mercredi 15 novembre 2017

HELLOWEEN – Zénith de Paris - 15/11/2017

Groupe de métal allemand, Helloween est considéré comme le fondateur du genre "speed mélodique". Ils ont débuté en 1984, puis évolué vers le succès sans une ombre jusqu'en 1989, pour la tournée du diptyque "Keeper of the Seven Keys". Puis les tensions naissent au sujet du contrôle du groupe qui se scinde alors en deux, Helloween et Gamma Ray. 
Passons sur ces détails malheureux, ils ont décidé après trop d'années de brouilles stupides de se réunir, le temps d'une tournée, sous la bannière Pumpkins United.
Nous retrouvons ainsi un septuor magique : Michael Weikath (guitare, chœur, depuis 1984), Markus Grosskopf (basse, chœur, depuis 1984), Kai Hansen (guitare, chœur, de 1984 à 1989), Michael Kiske (chant de 1986 à 1993, puis depuis 2016), Andi Deris (chant depuis 1994), Sascha Gerstner (guitare, chœur, depuis 2002) et Daniel Löble (batterie, depuis 2005).

Pour ma part, je les avais découverts le 20 aout 1988 à l'occasion de leur prestation lors du festival de Donington (entre Derby et Nottingham dans l’Est des Midlands en Angleterre) avec quelques cent mille personnes. J'ai pu confirmer rapidement un certain intérêt puisque le Monsters of Rock les a amenés le 24 septembre 88, au POP de Bercy.
Toutefois, de manière assez surprenante, les cinq fois où j'ai eu l'occasion de les voir sur scène (deux en 1988/tournée Keeper of the Seven Keys Part 2, 1998/tournée Better Than Raw, 2003/tournée Rabbit Don't Come Easy et 2008/tournée Gambling With The Devil), ce furent dans l'ombre d'un certain IRON MAIDEN pour lesquels ils ouvraient ; et j'ai toujours ainsi sous-estimé leur valeur en comparaison avec la Dame de Fer.
Ils ont fait ainsi partie de ces nombreux groupes que j'ai relativement méprisés, à tort. Je leur ai toujours porté une estime suffisante pour apprécier leurs prestations scéniques mais insuffisante pour acheter leurs CD (lacune comblée ces derniers jours). Question de circonstances, sans doute.
En tous cas, cette réunion des "frères ennemis" justifiait que j'achète pour la toute première fois un ticket pour me rendre leur concert, accompagné de mon fils et de ma p'tite Fée.

Le Zénith est quasi plein pour cette soirée exclusivement consacrée à la célébration des retrouvailles des pastèques teutonnes réunies, pendant près de trois heures (pause dessins animés comprises, il est vrai !).
La discographie (16 opus) est largement visitée (à l'exclusion étonnante de Gambling With the Devil) avec pas moins de vingt-quatre titres (dont 5 titres de Keeper of the Seven Keys-Part I-1987, 4 titres de Keeper of the Seven Keys-Part II-1988, 3 titres de Master of the Rings-1994, 2 titres de The Time of the Oath-1996, 2 titres de Walls of Jericho-1985, 1 titre de 7 Sinners-2010, 1 titre de Better Than Raw-1998, 1 titre de Straight out of Hell-2013, 1 titre de Pink Bubbles Go Ape-1991). Je confesse ne pas connaître assez bien leur répertoire pour juger du choix des titres ou de leur interprétation par rapport à l'origine, mais le fait que le tout est efficace et rudement agréable aux tympans !

La scène très ample se déploie avec une avancée centrale dans le public. Un vaste écran diffuse les images illustrant les différentes étapes du groupe. Les intermèdes de dessins animés m'ont souvent laissé perplexe ; je n'ai sans doute pas tout compris de leur humour, mais c'est pas grave, c'était globalement marrant. La sonorisation est puissante mais audible. Bref, tout est réuni pour faire la fête, fête entretenue par à un public enthousiaste pourtant de tous âges.

Ce que j'apprécie tout particulièrement chez Helloween, c'est la qualité des deux chanteurs Michael Kiske et Andi Deris dont le timbre me rappelle parfois André Matos (Angra) ou parfois Geoff Tate (Queensrÿche). Ils démontrent avec la même aisance sur scène qu'en studio une grande amplitude vocale, aussi juste dans les aigus que dans les graves. Et, leur charisme fait le reste ; ils chantent avec conviction et savent emporter l'enthousiasme de leur public.
Mais les envolées lyriques et duos de guitares sont également magnifiques, on a autant envie de chanter avec les chanteurs qu'avec les guitares, preuve que les compositions sont de grande qualité !

Inutile de préciser qu'avec de tels ingrédients, la fosse dans laquelle j'ai survécu avec mon fils (et ma p'tite Fée en retrait prudent), était en ébullition ! Des bousculades bienveillantes et festives mêlant des tempes grises et de jeunes crinières hérissées ont contribué maintenir une très bonne ambiance pendant tout le concert !
Les allemands ont le bon gout de clore la soirée par une pluie de confettis et de ballons oranges avec lesquels le public échange de longues passes durant un "I Want Out" qui accentue encore un peu plus l'intensité de la fête.
Vraiment une bien belle soirée metal qui aura replongé les plus anciens dans nos chères 80's !



PROGRAMME

Introduction sonore : Let Me Entertain You (Robbie Williams)

Halloween (chanté par Michael Kiske & Andi Deris) (Keeper of the Seven Keys, Part I)
Dr. Stein (chanté par Michael Kiske & Andi Deris) (Keeper of the Seven Keys, Part II)
Pause dessin animé (Seth & Doc)
I'm Alive (chanté par Michael Kiske) (Keeper of the Seven Keys, Part I)
If I Could Fly (chanté par Andi Deris) (The Dark Ride)
Pause dessin animé (Seth & Doc)
Are You Metal? (chanté par Andi Deris) (7 Sinners)
Kids of the Century (chanté par Michael Kiske, Michael) (Pink Bubbles Go Ape)
Waiting for the Thunder (chanté par Andi Deris & Kai Hansen) (Straight out of Hell)
Pause dessin animé (Seth & Doc)
Perfect Gentleman (chanté par Andi Deris) (Master of the Rings)
Pause dessin animé (Seth & Doc)
Starlight / Ride the Sky / Judas (chanté par  Kai Hansen) (Walls of Jericho)
Heavy Metal (Is the Law) (chanté par Kai Hansen) (Walls of Jericho)
Pause dessin animé (Seth & Doc)
Forever and One (Neverland) (chanté par Michael Kiske & Andi Deris) (The Time of the Oath)
A Tale That Wasn't Right (chanté par M. Kiske & A. Deris) (Keeper of the Seven Keys, Part I)
Pause dessin animé (Seth & Doc)
I Can (chanté par  Andi Deris) (Better Than Raw)
Pause dessin animé (Seth & Doc)
Solo de batterie (duo par images interposées, Dani Löble & Ingo 'battle') Hommage à Ingo
Livin' Ain't No Crime (The Best, The Rest, The Rare)
A Little Time (chanté par  Michael Kiske) (Keeper of the Seven Keys, Part I)
Pause dessin animé (Seth & Doc)
Why? (chanté par  Michael Kiske & Andi Deris) (Master of the Rings)
Sole Survivor (chanté par  Andi Deris) (Master of the Rings)
Pause dessin animé (Seth & Doc)
Power (chanté par  Andi Deris) ) (The Time of the Oath)
How Many Tears (chanté par  Andi Deris, Kai Hansen & Michael Kiske) (Walls of Jericho)

RAPPEL :
Eagle Fly Free (chanté par  Michael Kiske) (Keeper of the Seven Keys, Part II)
Keeper of the Seven Keys (chanté par  M. Kiske & A. Deris) (Keeper of the Seven Keys, Part II)

RAPPEL 2 :
Kai Hansen Solo / In the Hall of the Mountain King
Blue Suede Shoes (reprise de Carl Perkins) (extrait, chanté par Michael Kiske)
Future World (chanté par  Michael Kiske) (Keeper of the Seven Keys, Part I)
I Want Out (chanté par  Michael Kiske & Andi Deris) (Keeper of the Seven Keys, Part II)

Bande son finale : A Tale That Wasn't Right


lundi 6 novembre 2017

TRUST – Bus Palladium le 06/11/2017 + Le Bataclan le 08/11/17


L'histoire de mon intérêt pour TRUST est à la fois longue, torturée, paradoxale et complexe. Mon respect et mon admiration pour ce groupe ne peut pas être mis en doute mais, comme il est coutume de dire, "qui aime bien châtie bien". Il me semble nécessaire de situer mon état d'esprit avant de tenter de relater mes impressions sur cette série de concerts parisiens.

J'ai découvert le groupe courant 1980, peu après avoir découvert AC/DC. Dès la première écoute de leur opus "Répression" j'ai été subjugué par l'énergie et l'audace dégagées par ce groupe français et francophone ! L'analyse de ses textes m'a passionné et me questionne encore aujourd'hui sur notre société et ses valeurs. Mêmes réactions à l'écoute de l' "Elite", leur précédent et premier opus.
Le propos insolent et dénonciateur des …disons quatre premiers opus, me parait le plus souvent pertinent ; cependant si j'adhère totalement à une grande partie d'entre eux, d'autres me gênent déjà en 1980. Paradoxalement, j'étais ainsi prêt à soutenir l'existence de TRUST face à des détracteurs, tout en dénigrant certaines prises de position.
Les pseudo-critiques du milieu musical et des élites bien-pensantes (toujours les mêmes que de nos jours) prétend(ai)ent dénoncer une démagogie à propos de certaines chansons qui, certes, dévi(ai)ent de la pensée-unique en vigueur. Pour ma part je persiste à penser que la part de démagogie de Bernie porte sur d'autres chansons et s'est amplifiée dans les années 90, en particulier avec la tournée "Europe et Haines". En gros, j'adore le Bernie qui dénonce tous les extrêmes religieux et politiques, ce qui fut le cas en particulier dans les quatre premiers opus, mais je ne peux pas adhérer à son apologie de certains personnages douteux de l'Histoire. C'est la raison pour laquelle je me suis peu à peu déconnecté du parcours, d'ailleurs très chaotique (claquements de portes incessants), du groupe…

Cette passion contrariée m'a toutefois permis d'assister à cinq de leurs concerts, le premier étant celui du 21 novembre 1981 à Blois (41), lors de la tournée "Marche ou Crève", avec Starfighters en première partie ! J'ai gardé de cette époque le souvenir nostalgique de concerts comparables avec ce qui était permis d'imaginer en écoutant les 33 tours. Mais, je doutais de revivre tout cela. Cette crainte avait été alimentée par le souvenir amer de la dernière fois où je les voyais ; c'était au concert du 25 novembre 1989. Impression encore accrue par la suite avec les échos perçus à l'issue des autres prestations durant les 90's ; même la musique avait perdu son identité.
Et puis, vingt-huit années ont passé. Après moult "viens-ici, fout-le-camp", voici nos deux complices réunis à nouveau et, semble-t-il, avec les meilleures intentions.

Leur longue, audacieuse et admirable tournée leur a permis de confirmer leur popularité dans de nombreuses villes françaises et les voilà enfin pour une série de cinq concerts à Paname ! Mon calendrier d'automne étant déjà bien chargé je me suis contenté de choisir deux dates. Choix difficile, j'ai renoncé au Trianon, à La Maroquinerie ainsi qu'à l'Elysée Montmartre et donc opté pour les deux autres…

D'abord le Bus Palladium, car cette salle mythique a accueilli une bonne part des artistes du monde rock depuis les années 60, alors que je n'y ai jamais mis les pieds ! Je me disais (naïvement) que le premier concert de cette série parisienne serait probablement marqué par des particularités pour les privilégiés entassés dans ce petit club. J'imaginais un concert jusqu'au bout de la nuit, des invités …
Ensuite le Bataclan, car je tiens à soutenir cette salle qui vient de renaitre d'un cataclysme et car, en déclinaison qui me semble logique, j'attends de pieds fermes que Bernie y chante LA chanson adéquate. En effet, pour moi "M. Comédie" s'impose à la fois en hommage aux victimes et en rappel aux amnésiques.

J'attends donc beaucoup de ces deux concerts ; j'attends de l'émotion, de la rage, de la révolte, de l'abnégation, de la générosité (durée de concert), de la passion, de la nostalgie et, (était-ce trop demander ?) pour le Bataclan, un hommage en chanson. Il s'avèrera que je suis bien trop exigeant.

Le problème avec la bande à Bernie, c'est que la Légende, les Principes, la communion avec le public et tout le tralala, c'est de la foutaise. Alors, bien sûr, on pourra toujours m'opposer que l'artiste est libre et que le public n'a qu'à suivre ou s'en aller, épicétou. Certes, mais quand-même…

Déjà, avec le recul sur les deux soirées, comment ne pas remarquer le maigre programme. Dix titres par soir et puis "au revoir les amis, nous avons notre tisane à prendre". De surcroît, peu de différence entre les programmes ; en allant au Bus Palladium le public a eu droit (ô privilège !) à "Chaude est la foule" et "Instinct de mort" (wouaaaâh, la vââche !), et en allant au Bataclan, leurs Altesses ont daigné nous accorder "La mort rôde" et "Le temps efface tout" (ô làlàààh !), autant dire que côté friandise les gourmands sont restés sur leur faim.
En outre, au Bataclan, Trust a eu la bonne idée d'interpréter "Fatalité" (aaâh !) …mais ce fut sans la fantaisie d'un saxophoniste (oooôh !) qui aurait pourtant ajouté à la folie du titre et aurait donc été le bien venu pour cet événement… (et qu'on ne vienne pas m'argumenter du cout d'un musicien de session, d'autant plus que d'autres fantaisies auront été accordées aux privilégiés du Trianon.)
Pompon sur le béret : Je suis évidemment très déçu de l'absence de mon très attendu, tellement indispensable et opportun "M. Comédie". Au diable les symboles, "L'institution n'a plus d'valeur, pratique l'inceste avec ta sœur" qu'il disait le Bernie. Ça c'était avant, c'était il y a longtemps !
Ah, j'allais oublier (et pour cause !), autre décalage avec la réalité : l'hommage aux victimes du Bataclan était sans doute émouvant, mais la minute de silence fut d'autant plus facile à respecter que la salle était encore à moitié vide ! L'autre moitié du public, dont moi, mon fils et ma p'tite Fée, et ben elle était dehors à attendre de pouvoir entrer. Affligeant, juste affligeant.

A la lecture de ce récit, je ne voudrais pas laisser l'impression de n'avoir rien apprécié durant ces deux soirées, c'est juste qu'il a toujours un "mais". J'ai trouvé les musiciens à la hauteur, même si on aurait apprécié un peu plus de spontanéité et de folie. Bernie chante bien, avec sa désinvolture habituelle, mais pourquoi a-t-il gommé du répertoire tous les titres vraiment dénonciateurs des premiers albums ? A la trappe, "Bosser 8 heures", "Idéal", "les Brutes", "l'Elite", "Le Sauvage", "La Grande Illusion", "Varsovie", "Les sectes", "Toujours pas une tune", et donc " M. Comédie" (oui j'y tenais !). Sans compter qu'il aura encore fallu qu'il balance des propos contestables et pour le coup bien démago (affaire Traoré qui est loin d'être aussi manichéenne qu'il le dit, ou encore Macron qu'il est de bon aloi de critiquer bien sûr). En fait, Bernie n'est plus révolté, il est juste désabusé mais lisse et politiquement correct. Soit il a oublié qui il était, soit je ne l'ai pas compris. Il y a sans doute un peu des deux, à mon humble avis.

Le public a plutôt bien participé, mais aucun rapport avec le public des Insus qui se démène bien plus et chante tout, à la place du chanteur. Revoir enfin Trust à Paris après tant d'années aurait pu/dû être une fête, mais au final ça sent plutôt le pétard mouillé. Et ce n'est pas le magistral et réjouissant "Antisocial" qui aura changé l'impression globale. Pour le côté exceptionnel, il aurait fallu être au Trianon, m'a-t-on dit ; bah merde alors, c'est comme au loto, j'ai misé et j'ai perdu !

Heureusement Nono sauve le portrait. Sur les deux soirées (un peu plus à l'aise au Bataclan) il était manifestement ravi et fier d'être là avec le public.

Et les invités me direz-vous ?
Eh bien au BP j'ai passé une excellente première partie de soirée avec Klink-Clock; un couple français bien déjanté et surprenant. La fille, debout avec un ensemble de percussions atypiques et le mec, avec une guitare ; le tout assurant un bon rock ravageur ! La fille avec son faux-air de Françoise Hardy se révèle en fait comme une tigresse, sauvage, bougeant, frappant et chantant avec une conviction évidente ! Aucune fioriture, du rock à l'état pur !
Vraiment une excellente surprise que je demande à revoir !
Quant au Bataclan, ce fut simplement soporifique. Des belges bien sympathiques mais franchement décalés qui ne laisseront probablement pas un souvenir indélébile, ils ont toutefois bénéficié de l'applaudissement poli du public.

Reste que sur les deux soirées, j'en tire un sentiment contrarié, comme d'habitude avec Trust. Je suis ravi de les avoir revus en bonne forme, pour interpréter les titres dans leur jus d'origine (excepté un "Surveille ton look" méconnaissable). En même temps, je suis assez frustré par un événement qui, à défaut d'être extraordinaire, aura été juste réjouissant.



PROGRAMME

BUS PALLADIUM
BA TA CLAN
L'Archange
L'Archange
Marche ou crève
Marche ou crève
Fais où on te dit de faire
Fais où on te dit de faire
Au nom de la race
Au nom de la race
L'exterminateur
L'exterminateur
Chaude est la foule
La mort rôde
Instinct de mort
Le temps efface tout
Déjà servie
Déjà servie
Démocrassie
Démocrassie
Surveille ton look
Surveille ton look
Comme un damné
Comme un damné
Préfabriqués
Fatalité


Rappel :
Rappel :
Certitude... Solitude...
Certitude... Solitude...
Le temps efface tout
Préfabriqués
Antisocial.
Antisocial.