lundi 6 février 2017

RIVAL SONS – Elysée Montmartre (Paris 18) – 06/02/2017


Concert annoncé complet, nous parvenons à entrer dans cette très belle salle (qui sent encore la peinture de sa rénovation !) pour nous placer relativement confortablement puisque proche de la scène, légèrement excentrés, côté gauche (celui qui sera occupé par le clavier et le bassiste).

Les lumières sont éteintes et la musique tonitruante : en fait un programmateur de musique (il parait qu'on appelle ça un "DJ" ; encore un affreux anglicisme…) diffuse du rock teinté 50's 60's ou 70's, illustré au plafond par des images plus ou moins coquines (suggérant que les femmes adoreraient de trémousser les seins à l'air dès que la musique se fait plus rock …). Bref à défaut de pouvoir discuter entre amis, on passe ainsi le temps, au risque de se taper un torticolis d'enfer…
Puis arrive ce qui est annoncé comme l'ouverture de la soirée (20h). Jay Buchanan nous présente Derrick C. Brown, un narrateur californien supposé capter notre attention en parlant, ou en citant des extraits d'un livre qu'il tient à la main. La démarche s'annonce audacieuse et intéressante, mais elle s'avère vite soporifique pour ceux qui comme moi ne maitrise pas couramment la langue de Shakespeare.
Certains dans la fosse, manifestement bilingues semblent amusés, mais moi, tel un cheval dans son enclos je m'endors debout, jusqu'à ce que m'a Fée me tende opportunément un écouteur en prolongement de son mp3 pour déguster du Marillion !
Mais avant cela j'avais observé que, d'abord poli et silencieux, une bonne part du public a fini par lâcher prise ; un brouhaha grandissant témoignait d'une certaine lassitude générale. Salué respectueusement, le monsieur finit enfin par laisser la scène aux musiciens ! (20h30)
Je suppose que ce choix de première partie de soirée est moins onéreux qu'un groupe d'artistes, m'enfin il est permis de ressentir une certaine frustration …
RIVAL SONS [20h50-22h26]
Avant de débuter ce récit, je ne peux m'empêcher d'établir un parallèle avec la première fois où j'ai mis les doigts dans la prise. C'était en 1972, ce jour où ma frangine a eu la bonne idée de placer son 45T de Slade "Mama We're all crazee now" ; quelques semaines plus tard elle posait le 33T de Cactus "'Ot'n'Sweaty", coup fatal ! Le venin ainsi inoculé m'entrainera dans l'état où je suis aujourd'hui.
Ce style si particulier qui peut être étiqueté "blues hardrock", je l'ai retrouvé avec bonheur lors de la prestation de Rival Sons au Download festival 2016. Malgré une pluie incessante, ce quatuor (quintet sur scène) californien était parvenu à nous scotcher sur la pelouse, je tenais là les dignes héritiers de groupes responsables de mes premières fièvres extatiques musicales. L'acquisition de deux de leurs opus (Head Down et Hollow Bones) n'ont fait qu'amplifier tout l'intérêt que je pouvais leur porter !
Si bien que l'annonce de la date parisienne de leur tournée ne souffrait aucune discussion, cochée d'office !!
Depuis 2009, Jay Buchanan (chant), Scott Holiday (guitare, chœur) et Mike Miley (batterie) sont à l'origine de cinq opus dont le dernier "Hollow Bones" paru en 2016. Dave Beste est présent depuis 2013 (basse, chœur). Pour la scène, Todd Ögren-Brooks semble être régulièrement recruté depuis 2014 pour tenir les claviers (mais aussi assurer les chœurs et quelques percussions) ; à mon humble avis, il me semble qu'il pourrait être intégré au groupe, tant le son de cet instrument me semble important dans leur musique. Mais bon, saluons déjà la démarche honorable de recruter un musicien, compétent qui plus est, alors que certains (que je ne nommerai pas, par compassion) se seraient volontiers contentés d'une bande-sons !
Je suis donc venu m'assurer dans ce joli cocon de l'Elysée Montmartre, de ce que j'avais ressenti en extérieur à l'Hippodrome de Longchamps. Et je n'ai pas été déçu ! Quelle claque monumentale ! Servi un éclairage basique mais correct (le clavier un peu sous-exposé) et par une sonorisation puissante mais audible, chaque musicien a pu exprimer tout son talent, j'allais dire toute sa classe.
Car de la classe, ils en ont beaucoup !
Sur le plan esthétique, déjà, ils soignent leur apparence avec une rare élégance, inspirée du début XIXème ; Scott Holiday aurait obtenu le premier prix avec son costume de dandy et sa moustache finement taillée et incurvée ! Todd Ögren-Brooks semble se servir de sa longue et dense barbe tressée comme d'un métronome.
Sur le plan musical, j'adore leur capacité à alterner leur rock puissant avec la douceur mélancolique du blues ; j'adore ces mélodies plaintives de guitares répondant à un chant exprimé avec des tripes, et accompagné par des chœurs bouleversants ! J'adore cette frappe de batterie alternant délicatesse et force dévastatrice !
Scott Holiday semble soigner autant son apparence que le choix de ses guitares ; pour exprimer pleinement la palette des émotions, il préfère retourner à son râtelier pour choisir celle qui lui paraît la plus adaptée. Le fait est qu'il en tire de quoi attirer l'attention des oreilles les plus mélomanes ! Ses guitares crient, pleurent et chantent à la volonté de son Maître.
La voix de Jay Buchanan est émouvante, captivante ; elle n'est pas sans rappeler celle de Joe Cocker et celle de Rusty Day (Cactus), voire celle de Robert Plant (Led Zeppelin, parfois). Le chanteur, doté comme ses aînés précités, d'un grand charisme, vit ses chansons avec une grande passion qui ne peut qu'accroitre l'attention du public à son égard. C'est à se demander combien d'année il pourra tenir à ce rythme quotidien (ou quasi). J'ouvre donc bien grands mes outils de perceptions visuelles et auditives !
Mike Miley, doté d'une batterie plutôt ordinaire, sans extravagance, assume son rôle de métronome avec une grande sensibilité. Sa perception musicale se lit dans sa gestuelle et sur son visage. La subtilité des compositions lui impose souvent autant de retenue et de finesse que de brutalité assumée !
Dave Beste ne semble pas souffrir de son rang de dernier arrivé dans le groupe, il semble s'approprier tout le répertoire avec le même plaisir. Il ne bouge pas davantage que Scott, chacun occupant son carré autour du chanteur, mais le son de sa basse s'impose (parfois un peu trop d'ailleurs) efficacement. Excepté le batteur, tous assurent des chœurs mais Dave me semble le plus sollicité à ce titre.
Todd Ögren-Brooks, quoiqu'à un "poste-strapontin" semble-t-il, se montre très impliqué dans chacun des titres. Agité et souriant mais concentré il prend souvent le tambourin/cymbalettes pour accentuer encore la rythmique si tant est qu'elle en eût besoin !

Reste l'autre instrument, le public ! Il s'est montré logiquement enthousiaste et répondant volontiers aux sollicitations du charismatique chanteur. Public qui a d'ailleurs imposé une longue pause à la fin de "" en chantant l'air principal ; si bien qu'il aura fallu la subtile frappe de Mike (son rythme s'accélérant, les cordes vocales n'ont pas pu suivre !) pour parvenir à calmer l'enthousiasme général !
Pas vraiment de rappel pour clore la soirée ; plutôt une coupure sympa au cours de laquelle les musiciens restent sur la scène et le chanteur présente et remercie tous les protagonistes (artistes et techniciens) de la soirée. Puis il fête l'anniversaire du narrateur en lui faisant apporter un p'tit gâteau (plus symbolique d'appétissant). Allons, un dernier titre pour atteindre un peu moins d'une heure quarante d'un très grand concert et les lumières se rallument sans attendre…

Pour ma part, j'ai été surpris de la notoriété de ce groupe que je ne connaissais pas encore l'an dernier, mais le fait est que les airs et les paroles sont souvent repris par des mélomanes connaisseurs ! Belle ambiance, donc. Voici donc un autre groupe à inscrire systématiquement à mon calendrier à l'occasion de leurs prochaines tournées. Ce regain de groupes fabuleux depuis une quinzaine d'année devient onéreux (de ce point de vue, mais de ce point de vue uniquement, "heureusement que certains pappy se retirent !" nota bene RS assurait encore très récemment la première partie du concert final de Black Sabbath) … mais que de bonheurs !


Un petit détour à l'échoppe avant de partir, juste pour observer que les t-shirts sont à 35 € et les CD à 15 €. Mais nous restons sages (si, si ! cela m'arrive...).
Les musiciens ne viendront pas à la rencontre des admirateurs mais nous  repartons le sourire aux lèvres, ravis d'avoir ajouté ce nouveau concert mémorable à notre calendrier !
PROGRAMME

Hollow Bones Pt. 1 (Hollow Bones)
Tied Up (Hollow Bones)
Thundering Voices (Hollow Bones)
Electric Man (Great Western Valkyrie)
Secret (Great Western Valkyrie)
Pressure and Time (Pressure & Time)
Jordan (Head Down)
Fade Out (Hollow Bones)
Tell Me Something (Before the Fire)
solo guitare
Face of Light (Pressure & Time)
Torture (Rival Sons EP)
Open My Eyes (Great Western Valkyrie)
(solo batterie)
Hollow Bones Pt. 2 (Hollow Bones)
Keep On Swinging (Head Down).