vendredi 6 décembre 2024

GONG – Café de la Danse (Paris 11) – le vendredi 6 décembre 2024.

UN SITE. Le CAFÉ DE LA DANSE est situé au cœur du quartier de Bastille, au 5 Passage Louis-Philippe à Paris dans le 11ième. C'est un bel auditorium, qui accueille des spectacles, des concerts et des évènements depuis 1992, et qui fonctionne en partenariat avec la Mairie de Paris, la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique) et la SCPP (Société Civile des Producteurs Phonographiques). La salle dispose de deux types de configurations : 250 places assises ou 500 places debout/assis.

UNE HISTOIRE. A l'instar de nombreux groupes de l'époque, le pedigree de GONG est compliqué à suivre, mais autant le dire toute de suite ; de la première formation de GONG, il ne reste personne. La survie du concept mérite donc un p'tit historique…
https://gongband.bandcamp.com/
https://www.gongband.com/

Communauté artistique hippie internationale et indéfinissable par excellence, on pourrait toutefois, sans outrager les protagonistes, les situer dans la catégorie du rock progressif, bien que ce cadre semble étroit pour les définir ! GONG est considéré comme l'un des groupes de rock les plus atypiques, novateurs et expérimentaux des années 70, en exprimant un mélange expérimental de space-rock, de jazz et de psychédélisme, avec des éléments de mysticisme et de surréalisme…

Daevid Allen, musicien australien, grand facteur de la fantaisie et de l'irrationnel, avait d'abord animé le DAEVID ALLEN TRIO en 1963 (formé de Hugh Hopper à la basse et Robert Wyatt à la batterie). Puis il mena SOFT MACHINE en 1966. Mais en 1967 ou en 68 (selon les sources confuses) il se fait refouler à la frontière anglaise après une tournée française. Le musicien australien n'a pas eu l'autorisation de regagner le Royaume-Uni, son visa ayant expiré ! Cet exil forcé en France, le contraint à s'installer à Paris. C'est à cette époque qu'il fonde GONG, en 1969 ; Il y avait alors Daevid Allen (chant, guitare), Gilli Smyth (chant, chœurs) et Didier Malherbe (flûte, saxophone) auquel s'ajoutait le batteur éphémère Rachid Houari, en 1969. Le guitariste Steve Hillage rejoindra la formation à géométrie variable, en 1972.

Le premier album, "Magick Brother", enregistré avec des musiciens de passage, se caractérise par un audacieux son pop psychédélique. Mais c'est en 1971, que parait l'emblématique album "Camembert électrique", qui va définir l'entité GONG par un son plus rock psychédélique/space-rock auquel il sera souvent associé par la suite. Gong a enchaîné d'autres albums restés célèbres comme "Flying Teapot" (1973), "Angel's Egg" (1973) et "You" (1974), qui constituent la fameuse trilogie Radio Gnome Invisible du groupe, qui relate les aventures facétieuses de Zero the Hero.

Je renonce à détailler les suites polycéphales, qui se sont nommées alternativement au gré des repreneurs ; Pierre Moerlen's Gong, Mother Gong, Planet Gong, New York Gong et Gongmaison. Bref, après un parcours farfelu, confus et nappé de parfums exotiques, en 1990 Daevid Allen reprend GONG, qu'il aura mené jusqu'à son décès d'un cancer, le 13 mars 2015.

C'est là où la formation actuelle débute, en fait ! Allen a incité ses acolytes à continuer l'aventure de GONG, sans lui. Le collectif accepte et décide donc de continuer conformément à ses vœux. Le nouveau GONG embauche Kavus Torabi (Guapo, Cardiacs) qui les avait déjà accompagnés en tournée comme guitariste les années précédentes. Le groupe se révèle ainsi à la fois dynamique, méditatif, puissant et explosif ; leur musique s’inspire du credo du GONG original tout en restant déterminé à entretenir une saine créativité, sans s’embarrasser de la nostalgie excessive : "Rejoice, I'm dead, At last I'm free!"…

C'est ainsi que débute leur période la plus stable finalement, depuis huit années ; nous retrouvons ce soir Fabio Golfetti (guitare, depuis 2012), Ian East (flûte, saxophone, depuis 2012), Dave Sturt (basse, depuis 2012), Cheb Nettles (batterie, depuis 2016), et donc Kavus Torabi (chant, guitare depuis 2016).

C'est cette formation qu'avec ma P'tite Fée nous sommes allés voir en concert en Ecosse, au Summerhall d'Édimbourg, le 23 mars 2024. (mon récit, ici) Cette soirée-là, qui s'inscrivait dans le cadre d'une tournée britannique commune avec OZRIC TENTACLES, était déjà l'occasion de promouvoir leur récent opus "Unending Ascending" paru le 3 novembre 2023. (D'ailleurs, une nouvelle édition spéciale de cet album parue ce 20 septembre 2024, comprend désormais un livret (huit pages), et surtout six titres bonus inédits enregistrés précisément lors de ce concert en 2024. Je ferai l'effort de ne pas le racheter.). Ils viennent à Paris dans le cadre de leur tournée européenne "Universal Ascension 24", qui comprend vingt-six dates, entre le 7 novembre et le 9 décembre.

Ouverture des portes 19h30. Avec mon fils ainé et ma P'tite Fée nous nous plaçons en fosse, non loin du bord de la scène.

UN CONCERT [20h15-20h50/21h10-22h25].

Cet auditorium étant doté d'une acoustique excellente, il revenait à l'ingénieur du son de garantir la bonne transmission. La sonorisation nous a paru parfaite ; tous les pupitres furent audibles, même si la batterie m'a semblé un peu trop exposée. Un éclairage très bien dosé selon les atmosphères ont permis de bien observer les interventions ; même si la Musique incite souvent l'auditeur à méditer en fermant les yeux ! Un vaste écran mural diffuse les images délicieusement psychédéliques. Le quintuor dispose d'une large scène, mais c'est le charismatique Kavus Torabi qui s'y déplace le plus ! 

Au risque de paraitre comme un rédacteur fainéant (mais je suis sûr que les connaisseurs me comprennent), un concert de GONG, sans doute davantage que celui de tout autre groupe d'artistes, se vit davantage qu'il ne se raconte. Il invite son public à un voyage cosmique, intemporel. Pour embarquer dans le vaisseau, il est essentiel d'ouvrir ses chakras et de se laisser porter par les sonorités hallucinatoires. On peut soit clore les paupières pour favoriser la captation sonore, soit ouvrir grand les yeux pour pénétrer l'univers visuel baigné par un spectacle de lumière kaléidoscopique inoubliable, diffusé opportunément par Fruit Salad Lights.

L'acte I nous a surpris par sa durée inhabituellement courte, alors que nous commencions tout juste à élever nos esprits, notamment après "Rejoice !" enivrant ! Mais c'était en fait pour mieux rebondir vers un espace intersidéral, contrairement à ce que laisserait entendre le titre de reprise "Tiny Galaxies" ! GONG nous aura bien hypnotisés durant deux heures intenses et extatiques.

Sur notre gauche, Ian East alterne son saxophone soprano et son saxophone ténor en si, pour pimenter d'un côté jazzy les errances cosmiques exprimées par le quintet. A son côté, le très charismatique Kavus Torabi, souriant et exubérant, les yeux souvent exorbités, s'éclate sur scène avec un plaisir communicatif ! Dave Sturt, plus discret mais tellement efficace, entraine l'ensemble en alternant des ostinatos ensorcelants et des subtils accords vrombissants. Quant à Fabio Golfetti, il honore la mémoire Daevid ALLEN, notamment en perpétuant son art d'extraire les sons "en glissando", en frottant une tige métallique. Efficace et puissant, Cheb Nettles garantit toutes les subtilités rythmiques exigées par ces compositions excentriques.

Le summum aura été l'enchaînement de "Ship of Ishtar" avec l'emblématique "Master Builder" dont on ne se lasse pas. Ce titre est précédé d'une longue phase introductive et introspective jouée, dans la pénombre bleutée, par les guitaristes qui font vibrer les cordes avec leur tige de manière à évoquer les méditations tibétaines. Pour peu que l'auditeur consente à suivre ce mouvement préalable, il aborde alors "Master Builder" dans un état de transe inouïe en marmonnant le "IAO ZA-I ZA-O, MA-I MA-O, TA-I TA-O NOW". Les pieds ne touchent plus le sol. Ce transport extrasensoriel imparable se renouvelle, à l'instar de nos expériences déjà vécue avec Steve Hillage lors du festival de Loreley le 21 juillet 2019, ainsi qu'à Edinburg le 23 mars dernier !

Comme pour nous maintenir en apesanteur, GONG nous assène "Insert Yr Own Prophecy", puis "You Can't Kill Me". Ce dernier titre évoquant la toute première époque du groupe légendaire.

Kavus Torabi, soulignant que GONG n'était pas revenu dans Paris depuis dix années (en effet, la dernière remontait au 15 octobre 2014 au Trabendo), prétend qu'un retour est escompté sous peu, ce dont le public prend acte avec un enthousiasme bruyant. Cette réponse semble avoir convaincu les musiciens ; nous verrons bien …

Avec douze titres, cinq albums sont évoqués : cinq titres issus de "Unending Ascending" (2023), quatre de "Rejoice ! I’m Dead !" (2016), un de "Camembert électrique" (1971), un de "The Universe Also Collapses" (2019), et un de "You" (1974).

PROGRAMME
ACTE 1:

  1. My Guitar Is a Spaceship (Unending Ascending, 2023)
  2. Kapital (Rejoice ! I’m Dead !, 2016)
  3. All Clocks Reset (Unending Ascending, 2023)
  4. Rejoice! (Rejoice! I’m Dead !, 2016)
  5. Choose Your Goddess (Unending Ascending, 2023)

ACTE 2:

  1. Tiny Galaxies (Unending Ascending, 2023)
  2. My Sawtooth Wake (The Universe Also Collapses, 2019)
  3. Through Restless Seas I Come (Rejoice ! I’m Dead !, 2016)
  4. Ship of Ishtar (Unending Ascending, 2023)
  5. Master Builder (You, 1974).

RAPPEL :

  1. Insert Yr Own Prophecy (Rejoice ! I’m Dead !, 2016).

RAPPEL :

  1. You Can't Kill Me (Camembert électrique, 1971).

On ne sort pas indemne d'un tel voyage. Le bonheur se lit sur les visages des auditeurs. Un choix restreint dans les tailles de t-shirt nous permet de demeurer raisonnables. Une petite halte désaltérante dans un bar de la Bastille nous remettra les idées en place, pour un atterrissage en douceur ! IAO ZA-I ZA-O, MA-I MA-O, TA-I TA-O NOW…

 




jeudi 5 décembre 2024

MOSTLY AUTUMN – Spirit of 66 (Verviers, Belgique) – le jeudi 05 décembre 2024.

 

LE CONTEXTE. Chaque année à la même époque, MOSTLY AUTUMN vient de York pour jouer quelques concerts dans le Benelux, et célébrer ainsi avec un peu d'avance les fêtes de fin d'année. Avec ma p'tite Fée, nous y participons pour notre troisième fois consécutive ce soir, dans cette salle mythique. Nous assistons ainsi à notre sixième concert de ces Anglais, que nous écoutons inlassablement.

Pourtant, des gens raisonnables se seraient abstenus ; le lendemain nous irons célébrer la perpétuation de la Légende de GONG au Café de la Danse, alors que nous venons de revoir MOSTLY AUTUMN le 26 octobre dernier, mais quand on aime on ne compte pas, parait-il. Ewé….

Autant dissiper tout malentendu en préalable à la lecture de mon récit ; comme ma p'tite Fée, je suis un admirateur assumé, quoique relativement tardif. Voilà qui est dit. Et il faut l'être pour se lancer sur quatre cents kilomètres de routes sous une pluie incessante. Plus de quatre heures et demie, soit une demie heure de plus que prévu… 

Cela ne nous empêche pas de respecter notre petit rituel gastronomique ; nous nous restaurons à la Fringale, une petite friterie bien sympathique, où l'excellente bière locale nous est servie à la pression. Puis Maguy nous accueille dans son douillet hôtel des Ardennes où nous nous accordons une phase de repos bien mérité avant de nous rendre au Spirit.

LE GROUPE. Pourquoi particulièrement MOSTLY AUTUMN parmi la multitude d'artistes que nous avons la chance d'admirer par ailleurs ? En tant que mélomane et ex-musicien, j'admire les belles voix, les chants et les chœurs, magnifiés par un ensemble instrumental exécutés par d'excellents musiciens. Toutes les compositions offrent à l'auditeur un véritable maelström harmonique savamment constitué d'accords mélodiques et sensibles de guitares, de claviers, et de flutes, transcendés par une base rythmique à la fois puissante et mesurée. Leur musique exprime avec finesse et nuances, un univers onirique, parfois mélancolique, ou tout simplement très émouvant ; n'est-ce pas ce qui est attendu de la Musique !?

Petit rappel biographique, nécessaire pour éclairer leur musique actuelle : MOSTLY AUTUMN a été formé au milieu des années 1990. Les membres fondateurs sont issus d'un groupe hommage à PINK FLOYD et aux années 1970, nommé ONE STONED SNOWMAN. La formation fondatrice du groupe était composée notamment de Bryan Josh (chant et guitares), et d'Iain Jennings (claviers). Les premiers concerts de MOSTLY AUTUMN étaient soutenus par ONE STONED SNOWMAN ou vice versa ; d'ailleurs, le dernier concert d' ONE STONED SNOWMAN fut un spectacle d'adieu en décembre 1995 et était effectivement soutenu par MOSTLY AUTUMN.

Ce soir, autour de Bryan Josh (chant et guitares, depuis 1995), et Iain Jennings (claviers, de 1995 à 2005, puis depuis 2010), nous retrouvons Olivia Sparnenn-Josh (chant principal depuis 2015, mais chœurs, percussions, flûte à bec, depuis 2004), Angela Gordon (flûtes, claviers, percussions, et chœurs, de 1999 à 2007, et depuis 2015), Chris Johnson (guitares rythmiques et acoustiques, chant, claviers, de 2006 à 2007, et depuis 2014), Andy Smith (basse, depuis 2000) et de Henry Rogers (batterie, depuis 2018).

Un prochain album, déjà intitulé "Sea Water" est prévu au premier semestre 2025. Je l'ai précommandé afin de garantir la version spéciale avec son bonus ; je précise que les deux derniers opus comprenaient chacun un disque bonus dont les compositions nous semblent aussi magnifiques que celle retenues pour le disque officiel !!

Arrivés sous le porche de l'établissement vers 18h40, des mélomanes plus fêlés que nous attendent déjà l'ouverture des portes. Lorsque nous entrons, nous pouvons toutefois sans difficulté nous positionner au bord de la scène, positionnés entre les pupitres d'Olivia et de Bryan.

LE CONCERT [20h30/21h20 – 21h45/23h30] : Une fois passées quelques minutes d'équilibrage des pupitres, la sonorisation s'avèrera très bonne, si bien qu'aucune protection auditive ne s'avère indispensable. L'éclairage scénique est proportionnel à cette petite salle, on le sait et l'auditoire adapte sa vue aux couleurs choisies, souvent un peu sombres.

Par la force des choses, vu la configuration du groupe sur scène, le regard se porte irrésistiblement sur la prestation d'Olivia qui continue d'irradier de son charisme, de son charme, de sa vivacité et de sa voix. Même les segments compliqués à chanter, sur "White Rainbow" ou "Broken Glass", sont exprimés avec une grâce qui excuse toutes les imperfections scéniques. Son timbre limpide, harmonieux et puissant, est un surcroit indéniable de qualité pour ce groupe, qui n'en manque pourtant pas par ailleurs ! Je ne peux pas m'empêcher de me réjouir de la complémentarité du couple qu'elle forme avec Bryan. On les sent complices, sans exubérances mais avec des regards et des signes qui ne trompent pas l'observateur.

Toutefois le chant est partagé heureusement avec les voix d'Angela, de Chris et de Bryan. Tous contribuent à soutenir la qualité des compositions dans une merveilleuse combinaison des sons, une véritable eurythmie. Cette complicité musicale est particulièrement flagrante entre les deux multi-instrumentistes Angela et Chris qui alternent leurs talents aux flûtes et au clavier (Angela), aux guitares et au clavier (Chris) ou encore au chant (pour les deux). Ceci explique sans doute cela, ils jouent tous deux par ailleurs dans des formations "folk", leur expérience et leur complémentarité constitue un apport incontestable. La voix douce et expressive de Chris m'émeut, notamment lorsque qu'il chante ses compositions "Changing Lives" et "Silver Glass".

Enclaver derrière son pupitre, Iain le fidèle complice, semble souffrir de la chaleur produite par les proches rampes d'éclairage mais cela ne perturbe pas son application pour sublimer avec une grande sensibilité les compositions par des accords, des touches subtiles, des nappes de sonorités puissantes ou délicates selon les séquences.

Personne ne peut ignorer la qualité de jeu de Bryan, dont l'influence majeure de David Gilmour est souvent trahie. Ses accords m'émeuvent autant que ceux d'Andrew Latimer, Nick Barett, Steve Rothery (pour ne citer qu'eux).

Voilà c'est dit (ou presque) sur ces musiciens ; je ne parle pas de niveau de technicité, ni d'expérience musicale, je parle de sensibilité et d'aisance à partager des émotions. Tous leurs titres sont de nature à m'émouvoir, mais je me réjouis d'avoir de nouveau entendu "Mother Nature", "White Rainbow" et "Western Skies", dont la richesse harmonique est à la fois subtile et somptueuse.

Pour clore traditionnellement ce concert de fin d'année, quelques accoutrements de circonstances achèvent d'entretenir une humeur festive. Bryan n'a aucun mal à nous faire chanter des chansons inscrites dans la tradition britannique de Noël, dans une atmosphère particulièrement bienveillante. Les sourires sont épanouis, les corps se balancent ; on se sent bien, tout simplement. Dans l'humeur grivoise de la reprise finale des Pogues, Bryan euphorique tire du pied sa dernière canette en direction de ses complices à l'autre bout de la scène. L'objet est évité avec les sourires complices mais soulagés !

Le public ne s'y trompe pas et ovationne à tout rompre l'ensemble de la prestation sublime, comme d'habitude.  

Cette prestation comporte vingt-et-un titres, dont quatre issus de "For All We Shared" (1998), trois de "Sight of Day" (2017), trois de "White Rainbow" (2019), deux de "Graveyard Star" (2021), un de "Heart Full of Sky" (2017), un de "Storms over Still Water" (2005), un de "Passengers" (2003), un de "The Last Bright Light" (2001), un de "The Spirit of Autumn Past" (1999).

PROGRAMME

ACTE 1:

  1. In for the Bite (Limited, Transylvania - Part 1 - The Count Demands It, reprise de Josh & Co, 2016)
  2. Into the Stars (White Rainbow, 2019)
  3. Winter Mountain (The Spirit of Autumn Past, 1999)
  4. Western Skies (White Rainbow, 2019)
  5. The Last Climb (For All We Shared…, 1998)
  6. Passengers (Passengers, 2003)
  7. Back in These Arms (Graveyard Star, 2021)
  8. Silver Glass (Heart Full of Sky, 2006)
  9. The Night Sky (For All We Shared…, 1998).

ACTE 2:

  1. Tomorrow Dies (Sight of Day, 2017)
  2. Nowhere to Hide (Close My Eyes) (For All We Shared…, 1998)
  3. Broken Glass (Storms over Still Water, 2005)
  4. Changing Lives (Sight of Day, 2017)
  5. This Endless War (Graveyard Star, 2021)
  6. Heart, Body and Soul (Sight of Day, 2017)
  7. Mother Nature (The Last Bright Light, 2001).
  8. White Rainbow (White Rainbow, 2019).

RAPPEL :

  1. Heroes Never Die (For All We Shared…, 1998)
  2. I Believe in Father Christmas (reprise de Greg Lake)
  3. A Spaceman Came Travelling (reprise de Chris de Burgh)
  4. Fairytale of New York (reprise de The Pogues).

MOSTLY AUTUMN s'est ainsi brillamment acquitté de sa fonction troubadour, par ses temps troublés. Nous avons tardé délibérément dans la salle, après le concert pour leur exprimer toute notre gratitude et notre admiration. Comme de coutume ils se sont tous montrés disponibles et reconnaissants de notre attention. Nous leur avons fait signer des portraits de précédentes rencontres. Les informations sur la période de parution du prochain album demeurent évasives, mais on peut l'estimer à la fin du premier trimestre probablement. En tout état de cause, nous les reverrons très certainement chez Paulette, le 28 mars 2025. 

L'échoppe nous donne l'occasion de soutenir ces authentiques et attachants artistes ; je me procure un DVD et ma p'tite Fée opte pour un bonnet magnifiquement brodé. De quoi tenter un prosélytisme amplement justifié…

Cette évènement nous aura une nouvelle fois permis de rencontrer des gens passionnés comme nous, venus de loin eux aussi ; des Anglais, des Allemands et des Belges bien sûr. Sans oublier des Français venus de Normandie et de Lyon auprès desquels nous avons promus la valeur de LAZULI. Sans doute de futures adeptes eux aussi à en croire leur première réaction !

Un p'tit déj' aux produits du Terroir servis par Maguy nous permet de reprendre la route malgré un temps encore pluvieux. Nous retrouverons le soleil une fois en France; mais en fait, celui-ci n'avait jamais quitté notre esprit ravi, ces dernières heures...










dimanche 1 décembre 2024

TAL RASHA + RED CLOUD – la Péniche Antipode (Paris 19e) – le dimanche 1er décembre 2024.

https://www.penicheantipode.fr/  :  La péniche est née le 10 avril 1942, aux chantiers Boom en Belgique. Pendant près de 60 ans, elle transporte du fret en tous genres sur tous les canaux d'Europe. Désormais amarrée face au 55, quai de la Seine, dans le 19ème arrondissement de Paris, elle offre une capacité d'accueil de 60 à 100 spectateurs, en fonction de la configuration, pour accueillir des spectacles en tous genres, sous la houlette de la Compagnie Abricadabra. J'étais déjà venu ici, le 28 avril 2022, pour assister à un concert d'Anaïd.

En dépit d'un calendrier surchargé, j'ai tenu à venir écouter RED CLOUD ; le groupe m'intéresse depuis quelques mois et le prix de l'entrée est modeste (8 €). Un p'tit concert à taille humaine, ça fait du bien aussi ! La soirée rassemble ainsi environ une cinquantaine de mélomanes, dont mon fils ainé avec lequel nous trinquons une bonne IPA artisanale.

RED CLOUD [20h30-21h20]. https://www.redcloudtheband.com/ et https://redcloud.bandcamp.com/album/red-cloud 

BIOGRAPHIE OFFICIELLE : "RED CLOUD est un groupe de "Heavy Rock’N’Roll" formé en 2020 à Paris. Parmi les influences assumées, on peut entendre DeWolff, Monster Truck ou Rival Sons. RED CLOUD propose un Rock à base de riffs incisifs teintés de blues et de chansons taillées pour la scène, le tout au service du chant puissant de Roxane Sigre, dont les variations évoquent les plus belles heures de Janis Joplin ou Grace Slick. Toutefois, si leurs inspirations vintage sont pleinement assumées, le quintet garde les pieds bien ancrés dans le présent, refusant de tomber dans le passéisme et veille à garder un regard moderne dans les sonorités et les thèmes abordés dans leurs chansons.

RED CLOUD a repris la route à l’été 2023, avec une nouvelle formation, trouvant en chemin une nouvelle identité plus rock, un son plus brut et livrant partout où il passe des concerts à haute intensité."

Un premier album éponyme est paru le 17 mars 2023.

En 2024, RED CLOUD ils se sont lancés le défi fou d'éditer une vidéo promotionnelle tous les mois ; un nouveau monoplage tous les mois, soit huit titres en huit mois !

Le groupe est composé de Roxane Sigré (Chant), Rémi Bottriaux (guitare), Maxime Mestres (basse, chœur), et Mano Cornet-Maltet (batterie). Laura Luiz (Orgue) a quitté l'aventure ; elle a été remplacée par Amy Prada (guitare, chœur, depuis le 28 juillet 2023).

Leur dernier concert de l'année se tient ainsi ce soir, profitant de l'invitation d'un autre groupe français.

L'acoustique de ce petit espace est correcte, et la sonorisation m'a semblé bien équilibrée. L'éclairage est assez limité bien sûr mais cependant suffisant pour créer de belles atmosphères pour une scène par essence un peu exiguë. Le bassiste est enclavé juste derrière la guitariste.



Je m'étais familiarisé avec leur musique en écoutant leur album, dont les sonorités me rappelaient celles RIVAL SONS et BLUES PILLS, notamment avec le son d'un orgue. Cette fois, une seconde guitare remplace l'orgue, ce qui rend l'ensemble plus brut et énergique. Leur musique m'a davantage rappelé celle de GIRLSCHOOL que celles de leurs influences affichées. Les interventions de Remi et Amy aux guitares animent la fougue et la vivacité de composition mordantes. Le chant clair et parfois déchiré de Roxane est indéniablement un marqueur fort du groupe. Maxime et Mano sont frustrés d'espace mais se vengent par une solide présence rythmique. Je ne suis donc pas déçu de la prestation, sauf peut-être par sa durée…

Le public est ravi et ovationne (h)ardemment le quintuor.

En cinquante minutes, RED CLOUD a joué neuf titres, dont quatre issus de leur premier album.

PROGRAMME

  1. Velvet Trap (Red Cloud, 2023)
  2. Naked Under My Breath
  3. The Pact
  4. Swallow Me (Red Cloud, 2023)
  5. Survivor
  6. Black Sunlight
  7. Hey Sugar! (Red Cloud, 2023)
  8. Skeleton Jigsaw (Red Cloud, 2023)
  9. Werewolf.

 

TAL RASHA [21h40-22h30]
https://www.mazik.info/2024/11/02/tal-rasha-le-nouveau-souffle-du-rock-hexagonal/

TAL RASHA est un quatuor de talents internationaux, basé dans le Nord de la France, composé de quatre musiciens aguerris. Marty Zissel décide de fonder Tal Rasha en 2023 en rassemblant quelques-uns de ses meilleurs amis et musiciens. Baptiste-Gautier Lorenzo, qui est ami depuis plusieurs années avec Marty Zissel et Ben Geiser, est le premier à rejoindre l’aventure Tal Rasha. Marty contacte son ami de longue date, Joshua Cook chanteur originaire de la Nouvelle-Orléans.

Partageant des influences communes telles que le blues, la folk, le hard rock et le progressif, le groupe exerce à la fois un son authentique et des performances live aiguisées promettant un voyage électrique dans le territoire du rock classique. Après un an d'existence et des concerts effectués dans plusieurs coins de la France et de la Suisse, Tal Rasha a su conquérir le public qui a croisé leur route.

Un premier mini-album, de cinq titres originaux, intitulé "Tal Rasha" est paru le 29 novembre 2024. Le concert de ce soir est à leur initiative afin de promouvoir cette parution.

Le quatuor se compose donc de Joshua Cook (chant), Marty Zissel (guitare), Ben Geiser (basse) et Baptiste Gautier Lorenzo (batterie, ex- Fange).

La sonorisation m'a semblé équilibrée, même si le guitariste réclamait des améliorations.


Méconnaissant totalement le groupe, je parviens pourtant assez rapidement à m'immerger dans leur univers dans lequel je perçois des influences sympathiques telles qu'AEROSMITH, CACTUS et RIVAL SONS. J'ai beaucoup apprécié le jeu de Marty qui contribue fortement à rappeler sonorités 70's. La palme du charisme revient à Joshua avec un chant expressif ainsi qu'une allure dignes de ladite époque ! Le tout est soutenu par une base rythmique puissante et entrainante. C'est franchement une belle découverte, pour moi !

L'auditoire est manifestement enthousiaste. Le groupe se retire trop vite, avant de revenir pour une reprise efficace d'un titre d'Aerosmith.

PROGRAMME
(à déterminer)
RAPPEL :
(une reprise d'Aerosmith)

Voilà une soirée bien agréable, au rapport qualité/prix exceptionnel. Réjouissante et rock'n'roll à souhait. Si on aurait apprécié que deux programmes soient plus longs, d'un autre côté j'étais bien content de ne pas rentrer trop tard ; une heure de transports en communs, avant une courte nuit et le boulot ensuite…

samedi 23 novembre 2024

DREAM THEATER – Adidas Arena (Paris 18) – le samedi 23 novembre 2024.

Cette soirée nous donne l'occasion d'assister à notre premier concert au sein de l’Arène de la Porte de la Chapelle, située dans le 18ème arrondissement de Paris. Elle a été intitulée au nom de son parraineur commanditaire ; Adidas Arena. C'est une salle polyvalente et modulable, inaugurée le 11 février 2024. Elle a été construite dans la perspective des Jeux olympiques d'été de 2024. La salle a une jauge de 8 000 places assises pour les événements sportifs et de 8 500 places pour les concerts-spectacles ; il n'est cependant pas précisé comment est évalué la capacité de la fosse, selon la configuration assise ou debout...

Hormis cette "première", la principale motivation pour cette participation, c'est le retour de DREAM THEATER avec son batteur cofondateur, Mike PORTNOY, après quatorze années (certains ont compté 5 177 jours) d'absence ! En attendant la parution d'un futur album, en cours de finitions, le quintuor s'est lancé sans attendre dans une tournée commémorant ses quarante années d'existence. De surcroit, parmi les nombreuses dates de cette longue tournée internationale, celle de Paris aurait été choisie pour enregistrer le film du concert qui ferait donc l'objet d'un bluray. Des séquences du premier concert de la formation réunie à Londres ont toutefois été filmées et serviront probablement de bonus.

Nous nous sommes abstenus de rentrer dans la logique inflationniste du cout des tickets de concert lorsque, dès le 17 avril dernier, nous avions réservés nos tickets modestement en catégorie 2 (85 €). Nous prenons ainsi places en balcon S, rang 86. Le confort de vue est correct, en dépit de la scène fatalement lointaine. Le site est encore neuf et beau, mais c'est une arène sportive avant tout ; certainement pas un auditorium…

Quoi qu'il en soit, peu à peu la salle se remplit quasi totalement ; ce qui me rassure, car cette date était la seule de la tournée à ne pas afficher complet. Pour parfaire ma soirée au Théâtre de Rêve, je suis accompagné de mes deux crapules et de ma P'tite Fée ; que demander d'autre ? Rien, sinon écouter, regarder, se divertir et jouir du temps présent. Carpe Diem !

BREF HISTORIQUE https://dreamtheater.net/  John Petrucci et John Myung ont grandi ensemble à Long Island, New York. Après le lycée, tous deux ont reçu des bourses d'études à la prestigieuse Berklee University of Music, à Boston (Massachusetts/USA). Ce sont les deux seuls membres constants du groupe qui allait se former. A Berklee, ils ont rencontré Mike Portnoy. Tous trois, passionnément admiratifs de la sophistication de YES, de la virtuosité de RUSH et la puissance d'IRON MAIDEN, se sont rapidement liés d'une réelle amitié, ils ont alors abandonné leurs études pour se concentrer sur l'objectif de créer leur propre musique. Ils s'engagent ainsi dans une constante recherche d'un son à la fois complexe, puissant et progressif. Il restait à recruter les complices ; ainsi a été fondé MAJESTY en 1985. Les claviéristes et les chanteurs se succéderont avant d'établir une certaine stabilité depuis vingt-cinq ans ; mais le trio historique demeurera le cœur de la machine !

Toutefois, juste avant la parution du premier album "When Dream and Day Unite", le nom MAJESTY doit être remplacé, sous la menace d'une action judiciaire d'un autre groupe ayant le même nom. Ils choisissent alors de s'appeler DREAM THEATER.

En octobre 1991, avant de débuter l'enregistrement d'un deuxième disque, "Images and Words", DREAM THEATER embauche le canadien Kevin LaBrie, (un ex-chanteur du groupe glam rock Winter Rose). Le quintuor comporte déjà deux John et un Kevin ; LaBrie change son nom en James, qui est son 2ième prénom. Le groupe rejoint le label Atco Records, dirigé par Derek Shulman, un ancien membre du légendaire groupe de rock progressif GENTLE GIANT.

L'Histoire débute là, le talent de ces artistes se révèle enfin.

Mike Portnoy est resté jusqu'en 2010, après avoir contribué à dix albums pendant les vingt premières années. Le reste du groupe ne souhaitant pas faire une pause, Mike a décidé de partir poursuivre d'autres projets musicaux notamment avec SONS OF APOLLO, TRANSATLANTIC, FLYING COLORS, SHATTERED FORTRESS, et THE WINERY DOGS. Il est alors remplacé par Mike Mangini. Après d'excellents et loyaux services, en octobre 2023 celui-ci rend les baguettes à Mike Portnoy, qui ne cachait plus son envie retrouver son groupe de cœur.

La parution du seizième album studio, intitulé "Parasomnia" est prévue le 7 février 2025. Il s'agit donc moins de promouvoir un nouvel album, que de fêter dignement le 40ième anniversaire du groupe, qui de surcroit est couronné par le retour du batteur prodigue, Mike Portnoy ! Ce concert se tient donc dans le cadre d'une tournée européenne comprenant vingt-trois escales, qui a débuté le 20 octobre à Londres et aboutira au 24 novembre à Amsterdam, après quoi ils s'envoleront vers les Amériques. Il s'agit plus globalement d'une longue tournée internationale intitulée "40th Anniversary Tour 2024-2025" qui est prévue à ce jour jusqu'au 27 juillet 2025, à Istanbul.

Le quintet est actuellement composé de John Petrucci (guitares, chœurs, depuis 1985), et John Myung (basse, depuis 1985), de Mike Portnoy (batteur de 1985 à 2010, et depuis 2023), de James LaBrie (chant, depuis 1991), et Jordan Rudess (claviers, lap steel guitar, continuum, depuis 1999).

Je ne revois ce soir DREAM THEATER que pour la quinzième fois, depuis ce 7 avril 2000 où je les découvrais à l'occasion de leur prestigieuse et mémorable tournée "Scenes from a Memory". Auparavant, je m'obstinais à les ignorer, au bénéfice du groupe brésilien ANGRA que je préférais à l'époque, notamment en raison d'Andre Matos, son chanteur de 1991 à 1998, dont la tessiture, le timbre et le charisme étaient tout simplement exceptionnels. Paix à son âme. La dislocation d'ANGRA, ainsi que le conseil insistant d'un ami, m'ont incité à me tourner avec bonheur vers DREAM THEATER… Je n'ai pas eu le sentiment d'y perdre, car à défaut de retrouver un chanteur d'exception, je découvrais des musiciens extraordinaires sortis de conservatoire ! (pour l'anecdote, c'est par ce biais que je découvrais aussi PORCUPINE TREE !).

LE CONCERT [20h00/21h15 - 21h40/23h15] Avec ponctualité, la lumière s'éteint et l'auditoire est plongé dans l'angoisse qu'évoque la bande son de Bernard Herrmann, tirée du film d'Alfred Hitchcock "Psychose" (1960). La pénombre est alors percée par l'éclairage ciblant le tableau qui illustre l'affiche de la tournée, les lettres de DREAM THEATER brillent comme des décharges électriques. Le tissu tombe pour laisse paraitre les musiciens qui débutent "Metropolis Pt. 1: The Miracle and the Sleeper" issu de l’album "Images and Words" (1992).

En dépit de l'excitation, je tente de maitriser mes émotions pour bien capter et analyser ces premiers instants. Le son de chaque pupitre me parait limpide mais puissant ; dans cette arène sportive la musique résonne et cela devient assez pénible pour m'imposer les protections auditives. L'éclairage est particulièrement lumineux ; c'est un pur bonheur ! Le fond est constitué d'un écran articulé en trois volets verticaux. La batterie de Mike Portnoy trône en surplomb au centre. Je remarque bien évidemment son évidente envie d'en découdre. Sur sa droite, légèrement en contrebas, sont positionnés les claviers de Jordan Rudess. Sur la scène on voit à notre gauche John Myung et à droite John Petrucci. Le chanteur James LaBrie rejoint la formation, une fois que la phase instrumentale introductive se termine.

Je passe rapidement sur le contenu du programme qui évoque astucieusement les quatre décennies. Inutile de chipoter sur les choix de titres qui seront toujours de nature à discuter inutilement. Le temps imparti nous a permis de nous réjouir des extraits de neuf albums sur seize, et tant pis pour les oubliés. L'essentiel est que les esprits s'évadent et se réjouissent ! Disons quand même que la fin de l'acte II fut une apothéose étourdissante avec deux purs chefs d'œuvre du rock progressif : l'instrumental "Stream of Consciousness" (déjà énormissime), suivi de "Octavarium" (que j'affectionne tout particulièrement). Ces morceaux sont bourrés d'alternances mélodiques, de ruptures rythmiques, d'harmonies oniriques, d'interventions individuelles et/ou collectives virtuoses ; bref, tout ce que j'attends du rock progressif. Rien que pour écouter ces deux morceaux d'anthologie, pendant environ trois quarts d'heure, il fallait être présent (même dans une arène sportive) ! Ajoutons à ce délicieux tourbillon de sonorités hallucinantes quelques improvisations du meilleur goût, distillées au cours de la prestation, et vous pourriez imaginer un tant soit peu le bonheur vécu durant ce concert !

Le programme débutant par une évocation des années 90, la relative faiblesse du groupe actuel est apparue cruellement. Un petit bémol que je me dois honnêtement d'évoquer, pour que le reste de mon récit dithyrambique conserve sa crédibilité. Chacun, selon son centre d'intérêt, trouve sa part à admirer au sein de DREAM THEATER ; En ce qui me concerne, j'admire tout particulièrement les parties instrumentales qui me paraissent constamment d'une richesse harmonique et technique extraordinaire. Cependant, je peine souvent à relativiser les limites de James LaBrie qui, rappelons-le, ont pour origine une intoxication alimentaire (29 décembre 1994, lors de vacances à Cuba) dont ses cordes vocales ne semblent que partiellement remises. La tessiture et parfois même la justesse de sa voix en concert, pâtissent de la comparaison avec les enregistrements en studio, surtout sur des titres antérieur à l'accident. Il n'en demeure pas moins que son timbre est lié au son du groupe et j'imagine mal écouter un autre chanteur, finalement. Il est le légitime chanteur depuis 1991, d'un groupe qui a marqué une génération, la mienne. Certes victime de circonstances fatales pour un chanteur, j'estime qu'il mérite le respect malgré tout.

Cette gêne relative est heureusement surmontée par l'univers onirique que m'inspirent globalement ces musiciens.

S'agissant du reste du groupe, l'art est affaire de sensibilités et d'appréciations personnelles. Certains préfèrent l'ombre à la lumière, les cuivres aux cordes, le romantisme à la fureur … Pour mon bonheur, je parviens souvent à adapter mon écoute selon mes humeurs et surtout selon les talents observés. En tant que mélomane, je me régale autant des douces et suaves subtilités d'Andy Latimer et de David Gilmour, que des performances techniques de Joe Satriani et de John Petrucci ; tous expriment avec leur propre sensibilité des harmonies qui me touchent au plus profond de l'âme. Un artiste exprime son talent qu'il a forgé par un travail admirable et qu'il perfectionne au fil de son expérience. Je me refuse à opposer cette conception de la Musique à d'autres prétendument plus sensibles parce qu'épurées. Ce soir encore, devant tant de virtuosité, comment ne pas être sidéré par la capacité de John Petrucci à maitriser son répertoire à la fois si complexe et si mélodique !!? On ne vénère que son Dieu, mais je ne suis pourtant pas loin de le faire ici…

Idem pour John Myung dont la réserve légendaire le porte à s'effacer le plus possible. Et pourtant, ses accords de basse continuent à m'impressionner. Avec une dextérité remarquable sur ces cordes basses, il accompagne souvent la partition de Petrucci, ce qui est déjà remarquable, mais ses interventions en solo montrent une classe que mes oreilles perçoivent avec admiration !

La partition de Jordan Rudess s'inscrit dans ce maelström harmonique avec nuance et subtilité. Son exubérance naturelle n'est pas nuisible, car il démontre une totale maitrise du potentiel de ses claviers ; notamment avec le continuum dont les sonorités me rappellent parfois celles de la Léode. Lui et les deux John alternent les soli avec adresse et inspiration.

Quant à l'infatigable et prodigieux Mike Portnoy, je ne me lasse pas d'assister à ses prestations ! Toujours fougueux, énergique et motivé comme un débutant, ce véritable passionné adulescent et facétieux reste d'une efficacité hors du commun. Il sait adapter sa frappe à son environnement avec une aisance surprenante ; je l'ai vu à sept reprises au sein de DT, deux fois au sein de SOA, une fois au sein de SHATTERED FORTRESS, et une fois au sein de TRANSATLANTIC, dans tous les cas avec un sourire constant et plaisir sincère ! Je n'ai aucune difficulté à imaginer son bonheur de s'épanouir à nouveau dans son cadre initial.

Une somme de talents individuels qui m'impressionne au plus haut point ! Cette capacité à fusionner autant de potentiel pour produire une œuvre collective d'une telle densité m'émeut ! DREAM THEATER SONT DES DIEUX ET JE SUIS UN APOTRE ! amen.

Le public, sagement aligné par les travées de ce vaste enclos peu propice encore une fois à apprécier de la Musique de cette qualité, a contribué autant que faire se peut à animer l'ambiance compte tenu de l'annonce de l'enregistrement de la soirée. Le concert se termine avec un plaisir qui se trahit par les mines réjouies; y compris celle de mon fils cadet qui découvrait le groupe ce soir !

Le concert d'une durée de (près de) trois heures a déroulé un programme en deux actes distincts.

Parmi les dix-huit titres interprétés, quatre de "Scenes from a Memory" (1999), trois sont issus de "Images and Words" (1992), trois de "Train of Thought" (2003), deux de "Octavarium" (2005), un de "Awake" (1994), un de "Falling into Infinity" (1997), un de "Systematic Chaos" (2007), et un de "Parasomnia" (2025). Comme indiqué plus haut dans mon récit, neuf albums ont ainsi été sollicités, ainsi que la prochaine parution.

Par ailleurs, fait notable, Mike Portnoy a joué pour la première fois deux titres qui avaient été initialement enregistrés avec son remplaçant, Mike Mangini : un de "A Dramatic Turn of Events" (2011), un de "Distance Over Time" (2019).

PROGRAMME

Acte I

  1. Metropolis Pt. 1: The Miracle And The Sleeper (Images and Words, 1992)
  2. Act I: Scene Two: I. Overture 1928 (Scenes from a Memory, 1999)
  3. Act I: Scene Two: II. Strange Déjà Vu (Scenes from a Memory, 1999)
  4. The Mirror (Awake, 1994)
  5. Panic Attack (Octavarium, 2005)
  6. Barstool Warrior (Distance Over Time, 2019)
  7. Hollow Years (Falling into Infinity, 1997)
  8. Constant Motion (Systematic Chaos, 2007)
  9. As I Am (Train of Thought, 2003).

Acte II

  1. Night Terror (Parasomnia, 2025)
  2. This Is The Life (A Dramatic Turn of Events, 2011)
  3. Under A Glass Moon (Images and Words, 1992)
  4. Vacant (Train of Thought, 2003)
  5. Stream Of Consciousness (Train of Thought, 2003)
  6. Octavarium (Octavarium, 2005).

RAPPEL : Bande image et son, "There's No Place Like Home", tirée du film "'The Wizard of Oz' "

  1. Act II: Scene Six: Home (Scenes from a Memory, 1999)
  2. Act II: Scene Eight: The Spirit Carries On (Scenes from a Memory, 1999)
  3. Pull Me Under (Images and Words, 1992).

En conclusion, ce concert, aussi monumental soit-il, ne sera pourtant pas mon préféré avec ce groupe, car nous étions éloignés en balcon, dans une salle davantage prédisposée à faire résonner les acclamations pour une équipe de basket, qu'à savourer les subtilités de notre Musique. Je ne retiendrai donc pas le cadre mais la toile. De toutes façon, ne doutons pas que le film (qui paraitra dans un prochain bluray) gommera les aspects finalement secondaires pour laisser l'essentiel ; une Musique dense et riche exprimée par des Maîtres ès guitares, claviers et percussions !

Je m'abstiens de l'achat du t-shirt (pourtant joli) en raison de son prix (45 €) que je trouve excessif en dépit de sa qualité. En revanche, mon fils ainé ne s'en prive pas et ma P'tite fée se procure un bonnet estampillé du logo et des 40 ans du groupe !

Dans la fraicheur d'une fin d'automne, nous ne tardons pas à rejoindre nos chemins de retour. D'autant que ce nouveau site nous éloigne encore un peu plus que de coutume (…) de chez nous ; pas moins de soixante-quinze minutes de  transports en commun.