dimanche 29 octobre 2017

FESTIVAL PROG EN BEAUCE V – LE 29 OCTOBRE 2017 – PIERRES (28)



Pour clore une fin de semaine de folie(s) nous tenions à soutenir cette cinquième édition du festival, qui se tenait sur deux journées, en venant au moins le dimanche dans ce patelin d'Eure-et-Loir. Et pourtant notre fatigue aurait légitiment pu être le prétexte pour nous abstenir, après une escapade déraisonnable de deux journées ; un vendredi en compagnie de Pendragon chez Paulette en Meurthe-et-Moselle et un samedi en compagnie de Saga à Pratteln en Suisse.


Ce concours de circonstances pouvait à la rigueur altérer mon sens critique, mais pas me contraindre à renoncer à assister au concert des trois groupes affichés pour cette seconde journée. Ils m'intéressaient vivement et nous n'avons pas regretté notre effort.
Une salle de fête communale aménagée tant bien que mal a permis au festival de se tenir en dépit de difficultés que les bénévoles sont parvenus à surmonter. Le résultat était honorable et aura permis aux mélomanes de passer un agréable moment en compagnie de musiciens qui ont trop rarement l'occasion de s'exprimer en France.

DIMANCHE 29

KARNATAKA
Après les avoir vus une première fois cet été au Crescendo, je suis heureux de revoir ce groupe gallois. Je rappelle donc qu'Ian Jones (basse, depuis 1997) est le seul cofondateur restant du groupe formé en 1997. Il est désormais est entouré d'Enrico Pinna (guitares, depuis 2006), Hayley Griffiths (chant, depuis 2011) et Jimmy Pallagrosi (batterie et percussions, depuis 2014). Cagri Tozluoglu (claviers, depuis 2011) est absent aujourd'hui.
Ils assurent la promotion de "Secrets of Angels", leur cinquième opus paru en 2015.

Cette nouvelle prestation me confirme la bonne impression ressentie cet été sur les plages charentaises. Leur pop-rock progressif est particulièrement mélodique et entrainant.

La sémillante chanteuse Hayley Griffiths parvient par sa gestuelle et son expression à captiver son auditoire qu'il soit anglophone ou non. Le batteur Jimmy Pallagrosi rythme les sauts de la Belle avec perspicacité. Son statut de seul français fait de lui l'interlocuteur privilégié pour la soirée, laissant ainsi découvrir un type modeste, simple et bien sympathique. Le guitariste Enrico Pinna fait chanter sa guitare avec une émotion qui semble parfois un peu retenue (impression peut-être injustement entretenue par les accords entendus l'avant-veille avec Nick Barett). Le bassiste, même paré de son statut de cofondateur, a beau être le compositeur de la plupart des titres, il me parait insignifiant et insipide, à peine esquisse-t-il quelques paroles. Le clavier, déjà absent lors de la prestation au Crescendo, serait dit-on une nouvelle fois pris par sa nouvelle paternité. 


Gageons que cette formation maintiendra sa stabilité car ce faisant elle pourrait bien émerveiller son public encore quelque temps ! (note a posteriori : Plus qu'une gageure, c'était plutôt un vœu pieux puisque le groupe explose quelques semaines plus tard dans la plus totale confusion ; Pinna claque la porte, Griffiths et Pallagrosi virés sans préavis, tout cela sans que Tozluoglu n'ait jamais refait surface. Beau gâchis …).




Franck CARDUCCI
Depuis longtemps, les réseaux sociaux résonnent des échos positifs perçus après les prestations de Franck et ses musiciens. Il faut dire aussi que lui-même est très présent dans ces discussions virtuelles, mais présent aussi en marge des concerts et festivals auxquels son groupe participe, ou pas.
Pugnace et modeste à la fois on le sent très sensible aux observations du public. Cet état d'esprit le rend attachant et donne envie de le soutenir.

Ce concert est donc ma première occasion de vérifier les talents du groupe. Toutefois, cet été j'avais déjà observé avec intérêt et admiration sa participation à quelques improvisations musicales collectives sur la scène estivale du Crescendo à Saint-Palais-sur Mer. Ses goûts éclectiques transparaissent avec bonheur dans ce qu'il y avait interprété.

Cette fois c'est avec son groupe que Franck démontre son charisme remarquable. Il tente constamment de nourrir des échanges avec le public, entretenant ainsi une vraie complicité.
Musicalement, les rythmes chaloupés et entrainants, ainsi que les mélodies entêtantes emmènent le public vers un univers étourdissant. Atmosphère que la Belle Mary Raynaud (chant, Theremin) n'a aucun mal à accentuer par sa voix magnifique, par son élégance et sa fantaisie.
Les autres musiciens contribuent efficacement à cette expression musicale ; Olivier Castan (claviers), Christophe Obadia (guitare, Theremin), Antoine 'Nino' Reina (batterie) et Steve Marsala (guitare gauche).

Je parie volontiers qu'à l'occasion d'une soirée entièrement consacrée à son concert je me sentirai complètement enthousiasmé. A suivre, donc…




LAZULI
Je suis tout particulièrement ravi de revoir cet admirable groupe français, après les avoir enfin vus pour la première fois sur scène cet été au Festival Rock au Château. Après de trop longues années à les écouter, je les aurais enfin vus deux fois en deux mois !

Je rappelle donc ici que Dominique Leonetti (chant, guitare) et Claude Leonetti (Léode) tiennent la maison depuis 1998 et qu'ils sont désormais entourés de Gédéric Byar (guitare, depuis 2004), Romain Thorel (claviers, cor d'harmonie, depuis 2010) et de Vincent Barnavol (batterie, marimba, percussions, depuis 2010).
Depuis 2016, le groupe promeut le superbe opus "Nos âmes saoules". Un nouvel opus étant prévu au printemps prochain, si leurs finances leur permettent !

Des problèmes techniques ont retardé le début du concert et ont même fait craindre le pire à l'organisation. Grâce à la solidarité entre musiciens et à un échange de matériel, Claude pourra s'exprimer avec sa léode, au prix de quelques pannes stressantes pour tout le monde durant le concert. Grâce à leur esprit persévérant et surtout très respectueux du public les musiciens parviennent à entretenir une complicité avec le public bienveillant. Les pannes récurrentes offrent l'occasion à Dominique de confier quelques anecdotes savoureuses sur les aventures du groupe.

Heureusement, de larges plages musicales sont préservées et permettent une fois de plus au public de partager les textes français et les mélodies si particulières de ce groupe hors normes !
Impossible de résister à la séduction de ses sons et rythmes entêtants. Je ne peux m'empêcher en les écoutant de pester contre l'ignorance, la culture bornée de la France alors que les publics allemands, néerlandais et anglais ont su reconnaitre leur talent bien avant nous !

Quand pourrons-nous bénéficier d'une vraie tournée française pour ce groupe français ? Trust et Téléphone viennent de prouver qu'il existe encore un public pour un rock francophone ! … Peut-être pas pour un rock progressif, c'est vrai…


samedi 28 octobre 2017

SAGA – Z7 à Pratteln (Suisse) – 28/10/2017

Ce groupe canadien a bercé une bonne partie de mes années 80. Ses chansons, tout particulièrement celles magnifiquement restituées dans le somptueux enregistrement de concert "In Transit" (1982), sont souvent liés à mes souvenirs de vacances. Pour ma part, je conserve une préférence pour les six premiers opus: Saga (1978), Images At Twilight (1979), Silent Knight (1980), Worlds Apart (1981), Heads or Tales (1983), Behaviour (1985). Les œuvres sorties ensuite s'écoutent agréablement aussi mais sortent moins fréquemment de ma discothèque car j'y retrouve moins ce zeste de rythme funky si entrainant.

Peu reconnu en France, ils tournent beaucoup plus fréquemment en Allemagne. Cependant, j'ai eu la chance d'assister à trois de leurs concerts parisiens ; le 13 février 1986 (tournée Behaviour), le 13 mai 1993 (tournée Security of Illusion), et le 3 mars 2003 (tournée Marathon). Sur le plan scénique comme discographique, j'ai souvent déploré un manque d'audace, reprochant au groupe de se reposer constamment sur leurs succès des années 80. Néanmoins, ce fut toujours un réel plaisir d'assister à leurs concerts, car ces multi-instrumentistes sont réellement talentueux et ils maitrisent parfaitement la scène et le son.

Quatorze années sont passées depuis mon dernier concert. L'annonce de leur tournée d'adieu, évitant une nouvelle fois la France, avait anéanti tout espoir de les revoir, d'autant plus que pratiquement toutes les dates allemandes affichèrent vite complet !
Or, l'heureuse rencontre d'un couple suisse dans la file d'attente du concert de Pendragon chez Paulette a tout fait chavirer au dernier moment. Ces bienfaiteurs helvètes, compatissant à mon désespoir, m'informaient que le concert du lendemain à Pratteln n'était pas complet ! A moins de deux heures et demie de là, ma petite Fée et moi pouvions donc être guidés vers cette légendaire salle Z7. L'aventure de ce samedi était bien trop tentante pour être négligée… Surtout que ma p'tite Fée n'avait encore jamais mis les pieds dans la Confédération.

Loin des images idéales que nous pouvons imaginer lorsqu'on évoque la Suisse, nous traversons l'agglomération de Bâle, guidés par nos deux Saint-Bernard pour parvenir relativement rapidement aux abords de la fameuse salle Z7 … qui ne paie pas de mine, en fait. De l'extérieur on observe une structure qui évoque davantage un entrepôt de marchandises qu'un zénith de Paris. Renseignement pris, il s'agit bien d'un ancien entrepôt qui a été transformé en salle de concert. D'ailleurs, la petite rue pentue s'appelle opportunément "Kraftwerkstrasse".
Mais tout cela est anecdotique et l'excitation s'accroit dans la file d'attente qui ne tarde pas à se créer. Je suis surpris de constater qu'une majorité des impatients qui nous entourent sont francophones, parmi lesquels de nombreux français, plus ou moins frontaliers.

Une baraque en bois, qui semble avoir vocation à délivrer les billets restants pour la soirée, est vite assiégée mais n'ouvre que très peu de temps avant l'ouverture des portes ! Déception, en guise de laisser-passer ils n'ont même pas les moyens de nous délivrer un ticket d'entrée (argh ! pas de ticket pour ma collection !... mais notre bienfaiteur helvète dans sa grande générosité m'en cèdera un des siens ; ouf !) ; ils nous tamponnent le poignet comme à l'entrée d'un club !!
Lorsque l'ouverture des grilles et les fouilles réglementaires nous permettent enfin de pénétrer dans la salle, nous découvrons un cadre très agréable. Une vaste fosse peut accueillir 1600 visiteurs, elle est encadrée de deux bars et d'une grande scène.

Aucune échoppe en place dans la salle. Déçu et étonné de cette absence, je recueille une explication auprès de nos nouveaux amis ; les taxes sont pénalisantes en Suisse pour la vente des marchandises par les artistes qui, logiquement, s'abstiennent de vendre tout souvenir. (N.B. : Pas grave : une semaine après j'aurais reçu le t-shirt de la tournée via le site officiel du groupe, et pour seulement 25€ tous frais compris !)

Toujours accompagnés de nos anges(?)-gardiens helvètes nous parvenons à nous placer au deuxième rang face à la scène ! Nous découvrons ainsi le soin apporté aux décors qui évoquent la bibliothèque d'une maison. Avec les commentaires des admirateurs qui suivent la tournée, nous comprenons ainsi qu'il y aura un premier acte qui sera acoustique, suivi d'un second acte électrique. Le groupe a donc décidé de soigner son public pour cette tournée d'adieux …

Dès l'intro de "Images", une émotion intense m'envahit. La pureté du son, l'ambiance bienveillante et la sensation de vivre un évènement aussi exceptionnel qu'inattendu encore la veille, m'assurent d'une soirée mémorable ! Les musiciens s'installent paisiblement et nous délivrent leur nectar auditif ! J'en ai encore les frissons en écrivant les lignes … Du Bonheur à l'état pur, mes amis !!
Michael Sadler (chant, guitare, basse, claviers (de 1977-2007, de retour depuis 2011), Jim Crichton (basse, claviers, depuis 1977), Ian Crichton (guitare, depuis 1977), Jim Gilmour (claviers, chant, clarinette, harmonica, saxophone, accordéon de 1980 à1986, de retour depuis 1992), et Mike Thorne (batterie, depuis 2012) nous montrent toute l'étendue de leurs talents, n'hésitant pas à changer d'instruments (accordéon, clarinette,  …) pour mettre encore un peu plus en valeur des titres inscrits dans l'anthologie du rock progressif !
Tout est juste, doux et hallucinant, d'une beauté à couper le souffle !

Lorsque l'acte II débute après un court entracte, nous nous demandons bien comment ils pourront faire mieux que cette première partie ! Et pourtant c'est une véritable claque magistrale que nous allons encore recevoir ! Le décor intimiste a laissé place à une scène plus vaste et plus sobre ou chaque pupitre dispose de son périmètre plus ou moins large. Jim Gilmour surplombe ses comparses dans un enclos que forment ses claviers. Jim Crichton et Ian Crichton resteront placés de chaque côté de la scène. Seul Michael s'autorisera avec tout son charisme à arpenter l'espace de long en large, et prendra même la basse sur le superbe "Humble Stance".

Soutenu par un éclairage lumineux, une sonorisation parfaite et des images adéquates en fond de scène, le concert s'avèrera un voyage hors du temps et de l'espace ! Des films de leurs premières tournées sont parfois diffusés en fond de scène pendant les titres, souvent synchronisés avec ce qui se passe sur la scène.

Sur les vingt-cinq interprétés, trois titres sont issus de l'éponyme "Saga", cinq de "Silent Knight", quatre de "Worlds Apart", trois d' "Images at Twilight ", soit quinze titres issus des quatre premiers opus ; cette "routine" qui pouvait paraitre regrettable sur les tournées ordinaires, devait de toute évidence s'imposer pour cette ultime prestation du groupe ! D'ailleurs, certains titres magnifiques avaient été plutôt rarement joués auparavant, à l'instar de "Someone Should" issu de l'opus "Silent Knight" !

Je me sens donc comblé !! Que dis-je, NOUS sommes comblés, moi, ma p'tite Fée, nos amis et tout le public formidable composé d'admirateurs ravis ! Une belle communion unit suisses, français et allemands dans une même ferveur ! Je pense que tous nous avions conscience de vivre les dernières minutes avec SAGA, après quarante années de plaisirs partagés.
Saga, au terme d'une soirée en deux actes parfaitement réussis, nous accorde deux rappels avant de dire adieux. C'est fini.

Le groupe ne saura pas qu'une partie du public est venu de loin pour les saluer, imaginant probablement que la France est décidément bien rétive à leur musique. On ne peut pas leur en vouloir… Quoique …
PROGRAMME

ACTE I (acoustique)
Images (Chapter 1) (Images at Twilight)
Time to Go (Silent Knight)
The Perfectionist (Saga)
Footsteps in the Hall / You Were Right / On the Other Side (Trust)
No Regrets (Chapter 5) (Worlds Apart)
The Security of Illusion (The Security of Illusion).

ACTE II
Take a Chance (Behaviour)
How Long (Saga)
On the Loose (Worlds Apart)
Generation 13 / Learning Tree (Generation 13)
Careful Where You Step (Silent Knight)
Time's Up (Worlds Apart)
Someone Should (Silent Knight)
On the Air (Network)
Mouse in a Maze (Images at Twilight)
Book of Lies Drum Solo (10,000 Days)
Humble Stance (Saga)
Scratching the Surface (Heads or Tales)
You're Not Alone (Images at Twilight)
Don't Be Late (Chapter 2) (Silent Knight).

RAPPEL
The Flyer (Heads or Tales)
Wind Him Up (Worlds Apart).

RAPPEL2
Compromise (Silent Knight).






vendredi 27 octobre 2017

PENDRAGON – Chez Paulette à Pagney-Derrière-Barine (54) - 27/10/2017

Ah, "Chez Paulette" ! Depuis quelques années, j'entends ce lieu résonner d'échos favorables relayés par de chanceux autochtones. Pendragon y a déjà sévi mais aussi Lazuli, Carducci et bien d'autres y sont passés depuis 1970 alors que Georges Lang en parlait déjà sur RTL (Cf. entrevue avec MusicWaves). La salle accueille environ 55 concerts par an pour une capacité maximum de 400 mélomanes !

Lorsque Pendragon a annoncé cette nouvelle tournée pour la promotion de son DVD "Masquerade20" nous avons vite réalisé que c'était le moment de se décider à visiter cette contrée. En effet, c'était la seule date française sur une mini-tournée !

Après avoir posé notre bagage dans un petit hôtel pris à Toul, à quelques minutes du village, nous avons enfin pu approcher de ce fameux site "Chez Paulette". Evidemment surpris en arrivant de constater l'environnement : un petit village très ordinaire avec une maison très ordinaire également sur laquelle était juste inscrit la désignation. A ce stade, dans la maigre file d'attente qui se forme derrière nous, il était encore possible de douter de la qualité acoustique d'un tel lieu. Mais bon nous ne sommes pas vraiment inquiet, forts des échos de précédents concerts et des discussions entre mélomanes impatients devant l'entrée.
Les discussions entre fous furieux de musique sont toujours intéressantes mais là nous avons eu la chance de discuter avec un couple venu de la Suisse voisine. Cette amitié naissante nous poussera plus tard, en ce vendredi soir, à décider de les suivre le lendemain pour poursuivre un délirant parcours néo-prog qui ne s'arrêtera que dimanche à minuit. Mais, mon récit risque alors de s'égarer ; c'est une autre histoire …
Tiens d'ailleurs, alors que nous attendions, plus ou moins patiemment, Nick nous salue en passant ; tout va bien le groupe a bien fait étape dans le coin !

En première partie de soirée, Nick en bon prince permet à sa Verity White, une des deux choristes de Pendragon accompagnée de son mari (récemment mariés, d'ailleurs) à la basse et d'une boite à rythmes, de nous proposer un petit concert de rock du genre électro.
Le public bienveillant accueille poliment la chanteuse. Davantage eu égard à son talent vocal et à son sourire irrésistible qu'à l'intérêt des chansons interprétées. Les deux musiciens proposent une série de chansons qui, sans être désagréables à entendre, n'en sont pas moins ordinaires ; en tant que parisien je peux entendre au moins aussi bien quotidiennement dans les couloirs du métro.
Mais bon, la dame semble s'épanouir sur la scène, alors nous applaudissons volontiers ce qui pourra être au moins considéré comme un bon exercice pour chauffer sa voix pour le concert qui suit !

PENDRAGON, composé de Nick Barrett (guitares, chant, depuis 1978), Peter Gee (basse, clavier depuis 1978), est toujours entourés de Clive Nolan (claviers, depuis 1986) et de Jan-Vincent Velazco (batterie, depuis 2015). Comme en mai 2016, Verity White et toujours là aussi, mais accompagnée cette fois de Zoe Devenish.
Une belle complicité semble unir ces musiciens qui ont chacun l'opportunité de montrer à tour de rôle leur talent, sans dénaturer les atmosphères voulues par Nick et son public. Les choristes s'impliquent également avec beaucoup d'entrain et semblent beaucoup s'amuser avec le groupe. La présence de choristes sur les dernières tournées ont apporté indéniablement un surcroît de qualité !
Très vite la qualité acoustique de la salle se vérifie alors que la puissance sonore n'impose pas de protection auditive. Nous sommes comme dans notre salon, avec cette différence que nous sommes entourés de quelques centaines de fêlés comme nous !

Le programme dévoile un bon équilibre pour illustrer la carrière du groupe, puisque sur les quatorze titres interprétés ce soir, quatre font toujours référence au 20ème anniversaire de "The Masquerade Overture", mais trois sont issus de "Men Who Climb Mountains" dernier opus en date.
C'est la cinquième fois depuis 2011 que j'assiste à un concert de Pendragon et, comme à l'accoutumée, je ne peux que m'extasier devant l'émotion gilmourienne qui se dégage du jeu de guitare de Nick et devant l'étendue de sa technique. D'autant plus cette fois que nous étions à ses pieds (deuxième rang) dans une petite salle parfaitement adaptée à la prestation. Bien placé pour observer les regards complices de Nick avec ses comparses. Observer Peter le fidèle et discret compagnon depuis le début. Observer aussi la placidité de Clive qui pourtant avait quelques soucis peu perceptibles avec son clavier. Observer enfin la frappe à la fois dévastatrice et chirurgicale de Jan-Vincent.

Pour le reste, il suffit de rappeler qu'un concert de néo-prog, plus encore que l'écoute d'un CD, ca se vit plus que ca ne se raconte. Quelques images vidéo ou fixes tenteront bien d'en dénoncer les bienfaits, mais il est clair qu'il faut assister à leurs concerts pour en connaitre l'intensité. Pourtant, il n'est pas certain que d'espérer un plus grand public, et par conséquent une plus grande salle, soit de nature à vraiment promouvoir cette musique divine ! Donc, chuuuuuuuuuuuut ! Taisons-nous et jouissons du temps présent !




PROGRAMME :
Intro bande-son de The Masquerade Overture

As Good as Gold (The Masquerade Overture)
Paintbox (The Masquerade Overture)
A Man of Nomadic Traits (Not of This World)
The Shadow (The Masquerade Overture)
Masters of Illusion (+solo de batterie) (The Masquerade Overture)
King of the Castle (Not of This World)
Beautiful Soul (Men Who Climb Mountains)
Faces of Light (Men Who Climb Mountains)
Nostradamus (Stargazing) (The Window of Life)
If I Were the Wind (and You Were the Rain) (Not of This World)
This Green and Pleasant Land (Passion)
Breaking the Spell (The Window of Life).

RAPPEL :
Indigo (Pure)
Netherworld (Men Who Climb Mountains).

samedi 7 octobre 2017

MARILLION – Zénith de Paris – 07/10/2017.


Mea culpa ! A chaque fois que je me rends à un concert de Marillion, je me remémore avec regrets toutes ces années malheureuses durant lesquelles j'avais décrété un mépris basé sur des impressions erronées. Heureusement, grâce aux réseaux sociaux (et oui, n'en déplaise aux anti-[réseau] sociaux !), depuis 2007, alors que Marillion terminait sa tournée "Somewhere Else" je suis revenu dans l'Univers de ce groupe merveilleux que j'avais donc stupidement délaissé en 1985.
Outre les émotions perdues durant ces années, ce retour bien trop tardif a retardé ma découverte d'autres groupes qui sont passés dans leur sillage (je pense surtout à Porcupine Tree, bien sûr !).
Mais désormais, je me rattrape comme je peux ; en me gavant de bouchées doubles ! Cette tournée F.E.A.R. par exemple m'aura donné l'occasion d'assister à six autres concerts (l'Elysée Montmartre, la Convention à Port-Zélande, le BeProg à Barcelone, puis ce Zénith de Paris).
Comme à l'accoutumée, l'avant-concert donne l'occasion à notre microcosme d'admirateurs de se rencontrer pour échanger nos émotions. Pour ma part, c'est une bonne trentaine de coforumeurs et conventionnistes, tous animés de la même passion que je revois avec plaisir.
Les réseaux sociaux (toujours eux) ont bien évidemment anéanti l'effet de surprise sur le contenu de la soirée et de la programmation. Nous savons que le quatuor de cordes qui était invité à la Convention sera là. Nous savons aussi qu'il s'agit d'une soirée consacrée exclusivement au groupe avec un premier acte consacré au dernier opus (F.E.A.R.) suivi d'un second constellé de titres magnifiques. Le seul suspense résidait sur leur choix de jouer "The Space" lors de cette date, certaines villes ayant été comblées, d'autres pas. Mais fort heureusement l'effet de surprise n'est pas le seul vecteur de plaisir dans notre rencontre avec ces artistes !
C'est ainsi que, vers 19h30, je revois pour la neuvième fois sur scène Steve Rothery (guitares), Pete Trewavas (basse), Mark Kelly (claviers), Ian Mosley (batterie) et Steve Hogarth (chant) dans un Zénith à peine rétréci (env.4500 places), mais plein comme un œuf !
Placé judicieusement dans les tout-premiers rangs sur le centre droit, entre SH et PT, le son me semble un peu trop puissant en basse. Mais rien de rédhibitoire car le chant, la musique et l'émotion restent parfaitement perceptibles ! Les images particulièrement colorées défilent en fond d'écran et illustrent à merveille les chansons.
A l'instar des récents concerts auxquels j'ai eu le privilège d'assister ces derniers mois, FEAR, le dernier opus est magnifié en concert ; on se rend ainsi compte que chaque titre constitue une véritable pépite. Les musiciens sont unis étroitement et harmonieusement, en totale symbiose ; cette tournée aura achevé de les rassurer sur leur capacité à interpréter ces titres difficiles. L'an dernier à l'Elysée Montmartre, ils avaient évité "The Leavers" le temps sans doute de le roder ; mais à la Convention ce titre m'avait complètement subjugué et ce soir c'est la confirmation ! J'adore ce titre ! Tant de mélodies, tant de ruptures rythmiques et de force tranquille qui précèdent cette montée finale en puissance, c'est juste émotionnellement étourdissant !
Alors qu'un entracte nous est accordé, nous savons que nous ne sortirons pas davantage indemnes que des précédentes prestations du groupe !
Pour le second acte, nous avons la surprise de constater que certes le quatuor de cordes est bien présent mais qu'en outre une flûte traversière et un cor d'harmonie sont venus étoffer le groupe classique ! J'en suis absolument ravi car j'apprécie les instruments à vents et tout particulièrement les cuivres !!
Lorsque "The Space" débute je suis sur un nuage de bonheur. Là encore il s'agit d'une chanson enivrante dont le final est tout particulièrement émouvant. Quel talent ce chanteur, que dis-je ce comédien ! Les autres titres sont parfaitement joués et ravissent les spectateurs ébahis, même si chacun aura sa propre attente d'un titre qui lui est cher. Mais il n'y a aucune place pour la déception tant les solos de Steve Rothery sont toujours aussi étourdissants, tant les atmosphères dégagées par Mark Kelly sont toujours magnifiques, tant la paire rythmique Pete Trewavas/Ian Mosley martèle la marche vers le bonheur !
Le moment du rappel arrive trop vite et nous fait craindre une fin trop proche ; mais en fait, les titres choisis pour terminer ce concert en apothéose sont d'une durée suffisante pour apaiser les esprits !
Une caméra judicieusement placée filme les musiciens retirés provisoirement en arrière scène et les images sont diffusées en fond d'écran. Le lien du groupe avec son public est ainsi maintenu et l'envie attisée ! Un second rappel est pressenti.
Compte tenu de ce que j'ai relaté ci-haut, je vous laisse imaginer ma satisfaction d'entendre de nouveau le final de "The Leavers" ! D'autant plus que j'avais dès le début de la soirée observé la présence d'un canon à confettis … J'ai alors immédiatement fait le lien avec la Convention qui s'était conclue avec le même titre ! L'effet est toujours aussi enivrant ; tels de pauvres diables dans un bénitier les spectateurs ravis agitent les bras parmi les milliers de confettis bleus, blancs, rouges qui retombent !
Un à un les musiciens quittent la scène (pas de salut collectif, donc), les éclairages s'éteignent, lumières du Zénith s'allument ; c'est la fin du voyage !
Alors que, vers 23h10, se termine ce fabuleux concert, je regrette déjà de ne pas avoir opté pour un voyage à Londres la semaine suivante ; c'est le Royal Albert Hall qui les accueille pour le tournage d'une vidéo qui sera, à n'en point douter, un document à détenir !

PROGRAMME :

ACTE I
El Dorado: I. Long-Shadowed Sun
El Dorado: II. The Gold
El Dorado: III. Demolished Lives
El Dorado: IV. F E A R
El Dorado: V. The Grandchildren of Apes
Living in F E A R
The Leavers: I. Wake Up in Music
The Leavers: II. The Remainers
The Leavers: III. Vapour Trails in the Sky
The Leavers: IV. The Jumble of Days
The Leavers: V. One Tonight
White Paper
The New Kings: I. Fuck Everyone and Run
The New Kings: II. Russia's Locked Doors
The New Kings: III. A Scary Sky
The New Kings: IV. Why Is Nothing Ever True ?

ACTE II
The Space (Seasons End)
Afraid of Sunlight (Afraid of Sunlight)
The Great Escape (Brave)
Easter (Seasons End)
Man of a Thousand Faces (This Strange Engine)
Go! (.com)

RAPPEL :
The Invisible Man (Marbles)
Waiting to Happen (Holidays in Eden)
Neverland. (Marbles).

RAPPEL 2:

The Leavers: V. One Tonight.


mercredi 4 octobre 2017

ANATHEMA – Bataclan (75) – 04/10/2017



Ma démarche pour réserver cette soirée était un peu particulière, cette fois …
D'abord, parce que si Anathema demeure un grand groupe de scène, en revanche leur deux derniers opus (Distant Satellites et The Optimist) ne me transcendent toujours pas.
Ensuite, parce que si je ne suis plus retourné au Bataclan depuis le concert d'Opeth du 5 novembre 2014 ce n'est pas uniquement dû au manque d'intérêt musical (quoique) ; un événement légèrement dramatique survenu le 13 novembre 2015 a eu de quoi alimenter cette réticence.

Mais bon, après mûre réflexion j'ai fini par balayer ces deux arguments.
Primo, je ne pouvais pas manquer une occasion de revoir (et accessoirement réentendre) Lee, dont je reste un grand admirateur (...). Plus sérieusement, les atmosphères scéniques développées par ces musiciens sont toujours aussi délicieusement réussies. J'ai pu le vérifier de nouveau au BeProg Festival cet été.
Secundo, je considère que ce lieu emblématique des nuits parisiennes doit survivre à ce qui s'y est passé. Hors de question que des abrutis barbares nous dictent notre culture. Depuis le 21 mars 1981, j'assiste ce soir à mon trente-huitième concert dans cette salle mythique. Elle ne devait pas, elle ne pouvait définitivement pas rester seulement associée à de telles atrocités. Il ne s'agit pas d'oublier mais davantage de surmonter. D'autant plus que les travaux de restauration, impératifs pour cette si belle salle, ont permis me semble-t-il d'améliorer l'acoustique et le confort en mezzanine.


ALCEST ouvre la soirée. Etonnant lien avec mon dernier concert ici ; ces français assuraient également la première partie pour Opeth ! Là s'arrête la comparaison car s'il y a trois années je n'avais pas accroché du tout, cette fois j'ai davantage apprécié ces atmosphères envoutantes.
Je suis même bienveillant à l'égard du chanteur alors que sa voix est juste inaudible et ses propos incompréhensibles … Mais cependant cette voix, que je veux croire intentionnellement sous mixée tant elle est lointaine, fait cependant partie d'un ensemble sonore ma foi très captivant.
L'ensemble du groupe (excessivement introverti et discret, taisant jusque leur identité derrière des surnoms) reste d'ailleurs dans la pénombre et le brouillard de scène, éclairé de lumières sombres, le tout collant à merveille avec une musique sombre mais cependant souvent entrainante.
Je n'écouterais pas cela pendant des heures infinies mais cette entame de soirée était ainsi fort bien réussie !


ANATHEMA se présente à moi pour la quatorzième fois. Le sextuor est toujours composé de Vincent Cavanagh (chant,guitares), Daniel Cavanagh (guitare, chant, clavier), Jamie Cavanagh (basse), Lee Douglas (chant) John Douglas et de Daniel Cardoso (batteries, percussion et claviers).

Dix-sept titres se succèdent dont six tirés du dernier opus (The Optimist) et un seul de l'avant-dernier (Distant Satellites). Je n'aurais donc pas eu trop à souffrir du programme choisi, d'autant moins qu'il me faut admettre que décidément même ces titres passent très bien sur scène, ce qui démontre une fois de plus la propension de ce groupe à s'exprimer en concert !
Même si Vincent ne réside désormais plus à Paris, afin de se rapprocher de sa fratrie à Londres, il reste cependant francophile et le prouve par ses efforts persistants à échanger quelques mots français avec son public. Ca n'a l'air de rien, mais j'imagine aisément que cela contribue à l'affection particulière qui lie Anathema à ses fidèles mélomanes français ; ce groupe reste de surcroit un des seuls à visiter de nombreuses villes de province, qualité appréciables pour les intéressés.

Mon récit, comme d'habitude, n'exprime que mes émotions personnelles et ne prétend à aucune objectivité ni à un quelconque professionnalisme, mais je ne serais pas honnête si je taisais ce qui m'a particulièrement gêné ce soir dans l'interprétation. Tous, (à l'exception de Lee et de Jamie) démontrent leur talent de multi-instrumentiste, notamment leur compétence au clavier. Or, 'faudra qu'on m'explique l'intérêt de ces trop fréquentes bandes pré-enregistrées … de clavier ! Soit les séquences sont dispensables et on s'en passe, soit elles contribuent à l'atmosphère et on les joue ; les deux options relèvent bien d'un choix artistique, mais celle qui a été choisie me semble inappropriée.

Mais bon qui aime bien châtie bien, et puisque je sais que les frères Cavanagh n'apprécient guère d'être contrariés (j'ai en mémoire des anecdotes) je ne m'attarderai pas sur cet aspect du concert qui par ailleurs fut un beau voyage !
Le diptyque "Untouchable I & II" reste au programme des tournées depuis quelques années et semble s'inscrire ainsi comme un incontournable, et je ne m'en plaindrai pas ; Lee et Vincent y forment un duo toujours très émouvant.
Quatre chansons issues de l'excellent opus "Weather Systems" et trois du non-moins réussi " We’re Here…" contribuent à maintenir un très haut niveau de qualité.
Bien évidemment, la durée du concert n'étant pas extensible à volonté, cette forte proportion de titres "imposés" laisse peu place à d'autres titres plus anciens, question de choix.
Cependant avec le rappel, c'est un autre titre récurrent, "Closer", qui ravit le public qui profite de ce titre festif pour se dégourdir un peu la nuque et les jambes. Vincent me semble moins s'attarder sur les distorsions de guitares au sol que d'habitude ; les aléas de l'improvisation sans doute.

Cinq titres en rappel viennent clore cette bien belle soirée.
Notons particulièrement la dédicace émouvante de "A Natural Disaster" pour les victimes du massacre. Les lampes de portable qui éclairent la salle d'une lumière blafarde et la musique mélancolique contribuent à alimenter une atmosphère de recueillement bienveillante.
"Fragile Dreams" vient alors à point nommé pour une fin étincelante et époumonante, le chant de guitare étant repris par le public ravi ! Si les rêves de bonheur sont bien fragiles, Anathema sait les chanter (et c'est déjà ca !…).

A l'échoppe, les marchandises sont plutôt tentantes mais j'ai décidé d'être sage, cette fois. Si, si je vous assure que j'en suis capable ! Je ne prends même pas le CD.
PROGRAMME
San Francisco (The Optimist)
Untouchable, Part 1 (Weather Systems)
Untouchable, Part 2 (Weather Systems)
Can't Let Go (The Optimist)
Endless Ways (The Optimist)
The Optimist (The Optimist)
Thin Air (We’re Here Because We’re Here)
Lightning Song (Weather Systems)
Dreaming Light (We’re Here Because We’re Here)
The Beginning and the End (Weather Systems)
Universal (We’re Here Because We’re Here)
Closer (A Natural Disaster)

RAPPEL
Distant Satellites (Distant Satellites)
Springfield (The Optimist)
Back to the Start (The Optimist)
A Natural Disaster (dedié aux victimes) (A Natural Disaster)

Fragile Dreams (Alternative 4).