lundi 31 octobre 2022

BLUE ÖYSTER CULT – Le Trianon de Paris (Paris 18e) – lundi 31 octobre 2022.

Beaucoup de groupes du continent américain privilégient leurs tournées américaines, sans doute plus lucratives ou déjà assez éreintantes, sans avoir à aller plus loin. On peut ainsi déplorer ne jamais avoir vu des géants tels que Boston, Kansas, Triumph. On peut aussi se réjouir du parti-pris inverse de certains autres qui n'hésitent pas à sortir délibérément de leur cadre, tels que Dream Theater, Metallica. Reste les opportunistes, qui daignent en faire la démarche, mais avec parcimonie, tels que Aerosmith, Rush, Van Halen … BLUE ÖYSTER CULT fait partie de cette dernière catégorie. Autant dire qu'il ne faut pas manquer leurs (trop) rares visites !

Cependant, la trop longue litanie des concerts reportés à cause de la Pandémie continue ; ce concert était initialement prévu le mardi 2 juin 2020, il a d'abord été reporté au jeudi 20 mai 2021, puis au dimanche 17 octobre 2021 pour enfin être fixé à ce lundi 31 octobre 2022. Le concert étant complet, une seconde date a été ajoutée à Paris, mais la veille. Je m'en veux un peu de ne pas avoir opté pour celle-ci également…

Ces deux concerts parisiens s'inscrivent dans leur tournée pour leur 50ème anniversaire, mais aussi pour promouvoir leur quinzième album "The Symbol Remains" qui est paru le 09 octobre 2020, soit dix-neuf années après le précédent quand même ! Le 14 octobre, ils étaient encore aux USA et ils y retournent le 4 novembre ! Les douze dates européennes, dont deux parisiennes, ne sont donc qu'une parenthèse dans leurs incessantes tournées américaines. Par conséquent, une fois n'étant pas coutume, savourons notre privilège français !

Je pouvais d'autant moins me priver de ce concert que j'entretiens des scrupules d'avoir manqué parfois, trop souvent, leurs concerts. Je ne les ai vus que cinq fois ! J'ai tardé jusqu'au samedi 4 février1984 (Revölution by Night) pour me rendre à un premier concert. Puis, j'ai pu les revoir les jeudi 30 aout 1984, lundi 27 janvier 1986 (Club Ninja), et lundi 13 février 1989 (Imaginos). Mais il m'aura fallu attendre …plus de vingt-huit années plus tard, le samedi 24 juin 2017 pour les revoir à l'occasion du festival Retro C Trop. A ma décharge, ils semblent n'être passés à Paris que deux fois avant ma première (1975 et 1978), puis je les ne les ai manqués que trois fois ensuite (1992, 1995 et 2009).

BLUE ÖYSTER CULT, fondé en 1967 à New York, figure dans Mon Panthéon des groupes pionniers du Hard Rock. Donald "Buck Dharma" Roeser (guitare solo, chant), Eric Bloom (chant, guitare électrique), Allen Lanier (claviers, guitare) et la fratrie Bouchard à la section rythmique Joe (basse, voix) et Albert (batterie, voix) ont enregistré leur premier album éponyme dès 1972. Influencés notamment par Black Sabbath, The Stooges et bien d’autres, BÖC a construit sa notoriété en occupant les scènes inlassablement et composant des titres devenus indispensables en concert, tels que "(Don’t Fear) The Reaper" (1976), "Godzilla" (1977) et "Burnin’ for You" (1981).

Je ne m'étendrai pas sur la biographie du groupe, que tout mélomane curieux peut aisément consulter, mais il me parait intéressant de souligner qu'elle relate l'histoire d'une rencontre entre des étudiants new-yorkais et un poète Sandy Pearlman, devenu leur manager. Celui-ci serait à l'origine du nom "Blue Öyster Cult" tiré d'un de ses poèmes écrits dans les années 1960, intitulé "Imaginos". Thème d'ailleurs repris en 1988 pour l'opus éponyme. On comprend mieux le rapport avec l'enregistrement en concert intitulé "ETL, extraterrestrial Live", à l'aune de cette explication ; dans la poésie de Pearlman, le "Blue Öyster Cult" était un groupe d'extraterrestres qui s'étaient réunis secrètement pour guider l'histoire de la Terre. D'abord perplexe, le groupe avait fini par adopter cet intitulé pour préparer son premier album. On peut retenir aussi que le mystérieux logo résulte de diverses inspirations venant de la mythologie grecque (Chronos, Zeus, …), de symboles alchimiques (le plomb, le plus lourd des métaux), mais aussi de symboles astrologiques (Saturne).

Voilà pour mon contexte. C'est donc avec une certaine fébrilité que nous rejoignons la file d'attente qui ne tarde pas à être arrosée d'une copieuse pluie d'automne bien malvenue.

18:30 Ouverture des portes. Nous parvenons à nous positionner correctement en fosse, centré et relativement proche de la scène. Seules quelques têtes inopportunément hautes nous empêchèrent d'atteindre un confort de salon.

L'animation de la première partie de la soirée était dévolue à Gaëlle Buswel, comme celle de la veille, mais la Dame s'est déclarée indisponible, laissant ainsi à Sylvain Laforge, son complice de scène, le soin de la remplacer.

LUX [19:45-20:10].
https://lux-theband.com/

Ancien complice de Rita Mitsouko, le guitariste Sylvain Laforge, a fondé à Paris, en 2014, un duo avec la chanteuse new-yorkaise Angela Randall. "LUX the band" montre une affinité avec la tradition folk/rock anglo-saxonne.…

Un premier album, "Super 8", a été réédité avec des nouvelles chansons en juin 2019. Un second album était prévu cette année. Leur biographie revendique ainsi une étiquette "Velvet Rock" dont je ne comprends toujours pas très bien le sens à l'issue de leur prestation… Leur musique sonne tout ce qu'il y a de plus folk-rock dans les couloirs de nos métros parisiens.

Une prestation bien sympathique mais disons que les amateurs du BÖC ont par le passé été habitués à des invités d'un autre calibre. Je les ai vus avec le canadien Aldo Nova en 1984, Tokyo Blade en 86, et Patrick Rondat en 89, et surtout ils ont tourné avec Black Sabbath, Rush, Boston, Kiss, Uriah Heep et tant d'autres encore …

Mais notre microcosme musical est composé de gens bien élevés, le public applaudit respectueusement le binôme qui a au moins le mérite d'avoir relevé le défi inopiné de remplacer Gaëlle Buswel.

BLUE ÖYSTER CULT [20:30-22h20]
http://www.blueoystercult.com/

L'extinction des feux, accompagnée d'une évocation de "Blade Runner" (Vangelis) dans les enceintes, annonce l'imminence du concert tant attendu !

Le quintuor entre en scène et attaque avec "Tattoo Vampire" que je confesse ne pas avoir reconnu immédiatement. Je ne m'attendais pas à ce titre en introduction, et pourtant avec le recul il me semblait s'imposer en cette période d'halloween, importante pour les ricains.

Je retrouve ainsi avec plaisir la même formation qu'au Retro C Trop en 2017. Donald ROESER alias "Buck Dharma" (guitare, chant depuis 1967, né le 12 novembre 1947 ; 74 ans) reste le seul membre fondateur du groupe, mais Eric BLOOM (chant, guitare, claviers depuis 1969, né le 1er décembre 1944 ; 77 ans) était déjà intégré au groupe pour le premier album. Ils sont entourés de Danny MIRANDA (basse, chœur de 1995 à 2004, puis depuis 2017), Richie CASTELLANO (guitare, claviers, chœurs, depuis 2007 – après avoir été basse de 2004 à 2007) et Jules RADINO (batterie depuis 2004).

Cette salle dispose d'une acoustique excellente, l'ingénieur du son m'a semblé à la hauteur de l'enjeu, par conséquent la sonorisation nous a permis de vivre un excellent concert.

Un éclairage à la fois lumineux et coloré a parfaitement entretenu les atmosphères à l'attention des regards et des objectifs de chasseurs d'images. Aucun fond de scène ; ni symbole, ni écran. Aucun artifice ni décor de scène, juste des musiciens et leurs accessoires. Rock'n'roooooooooll !

La prestation est quasi irréprochable avec des titres piochés dans la longue discographie, parfois de manière surprenante (Tattoo Vampire, The Vigil, Teen Archer, I Love the Night) parfois de manière plus conventionnelle (Burnin' for You, Then Came the Last Days of May, Godzilla, Don't Fear The Reaper), mais le titre qui m'aura surpris avec bonheur fut Black Blade.

Fait notable, la séquence initialement jouée au saxo dans "Shooting Shark", titre coécrit par Buck Dharma et Patti Smith, est ici remplacée par les guitares de Ritchie puis de Buck.

Un des points culminant fut sans doute l'interprétation de "Then Came the Last Days of May" avec ses étourdissants solos des guitares de Ritchie, puis de Buck ! Ce dernier n'a d'ailleurs pas cessé de nous démontrer, avec sa fameuse guitare-gruyère, qu'il a de beaux restes, notamment après "Godzilla". Vraiment, voir ces deux grands guitaristes rivaliser de soli fut un réel bonheur. Richie Castellano est un multiinstrumentiste particulièrement doué, talentueux et charismatique. Buck demeure une Référence, toujours aussi technique et sensible sur ses cordes.

Eric quant à lui n'est certes plus aussi fringant qu'autrefois, et sa voix peut paraitre parfois hésitante, mais il inspire toujours le respect. Pour le côté esthétique, dommage qu'il ne joue plus avec sa légendaire guitare aux formes du logo.

Le public exulte avec moi, mais pouvait-il en être autrement ?! Les ovations permettent un juste retour du groupe pour un rappel amplement mérité.

Autre qualité du groupe, et non des moindres, l'auditeur peut s'engager à les suivre sur plusieurs dates, le programme varie le plus souvent. Ces musiciens exploitent leur répertoire en modifiant les titres interprétés durant leur tournée, quand d'autres (je ne nommerai personne, non !) se contentent d'un programme figé pendant toute leur tournée ! Par rapport à la veille, la loterie des programmes variables d'un soir à l'autre nous a ainsi privé de NEUF TITRES : "Transmaniacon MC", "Harvest Moon", "E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence)", "Train True (Lennie's Song)", "Tainted Blood", "Dancin' in the Ruins", "Perfect Water", "Harvester of Eyes",  et surtout de "Cities on Flame With Rock and Roll". Je considère être en droit d'être frustré, quand on se rappelle avoir acheté nos billets avant les spectateurs d'hier… mais bon, passons!

Dix-sept titres, dont (seulement) deux de The Symbol Remains (2020), trois issus de Blue Öyster Cult (1972), trois de Spectres (1977), deux de Agents of Fortune (1976), deux de Secret Treaties (1974), un de The Revölution by Night (1983), un de Cultösaurus Erectus (1980), un de Fire of Unknown Origin (1981), un de Mirrors (1979), et un de Tyranny and Mutation (1973). Un heure cinquante de plaisir auditif absolu.

PROGRAMME
Bande son introductive : Blade Runner (Vangelis)
Tattoo Vampire (Agents of Fortune, 1976)
That Was Me (The Symbol Remains, 2020)
Golden Age of Leather (Spectres, 1977)
Burnin' for You (Fire of Unknown Origin, 1981)
Shooting Shark (The Revölution by Night, 1983)
The Vigil (Mirrors, 1979)
Cagey Cretins (Secret Treaties, 1974)
Box in My Head (The Symbol Remains, 2020)
Screams (Blue Öyster Cult, 1972)
She's as Beautiful as a Foot (Blue Öyster Cult, 1972)
Black Blade (Cultösaurus Erectus, 1980)
Then Came the Last Days of May (Blue Öyster Cult, 1972)
Godzilla (Spectres, 1977)
(Don't Fear) The Reaper (Agents of Fortune, 1976).
RAPPEL :
Teen Archer (Tyranny and Mutation, 1973)
I Love the Night (Spectres, 1972)
Dominance and Submission (Secret Treaties, 1974).

Il est permis de craindre de pas de ne pas les revoir de sitôt, le passage à l'échoppe s'imposait. J'ai été bien inspiré de m'y précipiter car, la tournée européenne touchant à sa fin, il ne restait que très peu de t-shirts. J'ai même dû me contenter d'une taille inférieure à mon habitude, et je m'estime heureux, car j'avais à peine le dos tourné que le stock fut épuisé !! ouf !






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