dimanche 5 décembre 2021

LEPROUS - (...) – Elysée Montmatre (Paris 18) – 05/12/2021

Lorsque j'ai vu LEPROUS pour la première fois en concert, à l'occasion de la tournée promotionnelle de "Tall Poppy Syndrome", je ne connaissais d'eux que leur réputation, un peu de musique téléchargée et quelques vidéos. Suffisamment pour être positivement intrigué. Cependant, le 3 novembre 2010, j'allais à l'Elysée Montmartre surtout pour assister au concert de THERION. C'était donc une soirée cent pour cent Vikings ! Attisé par les discussions sur les réseaux spécialisés, j'avais hâte de vérifier la réputation de Leprous sur scène. A l'issue de leur prestation, je fus subjugué, autant par leur musique que par leur stature scandinave. La voix d'Einar plus souvent agressive que maintenant laissait déjà paraitre cette tessiture si étourdissante. Son charisme était encore accentué par  une apparence particulièrement impressionnante avec sa crinière sauvage. Je sentais bien qu'un virus venait de m'être inoculé. Onze années et un mois plus tard, quasiment jour pour jour, je les retrouve pour la neuvième fois avec mon admiration décuplée par un parcours musical toujours plus surprenant et inattendu.

Pour l'anecdote, le dernier concert de Leprous (25/02/20) auquel j'ai assisté fut l'un des trois derniers avant le début du confinement imposé par la Pandémie mondiale.

Fin mai, en achetant les tickets du concert je me disais bien qu'une part de risque n'était pas à négliger en cette période de pandémie décidément persistante. Mais je n'imaginais cependant pas un tel scenario. Ayant joué la veille à Londres, le groupe devait passer notre frontière pour rejoindre Paris. Mais les mesures sanitaires se sont durcies précipitamment au point de bloquer l'équipage, mettant en péril notre soirée. Le Brexit n'aura sans doute rien arrangé. L'heure approche et l'angoisse grandit, lorsque le groupe fait savoir qu'il jouera tout son programme ou pas du tout ; ce que j'approuve totalement sur le fond. Quelques minutes s'égrainent encore, avant de savoir que la soirée aura bien finalement lieu. Mais amputée de sa première partie, aux dépends donc des deux groupes malchanceux qui auront investi en vain dans cette affaire… De notre point de vue, c'était cela ou risquer de ne pas revoir Leprous avant un bout de temps. Par ces temps incertains, mieux vaut tenir que courir…

Sous la pluie, le vent et le froid, nous rejoignons une file d'attente déjà impressionnante ; il est vrai que le concert était annoncé complet. De toute évidence, il aurait fallu davantage d'adversité pour décourager les mélomanes présents devant le bel édifice !

LE SITE.

Comme souvent au 19ème siècle, c'est en tant que salle de bal que l'Élysée-Montmartre fut inaugurée en 1807. C'est même là qu'on y lancera de nouvelles modes : le fameux cancan ou encore le quadrille naturaliste. Puis beaucoup plus tard, dans les années 50, on y organise des combats de boxe et de catch. Sa façade, ainsi que le décor de la salle ont fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques le 4 mars 1988. Je me souviens encore des beaux ornements sculptés au plafond. Mais l'incendie du 22 mars 2011 a ravagé ses murs. Il aura fallu attendre 2016 pour sa réouverture, le 10 décembre avec Marillion, en ce qui me concerne. Elle est désormais en capacité d'accueillir 1 380 personnes.

Mais au-delà de cet historique, c'est un lieu qui compte pour moi puisque j'y ai assisté à 29 évènements, dont 60 concerts depuis le 18 mai 1988… J'y ai laissé beaucoup d'énergie et de sueur, vous pouvez me croire !

LA SOIREE.

Par respect pour ces malheureux musiciens qui auront été sans doute frustrés et pénalisés de ne pas pouvoir s'exprimer ce soir, je considère devoir évoquer au moins leur existence et leur présence physique (ils me faisaient pitié à leur échoppe, oubliés de tous ou presque).

WHEEL [XXhXX-XXhXX].

Wheel est un quatuor prog-metal finnois, originaire d'Helsinki, comprenant James Lascelles (chant et guitare), Jussi Turunen (guitare), Santeri Saksala (batterie), et Aki ‘Conan’ Virta (basse).

De ce que j'ai pu écouter sur les réseaux, ils me paraissent comparables à TOOL. On me parle aussi de Karnivool que je ne connais pas.

Après un premier album "Moving Backwards" paru en février 2019, ils viennent de sortir leur deuxième album "Resident Human" le 26 mars 2021. Ils étaient en vente à leur échoppe mais je me suis abstenu, faute d'avoir pu vérifier mes (bonnes) impressions…

AIMING FOR ENRIKE [XXhXX-XXhXX].

Aiming For Enrike est un duo norvégien, originaire d'Oslo, composé de Tobias Ørnes Andersen (batterie) et Simen Følstad Nilsen (guitare).

C'est également en consultant les réseaux que j'ai pu découvrir leurs titres aux sonorités électroniques qui peuvent paraître un peu répétitifs : l'usage d'effets de boucles et de séquences diverses entretient cette impression. Cela dit ce n'est pas désagréable à entendre et il est permis d'imaginer que ce duo aurait pu meubler une première partie de soirée…

Un quatrième album intitulé "Music For Working Out" est paru le 10 janvier 2020. Un monoplage "Steam Yoga City" est paru en 2021.

LEPROUS [21h00-22h50]

LEPROUS avait mis la barre très haute lors des deux concerts de leur tournée "Pitfalls", tout particulièrement au Cabaret Sauvage, le 12 novembre 2019 ; on pouvait légitiment se demander s'il serait à nouveau capable d'atteindre une telle intensité.

Pour rappel, le groupe norvégien a été fondé en 2001 par Einar Solberg (chant, claviers, depuis 2001) et Tor Oddmund Suhrke (guitares, chœur, depuis 2001), est actuellement composé de Baard Kolstad (batterie, depuis 2014), Simen Børven (basse, chœur, claviers occasionnel, depuis 2015) et Robin Ognedal (guitares, chœur, depuis 2017). Pour marquer le caractère exceptionnel de cette tournée ils ont invité Tobias Ørnes Andersen, batteur pour Leprous sur le "Tall Poppy Syndrome" (2009), "Bileteral" (2011) and "Coal" (2013)".

Cette tournée d'automne, intitulée "From Early Demos to Aphelion" a vocation à célébrer le 20ème anniversaire du groupe. Mais chaque date est soumise à une pression particulière en cette période de pandémie persistante. Les risques financiers sont importants et nous leur savons gré de maintenir cette tournée. Gageons cependant que la promotion de leur septième opus "Aphelion", paru ce 28 Aout 2021, fera l'objet d'une autre tournée. Si Leprous est notre soleil, alors nous scruterons les cieux pour ne pas demeurer à leur aphélie (rhôôlàlààà ca y'est je sors ma science !).

Je m'estime plutôt bien placé dans la fosse, à distance raisonnable de la scène, au centre.

Les premières minutes m'ont fait craindre le pire ; la sonorisation me parut excessivement puissante et brouillonne au point de m'empêcher de reconnaitre " Silent Waters" titre auquel je m'étais pourtant préparé depuis deux jours (j'avais consulté le programme des dates précédentes, histoire de me rassurer). J'ai même peiné à reconnaitre "Passing" qui, il est vrai, a été remodelé. Fort heureusement, le son fut ensuite équilibré par la console qui, circonstance atténuante, avait eu peu de temps pour préparer la soirée. Einar remerciera, entre deux chansons, l'ensemble des techniciens pour leur travail admirablement effectué en une demi-heure.

L'éclairage m'a paru somptueux ; les chasseurs d'images auront pu s'en donner à cœur-joie ! Même moi avec mon simple S9 ! Le fond de scène est garni d'un écran géant diffusant des beaux plans fixes et mobiles en rapport avec les différentes couvertures d'album.

Cela fait plaisir de voir enfin Leprous sur une scène large et profonde, digne de leur rang et qui répond au besoin d'espace de ces gaillards nordiques.

Ce n'est donc qu'avec le titre "Passing" que j'ai commencé vraiment à ressentir du plaisir. Plaisir tempéré en réalisant que le programme serait écourté en raison du retard. C'est donc avec une certaine frustration que le public parisien aura dû se passer de "Eye of the Storm" et de "Disclosure" (Aeolia) ainsi que de "Painful Detour" (Bilateral). Mais dès le troisième titre, on assiste aux surprises ; les deux batteurs amplifient les rythmes trépidants de "Dare You" et final laissant paraitre un trompettiste dont les sonorités m'ont semblé bienvenues. Musicien dûment présenté par Einar mais dont je n'ai pas capté le nom hélas (si quelqu'un pouvait me renseigné sur ce point ce serait constructif !).

Car en effet, encore une petite déception, le violoncelliste canadien Raphael Weinroth-Brown, qui  participait aux activités du groupe depuis 2017, est absent. C'est très dommage sur le principe, surtout pour une tournée sensée honorer l'histoire du groupe, mais on ne peut pas dire que cela ait beaucoup nui aux interprétations qui ont été adaptées en conséquence. Un trompettiste le remplace cette fois, la prochaine nous aurons peut-être un trombone à coulisse, un accordéon et pourquoi pas un biniou…Mais là je m'égare, j'en conviens. Quoique. Bref, le cuivre interviendra sur plusieurs titres (détail ci-dessous), le plus souvent audible en dépit du déluge ambiant.

Je détaille dans le programme ci-dessous l'alternance des interventions des deux batteurs, mais je peux dire que leur présence simultanée était toujours particulièrement impressionnante ! Einar se charge le plus souvent des claviers mais il cède volontiers ce pupitre à Tor, Robin et Simen lorsqu' il souhaite se concentrer sur son chant. Preuve, si nécessaire, que nous avons à faire à d'excellents musiciens multi-instrumentistes.

Je ne peux pas relater ce concert sans souligner une nouvelle fois mon admiration pour la voix d'Einar, dont le timbre et la tessiture sont simplement exceptionnels. Il maitrise parfaitement l'usage de ses cordes vocales pour faire ressortir toutes les nuances nécessaires, distillant opportunément les voix gutturales et les voix claires. J'ai encore prêté une attention toute particulière à ses interventions sans jamais déceler d'erreur ni d'excès, sauf à considérer les passages les plus rugueux du répertoire.

Baard était d'une exubérance sans doute attisée par la présence de son prédécesseur à ses côté, mais quelle frappe, quelle énergie ! Quant à Tor, Robin et Simen, à la fois appliqués et impliqués, ont largement contribué à exacerber l'exaltation des mélomanes par leurs interventions millimétrées. Et physiquement leur stature imposante est accentuée lorsqu'ils montent sur les cubes pour haranguer le public.

Enorme prestation, acclamée comme il se doit par un auditoire d'autant plus enthousiaste qu'il a conscience que le concert aurait pu ne pas avoir lieu, tout simplement… Public plus hétéroclite que de coutume, remuant et exubérant mais respectueux, pas chahuteur, laissant chacun vivre la musique à sa guise. Une belle communion avec les artistes qui saluent en manifestant leur soulagement avec des sourires évidents. Pour ma part, ma satisfaction est un peu ternie par ces incidents certes indépendant de leur fait. Mon meilleur souvenir restera la parfaite prestation du Cabaret Sauvage.

A la base, le programme prévu m'avait paru très judicieux avec dix-huit titres survolant ces vingt années. Mais les circonstances nous ayant hélas couté trois titres, il me restera la satisfaction d'entendre trois titres du magnifique "Pitfalls" dont mon préféré absolu ; le sublime et renversant "Distant Bells" !

"Distant Bells"
Le groupe, pressé par le délai de fermeture de la salle, ne s'attarde pas à attendre le rappel du public, conquis de toute façon. Il enchaine assez vite avec le titre final "The Sky Is Red", toujours aussi enivrant. S'il y a bien moment durant lequel le violoncelliste manqua particulièrement, c'est bien celui-là. Nonobstant, j'aurais bien vu le trompettiste reprendre le thème lancinant sur la partition finale ; mais non, il est seulement revenu partager la scène à la toute fin, pour émettre quelques sons à peine audible pour le coup… Pas grave, c'était l'occasion de retrouver tous les musiciens pour un dernier salut ! Vu les circonstances, 1h50 de concert ce n'est déjà pas si mal, mais on en redemande !

PROGRAMME : Retardé et écourté en raison de la tenue du groupe en Angleterre à cause des mesures sanitaires.
Silent Waters (Silent Waters, 2004)
Eye of the Storm (Aeolia, 2006)
Disclosure (Aeolia, 2006)
Passing (Tall Poppy Syndrome, 2009) (Tobias Ørnes Andersen seul à la batterie)
Dare You (Tall Poppy Syndrome, 2009) (avec Baard et Tobias aux batteries et trompette pendant le final)
Forced Entry (Bilateral, 2011) (avec Baard Kolstad ; Tobias durant le début)
Painful Detour (Bilateral, 2011)
Foe (Coal, 2013) (avec Baard Kolstad et Tobias)
The Valley (Coal, 2013) (Tobias Ørnes Andersen seul à la batterie)
The Price (The Congregation, 2015)
Slave (The Congregation, 2015) (avec Baard Kolstad et Tobias)
Bonneville (Malina, 2017)
From the Flame (Malina, 2017)
Below (Pitfalls, 2019) (Tor & Robin aux claviers pendant l'intro ; trompette dans la section médiane)
Distant Bells (Pitfalls, 2019) (avec trompette ; Simen aux claviers pendant l'intro et le pont)
Out of Here (Aphelion, 2021) (avec trompette ; Tor aux claviers)
Nighttime Disguise (Aphelion, 2021) (avec trompette).
RAPPEL :
The Sky Is Red (Pitfalls, 2019) (avec Baard & Tobias ; trompette pour le final).