dimanche 26 juin 2022

UNE COURTE VISITE EN ENFER : Hellfest XV, le dimanche 26 juin 2022

 
HELLFEST 2022 – Clisson, Val de Moine (44) – DIMANCHE 26 JUIN 2022

Voilà enfin la quinzième édition de cet admirable événement, toujours très attendu, organisé par d'authentiques mélomanes et pour des mélomanes. BEN BARBAUD, le cofondateur du Hellfest, est entouré d'une équipe de 17 personnes épaulées par 7.200 bénévoles au service du festival. Pour beaucoup, l'objectif c'est autant l'occasion d'assister à des concerts que de participer à un moment extraordinaire de convivialité, au sein d'un microcosme qui donne cependant l'illusion de la multitude. De surcroît, après deux reports causés par la Pandémie, le festival est cette année exceptionnellement étendu sur deux weekends, du 17 au 26 juin ; trois jours de concerts suivis de trois jours de repos, puis de quatre jours de concerts.

Quelques chiffres éloquents pour illustrer ce colossal événement… Seul festival à avoir son parc à l'année, le site du festival occupe environ 14 hectares, cinq étant dédiés à l'accueil du public. En outre, 21 hectares sont réservés au camping et 22 aux parkings ! Le Hellfest ne fait généralement pas dans la demi-mesure et l'affiche est très attractive, comme d'habitude. Cette année, 362 groupes de 29 nationalités différentes se produisent sur six scènes (sources : Les Echos, https://www.lesechos.fr/industrie-services/services-conseils/hellfest-les-chiffres-dantesques-du-celebre-festival-de-metal-1413781 ). La plupart des groupes sont européens (195 groupes, dont 55 groupes français) et on peut saluer la présence de JINJER, le groupe ukrainien, qui a été autorisé par son ministère de la Culture à quitter le pays malgré la guerre. Le budget 2019 était de 26 millions d'euros, cette année il s'élève à 53 millions d'euros !! (Vieilles Charrues, 17 millions ; Eurockéennes, 9,7 millions). Avec des retombées économiques pour les partenaires et soutiens logistiques estimées à 40 millions d'euros pour la région ! Sur le site, les pipelines reliant les réservoirs aux tireuses s'étendent sur 4 km et permettent ainsi d'écluser quelques litres de bières (445 000 en 2019), sans compter le muscadet local (plus de 21 000 litres en 2019) !

Les ventes de tickets affichent 60.000 pass par jour, sur sept jours, ce sont ainsi au moins 420.000 personnes que les organisateurs du Hellfest auront dû gérer cette année !!! (180.000 accueillies en 2019). Le pass pour les trois premiers jours coûte 215 euros, tandis que le passe quatre jours pour le deuxième week-end (du 23 au 26 juin) est à 295 euros. La passion est telle que les ventes sont toujours rapidement conclues…

Les plus valeureux et motivés festivaliers auront opté pour la totale. En ce qui me concerne, la raison tente de maitriser la passion, avec plus ou moins d'efficacité. Après immatures réflexions, j'ai opté pour le dimanche 26 juillet, car je tiens prioritairement à assister à la prestation de METALLICA. Pourtant, ce choix aura impliqué le renoncement douloureux au concert d'Iron Maiden qui est prévu le même jour à Nanterre, après deux reports dus à la Pandémie. Mon calendrier n'en finit pas de souffrir des répercussions de ce calvaire collectif.

La date étant fixée, il me restait à choisir mes centres d'intérêts … Le nombre d'artistes et de styles musicaux proposés est énorme… Trop énorme, à mon sens. L'auditeur mélomane, curieux et éclectique est constamment tourmenté par des dilemmes insolubles ; plusieurs scènes proposent concomitamment des artistes susceptibles de m'intéresser. En conséquence, chaque pèlerin se rend dans sa chapelle. Les convertis sont relativement rares. Les scènes annexes (Temple, Valley, Altar ou War Zone) prétendent accorder une chance aux groupes de faible notoriété, alors que les deux scènes principales retiennent une masse importante de spectateurs fidèles à leur objectif. Je conçois que certains puissent s'en satisfaire, moi pas. Cette année encore, par exemple, afin de me garantir une bonne place en fosse pour Metallica, mon principal objectif de la journée, j'ai dû me résigner à ne pas revoir les danois Mercyful Fate. C'est franchement très frustrant.

Nonobstant mes réticences récurrentes, j'avais assisté à une journée de la troisième édition le samedi 21 juin 2008 (18h25), principalement motivé par la prestation de Porcupine Tree. Puis j'y étais retourné pour une journée de la treizième édition, le dimanche 24 juin 2018 (21h30), principalement motivé par la prestation d'Iron Maiden. Je conserve de très bons souvenirs de ces deux incursions qui m'ont permis aussi de découvrir d'autres artistes, même si j'ai toujours eu le sentiment d'en manquer d'autres.

Bref, pour en revenir à cette édition 2022, un écueil supplémentaire s'imposait à nous. Le Midsummer Festival constitue en effet un autre rendez-vous annuel incontournable (cette année, la tête d'affiche est LEPROUS qui était passé quelques jours avant ici au Hellfest). Cet événement se tenait la veille, soit le samedi 25, à Valkenburg (Pays-Bas) à 800 km de Clisson ! Nous avons ainsi été plus ou moins contraints à nous engager sur un périple aventureux de 1 600 km sur trois jours.

Parti très tôt dans la matinée de ce dimanche, nous ne pouvons pas arriver avant le début de l'après-midi, soit bien après le passage de Molybaron que nous aurions pourtant soutenu volontiers. Guidés vers le parking Ouest, nous nous empressons de garer la voiture parmi la multitude avant de marcher ensuite une petite dizaine de minutes vers la station des navettes. Ce sont des bus magnifiquement décorés aux couleurs du Hellfest qui ne tardent pas à nous emmener. Encore une petite dizaine de minutes et nous voilà débarqués à l'entrée de l'Enfer. Tel un Cerbère vigilant, mon fils nous tombe dessus, sans chercher ! Ce tympan-fêlé est là depuis le 16. Nous filons retrouver une bande de potes au pied de la nouvelle et saisissante statue de Lemmy, avant de boire un p'tit Muscadet. Puis nous visitons le camping où dort (peu) mon fiston et hop, direction la fosse, non pas septiques mais convaincus (ok, je sors) !

Pendant ces premiers moments sur le site, j'entendais la prestation de Tagada Jones, que j'ai plus ou moins volontairement manqué, c'est partie remise… Lorsque nous nous approchons des scènes principales, BULLET FOR MY VALENTINE avait déjà débuté son concert.

Guidés par mon fils, rusé comme un Sioux, nous nous sommes faufilés dans la fosse de la scène principale 1, assez proche de l'avancée de scène pour garantir une relative proximité avec les groupes.

Le soleil brille, un p'tit vent nous permet de respirer ; tout va bien !

BULLET FOR MY VALENTINE [17h25-18h25].

Bullet for My Valentine est un groupe de heavy metal gallois de Bridgend, formé en 1998 par Matthew "Matt" TUCK (chant, guitare rythmique, depuis 1998), et Michael "Padge" PAGET (guitares, chœur, depuis 1998). A la base ils s'étaient donnés vocation à jouer des reprises de Nirvana et de Metallica. Ils sont désormais entourés de Jamie MATHIAS (basse, chœur, depuis 2015) et Jason BOWLD (batterie, percussion, depuis 2017 après avoir été membre de tournées 2016–2017).

"Bullet for My Valentine" est le septième album studio éponyme du groupe, il est sorti le 5 novembre 2021.

Ils occupent la scène principale 2, et bénéficient à mon sens d'une sonorisation adéquate, puissante et audible.

En mode découverte, j'avais déjà entendu parler d'eux mais sans jamais vraiment prendre le temps d'écouter. En dépit de notre arrivée tardive et de notre positionnement à l'opposé de la scène 2, leur musique m'a semblé plutôt énergique et entrainante. De bons passages de guitares. Toutefois, j'ai beaucoup moins apprécié la voix qui alternait le timbre clair et, plus souvent, le timbre éraillé. Je veux bien imaginer que dans d'autres circonstances je pourrai davantage accrocher. A suivre, donc.

Un public relativement nombreux leur accorde une ovation respectable (comme souvent au Hellfest, il est vrai).

Onze titres, dont trois issus de "The Poison" (2005), deux issus de "Scream Aim Fire" (2008), deux issus de "Fever" (2010), deux issus de "Gravity" (2018), et deux issus de "Bullet for My Valentine" (2021).

PROGRAMME
Your Betrayal (Fever, 2010)
Waking the Demon (Scream Aim Fire, 2008)
Piece of Me (Gravity, 2018)
Knives (Bullet for My Valentine, 2021)
The Last Fight (Fever, 2010)
All These Things I Hate (Revolve Around Me) (The Poison, 2005)
4 Words (To Choke Upon) (The Poison, 2005)
Shatter (Bullet for My Valentine, 2021)
Over It (Gravity, 2018)
Tears Don't Fall (The Poison, 2005)
Scream Aim Fire (Scream Aim Fire, 2008).

 

AVATAR [18h30-19h30]

Avatar est un groupe de heavy metal suédois, formé en 2001 à Göteborg, par John ALFREDSSON (batterie depuis 2001) et Jonas "Kungen" JARLSBY (guitares, depuis 2001). Ils sont désormais entourés du très charismatique Johannes ECKERSTRÖM (chant, depuis 2002), Henrik SANDELIN (basse, chœur, depuis 2003), et Tim ÖHRSTRÖM (guitares, chœur depuis 2011).

Leur huitième album, "Hunter Gatherer" est paru le 7 août 2020.

Ils occupent la scène principale 1, et bénéficient d'une sonorisation excellente.

J'avais manqué Avatar de peu lors du Download Festival, le 10 juin 2016 ; là encore ils avaient été victimes (et nous avec !) de plusieurs scènes simultanées. Depuis, cela fait un bout de temps qu'un de mes amis (coucou, Xav' !) me rabat les oreilles avec ce groupe scandinave. Mais je n'étais pas parvenu à trouver une Porte, en dépit de tentatives bienveillantes. J'étais resté sur ma réserve, même après avoir visionné sur Arte leur concert à l'Alcatraz Festival.

Je me suis donc placé en mode découverte, avant le début du concert alors que John ALFREDSSON, personnage inquiétant qui n'est pas sans me rappeler Floki (série "Vikings"), vient sur l'avancée de scène pour distribuer des roses bleues, blanches et rouges.

Entourés d'admirateurs souvent grimés et impatients, je m'attendais au pire. Mais cette fois c'est bon ; allelujah, j'ai trouvé La Porte ! Certes la voix souvent éraillée de Johannes ECKERSTRÖM continue de me gêner, mais son charisme est saisissant. Son allure, son apparence, son extravagance me rappellent celles du Joker de Batman. La musique à la fois puissante et mélodique me permet très rapidement d'oublier le léger écueil vocal, qui n'en est pas un en fait. Je finis par admettre volontiers que cette voix colle parfaitement aux atmosphères burlesques, brutales ou malsaines que développent ces vikings. De nombreux superbes soli (exécutés avec de non moins belles guitares ornées) achèvent très vite de me convaincre de l'intérêt que je devrai porter à l'avenir sur eux.

L'ambiance est montée nettement d'un cran durant cette prestation, on ressentait une véritable ferveur ; les saucisses humaines ont commencé à nous survoler avec plus ou moins de bonheur. (mode grognon enclenché : Plutôt moins que plus en ce qui me concerne ; ces exercices nous sont imposés quel que soit notre désir d'écouter ou voir quelque chose…). Détail attendrissant, je n'étais pas très éloigné de cette petite fille, Alina, très mimi, que tout le monde a sans doute remarqué sur les écrans ; déguisée et maquillée aux couleurs du chanteur, elle est restée tout le concert sur les épaules de son papa. La voir scander la musique et éviter les agités qui s'approchaient d'elle par le haut, faisait partie du spectacle !

Onze titres, dont trois issus de "Black Waltz" (2012), trois issus de "Hail the Apocalypse" (2014), deux issus de "Feathers & Flesh" (2016), deux issus de "Hunter Gatherer" (2020), et un issu de "Avatar Country," (2018).

PROGRAMME
Hail the Apocalypse (Hail the Apocalypse, 2014)
Get in Line (Hail the Apocalypse, 2014)
Colossus (Hunter Gatherer, 2020)
Paint Me Red (Black Waltz, 2012)
Bloody Angel (Hail the Apocalypse, 2014)
The Eagle Has Landed (Feathers & Flesh, 2016)
For the Swarm (Feathers & Flesh, 2016)
Let It Burn (Black Waltz, 2012)
A Statue of the King (Avatar Country, 2018)
Silence in the Age of Apes (Hunter Gatherer, 2020)
Smells Like a Freakshow (Black Waltz, 2012).
 
Bande son finale : The Belgian Circus Episode (chanson de John Morris).

 

BRING ME THE HORIZON [19h35-20h35]

Bring Me the Horizon est un groupe britannique de metalcore, metal alternatif, formé en 2004 à Sheffield, Yorkshire. Composé d' Oliver SYKES (chant, depuis 2004), Matt KEAN (basse, depuis 2004), Lee MALIA (guitares depuis, 2004), Matt NICHOLLS (batterie depuis 2004) et Jordan FISH (claviers, chœur, depuis 2012).

"Amo" est le sixième album studio du groupe, paru le 25 janvier 2019.

Ils occupent la scène principale 2, et bénéficient d'une sonorisation adéquate.

Franchement, ce fut une découverte dont je me serais volontiers passé ; je n'étais manifestement pas d'humeur à supporter leur musique autant que leur attitude. J'ai attendu péniblement que la fin soulage mon esprit. Le chanteur a certes pas mal de charisme et je peux imaginer qu'il puisse entretenir une certaine excitation notamment dans la frange la plus jeune du public mais globalement leur musique m'a paru insipide, sans intérêt. Des filles viennent de temps en temps gesticuler, sans que l'on puisse définir leur intervention comme une quelconque chorégraphie. Bref, juste beaucoup d'agitation et de bruit pour pas grand-chose musicalement.

Douze titres ont enthousiasmé une bonne part du public. Tant mieux pour eux… Au suivant !

PROGRAMME
Can You Feel My Heart (Sempiternal)
Happy Song (That’s the Spirit)
Teardrops (Post Human: Survival Horror)
Mantra (amo)
Dear Diary, (Post Human: Survival Horror)
Parasite Eve (Post Human: Survival Horror)
Shadow Moses (Sempiternal)
Bande-son "Itch for the Cure (When Will We Be Free?)"
Kingslayer (Post Human: Survival Horror)
DiE4u (monoplage de 2021)
Drown (That’s the Spirit)
Obey (Post Human: Survival Horror)
Throne (That’s the Spirit).

 

BLACK LABEL SOCIETY [20h40-21h40]

Black Label Society est un groupe de heavy metal américain formé en 1998 à Los Angeles, Californie, par Zakk WYLDE (guitares, chant, piano, depuis 1998), John DESERVIO (basse, chœur en 1999, puis depuis 2005), Dario LORINA (guitare rythmique, chœur depuis 2014) et Jeff FABB (batterie, 2012–2013, puis depuis 2014).

À ce jour, le groupe a sorti onze albums studio, deux albums live, deux albums de compilation, un EP et trois albums vidéo Le onzième album studio "Doom Crew Inc." est paru le 26 novembre 2021.

Je me situe en mode découverte partielle, car si je n'avais encore jamais eu l'occasion de le voir avec son BLS, en revanche j'ai eu la chance de voir Zakk trois fois sur scène. Le 10 avril 1989 au Zénith de Paris au sein d'Ozzy, puis le 4 juin 1994 à Castle Donington Park (Monster of Rock festival) au sein de son groupe Pride & Glory, puis le 15 juin 2018 à Brétigny sur Orge, BA217 (Download festival) au sein d'Ozzy. Je connais donc les qualités du musicien multi-instrumentiste.

Ils occupent la scène principale 1, et bénéficient d'une très bonne sonorisation. La scène est décorée aux codes biker (même s'il se défend d'en faire partie), et le micro est planté sur un tas de crânes surplombés d'un crucifix.

Physiquement, il m'a paru bien changé depuis ses débuts ; le beau gosse agile et énergique est devenu l'hybride d'un gras bûcheron et d'un biker, aux traits et au regard marqués par des excès très probables. Vêtu d'un kilt jaune, le visage partiellement caché pour une crinière épaisse et une barbe hirsute, le guitariste n'a heureusement rien perdu de son talent. Ses soli, parfois en duo dans la tradition du rock-sudiste, avec Dario Lorina, furent de réelles séquences de bonheur. Idem pour sa prestation au piano qui fut un moment de grâce dans ce cadre pourtant peu propice au romantisme.

Le public est parsemé de quelques bikers, et de quelques jeunes curieux, mais surtout composé d'anciens hardos grisonnants (comme moi), qui tenaient à ovationner le groupe avec une reconnaissance appuyée.

Dix titres, dont trois issus de "Mafia" (2005), deux issus de "1919 Eternal" (2002), deux issus de "Doom Crew Inc." (2021), un issu de "Catacombs of the Black Vatican" (2014), un issu de " Grimmest Hits" (2018), un issu de "The Blessed Hellride" (2003).

PROGRAMME
Bleed for Me (1919 Eternal, 2002)
Demise of Sanity (1919 Eternal, 2002)
Destroy & Conquer (Doom Crew Inc., 2021)
Heart of Darkness (Catacombs of the Black Vatican, 2014)
A Love Unreal (Grimmest Hits, 2018)
In This River (Mafia, 2005) Zakk au piano
Set You Free (Doom Crew Inc., 2021)
Fire It Up (Mafia, 2005)
Suicide Messiah (Mafia, 2005)
Stillborn (The Blessed Hellride, 2003).

 

SABATON [21h45-23h00]

Sabaton est un groupe de heavy metal suédois originaire de Falun, en Suède, formé en décembre 1999. Les thèmes de la plupart de leurs albums relatent des événements historiques, principalement des guerres et des batailles importantes. Toutefois, si on s'attarde sur les textes ; on peut y trouver aussi des chansons sur d'autres formes de combats, tels que le divorce ou le cancer. Il est composé de Joakim BRODEN (chant, clavier guitare depuis 1999), Pär SUNDSTRÖM (basse, depuis 1999), Chris RÖRLAND (depuis 2012 guitares, chœur), Hannes Van DAHL (batterie, choeur depuis 2014) et Tommy JOHANSSON (guitares, choeur depuis 2016).

"The War to End All Wars" est le dixième album studio de Sabaton, sorti le 4 mars 2022.

Je les revois aujourd'hui pour la cinquième fois, après une première le 23 janvier 2007, à l'Elysée Montmartre, alors qu'ils étaient invités de Therion. J'apprécie leur powermetal dont un régiment de cavalerie sabres au clair ne renierait pas les rythmes ni les mélodies entêtantes. Si je disposais d'une mémoire un peu plus performante, je chanterais volontiers (au moins) les refrains, la corne levée ! Je n'écouterais pas cette musique tous les jours, mais je reconnais que c'est bien fait, c'est festif, c'est de nature à faire réagir un public avide d'exaltation. Même si je persiste à considérer que Sabaton souffre d'une comparaison avec le groupe allemand Powerwolf qui, dans un style similaire, assume pleinement son pupitre de claviers sur scène. Certes, Sabaton dispose bien d'un clavier (en forme de triplan), mais si peu utilisé … Tant qu'à se priver d'un titulaire dudit pupitre, j'estime que leurs quelques bandes-sons me paraissent parfaitement dispensables. Ce trompe-l'oreille est tout juste acceptable en studio, mais leur musique ne requiert certainement pas cet artifice pour créer l'ambiance. C'est donc toujours avec cette appréhension que j'aborde leur concert…

Ils occupent la scène principale 2, et bénéficient d'une très bonne sonorisation. La scène reste constituée de décors guerriers, de supports d'artifices tels que flammes, étincelles et fumigènes.

Alors qu'en salle je ne manque jamais d'être rapidement entrainé dans leur sillon, cette fois je demeure un temps hermétique à l'ambiance qui grandit dans la fosse d'à côté. Cet éloignement du feu de l'action et l'entourage d'admirateurs de Metallica, qui commencent à venir s'incruster parmi nous, expliquent peut-être ma relative apathie temporaire. Cependant, je ne tarde pas trop à retrouver mon intérêt pour ce rock jouissif. Les jambes et la nuque finissent par marquer ostensiblement les rythmes endiablés. Joakim BRODEN évoque légitiment l'épopée de SABATON à l'occasion de la dernière édition du Hellfest 2019 (pour rappel, le groupe avait déjà joué le jeudi 20 lors du Knotfest lorsqu'il avait accepté de remplacer Manowar le lendemain vendredi 21 pour un second concert. Cet effort louable causait une extinction de voix à Joakim, à laquelle palliaient volontiers le public reconnaissant et les deux guitaristes de Sabaton Tommy Johansson et Chris Rörland !). Ce genre d'incident aura encore renforcé la fidélité de son public … L'apothéose du concert sera le final "To Hell and Back" chanté à tue-tête ! L'ambiance est à son comble lorsque le groupe quitte la scène sous les ovations.

Quatorze titres, dont trois issus de "The Great War" (2019), trois issus de "The War to End All Wars" (2022),  deux issus de "Heroes" (2014), deux issus de "The Art of War" (2008), un issu de "Primo Victoria" (2005), un issu de "Carolus Rex" (2012),  un monoplage de 2019, et un monoplage de 2021.

PROGRAMME
Bande-son introductive : Sarajevo / Dreadnought / Christmas Truce / Soldier of Heaven
Ghost Division (The Art of War, 2008)
Stormtroopers (The War to End All Wars, 2022)
Great War (The Great War, 2019)
The Red Baron (The Great War, 2019)
Bismarck (monoplage, 2019)
The Attack of the Dead Men (The Great War, 2019)
Soldier of Heaven (The War to End All Wars, 2022)
Steel Commanders (monoplage, 2021)
Carolus Rex (Carolus Rex, 2012)
Night Witches (Heroes, 2014)
Christmas Truce (The War to End All Wars, 2022)
Primo Victoria (Primo Victoria, 2005)
Swedish Pagans (The Art of War, 2008)
To Hell and Back (Heroes, 2014).
Bande-son finale : Dead Soldier's Waltz, Masters of the World.


METALLICA [23h05-01h00]

Metallica est un groupe de heavy metal formé en 1981 à Los Angeles en Californie (USA) par James HETFIELD (chanteur/guitariste depuis 1981, né en 1963) et Lars ULRICH (batteur depuis 1981, né en 1963). Ils sont désormais entourés de Kirk HAMMETT (guitares, chœur, depuis 1983, né en 1962) et de Robert TRUJILLO (basse, chœur depuis 2003, né en 1964). C'est MA génération. Leur parcours ne fut pas exempt d'embuches, comme beaucoup d'artistes ayant connus un succès aussi phénoménal. La plus violente fut sans doute le décès du bassiste Cliff Burton le 27 septembre 1986 à Dörarp, dans la commune de Ljungby en Suède qui est survenu à l'occasion d'un malheureux accident de leur bus de tournée, lors de la partie européenne du Damage Inc. Tour pour promouvoir l’album "Master of Puppets". Les trois autres potes ont tous été psychologiquement marqués. Je tenais à rappeler ce funeste évènement car à l'époque on ne misait pas gros sur leur avenir. De fait, les crises n'ont pas manqué et pourtant ils sont toujours là, après trente-neuf années à sillonner la planète, de studios en scènes. Respect.

Leur dixième album studio "Hardwired... to Self-Destruct" est paru le 18 novembre 2016, sous leur propre label Blackened Recordings. Que de chemin parcouru depuis leur premier opus paru sous un label indépendant le 25 juillet 1983 !!

Je ne voudrais pas jouer les pathétiques anciens combattants de pacotille, mais quand même… Je me souviens avec une certaine émotion les avoir écoutés une première fois dans un car qui nous emmenait vers un festival en septembre 1983. J'avoue ne pas avoir été immédiatement séduit, mais je fus toutefois impacté par un virus durable. Si bien que lorsque j'ai pris le risque d'assister à un concert de Venom le 9 février 1984, à l'Espace Balard (Paris 15e) c'était avant tout pour assister au premier concert de Metallica en FRANCE ! De concerts en festivals, c'est ainsi la dix-neuvième fois que les revois ce soir ! Dans l'échelle des groupes que j'ai vus en concerts, c'est le deuxième, derrière IRON MAIDEN (ironie de l'histoire, je devais assister aujourd'hui à leur vingt-troisième concert, à l'arène de Nanterre !).

Les Mets occupent la scène principale 1, et bénéficient d'une excellente sonorisation. La scène est impressionnante, aménagée de cubes sur lesquels se projettent de saisissantes images, photos, sons ou couleurs. Les musiciens disposent de toute la largeur d'une scène qui déborde largement le cadre habituel, au-delà des écrans géants latéraux. Elle s'avance dans la fosse sur une profondeur de quelques mètres. Suffisamment en tous cas pour me permettre de voir enfin mes idoles à proximité comme rarement. Elle serpente et encercle ainsi une partie du public.

Un dense éclairage achève d'accroitre le sentiment d'assister à un spectacle extraordinaire. Et il l'est de toute façon. Car Metallica était attendu au Hellfest depuis toujours. James en a bien conscience et affirme son soulagement d'être enfin parmi nous. Depuis l'annonce de leur présence, j'ai coché en rouge cette date sur mon calendrier. A l'instar de Maiden en 2018, je tenais absolument à voir les Mets sur ce site mythique.

J'ai dû puiser dans mes forces pour rester présent en bonne place dans cette fosse aux lions. J'ai beau être un vieux brisquard à qui on ne la fait pas, j'ai peiné à contrarier les velléités de certains intrus insolents et irrespectueux. D'autant plus que je tenais à conserver ma p'tite Fée à mes côtés pour vivre ce moment qui s'est révélé intense pour moi, et pour elle aussi. Des coudes et des pieds, nous avons bravé moult vagues humaines et survol de saucisses humaines pendant pratiquement tout le concert. Mais, en dépit de notre volonté tenace, à la fin de "Damage Inc." nous avons lâché l'affaire en nous résignant à reculer de quelques mètres, tout en restant à proximité de l'excroissance scénique. Voilà pour mon contexte, qui n'a toutefois aucunement altéré mon plaisir d'assister à ce concert dantesque et mémorable.

Déjà d'amblée le groupe attaque (le mot n'est pas galvaudé !) avec "Whiplash" un de mes titres préférés et auquel je ne m'attendais d'autant moins qu'il avait été souvent interprétés entre 1983 et 1997, mais beaucoup moins depuis ! Et à l'instar de Leprous vu la veille au Midsummer, les Mets semblent nous livrer un répertoire des meilleurs morceaux de leur parcours ; les titres présentés ci-dessous montrent le soin apporté à la satisfaction des admirateurs. Choix que j'estime excellent, en mettant de côté de mesquines et vaines frustrations. Ils nous ont livré un concert digne de l'événement en faisant fi de la promotion de leur dernier opus (que j'ai pourtant adoré, au demeurant).

Paradoxalement, mon respect pour ces artistes s'est accru à la perception de quelques loupés dans l'exécution de certains morceaux. Rien de plus grave que un ou deux contretemps de Lars (devenus relativement fréquents hélas), et un ou deux soli coincés de Kirk (beaucoup plus rares). Mais j'ai immédiatement relativisé considérant le contexte exceptionnel, en me disant qu'après tout je préfère encore entendre des couacs que d'entendre une bande-son protectrice dont certains sont trop souvent coutumiers (non, je ne citerai personne)...

J'ai lu sur les réseaux sociaux qu'une partie du public en retrait aurait semblé apathique… Nonobstant, je peux affirmer ici haut et fort qu'au contraire l'auditoire fut chaud-bouillant autour de nous. Mes crampes ultérieures en ont témoigné ! J'aurais voulu maitriser davantage les paroles afin d'accompagner la ferveur de beaucoup autour de nous (souvent anglophones sans doute).

Seize titres, dont quatre issus de "Metallica" (1991), trois issus de "Ride the Lightning" (1984), deux issus de "...And Justice for All" (1988), deux issus de "Kill ’Em All" (1983), deux issus de "Master of Puppets" (1986), un issu de "Hardwired... to Self-Destruct" (2016), un issu de " S&M" (1999), un issu de "St. Anger" (2003).

PROGRAMME
Bandes-son 1 :  It's a Long Way to the Top (If You Wanna Rock 'n' Roll), (AC/DC song)
Bandes-son 2 :  The Ecstasy of Gold, (Ennio Morricone song)
Whiplash (Kill ’Em All, 1983)
Creeping Death (Ride the Lightning, 1984)
Enter Sandman (Metallica, 1991)
Harvester of Sorrow (...And Justice for All, 1988)
Wherever I May Roam (Metallica, 1991)
No Leaf Clover (S&M, 1999) précédé d'une bande son orchestrale.
Sad but True (Metallica, 1991)
Dirty Window (St. Anger, 2003)
Nothing Else Matters (Metallica, 1991)
For Whom the Bell Tolls (Ride the Lightning, 1984)
Moth Into Flame (Hardwired... to Self-Destruct, 2016)
Fade to Black (Ride the Lightning, 1984)
Seek & Destroy (Kill ’Em All, 1983).
RAPPEL :
Damage, Inc. (Master of Puppets, 1986)
One (...And Justice for All, 1988)
Master of Puppets (Master of Puppets, 1986).

Pour clore ce spectacle époustouflant, les dernières notes de "Master of Puppets" sont ponctuées d'un feu d'artifices auquel assistent les musiciens manifestement aussi sensibles que son public à ce spectacle que je trouvais déjà superbe à ce stade de la soirée… Cette prestation mémorable se termine par des remerciements réciproques et la distribution de médiators pour les valeureux premiers rangs, dont mon guerrier de fiston faisait partie.

Mais nous n'avions pas encore vu le final que nous réservait l'organisation du Hellfest !

En effet, alors que la foule encore abasourdie commence à se disperser, "666, the Number of the Beast" (Iron Maiden) résonne en écho avec de nouveaux feux d'artifices particulièrement fournis et rythmés durant deux minutes, suivies de "War Pig" (Black Sabbath) durant deux minutes quarante ! Déjà émerveillé, le public est comblé par quatre autres minutes de ce spectacle de sons et lumières avec le titre "For those about to Rock" (AC/DC) en apothéose !

Décidément, cette 15ème édition attendue à répondu à tous nos espoirs, ce fut une vraie fête.

Evidemment, une telle foule qui se rend vers la sortie ne manque pas de créer un engorgement mais toujours dans la bonne humeur. La fatigue se ressent toutefois, d'autant plus que le dispositif de navettes n'a pas su répondre à l'afflux. Nous avons dû attendre jusque plus de trois heures du matin avant de monter dans un des cars pour rejoindre notre véhicule garé profondément dans le parking… Un moment assez pénible mais qui se dissipera avec le recul. Notre retour ne s'achèvera que le lendemain en fin de matinée.

samedi 25 juin 2022

MIDSUMMER festival 2022 – Openluchttheater Valkenburg, Valkenburg, Pays-Bas – 25 06 2022.

 

Nous avions manqué les éditions des 24 juin 2017 et 23 juin 2018, mais celle du 22 juin 2019 nous avait enchantés au point d'en faire un rendez-vous impératif sur notre calendrier. Peu de temps avant la Pandémie, nous avions donc réservé nos billets pour ce festival. D'autant plus que cette fois c'est LEPROUS qui est annoncé en tête d'affiche ! Oui mais voilà, la quatrième édition prévue initialement pour le 20 juin 2020, a subi un premier report en 2021, puis second pour cette date tant attendue du 25 juin 2022 !

Les 409 km de bitume qui séparent Valkenburg de notre domicile ne sont qu'une formalité dans ces circonstances.

C'est toujours un vrai plaisir de revenir dans le cadre paisible de cette bourgade néerlandaise. Son souvenir nous a poussés à y arriver la veille, histoire de profiter de l'atmosphère à la fois douce et festive de ses rues piétonnes.

Le lendemain, nous retrouvons l'amphithéâtre dans son écrin de verdure et de roche. Les mêmes échoppes offrent les services essentiels ; restauration, boissons (aaaah, la Tongerlo servie dans son calice !!) et bien sûr les produits des artistes. Seule modification notable, la première rangée des gradins, où nous étions assis il y trois ans, est désormais neutralisée. Elle est restée inoccupée, sans doute pour de subtiles questions de sécurités… Qu'à cela ne tienne, nous nous sommes placés juste derrière, au deuxième rang, sans autre inconvénient que de perdre une cinquantaine de centimètres !

Le festival est déclaré complet depuis deux mois, les 850 personnes prennent places dès l'ouverture des portes peu avant midi. Le soleil ardent pouvait nous laisser craindre de fondre dans un site transformé en four, mais finalement quelques petits nuages inoffensifs ont soulagé les esprits. Contrairement aux prévisions météo, nous n'avons pas eu de pluie avant d'aller nous coucher !

L'affiche présente six groupes, de six nationalités différentes, relativement jeunes puisque fondés entre 1995 (Klone) et 2019 (Perfect Storm). Etonnamment, cinq groupes se présentent ici avec sept albums studio à leur compteur !

Globalement la sonorisation m'a paru satisfaisante. L'excellente acoustique du site est déjà un atout à la base ; les ingé-son de chaque groupe a ensuite fait son boulot correctement, à mon sens. J'ai préféré garder mes protections auditives, mais en raison de notre proximité avec les enceintes, puisque nous étions placés juste en dessous d'elles, au deuxième rang de sièges !

Quant à l'éclairage, il est hors sujet pour les trois quart de l'affiche. Le dernier groupe débutait à 21h45 alors que le soleil se couchait à peine. Antimatter a commencé à jouer avec les couleurs mais sans impact réel sur les atmosphères. Quant à Leprous, traditionnellement enclin à des ambiances plutôt sombres, sa prestation a pu être vue, photographiée ou filmée avec bonheurs. Pour ma part, je conserve de très belles images, numérisées ou mémorisées, de cette merveilleuse journée.

A noter que la prochaine édition prévoit d'étendre le festival sur deux journées, les 23 et 24 juin 2023 ! Je n'ai vu que trop tardivement l'opportunité d'acquérir des tickets anticipés à prix réduit.

SAMEDI 25 JUIN 2022

12h30-13h15 : PERFECT STORM.

Totale découverte pour nous, Perfect Storm est un sextuor de rock néerlandais, fondé en 2019 à Groningen à l'initiative du guitariste Gert-Jan SCHURER (guitare). Il est désormais entouré d'Adel SAFLOU (chant), Hiske OOSTERWIJK (chant), David KLOMPMAKERS (basse et chœurs), Ard OFFERS (claviers et chœurs), et Niels VOSKUIL (Batterie, en remplacement temporaire Jesse Bosman).

Un premier album intitulé "No Air" est paru le 20 décembre 2020 ou le 19 mars 2021, selon les sources.

Ses influences semblent variées mais en ce qui me concerne, ces rythmes et mélodies heavy-jazzy me rappellent fréquemment celles du groupe allemand Seven Steps to the Seven Door. Si l'écoute préalable de leur album m'avait juste intéressé, leur prestation m'a davantage convaincu. La particularité du groupe est la prédominance du duo mixte de chanteurs. On retiendra la conviction Hiske OOSTERWIJK sur le dernier titre, à genou pour exprimer pleinement son texte. Mais les quatre autres musiciens m'ont paru impliqués et efficaces, sans virtuosité exceptionnelle mais assurant des rythmes entrainant des lignes harmoniques agréables.

Belle découverte en ce qui nous concerne ; l'auditoire se lèvre une première fois de l'après-midi pour leur offrir une ovation méritée. Les musiciens semblent légitiment satisfaits. A suivre, donc.

Cinq des sept titres de l'album sont interprétés.

PROGRAMME
The Search (no air, 2020)
Sun For Life (no air, 2020)
No Air (no air, 2020)
Strength (no air, 2020)
How It Ends (no air, 2020).

14h00-15h00 : KLONE.

KLONE est un groupe français originaire de Poitiers et dont l'histoire débute en 1995. Son cofondateur Guillaume BERNARD (guitare depuis 1995), est désormais entouré de Yann LIGNER (chant depuis 2004), Jean-Étienne MAILLARD (basse depuis 2006), Aldrick GUADAGNINO (guitare depuis 2012), Enzo ALFANO (basse, depuis 2020), et Morgan BERTHET (batterie). Soulignons que Morgan semble parvenir à maintenir sa présence dans deux groupes en ascension ; Klone mais aussi Myrath (que nous allons revoir en septembre au Raismesfest). A suivre …

Leur prestation en tant qu'invités par Orphaned Land, le 7 novembre 2013 au Divan du Monde ne m'avait pas séduit du tout. Mais, en 2015 avec "Here Comes the Sun" ils ont entamé un léger virage vers des atmosphères plus éthérées, avec un chant moins agressif, tout en conservant leur son puissant. C'est ainsi que je les ai redécouverts sous un nouvel angle, en invités de LEPROUS le 5 février 2020 à l'Empreinte. Ils sont devenus une sorte d'hybride combinant les sonorités de Black Sabbath, Riverside et Nirvana. A cet égard, j'écoute plus volontiers leur deux derniers opus que les précédents.

Leur septième opus "Le grand voyage" est paru le 19 septembre 2019.

Même si je persiste à déplorer leur choix pour l'expression de textes anglophones, je confesse avoir ressenti une petite fierté cocardière d'assister à la prestation aussi enthousiasmante de nos poitevins favoris ! Car, revenant d'une récente tournée américaine, l'attitude des musiciens semble avoir encore gagné en assurance et en charisme. Ils occupent pleinement l'espace et n'hésitent pas à s'approcher du public pour le haranguer. Leur musique secoue sévèrement les nuques, les bras et les jambes de spectateurs pourtant davantage progueux que hardos !

A l'issue du concert, la température a monté d'un cran dans l'amphithéâtre !

Leur programme comprend neuf titres dont trois issus de "Le grand voyage" (2019), trois issus de "Here Comes the Sun" (2015), un issu de "The Dreamer's Hideaway" (2012) et deux issus de "Black Days" (2010). Il diffère peu du concert de l’Empreinte, puisque sur neuf titres, on en retrouve six. Mais je ne m'en plains pas car ils reflètent précisément ce que je préfère dans leur musique. De surcroit, les trois autres titres "Immaculate Desire" "Keystone" et la reprise de Björk "Army of Me" ont achevé de convaincre l'auditoire… et moi avec.

PROGRAMME
Yonder (Le grand voyage, 2019)
Rocket Smoke (The Dreamer's Hideaway, 2012)
Immaculate Desire (Black Days, 2010)
Grim Dance (Here Comes the Sun, 2015)
Keystone (Le grand voyage, 2019)
Immersion (Here Comes the Sun, 2015)
Nebulous (Here Comes the Sun, 2015)
Silver Gate (Le grand voyage, 2019)
Army of Me (Black Days, 2010, reprise de Björk, 1995).

15h45-17H00 : RPWL.

RPWL (initiales des quatre membres fondateurs du groupe Risettion-Postl-Wallner-Lang) est un groupe de rock progressif allemand fondé à Freising (Bavière), en 1997. Le groupe se donnait alors pour vocation de reprendre du Pink Floyd. Après trois ans, ils ont commencé à créer leur propre musique basée sur leurs influences de l'époque.

Jürgen "Yogi" LANG (chant, claviers depuis 1997) et Karlheinz "Kalle" WALLNER (guitare depuis 1997), sont maintenant entourés de Markus JEHLE (claviers depuis 2008), Marc TURIAUX (batterie depuis 2009), et Markus GRÜTZNER (basse depuis peu). Avant le début du spectacle, le public averti souhaite un joyeux anniversaire à Kalle Wallner, né le 25 juin 1972.

Leur septième opus "Tales from Outer Space" est paru le 22 mars 2019.

Je me considère plutôt comme "bon-public", plutôt enclin à saluer et respecter les efforts louables des artistes. Mais de ce concert, je ne ressors pas vraiment séduit. Je n'ai sans doute pas su trouver la Porte, un peu déçu, après tant d'éloges entendus en préalable. Certes, leur musique est agréable et j'ai perçu quelques séquences agréables ; on reconnaît leur point de départ qui aurait dû/pu me séduire totalement. Mais non.

Je retiendrai surtout la prestation remarquable du guitariste Karlheinz "Kalle" WALLNER, dont on ressent les influences floydiennes évidentes. Le chanteur, Yogi ne m'a pas convaincu ; il chante juste et son timbre n'est pas sans rappeler celui de David Gilmour. Mais à son pupitre, il est toujours appréciable de disposer d'un minimum de charisme, ce dont il dispose d'autant moins qu'il semble incertain de ses textes, le regard souvent fixé sur son prompteur. Je serai bien le plus mal placé pour critiquer son amnésie (…) à cette nuance près que je ne suis pas le chanteur. Quant aux trois autres musiciens, ils m'ont semblé juste à leur place, c’est-à-dire en retrait.

La majeure partie du public s'est manifestement enthousiasmé, et tant mieux pour les artistes qui y ont été sensibles, bien sûr.

Je m'étonne pourtant de les voir disposer d'un rappel. (Ce dont aucun autre groupe n'aura profité !)

Neuf titres, dont trois issus de "Tales from Outer Space" (2019), un issu de "Beyond Man and Time" (2012), un issu de "God Has Failed" (2000) et un issu de "World Through My Eyes" (2005). Une séquence de trois reprises en hommage à Pink Floyd, à Syd Barett et à Bob Dylan.

PROGRAMME
Hole in the Sky -Part 1 et 3- (God Has Failed, 2000)
A New World (Tales from Outer Space, 2019)
Light of the World (Tales from Outer Space, 2019)
What I Really Need (Tales from Outer Space, 2019)
Opel (reprise de Syd Barrett de 1988)
Masters of War (reprise de Bob Dylan de 1963)
Cymbaline (reprise de Pink Floyd de 1969, avec un extrait d' "Atom Heart Mother, Part 2")
Unchain the Earth (The Scientist) (Beyond Man and Time, 2012).
RAPPEL :
Roses (World Through My Eyes, 2005).


17h45-19h00 : MYSTERY                                                                 

Un premier projet prend forme en 1986 à Montréal (Québec), avec un groupe de six membres, fondé par Michel St-PERE (guitares, depuis 1986). Mais cette histoire est marquée par le destin ; un an après la parution d'un premier album ; le batteur Stéphane Perreault perd l'usage de ses deux jambes en 1993. Mais sa forte détermination et sa passion pour son métier l'ont inspiré avec une approche nouvelle et unique de la batterie : il est devenu l'un des premiers batteurs à jouer depuis un fauteuil roulant sans l'aide de séquences préprogrammées. Il renoncera toutefois assez vite et décèdera en 2005. Cette histoire n'est pas sans me rappeler celle de Rick Allen, batteur de Def Leppard qui, suite à son amputation d'un bras le 31 décembre 1984, a bénéficié d'un système révolutionnaire de batterie qui lui permet encore aujourd'hui de participer à la vie du groupe.

Bref, ce n'était finalement que la préhistoire de MYSTERY dont la notoriété ne débute réellement qu'en 1996, lorsque parait "Theatre Of The Mind". Un septième opus intitulé "Lies And Butterflies" est paru le 14 juillet 2018 (date évocatrice pour des francophones !).

Michel est désormais entouré de François FOURNIER (basse depuis 2014 après avoir assuré les tournées de 2008 à 2014), Sylvain MOINEAU (guitares depuis 2014 après avoir assuré les tournées de 2012 à 2014), Jean-Sébastien Goyette (batterie depuis 2014 après avoir assuré les tournées de 2013 à 2014), Jean PAGEAU (chant, flute depuis 2014) et Johnny MAZ (claviers en remplacement temporaire d'Antoine Michaud retenu par sa paternité).

Lors de leur participation au Night of the Prog festival du 14 juillet 2018 (décidément !) j'ai eu l'occasion d'apprécier la virtuosité de Michel et les talents de ses complices, mais aussi leur musique, à la fois fouillée, entrainante et mélodique. De surcroît, j'ai ensuite pu constater, à l'occasion de leur passage au festival Prog en Beauce le 26 octobre 2019, que ces qualités artistiques étaient couronnées d'une amabilité sincère. De quoi accroitre mon respect. Le présent concert constitue ainsi une troisième occasion de les revoir et a contribué à entretenir mon impatience pour cette date.

Michel St-PERE nous a encore bercé de ses nombreux soli si joliment ciselés, sensibles et mélodiques, soutenus parfois en duo avec brio par Sylvain MOINEAU. Le multi-instrumentiste Jean PAGEAU chante avec charisme, justesse et conviction, en alternant sa performance avec sa flute traversière ou son clavier. Avec mon insolence habituelle, inamovible et inlassable pourfendeur de la langue anglaise (…), je ne peux pas m'empêcher d'imaginer des paroles francophones exprimées par ces québécois, mais bon on me répondra une nouvelle fois que je m'égare. Pourtant cette particularité les distinguerait efficacement, à mon sens. J'étais bien placé en face de François FOURNIER pour observer sa capacité à apporter un soutien remarqué aux chœurs, en plus de sa grande efficacité au pupitre de basses (guitare et pédales). L'enthousiasme et l'engagement de manque pas plus Sébastien GOYETTE qu'au reste du groupe, il martèle ses rythmes chaloupés en soutien efficace aux chansons. Quant au valeureux remplaçant Johnny MAZ, il convient de saluer sa performance avec respect (je n'enviais pas sa place, à la base. Mais il s'en est bien tiré !). Le groupe tourne peu, deux concerts effectués en 2022, ce qui fait de nous des privilégiés en quelque sorte. Et à part un ou deux loupés, somme toute négligeables, leur prestation aura pleinement ravi les mélomanes.

Le dernier titre, musclé achève de faire chavirer un public conquis, qui se lève une nouvelle fois pour saluer ces touchants artistes, tant sur le plan musical qu'humains. A l'instar d'Arena, d'IQ, de Saga et tant d'autres, Mystery s'ancre dans le Panthéon du néo-prog.

Sept titres, dont trois issus de "Delusion Rain" (2015), deux issus de "Lies And Butterflies" (2018), un issu de "Destiny?" (1998) et un issu de "Beneath The Veil Of Winter's Face" (2007).

PROGRAMME
Delusion Rain (Delusion Rain, 2015)
Chrysalis (Lies And Butterflies, 2018)
Where Dreams Come Alive (Lies And Butterflies, 2018)
The Willow Tree (Delusion Rain, 2015)
Shadow of the Lake (Destiny?, 1998)
A Song for You (Delusion Rain, 2015)
The Preacher's Fall (Beneath The Veil Of Winter's Face, 2007).


19h45-21h00 : ANTIMATTER.

Antimatter a été formé à Liverpool, Angleterre, en 1997 par Duncan Patterson, l'ancien bassiste et compositeur d'Anathema, et Mick MOSS (chant, guitares), un musicien qui avait jusqu'alors joué avec plusieurs groupes non signés. Ensemble, Patterson et Moss ont sorti trois albums, avant de se séparer : "Saviour" (2001), "Lights Out" (2003) et "Planetary Confinement" (2005). Pour le quatrième opus "Leaving Eden", Mick MOSS ne s'éloigne pas de l'univers Anathema puisqu'il collabore ponctuellement avec le guitariste Danny Cavanagh.

Le septième opus "Black Market Enlightenment" parait le 9 novembre 2018.

Aujourd'hui il est soutenu par Fab REGMANN (Batterie, présent sur son dernier opus), David HALL (guitare) et Stephen HUGHES (basse). En règle générale, je déplore toujours l'absence de stabilité dans un groupe fût-il la propriété d'un meneur… Je pouvais donc craindre ce soir un manque de cohésion qui se traduirait par une absence d'émotion. Que nenni …

Beaucoup de signalements sur les réseaux sociaux avaient attirés mon attention sur Antimatter. En dépit de moult tentatives je n'étais pas parvenu à accrocher à cet univers très sombre au sein duquel je ne trouvais aucune aspérité susceptible de retenir mon intérêt. Pas davantage à l'occasion d'un concert vu le 13 juillet 2018 pendant le Night of the Prog. Et pourtant, aujourd'hui j'ai trouvé la Porte ! Est-ce le contexte ? Est-ce la Tongerlo ? Toujours est-il que les fréquences basses, les rythmes lancinants, et cette voix mélancolique ont pulvérisé mes dernières réticences au point de m'emporter dans une catharsis intense.

Ne connaissant qu'imparfaitement le répertoire du monsieur, j'ai tout particulièrement remarqué l'audacieuse reprise du cultissime "Welcome to the Machine" de Pink Floyd. Je suis pourtant attaché au respect des œuvres originales, mais là cette interprétation novatrice fut un pur régal !

Bref, on l'aura compris, je suis séduit totalement, et l'auditoire également. Une ovation fournie et enthousiaste d'un public debout accompagne la sortie des artistes, légitimement ravis.

Onze titres dont quatre issus de "Black Market Enlightenment (2018), trois issus de "Fear Of A Unique Identity" (2012), deux issus de "The Judas Table" (2015), un issu de "Leaving Eden" (2007) et une reprise de Pink Floyd.

PROGRAMME
The Third Arm (Black Market Enlightenment, 2018)
Can of Worms (The Judas Table, 2015)
Partners in Crime (Black Market Enlightenment, 2018)
Black Eyed Man (The Judas Table, 2015)
Monochrome (Fear Of A Unique Identity, 2012)
Paranova (Fear Of A Unique Identity, 2012)
Wide Awake in the Concrete Asylum (Fear Of A Unique Identity, 2012)
Redemption (Leaving Eden, 2007)
Welcome to the Machine (Live Between the Earth & Clouds, 2017 - reprise de Pink Floyd, 1975)
Between the Atoms (Black Market Enlightenment, 2018)
Sanctification (Black Market Enlightenment, 2018).


21h45-23h25 : LEPROUS.

Ce groupe norvégien, a été fondé en 2001 par Einar Solberg (chant, claviers depuis 2001) et Tor Oddmund Suhrke (guitares, chœurs depuis 2001). Ils demeurent entourés de Baard Kolstad (batterie depuis 2014), Simen Børven (basse, chœurs depuis 2015), et Robin Ognedal (guitares, chœurs depuis 2017). Comme beaucoup d'admirateurs, je déplore l'absence ce soir de Raphael Weinroth-Browne, le violoncelliste habituellement présent sur les tournées depuis 2017. Il était pourtant présent sur la scène du Hellfest, il y a quelques jours.

Pour ma part, je les revois pour la dixième fois ce soir ; c'est même le principal motif de ma présence. LEPROUS est un de ces groupes pour lesquels je suis prêt à me déplacer aussi loin que possible. Leurs concerts ont toujours été source d'une intense satisfaction (la locution est faible). Ce soir ne dérogera pas à cette règle. Je n'aime pas ce mot mais oui, j'avoue être fan(atique) ; en dépit de mon esprit plutôt contestataire je ne parviens pas à leur trouver de défaut. Ou si peu.

"Aphelion" est le septième opus, il est paru le 27 août 2021. Mais au-delà de sa promotion, le groupe avait depuis quelques semaines invité ses admirateurs à suggérer une liste de titres désirés pour ce concert. L'artiste étant sensé demeurer maître de ses choix, je ne me faisais guère d'illusion sur le résultat mais bon, j'avoue avoir naïvement participé à ce sondage ; sait-on jamais hein… et bien nous n'étions pas encore arrivé au bout de nos émotions de la journée !

Le groupe investit la scène dans un halo de brouillard savamment orchestré, puis "Out of Here" nous régale les capteurs auditifs. Au terme de cet apéritif alléchant, Einar annonce avec une certaine insolence narquoise que même les spectateurs du Prognosis (festival qui s'est tenu le 16 avril 2022) seront assurément jaloux de connaitre notre programme. Car en effet, durant leur prestation de cent minutes, nous aurons droit à une suite de quatorze titres inespérés, tous extraits des quatre dernier opus. Trois titres issus de "Aphelion" (2021), cinq issus de "Pitfalls" (2019), deux issus de "Malina" (2017), et quatre issus "The Congregation" (2015). Un recueil des meilleurs titres (si tant est qu'il en existe de mauvais !) de cette période. Nous sommes ici dans un festival de rock progressif et donc en présence d'oreilles délicates ; avec le recul il peut sembler logique de laisser de côté les quatre premiers opus réputés plus brutaux (quoique "Rewind" a dû en brusquer plus d'un !!).

Autant dire que ce concert nous a tous fait chavirer de bonheur ! Et c'est un doux euphémisme en ce qui me concerne ; la raideur des muscles de mon cou le lendemain pouvait en témoigner.

Einar, au terme d'un récent périple aussi aventureux qu'amoureux qui lui a permis de retrouver sa compagne ukrainienne, est au sommet de sa forme. D'une humeur joviale et espiègle, sa voix n'a jamais failli sur un répertoire pourtant exigeant. Tous les titres de LEPROUS exigent de la voix une tessiture hors norme, et pourtant l'auditeur aura été saisi par l'interprétation admirable de "Below", "Alleviate". Son pupitre est constamment dans l'excellence, la nuance, la sensibilité et la violence maîtrisée.

Les soli du violoncelliste sont interprétés à la guitare et ses lignes mélodiques sont remplacées par une discrète bande préenregistrée. A mon sens, son absence s'est fait surtout sentir sur le titre final (The Sky Is Red) dont les sonorités délibérément dissonantes et discordantes, exécutées au clavier et à la guitare, n'ont pas été ressenties de la même manière. C'est une légère déception mais très négligeable car tout le reste fut un régal d'harmonies aux tonalités explorant une échelle de sons étourdissants. Un tourbillon enchanteur n'aura cessé de bousculer l'auditeur entre brutalité et subtilité sonore au gré d'une ornementation des lignes mélodiques absolument éblouissante.

Tous les musiciens sont, comme d'habitude, totalement investis dans leur musique. Ces vikings impressionnent par leur concentration, leur prestance et leur charisme. Tels leurs lointains ancêtres, ils semblent n'avoir qu'un objectif, ravager les esprits en face d'eux ! Quelle redoutable efficacité ! Quelle puissance et quelle émotion produite !

PROGRAMME
Out of Here (Aphelion, 2021)
Illuminate (Malina, 2017)
At the Bottom (Pitfalls, 2019)
Running Low (Aphelion, 2021)
Below (Pitfalls, 2019)
The Price (The Congregation, 2015)
Castaway Angels (Aphelion, 2021)
The Flood (The Congregation, 2015)
From the Flame (Malina, 2017)
Alleviate (Pitfalls, 2019)
Distant Bells (Pitfalls, 2019)
Slave (The Congregation, 2015)
Rewind (The Congregation, 2015)
RAPPEL :
The Sky Is Red (Pitfalls, 2019).

C'est encore sonné par tant d'émotions que je sors de ce site magnifique au cœur de la nuit pour me précipiter dans un havre de paix éphémère. Dès l'aurore nous devons reprendre une route de 800 km pour rejoindre l'Enfer de Clisson. Mais cela est une autre histoire… à suivre.