samedi 4 août 2018

ROCK AU CHATEAU festival 2018 – Villersexel, Parc du Château – 04 08/2018.


L'année dernière j'avais déjà parcouru avec plaisir les quelques quatre cents kilomètres de voyage pour assister aux deux journées d'une excellente édition de ce festival. Cette année, compte tenu de mon calendrier déjà bien chargé il fallait bien MARILLION, dont c'était la seule date française de l'année, pour me convaincre de refaire le déplacement. La perspective de retrouver une bonne partie de la confrérie des progueux dans un site agréable constitue également une bonne raison, et puis je n'oublie pas qu'un festival a pour principale qualité de guider les mélomanes vers des découvertes musicales parfois inattendues.
En l'occurrence, la IVème édition du festival organisée par ces valeureux organisateurs francs-comtois m'a permis rien de moins que de faire ma Découverte musicale de l'année ! Donc aucun regret !

SAMEDI 4 AOUT 2019
Ouverture des grilles du parc à 16h30.

17h30 : JACK DUPON. Initialement, l'affiche annonçait le groupe niçois "YANG", mais un souci de santé (le batteur a du se faire opérer du genou en urgence) les a contraint à renoncer. L'organisation a déplacé la prestation des clermontois Jack Dupon prévue dimanche, sur aujourd'hui samedi. Je ne saurai donc pas ce que nous avons perdu avec le retrait de Yang, en revanche nous aurons exploré des contrées farfelues et déjantées avec Jack Dupon.
J'imagine que, pour trouver la porte d'accès à leur univers, il faut au préalable se placer dans un état second, car en ce qui me concerne je suis resté sur le seuil avec une grande perplexité.
J'aime l'audace et je les respecte pour avoir bravé l'incrédulité d'un public encore clairsemé mais par courtoisie mon appréciation s'arrêtera là ; je reconnais volontiers ne pas disposer des compétences nécessaires pour évaluer ce genre d'expérience.
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Cela étant, la visite du site et des échoppes pendant cette séquence nous a permis de faire de belles rencontres. Faire connaissance avec des amis jusque-là virtuels : Sébastien, Renaud, Paul, … Puis, cerise sur le gâteau, enfin pouvoir serrer la louche à Steve Hogarth, ce que nous n'avions pas pu réaliser lors de la Convention 2017 !  


L'occasion aussi de déplorer mon incapacité à m'exprimer intelligiblement en anglais, ce qui est d'autant plus regrettable avec un personnage comme H avec qui j'aimerais tant échanger notamment sur l'état de notre société… Si mon contact n'aura pas dû lui laisser une trace mémorable, en revanche j'aurai pour ma part pu vérifier son amabilité et sa disponibilité …  … 
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18h40-19h50 : ASHBY. A l'annonce de l'affiche, je ne connaissais absolument pas l'existence de ce relativement jeune groupe allemand créé en 2011 dans la Ruhr. Afin de soutenir ma volonté de me rendre à Villersexel, j'avais visionné quelques vidéo sur YouTube. Cette première approche ne s'était pas avérée convaincante. Mais, c'est là tout l'intérêt d'un festival ; un peu forcé de les voir sur une scène je suis plutôt séduit en fin de compte par leur prestation.
Ce groupe se compose actuellement de Sabina Moser (chant), Joel von der Heiden (Claviers, chœur), Jan Göpelt (Guitare, chœur), Rik Schindler (Batterie, chœur), et Christopher Streidt (Basse, chœur).
C'est grâce à une campagne de participation que le groupe a réussi à financer l'album en très peu de temps. "Fragmental", leur premier album, est ainsi paru le 13 novembre 2015.
Ce deuxième concert m'a permis de faire une bien belle découverte. L'ensemble de la prestation a maintenu mon attention favorablement mais j'ai surtout remarqué le talent du guitariste et celui du clavier. Ces musiciens proposent ce qui peut être apparenté à du progmetal mais relativement enjoué, harmonieux et entêtant.
La chanteuse Sabina Moser est attachante, exprimant un style et une voix dont le timbre me rappelle celui de la belge Maurane. Il semblerait d'ailleurs que la dame fut remarquée lors d'un concours télévisé en Allemagne. En dépit d'une tessiture ordinaire, sa voix puissante séduit par la justesse et l'émotion dégagée dans son expression. L'usage répété d'épais fumigènes dont elle se pare comme d'une robe me laisse perplexe, à moins que l'explication soit dans le texte ... Cet artifice aura au moins fait le bonheur des photographes.
Je suis suffisamment séduit pour me procurer le CD (15€), et me le faire dûment dédicacer à l'échoppe.
PROGRAMME (à déterminer)
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20h15 - 21h30 : KARCIUS. A l'instar du groupe précédent, je n'avais pas davantage retenu l'existence de ces québécois et pourtant ce nom a probablement été évoqué dans mes discussions puisqu'ils ont été découverts et soutenus notamment par le Crescendo Festival en 2008, puis en 2012 semble-t-il. Hélas, leurs participations sont antérieures à mes présences (2016 et 2017)…
Je dis bien hélas car j'ai le plaisir de décerner tout simplement la palme de ma Découverte musicale de l'année à ces extraordinaires musiciens. Et pourtant, cette année j'ai eu la chance de voir, revoir ou découvrir de nombreux d'artistes à l'occasion de concerts et festivals, surtout cet été… Mais là, ces québécois me surprennent, me bouleversent et me sidèrent ; ils sortent du lot, de la tête et des épaules ; c'est une vraie belle Révélation.
Le choc de la découverte fut d'autant plus violent que manifestement, je n'avais pas consulté YouTube avec suffisamment d'attention préalable. Un pressentiment avait muri dans l'après-midi, lorsqu'avec une curiosité guidée par des fêlés convaincus, je m'étais rendu à leur échoppe. Leurs influences musicales annoncées me laissaient juste présager d'un concert qu'il n'aurait fallu manquer sous aucun prétexte…
Thomas Brodeur (batterie, percussions) est le cofondateur de ce groupe à Montréal, avec le claviériste qui vient d'abandonner le navire. Le bien nommé Simon L'Espérance (guitares) le rejoint en 2000, sur les bancs du collège d’enseignement général et professionnel (CEGEP). Les aléas de la vie d'artistes aboutissent au départ du premier bassiste puis à son remplacement par Sylvain Auclair (basse, chant) qui arrive en 2010. Enfin, Sébastien Cloutier (claviers, chœurs) a la lourde tâche de remplacer le cofondateur en 2017.
Si ces artistes ont acquis une solide formation scolaire, un peu à l'image de Dream Theater, en revanche, à l'instar de ces américains, point d'académisme dans leur musique débridée et inventive. On baigne dans une fusion de styles allant du jazzrock au rock progressif, en passant par le metalprog. Ils vous citeront sans doute d'autres références mais pour ma part j'entends notamment d'audacieuses évocations, de Liquid Tension Experiment, de Rush ou de Porcupine Tree… bref tout ce que j'aime, en fait !
Leur discographie débute avec "Sphere" (2004), opus déjà très prometteur. Elle se poursuit avec l'excellent "Kaléidoscope" (2006), puis confirme le haut niveau avec "Episodes" (2008), et "The First Day" (2012). Les heureux festivaliers du jour sont les premiers à pouvoir acquérir en exclusivité le nouvel album "The Fold" (2018). Je me les suis tous procurés à leur échoppe puis les ai écoutés dans la semaine qui a suivi. Verdict : RIEN A JETER, on est dans l'excellence !

Ce troisième concert constitue donc une découverte d'une ampleur inattendue. J'ai reçu une colossale bouffée de chaleur incandescente. Excellente surprise, comme seuls peuvent en apporter les festivals ou, de plus en plus rarement, les premières parties de concerts. Je ne m'attendais vraiment pas à une telle démonstration de fougue, de talent et bonne humeur réunie sur une même scène ! Outre ces qualités, ces cousins d'Outre-Atlantique francophones peuvent aisément se faire comprendre des festivaliers français et ce n'est pas un mince avantage !
Méconnaissant la genèse de cette vraie pépite québécoise, cette prestation époustouflante m'a permis en toute objectivité d'évaluer et d'apprécier les talents. Il me semble manifeste que ce quatuor dispose d'un avenir radieux, à condition toutefois de maintenir sa cohésion, car les départs du premier bassiste puis du premier claviériste auraient pu leur être fatals…

Sûrs de son dernier méfait, KARCIUS nous assène très logiquement sept titres de "The Fold", parmi les neuf titres du programme. Ce choix de programmation ne pouvait que me séduire ; cet opus (écouté et comparé chez moi, donc) me parait être le plus progmetal de leur discographie, style que j'affectionne tout particulièrement.
Nous savions d'emblée que Pat O'May serait invité sur scène aux côtés de Karcius, mais j'ignorais à quel moment du concert. J'étais impatient de revoir cet excellent et trop méconnu franco-irlandais que j'avais découvert l'an dernier au Crescendo. Et là encore, ces brillants artistes réunis m'ont fait frémir au plus haut point en reprenant un "classique" de Pink Floyd "Have a Cigar" laissant libre cours à des soli somptueux et émouvants !
Sous une ovation particulièrement dense et méritée, le groupe aurait volontiers continué sur un autre titre mais, l'heure c'est l'heure, et Karcius a été prié gentiment de céder la place aux prestigieux suivants.
Complètement subjugué par ce que je viens de découvrir, je me précipite à l'échoppe afin de leur dire toute mon admiration. Leur talent n'a d'égal que leur modestie et leur simplicité, ce qui achève de faire de moi un nouvel admirateur convaincu. Dédicaces et autoportraits imposés ! Wouahou ! Mer-ci; continuez comme cela et revenez viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite (sans oublier Paris !). Je suis déjà frustré de mon absence probable du prochain concert prévu au Crescendo le 18 aout.


PROGRAMME
Absence of Light (The Fold, 2018)
Something (The Fold, 2018)
Hardwired (The Fold, 2018)
Water (the First Day, 2012)
Sol (Episodes, 2008)
Goodbye (The Fold, 2018)
Burning My Dreams (The Fold, 2018)
The Fold (The Fold, 2018)
Have a Cigar (reprise de Pink Floyd, avec Pat O'May).


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22h - …. : MARILLION. Ces britanniques parviennent à entretenir une relation très particulière avec leur fidèle public. Bien sûr, a priori leurs dix-huit albums de studio paru entre 1983 et 2016 sont déjà de nature à faire chavirer les mélomanes réceptifs. Cependant, pour dépasser la frilosité des institutions, ces maîtres du néo-prog ont eu la bonne idée de s'auto-produire préservant ainsi leur indépendance de création. Cette liberté d'action permet de surcroît de réunir leurs admirateurs dans des conventions biennales dont la charge émotive marque toujours les participants ; pour ma part j'y suis allé et j'y retourne, comme une évidence.
Le quatrième et dernier concert de cette journée de festival me permet ainsi de revoir pour la dixième fois sur scène Steve Rothery (guitares, depuis 1979), Mark Kelly (claviers, depuis 1981), Pete Trewavas (basse, chœurs, depuis 1981), Ian Mosley (batterie, depuis 1984), et Steve Hogarth (chant, depuis 1988).
Marillion continue, depuis fin 2016, de tourner dans le cadre de la tournée promotionnelle pour l'excellent "F.E.A.R." (Fuck Everyone and Run) ; une quarantaine de minutes seront ce soir consacrée à sa promotion, avec l'interprétation de "El Dorado", "Living in Fear", et "The Leavers". Les autres titres de l'opus (White Paper et The New Kings) auront sans doute pâti d'un souci technique qui a nécessité d'écourter "The Leavers" avant de reprendre l'intégralité finalement au rappel.
Bah, ce petit incident ne fut pas de nature à gâcher notre plaisir sur une prestation de deux heures ; à tel point qu'en ce qui me concerne je pensais que, même incongrue, cette programmation était volontaire !

Chaque décennie aura été évoquée dans ce programme relativement équilibré ; les années 2000 sont toutefois réduites à l'album "Anoraknophobia" (2001) ; là encore, chaque festivalier aura son avis sur l'oubli délibéré d'albums au moins aussi importants que celui retenu.
Autre débat potentiel : à propos de "Goodbye to all That", un titre conçu en cinq mouvements issu de Brave, dont on entendra cette fois que deux extraits ("Wave" et "Mad"). Là pour le coup je me suis senti un peu frustré, j'aurais préféré un choix porté sur des titres peut-être plus courts ou moins nombreux plutôt qu'un titre long tronqué. Mais bon, les artistes doivent sans doute faire des choix difficile en fonction du temps qui leur est imparti en festival et de toute façon l'équilibre est compliqué à trouver avec un répertoire de qualité aussi dense.

La superbe chanson "Three Minute Boy" issue de l'album "Radiation" reste un moment intense d'échange avec le public, tout comme l'évocation de l'ère Fish (1983-87), avec ce soir "Sugar Mice" et "Garden Party" chantés à plein poumons par un public ravi !

PROGRAMME
El Dorado: I. Long-Shadowed Sun (F.E.A.R., 2016)
El Dorado: II. The Gold (F.E.A.R., 2016)
El Dorado: III. Demolished Lives (F.E.A.R., 2016)
El Dorado: IV. F E A R (F.E.A.R. 2016)
El Dorado: V. The Grandchildren of Apes (F.E.A.R., 2016)
Power (Sounds That Can't Be Made, 2012)
Quartz (Anoraknophobia, 2001)
The Party (Holidays In Eden, 1991)
Seasons End (Seasons End, 1989)
Living in F E A R (F.E.A.R., 2016)
Sounds That Can't Be Made (Sounds That Can't Be Made, 2012)
The Leavers: I. Wake Up in Music (F.E.A.R., 2016)
The Leavers: II. The Remainers (F.E.A.R., 2016)
[courte interruption technique]
Three Minute Boy (Radiation, 1998)
Wave (Brave, 1994)
Mad (Brave, 1994)
Afraid of Sunlight (Afraid of Sunlight, 1995)
The Great Escape (Brave, 1994)

RAPPEL :
The Leavers: I. Wake Up in Music (F.E.A.R., 2016)
The Leavers: II. The Remainers (F.E.A.R., 2016)
The Leavers: III. Vapour Trails in the Sky (F.E.A.R., 2016)
The Leavers: IV. The Jumble of Days (F.E.A.R., 2016)
The Leavers: V. One Tonight (F.E.A.R., 2016)
Sugar Mice (Clutching at Straws, 1987)
Garden Party (Script for a Jester's Tear, 1983).
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Et voilà, que d'émotions à partager entre amis …Mais aucun d'entre nous (sur cette photo) ne restait le lendemain...
Il m'était difficile de rester le dimanche car seuls Anekdoten et Gens de la Lune étaient de nature à me faire solliciter un jour de congé supplémentaire auprès de mon employeur. Mais ayant bénéficié du mois de juillet, je me suis engagé à travailler en retour ce mois d'Aout.
Donc tant pis pour ces suédois que j'ai déjà vus au Crescendo en 2016 et que je compte bien revoir encore, une prochaine fois… Tant pis aussi pour la bande à Décamps dont nous avions été partiellement lésés l'an dernier faute à des problèmes techniques…
A mon humble avis, pour remédier à ce genre de dilemme (dont je tiens à souligner que je ne suis pas le seul à souffrir ! et je m'en fais donc l'humble porte-parole), il suffirait de réduire le festival à un samedi, afin d'accroitre le nombre potentiel de festivaliers en focalisant leur objectif sur une unique affiche. L'affiche parfaite à mon sens aurait été MARILLION, ANEKDOTEN, KARCIUS, GENS DE LA LUNE, et ASHBY le samedi, en débutant du coup plus tôt (vers 14h, admettons), quitte à payer un peu plus (puisque dans ce cas il y avait du lourd en concentré). Au lieu de cela, l'organisation a perdu de l'argent et moi des émotions…Maintenant, moi je dis ca, je dis rien …