dimanche 27 janvier 2019

JUDAS PRIEST – Zénith de Paris – 27/01/2019

En préambule à mes récits de concerts, il me semble souvent opportun de rappeler le contexte afin de mieux faire comprendre mes sensations. Le relevé d'impressions de cette soirée dantesque ne pourra pas faire exception car Judas Priest fait partie de ces quelques groupes qui m'ont rendu raide-dingue durant mon adolescence, et ce bien avant les Metallica et autres gamins qui ne faisaient que percer dans les années 80. Je ne relaterais ici que très succinctement les nuques endolories et les cordes vocales maltraitées qui résultaient inéluctablement de mes soirées à les écouter. A cet égard, il était d'ailleurs préférable d'avoir des voisins très compréhensifs, ce qui était très heureusement mon cas à cette époque bénie.
Jusqu'en 1991, après la parution de "Painkiller" (1990) suivie de sa tournée promotionnelle, je vénérais ces Dieux du Metal ; je considérais leur chanson "Metal Gods" comme une auto-proclamation. Judas Priest incarnait tout simplement le Heavy Metal tel que je le conçois ; des accords à la fois rageurs et mélodiques, souvent en duos, une base rythmique implacable et surtout une voix phénoménale. Je n'étais pas présent au concert légendaire d'AC/DC en 1979 et j'ai ainsi manqué une première occasion de les voir, mais j'ai toutefois ensuite eu la chance d'assister à cinq concerts d'anthologie, sur les tournées "Point of Entry" (07/12/1981, Pavillon Baltard), "Defender of the Faith" (11/02/1984, espace Balard), "Turbo" (20/10/1986, Zénith), "Ram it down" (16/05/1988, Zénith) et "Painkiller" (17/03/1991, Zénith).
Cependant, j'ai sans doute eu le tort de prendre à la lettre leur chanson "United" extraite du monumental opus "British Steel" (1980) ; si bien que lorsque Rob a quitté le navire pour des ambitions personnelles, je me suis senti trahi. J'ai alors classé l'affaire dans les dossiers archivés ; à mes oreilles intransigeantes, personne ne pouvait le remplacer. C'était juste une question de principe. Metallica leur a alors succédé au Panthéon des maîtres du metal en fusion. Mes goûts musicaux étaient par ailleurs déjà assez éclectiques pour ne pas m'attarder sur les états d'âmes de ces casseurs de rêves.
Rob est revenu en 2003, mais la viande était refroidie et je n'ai plus retrouvé la même faim.
A l'occasion de la tournée "Nostradamus", j'ai toutefois assisté à un sixième concert (21/03/2009, Zénith) que je n'ai pas trouvé assez convaincant pour me donner envie de les suivre avec autant de ferveur qu'auparavant. D'autant moins lorsqu'en 2010 ils annoncent une tournée d'adieu, annonce suivie de surcroit par le départ incompréhensible de K. K. Downing en 2011 qui avait décidé de monter un club de golf (nan, mais j'hallucine ?!!). Ca sentait la fin…
Nonobstant ces sujets d'inquiétudes, en 2015 leur prestation au Wacken Festival a fait l'objet d'un film édité en 2016 sur le DVD "Battle Cry". Richie Faulkner y supplée Glenn avec une telle efficacité que mon intérêt a commencé à se réactiver. Intrigué par cette renaissance inespérée, j'ai été subjugué par le nouvel album du groupe, "Firepower", sorti ce 9 mars 2018. Mais, nouveau coup dur, Glenn Tipton déclare être atteint par la maladie de Parkinson et annonce son retrait de la tournée, après avoir toutefois contribué à l'album. Ce coup du sort n'est pas sans me rappeler celui de Malcolm Young.
Ainsi, seul Ian Hill (basse, 68 ans) demeure membre fondateur, depuis 1970. Il est permis d'estimer toutefois que la légitimité de Judas Priest est partagée avec Rob Halford (chant, 67 ans) qui est toujours là depuis 1974, en dépit de son infidélité. Scott Travis (batterie, 57 ans) est là depuis 1989 mais, comme Rob, il est parti en 1993. Cependant, l'enfant prodigue est revenu dès 1996. Aux guitares nous trouvons donc désormais Richie Faulkner (guitare, 39 ans) qui accompagne donc Judas Priest depuis 2011. Andy Sneap (guitare, producteur du dernier album, 49 ans) remplace Glenn sur la tournée…
Les échos scéniques de cette formation étant plutôt positifs, je me suis résolu à emmener mon fils et ma Fée pour qu'ils assistent au moins une fois à ce qui reste de cette Légende du metal, pour qu'ils aient au moins une idée de ce qu'ils furent. Cette prestation montrera que Judas Priest n'est pas un groupe de "has‑been", force est de constater ce soir que le phénix est resplendissant ! "Some Heads are gonna roll" !

DISCONNECTED (19h-19h30). Ce récent quintet troyen, français quoiqu'anglophone, m'était parfaitement inconnu ; j'ignorais même qu'il ouvrait les hostilités ce soir. Il se compose d'Adrian Martinot (Guitare), Ivan Pavlakovic (voix), Romain Laure (basse), Florian Merindol (guitare), et de Jelly Cardarelli (batterie).
En dépit de ma bonne volonté de mélomane curieux, les rugissements du hurleur de service furent plutôt de nature à agresser mes pauvres tympans non-avertis. Que voulez-vous, depuis mon année passée en caserne, je n'apprécie guère que l'on vienne me brailler aux oreilles de manière intempestive… Quand je serai à l'hospice il faudra peut-être en revenir à cette extrémité, mais on n'en est pas encore là.
Cependant, passé un premier épisode agité, les propos humbles et reconnaissant du monsieur m'ont porté à la bienveillance. Son plaisir et son émotion à assurer la première partie des Maitres furent exprimés avec une sincérité touchante.
Il le reconnait lui-même, le style de Disconnected diffère de celui de Judas Priest. Néanmoins, son metal (qualifié de "modern", semble-t-il ?) passe plutôt bien et le public ovationne poliment ces valeureux combattants qui reviennent d'une tournée européenne visant à promouvoir leur premier opus "White Colossus", paru en mars 2018 ! La sonorisation est correcte et permet de percevoir les soli du guitariste qui parviennent à imposer une certaine fantaisie dans un bloc sonore qui m'a paru assez brutal.
Souhaitons-leur bon vent ; dans leur style, ils me semblent pouvoir aller loin.
PROGRAMME
Living Incomplete
Blind Faith
Losing Yourself Again
For All Our Sakes
White Colossus.


JUDAS PRIEST (20h-21h40). Je ne le cache plus après coup, mais mon anxiété fut à son paroxysme jusqu'aux premières minutes du concert ! Je craignais une prestation décevante, pas à la hauteur de leur réputation. J'ai tenu cependant à me donner toute les chances d'apprécier. Placés en fosse, mais pas trop loin, face au milieu de scène, nous étions en tout état de cause idéalement placés pour l'acoustique. Bien sûr, comme d'habitude, il fallait toutefois bénéficier d'une taille respectable, ce qui n'est pas le cas de ma p'tite Fée qui parviendra cependant à percevoir l'essentiel.
Un rideau aux couleurs flamboyantes, arborant le symbole du groupe, est comme gobé dès l'entrée en scène des anglais et… le tourbillon de bonheurs ne tarde pas m'enivrer les sens ! En effet, la sonorisation est juste parfaite, une puissance maîtrisée et audible ; je n'ai même pas besoin de protections auditives, je suis comme dans mon salon !!
Mon enthousiasme s'accroit encore lorsque les titres d'anthologie et inespérés se succèdent, ceux du dernier excellent opus n'étant pas oubliés ! Après l'introduction sur "Firepower", nous avons droit à un pur régal inouï avec la succession de "Running Wild", "Grinder", "Sinner" et "The Ripper" ! Peu de répit, car Rob échange avec son public mais sans discours qu'il estime sans doute superflu. Il est vrai que l'auditoire ravi ne demandait pas mieux que de savourer le plus intensément possible cette grand'messe ! Des titres comme "Green Manalishi" ou "the Ripper" furent de purs moments de bonheur ! Cerise sur le gâteau, nous eûmes même droit au rare "Killing Machine" (plus interprété depuis … 1978) ! Seul manqua "Victim of Changes" (qui aurait été de circonstance avec la malheur qui accable Glenn), mais j'imagine que la partie vocale doit désormais effrayer Rob. Pourtant, sur des titres comme "Sinner", "Freewheel burning", ou encore ce "Painkiller" de folie, il n'a rien perdu de son efficacité ! Moment d'émotion durant ce titre, des images de Glenn, le grand absent, permettent d'imaginer sa présence sur la scène. La discographie est ainsi largement passée en revue, avec dix opus évoqués (sans compter le "Unleashed", bien sûr) ; petite pointe d'émotion particulière pour moi lorsque "Desert Plains" issu de "Point of Entry" fut interprété, me ramenant ainsi à mon premier concert de JP, 38 années en arrière ! (gasp !)…
Au fil de la soirée, une douce folie m'emporte ; je peine à croire mes oreilles et mes yeux devant l'excellence des interprétations. Rob doit certes composer avec ses années mais il n'en demeure pas moins performant sur le plan vocal. Certaines astuces lui permettent parfois de masquer les notes les plus élevées, cependant la prestation reste sidérante ; Rob is God ! Coquetterie du Maître, il changera plusieurs fois de vêtements, qui ne vaudront jamais ceux qu'il montrait dans les années 70's ! La base batterie/basse assure un train d'enfer ; Ian toujours très discret au fond de la scène et Scott toujours carré et imperturbable. Les deux guitaristes tentent de faire oublier leur prédécesseur ; si Andy assume modestement son pupitre, en revanche Richie se montre excellent lors des soli qu'il assume en quasi-totalité !
L'éclairage est très lumineux (idéal pour les photographes) et les fonds de scène sur écrans alternent illustrations et films en adéquation avec les titres, comme par exemple durant "The Ripper" avec des images rappelant les événements de Whitechapel. Le plus souvent c'est le thème du feu (ou de la puissance de feu) qui logiquement était évoqué, compte tenu de la tournée actuelle. Tout est parfait pour entretenir la fête du Metal ! Le public ne s'y trompe pas, les plus jeunes (dont mon fils) "pogotent" allègrement dans leur secteur, sans empêcher les plus anciens (dont je suis) de savourer leur nostalgie.
Pas le temps de souffler, les titres s’enchaînent à en perdre haleine ! Le moteur de la moto annonce la traditionnelle arrivée pétaradante de Rob sur scène enfourchant une rutilante Harley, avant de lâcher la vapeur sur "Hell bent for Leather". Scott harangue ensuite la foule avant de lancer la machine infernale sur "Painkiller" qui clôt le concert… avant le rappel bien sûr !
Le temps de rappel est à peine perceptible, mais dans la logique de la soirée ; tout est balancé à la gueule d'un public affamé et ravi ! Après dix-sept premiers titres, nous sommes comblés de quatre titres pour conclure un concert d'une heure quarante (21 titres, donc !) qui restera gravé dans nos mémoires ! Tradition oblige la moto trône au pied de la batterie jusqu'à la fin du concert. La communion fut parfaite, la messe est dite, ses prêtres n'ont pas trahi !
Un message s'affiche en grandes lettres sur fond de scène : "THE PRIEST WILL BE BACK". Comme pour rassurer un public légitiment inquiet, tant les ravages du temps qui passe ont de quoi entretenir le doute sur les chances de les revoir… Glenn est cramé par la maladie, KK est banni par sa connerie… Alors certes, cette formation reste crédible et semble pouvoir tenir la route… On verra bien.
PROGRAMME
Firepower (Firepower, 2018)
Running Wild (Killing Machine, 1978)
Grinder (British Steel, 1980)
Sinner (Sin After Sin, 1977)
The Ripper (Sad Wings of Destiny, 1976)
Lightning Strike (Firepower, 2018)
Desert Plains (Point of Entry, 1981)
No Surrender (Firepower, 2018)
Turbo Lover (Turbo, 1986)
Killing Machine (Killing Machine, 1978) (première interpretation scénique depuis le 24 novembre 1978)
The Green Manalishi (With the Two Prong Crown) (reprise de Fleetwood Mac)
Night Comes Down (Defenders of the Faith, 1984)
Rising From Ruins (Firepower, 2018)
Freewheel Burning (Defenders of the Faith, 1984)
You've Got Another Thing Comin' (Screaming for Vengeance, 1982)
Hell Bent for Leather (Killing Machine, 1978)
Painkiller (Painkiller, 1990).
RAPPEL :
The Hellion/Electric Eye (Screaming for Vengeance, 1982)
Metal Gods (British Steel, 1980)
Breaking the Law (British Steel, 1980)
Living After Midnight (British Steel, 1980).


Fabuleux programme donc, mais trois opus "oubliés" auraient pu/dû aussi être évoqués : Rocka Rolla (74), Stained Class (78), et Ram It Down (88). Ce sera pour une prochaine fois ?








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