vendredi 8 juillet 2022

RAMMSTEIN – Stade Groupama (Lyon-Décines-Charpieu) – vendredi 8 juillet 2022.

Ce stade, d'une capacité théorique de 59 186 places en configuration football, est situé à Décines-Charpieu, dans l'est de l'agglomération lyonnaise. En projet depuis 2007, il a nécessité l'expropriation d'une quarantaine d'agriculteurs pour des montants très faibles (un euro le m²). Il a été construit de 2012 à 2015, puis inauguré en 2016.

La tournée Europe Stadium Tour en 2019 se déroulant parfaitement, le groupe avait annoncé dès le 24 juin 2019 une seconde partie de sa tournée pour 2020, et une vente des billets avait débuté dès le 5 juillet 2019. Mais, la Pandémie a interrompu le processus et le 19 mai 2020, Rammstein annonçait sur son site officiel que leurs concerts seraient reprogrammés les 9 et 10 juillet 2021. Puis la tournée européenne du groupe fut de nouveau reprogrammée en 2022, les dates des concerts français sont désormais les 8 et 9 juillet 2022 à Lyon. Ce sera ainsi mon quatrième concert de Rammstein après les 7 mars 2012 à Paris, 12 juin 2016 à Paris et 28 juin 2019 à Nanterre.

C'est donc avec une impatience non dissimulée que tout ce beau monde s'est donné rendez-vous à Lyon, dont les rues sont envahies de gros malades venus des quatre coins de la France, et au-delà... Notre microcosme réuni dans le vieux Lyon a quelque chose de rassurant. Il reste encore des gens qui aiment la bonne musique. Malgré tout.

Pour nous mener de Paris à Lyon, Flixbus nous a facturé la modique somme de 24 € A/R ! L'accès au Stade a nécessité la réquisition de la ligne T3 pour assurer les navettes de liaison depuis la gare Pare-Dieu. Moyennant un forfait de 5 €. Mais sa capacité demeure bien inférieure à celle d'un métro et la file d'attente au terminus fut impressionnante au départ, et pénible au retour.

Avant le concert, nous passons par l'échoppe officielle. J'opte pour le t-shirt (35€) floqué spécialement à la date du jour, même si sa couleur rose me déplait. Avec ma p'tite Fée et mon fils, nous parvenons ensuite à réunir des amis Daniel, Viviane, Michel, Carine, Patrick, … tous venus de divers horizons, avant de nous disperser sur nos secteurs respectifs. Nous faisons une halte à un bar de l'étage pour siroter une mousse dans un gobelet de collection estampillé Rammstein, confortablement installés dans un fauteuil du salon.

DUO ABELARD [20h?-20h30?]

Comme en 2019, Rammstein a choisi de débuter sa soirée par la prestation d'un duo de pianistes. Mais les concertistes françaises de 2019, JATEKOK, avait réservé d'autres spectacles avant d'être invité par Rammstein. C'est donc le duo de lyonnaises ABELARD qui assure les premières parties des allemands sur cette tournée. On imagine aisément la fierté des deux dames, Héloïse Hervouët et Katherine Nikitine, d'exécuter leurs interprétations dans leur agglomération d'origine ! Et d'ailleurs elles ne s'en cachent aucunement, à l'occasion de leurs remerciements.

La part du public venue seulement pour l'agitation et le bruit a pu s'agacer de cette séquence, mais pour les mélomanes avertis (dont je suis) ce fut un bien bel hommage à la musique de Rammstein. Preuve, s'il en fallait, que Rammstein c'est aussi de la poésie dans les mots et dans les notes.

Ces deux artistes ont su transmettre toutes les émotions, les nuances et les harmonies qui m'ont toujours ému personnellement. Un peu de tendresse dans un monde de brutes ! Je salue leur courage de présenter leurs interprétations dans un cadre a priori peu favorable.

PROGRAMME
Sonne
Mutter
Diamant
Mein Herz brennt
Zeit
Frühling in Paris
Ohne dich
Deutschland
Du hast.

RAMMSTEIN [21h06-23h25]

Formé en 1994 à Berlin, le groupe demeure composé des six membres originaires d'Allemagne de l'Est ; Till Lindemann (chant), Richard Zven Kruspe (guitare, chœurs), Paul H. Landers (guitare, chœurs), Oliver Riedel (basse), Doktor Christian "Flake" Lorenz, claviers, Christoph "Doom" Schneider (batterie).

La scène est une structure monumentale, industrielle, grandiose et massive. Ce décor est particulièrement impressionnant, surplombé d'une large tour au centre de laquelle apparaitra un dispositif ascensionnel ; elle est elle-même surmontée d'une sorte de vasque olympique qui s'enflammera durant le concert. Le reste de cette colossale construction est constellé de projecteurs et d'enceintes prêts à déverser feux et décibels. A chaque extrémité latérale sont dressés des écrans géants pour les spectateurs privés de vision en profondeur (faible compensation à mon avis), et un (trop petit) écran est posé au centre de la structure. Dans la fosse, une scène secondaire a été installée sur le côté gauche en regardant la scène. Toujours dans la fosse le fond du stade est surplombé de deux derricks métalliques prêts à cracher les flammes de l'Enfer ! De mes jumelles, je distingue nettement les bombonnes de carburant à leur sommet. Enorme travail, surtout quand on sait que tout ce dispositif est en double sur la tournée afin de garantir la succession des dates.

On s'attend à du lourd, on sait déjà que nous ne serons pas déçus à ce niveau là… En attendant l'heure fatidique, sont diffusées dans le stade vidéos et musiques de …Rammstein ; on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même !

Le public s'impatiente logiquement et passe ses nerfs en déclenchant de belles vagues humaines (ola) depuis les gradins vers la fosse ; Tous ces bras qui se lèvent ensemble constituent un magnifique spectacle de ferveur partagée !

Lorsqu'enfin une bande-son baroque annonce le début des hostilités, le sigle de RAMMSTEIN s'élève sur l'écran, aux couleurs de la France. L'excitation est à son comble lorsque les premières notes retentissent dans le stade. Hélas, l'ingénieur du son s'est avéré incompétent pour garantir une sonorisation digne de l'événement. Selon leur positionnement, j'ai su que des spectateurs furent satisfaits de l'acoustique, mais je peux garantir que des blocs N212, 213 et 214 nous n'avons perçu qu'une bouillie sonore infâme, au moins pendant les cinquante premières minutes.

En fait, ce n'est que passé l'introduction de "Deutschland" (dont les sonorités électro m'agacent profondément), j'ai commencé à percevoir un son audible. Sans rancune et pressé d'en profiter, j'ai alors participé pleinement à la grand'messe.

Je passerai donc rapidement sur les neuf premiers titres dont je n'ai pratiquement rien perçu hormis le visuel. C'est d'ailleurs par les jeux de scène que j'ai parfois pu reconnaitre les chansons ; Ah, Till a le cœur qui brûle, c'est donc probablement "Mein Herz brennt" … Ah, le landau brûle, c'est donc probablement "Puppe" ! Frustrant. Très frustrant…

Je n'ai toutefois pas à me plaindre de mon positionnement, aucun des derricks ne gêne ma vision de la scène, que je vois dans toute sa profondeur ; ce qui ne fut pas le cas de tout le monde. Les lésés furent ceux assis sur les côtés et ceux dans la perspective desdits derricks. Mauvaise loterie, y compris pour certains qui avaient investis en carré "or" supposés offrir un confort supérieur.

L'éclairage est logiquement sobre au début puisque la nuit n'est pas tombée. Mais au fil de la soirée les dispositifs ont accompagné les effets pyrotechniques avec une belle efficacité.

Avec une bonne sono ça change vraiment tout ; "Deutschland" suivi de "Radio" fut un pur moment de bonheur auditif.

Puis, sur "Mein Teil", le martyre traditionnel de Flake amuse toujours autant ; le pauvre doit se cacher dans sa marmite et subir le feu craché depuis des lance-flammes de toutes tailles, parfaitement maîtrisés par Till à l'acmé de son art pyrotechnique.

Le paroxysme incendiaire est atteint sur "Du hast" et surtout "Sonne" ! Le feu passe de la scène aux derricks avant d'enflammer le stade d'une luminosité incandescente ! Enorme impression. A ce niveau du concert, l'amélioration de la sonorisation alliée au spectacle parfaitement orchestré me comble de joie. Mais c'est déjà la fin annoncée…

Bien évidemment le public réclame et obtient vite le rappel mérité.

RAMMSTEIN a tenu à assumer son soutien aux deux pianistes en les faisant participer à leur rappel du concert ; et ce, pour interpréter "Engel" de surcroit ! Un titre emblématique qu'attendent habituellement les admirateurs notamment à cause de la panoplie incendiaire qu'arborait Till. Cette fois, c'est une version a capella et sans artifice ; les cinq membres occupent le périmètre de la scène secondaire et entourent les deux pianistes comme pour les protéger de mauvaises ondes ! Magnifiques instants de grâce !

Pour quitter cette mini-scène et rejoindre la scène principale, cinq musiciens (Till est parti se préparer pour la suite) survolent la foule à bord de trois bateaux gonflables. Ils avancent tant bien que mal, portés par les bras bienveillants. Belle communion entre les artistes et leur public.

A peine réinstallés, que le très dansant "Ausländer" remet le turbo ! Je m'époumone sur "Du riechst so gut", un de mes titres préférés. Puis je distingue l'érotique canon qui prédit le titre suivant, "Pussy", qui permet à Till d'arroser le public… de ce que j'identifie comme de la mousse. C'est la fête totale ! Dans ces moments-là, le lieu idéal est la fosse, assurément. A condition de disposer de la taille requise…

Les musiciens quittent la scène et reviennent pour un second rappel avec trois titres. Le concert se clôt opportunément avec l'émouvant titre "Adieu". Logique.

L'atmosphère festive retombe et la mélancolie s'installe déjà sur fond de bandes-son finales. Le souvenir d'un public remuant comme des diables dans un bénitier, fut un bonheur à regarder. Son plaisir était palpable, visible, évident. Une fête comme celle-là on en redemande toujours ! Dommage qu'elle fut gâchée au début par une sonorisation démotivante.

Près de deux heures et quart pour 21 titres dont cinq titres issus de "Rammstein" (2019), quatre de "Mutter"  (2001), quatre de "Zeit" (2022), trois de "Herzeleid" (1995), trois de "Sehnsucht" (1997), un de "Reise, Reise" (2004) et un de "Liebe ist für alle da" (2009).

PROGRAMME
Bande-sons : Music for the Royal Fireworks (Georg Friedrich Haendel)

  1. Armee der Tristen (Zeit, 2022)
  2. Zick Zack (Zeit, 2022)
  3. Links 2-3-4 (Mutter, 2001)
  4. Sehnsucht (Sehnsucht, 1997)
  5. Zeig dich (Rammstein, 2019)
  6. Mein Herz brennt (Mutter, 2001)
  7. Puppe (Rammstein, 2019)
  8. Heirate mich (Herzeleid, 1995)
  9. Zeit (Zeit, 2022)

Intro électro : Deutschland (Remix by Richard Z. Kruspe)

  1. Deutschland (Rammstein, 2019)
  2. Radio (Rammstein, 2019)
  3. Mein Teil (Reise, Reise, 2004)
  4. Du hast (Sehnsucht, 1997)
  5. Sonne (Mutter, 2001).

RAPPEL :

  1. Engel (en acoustique avec le Duo Abélard a piano, sur la scène annexe) (Sehnsucht, 1997)
  2. Ausländer (Rammstein, 2019)
  3. Du riechst so gut (Herzeleid, 1995)
  4. Pussy (Liebe ist für alle da, 2009).

RAPPEL : 2:

  1. Rammstein (Herzeleid, 1995)
  2. Ich will (Mutter, 2001)
  3. Adieu (Zeit, 2022).

Bande-sons : Sonne (Piano-Version), Haifisch, (Haiswing Remix by Olsen Involtini), Ohne dich, (Piano-Version)

Le stade a accueilli 49 124 personnes ce 8 juillet et en aura accueilli 49 560 le lendemain. En comparaison, les 28 et 29 juin 2019, 73 223 personnes avaient assisté aux concerts à Paris La Défense Arena.

Une telle foule pour trop de peu de navette décline fatalement un temps d'attente relativement pénible mais heureusement tout se fait dans la bonne humeur et à température estivale.

En conclusion, ce fut un concert qui aurait pu être excellent avec une meilleure sonorisation. Le spectacle fut dantesque et le choix des titres parfait. Mais à mon avis, le prix d'entrée comprenait autre chose que des flammes et du bruit ; c'était avant tout un concert. Or, pour écouter la musique il faut du son de qualité, je ne dis pas "parfait", je dis juste "de qualité", audible, quoi, tout simplement ! Il ne figurera donc pas comme mon meilleur souvenir de leurs concerts. Pour moi, cela restera celui du Palais Omnisport de Paris-Bercy le 7 mars 2012, qui a d'ailleurs fait l'objet d'un DVD. Là le son et le spectacle n'avait laissé aucune amertume.

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