecular Inheritance, 2022)
(Don't Forget to) Breathe (The Visitor, 1998)
The Tinder Box (The Seventh Degree of Separation, 2011)
The Visitor (The Visitor, 1998).
RAPPEL
Enemy Without (The Visitor, 1998)
Crying for Help VII (Pride, 1996).

Cette belle 8ème édition du festival se termine avec les sourires des artistes (tous très disponibles) et des mélomanes, qui avaient eu la bonne idée d'être présents. Mais la route nous attend, et nous devons écourter nos discussions toujours aussi passionnées.

La 9ème édition est d'ores et déjà fixée au calendrier 2023. Mon petit doigt me dit qu'il y aura encore de belles annonces…