Entre 1974 et
1979, mon attrait pourtant déjà bien affirmé pour les sonorités les plus
métalliques fut bien malencontreusement mis en veilleuse. Erreur de jeunesse,
alors que tant d'événements importants de déroulaient sur les scènes de
l'époque. La collaboration avec SCORPIONS de Monsieur Ulrich ROTH de 1974 à
1977, pour quatre opus d'anthologie, fut sans doute l'un d'entre eux.
Je n'ai donc
jamais eu la chance d'assister à un concert de SCORPIONS dans cette
configuration, pas même lors des trop rares réunions scéniques ultérieures. Uli
Jon ROTH a souhaité évoluer seul afin d'exprimer sa virtuosité dans un univers
mystique et davantage ancré dans les sons proches de ceux de Jimi Hendrix et de
Cream. Il fonda ainsi dès 1978 son propre groupe, Electric Sun avec lequel
il réalisa trois excellents albums jusqu'en 1985. Fort heureusement, le 18 mars
1985, j'ai pu assister à son concert à l'Eldorado (10ème
arrondissement de Paris).
Au début des
années 1980, il développa une guitare de six octaves appelée Sky
Guitar, qui lui permit de jouer des pièces de violon dans le registre
original. Il est ainsi le premier guitariste à interpréter les "Quatre saisons" de Vivaldi avec un
orchestre. Uli a ensuite continué sous son propre nom ; ce que je déplore
personnellement car il me semble que ses créations, oscillant entre le rock le
plus dur et la classique tantôt éthérée tantôt grandiloquente, furent d'inégales
qualités, indépendamment bien sûr de son talent de guitariste !
Cette soirée me
permettra cependant d'assister à son 5ème concert depuis 1985 après
ceux des tournées "Beyond the
astrial Skies" (1985), "Metamorphosis"
(2004), "Under a Dark Sky"
(2008), "Scorpions Revisited Tour / 40ème anniversaire" (2014), et donc ce "50ème anniversaire"
(2018).
Ce
cinquantenaire commémore ainsi décembre 1968 durant lequel, à l'âge de 13 ans,
ce surdoué se produisait sur scène !
Sur cette
tournée, ses compagnons de scène sont David Klosinsky (guitare), Corvin Bahn
(claviers, chœurs), Niklas Turmann (guitare,
chant), déjà présents depuis quelques années.
Il semble qu'ils soient
accompagnés ce soir par Michael O'Reily
(batterie) et Simon Foster (basse, chœurs)
; à vérifier. (Petit commentaire
personnel, j'aurais apprécié revoir au chant Nathan James, qui était sur la
précédente tournée, mais il est désormais impliqué au sein de Inglorious. Il faudra donc me contenter des images du
film).
Bien que le
Trabendo dispose d'une acoustique irréprochable, la sonorisation m'a semblé
déséquilibrée ; heureusement la guitare du Maître fut préservée, mais les
micros ne furent pas toujours audibles, à l'instar du clavier. Trop de
puissance accordée à la basse et de batterie, surtout durant la première
partie, qui aurait dû favoriser les atmosphères planantes.
L'éclairage
aurait pu être un peu plus vif pour garantir de meilleures photos, mais il faut
reconnaitre que les rouges, les verts et les bleus convenaient aux atmosphères
requises.
Pendant plus de
deux heures, (deux parties de plus d'une heure chacune, scindées par un
entracte de dix minutes) Uli nous fait revisiter à la fois ses créations
(1975-2000), mais aussi ses sources d'inspiration (1960 et 67) sans omettre
deux titres (1986) en hommage appuyé à Zeno, son frère décédé l'année dernière.
La première
partie de soirée fut principalement axée sur son parcours solo. Mais si son
œuvre personnelle fut écoutée avec respect et admiration, en revanche la
période Scorpions fut acclamée avec encore davantage de ferveur dans une
ambiance survoltée. J'imagine qu'il prend cette part de succès avec une
certaine philosophie, du moins je lui souhaite !
En introduction de la seconde partie, Uli nous présenta la seule nouveauté, crée cet été, "Passage to India", long titre interprété en acoustique, seul, assis. Gageons que ce soit l'amorce d'un futur album. Ensuite, il se leva pour prendre une guitare qui, nous dit-il, était restée au placard durant les quelques décennies qui ont précédé cette tournée. C'est avec elle qu'il interprète "Apache", une reprise des Shadows, un groupe qui a sans doute contribué à le motiver dans sa démarche artistique ! Après une longue séquence de reprise de SCORPIONS, il ne peut pas clore cet hommage à sa carrière sans évoquer son Maître, le Grand Jimi avec deux titres très emblématiques.
Uli Jon ROTH nous a encore démontré qu'il demeure un exceptionnel musicien, hors du commun tant par sa virtuosité, sa sensibilité, que par sa démarche artistique totalement assumée. N'oublions pas qu'en demeurant au sein de Scorpions, il aurait pu connaitre la gloire et la notoriété. Mais ce pionnier du metal néo-classique a préféré rester honnête avec lui-même, et donc avec ses admirateurs. Ainsi soit-il !
PROGRAMME :
partie 1
Sky Overture (Transcendental Sky Guitar, 2000)
Indian Dawn (titre de Electric Sun, Fire Wind, 1981)
Electric Sun (titre de Electric Sun, Earthquake (1979)
Sun in My Hand (titre de Scorpions, In Trance, 1975)
Why? (titre de Electric Sun, Beyond the Astral Skies, 1985)
Don't Tell the Wind (reprise de Zeno, 1986)
Eastern Sun (reprise de Zeno, 1986)
Starlight (reprise de Sky of Avalon, 1996)
Enola Gay (Hiroshima Today) (titre de Electric Sun, Fire Wind, 1981)
The Sails of Charon (titre de Scorpions, Taken by Force, 1977).
partie 2
Passage to India (inédit créé cet été 2018)
Apache (reprise de The Shadows, 1960)
We'll Burn the Sky (titre de Scorpions, Taken by Force, 1977)
In Trance (titre de Scorpions, In Trance, 1975)
Pictured Life (titre de Scorpions, Virgin Killer, 1976)
Catch Your Train (titre de Scorpions, Virgin Killer, 1976)
Yellow Raven (titre de Scorpions, Virgin Killer, 1976)
All Along the Watchtower (reprise de Bob Dylan, 1967)
Little Wing (reprise de The Jimi Hendrix Experience, 1967).
Je me suis précipité à l'échoppe afin de me procurer le blu-ray de la tournée précédente, ainsi que le très beau t-shirt. La vendeuse m'assure qu'Uli passera pour rencontrer ses admirateurs. Et en effet, il ne tarde pas à se présenter, calme et particulièrement disponible et souriant. En bon allemand, il organise avec méthode mais courtoisement la séance ; les dédicaces d'abord, les portraits ensuite ! Lorsque mon tour vient, il me toise et me lance "tu as une allure d'artiste toi, t'es un artiste ?" Je n'ai jamais eu de répartie, ce soir moins encore qu'à l'accoutumée, tu juste ai-je pu lui retourner combien de l'admire… (le gars comprend le français, à tel point que je n'ai pas eu lui épelé mon prénom, pourtant atypique !) La pose pour le portrait s'en trouve d'autant plus souriante ! Reviens quand tu veux, Uli !
magnifique retour, comme d'hab ! Bravo Patrice !
RépondreSupprimerMerci Joël. Ce récit permettra aux victimes écartées de cette unique date française d'imaginer un tant soit peu les émotions ressenties ...
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