vendredi 24 novembre 2023

ARCHIVE – Palais Omnisport de Paris-Bercy (Paris 12e) – le vendredi 24 novembre 2023.

Lors de conversations portant sur nos personnalités réciproques, on m'a souvent fait remarquer que je pouvais sembler "obstiné", "têtu", tel le Bélier que je suis. Ce à quoi je réponds le plus souvent, "non, Môssieur" (ou "Madame", c'est selon), pas têtu mais persévérant !". Cette nuance est importante pour comprendre l'évolution de mon approche d'ARCHIVE.

Lors de mon parcours de mélomane, de nombreux artistes, en dépit de moult écoutes, et pas forcément les plus farfelus, ont tardé à me séduire avant que je trouve la porte pour les apprécier et les classer parmi mes favoris. Je citerais de mémoire MARILLION, GAZPACHO, OPETH, GENESIS, KING CRIMSON, mais aussi MOTORHEAD, TIAMAT, AVATAR, je pourrais aussi citer BACH, … entre autres.

Nourris de discussions sur les réseaux sociaux, j'ai bien tenté maintes approches d'ARCHIVE. Mais à la fin des années 2000, on ne m'avait guère présenté que "Londinium" (1996), ce qui n'était pas de nature à me séduire particulièrement, encore maintenant. A force d'insistances, notamment de ma P'tite Fée persévérante elle aussi, j'avais fini par me rendre à un premier concert en 2015 (au Zénith de Paris), puis un deuxième en 2019 (à la Scène Musicale de Boulogne-Billancourt). Mais sans que cela m'emporte vers l'enthousiasme attendu.

Oui mais voilà, ma P'tite Fée n'a pas lâché le morceau. Selon elle, il n'y avait aucune raison "objective" pour que je reste à quai. Jamais deux sans trois, j'ai fini par me laisser emmener vers un lieu pourtant a priori inquiétant pour ce genre de musique. En effet, nous sommes plutôt réticents à nous rendre dans les plus grands espaces, souvent peu propices à une écoute de qualité. Mais ce soir, ce sera différent…

Précisons quelques chiffres qui me semblent éloquents pour présenter cette tournée "Call to Arms & Angels", qui avait dû être reportée d'un an, suite à un cancer du côlon ayant frappé Darius Keeler… Elle débute par Dijon le 5 octobre et se clôt par une seule et ultime date à Londres (EartH Hall) le 26 novembre. Cela représente trente-huit (38) étapes (19 en octobre  + 19 en novembre), dont … quatorze (14) en France ! Soulignons que Bruxelles a eu droit à deux dates ! Autre détail chiffré quand même surprenant ; la EartH Hall de Londres dispose d'une capacité de 1 200 personnes, alors que notre Bercy de Paris dispose d'une capacité de 18 476 spectateurs assis/debout !! Décidément nul n'est prophète en son pays… Enfin, ARCHIVE remplit Bercy après treize autres villes (affichant souvent complet) en France. Notoriété qui résulte sans doute d'un style de musique fédérateur et médiatisé…

Après une attente dans les premiers frima d'un hiver approchant, nous pénétrons parmi les premiers dans la fosse du lieu mythique et nous nous plaçons au deuxième rang en milieu de scène ! Les fans ultra qui sont placés devant nous sont de taille modeste et la scène est évidemment surélevée ; ce qui permet à ma P'tite Fée de voir parfaitement tous les éléments. A ce moment-là, il nous restait encore à s'assurer de la qualité du son…

OCTOBER DRIFT [19h50-20h20]. https://www.octoberdrift.com/

J'imagine que faire partie d'un petit groupe débutant et devoir assumer la première partie de soirée dans une si grande salle pourrait être angoissant… En tout cas ces p'tits jeunes anglais n'en laissent rien paraitre et leur fougue va accaparer l'attention du public pendant une trentaine de minutes.

Nous n'avions jamais entendu parler de ce quatuor qui semble cependant avoir écumé depuis 2015 les petites salles de Grande-Bretagne. Ils ont ainsi récolté des impressions suffisamment favorables pour enregistrer quelques monoplages, et assurer les premières parties de quelques groupes britanniques de rock dit "indépendants" (?) tels qu'EDITORS, ARCHIVE (déjà), ou américains tels que WE ARE SCIENTISTS, à partir de la fin 2019.

Un premier album intitulé "Forever Whatever", est paru en 2020. Leur second opus, "I Don't Belong Anywhere" est paru le 14 octobre 2022.

Le quatuor se compose de Kiran Roy (chant et guitare), Daniel Young (guitare), Alex Bispham (basse) et Chris Holmes (batterie).

L'énergie de ces jeunes loups est communicative ; ils sont très exubérants, les instruments dégagent une énergie entrainante, et la voix est juste quoiqu'exprimée avec une tessiture limitée. Kiran Toy, particulièrement charismatique, n'hésite pas à descendre de la scène pour haranguer le public, puis à le fendre profondément, équipé de son fil de micro suffisamment long pour cela !



La sonorisation équilibrée, puissante mais pas à l'excès, ainsi qu'un dispositif d'éclairage relativement lumineux, a permis à OCTOBER DRIFT de capter l'attention de son auditoire et de chauffer la salle à sa guise. Leur rock est mélodique mais très loin d'être sophistiqué. Saturé d'énergie certes, mais toutefois peu original. Fait notable peut-être, le guitariste-chanteur porte son instrument très haut sur sa poitrine… Un style certes rafraichissant sur l'instant, mais mon oreille est devenue peut-être un peu trop exigeante pour m'enthousiasmer outre mesure.

Le public leur accorde une ovation dont ils semblent ravis.

Il semble (ss réserve, ne connaissant pas le répertoire) que des titres aient été interprétés ; "Losing My Touch", "Airborne", "Panic Attack" (info glanée sur des discussions).

PROGRAMME (à déterminer).

 

ARCHIVE [20h50-23h10]

ARCHIVE fut fondé en 1994 par Darius Keeler (claviers, effets sonores, échantillonnages) et Danny Griffiths (claviers, effets sonores, échantillonnages). Autour de ce duo, nous trouvons ce soir Dave Pen (guitare, chant depuis 2004), Pollard Berrier (chant, guitare depuis 2005), Steve Barnard (batterie depuis 2001), Jonathan Noyce (basse, claviers depuis 2007), Mike Hurcombe (guitare depuis 2014), et Lisa Mottram (chant, depuis 2022).

Par rapport à la composition de 2019, Maria Q (chant, chœurs depuis 2001) et Holly Martin (chant depuis 2015), sont absentes.

Depuis que Darius Keeler et Danny Griffiths ont rencontré Dave Pen, puis Pollard Berrier, puis Maria Q, ARCHIVE se définit comme un "collectif" et non comme un groupe ; cette définition sémantique de leur collaboration vise sans doute à ménager les susceptibilités entre les artistes, mais quoiqu'il en soit nous avons bel et bien devant nous un authentique groupe de rock composé de huit musiciens, recrutés au fil de son parcours.

Sur les deux premiers albums, leur style musical basé sur une ligne relativement complexe avec synthétiseurs et échantillonnages, baignait surtout dans ce qui est convenu de nommer le "trip hop". Mais ils ont ensuite eu la bonne inspiration de fusionner leurs créations avec les sonorités davantage "electro", "ambient" voire rock progressif. Ce dernier rapprochement n'est pas évident sur l'ensemble de leur discographie, mais cependant les atmosphères créées par Pink Floyd (Animals, Meddle) ne sont pas loin lorsqu'on écoute les plus longs morceaux (tels que "Waste", "Again", "Lights", "Finding it so hard", "Controlling Crowds", "Calling").

Le douzième album "Call to Arms & Angels" est paru le 29 avril 2022. Vingt années après avoir signé la musique du film "Michel Vaillant" (2003), ARCHIVE signe celle du film de Mélanie Laurent (2023) intitulé "Voleuses".

Bref, me voilà donc planté devant ce décor, sans être persuadé d'être à ma place. Honnêtement, n'ayant pas fixé ce concert dans mes objectifs, je me suis présenté à cette soirée sans avoir révisé leur discographie, ni même visionner leurs vidéo sur YouTube. Tout juste ai-je tenté une nouvelle écoute de leur opus le plus récent … qui continue à me laisser partiellement perplexe, entre séquences savoureuses et d'autres crispantes.

L'extinction des feux et la diffusion d'une bande son introductive (qui s'interrompt quelques secondes avant de reprendre au soulagement général) annoncent le début des évènements. A partir de cet instant, un homme nouveau va éclore petit à petit…

Du début à la fin du concert, l'ingénieur du son, digne de son statut, a produit une sonorisation qui est parvenue à développer les atmosphères avec une finesse saisissante pour cette grande arène ; chacun des (pourtant) nombreux pupitres se laisse percevoir. Le tout dans une puissance maitrisée, à tel point que je ne ressens pas la nécessité de porter mes protections auditives.

Ajoutons à cela que le dispositif d'éclairage est puissant et somptueux, en témoignent les magnifiques captures d'images auxquelles je suis parvenu sans difficulté. Rampes articulées, faisceaux lasers, projecteurs mobiles ont été savamment utilisés par un éclairagiste très efficace pour produire une multitude d'ambiances absolument fabuleuses, tantôt rougeâtres ou bleutés, sombres, tantôt hyper lumineuses, éclatantes. Pas de fond de scène, le logo est présent seulement sur la grosse caisse de batterie et sur les manches des musiciens.

Placé dans ces conditions idéales, et même avec un état d'esprit au départ très dubitatif, ma conversion ne sera pas immédiate mais se produira progressivement. Arrivé au cinquième titre, "Lights" j'ai cru une première fois avoir trouvé la Porte de l'extase pour le reste de la soirée, mais non, il fallut qu'ils enchainent avec un horripilant et excessivement tribal "Conflict", ce qui est à mon sens une énorme faute de goût.

Fort heureusement, la douceur de la longue séquence préliminaire de "Daytime Coma" issu du récent opus revient calmer le jeu quelque peu et me permet ainsi de reprendre mon parcours de séduction. Après six minutes faussement calme, le morceau fait décoller les esprits dans un tourbillon d'émotions qui ne cessera qu'à la fin du concert. Un peu plus tard "Take My Head" m'a carrément sidéré par l'intensité des nuances.

Globalement, les huit titres choisis parmi ceux de leur nouvel opus "Call to Arms & Angels" prennent tout leur sens en concert. Je ne suis pas certain que les autres titres oubliés eussent produit le même effet ; de là à dire que cet album contient des déchets, je laisse les spécialistes s'exprimer …

Au regard des programmes du reste de la tournée, je pense que le public parisien peut s'estimer heureux. Pour ma part, des titres attendus tels que "Lights" "Fuck U" et surtout "Bullets" puis "Again" ont largement contribué à ma satisfaction.

En dépit de l'irrésistible envie de bouger ou de planer que provoque alternativement leur musique, je n'ai pas manqué de me concentrer sur les fonctions des huit musiciens. J'ai ainsi apprécié tout particulièrement leur maitrise quasi-totale de chaque pupitre. Très, très peu de bande préenregistrée (Allons, notons une voix extérieure durant "Bullets"). Quatre maitres-bidouilleurs, Keeler, Griffiths, Berrier, et Noyce torturent leurs outils respectifs pour produire un large panel de sonorités, contribuant ainsi à entretenir les atmosphères subtiles et dosées, sans dépendre de pistes qui leur imposerait une quelconque procédure. 

A cette maitrise des sons, s'ajoute celle des voix. De très belles polyphonies, masculines ou mixtes, accentuent encore les sensations.

Attardons-nous sur les individus de ce … "collectif" (!). En premier lieu, Darius Keeler dont on aurait pu craindre une méforme ou une baisse de présence ; que nenni ! Plus agité que jamais, il ne se contente pas de se désarticuler derrière ses claviers, il vient haranguer son batteur comme pour l'inciter à frapper encore plus fort. Sa gestuelle particulièrement constante et énergique, me laisse imaginer qu'il accomplit là sa gymnastique de remise en forme. Compte tenu du combat qu'il vient de mener contre ce maudit crabe, j'imagine qu'il tient à lui démontrer qu'il est encore debout.

Son compère et cofondateur Danny Griffiths, placé à son opposé de la scène, est pour sa part bien plus introverti, concentré sur son clavier. Impassible et imperturbable jusqu'au salut final où il daigne accorder son sourire soulagé au public reconnaissant.

Au chant, on ne peut qu'admirer le jeu très éloquent et charismatique de Dave Pen. Son chant est puissant et juste, d'une mélancolie déchirante (Again), ou d'une colère retenue (Fuck You) ; il vit ses récits avec conviction.

Sans doute le plus "so british" de tous, Pollard Berrier est sobre, quoique paradoxalement expressif et captivant, ne fut-ce que par son regard inquiétant, à peine assombri par son chapeau vissé sur son crâne pendant tout le spectacle. Il intervient fréquemment au chant avec un timbre légèrement plus aigu, mais toujours aussi juste. C'est lui aussi un multi-instrumentiste. Il n'hésite pas à alterner les guitares et un clavier (Again). Fixé à son pied de micro, un boitier lui permet de bidouiller des sons improbables.

Je ne cacherai pas plus longtemps que j'ai succombé au charme britannique de Lisa Mottram même si les puristes viendront me rappeler les qualités de celle qu'elle remplace (Maria Q). Sa voix semble infantile et plaintive, elle est cependant convaincante et toujours juste. Cette jolie brune à l'aspect relativement austère s'intègre parfaitement à l'impression sombre qui se dégage du groupe. A l'instar de Griffiths, elle illuminera enfin son visage d'un beau sourire lors du salut final.

Quant aux trois autres fatalement en retrait au fond de la scène, ils ne sont pas en restes. Jonathan Noyce alterne une présence prégnante à la basse principalement mais aussi au clavier. Discret, mais pourtant essentiel en soutien voire en soli de guitares, Mike Hurcombe permet d'ajouter du corps aux accords (hihi elle est belle celle-là !) tantôt à la sèche, tantôt à l'électrique. En effet, Steve Barnard, le bucheron de service que j'avais si sévèrement critiqué dans mes deux précédents récits ; je dois admettre qu'après tout il assure son rôle avec l'efficacité requise pour ces compositions. Et cela avec le sourire d'un homme épanoui et impliqué (d'ailleurs "Smiley" est son surnom).

C'est ainsi qu'au fil du concert que je me suis volontiers associé à la ferveur d'un auditoire subjugué, qui n'a cessé d'acclamer les prestations. Je souligne la qualité de ce public enthousiaste mais poli ; pas de bousculade, que des sourires ébahis.

Dix œuvres sont visitées ce soir au travers de dix-huit titres, dont huit issus de "Call to Arms & Angels", deux de "Lights", un de "You All Look the Same to Me", un de "With Us Until You're Dead", un de "Controlling Crowds", un de "Controlling Crowds Part IV", un de "Noise", un de "Take My Head", et un de la bande-son du film "Voleuses".

PROGRAMME

  1. Mr. Daisy (Call to Arms & Angels, 2022)
  2. Sane (Lights, 2006)
  3. The False Foundation (The False Foundation, 2016)
  4. Vice (Call to Arms & Angels, 2022)
  5. Lights (Lights, 2006)
  6. Conflict (With Us Until You're Dead, 2012)
  7. Daytime Coma (Call to Arms & Angels, 2022)
  8. Surrounded by Ghosts (Call to Arms & Angels, 2022)
  9. The Skies Collapsing Onto Us (Voleuses, 2023)
  10. Take My Head (Take My Head, 1999)
  11. The Crown (Call to Arms & Angels, 2022)
  12. Fear There & Everywhere (Call to Arms & Angels, 2022)
  13. Enemy (Call to Arms & Angels, 2022)
  14. The Empty Bottle (Controlling Crowds Part IV, 2009)
  15. Gold (Call to Arms & Angels, 2022).

RAPPEL :

  1. Fuck U (Noise, 2004)
  2. Bullets (Controlling Crowds, 2009).

RAPPEL :

  1. Again (You All Look the Same to Me, 2002). 

Alors oui, je reconnais humblement mon retournement de veste. Je relis mes précédents récits avec le sentiment d'avoir été cruel et injuste. Mais tel était mon état d'esprit et je l'assume. La critique artistique est fatalement subjective, soumise aux contextes psychologiques et physiques de son narrateur.

Je me dois de reconnaitre que ce beau voyage, encore improbable la veille, est dû à l'instance bienveillante de ma P'tite Fée.








samedi 18 novembre 2023

AMAROK - Chez Paulette à Pagney-Derrière-Barine (54) – le samedi 18 novembre 2023.

Les deux concerts auxquels nous avions assisté, nous avaient subjugués. Un goût persistant de "reviens-y" maintenait notre soif de les revoir au plus vite.

Heureusement, le dévouement de l'association Arpégia, a incité AMAROK à inclure une étape Chez Paulette dans sa tournée automnale.

Hélas, on déplore encore une fois la faible affluence, surtout pour un samedi. Surtout pour une unique date en France de ces polonais, qui mériteraient une bien plus forte notoriété (tout au plus une centaine de mélomanes éclairés ont fait le déplacement, il en eut fallu le double pour la rentabilité de l'opération). Quelques bienheureux demeurent dans les environs, mais le site est, pour beaucoup d'entre nous, trop éloigné. En ce qui nous concerne, nous avons parcouru trois heures quarante sous une pluie constante durant les 290 km par la N4, bravant pas moins de vingt-un radars, très souvent vicieux. Mais l'effort en valait la peine. Notre démarche est à la fois passionnée, militante et affective. Car si la musique d'AMAROK est addictive, ses musiciens n'en sont pas moins humainement attachants. De surcroit, c'était une belle occasion de soutenir l'Organisation et de retrouver une bonne part des plus valeureux de notre microcosme. Et puis on pourra toujours nous opposer que le trajet des Polonais était bien supérieur au nôtre.

Au final, cela nous aura permis de saisir sans difficulté une belle place au premier rang juste en face du pupitre de Marta.

PLUS 33 [20:30-21:20] https://plus33.bandcamp.com/album/i-want

La redoutable fonction de chauffer la salle incombe au groupe strasbourgeois, mené par le claviériste Didier Grillot. Le quintuor rassemble sur cette scène Coralie Vuillemin (claviers, chœur), Didier Strub (batterie), Stéphane Bonacci (basse, ex-Cock Robin) et Philippe Rau (guitare).

Leur album "Open Window" est paru le 21 juin 2020. Un autre album "I Want" est paru ce 17 novembre 2023. Ce soir, nous avons pu entendre notamment "To Have", "To Be".

La sonorisation m'a semblé correcte même si notre emplacement nous imposait fatalement le son de la grosse caisse. Il n'y a guère que le pupitre de la guitare qui m'a semblé difficilement perceptible. Mais de mauvaises langues m'ont dit que je n'avais rien perdu…



Leur musique essentiellement instrumentale, ponctuée de quelques interventions vocales cristallines, exprimées par Coralie (notamment sur "To Be"), cherche un équilibre entre des atmosphères rock ou jazzy.

Personnellement, j'ai bien perçu quelques séquences intéressantes, surtout de la part de Didier Grillot. Mais, l'ensemble ne m'a pas semblé suffisamment harmonieux et cohérent pour emporter vraiment mon enthousiasme. Peut-être le symptôme d'un manque d'expérience scénique ? Le public progueux légendairement poli leur accorde volontiers des applaudissements. Nonobstant, après échanges d'impressions, quelques errances ont pu laisser perplexes quelques-uns d'entre nous.

Même si je n'ai donc pas adhéré pleinement, je pense que cette formation mérite d'être écoutée…D'ailleurs, ce que j'écoute a posteriori sur leur site "bandcamp" me séduit bien davantage !

AMAROK https://amarok.pl/ et https://amarokmusic.bandcamp.com/

Ce concept dit "art-rock" a été fondé en 1999 par le guitariste, multi-instrumentiste et chanteur Michał Wojtas et le guitariste Bartosz Jackowski, mais le premier album éponyme paraitra en 2001.

A l'occasion de la parution du quatrième album, "Hunt", le 23 juin 2017, les conversations sur le forum Chemical Harvest avait attiré mon attention, et j'ai été immédiatement séduit. Il faut savoir que cet opus marquait la sortie d'une pause de douze années (2005-17) durant lesquelles Michał Wojtas avait perdu ses repères. Cette réussite fut acquise notamment grâce au soutien de sa femme Marta Wojtas, qui a écrit les paroles, et qui a également rejoint la composition du groupe de façon permanente. Grâce aussi à la participation d'invités spéciaux Colin Bass (CAMEL) et Mariusz Duda (RIVERSIDE).

Le sixième album d'AMAROK, "Hero", est paru le 15 octobre 2021. C'est dans le cadre de sa promotion que nous avons enfin pu voir le groupe une première fois, le lundi 22 aout 2022, lors du festival Crescendo de Saint-Palais-sur Mer (17). Puis une deuxième fois, le jeudi 19 janvier 2023, au Spirit of 66 de Verviers (Belgique). Ils reviennent dans le cadre d'une tournée d'une quinzaine de dates. Elle a débuté par un premier volet de quelques concerts en Pologne, puis ponctuée par une prestation au festival Crescendo en Guyane, avant de revenir pour quatre prestations en Allemagne et deux aux Pays-Bas… Estimons-nous heureux de les choper ainsi au passage !

LE CONCERT [22:00-23:20].

Nous retrouvons ce soir le quatuor polonais toujours composé de Michał Wojtas (guitares, harmonium, claviers, thérémine), Marta Wojtas (chœur, percussions), Kornel Popławski (basse, claviers, violon), et Konrad Zieliński (batterie, depuis 2021).

La sonorisation m'a paru souvent mal équilibrée, ce qui peut être préjudiciable pour une musique aux harmonies si subtiles. Hélas, la guitare de Michał et la voix de Marta furent parfois difficilement perceptibles. En ce qui me concerne, rien de grave car mon oreille se chargeait de remplacer le son défaillant. Mais j'imagine que cet écueil n'était pas de nature à séduire le non-initié. Cela dit, il faut reconnaitre que notre obstination à occuper les premiers rangs aboutit assez fatalement à nous prendre la batterie de plein fouet (cela m'a rappelé le bienfait d'entourer la batterie d'un isolant phonique, comme le fait Marillion). Heureusement, cela semble ne pas avoir altéré le plaisir de l'auditoire, dont les ovations n'ont jamais faibli !

La similitude du programme de ce soir avec celui de janvier dernier m'autorise à reprendre quelques termes de mon récit précédent. Cette succession d'atmosphères, tantôt subtiles et éthérées, tantôt dansantes, nous a entrainés irrésistiblement vers les méandres mélancoliques du Créateur. Michał et Kornel sont de remarquables multi-instrumentistes qui maitrisent toutes les harmonies avec virtuosité. Pas de bande-son, seulement la pleine exploitation de leurs instruments. Les deux musiciens échangent leur pupitre avec aisance… Kornel, investi et expressif, alterne les bidouillages sur son pupitre électro, avec ses accords de basse mais aussi de violon sans omettre sa participation aux chœurs. Michał nous enivre aux sonorités de l'harmonium indien, effleure avec délicatesse et expressivité le thérémine, soutient les mélodies aux claviers, ou fait vibrer sa guitare avec sensibilité, sans oublier bien sûr sa voix douce et mélancolique. Marta est aussi une composante essentielle avec quelques interventions vocales mais surtout son usage enthousiaste des éléments de percussions tel que son gong, son bâton de pluie, son triangle, son djembé (et pourtant ce dernier outil a habituellement le don de m'agacer ; mais pas là, car Marta l'exploite avec subtilité)… Les frappes de Konrad, délicates ou fracassantes, accentuent les cadences requises avec une grande efficience.

L'esprit de l'auditeur chancelle et voyage au gré de lointaines évocations que l'oreille avisée peut assimiler à Dire Strait, Jean-Michel Jarre, Mike Oldfield ou Camel. … Michał est parvenu à fusionner ses influences musicales avec éclectisme et élégance. On se balance doucement, on médite sur des airs tels que "The Orb", ou encore "What You Sow" durant lequel Marta exprime une élégante chorégraphie avec un ruban, histoire d'accentuer encore l'impression onirique de l'instant. … D'autres morceaux tels que "The Dark Parade" et "Hail ! Hail ! Al", nous invitent crescendo dans un irrésistible maelström sur une rythmique tribale, avec laquel on trépigne jusqu'à l'exaltation puis l'euphorie.

Les sourires des spectateurs se conjuguent avec ceux des artistes qui sont manifestement heureux de partager cette soirée avec nous. L'ovation finale perdure, les applaudissements sont réciproques ; le bonheur est là.

A l'instar du concert du début d'année, Michał a choisi d'interpréter presqu'uniquement des titres des trois derniers albums parus. Parmi les quatorze titres, on aura écouté l'intégrale (les sept) de "Hero", cinq issus de "Hunt", un de "The Storm". Pour terminer en beauté, un inédit, "Hope is", laisse présager de belles émotions à venir avec le prochain album à paraitre l'année prochaine !

S'il manque des auditeurs, il manque aussi des photographes… Michał fait appel à un volontaire pour immortaliser ce moment, avant qu'il ne se dissipe dans la mémoire collective. Je regarde autour de moi, personne ne se lance. Je me propose donc, et monte avec une certaine fébrilité sur scène pour me positionner derrière la batterie. Je mesure le poids de ma responsabilité pour bien cadrer l'objet, sans manquer l'essentiel. Bref, mon cliché amateur semble avoir suffi à leur bonheur puisqu'il fut posté le soir même sur leur mur Facebook ! ouf !

PROGRAMME

  1. Anonymous (Hunt, 2017)
  2. Distorted Soul (Hunt, 2017)
  3. Idyll (Hunt, 2017)
  4. Winding Stairs (Hunt, 2017)
  5. Nuke (Hunt, 2017)
  6. The Storm (The Storm, 2019)
  7. It's Not the End (Hero, 2021)
  8. Surreal (Hero, 2021)
  9. Hail! Hail! AI (Hero, 2021)
  10. The Orb (Hero, 2021)
  11. Hero (Hero, 2021)
  12. The Dark Parade (Hero, 2021)
  13. What You Sow (Hero, 2021).

RAPPEL :

  1. Hope is (à paraitre en 2024).

On retrouve le quatuor à l'échoppe pour les remercier. Les portraits s'imposaient pour se souvenir de cette si belle soirée ! Michał semble confiant sur son retour en France en 2024… On verra bien. D'ici là, nous serons tout ouïe pour leur prestation lors de l'ultime Night of the Prog Festival, au pied de la Loreley en juillet 2024 !





lundi 13 novembre 2023

MARILLION – Le Trianon (Paris 18) - le lundi 13 novembre 2023.

Dès le lendemain matin de ce concert, nous apprenions une bien triste nouvelle.

Alors que nos musiciens favoris disparaissent inexorablement, les uns après les autres, notre microcosme de mélomanes passionnés n'imagine même pas que la Faucheuse puisse également s'attaquer à nous...

Dans mon précédent récit (PeB) j'évoquais le combat de Thierry de Haro contre ce redoutable prédateur, que nous connaissons tous plus ou moins intimement. Mes doigts peinent à inscrire mon chagrin d'avoir perdu un membre de notre chère communauté.

Repose en paix, l'ami ; nous n'en sommes plus à une futilité près ; feignons d'être convaincu que tu continueras d'assister avec nous aux concerts à venir, en plus de ceux que pourraient accorder les artistes partis avant toi.

Quant à nous, plus que jamais, la locution latine carpe diem s'impose …


L'année 2023 aura été riche en émotions musicales. MARILLION y avait déjà fortement contribué avec sa convention biennale de Port-Zeland (Pays-Bas). Et pourtant, leur annonce d'une tournée intitulée "A Tour before it's Christmas" ne pouvait qu'enthousiasmer les admirateurs. Il est des plaisirs dont on ne se lasse pas… Leur étape parisienne leur permet de revenir, plus de dix années après le vendredi 18 janvier 2013, au Trianon de Paris. Ma p'tite Fée, elle aussi enrôlée dans notre communauté depuis 2013, nous avait procuré nos tickets d'entrée depuis le 9 aout dernier. Depuis, de nombreuses autres émotions ont détourné notre attention, mais ces derniers jours l'impatience grandit ! Le concert est annoncé complet, mon fils a pu in extremis obtenir son ticket et beaucoup de nos amis viennent ; la fête se présente bien !

Nous sommes toujours émerveillés par ce petit théâtre parisien bâti en 1894, au 80 boulevard Rochechouart dans le 18ème arrondissement de Paris, au pied de la butte Montmartre. Complètement restauré en 2009, et rouvert au public en 2010, il est doté d'une capacité théorique de 1 091 spectateurs, qui peuvent se répartir entre la fosse et les deux étages de balcons. Son espace salon est particulièrement apprécié pour les après-concerts.

Avec ma p'tite Fée nous parvenons à nous placer à proximité de la scène, face au pied de micro du chanteur.

IAMTHEMORNING [19h00-19h30]. https://kscopemusic.com/artists/iamthemorning/

Je suis ravi de retrouver ce duo, russe mais anglophone, qui tente depuis 2010 d'emmener son auditeur dans ses volutes harmoniques de ce que certains osent nommer "prog de chambre". Leur musique douce, voire éthérée, m'a séduit une première fois le vendredi 1er juillet 2016, lors du Be Prog, My Friend Festival à Barcelone. Les deux fois suivantes (Convention Marillion de 2017) m'ont confirmé leur talent, impressionné par les accords virevoltant du pianiste virtuose Gleb Kolyadin, mais aussi par la voix fluette et enivrante de la chanteuse Marjana Semkina.

Un quatrième album "The Bell" est paru le 2 août 2019. Bien que sincèrement séduit par leurs concerts, je n'ai acheté aucun de leurs quatre albums, excepté celui en solo de son clavier, paru le 1er septembre 2018 et que j'écoute occasionnellement avec plaisir.

Le décor pour le duo est sobre ; à gauche pour le public, le piano électrique de Gleb Kolyadin fait face à Marjana Semkina dont le pied de micro est garni de torsades de feuilles de fougères et de fleurs. Toute la superficie du fond de scène montre une illustration évocatrice du groupe ; un piano enveloppé de vagues sous une voute étoilée. La sonorisation fut parfaitement équilibrée pour percevoir le frêle timbre de la chanteuse accompagné des sonorités classiques du piano.

Comme pour rassurer son auditoire et coller à l'actualité, Marjana ponctue la fin du premier titre par un message visant à préciser que leur identité russe ne les assimile pas à leur gouvernement. Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris, mais il semble qu'elle soit soulagée de demeurer en Angleterre ce qui leur évite la prison (sous réserve de ma traduction).

Je retrouve avec bonheur mes sensations antérieures en assistant à leur prestation. Certes, l'attitude très juvénile de Marjana peut agacer les plus endurcis. Mais c'est son personnage, et elle joue cette carte à fond avec conviction et légèreté. Pieds nus, et drapée de noir, elle confesse elle-même abuser de sujets morbides. Mais cet aspect gothique n'est pas pour me déplaire. Toutefois, pour le seul titre un peu plus guilleret du répertoire, elle parvient avec charisme à se faire accompagner du public, qui est invité à battre des mains à son rythme. Et puis, elle n'est pas laide ce qui ne gâche rien. Cependant, comme d'habitude en ce qui me concerne, c'est le pupitre de Gleb qui me sidère toujours autant. Modeste, il laisse Marjana s'exprimer et pourtant son seul talent pourrait me suffire.

Le public leur accorde de belles ovations admiratives, sans excès mais suffisamment sincères pour satisfaire le couple qui quitte la scène avec le sourire.

PROGRAMME
Titres à déterminer

MARILLION [20h20-22h20] https://www.marillion.com/

Les disciples de MARILLION contribuent tout particulièrement aux ambiances réussies de leurs concerts. Ce soir encore personne ne ressort insensible de cette messe émouvante en tous points.

Il convient de préciser que les fidèles se trouvent autant sur la scène que dans son auditoire. MARILLION, qui a débuté à Aylesbury, Royaume-Uni, brille en effet par sa stabilité ; Steve Rothery (guitares depuis 1979), Pete Trewavas (basse, depuis 1981), Mark Kelly (claviers, depuis 1981), Ian Mosley (batterie, depuis 1984) et Steve Hogarth (chant, depuis 1989). Notons que le percussionniste Luis Jardim semble s'installer durablement au sein du groupe sur scène. Quant aux auditeurs, il suffit de les entendre chanter les paroles pour comprendre leur ardeur à suivre ce groupe britannique si attachant.

Leur vingtième album "An Hour Before It's Dark" est paru le 4 mars 2022 ; il avait déjà justifié une tournée l'an dernier, dont un concert au Zénith le dimanche 23 octobre 2022.

Comme pour leur concert du samedi 10 décembre 2016 à l'Elysée Montmartre, celui-ci débute par la diffusion sur l'écran du visage tourmenté de Steve H, prélude à l'interprétation de "The Invisible Man". L'enchainement avec "Easter" nous a convaincu d'un excellent concert en cours !... Le public participe, chante à gorge déployée, … l'émotion est là !

La sonorisation s'avère rapidement parfaitement équilibrée, dans ce théâtre dont l'acoustique est excellente. A cet effet, notons que la batterie d'Ian Mosley placée au fond mais sur la gauche pour le public, demeure protégée d'une cage transparente, ce qui atténue l'impact de ses frappes sur les auditeurs des premiers rangs ! J'ai tout particulièrement apprécié de pouvoir ainsi distinguer clairement les accords de basse de Pete durant toute la prestation ! Cette notion d'équilibre est également entretenue par un éclairage bien étudié pour soutenir les atmosphères des chansons. Des tubes fluorescents et multicolores sont plantés à plusieurs endroits de la scène, délivrant ainsi des lumières indirectes du plus bel effet. Le large écran de fond de scène contribue aussi par ses illustrations à entretenir un sentiment d'immersion.

Ce soir constitue leur deuxième date de la mini-tournée. Les musiciens nous semblent heureux, détendus et au meilleur de leur forme artistique.


A l'instar de la voix de Steve Hogarth qui n'a jamais fait défaut. Il s'investit corps et âme dans chacune des chansons avec l'éloquence des meilleurs comédiens, accoutré de plusieurs costumes au cours de la soirée. Son charisme puissant accapare souvent l'attention de l'auditoire. Sa sensibilité habituelle fut encore davantage ressentie et partagée lorsqu'il rendit hommage à ce huitième triste anniversaire de l'attaque terroriste du Bataclan que constitue malheureusement ce 13 novembre ; j'ai nettement distingué les larmes dans ses yeux lors de cette évocation. 

La guitare de Steve Rothery demeure une source d'émerveillement pour tous les mélomanes. Là aussi, on peut parler de grande délicatesse exprimée dans les accords si subtilement posés dans un tourbillon d'harmonies enivrantes. Son faciès "so british", laisse toutefois transparaitre ses émotions notamment comme pour accentuer l'intensité de ses notes, ou encore pour esquisser un sourire complice et amusé lorsque Mark Kelly derrière lui se trompe sur sa partition (une fois ce soir).

J'ignore si la modestie de Pete Trewavas qu'il affiche est réelle, mais son talent n'en est que plus admirable. Ses interventions, au sein de MARILLION mais aussi au sein de TRANSATLANTIC sont empreintes d'un subtil mélange de finesse et de puissance à la basse, et de justesse aux chœurs. Cette fois un peu éloigné de son pupitre, je n'ai cependant pas manqué de poser mon regard sur son jeu.

De son socle surélevé, Mark Kelly délivre discrètement mais efficacement toute l'étoffe mélodique requise. Juste un petit bémol d'admiration ; à mon humble avis, compte tenu du matériel dont il dispose, j'estime qu'il s'honorerait de remplacer quelques-unes des bandes sons préenregistrées par ses propres interventions. Souvent souriant, et réceptif, il m'a parfois semblé qu'il recherchait dans nos regards admiratifs de quoi entretenir son entrain.

Placé en bordure de scène et entouré de ses plaques transparentes, Ian Mosley se distingue davantage qu'il ne se voit. Son style de frappe est raffiné et nuancé ; juste ce qui est requis pour MARILLION. Il est désormais soutenu par les nombreuses interventions de Lewis Jardine, placé au centre du fond de scène, dont les percussions contribuent à enrichir encore la rythmique déjà puissamment exprimée par Pete et Ian.

L'ensemble de ses talents réunis aura procuré à l'auditoire sa dose de bonheur qu'il était venu chercher en ces


temps agités. Les deux Steve furent éblouissants dans leurs interprétations, et plus globalement le groupe retransmet avec précision et efficacité toutes les émotions intrinsèques aux compositions.

L'opus "An Hour Before It’s Dark" rend décidément aussi bien sur disque qu'en concert. Pourtant, les bandes sons préenregistrées m'agacent toujours, malgré tout ce qui pourrait en justifier l'usage. Lorsque je regarde le taux d'occupation de Mark Kelly, sur ce passage (ainsi que sur le magnifique "The Crow and the Nightingale"), je me dis qu'une nappe aux sonorités "chœur" serait la bienvenue. Mais bon, je peux paraitre sans doute trop vieille école ; un musicien pour un instrument, tout ça… Mais, j'estime que mon opinion ne vaut pas moins qu'une autre, alors j'assume.

L'interprétation de titres rarement joués à Paris ne pouvait que nous satisfaire ; "Lucky Man" (depuis 2013 ?) "Beyond You" (depuis 2019 ?) et "Quartz" (depuis 2011 ?) ou encore le magnifique "Splintering Heart" (depuis  2007 ?). Tous les titres m'ont ravi, mais "Neverland" en rappel fut un sommet !

Le public, exalté par ce programme magnifique n'aura pas été parfaitement récompensé puisque le concert est hélas écouté de trois titres, par rapport à la veille. Nous aurons été privés de "Living in F E A R"  "Hotel Hobbies" et "Slàinte Mhath", exclus soit disant pour ne pas déranger le voisinage … Mais sacré bon sang, sachant qu'il y aurait une heure butoir, pourquoi ne pas avoir débuté la soirée plus tôt ? Je ne prétends pas avoir de grandes compétences en matière d'organisation de concerts, m'enfin faut pas être un grand stratège pour prévoir cela !! Très frustrant en tous cas, même si le surlendemain (15) à Utrecht (PB) ce fut la même pénalité.

Disposant d'une discographie aussi fabuleuse, le choix d'une programmation peut être frustrant pour une partie de l'auditoire. Sur leurs vingt opus, sept ont donc été sélectionnés. Parmi douze titres, trois sont issus de An Hour Before It’s Dark, 2022, deux de Afraid of Sunlight, 1995, deux de Marbles, 2004, deux de Sounds that Can't Be Made, 2012, un de Anoraknophobia, 2001, un de Holidays in Eden, 1991, et un de Seasons End, 1989.

PROGRAMME 
1. The Invisible Man (Marbles, 2004)
2. Easter (Seasons End, 1989)
3. Reprogram the Gene (I) Invincible (An Hour Before It’s Dark, 2022)
        Reprogram the Gene (II) Trouble-Free Life
        Reprogram the Gene (III) A Cure for Us?
4. Lucky Man (Sounds that Can't Be Made, 2012)
5. Beyond You (Afraid of Sunlight, 1995)
6. Sounds That Can't Be Made (Sounds that Can't Be Made, 2012)
7. Quartz (Anoraknophobia, 2001)
8. The Crow and the Nightingale (An Hour Before It’s Dark, 2022)
9. Care (I) Maintenance Drugs (An Hour Before It’s Dark, 2022)
        Care (II) An Hour Before It's Dark
        Care (III) Every Cell
        Care (IV) Angels on Earth.
RAPPEL :
10. Splintering Heart (Holidays in Eden, 1991)
11. Neverland (Marbles, 2004).
RAPPEL 2 :
12. King (Afraid of Sunlight, 1995).

Mon dix-neuvième concert de MARILLION entretient ainsi mon admiration et mon impatience d'assister à d'autres prestations. On pense déjà à la prochaine Convention en 2025. Gageons que d'ici là il y aura d'autres occasion de les revoir… Et pourquoi pas le prochain et ultime Loreley !? A ce jour, le programme laisse encore des options, même si le Steve Rothery Band y figure déjà…

 


ADDITIF SUPERFLU RESERVE AUX NOSTALGIQUES

En marge de ce récit fraichement vécu, je ne résiste pas à l'envie de me lamenter une nouvelle fois sur mes remords, au risque de lasser mon lecteur qui pourra ainsi s'en exempter. Car mon parcours d'admirateur de MARILLION aurait pu/dû débuter dès 1984.

Un émérite philosophe a dit : "Il est deux choses contre lesquelles on ne peut trop se tenir en garde : l'obstination, si l'on se renferme dans sa sphère ; l'insuffisance, si l'on en sort". Cette citation me parait parfaitement illustrer mon sentiment à l'égard de Marillion…

Au moins deux de mes amis proches de l'époque me parlaient avec insistance de ces anglais prometteurs. Mais il y avait deux approches possibles ; il y avait celle d'un vrai mélomane curieux (que j'étais déjà, mais manifestement pas suffisamment consciencieux), et celle du gourmand insatiable qui, à l'époque était surexcité par les nouveaux sons qui foisonnaient avec la NWOBHM. A l'issue d'écoutes sans doute trop distraites, MARILLION m'avait semblé dispensable

A cette époque, j'ai ainsi méprisé leurs prestations. Ma consultation (un peu sado j'en conviens) de l'historique de leurs tournées, rien que sur l'ère Fish, a de quoi entretenir une certaine amertume. Je m'accorde des circonstances atténuantes pendant ma période sous le drapeau (même si j'étais parvenu à assister à douze autres concerts) ; le 7 avril 1984 au printemps de Bourges, le 11 mai 1984 à l'Eldorado, et le 15 novembre 1984 à l'Espace Balard. En revanche, durant la période suivante, où je n'hésitais pourtant pas à sortir, j'aurais pu certainement aller le 8 novembre 1985 au Zénith de Paris, le 14 juin 1986 à l'hippodrome de Vincennes, le 9 juillet 1987 au Zénith de Paris, le 14 décembre 1987 au Palais Omnisport de Bercy et enfin le 4 avril 1988 au printemps de Bourges…

Bref, cette désinvolture aura au moins eu le mérite de m'épargner ces luttes fratricides survenues après le départ de Fish et l'arrivée de Steve Hogarth. J'avais déjà vécu cela avec le décès de Bon Scott et l'arrivée de Brian Johnson, cela m'avait bien suffit ! Ensuite, je confesse avoir délibérément ignoré le parcours du groupe jusqu'en … 2007 ! Eh ouai… Il aura fallu mon engouement pour un certain Steven Wilson, et ma participation à un Forum de discussions (Chemical Harvest, administré par Christophe Demagny que je remercie au passage) pour m'apercevoir que j'avais dû rater quelque chose… J'assistais d'abord en spectateur aux débats passionnés qui ont suivi la parution de "Somewhere Else" en 2007. Puis, l'enregistrement pirate d'un concert de cette tournée a contribué à m'intriguer sans cesse davantage. Ainsi, mon premier mp3 sur mon portable ne fut pas un album, mais le pirate enregistré le 13 décembre 2007 à l'Elysée Montmartre !

Enfin, le divin Saint-Esprit m'a éclairé jusqu'à la parution salvatrice, le 20 octobre 2008, de "Happiness Is The Road", composé de deux volets ; "Essence" et "The Hard Shoulder". Hallelujah, j'avais enfin trouvé la Porte qui allait me permettre une remontée dans le Temps ! Je sais bien que les avis diffèrent sur ce diptyque, pourtant il a pour moi une importance capitale. D'abord musicalement je l'adore, bourré de mélodies entêtantes ("This Train Is My Life", "Wrapped Up In Time", "Whatever Is Wrong With You", "Real Tears For Sale", entre autres..), mais aussi d'accords sublimes de Monsieur Steve et de ses complices.

Ces qualités m'ont permis de renouer avec ce groupe que j'avais tellement injustement dénigré depuis le début des années 80, pour des prétextes spécieux que je regrette amèrement encore aujourd'hui ... Mon obstination légendaire, encore elle... Bon sang, plus de vingt années.