Le festival Prog en Beauce est devenu au fil des années
un traditionnel rendez-vous d'automne, motivé par des affiches attrayantes. Sa
7ème édition remonte au 26 octobre 2019 et attend toujours la fin de
la Pandémie avant d'en proposer une huitième. Mais plutôt que de risquer un
nouveau report après celui de 2020, l'Organisation a préféré proposer aux
mélomanes impatients une soirée spécialement réservée à des artistes de
l'Hexagone.
Ce choix m'a séduit immédiatement au regard de la tête
de cette affiche. LAZULI m'aurait
même suffit à me déplacer ! Toutefois, découvrir JPL et OUT5IDE constituent
des raisons supplémentaires. A l'origine, je me réjouissais aussi de voir enfin
Weend'Ô, mais les circonstances n'étaient pas propices, ce sera pour une autre
fois.
A une centaine de kilomètres de mon domicile, soit
quatre-vingt-dix minutes de trajet, il serait bien dommage de ne pas faire le
déplacement. Belle occasion de soutenir les valeureux et tenaces organisateurs
mais aussi de retrouver une bonne partie de notre communauté de progueux, avides
de mélodies et d'atmosphères si particulières à notre style favori.
La salle municipale Maurice LEBLOND fait correctement
office d'auditorium ; la sonorisation est le plus souvent bien adaptée, en
fonction de l'intensité des prestations des artistes. Une fosse sépare la scène
du pôle technique et, sur les côtés, des sièges permettent aux spectateurs qui
le souhaitent d'apprécier les concerts en étant assis.
Ce quintet alsacien est originaire de Schaeffersheim (67)
au sud de Strasbourg. OUT5IDE se définit comme un groupe de rock "à fleur de peau" ou "Skin-Deep"
(!? style dont j'avoue ignorer
l'existence jusqu'à ce jour…) et a choisi de chanter des textes en anglais.
Il est composé de Philippe RAU (Guitares,
chœur), Matthieu HEISE (Basse), Olivier
SAPTE (Batterie), Olivier SCHAAL (claviers chœur), et Laurent HANTZ (chant, guitare rythmique).
(à
consulter : https://managementout5ide.wixsite.com/out5ide)
Depuis 1998, le groupe bas-rhinois a publié cinq
albums, dont le dernier, "Tumbleweeds"
est paru, contre vents et pandémie, le 25 septembre 2020.
(à lire : https://rockmetalmag.fr/out5ide-tumbleweeds-mo-music/)
Les cinq musiciens disposent de toute la scène (elle
n'est encombrée d'aucun autre objet que leur propre dispositif), d'une sonorisation
correcte et d'un éclairage tendant le plus souvent vers sur le rouge sombre. En
fond de scène s'étend le logo de leur dernier opus.
La prestation me semble relativement éloignée des
atmosphères du rock progressif habituellement entendues dans ces lieux. Mais l'auditoire
par nature curieux se montre respectueux et honore les titres par des acclamations,
plus ou moins enthousiastes selon les titres. Pour ma part, je soulignerai tout
particulièrement le talent du bassiste Matthieu
HEISE, qui m'a semblé disposer d'une remarquable technicité.
Onze titres, dont sept du dernier album, ont été interprétés
durant un peu plus d'une heure.
PROGRAMME
Underground Railroad (Tumbleweed, 2020)
Kids of the Pack (Tumbleweed, 2020)
Immigrant Throng (Tumbleweed, 2020)
Ghosts in the Night
Ogre in the Desert
My Rage of Glory
The Limit
The Kitchen (Tumbleweed, 2020)
Tumbleweed (Tumbleweed, 2020)
Fair and Square (Tumbleweed, 2020)
9 AM (Tumbleweed, 2020).
JPL (18h35-20h05)
JPL est le sigle des différentes formations réunies par
le guitariste Jean-Pierre LOUVETON, originaire
du Puy-en-Velay (43). Aujourd'hui, il a décidé de former un quartet en s'entourant
de Guillaume FONTAINE (claviers, chœurs,
flûte) déjà présent dans plusieurs albums, accompagné cette fois par Florent VILLE (batterie) et Didier VERNET (Basse).
Je dois reconnaitre humblement que j'ignorais
totalement l'existence de ce musicien pourtant remarquable, en dépit de sept
opus (hormis les récapitulatifs) inscrits à son actif, mais aussi en dépit de
son parcours antérieur. Le premier album, " Bienvenue sur la terre ", est paru en 2002. Depuis 2020, il a entrepris
de composer une trilogie intitulée " Sapiens " ; deux volets, " Exordium " et " Deus Ex Machina " sont déjà parus, un troisième est en cours.
Sur une scène relativement spacieuse pour chacun des
pupitres, JPL dispose d'une sonorisation audible ainsi que d'un éclairage focalisé
sur Jean-Pierre et relativement tamisé sur le reste du groupe, mais
suffisamment lumineux pour les objectifs de chasseurs d'images. Pas de fond de
scène particulier.
Je n'avais pas pris la précaution d'écouter la musique
de JPL auparavant. C'est donc sans a priori que j'ai pu découvrir cet artiste
français sur scène. J'aime être surpris et séduit à l'occasion d'une première
partie de spectacle ou lors d'un festival. Même si, comme à cette occasion,
cela dénonce les limites de mes connaissances, et même si cela aboutit à
aggraver le poids de ma discothèque…
Première qualité immédiatement identifiée, ce groupe
auvergnat est francophone. De surcroît les textes sont sagaces. Je suis
toujours sensible à cette vertu, dans un univers médiatico-artistique où il est
de bon ton de prétendre à une notoriété internationale au détriment de notre
belle langue. Je sais, je radote, mais c'est une conviction qu'il me plait de
réitérer tant qu'elle ne sera pas communément admise.
Deuxième qualité, Jean-Pierre démontre une belle
maitrise de son instrument, sa sensibilité et sa technique attirent souvent
l'attention du mélomane exigeant. Il a su en outre s'accompagner de musiciens
compétents et impliqués, notamment de Guillaume, son fidèle clavier et flutiste
dont les interventions m'ont semblé séduisantes, sensiblement exécutées. Etant
placé juste en face de Didier, j'ai pu mesurer l'implication et l'efficacité de
la section rythmique. Quant à la voix de Jean-Pierre, elle me rappelle le
phrasé, les intonations entendues dans d'autres groupes français des années 70.
Je pense notamment à Ange, mais aussi Atoll. Cela ne fait pas de lui un grand
chanteur, mais la justesse du timbre et des textes rendent la partition
intéressante.
Troisième qualité, les compositions me paraissent dignes
de figurer aux références typiques du rock progressif français. De belles
lignes mélodiques, des atmosphères contrastées et enivrantes, des pupitres
soignés font de la musique de JPL un univers envoûtant dont je ne suis pas
sorti indemne.
La réaction du public démontre (si besoin était) que
je ne suis pas seul à ressentir ces impressions. A l'issue d'une prestation
probante, les acclamations méritées récompensent JPL qui semble ému et soulagé
par ce chaleureux retour. L'échoppe est assaillie, les disques compacts se
vendent bien. Pour ma part, je choisis d'acquérir quatre albums (sur les conseils avisés de Jean-Michel et
de Thomas) ; les deux derniers (parus en 2020 et 2021), ainsi que ceux
parus en 2014 et 2017.
Et ces emplettes m'amènent à souligner une quatrième
qualité, l'accessibilité, la simplicité de Jean-Pierre auprès de son public.
Discussion et dédicaces ont été un moment de convivialité agréable.
Durant une heure et demie, le programme choisi a
permis de présenter dix titres dont cinq tirés du triptyque en cours. Choix qui
s'est avéré astucieusement équilibré au regard de la réaction de l'auditoire.
On aurait apprécié que, sur le " Le Dernier Souffle de Vent " Dominique Leonetti viennent chanter le duo
avec Jean-Pierre, à l'instar de la version studio ; dommage, je suis friand des
partages de scènes entre artistes complices…
PROGRAMME
Intro / Homo sapiens (Sapiens chapitre 1/3 : Exordium, 2020)
Jehanne (le Livre Blanc, 2017)
A condition (Sapiens chapitre 1/3 : Exordium, 2020)
St Petrole (Cannibales, 2005)
Le dernier souffle de vent (MMXIV, 2014)
La Machine (Sapiens Chapitre 2/3 : Deus Ex Machina, 2021)
Une pièce pour les gouverner tous (Sapiens Chapitre 2 / 3: Deus ex Machina, 2021)
La peste et le choléra (le Livre Blanc, 2017)
Encore humains (Sapiens Chapitre 2/3 : Deus Ex Machina, 2021)
MMXIV (MMXIV, 2014).
LAZULI (20h45-22h55). https://lazuli-music.com/
Frustré par le nouveau report du Raismesfest en
septembre dernier, auquel devait participer nos valeureux occitans, c'est avec
une excitation mal contenue que j'aborde cette cinquième occasion de les revoir.
Pâle impatience en comparaison de celle ressentie par ma p'tite Fée qui les
avait vus pour la première fois ici-même, au PEB, le 29 octobre 2017 !
Le présent récit ne s'attardera pas à rappeler
l'historique du groupe, je considère que les récits de mes émotions antérieures
l'ont déjà fait. Mais mon exaspération reste hélas toujours vivace à l'encontre
de la sphère artistique française qui entretient un vulgum pecus dans l'absence
d'une curiosité minimum, qui aboutit à la scandaleuse faible notoriété de
Lazuli dans notre douce France … L'éclectisme de nos cousins anglo-saxons,
teutons et bataves me laisse rêveur.
En revanche, "à
tout Seigneur, tout honneur", je ne ferai pas l'économie de les
présenter à nouveau : Dominique Leonetti
(chant, guitare, depuis 1998), et Claude Leonetti
(léode, depuis 1998), demeurent entourés de Vincent Barnavol (batterie, depuis 2010) Romain Thorel (claviers, cor d'harmonie, depuis 2010) et Arnaud Beyney (guitare, depuis 2020).
A l'instar de leur prestation au Crescendo, il y a deux mois, Domi annonce que le concert se composera de l'intégralité de l'album
"Le Fantastique Envol de Dieter Böhm",
suivi d'une sélection de titres emblématiques.
La sonorisation s'avère un peu trop puissante à mes
oreilles, mais de bonnes protections auditives, me permettront de jauger une
excellente balance sonore. Chacun des pupitres est audible, y compris la voix
cristalline de Dominique. Seul incident notable, l'enceinte à droite de la
scène (là où je suis positionné, pas le bol !) s'est éteinte à deux reprises, suspendant
ainsi le rayonnement acoustique requis pour atteindre le nirvana. Mais rien
d'irrémédiable fort heureusement, tout est vite rentré dans l'Ordre.
Le dispositif d'éclairages me semble parfait, toutes
les palettes possibles sont exploitées pour mettre en valeur les tableaux si
bien évoqués par le groupe gardois. Les photographes ont pu en tirer les plus
belles images !
Le fond de scène s'est nettement amélioré. Un écran
géant diffuse les images et les textes à taille lisible/visible.
L'éventail des pupitres (La léode, les guitares, le
clavier, le cor d'harmonie et ses accessoires, la batterie, les percussions,…) est conséquent et occupe toute la scène dont
l'espace permet cependant à chacun de se déplacer à volonté. Cette disponibilité
est particulièrement utile à Dominique qui, comme doté de ressorts sous les
pieds, ne cessera de sautiller comme un cabri une bonne partie du concert !
Quelle santé !!
La prestation du groupe est similaire à celle du
Crescendo que j'ai décrit il y a deux mois. Je ne puis que réitérer mon
admiration absolue pour ces sonorités atypiques ; bien sûr celles de la Léode
de Claude, mais aussi celles de la voix si particulière de Dominique, ou encore
celles du cor bidouillé et du clavier torturé par Romain. Sans oublier la
frappe implacable de Vincent. Leur talent s'exprime toujours avec la
sensibilité, la générosité, la fougue, l'enthousiasme et le talent qui provoque
immanquablement l'exaltation d'un public conquis.
Il me semble toutefois opportun de souligner particulièrement
l'aisance croissante d'Arnaud au sein du groupe ; au Crescendo, c'était son
deuxième concert. Depuis, il a acquis une belle assurance, perceptible dans ces
pitreries, ses sourires et ses soli bouleversants de sensibilité et de
technicité ! Une belle nouvelle complicité semble s'instaurer, pour le plus
grand plaisir de notre microcosme !
Pour sa part, l'auditoire a pris son Envol, exulte et
exprime son bonheur à pleins poumons en chaque titre ! Quelques temps (plus)
forts peuvent cependant être relevés. Le rituel chant final après "Les courants ascendants", ce que les
talentueux et inspirés Romain et Vincent ne manquent pas d'accompagner par une
séquence improvisée de haut niveau ! Ce titre avait été dédié à la mère des
frangins et à Eliott le fils de Domi, tous deux présents dans la salle, dont ce
23 octobre est leur anniversaire ! Même Mireille, le chat d'Arnaud était motif
à chanter un joyeux anniversaire par le public bon-enfant ! Emotion également
lorsque Dominique salue la présence au premier rang du cadet de l'assemblée,
âgé de 7 ans ! Autre moment fort de communion, "Le Miroir aux Alouettes" avec ses sonorités comme sorties du
quartier Barbès, qui secouent irrésistiblement nuques et jambes, même au terme
d'une longue soirée pleine d'émotions ! J'observe d'ailleurs que certains
voudraient, avec ce titre, caser le groupe dans un style dit "world-music" ; Je ne suis pas
d'accord. Les évocations orientales ou exotiques pimentent le rock, en
particulier le rock progressif, depuis bien longtemps. Lazuli, comme d'autres,
opère un emprunt musical ponctuel, et reste à mon sens dans le cadre progressif
avec sa touche d'originalité qui entretient notre passion.
A l'instar de leur prestation au Crescendo, nous avons
pu réentendre dix-neuf invitations au voyage. Même programme, mais on ne saurait s'en lasser ! Outre les neuf titres issus de "Le Fantastique Envol de Dieter Böhm" paru en 2020, la
sélection a permis d'entendre notamment trois titres issus de "Tant que l’herbe est grasse" paru
en 2014, trois titres issus de "Nos
âmes saoules" paru en 2016, deux titres issus de "4603 battements" paru en 2011 et un
seul titre issu du pourtant excellent "Saison
8" paru en 2018. A cette nuance près que l'interprétation de 15h40 est
en version acoustique, tirée de leur dernière parution en date, "Dénudé".
Traditionnelle clôture de soirée, les cinq musiciens déplacent
un marimba au centre de la scène et l'entourent avec une gourmandise évidente. Leurs
pitreries démontrent une nouvelle fois leur complicité et leur joie de jouer
ensemble. Après leur air favori "Neuf
mains autour d'un marimba", ils exécutent un hommage à Police, "Every Little Thing She Does Is Magic".
Le concert est fini, les acclamations méritées
remercient les artistes pour le bienfait qu'ils viennent d'apporter à des
progueux ravis et émerveillés ! Les lumières rallumées montrent les visages
radieux de gens heureux. Les cinq artistes toujours aussi souriants,
disponibles et accessibles ne tardent pas à revenir parmi leurs admirateurs
pour échanger les impressions ressenties, poser volontiers pour des portraits,
signer des dédicaces. Paradoxalement, on en viendrait presque à souhaiter
égoïstement qu'ils ne restent connus que de nous seuls, de notre microcosme.
Epicétou. Mais ce serait injuste.
Sol (Le
Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Les Chansons Sont Des Bouteilles À La Mer (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Mers Lacrymales (Le
Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Dieter Böhm (Le
Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Baume (Le
Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Un Visage Lunaire (Le
Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
L'envol (Le
Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
L'homme Volant (Le
Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020)
Dans Les Mains De Dieter (Le Fantastique Envol de Dieter Böhm, 2020).
Déraille (Tant que l’herbe est grasse, 2014)
Le Lierre (Nos
âmes saoules, 2016)
Le Miroir aux Alouettes (4603 battements, 2011)
15h40 (4603
battements, 2011, version Dénudé, 2021)
Les Sutures (Nos
âmes saoules, 2016)
Homo Sapiens (Tant
que l’herbe est grasse, 2014)
Les Courants Ascendants (Tant que l’herbe est grasse, 2014)
J'attends un Printemps (Saison 8, 2018).
RAPPEL :
Nos Ames saoules (Nos Ames saoules, 2016)
Neuf mains autour d'un marimba + variation sur "Every Little Thing She Does Is Magic"
de Police
Le prochain rendez-vous est déjà fixé : Chez Paulette ce 31 octobre à Pagney-Derrière-Barine (54). Quatre heures
de routes, parce que LAZULI les vaut bien !
Bravo pour ce fidèle compte-rendu de cette si belle soirée. Nous devions être proches l'un de l'autre lors du concert de Lazuli. L'occasion peut-être de faire connaissance de plus près lors du PEB VIII :-)
RépondreSupprimerJean-Luc
Avec plaisir 😀
SupprimerTrès beau compte rendu. C'était une belle soirée riche en émotions et en énergie ! Je garde un excellent souvenir de la superbe (encore) prestation de Lazuli, et de tous les regards échangés avec les membres pendant leur concert !
RépondreSupprimerPlaisir réciproque, je crois 😉
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