Je ne peux pas
prétendre m'être isolé des informations qui ont filtré sur le début de la
tournée, mais j'ai essayé tout de même de m'en détacher un tant soit peu pour
préserver une part de mystère. Je connaissais ainsi à peu près la teneur du
programme et la satisfaction de mes amis, mais je n'ai pas visionné de vidéos
que la Surveillance de Steven aurait pu laisser sur YouTube.
Mon impatience d'assister à ce concert est encore accrue par sa situation géographique et temporelle ; ce rendez vous est hors de nos frontières et avant la date prévue pour l'Olympia !
Mon impatience d'assister à ce concert est encore accrue par sa situation géographique et temporelle ; ce rendez vous est hors de nos frontières et avant la date prévue pour l'Olympia !
Ravi de
retrouver l'Ancienne Belgique, belle salle que je venais de découvrir le samedi
précédent à l'occasion du concert de Machiavel. Les deux mille tickets ont été
vendus, la soirée s'annonce bien ! Je m'ajoute aux deux seules personnes présente
à l'entrée vers 16h15.
Ouverture
ponctuelle de la salle à 18:30 ; je me précipite vers l'intérieur afin de
garantir ma place au premier rang au centre légèrement sur la gauche, au pied
du Maître. Ici, la fosse accueille un public debout ce qui me permettra une
autre appréciation de celle qui sera perçue à l'Olympia. Seuls les 184
fauteuils de la mezzanine sont au fond de la salle.
Première
observation, les emplacements sont installés en profondeur, la batterie, les
claviers et les micros sur pieds sont éloignés du bord. En fait, il s'avérera
que ce dispositif favorise le confort de vue des premiers rangs, surtout pour
visionner les images diffusées sur le rideau semi-transparent qui s'intercalera
par intermittence à deux mètres de l'auditoire.
Deuxième
observation, je ne suis pas spécialiste mais j'observe que les ampli utilisés
par Steven me paraissent avoir changé ; les Badcat noirs sont toujours là mais
un bloc orange qui ne pouvait être ignoré dans le dispositif a disparu.
Troisième
observation, le nouveau logo-signature de Steven est dessiné en tapis devant
son micro.
La salle
s'obscurcit comme prévu à 19:40 pour laisser cours au mini-film d'introduction
diffusé sur le rideau. Des images de personnages publics et de scènes de vie défilent,
commentées chacune d'un mot sensé les qualifier. Puis ce diaporama revient dans
le même ordre mais avec les commentaires décalés ; une manière de démontrer la
subjectivité et la relativité de l'information par les seules images.
Les musiciens
pénètrent alors sur la scène sous les ovations. Le premier titre diffère selon
les dates, à l'AB, nous aurons "Nowhere
now". A ce stade, il est encore permis d'espérer entendre aussi le
titre éponyme de l'album qu'il vient promouvoir (ce sera vain). Le concert débute ainsi de manière assez calme, jusqu'à
la cinquantième seconde où le son et les couleurs explosent à la perception de
l'auditoire, qui comprend à ce moment-là que la sonorisation sera quasi
parfaite ! L'éclairage est très réussi également avec beaucoup de couleurs
chaudes, des rouges et des verts puissants, qui ne sont pas sans rappeler la
campagne de promotion dans laquelle on voit Steven arrosé de pigments.
Parmi les
compagnons de route sur cette tournée nous retrouvons les deux fidèles
lieutenants Nick Beggs (basse), Adam
Holzmann (claviers). Craig Blundell (batterie) semble avoir gagné
la confiance de Steven. Le guitariste Dave Kilminster ayant réintégré la troupe
de Roger Waters, c'est Alex Hutchings
qui a la lourde charge de suppléer Steven aux parties de guitares.
Quant à Ninet
Tayeb, comme prévu, elle respecte ses préceptes religieux en s'abstenant de
participer à cette soirée de vendredi. Steven semble cependant tenir à
interpréter "Pariah" qui
sera le deuxième titre de la soirée ; le public doit donc se contenter de l'enregistrement
de son image et de sa voix. Cela ne me gâche que partiellement mon plaisir,
tant il est vrai que ce titre est l'un des phares de l'album. Surtout vers
3'15" où, là aussi, c'est une explosion de couleurs et de sons qui sautent
sur nos visages émerveillés par tant de sensations !
Steven est
devenu bavard au fil des tournées.
Il l'a encore
récemment reconnu ; il a dû apprendre à se produire sur scène, car ce n’est pas
quelque chose d’inné chez lui. Ce caractère relativement introverti je l'ai
découvert (trop tardivement) en 2005. Ensuite, j'ai pu constater une réelle
évolution de son assurance et sa communication avec son public. Certes, il reste
encore parfois un peu maladroit et ce soir il aura crispé quelques oreilles
sensibles en critiquant la relative passivité de telle ou telle partie du
public anglo-saxon et scandinave de sa tournée. Mais apparemment, nous pouvons
nous flatter en tant que public latin de recueillir son agrément, puisque ce soir
il ne cessera pas de nous remercier pour notre vif engouement !
Passons sur
ces flatteries réciproques, le titre suivant nous ramène à l'opus précédent
"HCE" et constitue ma
première source de surexcitation car "Home
Invasion" représente l'aspect que je préfère chez Wilson ; il me
rappelle Porcupine Tree et sa période metal. Je sais bien que mon attrait n'est
pas forcément partagé par l'auditoire éclectique du Monsieur, mais c'est le
mien. Ces ruptures tantôt jazzy (3'05"), tantôt floydienne (5'50"), tantôt
metal m'enivrent au plus haut point ! A l'instar de la précédente tournée, au
début de ce titre Nick est au clavier et Steven à la basse, avant que chacun
reprenne vite sa place. Ce titre nous permet de savourer un premier duo étourdissant
entre les claviers d'Adam et le chant mélancolique de la guitare d'Alex ! En
fond d'écran, on retrouve la dame mystérieuse de la précédente tournée qui nous
confie ses pensées imagées du fond de sa pupille. Mon délire s'accroit encore
avec l'enchaînement de "Regret #9"
dont, là aussi, la conjugaison des atmosphères jazzy et metal est
particulièrement réjouissante. Les rythmes syncopés de la batterie de Craig
sont irrésistibles, même s'il ne parvient pas complètement à me faire oublier la
finesse et subtilité de Marco Minnemann.
Steven a
choisi d'enfoncer le clou énergétique à ce stade de la soirée car c'est le très
énervé "The Creator has a Mastertape"
qui secoue les nuques déjà bien chauffées ! L'exercice est audacieux tant la
technique me semble redoutable ; notamment à la basse mais Nick maitrise parfaitement
sa partition. Premier bel hommage à Porcupine Tree sur le programme qui en
comportera bien d'autres, pour mon plus grand bonheur !
L'introduction
de "Refuge" vient rassurer
nos neurones. Une invitation au recueillement à l'égard de ce douloureux sujet
d'actualité. Les images, sans doute filmées par Lasse Hoile sur les plages du
Sud de l'Europe, illustrent cette chanson poignante et mélancolique qui, à
défaut d'apporter une solution, suggère la compassion et la réflexion.
Steven nous
parle ensuite longuement de la nouvelle guitare qu'il déclare adorer pour le
son particulier qu'elle émet. Je n'ai pas tout capté de ses explications mais
en tout état de cause, cet instrument, au corps déjà bien usé, me parait en
effet bien adapté au titre suivant "People
who eat Darkness", très énergique.
Troisième et
dernier regard sur "HCE",
c'est avec "Ancestral" que
le groupe choisit de clôturer magistralement le premier acte. Cette plainte
déchirante (3'30") reste un des summums d'émotions comme Steven sait nous
faire partager. Le solo de guitare qui suit est une merveille d'expression
sentimentale. Le son produit par la guitare d'Alex ne me semble toutefois pas
parfait à ce moment-là; je ne parviens pas à percevoir les subtilités crées par
Guthrie Govan. Est-ce la faute au musicien ou à celle de la sonorisation, ou
encore la faute subjective de mon regret inconsolable du départ de Guthrie ?
Bref, le tourbillon des délirantes ambiances qui s'en suivent estompent vite
mes états d'âmes ! Titre jouissif et étourdissant à souhait !
Autant avouer
que la pause est bienvenue.
A peine
quelques minutes d'entracte nous préparent à une dantesque et mémorable reprise
d'un autre titre de Porcupine Tree. L'introduction au son des maracas, qui
était interprété initialement au clavier (Barbieri)
est inédite : Craig secoue un instrument, puis arrive et Nick en secoue un
deuxième et c'est enfin au tour de Steven qui en secoue un troisième "Arriving Somewhere but not here"
est ainsi sublimé dès le départ. Quel bonheur de réécouter ce titre que je n'avais
plus entendu sur scène depuis le Royal Albert Hall ce 14 octobre 2010 ! Rythmes
successivement chaloupés, jazzy ou metal, chaque sensibilité musicale est
abordée dans ce titre d'un petit quart d'heure ! Une pépite du répertoire de
Porcupine Tree.
Après une
longue ovation méritée, Steven profite de l'enthousiasme général pour présenter
"Permanating" un titre polémique
depuis sa parution le dernier opus. Il explique tout son intérêt pour la musique
pop, et rappelle que ce terme vient de "populaire", qui a vocation à
plaire au plus grand nombre sans que cela ne soit grossier. Il fait rappeler au
public que le plus grand groupe du genre reste The Beatles, suivi également d'autres
grands comme ABBA, Tear For Fears, ou encore "Kajogoogoo" (mention qui suscite l'ovation en direction
de Nick bien sûr) ! Mes oreilles d'admirateur d'ABBA (et oui !) sont
particulièrement réceptives à ce message. Il prêche un convaincu. Il invite
donc son public à faire la fête sans scrupule. Durant la chanson, chacun se
regardera du coin de l'œil mais disons qu'il y avait de la bonne volonté ! Pour
agrémenter la prestation je déplore qu'il n'ait pas diffusé la vidéo officielle
en fond de scène ; je considère que les danseuses indiennes auraient pu nous
aider à se décoincer ! A la fin, Steven dit se réjouir d'avoir vu des t-shirt
Opeth se dandiner allègrement, il y a donc de l'espoir !
Dans la série
titres atypiques et perturbants, il enchaine avec "Song of I", une chanson qui me rappelle à la fois Prince et
The Cure. Sur le rideau se dessinent des ombres d'abord sobres en noir et blanc
puis des ombres multicolores qui dansent aux rythmes chaloupés. Dans l'ombre,
les musiciens s'appliquent à créer une atmosphère bien lugubre ; notons
particulièrement pour ce faire l'usage d'un archet par Alex sur sa guitare. Je
dois reconnaître que j'avais eu du mal avec ce titre lors des premières écoutes
mais maintenant je l'adore et sur scène il est encore transcendé.
Nouvelle
introspection dans le monde Porcupine Tree, c'est au tour du magnifiquement
mélodique "Lazarus"
d'animer des sentiments nostalgiques pour les plus anciens admirateurs.
La promotion
du dernier opus revient avec "Detonation",
encore un régal d'atmosphères fortes en émotions diverses et variées. La fausse
douceur de la voix est pulvérisée avec une puissance surprenante à 2'20" ;
excellent pour une ambiance de concert !
Ensuite,
Steven décidément très loquace nous parle de son très grand respect pour Prince
qui l'a inspiré notamment pour composer "The Same Asylum as before". Il énumère tous les multiples talents
de l'artiste récemment disparu. Avec une fausse arrogance, il annonce relever
le défi de tenter un chant en voix de tête à la manière de Prince. Le résultat
n'est ma foi pas si mal. Le public ovationne à la fois la performance vocale et
la tonalité pop de la chanson.
Quatrième
retour sur la faste période de Porcupine Tree, "Heartattack in a Layby" nous plonge dans une ambiance
délicieusement mélancolique. Steven est assis sans guitare sur un tabouret ; à
2'40" Nick et Alex et Steven se font écho dans une polyphonie absolument
merveilleuse ! Excellent exercice vocal délicatement accompagné par un clavier et
une batterie tout en retenue.
Repos de
courte durée, puisque Steven a décidé de nous asséner une très violente montée
d'adrénaline avec l'enchaînement de "Vermillioncore"
et de "Sleep Together" qui,
personnellement, m'a juste explosé les neurones, débridé les dernières retenues
et désaxé la nuque. Comme disait tonton Zézé, je secouais la boite à poussières.
Je dois confesser que ce genre de titre me transcende au-delà du raisonnable.
Faudra bien que je me calme avec l'âge mais pour l'instant Steven ne m'y aide
pas.
La fin de
soirée approche et c'est déjà l'heure d'un rappel. Surprenant retour de Steven
avec un ampli et sa guitare dans les mains. Il a décidé de nous interpréter "Even Less", une cinquième reprise
de son ancien groupe, mais seul. Personnellement, j'ai trouvé cette idée
malheureuse. J'adore ce titre que je connais dans plusieurs versions, mais
celle-ci n'est pas la plus probante à mon humble avis.
Pour clore le
concert, cela devient une habitude (depuis
2013 il clôt tous ces concerts avec ce titre), il a choisi "The Raven that refused to sing".
J'aime beaucoup ce titre magnifiquement mélancolique, mais tant qu'à reprendre
cet opus j'aurais préféré "Holy
Drinker" ou encore n'importe quel autre titre, histoire de changer un
peu mais bon je ne bouderai pas ces huit dernières délicieuses minutes…
La promotion
de "To the Bone" s'est ainsi
limité à huit titres, en omettant les trois autres dont le pourtant superbe
"Song of Unborn" et "To the Bone". Le groupe a interprété
par ailleurs trois titres de "Hand.
Cannot. Erase.", un titre de "4
½" et un de "The Raven That
Refused to Sing (and Other Stories)", écartant ainsi malheureusement le
pourtant très remarquable "Grace for
Drawning".
Une nouvelle
fois, Monsieur Steven WILSON a prouvé son immense talent d'artiste en parvenant
à nous emmener dans son univers toujours plus éclectique et merveilleux. Un noyau
dur de musiciens (Nick et Adam) semble s'être aggloméré à lui et ceux qui
s'intègrent ont toutes les raisons de s'enorgueillir de cet accès qui doit leur
apporter beaucoup de plaisir… Je revois le groupe lundi prochain mais déjà j'ai
hâte de le revoir encore et encore …
PROGRAMME
Introduction
mini-film "Truth"
ACTE 1: (19:50)
Nowhere now (To the Bone)
Pariah (To the Bone)
Home Invasion (Hand. Cannot. Erase)
Regret #9 (Hand. Cannot. Erase)
The Creator has a Mastertape (Reprise de Porcupine Tree)
Refuge (To the Bone)
People who eat Darkness (To the Bone)
Ancestral (Hand. Cannot. Erase).
(pause : 21:05)
ACTE 2:
Arriving Somewhere but not here (Reprise de Porcupine Tree)
Permanating (To the Bone)
Song of I (To the Bone)
Lazarus (Reprise de Porcupine Tree)
Detonation (To the Bone)
The Same Asylum as before (To the Bone)
Heartattack in a Layby (Reprise de Porcupine Tree)
Vermillioncore (4 ½)
Sleep Together (Reprise de Porcupine Tree).
RAPPEL:
Even Less (Steven seul, reprise de Porcupine Tree)
The Raven that refused to sing.
(fin : 22:30)
L'échoppe ne
répond pas totalement à mon espoir, je comptais bien trouver le t-shirt du
concert en rouge mais il n'existait qu'en noir ou en gris. Je ne pouvais pas
revenir sans un souvenir donc je me suis contenté du gris (pour 30 €). Je ne
parviens pas à m'abstenir d'arroser cette acquisition d'une modeste petite
Jupiler à la pression (2€70) ; je sais que ce n'est pas raisonnable avant de
conduire mais tant pis.
Adam était
disponible pour signer son opus solo. Mais il était temps pour moi de repartir
vers un trajet d'une heure et quart dans la nuit humide pour traverser les
Flandres, mais avec la tête plein d'étoiles une nouvelle fois !
STEVEN WILSON – Olympia, Paris - 12/03/2018
En tous points
identiques au spectacle bruxellois, il ne me semble pas nécessaire de refaire
un nouveau récit. Juste quelques nuances … La sonorisation d'Alex lui a été
davantage favorable à Paris. Steven un peu moins bavard s'est abstenu de
commentaires sur la parenté de "The
Same Asylum as before" avec l'œuvre de Prince. Le public de l'Olympia étant
assis (à l'étroit, d'ailleurs !),
s'est volontiers levé sur l'invitation de Steven durant "Permanating".
Bref, si je suis
toujours ravi d'assister à un concert de Steven Wilson, en revanche je suis un
tantinet déçu par la similarité des deux programmes. Paris, pas davantage que
Bruxelles, n'aura pas eu droit à "to
the bone" et encore moins "Song
of Unborn". De surcroit, Ninet Tayeb n'a pas daigné participer à la
soirée, les informés nous suggèrent que la "diva" serait occupée sous
d'autres cieux. Je comprends qu'elle ne se sente pas motivée pour répondre au
duo de Steven sur une seule chanson, mais alors que son absence soit affirmée,
point final.
Ces légers
motifs d'amertume s'estomperont très rapidement avec le temps, seul
l'enchantement des concerts de SWB demeurera !
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