vendredi 25 mai 2018

MOGWAI + JAMES HOLDEN & THE ANIMAL SPIRITS Grande Halle de La Villette – 25/05/2018



Au regard de mon parcours de mélomane de près de cinq décennies il est permis de s'étonner de me voir aller à un concert de rock plutôt électronique, alternatif et expérimental ce qui n'est pas ma prédilection. Je concède volontiers m'en étonner moi-même, surtout a posteriori. Je persiste à trouver les sons trop mécaniques, froids, sans l'émotion ni les richesses harmoniques si chères à mes oreilles.
Toutefois, si je confesse beaucoup de défauts, je continue à revendiquer et à entretenir la qualité de curiosité à la recherche de nouvelles sensations, surtout en matière musicale.
Or, MOGWAI est un groupe écossais parfois cité en référence pour caractériser certains groupes de rock progressif… De surcroit ma p'tite Fée avait conservé de bonnes sensations à l'écoute passagère de leur musique.
Si bien que, lorsque j'ai lu dans la rue une publicité pour l'édition 2018 du "Villette sonique" j'ai été intrigué par la présence de MOGWAI en tête d'affiche. C'est un vendredi, une fin de semaine calme, alors pourquoi ne pas tenter l'expérience, moyennant une trentaine d'euros !


20h00 : JAMES HOLDEN & the Animal Spirits ouvre la soirée. Inutile de feindre la connaissance, j'ignore tout du parcours de l'individu et de sa musique. J'ai noté qu'après moult expériences, James Holden, DJ et compositeur anglais de musique électronique, né en 1979, a enregistré en novembre 2017 un album intitulé "The Animal Spirits".
Au centre du fond de la scène peu éclairée, il est entouré de quatre musiciens. Très peu loquaces, on ne connaîtra pas leur identité, ils resteront donc d'anonymes artistes à la gloire du maître DJ. Je remarque tout particulièrement la présence d'un cornettiste à temps plein (joueur de cornet à pistons pour ceux qui ne connaissent pas les cuivres). A son côté, une joueuse de saxophone, de clarinette, et de flûtes, puis devant un percussionniste et enfin sur le côté opposé un batteur.

Je n'avais écouté qu'une vidéo sur youtube la veille, c'est avec un esprit quasi vierge que j'aborde de concert, non sans quelques appréhensions. J'avais préparé les protections auditives en prévoyant un déluge de sons plus pénibles les uns que les autres… et bien ma surprise fut grande et plutôt heureuse.
Non seulement le son fut audible mais le musique accessible et ma foi agréable. Ô rien de transcendant certes ; je maintiens mes griefs énoncés en préambule de ce récit, mais je dois reconnaitre qu'en fermant les yeux (sur scène il ne se passe rien, à part un fond d'écran diffusant quelques jeux de couleurs) on peut tenter le voyage.
Mais pour un voyage encore faut-il que l'avion s'envole, que le train s'emballe, que l'automobile accélère … or, à la différence d'Ulver qui me fit décoller dès les premières secondes l'an dernier au BeProg Festival, là j'attends toujours avec l'impression de porter des valises bien lourdes…
Un peu lassé d'attendre, je tourne vers les pupitres de cuivres (car votre dévoué a lui-même été cornettiste il y a … très longtemps) afin de tenter de détecter une source de réjouissance. Peu de motifs d'admiration, là aussi ; leurs interventions, comme celles du percussionniste, sont souvent noyées dans les sonorités synthétiques du DJ. Le batteur, lui, n'a pas ce problème et parvient à imposer sa présence avec habileté et sensibilité.




Toujours aussi réservés, ils quittent rapidement la scène après avoir très brièvement remercié le public pour son accueil.
Bon voilà, quoi ; sympathique et rassurante entame de soirée, qui se termine une heure plus tard ! (21h)

21h30 : MOGWAI. Il était conseillé de se munir de protections auditives ; le groupe ayant la réputation d'inviter Monsieur Larsens à ses concerts. Je m'interrogeais donc sur l'atmosphère, sur la scène et dans le public, que pouvait générer ce genre de musique éthérée.
Les premiers instants me rassurent ; la sonorisation est plutôt correcte, l'éclairage un peu plus présent que pour les précédents, et les musiciens semblent très appliqués. Trop, peut-être …
Reconnaissons leur déjà a priori une première qualité : MOGWAI jouit d'une bonne stabilité puisque Stuart Braithwaite (guitare), Dominic Aitchison (basse) sont ensembles depuis 1995 et que Barry Burns (claviers, guitare) les a rejoint en 1998.
Cependant, Martin Bulloch (batterie) ayant des gros soucis de santé depuis octobre dernier, c'est Cat Myers qui tient les baguettes depuis (un provisoire qui semble durer). Par ailleurs, John Cummings a quitté le navire en 2015 mais sans le couler, puisque remplacé sur scène (le plus souvent par Scott Paterson et Luke Sutherland semble-t-il).
Depuis 2017, ils font la promotion de leur neuvième opus "Every Country’s Sun", plutôt bien accueilli par la critique, mais qui moi me touche peu…
C'est avec envie que j'aborde leur concert ; envie d'évasion et de plaisirs auditifs. A l'instar du groupe précédent, je suis dans de bonnes dispositions pour voyager… A l'instar du groupe précédent, j'ai attendu en vain. S'il y avait une porte d'accès, je ne l'ai pas trouvée ce soir …
Après une bonne demi-heure de ma bonne volonté je me suis tourné vers d'autres regards, à la recherche de leurs impressions mais il semble que j'avais loupé un wagon… Les mines autour de moi semblaient réjouies, (sans excès toutefois car j'ai trouvé le public très mou).
Je savais pourtant que leur musique conjugue des sonorités tantôt électro tantôt rock pour créer des atmosphères plus ou moins planantes ; je savais que je devais vider de mon esprit toute comparaison avec les autres concerts auxquels je suis plus enclin à participer … M'enfin tout de même, j'ai cherché en vain la moindre aspérité, le moindre relief susceptible de créer une émotion forte et de soulever mon enthousiasme. Sur la plupart des titres, certains passages me laissaient espérer une rupture mélodique ou une envolée harmonique, mais rien. Nada. Le Néant, le désert. Toujours déçu d'arriver à la fin d'un titre prometteur mais décevant… Ce que j'ai ressenti persista ainsi durant une heure et quart. Je me suis rarement senti aussi frustré, je me suis rarement autant ennuyé pendant un concert !
L'avant-dernier titre est assez révélateur de mon ressenti ; des sons répétés inlassablement, l'absence de virtuosité à peine compensée par un minimum d'émotion (et encore, je suis gentil). Un titre joué en decrescendo jusqu'à une fausse fin, violemment interrompue par un déluge sonore qui reprenait ni plus ni moins de les notes jouées précédemment, mais en plus fort !!!





Je note cependant une qualité non négligeable ; les musiciens, bien que statiques pendant leur interprétation, échangent leur pupitre selon les titres.


A 22h45, le groupe quitte la scène, sans avoir communiqué avec son public. Pas de présentation, pas de marque de plaisir particulier. L'audience, toujours aussi mole, les acclament mais pas au point de réclamer un retour.
D'habitude je profite des invités en premières parties ou des festivals pour faire découvrir des artistes ; là j'ai voulu forcer le destin en me rendant délibérément dans une arène inconnue. La musique aurait pu être horriblement inaudible ou pénible, ce ne fut pas le cas ; ce fut sympathique mais plutôt soporifique. J'ai joué, j'ai perdu.

PROGRAMME
Hunted by a Freak (Happy Songs for Happy People)
Crossing the Road Material (Every Country’s Sun)
Party in the Dark (Every Country’s Sun)
Rano Pano (Hardcore Will Never Die, But You Will)
I'm Jim Morrison, I'm Dead (The Hawk Is Howling)
New Paths to Helicon, Pt. 1
Ithica 27ø9
Don't Believe the Fife (Every Country’s Sun)
Every Country's Sun (Every Country’s Sun)
Mogwai Fear Satan (Young Team)
Old Poisons (Every Country’s Sun).

vendredi 11 mai 2018

ARENA – La Maroquinerie – 11/05/2018



Il y a un peu plus de trois ans, le 24 avril 2015, j'avais tenté l'expérience ARENA, sans trop connaitre ; je m'étais rendu à leur concert sur le seul conseil insistant de plusieurs amis. J'étais sorti du Divan de Monde ravi et convaincu.
Depuis, j'ai pris le temps de m'intéresser un peu plus à ce groupe britannique qui nous propose un rock néo-progressif pure souche qui perdure depuis 1995, non sans bonnes raisons !

Je retrouve ainsi Clive Nolan (claviers et chœurs, cofondateur), Mick Pointer (batterie et chœurs, cofondateur), John Mitchell (guitares, depuis 1997), Paul Manzi (chant, depuis 2010) et Kylan Amos (basse, depuis 2014). Le groupe semble donc enfin se stabiliser après avoir changé, en vingt années et huit opus, trois fois de chanteur, deux fois de bassiste, et une fois de guitariste.

La tournée prévoit actuellement vingt-deux dates, dont dix-sept dates quotidiennes entre les 4 et 20 mai ! Quelle santé ! Cependant, au lendemain de leur prestation dans la belle Z7 suisse, leur arrivée à la Maroquinerie aura probablement de nouveau dû leur suggérer une amertume à propos du désintérêt (relatif) du public parisien. Heureusement, l'ambiance que le public parisien leur réserve aura permis sans doute de relativiser cette fâcheuse impression.

La salle est bien remplie (sans être pleine, toutefois), on peut évaluer le public à quelque quatre cents personnes…
L'éclairage est correct pour cette salle qui, de toute façon, ne pourrait pas accueillir un dispositif plus impressionnant.

Si le confort visuel de cette petite salle est excellent, en revanche son acoustique nous a souvent déçu ; ce n'est pas cette soirée qui nous aura fait changer d'avis. La sonorisation de s'avéra correcte mais, comme souvent, à la condition de se placer en retrait de la scène. Pour le début de la prestation, je m'étais positionné dans les premiers rangs avec ma petite Fée pour lui garantir un bon point de vue, mais il s'est vite avéré que ce n'était pas un bon point d'écoute ; les sons de la batterie et de la basse nous ont dissuadé d'y rester ! A distance respectable, les mélodies et les soli redevenaient reconnaissables.

Il eût été permis d'imaginer qu'ARENA soit reparti sur les routes pour promouvoir la parution de son neuvième album "Double Vision". En fait, étonnamment seuls deux titres sont inscrits au programme ("Poisoned" et "The Mirror lies") ; la tournée insiste davantage sur le 20ème anniversaire de l'album "The Visitor", qui est repris intégralement !
Si le concept de tournée pour l'anniversaire d'un évènement me séduit toujours lorsque les artistes ont décidé de faire une pause créative, en revanche, je me sens un peu frustré de ne pas entendre davantage de titres d'un opus qui vient de paraître. J'attendais tout particulièrement l'interprétation du magnifique titre de (plus de) vingt-deux minutes "The Legend of Elijah Shade". Mais bon, soyons optimiste et gageons que ce sera pour une prochaine fois, mais pas dans trois années !
Cette légère amertume n'était pas de nature à voiler le plaisir d'écouter "The Visitor", ce troisième opus (paru en 1998, donc, pour ceux qui n'auraient pas suivi !). L'ordre d'interprétation a été modifié, sans doute histoire d'exciter encore davantage l'intérêt de l'auditoire, tout acquis à leur cause de toute manière ! Néanmoins, c'est bel et bien le magnifique "A Crack in the Ice" qui ouvre la soirée ! Parmi les autres réjouissances, je souligne "The Hanging Tree" dont le solo de John Mitchell, en état de grâce, fut éblouissant. "State of Grace" est enchainé derrière, à point nommé ! La première heure ainsi consacrée à cette commémoration est passée très (trop) vite.
Bien d'autres titres auraient réjouis le public insatiable, mais "Jericho" aura satisfait tout particulièrement les admirateurs les plus anciens.
Pour clore la soirée, le programme avait prévu "Solomon" (source : affiche à leur pied !), mais "The Tinder Box" de leur septième opus sera le point d'orgue qui enchantera l'auditoire.
En rappel, "Ascension" issu du monumental opus "Contagion" m'occasionne une nouvelle (relative) frustration en imaginant les autres titres ! In fine, "Crying for help VII" permet au public de communier bruyamment en chantant le refrain.


En digne représentant du rock néo-progressif, le groupe délivre une somptueuse atmosphère musicale dans laquelle alternent la mélancolie et la révolte, grâce à une combinaison de mélodies et de technicités musicales.
Paul Manzi, qui aurait pu être gêné vocalement par la reprise de "The Visitor" auquel il n'avait pas contribué, continue d'être très convaincant grâce à la justesse de son chant et à son charisme. Il n'hésite pas à revêtir de sobres mais éloquents déguisements en rapport avec les chansons, pour contribuer à donner une réelle conviction à son interprétation.
Mick Pointer, qui a le mérite honorable d'avoir cofondé ARENA avec Clive Nolan (ainsi que de permettre sa survie en tenant à bout de bras sa société éditrice de disques), semble cependant parfois un peu fatigué musicalement. Un ou deux contretemps fâcheux mais pas excessivement perceptibles ont paru contrarier John Mitchell. Notez que ce dernier semble constamment contrarié, les épais sourcils froncés lui donnant une impression d'immuable concentration ! Le guitariste, qui conserve une démarche un peu pataude et une allure si ordinaire (sa dégaine me donne, comme en 2015, l'impression d'un simple employé consciencieux et effacé), nous délivre pourtant de superbes soli et partage des moments exquis avec ses partenaires, magnifiant ainsi les titres, même ceux de l'époque antérieure à son arrivée !
Kylan Amos, toujours le sourire aux lèvres, me parait épanoui au sein de ce groupe qui l'a accueilli il y a quatre ans.
Clive Nolan, qui ne s'est toujours pas engagé dans un programme de régime alimentaire (doux euphémisme), reste maître de son pupitre, du groupe et de son public avec lequel il échange d'ailleurs davantage que lorsqu'il officie au sein de Pendragon. La comparaison entre les deux groupes s'arrêtera là, car ma préférence pour Pendragon est purement affective et donc irrationnelle.
Globalement ARENA donne l'impression d'une bonne cohésion et d'une belle complicité (même si en authentiques britanniques ils n'en font pas de démonstration éclatante) qui laisse augurer de belles années à suivre. J'aspire donc à un retour rapide, ne fut-ce que pour nous interpréter le dernier opus !

Un passage à l'échoppe s'impose car ma discothèque présentait quelques lacunes… A noter que les CD sont vendus à des prix raisonnables ; 10€ l'unité, 15€ pour le dernier !
Les membres du groupe ajoutent à leur talent, celui de la convivialité ; après le concert ils viennent tous discuter avec leurs admirateurs. Portraits et dédicaces s'imposent naturellement.






PROGRAMME :
A Crack in the Ice (The Visitor)
Pins and Needles (The Visitor)
Double Vision (The Visitor)
Elea (The Visitor)
The Hanging Tree (The Visitor)
A state of Grace (The Visitor)
Blood red Doom (The Visitor)
In the blink of an Eye (The Visitor)
(Don't forget to) breathe (The Visitor)
Serenity (The Visitor)
Tears in the Rain (The Visitor)
Enemy without (The Visitor)
Running from Damascus (The Visitor)
The Visitor (The Visitor)
Poisoned (Double Vision)
Jericho (Songs from the Lion's Cage)
The mirror lies (Double Vision)
The tinder Box (The Seventh Degree of Separation).

RAPPEL :
Ascension (Contagion)
Crying for help VII (Pride).