C'est toujours un bonheur de se rendre dans ce
magnifique auditorium à Boulogne-Billancourt. Déjà son accès est relativement
aisé grâce à la ligne T2, un tramway qui traverse les beaux quartiers de la
banlieue Sud, très verdoyants et sillonnés par la Seine. Outre son cadre
architectural impressionnant, la sonorisation est toujours excellente. La
Grande Seine peut, selon sa configuration, accueillir jusque 6 800 personnes.
Ce soir j'estime l'affluence à plus de 5 000.
Passé une longue attente dans une file accablée par le
soleil, nous pénétrons enfin le bâtiment, où sont installées les échoppes, puis
la salle avec ses gradins et sa fosse. Nous nous précipitons au premier rang
sur le centre gauche, qui nous placera ainsi face aux deux Ian et à Roger.
STENGAH [20h00-20h45].
Stengah est un groupe de metal français (il parait qu'il est
étiqueté "postmetal, metal moderne, groove metal" et que
sais-je encore…) fondé en 2013 à Lille, composé de Nicolas QUESTE (Chant/Vociférations !),
Maxime DELASSUS (Guitare), Alex ORTA (Guitare), Benoit CRETEUR (Basse), Eliott Williame (Batterie).
Paul Zoot Steen venu tout
spécialement avec son saxophone pour interpréter une version inédite de "The Overman" à leurs côtés.
Leur premier album, intitulé "Soma Sema" est paru le 18 mars 2022.
STENGAH a profité d'une sonorisation relativement
bonne mais sans doute utilisée à l'excès, car les protections auditives se sont
avérées impératives ! Sans compter qu'au micro, le vociféraptor de service
n'était pas venu conter fleurette !
L'éclairage modeste, mais suffisant pour leur statut, a
permis quelque bons clichés aux chasseurs d'images. Hormis les équipements,
deux tentures frappés d'un logo rappelant le "N" de leur nom sur
l'album.
Pas de mobilier particulier outre les équipements
nécessaires aux pupitres, pédales, pieds de micro, …)
Mais pourquoi avoir programmé ces enragés en première
partie de Deep Purple ?? J'ai pourtant bien tenté de détecter quelque intérêt
aux autres pupitres, mais le hurleur m'a vite saoulé. Le bassiste m'a semblé
disposer d'une bonne technicité mais trop peu audible dans cette amalgame
métallique et très bruyant…Idem dans une moindre mesure pour les guitaristes,
peu incisifs.
Une partie du public dont mon fils, y compris parmi
les premiers rangs sensés attendre le pourpre profond, a semblé accrocher à
cette séquence particulièrement brutale. Je dois avouer ne pas avoir partagé
cet étonnant enthousiasme.
Titres à déterminer……..
DEEP
PURPLE [21h15-22h45]
Trois de ses membres issus de la Grande Epoque continuent
de perpétuer la légende depuis 1968 : Ian PAICE
(batterie, 1968-1976, et depuis 1984 né
le 29 juin 1948, 74 ans), Ian GILLAN
(chant, harmonica, 1969-1973, 1984-1988, et depuis 1992 né le 19 août
1945, 76 ans), Roger GLOVER (basse 1969-1973, et depuis 1984
né le 30 novembre 1945, 76 ans). Le
claviériste Jon Lord a cédé son pupitre à Don AIREY (claviers, du 9 août au 8 septembre 2001, et depuis 2002, né le 21
juin 1948, 74 ans). Quant à Steve
Morse (guitare depuis 1994), qui est resté aux côtés de son épouse, atteinte
d'un cancer, c'est Simon McBRIDE (irlandais,
né en 1978) qui a pris la relève. Il a
joué son premier concert avec les anglais le dimanche 22 mai.
Puisque je ne connaissais pas le monsieur, je me suis
renseigné sur son pedigree pour découvrir qu'il a joué dans un groupe de métal SWEET
SAVAGE, qui s'est formé en 1994 à Belfast.
Après avoir quitté Sweet Savage en 1998, il a opté pour un registre
différent, soul, R&B et pop en rejoignant son compatriote irlandais Andrew
STRONG. En 2008, il a sorti son premier album "Rich Man Falling" sur Nugene Records. Son deuxième album, "Since Then", parait en 2010. En
2012, parait "Crossing The Line".
En 2016, il a rejoint le groupe de rock classique "SNAKECHARMER" (en remplacement de Micky Moody, ex-Whitesnake)
et pour enregistrer un album "Second
Skin" paru en mai 2017, avant de partir en tournée avec eux. Voilà son
parcours, reste à montrer sa compétence à remplacer Richie BLACKMORE et Steve
MORSE, pas une mince affaire tout de même !
Comme beaucoup de marginaux de ma génération, un
concert de DEEP PURPLE est l'occasion de rendre hommage à une légende de notre
microcosme musical encore vivante. Leur musique a nourri tellement d'émotions en
nous et généré tellement d'inspiration chez nos artistes favoris que nous préférons
davantage retenir d'eux la part de lumière que celle de l'ombre. Retenir les
talents individuels de ce quintet magique. Il m'est cependant difficile
d'oublier le caractère insupportable de Richie Blackmore, pourtant génial guitariste
historique du groupe qu'il a bien failli faire sombrer prématurément. Mais,
dans une période où beaucoup d'institutions perdent leurs valeurs, c'est encore
plus pénible et décevant d'apprendre très récemment que ces musiciens,
que j'imaginais artistiquement intègres, ont eux aussi commis quelques "emprunts
indélicats" (doux euphémisme pour plagiat) pour réécrire des textes sur
des airs de musiques antérieurs, sans aucun scrupules, et surtout sans mention
sur les livrets. Je tiens à citer courageusement :
· "Lazy" largement inspiré de "Steppin'out", (1966) du britannique John Mayall,· "Child in Time" (1970) largement calqué de "Bombay Calling" (1969) des californiens It's a Beautiful Day,· "Smoke on the Water" (1972) largement inspiré de "Maria Quiet", (1965) de la brésilienne Astrud Gilberto,
· "Black Night" (1970) largement inspiré de "Summertime" (1962) de l'américain Nick Nelson (lui-même plagié par les Blues Magoos en 1966 avec "We ain't got nothing yet"),· "Burn" (1974) très inspiré de "Fascinating Rythm" (1924) Georges Gershwinn,· "Fireball" (1971) inspiré de "Rock Star" (1970) des canadiens Warpig.
(source : https://www.telerama.fr/musique/it-s-a-beautiful-day-bombay-pour-la-transe,161564.php
)
Bien évidemment, je leur garde toujours une estime
globale, mais l'image est fatalement ternie. Disons qu'ils ont su, avec talent,
populariser, valoriser et transcender des harmonies qui seraient probablement
oubliées s'ils n'avaient pas ajouté ce zest de génie. Et puis, s'ils ont bâti
leur notoriété sur ce procédé, n'oublions pas qu'ils se sont émancipés de cette
démarche au fil des albums, grâce à leurs talents indéniables.
"Whoosh!"
est leur vingt-et-unième album
studio, dont la sortie initialement prévue le 12 juin 2020 a été repoussée au 7 août 2020 en raison de la pandémie de
Coronavirus. Comme leurs deux précédents albums, "Now What?" et "Infinite",
il est produit par Bob Ezrin. Ensuite, "Turning to Crime", un album entièrement constitué de reprises a
été publié le 26 Novembre 2021.
Ce soir, je vais assister à mon sixième concert de
Deep Purple depuis le 8 juillet 1985. Ce concert était très attendu puisqu'il survient
enfin après deux reports dus à cette maudite pandémie. La tournée d'adieu
annoncée devait déjà passer par La Seine Musicale le 30 juin 2020, puis le 29
juin 2021. Cet incident aura au moins eu le mérite de démontrer qu'il n'était
pas encore temps de poser les instruments…
Dans cet auditorium luxueux, la sonorisation s'est
avérée de nouveau excellente, l'éclairage lumineux et coloré. La scène est
dépouillée de tout élément décoratif, laissant un bel espace aux artistes. En
fond de scène l'écran géant diffuse les images.
Le premier titre est aussi inattendu que jouissif "Highway Star", d'autant plus qu'il
est enchainé avec "Pictures of Home"
! A l'instar de Leprous le 25 juin et de Metallica le 26 juin, DEEP PURPLE nous
délivre un programme époustouflant. Compte tenu de l'âge de ces vétérans, je
considère que nous avons été gâtés. Ian Gillan sait ne plus pouvoir retrouver
sa tessiture d'antan ; il ne se hasardera plus sur "Child in Time" et cependant les titres sont chantés correctement.
Depuis notre emplacement idéal, entre Ian
Gillan et Roger Glover et face à
Ian Paice, nous avons pu constater
que ces virtuoses assurent encore, malgré les rides. Roger, toujours souriant
et manifestement heureux de continuer l'aventure pourpre, est appliqué sur sa
Vigier et redoutablement efficace de technique et de sensibilité. Ian Paice
demeure consciencieusement ponctuel et sa frappe toujours aussi nerveuse. Ces
trois-là continuent à nous ravir les sens, et à tenir la baraque !
Je prends toujours beaucoup de plaisir à entendre/voir
Don Airey à ses claviers. J'ai eu la
chance d'assister à ses prestations le 22
décembre 1983 puis le 29 aout 1984
au sein d'Ozzy, le 1er juin
1990 au sein de Gary Moore Band, puis les 20 octobre 2013 et 03 juin
2017 au sein de Deep Purple. Tant de subtilités dans son jeu et tellement à
l'aise dans tous les registres ; rock, bluesy et classique. Son solo est un
régal !
Simon McBride est incontestablement MA révélation de la soirée ! Son
talent ne souffre absolument pas d'une comparaison avec ses prédécesseurs à ce
poste. Sa technique et sa sensibilité sont époustouflantes. J'ai adoré toutes
ses interventions, son charisme et son efficacité lors des soli ou des
accompagnements. C'est tout simplement une excellente découverte, une pépite à
suivre, si tant est qu'il n'y ait pas de suite avec Deep Purple…
Le public ne pouvait qu'être ravi de ce concert
excellent en tous points ; l'ovation venait du cœur et cela se ressentait
pleinement de la fosse.
Quinze titres, dont six
issus de "Machine Head" (1972),
dont trois issus de "Whoosh !" (2020), un issu de "Deep Purple in Rock" (1970), un issu de "Now What?!"
(2013), un issu de "Perfect Strangers" (1984), un issu de "Shades of Deep Purple" (1968), un issu de "The Book of
Taliesyn" (1969), un issu
de "Turning to Crime" (1968).
PROGRAMME
Bande sons : Mars, the Bringer of War (Gustav
Holst)
Highway Star (Machine Head, 1972)
Pictures of Home (incluant quelques accords de guitare "Child in Time") (Machine Head, 1972)
No Need to Shout (Whoosh !, 2020)
Nothing at All (Whoosh !, 2020)
Uncommon Man (dédié à Jon Lord)
(Now What?!, 2013)
Lazy (introduction à l'orgue)
(Machine Head, 1972)
When a Blind Man Cries (Machine
Head, 1972)
Throw My Bones (Whoosh !, 2020).
Solo claviers
Perfect Strangers (Perfect
Strangers, 1984)
Space Truckin' (Machine Head, 1972)
Smoke on the Water (Machine Head,
1972).
RAPPEL :
Wring That Neck (extrait) (The
Book of Taliesyn, 1969)
Hush (reprise de Joe South) (Shades
of Deep Purple, 1968).
Solo de basse
Black Night (Deep Purple in Rock,
1970).
Un
détour à l'échoppe au cas où le t-shirt me séduirait pour commémorer cette
belle soirée. Mais tous ces reports de date on pousser le concepteur à renoncer
à mentionner toute date de la tournée. Tant pis cela me fera une économie.
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