dimanche 31 octobre 2021

LAZULI et MONNAIE DE SINGE – Chez Paulette (Pagney-derrière-Barrine 54) – 31/10/2021.

Dans notre communauté de progueux (mais pas seulement !), CHEZ PAULETTE est entourée de l'aura d'une salle mythique. Depuis sa création en 1969 par Yves et Paulette Marchal, ce lieu ne cesse d'évoluer pour accueillir tous les week-ends des artistes pour le plus grand plaisir des mélomanes et autres fêtards. Ce simple cabaret de village s'est petit à petit transformé en véritable auditorium pour atteindre, ces dernières années, un niveau de qualité et de confort reconnu. Il propose une programmation hétéroclite (rock, punk, jazz, blues, reggae, métal, etc.) ! Même si la part rock progressif peut paraitre marginale sur l'ensemble de l'année, elle nous suffit à nous réjouir d'y voir des artistes peu reconnus par les promoteurs soi-disant artistiques en FRANCE. Seul son éloignement pénalise son accès (à mon humble avis en tous cas), à 288 km, près de quatre heures de route nationale, de chez moi. A tel point qu'en dépit de nombreuses tentations, je ne m'y suis rendu qu'une seule fois ; c'était pour le concert de Pendragon, il y a déjà quatre ans, le 21 octobre 2017.

L'affiche de ce soir constitue un triple motif : découvrir MdS sur scène, soutenir LAZULI (en me faisant le plus grand bien au passage), et retrouver des mélomanes venus de l'Est !

Futés, avec ma p'tite Fée nous parvenons à nous placer à la barrière au bord de la scène, légèrement excentrés sur la gauche, donc juste aux pieds de l'emplacement de Claude avec sa Léode ! La scène n'est pas excessivement surélevée, donc c'est parfait ! La semaine dernière à Pierres nous étions plutôt du côté d'Arnaud. Nous aurons pu ainsi apprécier différents angles d'écoute !

MONNAIE DE SINGE [20h40-21h40].

Les files d'attentes et les entractes de concerts et de festivals permettent d'étendre sans cesse le réseau de notre microcosme de progueux, le plus souvent de manière durable. Cependant, certaines attitudes, certains sourires irradient davantage, intriguent et facilitent encore le contact. C'est ainsi que petit à petit j'ai sympathisé avec Eric Farges. Au fil des rencontres on discute, on échange, on partage. Ah, avec un tel accent tu n'es pas parisien(g) toi hein ! ah, tu es Cantalou !? et tu es batteur dans un groupe !? Ah mais oui, Monnaie de Singe, ca fait un bout de temps que j'en lis des échos ici et là, mais excuse mon inculture, je n'ai pas encore eu l'occasion de vous voir sur scène... Pas grave, toujours jovial, bienveillant et curieux de tout et du reste.

Puis le temps passe, en 2019 une échoppe à Prog en Beauce me permet d'acquérir deux albums " Error 404 " (2015) et " The Last Chance " (2018). Depuis, j'attendais de pouvoir vérifier leur interprétation sur scène. L'association Arpégia m'en donne enfin l'occasion.

Histoire de combler mes lacunes, j'ai pourtant cherché des infos sur la Toile. Pas facile, on connait la légendaire "curiosité" de nos "valeureux" médias français, hein ! Mais bon, je suis parvenu à capter que l'existence de ce groupe auvergnat remonte à … 1995 ! Plus d'un quart de siècle quand même !! Une première période, plutôt rock traditionnel, est illustrée par trois albums (" Inchivala ", " La vie de Rose " et " Saison 3 "). Vers 2015, leur évolution musicale les a amenés vers un rock progressif feutré. Ils ont fait le choix d'une voix féminine pour chanter des textes en langue anglaise. Leur deux opus suivants bénéficient ainsi d'accueils favorables et peuvent être promus lors de participation à des festivals hexagonaux tels que Crescendo, Prog en Beauce, et Quadrifonic.

Les membres fondateurs du groupe encore en place Jean-Philippe Moncanis (guitares), Christophe Laporte (guitares), et bien sûr d'Eric Farges (batterie) sont actuellement entourés d'Anne-Gaëlle Rumin-Montil (chant), Philippe Chavaroche (claviers), d'Eric Issertes (basse)

L'actualité du sextet, c'est la promotion d'un sixième opus intitulé "The Story of Rose Ola Seks". Il est acquis à l'échoppe à laquelle les musiciens s'adonnent volontiers à des dédicaces.

Le malheur des uns faisant toujours le bonheur des autres, le petit retard de Lazuli sur les routes permit à MdS de peaufiner une sonorisation adéquate dans l'après-midi. Les conditions pour présenter leur nouvel album sont donc optimales. Pas de fond de scène particulier mais un bel éclairage a facilité l'expression des atmosphères voulues.

La scène n'est réduite que de la place prise par la batterie de Lazuli masquée d'un drap noir.

La prestation  m'a paru conforme à ce que j'imaginais du groupe. Des atmosphères à la fois veloutées, chaloupées et puissantes, entretenues notamment par des nappes de claviers et par une voix claire et juste dont le timbre chaud pourrait être situé entre le mezzo et l'alto. Les guitares m'ont semblé relativement discrètes ponctuant les titres de quelques interventions mesurées mais opportunes ; les démonstrations flamboyantes ne sont pas le style de la maison. Mon attention est généralement très portée sur les bassistes, et ce soir je ne suis pas déçu par Eric Issertes dont le jeu m'a paru subtil. Eric Farges, pour sa part, n'a pas failli à sa fonction d'imperturbable métronome.

On sentait que les musiciens s'étaient mis la pression pour ce concert tant attendu, mais cela n'a pas nuit fondamentalement à la prestation qui a convaincu une bonne part du public. Il faut dire que la bonne humeur de la très bondissante et expressive Anne-Gaëlle a pu aider !

Les textes anglophones expriment habituellement une critique sociale par le biais de textes engagés. Ce soir, Jean-Philippe Moncanis s'est chargé de présenter principalement le concept du nouvel opus, en rapport avec l'évènement dramatique de l'île d'Utoya (Norvège) survenu le vendredi 22 juillet 2011.

L'échange avec le public est bien passé ; le sextet se retire avec les applaudissements qui récompensent une prestation réussie. Ça valait le déplacement !

MdS a choisi de nous proposer neuf titres ; quatre issus de " The Last Chance " suivi de quatre tirés du nouvel opus " The Story of Rose Ola Seks ", pour conclure sur un titre de" Error 404 ".

PROGRAMME
Earth (The Last Chance, 2018)
Emergency (The Last Chance, 2018)
The last Chance (The Last Chance, 2018)
Happy Birthday (The Last Chance, 2018)
Rose Ola Seks (The Story of Rose Ola Seks, 2021)
Darknet (The Story of Rose Ola Seks, 2021)
Three Days in Hell (The Story of Rose Ola Seks, 2021)
From Utoya (The Story of Rose Ola Seks, 2021)
See a Light (Error 404, 2015).



Les installations, les balances et réglages pour le concert de Lazuli sont réalisés avec une efficacité remarquable résultant d'un admirable  sens du collectif ! Et ce n'est pourtant pas une mince affaire que de connecter notamment les dispositifs si particuliers pour la Léode de Claude et le cor d'harmonie de Romain !

LAZULI [22h15-00h20]

La promotion de l'album "Le Fantastique Envol de Dieter Böhm" avait été suspendue par la Pandémie et le confinement, interrompant ainsi une tournée en Angleterre. Le départ de Géd a accentué encore un peu plus le sentiment de chaos. Dans ce contexte tourmenté, Lazuli décida d'enregistrer un album en acoustique intitulé astucieusement " Dénudé ", histoire de s'occuper et de resserrer les rangs autour du p'tit nouveau !

Avec la reprise des spectacles, Lazuli s'est remis sur les routes pour notre plus grand bonheur. Les lendemains restant incertains, avec ma p'tite Fée nous avons tenu à nous ruer vers Saint-Palais sur Mer (17) dès le 22 aout 2021 pour leur second concert avec Arnaud ! Toujours dans le même état d'esprit angoissé, nous avons tenu à nous rendre à Pierres (28) le 23 octobre 2021. Insatiables, nous voici à Pagney (54) pour clore leur tournée qui est passée par l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique.

Je retrouve donc avec un vrai bonheur Dominique Leonetti (chant, guitare, depuis 1998), et Claude Leonetti (léode, depuis 1998), entourés de Vincent Barnavol (batterie, depuis 2010) Romain Thorel (claviers, cor d'harmonie, depuis 2010) et Arnaud Beyney (guitare, depuis 2020), afin de trouver une nouvelle bouteille jetée à la mer...

Etonnamment (en dépit d'une installation précipitée), la sonorisation s'avère juste excellente ! Pas de puissance démesurée, le son vient principalement de l'arrière de la salle ce qui est un réel soulagement lorsque l'auditeur est en bord de scène !! Chaque pupitre est parfaitement audible, un vrai régal auditif !!

Le fond de scène demeure bien entendu l'écran géant avec ses images magnifiques, crées avec tout le talent de Dominique. L'éclairage est parfait tant pour valoriser les atmosphères que pour permettre aux photographes de de capturer les meilleurs clichés.

La scène est un peu plus étroite qu'à Pierres et à Saint-Palais, mais toutefois suffisante pour laisser Dominique se dégourdir les jambes comme à son habitude !

Nous sommes tous conscients qu'il s'agit de la dernière date de la tournée. En dépit de la fatigue qui commence à se faire sentir, la prestation fut, en tous points, mémorable. Ma position d'auditeur très bien positionné me permet de confirmer la maitrise musicale et la cohésion du groupe. Les prérogatives légitimes des frères Léonetti ne nuisent absolument pas à l'épanouissement des autres musiciens. A tour de rôles, Vincent, Romain et Arnaud ont pu faire valoir leur talent. La complicité de tous les instants est remarquable.

La bienveillance d'un public conquis entretient une ambiance délicieuse. Celui-ci s'est montré un peu plus mou que d'habitude lorsqu'il s'est agi de chanter traditionnellement l'air de " Les Courants Ascendants " mais ce n'est pas bien grave, cela n'a pas empêché Romain et Vincent de produire leur attendue improvisation bien chaloupée.

Le programme demeure inchangé sur la tournée, nous avons pu réentendre les dix-neuf habituelles invitations au voyage. Je rappelle donc qu'outre les neuf titres issus de "Le Fantastique Envol de Dieter Böhm" paru en 2020, la sélection a permis d'entendre notamment trois titres issus de "Tant que l’herbe est grasse" paru en 2014, trois titres issus de "Nos âmes saoules" paru en 2016, deux titres issus de "4603 battements" paru en 2011 et un seul titre issu du pourtant excellent "Saison 8" paru en 2018. L'interprétation de 15h40 est en version acoustique, tirée de leur dernière parution en date, "Dénudé".

Habituelle clôture de soirée également, les cinq musiciens déplacent un marimba au centre de la scène et l'entourent, toujours avec une authentique gourmandise démontrées par leurs facéties. Leur air favori "Neuf mains autour d'un marimba", reste suivi de l'hommage à Police, "Every Little Thing She Does Is Magic".

PROGRAMME
Sol (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Les Chansons Sont Des Bouteilles À La Mer (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Mers Lacrymales (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Dieter Böhm (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Baume (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Un Visage Lunaire (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
L'envol (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
L'homme Volant (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Dans Les Mains De Dieter (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020).
Déraille (Tant que l’herbe est grasse, 2014)
Le Lierre (Nos âmes saoules, 2016)
Le Miroir aux Alouettes (4603 battements, 2011)
15h40 (4603 battements, 2011, version Dénudé, 2021)
Les Sutures (Nos âmes saoules, 2016)
Homo Sapiens (Tant que l’herbe est grasse, 2014)
Les Courants Ascendants (Tant que l’herbe est grasse, 2014)
J'attends un Printemps (Saison 8, 2018).
RAPPEL :
Nos Ames saoules (Nos Ames saoules, 2016)
Neuf mains autour d'un marimba + variation sur "Every Little Thing She Does Is Magic" de Police.

A l'instar de chaque fin de soirée, les musiciens ne manquent pas de venir à la rencontre des admirateurs afin de recueillir leurs impressions, mais aussi pour répondre à leurs questions. Pour partager, continuer à s'émouvoir mutuellement. Je m'étonne toujours de leur disponibilité sincère et de leur écoute. Cette fois, nous étions quatre autour de Claude, en toute simplicité, pour tenter de mieux le connaitre encore… A peine avions-nous fini, que Dominique vient de lui-même prendre des nouvelles. Puis Arnaud. Bref, un authentique moment de partage entre mélomanes. Je n'ose plus demander de portrait, il me semble que ce serait abuser d'eux. Même s'ils savent l'infortune de ma p'tite Fée qui était mal positionnée sur celui de Pierres ! Il se fait tard, il y a une fin à tout, alors nous quittons les lieux, les laissant travailler à remballer le matériel avant de reprendre la route.

Voilà, cette fois, c'est bel et bien fini. Cette folle série de trois concerts de Lazuli en deux mois est terminée avec cette dernière date de la tournée. Cela fait six fois que je les vois sur scène et je ne suis toujours pas déçu. Nous avions prévu deux dates de plus ; La Ferté (77) mais les circonstances n'étaient pas favorables et Raismes (59) qui a dû être reporté malheureusement.

La poussière retombe doucement, les étoiles dans la tête brillent encore, mais pour combien de temps.

Une certaine mélancolie s'installe, après la fatigue, comme après chaque grand événement. Avec celle-ci, des questions, des scrupules me viennent à l'esprit. N'avons-nous pas abusé de leur amabilité ? Je dis "nous" car je m'inclus dans le lot. Avec le recul, je réalise que des questions sur leur intimité artistique, des remarques formulées sur leurs choix, peuvent parfois paraitre intrusives ou déplacées et en tous cas mal interprétées, sortie de leur contexte. Je veux croire que leur légendaire gentillesse les protège des indélicatesses et de toute rancune. Je ne dénoncerai rien de particulier ni personne d'autre que moi, mais certains comportements d'admirateurs un peu trop enthousiastes m'ont un peu gêné pour eux… Si j'évoque ce point, c'est parce que je voudrais que Lazuli préserve son admirable état d'esprit, malgré tout.

Rendez-vous est fixé au 10 septembre 2022 pour leur présence au Raismesfest ! D'ici là il est permis d'espérer un nouvel album… et donc une nouvelle tournée ! Entre admirateurs, nous nous prenons à rêver d'un premier passage enfin dans une salle parisienne, et pourquoi pas en première partie de Marillion en octobre 22 ? Chiche !

2 commentaires:

  1. A la Ferté c'était géant de les voir tenir le pavé...ou la scène après des groupes hard!!
    Ils ont réchauffé l'ambiance d'une soirée humide !!

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    1. Je veux bien te croire.
      Je vérifierai cela le 10 septembre à Raismes😉

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