Ce groupe canadien a bercé une bonne partie de mes
années 80. Ses chansons, tout particulièrement celles magnifiquement restituées
dans le somptueux enregistrement de concert "In Transit" (1982), sont souvent liés à mes souvenirs de
vacances. Pour ma part, je conserve une préférence pour les six premiers opus:
Saga (1978), Images At Twilight (1979), Silent Knight (1980), Worlds Apart (1981),
Heads or Tales (1983), Behaviour (1985). Les œuvres sorties ensuite s'écoutent
agréablement aussi mais sortent moins fréquemment de ma discothèque car j'y
retrouve moins ce zeste de rythme funky si entrainant.
Peu reconnu en France, ils tournent beaucoup plus
fréquemment en Allemagne. Cependant, j'ai eu la chance d'assister à trois de
leurs concerts parisiens ; le 13 février 1986 (tournée Behaviour), le 13 mai 1993 (tournée Security of Illusion), et le 3 mars 2003 (tournée Marathon). Sur le plan scénique comme
discographique, j'ai souvent déploré un manque d'audace, reprochant au groupe
de se reposer constamment sur leurs succès des années 80. Néanmoins, ce fut
toujours un réel plaisir d'assister à leurs concerts, car ces
multi-instrumentistes sont réellement talentueux et ils maitrisent parfaitement
la scène et le son.
Quatorze années sont passées depuis mon dernier
concert. L'annonce de leur tournée d'adieu, évitant une nouvelle fois la France,
avait anéanti tout espoir de les revoir, d'autant plus que pratiquement toutes
les dates allemandes affichèrent vite complet !
Or, l'heureuse rencontre d'un couple suisse dans la
file d'attente du concert de Pendragon chez Paulette a tout fait chavirer au
dernier moment. Ces bienfaiteurs helvètes, compatissant à mon désespoir,
m'informaient que le concert du lendemain à Pratteln n'était pas complet ! A
moins de deux heures et demie de là, ma petite Fée et moi pouvions donc être
guidés vers cette légendaire salle Z7. L'aventure de ce samedi était bien trop
tentante pour être négligée… Surtout que ma p'tite Fée n'avait encore jamais
mis les pieds dans la Confédération.
Loin des images idéales que nous pouvons imaginer
lorsqu'on évoque la Suisse, nous traversons l'agglomération de Bâle, guidés par
nos deux Saint-Bernard pour parvenir relativement rapidement aux abords de la
fameuse salle Z7 … qui ne paie pas de mine, en fait. De l'extérieur on observe
une structure qui évoque davantage un entrepôt de marchandises qu'un zénith de
Paris. Renseignement pris, il s'agit bien d'un ancien entrepôt qui a été
transformé en salle de concert. D'ailleurs, la petite rue pentue s'appelle
opportunément "Kraftwerkstrasse".
Mais tout cela est anecdotique et l'excitation s'accroit
dans la file d'attente qui ne tarde pas à se créer. Je suis surpris de
constater qu'une majorité des impatients qui nous entourent sont francophones,
parmi lesquels de nombreux français, plus ou moins frontaliers.
Une baraque en bois, qui semble avoir vocation à
délivrer les billets restants pour la soirée, est vite assiégée mais n'ouvre
que très peu de temps avant l'ouverture des portes ! Déception, en guise de
laisser-passer ils n'ont même pas les moyens de nous délivrer un ticket
d'entrée (argh ! pas de ticket pour ma
collection !... mais notre bienfaiteur helvète dans sa grande générosité m'en
cèdera un des siens ; ouf !) ; ils nous tamponnent le poignet comme à
l'entrée d'un club !!
Lorsque l'ouverture des grilles et les fouilles
réglementaires nous permettent enfin de pénétrer dans la salle, nous découvrons
un cadre très agréable. Une vaste fosse peut accueillir 1600 visiteurs, elle
est encadrée de deux bars et d'une grande scène.
Aucune échoppe en place dans la salle. Déçu et étonné
de cette absence, je recueille une explication auprès de nos nouveaux amis ;
les taxes sont pénalisantes en Suisse pour la vente des marchandises par les
artistes qui, logiquement, s'abstiennent de vendre tout souvenir. (N.B. : Pas grave : une semaine après
j'aurais reçu le t-shirt de la tournée via le site officiel du groupe, et pour
seulement 25€ tous frais compris !)
Toujours accompagnés de nos anges(?)-gardiens helvètes
nous parvenons à nous placer au deuxième rang face à la scène ! Nous découvrons
ainsi le soin apporté aux décors qui évoquent la bibliothèque d'une maison.
Avec les commentaires des admirateurs qui suivent la tournée, nous comprenons
ainsi qu'il y aura un premier acte qui sera acoustique, suivi d'un second acte
électrique. Le groupe a donc décidé de soigner son public pour cette tournée
d'adieux …
Dès l'intro de "Images", une émotion intense
m'envahit. La pureté du son, l'ambiance bienveillante et la sensation de vivre
un évènement aussi exceptionnel qu'inattendu encore la veille, m'assurent d'une
soirée mémorable ! Les musiciens s'installent paisiblement et nous délivrent leur
nectar auditif ! J'en ai encore les frissons en écrivant les lignes … Du
Bonheur à l'état pur, mes amis !!
Michael Sadler
(chant, guitare, basse, claviers (de 1977-2007, de retour depuis 2011), Jim Crichton (basse, claviers, depuis 1977),
Ian Crichton (guitare, depuis 1977),
Jim Gilmour (claviers, chant,
clarinette, harmonica, saxophone, accordéon de 1980 à1986, de retour depuis
1992), et Mike Thorne (batterie,
depuis 2012) nous montrent toute l'étendue de leurs talents, n'hésitant pas à
changer d'instruments (accordéon, clarinette, …) pour mettre encore un peu plus en valeur
des titres inscrits dans l'anthologie du rock progressif !
Tout est juste, doux et hallucinant, d'une beauté à
couper le souffle !
Lorsque l'acte II débute après un court entracte, nous
nous demandons bien comment ils pourront faire mieux que cette première partie
! Et pourtant c'est une véritable claque magistrale que nous allons encore
recevoir ! Le décor intimiste a laissé place à une scène plus vaste et plus
sobre ou chaque pupitre dispose de son périmètre plus ou moins large. Jim
Gilmour surplombe ses comparses dans un enclos que forment ses claviers. Jim
Crichton et Ian Crichton resteront placés de chaque côté de la scène. Seul Michael
s'autorisera avec tout son charisme à arpenter l'espace de long en large, et
prendra même la basse sur le superbe "Humble
Stance".
Soutenu par un éclairage lumineux, une sonorisation
parfaite et des images adéquates en fond de scène, le concert s'avèrera un
voyage hors du temps et de l'espace ! Des films de leurs premières tournées
sont parfois diffusés en fond de scène pendant les titres, souvent synchronisés
avec ce qui se passe sur la scène.
Sur les vingt-cinq interprétés, trois titres sont
issus de l'éponyme "Saga", cinq
de "Silent Knight", quatre
de "Worlds Apart", trois d'
"Images at Twilight ", soit
quinze titres issus des quatre premiers opus ; cette "routine" qui
pouvait paraitre regrettable sur les tournées ordinaires, devait de toute
évidence s'imposer pour cette ultime prestation du groupe ! D'ailleurs,
certains titres magnifiques avaient été plutôt rarement joués auparavant, à
l'instar de "Someone Should"
issu de l'opus "Silent Knight"
!
Je me sens donc comblé !! Que dis-je, NOUS sommes
comblés, moi, ma p'tite Fée, nos amis et tout le public formidable composé d'admirateurs
ravis ! Une belle communion unit suisses, français et allemands dans une même
ferveur ! Je pense que tous nous avions conscience de vivre les dernières
minutes avec SAGA, après quarante années de plaisirs partagés.
Saga, au terme d'une soirée en deux actes parfaitement
réussis, nous accorde deux rappels avant de dire adieux. C'est fini.
Le groupe ne saura pas qu'une partie du public est
venu de loin pour les saluer, imaginant probablement que la France est
décidément bien rétive à leur musique. On ne peut pas leur en vouloir… Quoique
…
ACTE I (acoustique)
Images (Chapter 1) (Images at Twilight)
Time to Go (Silent Knight)
The Perfectionist (Saga)
Footsteps in the Hall / You
Were Right / On the Other Side (Trust)
No Regrets (Chapter 5) (Worlds Apart)
The Security of Illusion (The Security of Illusion).
ACTE II
Take a Chance (Behaviour)
How Long (Saga)
On the Loose (Worlds Apart)
Generation 13 / Learning Tree
(Generation 13)
Careful Where You Step (Silent Knight)
Time's Up (Worlds Apart)
Someone Should (Silent Knight)
On the Air (Network)
Mouse in a Maze (Images at Twilight)
Book of Lies Drum Solo (10,000 Days)
Humble Stance (Saga)
Scratching the Surface (Heads or Tales)
You're Not Alone (Images at Twilight)
Don't Be Late (Chapter 2) (Silent Knight).
RAPPEL
The Flyer (Heads or Tales)
Wind Him Up (Worlds Apart).
RAPPEL2
Compromise (Silent Knight).
Compromise (Silent Knight).
Très beau récit !!! J'ai attendu 30 ans pour les voir enfin , très pro malgré la faible affluence et un médiator en poche !!! C'est génial de pouvoir conter l'histoire d'un concert , ça le rend inoubliable...
RépondreSupprimerRaconte ! Où les as-tu vus ?
Supprimer