samedi 22 juillet 2023

RAMMSTEIN – Stade de France – samedi 22 juillet 2023.

 

De cette tournée des stades débutée en 2019, leur seule date française en 2022 était le 8 juillet, à Décines-Charpieu (Lyon) ; nous y sommes allés, avec ma P'tite Fée et mon fils. Cette année, la seule date française est à St-Denis (Paris) ; j'y vais avec mon fils, ma p'tite Fée étant dégoutée des stades.

Ce début d'été musical est décidément bien agité. J'avoue que cette date figurait à mon calendrier depuis longtemps, mais l'évènement fut réputé complet dès l'ouverture des ventes de tickets. J'étais donc prêt à renoncer, surtout au regard du dispositif de revente mis en place par le Stade de France. Les tickets à prix coutant sont augmentés de frais de réservation … de +26 € ! J'ai tout de même cédé à la tentation, l'après-midi même, en me procurant le Sésame pour la pelouse, malgré tout. Mais c'est un ticket virtuel non imprimable, dispositif mis en place par le Stade de France pour lutter contre les fraudes ; frustrant pour mon recueil de tickets. Mes deux fils, eux seront en "Feuerzone".

Et puis honnêtement, mon esprit insolent et rebelle attisait l'envie de soutenir le groupe. J'évite d'aborder les sujets qui fâchent ou divisent (religion, politique, faits de société) dans mes récits. Mais là, j'estime que c'est différent ; RAMMSTEIN est confronté à ce que je considère comme un procès d'inquisition médiatique contre l'attitude de Till, qui aurait manqué de respect à une admiratrice sans doute un peu trop naïve. Il faut bien méconnaitre le personnage pour ne pas se méfier de ses invitations ! Et quand bien même il aurait effectivement "tenté sa chance" ; franchement, depuis les années 70, qui n'a pas entendu parler des excès réputés rock'n'roll après les concerts ? On pourrait citer moult rockers qui en ont profité. Ce "wokisme" puritain tous azimuts me gonfle, car il piétine et rogne petit à petit toutes les libertés acquises qui ne doivent s'arrêter qu'à la nuisance d'autrui. Et j'ajoute que je préfère accorder à Till la présomption d'innocence, dans un contexte pourri par les avocats plus motivés par l'appât du gain que par la morale. S'il s'avère qu'il a effectivement usé de stratagèmes peu recommandables et objectivement condamnables, il sera toujours temps de réagir. Ou pas. Y'en a marre !

Et du reste, j'observe que cette agitation médiatique est loin d'avoir effrayé la gent féminine dont la proportion est, ce soir encore, proche des 50% du public.

J'arrive en pelouse vers 18h et parviens à me placer au centre, un peu avant l'axe des deux premiers derricks latéraux ; mon point de vue et d'écoute est relativement acceptable, pour un stade. Je suis entouré d'une part non négligeable de spectateurs étrangers, surtout allemands.

DUO ABELARD [20h-20h30]
https://www.francetvinfo.fr/culture/musique/rock/duo-abelard-les-pianistes-francaises-qui-enchantent-les-premieres-parties-de-rammstein_5267980.html

C'est à nouveau le duo de lyonnaises ABELARD, Héloïse Hervouët et Katherine Nikitine, qui assure les premières parties de soirée des allemands sur cette nouvelle tournée des stades.

Elles sont appréciées d'une bonne partie du public, et de moi en particulier. Leur interprétation démontre que la musique de Rammstein est certes puissante et flamboyante, mais est aussi mélodieuse. Un peu de poésie dans un monde de brutes, en somme. Peu de changement par rapport à leur prestation de Lyon. Leur honorable courage est récompensé par une écoute respectueuse d'un public a priori peu enclin à cette approche musicale.

PROGRAMME

  1. Rammlied
  2. Mein Herz brennt
  3. Mutter
  4. Engel
  5. Du riechst so gut
  6. Zeit
  7. Frühling in Paris
  8. Sonne
  9. Deutschland
  10. Du hast.

Le public des gradins lance une belle Ola qui fait quelques tours avant de s'évanouir dans l'impatience.

RAMMSTEIN [21h10+-23h25]

Formé en 1994 à Berlin, le groupe demeure composé de ses six membres originaires d'Allemagne de l'Est ; Till Lindemann (chant), Richard Zven Kruspe (guitare, chœurs), Paul H. Landers (guitare, chœurs), Oliver Riedel (basse), Doktor Christian "Flake" Lorenz, claviers, Christoph "Doom" Schneider (batterie).

La scénographie est identique à celle de l'an dernier ; une structure monumentale, un décor industriel, grandiose et massif. Nous retrouvons la large tour centrale sur laquelle apparaitra un dispositif ascensionnel ; elle est elle-même surmontée d'une sorte de vasque olympique qui s'enflammera durant le concert. Le reste de cette colossale construction est constellé de projecteurs et d'enceintes prêts à déverser feux et décibels. A chaque extrémité latérale sont dressés des grands écrans pour les spectateurs sur les côtés et un écran plus petit est posé sur l'ascenseur central de la structure, pour le public de face. Mais ce dispositif n'est pas réellement de nature à satisfaire les spectateurs installés en fond du stade. Dans la fosse, une scène secondaire a été installée sur notre côté gauche. La pelouse du stade est encadrée de quatre derricks métalliques prêts à cracher les énormes jets de flammes !

Le sigle de RAMMSTEIN s'élève sur l'écran central, signe que les hostilités ont commencé ! Till descend sur scène depuis un ascenseur, coiffé d'une crête iroquoise blonde (qui ne résistera pas longtemps !). Sa voix caverneuse de baryton résonne dans le stade et se distingue des instruments.

Je suis ainsi très vite rassuré sur l'acoustique. On est loin de l'idéale, mais elle s'avèrera bien meilleure que celle ressentie dans les gradins du stade de Lyon, l'an dernier. Ses réverbérations sont inhérentes au site, il faut l'accepter et franchement, j'ai connu bien pire. Les chansons sont reconnaissables, les pupitres sont audibles ; guitares, clavier, chant. Pour davantage de subtilités, je dispose de mon salon, épicétou. N'oublions pas que nous sommes là surtout pour la teuf, pas pour boire le thé avec le petit doigt levé.

Sur le plan musical, j'ai peu apprécié la séquence électro, devenue semble-t-il rituelle, avant "Deutschland" sur laquelle les musiciens vêtus de diodes électroluminescentes produisent une chorégraphie, rythmée par Richard Z. Kruspe qui officie en "DJ" sur son balcon surplombant la scène. Mouai… Heureusement que la version plus académique de "Deutschland" s'enchaine derrière, remettant ainsi les pendules à l'heure. En revanche, j'ai beaucoup apprécié la séquence plus calme durant laquelle le clavier, un guitariste et le batteur nous ont bercés d'une mélodie apaisante. D'une façon générale, j'ai apprécié la présence et la maitrise de chacun, ainsi que l'usage très limité de bandes-sons ; en effet Christian "Flake" Lorenz assume parfaitement ses accords, mais aussi les moments de transitions. Son statut de souffre-douleur (Mein Teil) aurait tendance à stimuler notre compassion, mais en fait c'est la tête pensante du groupe, et son pupitre tient une place qui me semble prépondérante.

Sur le plan visuel, comme d'habitude c'est la maitrise totale. La mise en scène est imposante et mise en valeur par un éclairage soigné. Bien entendu des effets pyrotechniques ne cèdent aucune place à l’improvisation, tout est prévu avec une rigueur germanique. Il s'agit d'éviter les erreurs, quand on joue avec le feu, elles peuvent être fatales ! Il faut vivre ces moments incandescent pour comprendre la puissance de feu dégagée par ce spectacle de fous.

D'abord sur scène, avec "Puppe" durant laquelle le landau brûle avant d'expulser des milliers de confettis noirs sur tout le stade. Mais aussi avec "Mein Teil", le martyre traditionnel de Flake qui amuse toujours autant ; le pauvre doit se cacher dans sa marmite et subir le feu craché depuis des lance-flammes de toutes tailles, parfaitement maîtrisés par Till, à l'acmé de son art pyrotechnique.

Puis, dans l'enceinte, avec le diptyque infernal "Du hast"/"Sonne", durant lequel le feu se déchaine. Till actionne l'arbalète provoquant un aller-retour d'effets pyrotechniques entre la scène et le milieu du stade. Le feu passe de la scène aux derricks avant d'enflammer le stade d'une luminosité incandescente ! Je l'avais vécu auparavant depuis les gradins, c'était déjà très chaud. Mais en fosse, j'ai eu l'impression d'être dans une rôtissoire !

Après les fortes émotions ressenties durant "Sonne", les cinq membres groupe reviennent pour un rappel sur la scène annexe dont ils occupent le périmètre, entourant ainsi les deux pianistes. "Engel" est interprété en acoustique accompagné du duo ABELARD. Magnifiques instants de grâce, et de communion puisque les paroles s'affichent sur l'écran central, invitant ainsi le public à participer à un gigantesque karaoké ! Puis ils quittent cette mini-scène à bord de trois bateaux gonflables qu'ils font porter par une foule bienveillante vers la scène principale, sur l'air de "Engel". Ce relativement court moment de répit est balayé par les très festifs "Ausländer" et "Du riechst so gut".

L'humour des cadreurs d'images de la soirée n'est pas en reste. Comme d'habitude les caméras chassent les personnages atypiques dans la foule, susceptibles de recueillir une ovation particulière. Cette fois, le public choisi un couple d'hommes déguisés en nonne pour redoubler d'acclamation à chaque fois que l'objectif se pose sur les deux mecs, à la mine évidemment réjouie ! 

Je n'ai pas vu le temps passer, on approche déjà de la fin alors que le second rappel mettra un terme à ce concert torride !

La chanson "Adieu" clôt avec émotion un concert chaud, trèès très chaud ! Des milliers de confettis, blancs cette fois, inondent de nouveau tout le stade, alors que les derricks continuaient à cracher des flammes ; j'imagine que quelques confettis n'y aurons pas survécu !

Le programme s'est déroulé avec peu de modification par rapport à l'an dernier. L'admirateur astucieux aura juste noté que, sans doute à cause du contexte que traverse Till, la chanson "Pussy" est pudiquement remplacée au profit de "Ohne dich". Le titre intro de 2022, "Armee der Tristen" est remplacé par "Rammlied", qui n'avait pas été joué depuis longtemps. Les titres "Zick Zack", "Zeig dich", "Heirate mich" sont également passés à la trappe, au profit de "Angst" "Bestrafe mich" et "Giftig". Les deux rappels sont identiques, hormis Pussy donc.

Près de deux heures et quart pour 21 titres dont quatre titres issus de "Rammstein" (2019), quatre de "Mutter" (2001), quatre de "Zeit" (2022), deux de "Herzeleid" (1995), quatre de "Sehnsucht" (1997), deux de "Reise, Reise" (2004) et un de "Liebe ist für alle da" (2009).

PROGRAMME

  1. Rammlied (Liebe ist für alle da, 2009)
  2. Links 2-3-4 (Mutter, 2001)
  3. Bestrafe mich (Sehnsucht, 1997)
  4. Giftig (Zeit, 2022)
  5. Sehnsucht (Sehnsucht, 1997)
  6. Mein Herz brennt (Mutter, 2001)
  7. Puppe (Rammstein, 2019)
  8. Angst (Zeit, 2022)
  9. Zeit (Zeit, 2022)

Intro électro : Deutschland (Remix by Richard Z. Kruspe)

  1. Deutschland (Rammstein, 2019)
  2. Radio (Rammstein, 2019)
  3. Mein Teil (Reise, Reise, 2004)
  4. Du hast (Sehnsucht, 1997)
  5. Sonne (Mutter, 2001)

RAPPEL :

  1. Engel (en acoustique avec le Duo Abélard a piano, sur la scène annexe) (Sehnsucht, 1997)
  2. Ausländer (Rammstein, 2019)
  3. Du riechst so gut (Herzeleid, 1995)
  4. Ohne dich (Reise, Reise, 2004)

RAPPEL : 2:

  1. Rammstein (Herzeleid, 1995)
  2. Ich will (Mutter, 2001)
  3. Adieu (Zeit, 2022).

Bande-sons : Sonne (Piano-Version), Haifisch, (Haiswing Remix by Olsen Involtini), Lügen.

Les cinq membres du groupe saluent longuement le public, avant de rejoindre l'élévateur central qui les mène vers le sommet où ils disparaissent dans une dernière explosion de feux d'artifices. Grandiose !

Voilà c'est fini. Je suis ravi de mettre fin à une série de deux concerts décevant à Nanterre et à Lyon ; celui-ci rejoint (sans toutefois le dépasser) mon souvenir de Bercy (qui a fait l'objet du DVD). Après tant d'efficacité, on pourrait pourtant déplorer un manque d'imagination pour faire évoluer leur spectacle ; on retrouve depuis un bout de temps les mêmes recettes, la marmite, le landau, les canots, les derricks (…) qui certes sont légitimement attendues mais pourraient être modifiées, voire remplacées (argh !). Mais bon, je chipote et je ne regrette en fait qu'une chose, c'est le prix prohibitif des tickets.

Quelque peu fourbu par près de six heures debout, je me rue sur une bière. Je me fixe un objectif de sagesse, pas de t-shirt aujourd'hui ; il faut dire qu'à 40€ pièce, je peux me contenter de celui de l'an dernier, qui lui est semblable. Mes fils me rejoignent, les mines ravies. Nous sommes heureux, mais nous devons traverser tout Paris pour retrouver nos foyers, mais c'est une autre histoire (…)


vendredi 14 juillet 2023

XVIth NIGHT OF THE PROG FESTIVAL 2023 Loreley Freilichtbühne, Les 14, 15 & 16/07/2023.

C'est dans l'allégresse d'un dévot, accompagné de ma pieuse P'tite Fée, et de mon bienheureux fils, que j'accomplis mon quatrième pèlerinage au pays de la Loreley, afin de retrouver notre microcosme d'adeptes venus s'enquérir de l'actualité musicale, et afin d'y trouver notre nourriture spirituelle, aux sons divins de notre rock progressif favori ! Ô rage, Ô désespoir, que n'ai-je attendu 2018 avant de céder enfin aux doux appels de la Sirène du Rhin ! J'expie maintenant mon coupable mépris pour ce glorieux Festival qui a pourtant offert tellement de réjouissance depuis l'an de grâce 2006 ! Je devine dans le sourire de mon lecteur un mélange de compassion et de moquerie. Accablé de remords, je ne puis que courber l'échine, et jouir du temps présent qui m'est sans doute offert avec miséricorde par Apollon, Dieu des Arts, du Chant, et de la Musique. Carpe Diem, amen.

Cette XVIième édition propose dix-neuf groupes représentant neuf nationalités (quatre d'Allemagne, cinq de Grande-Bretagne, deux de Suède, deux de Norvège, deux de France, un d'Ukraine, un d'Italie, un des Pays-Bas, et un du Canada). En face de ces troubadours contemporains, l'auditoire est également très international ; des langues scandinaves, latines et anglo-saxonnes résonnent dans une joyeuse polyphonie.

Parmi ces dix-neuf groupes, je me réjouis d'en revoir huit ; NICK MASON’s Saucerful of Secrets (GB), OAK (N), LEPROUS (N), SOEN (S), KARFAGEN (UK), ESTHESIS (F), FRANCK CARDUCCI (F), et ANNEKE VAN GIERSBERGEN (PB). Parmi les onze autres, je suis impatient de jauger sur scène certains artistes ciblés ; CYAN (GB), AGUSA (S), WISHBONE ASH (GB) et peut-être ABEL GANZ (GB) ainsi que THE MUSICAL BOX (CN). Pour le reste je serai en mode "totale découverte". L'affiche définitive de cette année me motive ainsi au moins 40% ! Voire à 70% si j'ajoute les artistes à évaluer sur scène !! Les 30% restant correspondant à ma curiosité insatiable. Ces proportions correspondent à celles que j'attends d'un festival, qui se doit d'être non seulement un lieu attractif en honorant ses artistes confirmés, mais aussi prospectif en misant sur l'avenir de musiciens dont le talent mérite souvent d'être reconnu.

Comme à l'occasion des compétitions sportives internationales, on trouvera autant de programmateurs frustrés que de festivaliers, présents ou pas. Moi le premier, je confesse volontiers m'être sans doute un peu trop enthousiasmé suite aux rumeurs persistantes ; "on" parlait de PENDRAGON, et de ROGER HODGSON, mais aussi de PORPUPINE TREE (Winfried Völklein et de son équipe avaient déjà fait une offre pour Porcupine Tree dès février 2022, mais Steven Wilson a malheureusement opté pour d'autres lieux) …

Quoi qu'il en soit, je ne regrette absolument pas mon pari engagé l'an dernier, en misant sur les tickets anticipés, sans connaitre l'affiche. Jusqu'à présent Winfried Völklein et son équipe, sont toujours parvenus à nous surprendre ou/et à nous ravir, parfois avec des artistes improbables. L'audace le pousse chaque année à nous proposer des affiches éclectiques et (d)étonnantes. Et puis, de surcroit, ce cadre idyllique, romantique et champêtre exceptionnel restera attractif pour une bonne partie de notre microcosme de mélomanes.

Par ailleurs, le festival suggère pour la deuxième fois cette année de participer le jeudi à ce qu'il appelle une "Warm Up Party", dans la cour du Weinstübchen, au Loreley Winery à St. Goarshausen, donc en contrebas du site. Un certain Diggin' Gabriel a prévu d'interpréter des chansons du répertoire de Peter Gabriel. Mais nous avons d'autres projets.

Notre microcosme, composé de mon fils Samuel, ma P'tite Fée Sandrine, Xavier et Véronique, Hervé et Jacqueline, Fiona et Zôlt, Pascal et Valérie, Steven, Michel, Catherine, s'est enfin réunit en cette fin du jeudi d'après-midi sur la terrasse de notre hôtel favori. Une bière bien fraîche efface sans difficulté les agacements de la route. D'autres amis se joindront à nous plus tard, Eric et Christine, ainsi que Martin qui a opté pour le camping !

Nous avions prévu par avance de nous réunir dans un p'tit restaurant situé en face de notre hôtel. Nous y festoyons dans la joie et la bonne humeur !

VENDREDI 13 JUILLET 2023

Ouverture des portes : 14h15. Ciel bleu, chaleur tempérée par un petit zéphyr.

Un gaillard petit déjeuner, suivi d'une sieste réparatrice de la veille, nous permet d'envisager cette première journée avec sérénité et entrain ! Les équipages de voitures se mettent en route vers le site.

Ma P'tite Fée et mon fils
Avec mon fils, Samuel

Aussitôt arrivés, nous nous allons à l'échoppe nous procurer le t-shirt officiel du festival, qui est particulièrement joli cette année ! 30€ ca reste raisonnable….

15h : TIME SHIFT ACCIDENT. (ALLEMAGNE)
https://generationprog.bandcamp.com/album/chronosthesia

Ce quatuor instrumental erre entre le rock progressif et le jazz/rock fusion, depuis fin 2013. Il a développé son propre répertoire, combinant naturellement des éléments de rock prog et de fusion, mais aussi des éléments de latin, de métal et de jazz pour créer son propre mélange de styles. En 2019, cette évolution a culminé avec l'enregistrement de leur premier album "Chronosthesia".

Le groupe se compose de Paul Ettl (batterie), Michael Schetter (basse, ex-Relocator, ex-Seven Steps to the Green Door), Dave Mola (guitare, depuis 2017, ex-Effloresce), et Günter W. Schmuck (claviers, depuis 2019).

TSA a hérité du redoutable défi de débuter le Festival. La sonorisation est pourtant équilibrée et permet au maigre public déjà présent de s'imprégner des premières notes de l'évènement. Ce voyage musical gavé de mélodies et de soli impressionnants a su capter mon intérêt. Cet univers me semble similaire à celui des Hongrois Special Providence (vus ici en 2019) ou à celui des américains Liquid Tension Experiment, ou Polyphia (qu'on aimerait bien voir ici).

La haute technicité a pris une partie du public à froid, mais le groupe recueille pourtant une belle ovation, que je considère méritée.

C'est assurément une très belle entame pour ce festival, une belle découverte musicale, déjà !

Parmi les sept titres interprétés, six sont issus de leur opus le plus récent.

PROGRAMME

  1. Cold Case (Chronosthesia, 2019)
  2. Boonar Eclipse (Chronosthesia, 2019)
  3. Ignalina Forest (Chronosthesia, 2019)
  4. Damascus Dance (Chronosthesia, 2019)
  5. Borsuki (Chronosthesia, 2019)
  6. Relocator (reprise de Relocator, Relocator, 2010)
  7. The Hand of God (Chronosthesia, 2019).

Time Shift Accident

16h15 : ABEL GANZ. (GRANDE BRETAGNE)
https://abelganz.com/ et  https://abelganz.bandcamp.com/

Formé en 1980 à Glasgow, avec le claviériste Hew Montgomery et le multi-instrumentiste Hugh Carter, au Royaume-Uni. Malky McNiven (guitares) et Ken Weir (batterie) ont complété la formation initiale du groupe. Mais plus aucun d'entre eux n'est actuellement dans le groupe. A mon sens, se pose donc la légitimité de la conservation du nom, d'autant plus que les influences d'origine (GENESIS et YES) sont désormais bien lointaines… On baigne désormais davantage dans un mélange éclectique de folk, de rock, de métal et de styles celtiques. Ils auraient pu se présenter sur l'égide "ABEL GANZ II", à l'instar de COLOSSEUM II.

En 2001, les membres fondateurs Montgomery et Carter ont bien tenté une résurrection d'ABEL GANZ, avec Denis Smith (batterie), Steven Donnelly (basse), Davie Mitchell (guitares) et Mick MacFarlane (chant), qui a abouti à la parution d'un nouvel album en 2008, "Shooting Albatross". Mais l'expérience n'a pas duré puisqu'aujourd'hui seuls Denis Smith (Batterie), Stephen Donnelly (basse), et Mick Mcfarlane (chant et guitares), sont entourés cette fois de Dawid Zielinski (guitares), et Alan Hearton (claviers).

Honnêtement, j'ignorais totalement ce souci d'instabilité et de légitimité lorsqu'ils sont entrés en scène. Je débutais l'audition avec un a priori favorable, basé sur les avis de mes co-festivaliers. C'est ainsi que j'ai été positivement impressionné par leur prestation, qui a été mise en valeur par une sonorisation limpide. La Musique n'a-t-elle pas pour première vocation de distraire et faire voyager son auditeur !? A ce titre, je confesse volontiers avoir été emporté par cette ambiance douce et mélodieuse, qui favorise les soli de claviers et les duos des guitares, une atmosphère qui rappelle parfois celle de Wishbone Ash.

Je suis donc séduit au point de me rendre à l'échoppe pour me procurer leur dernier opus "the life of the honey bee and other moments of clarity" paru le 15 juin 2020. Il n'en demeure pas moins que je m'agace à posteriori de ce que je considère comme une usurpation d'identité. Je le prétends de la même manière pour les groupes que j'ai adorés par le passé, tels que Molly Hatchet qui n'est plus que l'ombre de lui-même en réalité.

Mais juste après la prestation, le public, dans lequel je m'inclus volontiers, n'en a cure. On vient de passer un très bon moment. Que vouloir d'autre, après tout ?

De leurs sept albums studio, le programme évince les quatre premiers pour n'évoquer que les trois derniers ; logique me direz-vous compte tenu de leur démarche. On écoute ainsi un titre de Shooting Albatross, 2008, deux titres de Abel Ganz, 2014, et deux titres du plus récent The Life of the Honey Bee, 2020.

PROGRAMME

  1. Close Your Eyes (Abel Ganz, 2014)
  2. Unconditional (Abel Ganz, 2014)
  3. The Life of the Honey Bee (The Life of the Honey Bee and other Moments of Clarity, 2020)
  4. Sepia and White (The Life of the Honey Bee and other Moments of Clarity, 2020)
  5. Ventura (Shooting Albatross, 2008).
Abel Ganz

17h30 : AGUSA. (SUEDE)
https://agusaband.bandcamp.com/

Ce groupe de rock progressif est originaire de Malmö, en Suède, co-fondé en 2013 par Mikael Ödesjö et Tobias Petterson, qui ont recruté Dag Strömqvist et Jonas Berge en vue d'un projet de rock progressif psychédélique. Ils exploitent des influences éclectiques issues de la musique folklorique nordique et latino-américaine, ainsi que des racines profondes dans le space rock, le kraut rock et le jazz.

AGUSA se compose de Mikael Ödesjö (guitare), Jenny Puertas (flûte et chant, depuis 2015), Simon Ström (basse), Nicolás Difonis (batterie, choeurs) et Roman Andrén (claviers).

Leur cinquième opus "Prima Materia" est à paraitre ce 14 juillet 2023.

Une très belle révélation de ce festival, assurément ! Servi pour une sonorisation équilibrée et limpide, ce troisième groupe de la journée emporte l'intérêt d'un public qui s'étoffe en cette fin d'après-midi.

Je confesse avoir terminé l'audition avec une tiédeur injuste ; j'avais apprécié mais mon esprit n'était probablement pas assez disponible à ce moment pour capter toutes ces ondes positives. Je regrette a posteriori de ne pas avoir acquis un album à leur échoppe car en écoutant maintenant je mesure mieux le talent de ces scandinaves. Cette histoire ne s'arrêtera pas là, je vais suivre cette affaire de plus près…

Fort heureusement pour eux, le public acclame plus ardemment que moi cette belle prestation.

Le concert tiendra en trois titres : "Sagobrus" (25 minutes), "Den förtrollade skogen" 8 min  "Lust och fägring" 14 minutes

PROGRAMME

  1. Lust och fägring (Sommarvisan), (Prima Materia, 2023)
  2. Sagobrus (En Annan Värld, 2021)
  3. Den förtrollade skogen (Agusa, 2017).

Agusa

19h : ANNEKE VAN GIERSBERGEN. (PAYS-BAS) a prévu un spectacle exclusif : le "Anneke singt Kate Bush Show" qui se présente comme le seul en dehors des Pays-Bas!
https://www.annekevangiersbergen.com/

Après treize ans passés au sein de THE GATHERING, Anneke van GIERSBERGEN a décidé, en 2007, de suivre son propre chemin. Ce que personnellement je persiste à déplorer. Depuis, sa créativité et sa curiosité musicale l'ont amenée à jouer avec Devin Townsend, Arjen Lucassen (AYREON), Árstíðir (groupe folklorique islandais), Within Temptation, Amorphis, mais aussi John Wetton. L'album "Everything is Changing", paru en 2012, est le premier à être publié sous son propre nom. Il a marqué une étape importante dans la carrière solo d'Anneke, car il a été récompensé et ovationné. En 2015, c'est une nouvelle collaboration avec Arjen Lucassen pour The Gentle Storm. En octobre 2017, nouveau succès au sein du groupe de métal progressif VUUR. En 2018, elle se lance dans une aventure orchestrale "Symphonized" qui présente des réarrangements de chansons de l'ensemble de son catalogue. Son nouvel album solo "The Darkest Skies Are The Brightest" est paru le 26 février 2021.

Alors après un tel parcours, pourquoi s'impliquer dans un hommage à Kate Bush ? La chanteuse néerlandaise s'est dit qu'il s'agissait d'un défi fascinant, après avoir lu sur Twitter qu'Anneke van Giersbergen était la seule personne à qui l'on pouvait confier la musique de Kate Bush. Anneke a découvert Kate Bush à l'adolescence et son admiration pour l'énigmatique Bush ne s'est jamais démentie. Contrairement à son idole, Van Giersbergen adore se produire sur scène, le lien est ainsi fait avec le projet.

La vie d'artiste étant ponctuée d'imprévus ; la Belle a dû gérer le malaise inopiné de son claviériste, qui a été hospitalisé en urgence la veille du concert. Tiré d'affaire depuis, il n'en demeure pas moins que le concert fut sérieusement remis en question. Anneke, consciente du privilège de pouvoir jouer sur cette prestigieuse scène, a opté courageusement pour le maintien de sa prestation, en adaptant toutefois son programme.

Nous aurons ainsi un concert acoustique, au chant accompagné de sa seule guitare, soutenu dans la seconde moitié du spectacle par le guitariste David Foster (déjà vu lors d'une Convention Marillion). Démarche courageuse, que je salue avec respect, même si on sort par conséquent du cadre musical convenu.

La scène parait immense pour la dame seule derrière son micro. Mais elle assure avec un professionnalisme et un talent indéniable. Ces sonorités tranchent avec ce qui sort habituellement de ces enceintes, mais elles reposent l'oreille et l'esprit. C'est mélodieux, c'est agréable, cette voix me rappelle celle de Joan Baez, ce qui me ramène immanquablement au festival légendaire de Woodstock, à l'aune du soleil qui part se coucher !

Le timbre de sa voix exprime une forte émotion, et sa tessiture impressionne l'auditeur. Sa prestation force le respect de l'ensemble des mélomanes présents dans l'arène. Forte ovation.

Parmi les dix-sept chansons, son hommage à Kate Bush se réduit à cinq titres, mais en contrepartie elle évoque son propre répertoire avec sept titres, dont un issu de The Gathering.

PROGRAMME

Anneke seule

  1. Cloudbusting (reprise de Kate Bush)
  2. Lo and Behold (The Darkest Skies Are the Brightest, 2021)
  3. Agape (The Darkest Skies Are the Brightest, 2021)
  4. Circles (Everything is Changing, 2012)
  5. Valley of the Queens (reprise de Ayreon)
  6. Songbird (reprise de Fleetwood Mac)
  7. Saturnine (reprise de The Gathering)
  8. I Saw a Car (The Darkest Skies Are the Brightest, 2021)
  9. Like a Stone (reprise de Audioslave)
  10. Hurricane (The Darkest Skies Are the Brightest, 2021).

Avec David Foster

  1. Hounds of Love (reprise de Kate Bush)
  2. Love You Like I Love You (The Darkest Skies Are the Brightest, 2021)
  3. Wicked Game (reprise de Chris Isaak)
  4. The Man With the Child in His Eyes (reprise de Kate Bush)
  5. Babooshka (reprise de Kate Bush)
  6. I Want to Know What Love Is (reprise de Foreigner)
  7. Running Up That Hill (A Deal With God) (reprise de Kate Bush).

Anneke Van Giersbergen

21h : CYAN (GB)
https://www.progarchives.com/artist.asp?id=73

Durant les années 80, Robert Reed composa les premiers morceaux qui allaient devenir ceux de CYAN quelques années plus tard. Mais CYAN n'a été officiellement fondé par Rob Reed qu'au début des années 90 ; trois albums avec CYAN sont ainsi parus entre 1993 et 1999. Mais le groupe a été plus ou moins mis en sommeil et Reed  s'est impliqué dans MAGENTA. Il y a quelques années, Reed décide de ressusciter le groupe avec Pete Jones, Luke Machin et Dan Nelson.

C'est ainsi que l'album "For King And Country", initialement paru en 1993, fait l'objet d'une nouvelle parution le 25 Septembre 2021, réarrangé et enregistré avec la nouvelle formation. Reed se souvient : "Je ne me doutais pas qu'en 1983, assis au piano de l'école à écrire ces chansons, que près de 40 ans plus tard, ces mêmes chansons sonneraient comme elles le font sur cet album. Je me souviens que le Cyan original, composé de camarades de classe, mettait en commun notre argent, 35 livres sterling, pour les enregistrer dans un studio local à quatre pistes avec un équipement de base. C'est incroyable d'entendre enfin ces chansons à leur plein potentiel, avec des techniques d'enregistrement modernes et un groupe de musiciens incroyables". Il ajoute : "J'avais retardé la sortie de cet album parce que je ne trouvais pas de chanteur capable de lui rendre justice. La rencontre avec Pete a coché cette case, dès que je l'ai entendu chanter le premier morceau. Faire jouer les parties de guitare par Luke était la cerise sur le gâteau. C'est un excellent guitariste, avec de la technique et de la sensibilité".

CYAN termine actuellement un nouvel album.

Le groupe se compose donc de CYAN : Rob Reed (guitares, claviers), Dan Nelson (Basse), Luke Machin (Guitares), et Peter Jones (Chant). Tim Robinson a assuré la batterie en studio mais c'est "Jiffy" Griffith (Batterie), qui assume la batterie pendant les concerts.

Je suis rapidement séduit par cette musique très mélodieuse qui laisse de belles parts d'interventions à Peter Jones que j'apprécie tout particulièrement. J'admire beaucoup ce multi-instrumentiste dont le talent à déjà redonné de la vigueur à Camel ces dernières années. Son handicap visuel lui confère une capacité inouïe à percevoir tout ce qui se joue autour de lui, et à interpréter moult sonorités au gré des partitions qu'il transcende toujours. Je l'ai bien observé pendant le concert lorsqu'il saisit tantôt la flute picolo, tantôt le saxophone, et encore lorsqu'il penche sa tête pour percevoir la nature des soucis (heureusement momentané) du guitariste. Sa voix s'exprime d'un timbre puissant une belle palette d'émotions.

Robert Reed semble avoir fédéré désormais une belle équipe qu'on aimerait voir perdurer, avec la perspective d'un nouvel opus. Il y a du talent à exploiter et à conjuguer !

Le public ne s'y trompe pas et ovationne chaleureusement le groupe qui, en guidant Peter pour sortir de scène donne un sentiment d'unité réconfortante.

Sur dix titres, sept sont issus "For King And Country", deux titres évoquent "Pictures from the Other Side" (1994), et un titre "Ripples", rend hommage à Genesis.

PROGRAMME

  1. Snowbound (For King And Country, 1993/2021)
  2. Don't Turn Away (For King And Country, 1993/2021)
  3. Pictures From the Other Side (Pictures from the Other Side, 1994)
  4. Call Me (For King And Country, 1993/2021)
  5. Man Amongst Men (For King And Country, 1993/2021)
  6. I Defy the Sun (For King And Country, 1993/2021)
  7. Ripples... (reprise issue d' A Trick of the Tail de Genesis, 1976)
  8. Broken Man (Pictures from the Other Side, 1994)
  9. The Sorcerer (For King And Country, 1993/2021)
  10. For King and Country (For King And Country, 1993/2021).

 

23h : NICK MASON’S SAUCERFUL OF SECRETS. (GRANDE BRETAGNE)
http://www.thesaucerfulofsecrets.com/

Monsieur Nick MASON n'aucun soucis de légitimité pour nous interpréter PINK FLOYD, car c'est non seulement un membre fondateur mais de surcroît c'est même le seul à être entendu sur chaque album et durant chaque tournée de Pink Floyd. Ajoutons que contrairement à Roger Waters et David Gilmour, Mason n'a pas eu beaucoup d'intérêt pour sa propre carrière; il n'a sorti que trois albums solo. Parfaitement intègre, Nick a même obtenu la bénédiction de David Gilmour et Roger Waters pour ce projet.

Lorsque Mason a formé NICK MASONS SAUCERFUL OF SECRETS, il a voulu s'entourer de la fine crème des musiciens susceptibles de respecter l'Œuvre. Le groupe est ainsi composé du guitariste du Spandau Ballet Gary Kemp (guitares et chant), du guitariste Lee Harris (Blockheads), de Guy Pratt à la basse (familier des fans de Pink Floyd), du compositeur Dom Beken (claviers) et bien sûr de Nick Mason lui-même à la batterie. Le groupe a connu une tournée très réussie en 2018, qu'il poursuivra en Amérique du Nord en 2019 et ravira ensuite les festivaliers au Loreley en juillet. Nous y étions !

C'est donc la deuxième fois que j'assiste à l'interprétation de cette formation qui se focalise sur une période de Pink Floyd que j'apprécie beaucoup. Aucune lassitude à revoir ce spectacle hallucinant. Jouissant d'une sonorisation excellente et d'un éclairage adéquat, je n'ai eu aucun mal à trouver immédiatement la Porte. Il faut dire qu'en débutant sur "One of These Days", avec sa longue introduction qui précède une explosion sonore absolument fantastique, j'ai failli perdre la boule dans le sac à poussières ! Ma nuque s'en souvient encore.

Avant de continuer avec le deuxième morceau, Nick s'est levé pour nous faire part de sa vive émotion d'être de nouveau présent sur cette scène. Ça tombe bien, car c'est réciproque !

Avec dix-sept titres ce soir, ce sont donc deux morceaux de moins qu'en 2019 dont le programme fut similaire ; le titre "Interstellar Overdrive" est ainsi passé à la trappe. Mais en contrepartie nous eûmes droit à l'interprétation magistrale d' "Echoes". Je ne m'attendais pas à assister à l'interprétation de cette œuvre majeure ce soir, exécutée dans le respect des règles de l'Art.

Je me suis régalé de cette alternance de chansonnettes faussement naïves typiques des années 60 et que n'auraient pas renié les Beatles de l'époque, et de morceaux d'anthologie du rock progressif ! 

Le public sidéré a écouté religieusement cette évocation de la genèse du rock progressif. Nous assistions là à un de ces concerts qui marque les esprits. Ovation tonitruante et méritée pour l'honorable Monsieur Mason et ses talentueux complices.

PROGRAMME

Bande-son introductive

  1. One of These Days (Meddle, 1971)
  2. Arnold Layne (Relics, 1967>71)
  3. Fearless (Meddle, 1971)
  4. Obscured by Clouds (Obscured By Clouds, 1972)
  5. When You're In (Obscured By Clouds, 1972)
  6. Vegetable Man (A Tree Full of Secrets, 1967)
  7. If (Atom Heart Mother, 1970)
  8. Atom Heart Mother (with 'If' reprise) (Atom Heart Mother, 1970)
  9. Remember a Day (Saucerful of Secrets, 1968)
  10. Set the Controls for the Heart of the Sun (Saucerful of Secrets, 1968)
  11. Astronomy Domine (The Piper at the Gates of Dawn, 1967)
  12. Childhood's End (Obscured By Clouds, 1972)
  13. Lucifer Sam (The Piper at the Gates of Dawn, 1967)
  14. Echoes (Meddle, 1971).

RAPPEL

  1. See Emily Play (Relics, 1967>71)
  2. A Saucerful of Secrets (Saucerful of Secrets, 1968)
  3. Bike (The Piper at the Gates of Dawn, 1967)

Bande-son finale "I’m a King Bee".

Nick Mason's SoS

Fourbus par cette première journée déjà pleine de belles émotions, beaucoup vont se coucher. Nous sommes quelques un à rester sur la terrasse en compagnie d'autres clients de l'hôtel venus danser et festoyer aux sons d'un animateur musical, un multi-intrumentiste doué dans son genre. Un genre qui n'est pas le nôtre mais qu'importe, nous entrons dans les farandoles histoire d'évaporer notre dernière bière ! Ne cherchez pas de casseroles, ce n'est pas la peine…

SAMEDI 15 JUILLET 2023

Ouverture des portes : 14h15. Temps pluvieux, température clémente

Après l'étape de restauration matinale traditionnelle, les équipages de voitures se reforment pour rejoindre le site.

15h : AËDON. (ALLEMAGNE)

Le groupe a été fondé en 2015, leur mini-album "Leaves Turning Red" est paru un an plus tard. Le nom du groupe Aëdon signifie "rossignol", et se réfère à l'histoire tragique de la déesse Aëdon dans la mythologie grecque. Sa musique se situe quelque part entre l'alternatif et le progressif, qui réussit le mélange d'énergie, de légèreté et de mélancolie. Des changements d'accords surprenants, un chant soutenu par deux chœurs, caractérisent leur musique.

AEDON est un quatuor composé de Simon Gatzka (chant, Guitare), Maximilian Krüger (guitare, chœurs), Stephan Nabbefeld (batterie) et Alexander Dachwitz (basse, chœurs).

"Leaves Turning Red" est paru le 18 mars 2017.

Cette douce musique très mélodique ne sera toutefois pas parvenue à me laisser une empreinte mémorable. C'est propre et bien fait, c'est du bon boulot, néanmoins pour paraphraser un commentaire-type sur le site Progarchives.com, cela m'a semblé sympathique mais pas essentiel, non plus.

L'auditoire présent leur accorde cependant son estime qui est d'autant plus méritée qu'il n'est pas aisé d'ouvrir une journée devant des gradins encore partiellement vides.

Parmi les dix titres interprétés, deux sont issus de leur opus (2017) et huit semblent prévenir d'un nouvel album.

PROGRAMME
1.      Dried Out Streams (Leaves Turning Red, 2017)
2.      Losing It
3.      Ode to a Nightingale (monoplage, 2021)
4.      Gentle Rain (2021)
5.      Crayon Moon
6.      Raise Your Voice (2023)
7.      I Feel Red
8.      Shattered (monoplage, 2019)
9.      Change This World (Leaves Turning Red, 2017)
10.  The Least You Owe Me (monoplage, 2019).

La pluie gâche temporairement le festival, mais nous sommes quelques-uns à demeurer en place quoiqu'il en coute ...

16h15 : FUCHS. (ALLEMAGNE)

Une longue genèse débute dans les années 1990 pour Hans-Jürgen Fuchs, et sa femme Ines. L'album "Leaving Home", est paru en 2012. Deux albums suivent, "The Unity Of Two" paru en 2014 et "Station Songs" paru en 2018. Ses fonctions de professeur de musique l'occupent à d'autres projets, avant de composer un nouvel album s'intitulera "Too Much, Too Many" à paraitre le 14 juillet 2023.

Le groupe se compose en théorie de Hans-Jürgen Fuchs (guitares, claviers), Ines Fuchs (claviers, chœur), Baggi Buchmann (chant), Michael Wasilewski (chant), Andy Bartzik (guitare), Florian Dittrich (batterie), et … Mike Köhler ou (à déterminer) Henrik Mumm (Basse).

Je ne serais pas honnête si je prétendais avoir été bouleversé par cette prestation, qui m'a semblé banale et sans aspérité, ni charisme. J'emprunte une nouvelle fois l'expression "bon mais pas essentiel". Un autre groupe allemand, Chandelier, m'avait laissé une impression similaire en 2019.

Le public, encore épars et clairsemé à cette heure, leur accorde une acclamation polie.

Sur huit titres, cinq concluent le concert avec des chansons issues de "Too Much, Too Many".

PROGRAMME

  1. The Invisible Man (Station Songs, 2018)
  2. Even If the Salary’s Low (Station Songs, 2018)
  3. Don't Think About (Leaving Home, 2012)
  4. Don't Get Me Wrong (Too Much, Too Many, 2023)
  5. Challenge of Lifelong Learning (Too Much, Too Many, 2023)
  6. The Middle Years (Too Much, Too Many, 2023)
  7. Here in My Void (Too Much, Too Many, 2023)
  8. My life (Too Much, Too Many, 2023).
Fuchs

17h45 : VENUS PRINCIPLE. (GRANDE BRETAGNE/SUEDE)
https://venusprinciple.xyz/#

La biographie de ce groupe débute à l'automne 2019, lorsque plusieurs membres de CRIPPLED BLACK PHOENIX ont décidé de se séparer. Mais on retrouve dans VENUS PRINCIPLE l'univers similaire de rock sombre, mélodique et psychédélique.

Ce collectif britannico-suédois a fait paraitre un premier album "Stand in Your Light", le 27 mai 2022.

VENUS PRINCIPLE se compose de Daniel Änghede (chant, guitares), Daisy Chapman (chant, piano), Mark Furnevall (claviers, guitares, chœurs), Ben Wilsker (batterie) et Pontus Blom (basse).

Notre microcosme s'agitait beaucoup à la perspective du concert de ce groupe, notamment en raison de son pedigree. Personnellement, je l'abordais favorablement car j'avais apprécié Crippled Black Phoenix, il y a quelques années. Cependant, je n'ai pas relevé dans la prestation de quoi soulever un émoi particulier. Cela m'a semblé bon, mais pas essentiel, encore une fois. Peut-être serais-je mieux disposé dans un autre cadre ?

Une bonne partie du public a, heureusement pour eux, soutenu assidument cette prestation, et lui a accordé une belle acclamation.

Le programme est constitué de la quasi intégralité de l'album "Stand in Your Light" interprété dans l'ordre du disque ; Seul "Drag Nets", le huitième titre est passé à la trappe. "King Baby" également sur le liste n'a pas été interprété…

PROGRAMME

  1. Rebel Drones (Stand in Your Light, 2022)
  2. Barricades (Stand in Your Light, 2022)
  3. All These Words (Stand in Your Light, 2022)
  4. Days of Summer (Stand in Your Light, 2022)
  5. The Lord He Giveth and He Taketh Away (Stand in Your Light, 2022)
  6. Shut It Down (Stand in Your Light, 2022)
  7. Kindle the Fire (Stand in Your Light, 2022)
  8. Sanctuary (Stand in Your Light, 2022)
  9. The Haunting (Stand in Your Light, 2022)
  10. Stand in Your Light (Stand in Your Light, 2022).

Venus Principle

Après ces trois premières prestations de la journée qui m'ont paru un peu ternes, il me fallait quelque épice qui me redonne du plaisir. C'est donc avec envie et espoirs que j'aborde cette fin d'après-midi.

19h15 : FRANCK CARDUCCI. (FRANCE)
http://www.franckcarducci.com/

Franck est un personnage touchant, car sincère et passionné. Ce Français rame depuis pas mal de temps pour faire valoir sa Musique, qui est digne de ses influences qu'il ne cache pas. On pense à Genesis, Alice Cooper et David Bowie, ainsi qu'à Led Zeppelin et Pink Floyd sur des albums qui se succèdent inlassablement.

Le parcours de ce groupe, français bien qu'anglophone, a évolué pour séduire une part toujours croissante d'un auditoire avide d'aventures sonores et de fantaisie. Son premier album "Oddity" a marqué le début d'un voyage épique, qui s'illustre parfaitement sur scène avec costumes, maquillages, ambiances psychédéliques, humour et sensualité.

Pour son deuxième opus "Torn Apart", Steve Hackett lui a fait l'honneur d'apporter sa contribution. Fort de cette reconnaissance, la tournée qui s'en est suivie a fait l'objet d'un DVD/BluRay qui est paru en 2017. C'est dans ce contexte que Franck a participé au Night Of The Prog 2017.

Après la sortie de son troisième opus "The Answer" en novembre 2019, Franck est reparti en tournée avec sa "Fantastic Squad" jusqu'en 2022.

Pour ma part, j'avais assisté à un concert le dimanche 29 octobre 2017 qui m'avait séduit, mais pas au point de m'enthousiasmer totalement. Mais notre microcosme m'indique qu'entouré désormais d'une "Fantastic Squad", le groupe s'est donné une nouvelle dimension sur scène.

En effet, je ne tarde pas à réaliser que Franck, accompagné de musiciens aussi extravagants que lui, nous mène avec ses puissants accords de basse, dans un univers musical chatoyant et euphorique. Lea Fernandez est une batteuse aussi souriante et enthousiaste qu'efficace pour mener le rythme requis de cette atmosphère festive. Le guitariste Barth Sky et le claviériste Cédric Selzer (arrivé en 2021) sont exubérants mais talentueux dans leurs interventions. Chacun incarne une facette de sa musique avec vivacité et entrain au sein de son cirque rock 'n' roll. 

Mary Reynaud a de nouveau démontré toutes les facettes de son talent de comédienne (Alice), de musicienne (guitare, thérémine, percussions) et de chanteuse. A cet égard, son interprétation audacieuse de "The Ecstasy of Gold" (reprise d'Ennio Morricone) m'a bouleversé. Sa tessiture lui a permis d'exécuter fidèlement le chant légendaire ! Garante de la sensualité, elle montre danses du ventre torrides et ballets de tissus colorés, ou et elle fait osciller sa thérémine.

Soutenu par une sonorisation qui nous a semblé conforme aux objectifs, et par un éclairage subtil alors que le soleil n'est pas encore couché, le groupe a emporté le public dans sa folie. Ce transport de l'auditoire majoritairement allemand par un groupe français n'est pas sans nous rappeler un autre souvenir pas si lointain… (pour le lecteur qui n'aurait pas tout suivi ; j'évoque la prestation de Lazuli ici même).

Au comble de l'audace, Franck nous surprend encore lorsqu'il réclame le calme, avant de descendre en bas de la scène, tout son groupe aligné face aux premiers rangs de la fosse. Les cinq musiciens chantent le dernier titre "On the Road to Nowhere" a capella, sans amplification, juste accompagné de la guitare sèche de Franck. Certes, l'amphithéâtre jouit d'une bonne acoustique a priori, mais cette bravade est saluée bruyamment par un auditoire conquis. Paradoxalement, plusieurs jours après le concert, c'est cet air-là qui revient le plus facilement en mémoire alors qu'il n'a pas été amplifié ! Quand je pense que certains poussent la sono pour abrutir le spectateur, alors qu'il suffit de toucher son âme…

Cette heure a suffi pour enthousiasmer les mélomanes, avec neuf titres. Ce concert a ainsi pu faire valoir sa discographie depuis 2011. Jouissif et rassurant pour un personnage aussi attachant, que talentueux et méritant.

PROGRAMME

  1. Slave to Rock 'n' Roll (The Answer, 2019)
  2. A Brief Tale of Time (Torn Apart, 2015)
  3. The Ecstasy of Gold (reprise d' Ennio Morricone)
  4. The Betrayal of Blue
  5. Artificial Paradises (Torn Apart, 2015)
  6. The Angel
  7. Torn Apart (Torn Apart, 2015)
  8. Alice's Eerie Dream (Oddity, 2011).

RAPPEL

  1. On the Road to Nowhere (The Answer, 2019).

Franck Carducci & the Fantastic Squad

21h : WISHBONE ASH. (GRANDE BRETAGNE)
https://wishboneash.com/

Ce groupe est originaire de Torquay, dans le Devon, en Angleterre. La particularité de WISHBONE ASH est le jeu varié de ses deux guitaristes, leur technique d'harmonisation, qui a influencé des groupes de hard rock tels que Thin Lizzy ou Iron Maiden. Steve Harris et ses complices ne s'en sont jamais cachés. Dans la caricature, on pourrait passer un 33T de Wishbone Ash en mode 45T pour entendre des sonorités proches de celle d'Iron Maiden !

WISHBONE ASH a pris son essor à Londres en 1969, à l'époque de la naissance bouillonnante de la scène rock progressive ; ce qui a contribué à produire un type distinctif de rock mélodique, inspiré à la fois par le folk britannique traditionnel, le jazz américain et le R&B.

Leur vingt-cinquième album studio "Coat Of Arms" est paru le 26 février 2020. Sa tournée promotionnelle, qui coïncide avec le 50ème anniversaire du groupe, a pu être achevée juste avant la pandémie.

Andy Powell (guitares, chant, depuis 1969), est désormais entouré de Bob Skeat (basse, depuis 1998), Mark Abrahams (guitares, depuis 2018), Joe Crabtree (batterie, depuis 2007).

La musique est servie par une bonne sonorisation, et cependant l'interprétation m'a semblé manquer d'un "je ne sais quoi" de convaincant. J'ai perçu un manque d'assurance, de justesse et d'entrain, me rappelant ainsi le fait que les trois quarts des musiciens jouent la partition de leurs glorieux ainés. J'ai conscience d'être sévère en écrivant cela, mais c'est mon ressenti. J'attendais sans doute trop de ce concert pour être complétement enthousiasmé. Mais je suis resté à la barrière quand même parce que l'ensemble resta agréable à écouter et parce que j'avais en face de moi un personnage légendaire, Monsieur Andy Powel.

Fort heureusement pour eux, la majorité du public s'est laissé porter par la musique et lui accorde l'ovation méritée à laquelle je souscris volontiers.

Sur les dix chansons interprétées ce soir, cinq titres sont issus des sept plages de "Argus" (1972), ce qui ne constitue pas l'intégralité comme annoncé. Il manque ainsi "Time Was" et "Leaf and Stream" ; question de choix artistique peut-être, d'amplitude horaire sans doute.

PROGRAMME

  1. We Stand as One (Coat of Arms, 2020)
  2. Coat of Arms (Coat of Arms, 2020)
  3. The King Will Come (Argus, 1972)
  4. Warrior (Argus, 1972)
  5. Throw Down the Sword (Argus, 1972)
  6. Sometime World (Argus, 1972)
  7. Blowin' Free (Argus, 1972)
  8. Standing in the Rain (Strange Affair, 1991)
  9. Jail Bait (Pilgrimage, 1971)
  10. Phoenix (Wishbone Ash, 1970).

23h : THE MUSICAL BOX PERFORMS GENESIS. (CANADA) Le groupe canadien THE MUSICAL BOX revient en Allemagne pour la dernière représentation du légendaire spectacle GENESIS "The Lamb Lies Down On Broadway". https://www.themusicalbox.net/

Ce collectif canadien devra démontrer sa conviction et sa légitimité pour me séduire, car Steve Hackett me semble déjà incarner avec excellence cette période, alors que Ray Wilson m'a beaucoup moins convaincu. TMB prétend interpréter fidèlement le spectacle de Genesis sur "The Lamb Lies Down On Broadway Show" ; c'est, nous dit-on la toute dernière représentation du spectacle. Après cela, la licence expirera et le groupe ne la renouvellera pas !

Notons qu'ils ont été adoubés par les anciens membres de GENESIS. En 2005, peut-être dans un excès d'enthousiasme, Phil Collins a affirmé, après les avoir vus à Genève, qu' "ils jouent notre musique mieux que nous ne la jouions" ! Peter GABRIEL a tenu publiquement à les encourager le 13 juin 2001 depuis son studio d'enregistrement puis a annoncé emmener ses enfants à un de leurs concerts pour "qu'ils voient ce que leur père faisait". Mike RUTHERFORD est venu les écouter en répétition pour leur première tournée anglaise. Steve HACKETT est monté sur scène pour jouer quelques accords avec eux le 2 juin 2002 à Londres.

THE MUSICAL BOX, fondé au début des années 90, est composé de spécialistes qui recréent scrupuleusement et dans les moindres détails les premiers concerts de Genesis. "The Lamb Lies Down On Broadway" était le spectacle le plus ambitieux de cette période de Genesis, mais il n'a jamais été filmé. The Musical Box donne donc aux fans de Genesis (et aux autres mélomanes intéressés) l'ultime chance de voir ce spectacle.

Sébastien Lamothe (rôle de Mike Rutherford, basse, guitare 12 cordes, chœurs, depuis 1993), Denis Gagné (rôle de Peter Gabriel et/ou rôle de Phil Collins, chant, tambourin, flûte, depuis 1995), François Gagnon (rôle de Steve Hackett, guitares six cordes, électrique et acoustique, depuis 2004), Ian Benhamou (rôle de Tony Banks, claviers, guitare 12 cordes, chœurs, depuis 2018), et Bob St-Laurent (rôle de Phil Collins, batterie, percussions, chant, chœurs, depuis 2018).

Fort de tous ces éloges, je m'étais placé dans les meilleures conditions psychologiques pour aborder la représentation. Je suis tout ouïe même si je ne suis pourtant pas encore vraiment prêt pour assister à des hommages posthumes des groupes de ma génération. J'avais toutefois apprécié celui que THE RABEATS avait produit lors du Rétro C Trop. Alors pourquoi pas …

Mais hélas, de Porte, je n'ai point trouvé.

Ce ne sont ni la scénographie, ni la sonorisation, ni l'éclairage que sont en cause. Que nenni. C'est juste que je n'ai pas ressenti l'émotion suffisante pour me transporter dans cette histoire. Peut-être la faute à un manque de charisme des musiciens que j'ai trouvé un peu figés, comme accablés par le poids des responsabilités. Même l'interprétation du pourtant superbe "The Carpet Crawlers" ne m'a pas emporté (alors qu'encore une fois celle de Steve Hackett me transcende à chaque fois) ! Toujours est-il que la fatigue a probablement eu raison de ma bonne volonté, je confesse avoir frôlé l'assoupissement. Des allumettes posées verticalement entre mes paupières auraient été d'un grand secours !

Là encore, une bonne partie du public s'est montré davantage réceptif que moi. Mais cette fois, je peine à applaudir sincèrement.

"The Lamb Lies Down on Broadway" (1974) est donc consciencieusement interprété dans son intégralité. Le choix de "Watcher of the Skies" (1972) en rappel a laissé beaucoup d'admirateurs perplexes.

PROGRAMME

  1. The Lamb Lies Down on Broadway
  2. Fly on a Windshield
  3. Broadway Melody of 1974
  4. Cuckoo Cocoon
  5. In the Cage
  6. The Grand Parade of Lifeless Packaging
  7. Back in N.Y.C.
  8. Hairless Heart
  9. Counting Out Time
  10. The Carpet Crawlers
  11. The Chamber of 32 Doors
  12. Lilywhite Lilith
  13. The Waiting Room
  14. Anyway
  15. Here Comes the Supernatural Anaesthetist
  16. The Lamia
  17. Silent Sorrow in Empty Boats
  18. The Colony of Slippermen
  19. Ravine
  20. The Light Dies Down on Broadway
  21. Riding the Scree
  22. In the Rapids
  23. It.

RAPPEL

  1. Watcher of the Skies (Foxtrot, 1972).
Musical Box

Décidément ce jour 2 n'aura pas été un grand cru. Entre les gouttes de pluie et les notes amères, j'aurai peiné à tenir éveillé jusqu'à la fin. Vivement dimanche ! (non, je n'évoque pas Michel Drucker !).

DIMANCHE 16 JUILLET 2023

Ouverture des portes 11h45 (éclaircies, et chaleur tempérée par un petit vent agréable)

Au petit déjeuner les discussions s'articule autour du programme, celui d'hier et celui d'aujourd'hui, ses belles surprises et ses déceptions. On évalue, on relativise, on se réjouit, on espère. En tous cas, nous ne nous attardons pas car ce dimanche les concerts débutent plus tôt ! Afin de garantir nos emplacements nous décidons d'anticiper nos départs par rapports à la vielle. Ma P'tite Fée et moi sommes particulièrement motivés car visons le premier groupe de la journée !!

12h15 : KARFAGEN. (UKRAINE)
https://antonykalugin.bandcamp.com/

Ce groupe ukrainien a été fondé en 2006 par Antony Kalugin. La musique de KARFAGEN est principalement instrumentale et combine des éléments du rock progressif, et du rock symphonique. La musique et les concepts du groupe sont principalement créés par Antony Kalugin lui-même.

KARFAGEN n'a pas de formation standard et fait souvent appel à des talentueux musiciens invités d'Ukraine et d'ailleurs, qui font un usage imaginatif des claviers, des guitares, des instruments classiques et ethniques. Antony ne cache pas ses influences ; on reconnait les ambiances issues de groupes prestigieux tels que Camel, Genesis, UK, Pink Floyd et The Flower Kings. La musique de KARFAGEN fait souvent référence à celles de SUNCHILD ou HOGGWASH, qui sont les autres projets d'Antony Kalugin. D'ailleurs, le programme des concerts alterne de titres de ses différentes activités.

Depuis 2016, le groupe gagne peu à peu en notoriété, grâce à ses tournées en Europe et ses participations à plusieurs festivals. Les albums les plus récents sont "Land Of Green And Gold", paru le 7 janvier 2022, et "Passage To The Forest Of Mysterious" paru le 1er avril 2023.

Les créations musicales d'Antony Kalugin sont toujours très mélodieuses, plus symphoniques avec KARFAGEN, plus pop et chantantes avec SUNCHILD. Leur prestation du Crescendo le vendredi 19 août 2022 m'a permis de les voir une première fois, mais dans le contexte tendu de leur pays en guerre, j'étais resté un peu sur ma faim. J'avais surtout été frustré de l'absence du talentueux guitariste Max Velychko et de la remarquable chanteuse Olga Vodolazhska. Je m'étais attaché à eux en visionnant les vidéos, avant de réaliser que ces deux artistes n'avaient pas plus vocation à demeurer dans le groupe que leurs prédécesseurs.

Le groupe se compose aujourd'hui de : Antony Kalugin (claviers, chant), Mariya Panasenko (chant), Olga Rostovska (chœurs), Kostiantyn Shepelenko (batterie), Anton Barsukov (guitare), Vladyslav Karbovskyi (basse).

Antony met avec conviction toute son énergie et son entrain au service de la musique qu'il entend bien faire connaitre et apprécier partout où il se produit. Le maître de cérémonie, lorsqu'il ne joue pas de ses claviers, ne tient pas en place, très charismatique il harangue ses musiciens, ses choristes mais aussi son public. Il descend les marches de la scène pour le solliciter à la barrière, avant de se rendre dans les gradins de l'amphithéâtre. Là, il aura dû hélas constater la faible affluence, en ce tout début de journée du festival. Mais il en faut davantage pour le démotiver, l'Ukrainien en a vu d'autres …

Les chansons rythmées par son fidèle, subtil et efficace batteur Kostiantyn Shepelenko, sont magnifiées surtout par les chants suaves de Mariya Panasenko et de sa compagne Olga Rostovska. Mais aussi par les accords mélodiques de la guitare de Anton Barsukov, même si son style me parait moins flamboyant que celui de Max Velychko. Le bassiste m'a semblé un peu effacé derrière son pupitre de partitions, toutefois il faisait lui aussi son boulot.

Sur les neuf titres interprétés, sans surprise nous comptons cinq issus de la discographie de SUNCHILD, dont les chansons se prêtent mieux au cadre festivalier que celles de KARFAGEN, qui peuvent sembler un brin plus cérébrales.

Le concert se clôt avec émotion sur "Vil'na" chantée en ukrainien. Le groupe ne manquera pas d'arborer fièrement le drapeau de son pays agressé. Antony lance un appel aux dons au profit de l'armée ukrainienne, ce qui semble avoir choqué quelques âmes sensibles, qui aurait préféré son soutien à l'œuvre caritative Warchild. Mais cette dernière me paraissant bien plus mondialiste, je comprends la démarche patriotique d'Antony.

Le public présent à logiquement été emporté par l'enthousiasme d'Antony et son équipe. Une très belle ovation accompagnera sa sortie. A voir la file d'attente qui s'est installée à l'échoppe des signatures ainsi qu'à celle des marchandises, je pense qu'il aura pu mesurer combien son voyage n'aura pas été vain.

PROGRAMME

  1. Another Friday Night (reprise de Hoggwash, The Last Horizon, 2007)
  2. Shall We Run (reprise de Sunchild, Isolation, 2012)
  3. Rain Drops (reprise de Sunchild, The Invisible Line, 2009)
  4. The Reason Why (reprise de Sunchild, Time And The Tide, 2023)
  5. Visionary Sights (reprise de Sunchild, As Far As The Eye Can See, 2011)
  6. The Invisible Line (reprise de Sunchild, The Invisible Line, 2009)
  7. Close to Heaven (Karfagen – The Key To Perception, 2009)
  8. A Day Without Rain (Karfagen – Aleatorica, 2013)
  9. Vil'na (chanson ukrainienne).

Le thème de "The Reason Why" est repris en guise de séquence finale.

Par la suite, nous pourrons approcher la radieuse Olga, pour l'assurer de notre satisfaction de les revoir, mais aussi pour s'enquérir avec la délicatesse requise de l'impact de la guerre sur elle et sa famille.

13h30 : MAD FELLAZ. (ITALIE)
https://www.progarchives.com/artist.asp?id=8818

La bio nous explique que Mad Fellaz est un groupe éclectique, formé en 2011 par Paolo Busatto, guitariste et principal compositeur du groupe, à Bassano del Grappa, en Italie. Le groupe est initialement inspiré par des grands groupes de prog (King Crimson, Genesis, Gentle Giant, Yes), et a récemment fait des clins d'œil aux nouveaux grands artistes, sans aucune limitation de genre (Opeth, Snarky Puppy, Screaming Headless Torsos, Vulfpeck). Il a su se renouveler en faisant preuve d'une extrême polyvalence et d'une grande créativité, tant dans la musique instrumentale que vocale. La musique de MAD FELLAZ est une progression, une quête constante de nouveaux sons qui dissout les frontières entre les différents styles et langages musicaux, et brouille les catégories.

L'album "Road to Planet Circus", paru le 1er février 2022, marque un autre changement de style du groupe où des éléments de jazz-rock, de fusion, de funk et d'afrobeat prédominent désormais, dans des compositions où chaque instrument est mis en valeur.

Le groupe est composé de huit musiciens, Paolo Busatto (guitare), Ruggero Burigo (guitare), Carlo Passuello (basse), Enrico Brunelli (claviers), Rudy Zilio (flûte/synthèse), Luca Brighi (chant), Andrea Cecchetto (batterie), et Filippo Zonta (percussions). Certains ont étudié, travaillé et enregistré avec des noms tels que Chick Corea Elektric Band, Dave Weckl, Peter Erskine, Gary Meek, John Etheridge (Soft Machine), Zucchero, Stan Sargeant, Andrea Innesto (Vasco Rossi), Fabio Trentini (Guano Apes, Le Orme), William Dotto (Le Orme, Banco del Mutuo Soccorso), Tolo Marton (Ian Paice), Michele Bon (Le Orme), Marco Iacampo, Erica Boschiero.

Voilà pour leur pedigree, qu'il me semblait opportun de rappeler avant d'exprimer mon impression nuancée sur leur prestation.

Cet aggloméra d'artistes me semble être indéniablement composé de talents individuels remarquables, cependant j'ai peiné à m'émouvoir cet après-midi. Question de sensibilité, de perception du moment, peut-être. Nonobstant, je me garderai bien de les bannir définitivement de mes écoutes futures, car j'ai perçu quelques séquences très intéressantes. Et je confirme ce pressentiment a posteriori en écoutant des extraits disponibles sur leur site bandcamp. J'aime ces mélanges jazzy, funky, déjantés. On dira que mon état d'esprit n'était pas disposé à ce moment-là ; cette appréciation peut paraitre désinvolte, mais après tout je ne suis qu'un modeste festivalier venu pour se distraire, hein !

Dans le public, il y a toujours une bonne part pour être capable d'apprécier les artistes à leur juste valeur, et c'est tant mieux pour eux.

Sur les huit titres interprétés, sept promeuvent leur opus le plus récent "Road to Planet Circus".

PROGRAMME
1.      The Animal Spell (Road to Planet Circus, 2022)
2.      Babylon (Road to Planet Circus, 2022)
3.      Liquid Bliss (Mad Fellaz III, 2019)
4.      Sips of Confidence (Road to Planet Circus, 2022)
5.      Tuareg's Dance (Road to Planet Circus, 2022)
6.      Candy Store (Road to Planet Circus, 2022)
7.      Tennouheika no Sakura (Road to Planet Circus, 2022)
8.      Jokepot (Road to Planet Circus, 2022).

Mad Fellaz

14h45 : OAK. (NORVEGE)
https://www.oakinoslo.com/

OAK a été fondé il y a dix ans, en 2013 à Oslo, en Norvège. Les quatre membres d'Oak suivent un parcours varié allant du piano classique à l'électronique, en passant par le prog et le hard-rock, avec des références à la scène alternative ; une combinaison qui fait le son unique et distinctif d'OAK.

Le premier album du groupe, "Lighthouse", est sorti en 2013 sur leur propre label, puis a été réédité le 10 juin 2016 sur Apollon Records. Le 19 octobre 2018, leur deuxième album "False Memory Archive" est sorti sur Karisma Records, à la suite duquel il a gagné en notoriété en jouant au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, au Canada, en Suède et en Allemagne.

C'est au printemps 2019, lorsque j'apprends leur présence annoncée à Night Of The Prog Festival, que je fut séduit par leur musique. Leur prestation du dimanche 21 juillet 2019 m'avait convaincu d'acquérir les deux opus, que j'écoute bien plus souvent qu'à leur tour, tant cette musique mélancolie me prend aux tripes !

Leur troisième album, "The Quiet Rebellion of Compromise", est paru le 11 novembre 2022, chez Karisma Records. Ils ont pu promouvoir cet opus en assurant les premières parties de soirée des concerts de Marillion.

Un quatrième album serait déjà en préparation.

Le groupe se compose de Simen Valldal Johannessen (chant, clavier), Øystein Sootholtet (basse, clavier), Sigbjørn Reiakvam (batterie), et Stephan Hvinden (guitares).

La musique d'OAK est par essence mélancolique, son interprétation requiert la concentration, l'attitude et le recueillement requis, ce qui accorde aux musiciens l'apparence d'être faussement introvertis et absorbés dans leur univers. Simen communique et explique le contexte de chacune de ses chansons avec un humour scandinave (entendez pince sans rire). Pour les avoir approchés il y a quatre ans, je peux dire que ce sont des types modestes et sympathiques, pas aussi austères qu'ils pourraient paraitre sur scène.

Il nous a semblé que leur positionnement sur la journée est injuste, car depuis quatre ans, ils ont tracé leur sillon et confirmé leur talent, surtout avec cet album "The Quiet Rebellion of Compromise" qui, pour moi, est l'un des meilleurs de l'année 2022. Beaucoup d'auditeurs n'avaient toujours pas daigné regagner les gradins en ce début de journée, privant ainsi ces norvégiens de l'audience méritée. Les vrais mélomanes passionnés et curieux, ceux qui étaient présents, auront majoritairement apprécié la maitrise des ambiances créées.

J'étais positionné à la barrière mais trop proche des basses, donc un peu gêné pour percevoir toutes les subtilités, mais j'étais assez observateur pour distinguer leur perfectionnisme. La voix paisible et plaintive de Simen s'exprime avec émotion. La frappe délicate et tellement sensible de Sigbjørn assure au quatuor un rythme qui l'entraine doucement dans une sorte de valse lente. Une discrète piste son était maitrisée par Øystein qui alternait ses fonctions de bassiste et de claviériste ; par exemple sur "Dreamless Sleep" l'intervention studio du sax est ici remplacée par celle de la guitare de Stephan. Cette musique intimiste me semble relativement peu adaptée à un festival en plein air, mais néanmoins j'en ai perçu toutes les nuances et la profondeur.

Bienheureux sont les auditeurs qui, comme moi ont su se laisser bercer par cette parenthèse de poésie musicale.

Parmi neuf titres, quatre sont issus de leur récent opus "The Quiet Rebellion of Compromise". Trois sont issus de "False Memory Archive" et deux de "Lighthouse".

PROGRAMME

  1. Highest Tower (The Quiet Rebellion of Compromise, 2022)
  2. Dreamless Sleep (The Quiet Rebellion of Compromise, 2022)
  3. False Memory Archive (False Memory Archive, 2018)
  4. Lost Causes (False Memory Archive, 2018)
  5. Sunday 8 AM (The Quiet Rebellion of Compromise, 2022)
  6. Guest of Honour (The Quiet Rebellion of Compromise, 2022)
  7. Munich (Lighthouse, 2013)
  8. The Sea (Lighthouse, 2013)
  9. Psalm 51 (False Memory Archive, 2018).

Oak

16h00 : PANZERBALLETT feat. Virgil Donati. (ALLEMANGE/AUTRICHE)
https://panzerballett.de/

La bio nous explique que "ce quintet allemand de jazz-métal constitué autour du guitariste, compositeur et arrangeur Jan Zehrfeld, a acquis un statut culte sur la scène prog/math/djent/tech-métal mais aussi jazz-fusion dans le monde entier. Les compositions originales du groupe et les reprises de morceaux connus, sont devenues une marque de fabrique distinctive. La musique est humoristique, mathématiquement construite et organiquement reconstruite. Dans un bain alternant force virtuose et légèreté décontractée, les riffs complexes et les improvisations jazzy sont exécutés avec une précision époustouflante et un plaisir de jouer au plus haut niveau musical." Il semble qu'il ait bénéficé d'éloges de Randy Brecker, de Dweezil Zappa et de  Mattias IA Eklundh, (Freak Kitchen).

PANZERBALLETT mentionne avec insistance la contribution à la batterie de Virgil Donati qui est considéré comme "une référence mondiale depuis plusieurs décennies, et dont les talents de compositeur et d'orchestrateur sont également très appréciés. Toujours en train d'explorer les possibilités au-delà de la norme, il a franchi les limites des genres traditionnels en tant qu'esprit libre introspectif." On nous précise qu'il a collaboré notamment avec avec Planet X, Steve Vai, Allan Holdsworth, Tony MacAlpine, Kiko Loureiro, Bunny Brunel, Scott Henderson et Steve Walsh, entre autres… Soit. La mention répétée de sa participation semble être imposée à tous les niveaux ; sur scène, sur l'affiche, sur le programme… Bon. J'ai assisté à des implications plus modestes. J'observe que Mike Portnoy (par exemple) a un pedigree équivalent, et pourtant il n'exige pas que son nom soit ajouté à celui des nombreux groupes auxquels il participe. Question de modestie ?…

Eh bien, enchanté, messieurs. Je ne vous connaissais pas, mais je suis tout ouïe.

Le groupe munichois se compose actuellement de : Jan Zehrfeld (guitare), Anton Davidyants (basse), Florian Fennes (saxophone), et Joe Doblhofer (guitare), et … devinez qui ? … mais Virgil Donati (batterie) bien sûr !

Je pourrais pratiquement tout copier/coller de l'appréciation portée sur Mad Fellaz ! C'est également un aggloméra d'artistes aux talents individuels admirables, mais dont la musique a peiné cependant à m'émouvoir cet après-midi. A cette nuance près, que là c'est encore plus déjanté, et que j'ai toutefois particulièrement remarqué le talent de Florian Fennes (saxophone) et encore davantage celui de Anton Davidyants (basse). Ce dernier m'a fait lever pour me raprocher du phénomène. Les autres ne sont pas mauvais, mais l'attitude du batteur m'a a priori agacé.

Dans le programme, j'ai relevé particulièrement la variation du l'Ode à la Joie de Beethoven ; fallait l'oser !

Bon en résumé, le Festival a une fois de plus démontré ici sa capacité à surprendre et à déranger le festivalier en proposant des musiques assez éloignées des standards du rock progressif.

PROGRAMME

  1. Smoochy Borg Funk (Breaking Brain, 2015)
  2. Typewriter II (Breaking Brain, 2015)
  3. Eleven (reprise de Virgil Donati)
  4. Ode to Joy (reprise de L. vBeethoven)
  5. Alien Hip-Hop (reprise de On the Virg)
  6. Smoke on the Water (reprise de Deep Purple)
  7. SOS (Planet Z, 2020).
Panzerballett

17h45 : ESTHESIS. (FRANCE)
https://www.esthesismusic.com/
https://esthesis.bandcamp.com/album/watching-worlds-collide

Ce quatuor anglophone français de rock progressif (dark neoprog), a été fondé par le multi-instrumentiste français Aurélien Goude (chant, claviers, harmonica). Aurélien exploite ses nombreuses influences (rock britannique, musique de film, jazz, ambient, métal, musique électronique …) pour exprimer des ambiances empreintes d'émotions et de mélancolie.

Un mini album "Raising Hands" est paru le 1er février 2019, suivi d'un premier album "The Awakening" paru le 14 novembre 2020. Un monoplage "Still Far To Go" est paru le 5 mars 2021, puis le deuxième album "Watching Worlds Collide" est paru le 19 aout 2022. C'est ce même jour que nous avions pu assister à son concert lors du Crescendo Festival. Plus récemment, nous avons assisté mardi 9 mai dernier à la prestation d'ESTHESIS en première partie de soirée du concert de LAZULI, chez Paulette.

Aujourd'hui, Aurélien se présente sur scène entouré de Baptiste Desmares (guitare), Marc Anguill (basse), Arnaud Nicolau (batterie), et Mathilde Collet (chœurs).

Je me permets d'ajouter une petite touche personnelle à cette biographie J'ai fait connaissance d'Aurélien au début des années 2010 à l'occasion de discussions sur le forum CHEMICAL HARVEST qui est consacré à MARILLION et STEVEN WILSON. Nous nous sommes parfois rencontrés lors de concerts (MARILLION, WILSON, GILMOUR, …). Il me faisait part de ses projets artistiques. Je l'écoutais avec la même bienveillance que pour d'autres amis avec des projets similaires. Puis ses projets sont devenus des réalités, sa musique est désormais reconnue jusqu'en Angleterre, patrie du prog ! Honnêtement, lors de ses premiers exposés, je ne pouvais pas imaginer le voir un jour en concert, placé ainsi sur une affiche internationale et prestigieuse ! C'est empreint de ces souvenirs que je m'approche de la barrière et partager son émotion que je sais puissante.

En fond de scène, le sigle du groupe s'étale sur un large drap noir. Le groupe est encore relativement peu connu en Allemagne mais la communauté française est là pour soutenir bruyamment nos compatriotes !

A mon humble avis, Aurélien pourrait marquer ce concert d'une Pierre Blanche dans son parcours, tant il fut excellent de l'avis général ! Soutenu par une sonorisation limpide, sa voix m'a paru nettement plus perceptible que lors de mes deux précédents concerts. En outre, lui comme ses complices, Baptistes, Marc, Arnaud et Mathilde, semblent acquérir une aisance qui leur permet de gagner en charisme. On retrouve sur scène toute la magie des chansons entendues sur les disques.

Les six premiers titres venaient de nous séduire totalement, lorsqu'Aurélien nous fait la surprise d'inviter sur scène David Delavoipiere, qui fut son guitariste sur "Raising Hands". L'intéressé étant germanophone, il s'adresse au public directement, accentuant son intérêt. Une démarche qui aura contribué à n'en point douter à capter encore davantage l’auditoire !

Composé ainsi de deux guitaristes, pour "Hunger" et "Raising Hands (Pt 2)", ESTHESIS m'a semblé prendre encore une dimension supérieure ; cette formation accroit encore la profondeur des interprétations. Ce serait peut-être une piste à explorer à l'avenir…

Quoiqu'il en soit je suis convaincu que beaucoup de festivalier ont pris conscience qu'ESTHESIS est un groupe à suivre. Le public n'attend plus le soutien français pour acclamer le groupe avec un enthousiasme dont il se souviendra.

Aurélien sait comment varier les plaisirs ; seuls les trois premiers avaient été joués Chez Paulette. Ici, la liste des titres est de surcroit plus longue, puisque le temps imparti lui permet d'interpréter neuf titres.

PROGRAMME

  1. Amber (Watching Worlds Collide, 2022)
  2. Place Your Bets (Watching Worlds Collide, 2022)
  3. High Tide (Watching Worlds Collide, 2022)
  4. Vertigo (Watching Worlds Collide2022)
  5. Through My Lens (Watching Worlds Collide2022)
  6. Stratus (reprise de Billy Cobham)
  7. Hunger (avec David Delavoipiere) (Raising Hands2019)
  8. Raising Hands (Pt 2) (avec David Delavoipiere) (Raising Hands, 2019)
  9. No Soul to Sell (The Awakening, 2020).

Esthesis

19h30 : SOËN (SUEDE)
https://soenmusic.com/

Martin Lopez fut le batteur du groupe suédois OPETH de 1997 à 2005. Alors que ses complices prenaient un essor de notoriété grâce au soutien Steven Wilson, des soucis de santé lui ont fait hélas renoncer. Il a cependant entrepris de fonder un nouveau groupe dès 2004, mais celui-ci n'a pris vraiment forme qu'en mai 2010. Martin Lopez, décrit la musique de SOËN comme "mélodique, lourde et complexe". Ce qui est parfaitement résumé.

Un premier album, "Cognitive", est sorti le 15 février 2012. Leurs textes sociétaux fouillés, alliés à des musiques aux atmosphères pesantes et mélodiques en font un groupe atypique. Musicalement on peut trouver aux détours des chansons, des influences d'Opeth, d'Anathema ou de Leprous. Les albums "Tellurian" en 2014, "Lykaia" en 2017, et "Lotus" en 2019, sont autant d'œuvres dynamiques, puissantes et d'une belle richesse harmonique. Sans omettre la profondeur des textes abordant la société contemporaine.

Le cinquième album, "Imperial" est paru le 29 janvier 2021.

Le quintet est actuellement composé outre Martin Lopez (batterie, percussion depuis 2010), de Joel Ekelöf (chant, depuis 2010), Lars Enok Åhlund (claviers guitare et chœurs, depuis 2014), Cody Lee Ford (guitare chœur, depuis 2018) et Oleksii "Zlatoyar" Kobel (basse, depuis 2020).

Alors que j'étais dans une phase personnelle déprimante, leur concert du samedi 24 septembre 2022 à la Maroquinerie de Paris m'a pourtant convaincu de leur talent.

Leur prestation d'aujourd'hui ne dément pas mon enthousiasme. J'avais prévu de rester assis en gradin, histoire de me réserver pour la fin de cette troisième journée, mais la section rythmique (Martin, Lars, Oleksii) est si entrainante, que je suis retourné irrésistiblement en fosse pour communier plus fort. Les soli de Cody accroissent encore les émotions.

Joel Ekelöf émeut son auditoire par sa voix claire au timbre puissant, qui développe un chant mélancolique de toute beauté ! Sa sensibilité est évidente et il semble sincèrement ému de l'accueil du public.

Martin Lopez me semble avoir été marqué musicalement par son passage au sein d'Opeth, et sans doute psychologiquement par son départ. Leur musique, soumise au prisme de leurs influences issues notamment du rock progressif, produit des sonorités pop teintées de metal. Mais peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ! Toute l'arène acclame les Suédois, les Roi des mélodies puissantes !

Par onze titres, cinq sont issus de "Imperial", 2021.

PROGRAMME

  1. Monarch (Imperial, 2021)
  2. Deceiver (Imperial, 2021)
  3. Lunacy (Lotus, 2019)
  4. Martyrs (Lotus, 2019)
  5. Savia (Cognitive, 2012)
  6. Lucidity (Lykaia, 2017)
  7. Modesty (Imperial, 2021)
  8. Illusion (Imperial, 2021)
  9. Jinn (Lykaia, 2017) (Guitar solo at the end as… more )
  10. Antagonist (Imperial, 2021)
  11. Lotus (Lotus, 2019).

21h30 : LEPROUS (NORVEGE)
https://www.leprous.net/

Ce groupe norvégien de métal progressif originaire de Notodden, a été fondé en 2001 par Einar Solberg (chant, claviers depuis 2001) et Tor Oddmund Suhrke (guitares, chœurs depuis 2001). Le groupe s'est consolidé courant 2008 alors qu'ils enregistraient leur album, "Tall Poppy Syndrome", paru le 5 mai 2009. Ils ont commencé à tourner en tant qu'invité de d'Ihsahn (le beau-frère de Solberg) qui, à son tour, a participé à plusieurs albums de LEPROUS en tant que chanteur/hurleur invité ou producteur.

J'entends parler d'eux avec insistance, sur les réseaux sociaux à cette époque. Je fus séduit dès les premières écoutes. Le coup fatal, je l'ai reçu en assistant à leur concert du mercredi 3 novembre 2010 à l'Elysée Montmartre, alors qu'il était invité par THERION. Je fus subjugué par leur prestation phénoménale ; détail esthétique, c'est l'époque ou Einar était encore chevelu de dreadlocks et vêtu baroque ! A partir de ce moment, je ne manquerai plus une occasion de me déplacer pour les voir ; à Paris, Barcelone, Raismes, Savigny ou Valkenburg ! Je ne suis pas encore allé les voir jouer chez eux en Norvège, mais je n'en attends que l'occasion !

C'est avec leur album "Bilateral", paru en 2011, que leur notoriété s'accroit, et les opus suivants confirment leur originalité, leur créativité. Mon admiration s'accentue encore lorsque LEPROUS expérimente de nouvelles sonorités avec le somptueux album "Pitfalls" paru le 25 octobre 2019.

Leur septième album "Aphelion" est paru le 27 aout 2021. Toujours aussi riche en subtilités sonores, il place LEPROUS dans le statut définitif des groupes majeurs de la scène prog metal actuelle. Après une tournée triomphale, l'Aphelion European tour 2023, qui m'a permis de les revoir ce dimanche 12 février 2023 à la salle Pleyel, les voilà donc invités en tête d'affiche du prestigieux Festival ! Quel parcours !!

Pour couronner le tout, Einar semble être comblé, puisqu'il a annoncé sur les réseaux sociaux s'être marié ce 14 juillet avec sa belle Elen, une Ukrainienne.

Depuis le 3 novembre 2010, c'est la treizième fois ce soir que j'assiste à leur concert.

Le plus fort dans tout cela, c'est que ces artistes multi-instrumentistes parviennent à transposer sur scène, à la fois la sensibilité et la force des compositions. Les deux fondateurs demeurent à ce jour entourés de Baard Kolstad (batterie depuis 2014), Simen Børven (basse, chœurs depuis 2015), et Robin Ognedal (guitares, chœurs depuis 2017). Malheureusement, le canadien Raphael Weinroth-Browne (violoncelle) habituellement présent durant les tournées promotionnelles est absent ce soir ; son apport en concert est pourtant important.

LEPROUS, à l'instar de HAKEN, ou de SOËN est, pour certains mélomanes, un groupe clivant, séparant d'une part les tenants d'un rock progressif éthéré et romantique, et d'autre part les tenants d'un rock progressif plus puissant. Je ne me pose aucune question existentielle de ce type, sans doute parce que mon parcours musical personnel est passé par le metal. Je peux encore maintenant écouter sans transition OAK ou LEPROUS, GAZPACHO ou OPETH, THE WINDMILL ou PAIN OF SALVATION… Tiens, je ne cite que des Scandinaves, comme c'est bizarre ! HAKEN ou MOSTLY AUTUMN.

Quoiqu'il en soit, leur place en tête d'affiche de ce Festival est bien méritée. Tout dans la musique de LEPROUS concourt à une évasion de l'esprit ; par ses multiples facettes, alternant la douceur et la violence, les sonorités instrumentales puissantes et/ou délicates. Mais aussi et surtout par cette voix au timbre si clair, céleste et limpide et à la tessiture si surprenante ; il passe des aigus aux grognements avec une apparente décontraction.

La prestation de LEPROUS est à cette image ; d'abord saisissante d'audace harmonique, puis étourdissant de prouesses vocales et instrumentales. Cet enchainement dantesque de "From The Flame", "Alleviate" et "Out of Here" avait de quoi me sidérer, pour moi c'est une véritable performance, car les parties vocales y sont particulièrement admirables.

Et puis il y a aussi leur charisme captivant qui passe notamment par leur chorégraphie à la fois puissante et comme retenue par la section rythmique ; les voir se démener lorsque le rythme se fait plus saccadé est toujours saisissant. Je ne peux pas oublier l'époque où il y avait davantage de crinières à secouer, mais cela reste fort, quand même !

Côté éclairage, c'est toujours compliqué pour les chasseurs amateurs d'images ; c'est souvent trop sombre, ou il faut subir davantage d'éclairs incessants que des faisceaux vraiment éclairants. Mais bon, avec du bon matériel, les pros arrivent quand même à tirer leur épingle du jeu.

Le public présent est irrésistiblement transporté, les ovations sont particulièrement bruyantes. Au sein de notre microcosme d'amis, ceux qui découvraient le groupe sur cette scène ont également été séduits. Comment ne pas reconnaitre le talent de ces redoutables Vikings !

Leprous

Parmi les douze titres, trois sont issus de leur album "Aphelion" qui commence à dater désormais !

PROGRAMME

  1. Running Low (Aphelion, 2021)
  2. Illuminate (Malina, 2017)
  3. The Valley (Coal, 2013)
  4. Castaway Angels (Aphelion, 2021) (Dédié  aux combattants en Ukraine)
  5. From the Flame (Malina, 2017)
  6. Alleviate (Pitfalls, 2019)
  7. Out of Here (Aphelion, 2021)
  8. Forced Entry (Bilateral, 2011)
  9. Slave (The Congregation, 2015)
  10. Below (Pitfalls, 2019)
  11. The Price (The Congregation, 2015)
  12. The Sky Is Red (Pitfalls, 2019).


Voilà, ce dernier concert achève de manière magistrale ce festival qui a comblé les tendances musicales, chacun a pu trouver leur compte. Finalement, mon prorata d'intérêt n'a pas changé, mais pas forcément pour les mêmes raisons ; certains artistes déjà connus ont encore grandi dans mon estime, d'autre ont peut-être engagé un processus de suivi intéressant.

Notre groupe de l'hôtel se réunit une dernière fois, malgré la fatigue, autour d'un verre de l'amitié.


LUNDI 17 JUILLET

Tous les ans, c'est le même calvaire. Le moment des séparations, du retour aux dures réalités, ne se fait pas de gaieté de cœur. D'autant moins lorsque les soucis matériels s'ajoute au désarroi. La voiture d'un couple de notre groupe a rendu l'âme, les contraignant à rentrer en trains. Le retour s'annonce long pour eux. Mais pour nous aussi, et toute façon !

Dépêchons nous de rentrer pour réserver nos tickets anticipés pour l'année prochaine !