mercredi 4 octobre 2017

ANATHEMA – Bataclan (75) – 04/10/2017



Ma démarche pour réserver cette soirée était un peu particulière, cette fois …
D'abord, parce que si Anathema demeure un grand groupe de scène, en revanche leur deux derniers opus (Distant Satellites et The Optimist) ne me transcendent toujours pas.
Ensuite, parce que si je ne suis plus retourné au Bataclan depuis le concert d'Opeth du 5 novembre 2014 ce n'est pas uniquement dû au manque d'intérêt musical (quoique) ; un événement légèrement dramatique survenu le 13 novembre 2015 a eu de quoi alimenter cette réticence.

Mais bon, après mûre réflexion j'ai fini par balayer ces deux arguments.
Primo, je ne pouvais pas manquer une occasion de revoir (et accessoirement réentendre) Lee, dont je reste un grand admirateur (...). Plus sérieusement, les atmosphères scéniques développées par ces musiciens sont toujours aussi délicieusement réussies. J'ai pu le vérifier de nouveau au BeProg Festival cet été.
Secundo, je considère que ce lieu emblématique des nuits parisiennes doit survivre à ce qui s'y est passé. Hors de question que des abrutis barbares nous dictent notre culture. Depuis le 21 mars 1981, j'assiste ce soir à mon trente-huitième concert dans cette salle mythique. Elle ne devait pas, elle ne pouvait définitivement pas rester seulement associée à de telles atrocités. Il ne s'agit pas d'oublier mais davantage de surmonter. D'autant plus que les travaux de restauration, impératifs pour cette si belle salle, ont permis me semble-t-il d'améliorer l'acoustique et le confort en mezzanine.


ALCEST ouvre la soirée. Etonnant lien avec mon dernier concert ici ; ces français assuraient également la première partie pour Opeth ! Là s'arrête la comparaison car s'il y a trois années je n'avais pas accroché du tout, cette fois j'ai davantage apprécié ces atmosphères envoutantes.
Je suis même bienveillant à l'égard du chanteur alors que sa voix est juste inaudible et ses propos incompréhensibles … Mais cependant cette voix, que je veux croire intentionnellement sous mixée tant elle est lointaine, fait cependant partie d'un ensemble sonore ma foi très captivant.
L'ensemble du groupe (excessivement introverti et discret, taisant jusque leur identité derrière des surnoms) reste d'ailleurs dans la pénombre et le brouillard de scène, éclairé de lumières sombres, le tout collant à merveille avec une musique sombre mais cependant souvent entrainante.
Je n'écouterais pas cela pendant des heures infinies mais cette entame de soirée était ainsi fort bien réussie !


ANATHEMA se présente à moi pour la quatorzième fois. Le sextuor est toujours composé de Vincent Cavanagh (chant,guitares), Daniel Cavanagh (guitare, chant, clavier), Jamie Cavanagh (basse), Lee Douglas (chant) John Douglas et de Daniel Cardoso (batteries, percussion et claviers).

Dix-sept titres se succèdent dont six tirés du dernier opus (The Optimist) et un seul de l'avant-dernier (Distant Satellites). Je n'aurais donc pas eu trop à souffrir du programme choisi, d'autant moins qu'il me faut admettre que décidément même ces titres passent très bien sur scène, ce qui démontre une fois de plus la propension de ce groupe à s'exprimer en concert !
Même si Vincent ne réside désormais plus à Paris, afin de se rapprocher de sa fratrie à Londres, il reste cependant francophile et le prouve par ses efforts persistants à échanger quelques mots français avec son public. Ca n'a l'air de rien, mais j'imagine aisément que cela contribue à l'affection particulière qui lie Anathema à ses fidèles mélomanes français ; ce groupe reste de surcroit un des seuls à visiter de nombreuses villes de province, qualité appréciables pour les intéressés.

Mon récit, comme d'habitude, n'exprime que mes émotions personnelles et ne prétend à aucune objectivité ni à un quelconque professionnalisme, mais je ne serais pas honnête si je taisais ce qui m'a particulièrement gêné ce soir dans l'interprétation. Tous, (à l'exception de Lee et de Jamie) démontrent leur talent de multi-instrumentiste, notamment leur compétence au clavier. Or, 'faudra qu'on m'explique l'intérêt de ces trop fréquentes bandes pré-enregistrées … de clavier ! Soit les séquences sont dispensables et on s'en passe, soit elles contribuent à l'atmosphère et on les joue ; les deux options relèvent bien d'un choix artistique, mais celle qui a été choisie me semble inappropriée.

Mais bon qui aime bien châtie bien, et puisque je sais que les frères Cavanagh n'apprécient guère d'être contrariés (j'ai en mémoire des anecdotes) je ne m'attarderai pas sur cet aspect du concert qui par ailleurs fut un beau voyage !
Le diptyque "Untouchable I & II" reste au programme des tournées depuis quelques années et semble s'inscrire ainsi comme un incontournable, et je ne m'en plaindrai pas ; Lee et Vincent y forment un duo toujours très émouvant.
Quatre chansons issues de l'excellent opus "Weather Systems" et trois du non-moins réussi " We’re Here…" contribuent à maintenir un très haut niveau de qualité.
Bien évidemment, la durée du concert n'étant pas extensible à volonté, cette forte proportion de titres "imposés" laisse peu place à d'autres titres plus anciens, question de choix.
Cependant avec le rappel, c'est un autre titre récurrent, "Closer", qui ravit le public qui profite de ce titre festif pour se dégourdir un peu la nuque et les jambes. Vincent me semble moins s'attarder sur les distorsions de guitares au sol que d'habitude ; les aléas de l'improvisation sans doute.

Cinq titres en rappel viennent clore cette bien belle soirée.
Notons particulièrement la dédicace émouvante de "A Natural Disaster" pour les victimes du massacre. Les lampes de portable qui éclairent la salle d'une lumière blafarde et la musique mélancolique contribuent à alimenter une atmosphère de recueillement bienveillante.
"Fragile Dreams" vient alors à point nommé pour une fin étincelante et époumonante, le chant de guitare étant repris par le public ravi ! Si les rêves de bonheur sont bien fragiles, Anathema sait les chanter (et c'est déjà ca !…).

A l'échoppe, les marchandises sont plutôt tentantes mais j'ai décidé d'être sage, cette fois. Si, si je vous assure que j'en suis capable ! Je ne prends même pas le CD.
PROGRAMME
San Francisco (The Optimist)
Untouchable, Part 1 (Weather Systems)
Untouchable, Part 2 (Weather Systems)
Can't Let Go (The Optimist)
Endless Ways (The Optimist)
The Optimist (The Optimist)
Thin Air (We’re Here Because We’re Here)
Lightning Song (Weather Systems)
Dreaming Light (We’re Here Because We’re Here)
The Beginning and the End (Weather Systems)
Universal (We’re Here Because We’re Here)
Closer (A Natural Disaster)

RAPPEL
Distant Satellites (Distant Satellites)
Springfield (The Optimist)
Back to the Start (The Optimist)
A Natural Disaster (dedié aux victimes) (A Natural Disaster)

Fragile Dreams (Alternative 4).

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