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ETATS D'ÂME
QUATRE MILLE QUATRE CENT DEUX jours que
j'attendais ce moment ! 4402 jours depuis ce prestigieux concert du jeudi 14 octobre 2010 au Royal Albert Hall, à l'issue duquel je n'imaginais pas que ce devait être le dernier
avant longtemps ! Attente interminable, attente désespérée d'un mélomane
passionné par ce groupe devenu légendaire, reconnu comme une référence par
beaucoup d'artistes.
J'exempte
d'intervention ceux de mes amis qui moqueront mon engouement tardif pour
PORCUPINE TREE, même si en effet je confesse volontiers avoir attendu le samedi 30 avril 2005 pour assister à un
premier concert ! Je m'en veux tellement d'avoir ignoré son existence au moins dès
le 24 avril 1998, date où le groupe était en concert à deux pas de chez moi au
Théâtre Dunois dans le XIIIème arrondissement de Paris. D'avoir ignoré
aussi son passage au Divan du Monde (12/6/99), au Trabendo (11/3/03) ou encore
à la Maroquinerie (29/11/03) ! C'est une faute d'autant plus impardonnable, que
si je n'avais pas méprisé à cette époque deux autres vecteurs de curiosités, à
savoir Marillion et Dream Theater, j'aurais pu/dû découvrir Steven Wilson bien
avant 2003 !!! bouhouhouhou… je me hais ! Cela étant le Môssieur est tellement
actif, qu'il ne nous laisse que peu de temps aux lamentations ; en comptant ses
prestations avec PORCUPINE TREE, BLACKFIELD, et son propre groupe, je pourrais
me satisfaire de l'avoir vu, jusqu'à ce jour, vingt-cinq fois, dont neuf avec PORCUPINE
TREE. Ma seule lacune au tableau est de ne pas avoir encore pu assister à un
concert de NO-MAN.
BREF HISTORIQUE
Créant
seul le concept PORCUPINE TREE dès 1987,
Steven Wilson ne s'est entouré d'un
vrai groupe qu'à la fin de l'année 1993
en faisant appel au claviériste Richard Barbieri,
au bassiste Colin Edwin et au batteur Chris Maitland. Le groupe s'est d'abord
ancré dans le sillage d'influences plutôt psychédéliques, rock spatial et rock
expérimental. Puis il a évolué vers une direction davantage rock progressif,
avec zeste de pop …parcours un peu similaire à celui de Pink Floyd. Il a ainsi
peu à peu gagné en notoriété dans la sphère prog, notamment en Italie et aux
Pays-Bas. Sa composition est restée stable jusqu'en février 2002, lors du départ
de Chris, qui est remplacé par Gavin Harrison.
Ce changement, concomitant aux expériences parallèles de Steven, marque une
nouvelle évolution musicale vers des sonorités plus dure. L'album "In Absentia" (2002) en est une
éblouissante démonstration. C'est précisément à cette époque que j'ai connu et
admiré le groupe ; sa musique réunit tous les styles chers à mon âme, il crée
une alchimie magique entre le metal, le prog, le folk, le spatial psyché, voire
même le classique. Le titre "Gravity
Eyelids" me semble une sublime synthèse.
Mais
Steven est un personnage hyperactif, multiinstrumentiste, expert ès sons
instruit depuis l'âge de 10 ans par son auguste papa. Il entretient plusieurs collaborations
en parallèle, à commencer par NO-MAN (sa
collaboration ambiante et hip-hop avec Tim Bowness), mais aussi IEM (un délire électro), Bass Communion (un délire expérimental, drone ambiant), BLACKFIELD
(sa collaboration pop-rock avec Aviv
Geffen), et STORM COROSION (sa
collaboration ambiante lugubre avec Mike Äkerfeld). Sa compétence dans le
domaine du son est reconnue à un tel point que les plus grands lui confient le
remixage de leurs albums ; King Crimson, Yes, Jethro Tull, Caravan, notamment…
Il accompagne des artistes dans leur production : MARILLION, OPETH, ANATHEMA, EPHRAT,
Anja GARBAREK.
Infatigable
et insatiable, Steven lance, dès 2008, un nouveau projet en solo avec la
parution de son premier album "Insurgentes".
Ses opus suivants accroissent constamment sa notoriété "Grace For Drowning" (2011), "The Raven that Refused To Sing"
(2013), le chef d'œuvre "Hand.
Cannot. Erase" (2015), "To
the Bone" (2017) et "The
Future Bites" (2021). En contrepartie de ce succès il abandonne, dès
2010, son beau jouet PORCUPINE TREE qui, à mon sens en tous cas, était pourtant
en plein essor.
Au
fil des entretiens avec les journalistes et des tournées triomphales, les
admirateurs nostalgiques de l'Arbre au Porc-épic ont erré péniblement entre
espoirs déçus et désespoir relatif. Nous étions nombreux, partagés entre la
satisfaction de voir son talent reconnu et l'amertume de l'abandon de
l'aventure PORCUPINE TREE. Mon espoir était cependant nourri par l'observation
du nombre croissant de titres de PORCUPINE TREE que Steven reprenait au fil des
tournées ; aucun en 2012, un en 2013, puis deux en 2015, puis quatre,… pour
atteindre cinq titres durant les concerts des années 2016 à 2018 ! Preuve que
cela devait le travailler quand même !!
Nonobstant
ce bel élan, la Pandémie a contrarié la tournée promotionnelle de "The Future Bites", qui était prévue
pour l'automne 2021 ; elle est reportée à …2024.
Puisque
le Monsieur n'aime pas rester inactif, il a eu une la bonne idée de répondre ENFIN
à ses admirateurs… Nous n'osions plus l'espérer, mais à la surprise générale, il
a ressuscité notre Arbre favori et a annoncé dans la foulée un nouvel opus, suivi
d'une tournée ! Hallelujah !!!
C'est
ainsi qu'un onzième album studio "Closure/Continuation"
est paru le 24 juin 2022. Encore une
grosse réussite à mon sens, cet opus me semble se placer dans la continuité de
son prédécesseur "The Incident".
Les nostalgiques de la première période (1993/03) restent frustrés, mais en ce
qui me concerne cette orientation me convient parfaitement.
Les
tickets sont réservés dès le 2 novembre 2021. Je ne cache pas que mon impatience
teinté d'inquiétude n'a cessé de croitre depuis cette date !!
Nous
revenons au Zénith de Paris, dix jours après le concert de Marillion qui fut
déjà un très Grand moment d'émotions. Nonobstant, je subodore que ce soir sera
un cran encore au-dessus, ne fut-ce que pour l'aspect historique d'un retour
inespéré ! De surcroit, je suis accompagné de mes deux fils, Samuel et Julien,
et de ma p'tite Fée !!! Seul Samuel les a déjà vus, en 2009. Je me remémore
avec une tendre nostalgie ces déplacements en voiture dès 2003, durant lesquels
mes deux crapules étaient contraintes de subir mes écoutes répétées d'In
Absentia ! Il faut croire que ce bourrage de crânes a dû les marquer
durablement… père indigne (?). Mon aîné attendait l'ouverture des barrières dès
15h30, il est logiquement au premier rang en fosse, face à son idole. Son frère
ne restera avec nous que durant le premier acte avant de mieux partager les
émotions de la fosse ! Je ne peux pas lui en vouloir …
Trèves
de discussions apéritives entre mélomanes passionnés, nous pénétrons
l'auditorium pour nous asseoir à nos places réservées en carré or. Pour
comprendre ce qui suit, je dois rappeler ma nostalgie d'une époque où les placements étaient libres, quelle que
fut la salle. Pas de numéro, pas de carré or, pas de placeuses… Cette règle
favorisait les mélomanes les plus passionnés ; ceux qui arrivaient le plus tôt étaient
les mieux placés, épicétou. Mais ça, c'était avant. Depuis plusieurs années,
c'est le règne du pognon. Les gueux au pigeonnier. Même la fosse est désormais
parfois (pas aujourd'hui) subdivisée pour privilégier les plus fortunés. Un
scandale, auquel certains s'opposent courageusement ; pour les concerts des
Dropkick Murphys, le placement est libre.
A
priori, je m'agace donc d'être accueilli par une armée de placeuses dont je
pressens la main tendue, comme si le prix des places (et des consommations)
n'étaient pas déjà assez chères ! Mais de surcroit, la demoiselle nous explique
que nos trois places ont été réquisitionnées au profit de personnes
handicapées. Mon sang commence à bouillir, mais c'est ma p'tite Fée qui se
rebelle à juste titre. Non pas contre le principe de réserver un emplacement à
cet effet, bien entendu, mais pour le simple principe du respect de notre
contrat de réservation. En outre, un coup d'œil rapide et discret sur les
bénéficiaires nous fait fortement douter du motif … De fait, après moult
négociations et déplacement adéquates, (…) nous parvenons finalement à
récupérer Nos trois sièges. (du reste
nous observons que les occupants se sont levés sans aucune difficulté !). La
pagaille de leur mercantile organisation a ainsi touché toute la rangée,
d'autres spectateurs ont eu la même exigence que nous.
Notre
combat légitime nous a permis de jouir d'un emplacement idéal pour lequel nous
avions payé, premier rang du gradin central face à la scène, légèrement sur la
gauche.
LE CONCERT [20:15-21:25 /
21:45-22:50 / 22:52-23:12]
Alors
que les lumières de la salle sont encore allumées, nous percevons en bande son
introductive la tonalité continue du thème d'Even Less. L'excitation est ainsi
à son comble lorsque l'extinction des feux est immédiatement suivie de l'entrée
des artistes qui attaquent sur l'énergique "Blackest Eyes" ! Je vous fais grâce du détail de mon
excitation totale …
Steven
WILSON (chant, guitare, de 1987 à 2010, puis depuis 2021) est entouré de
Richard BARBIERI (claviers, de 1993 à 2010, puis depuis 2021),
et de Gavin HARRISON (batterie, percussions, de 2002 à 2010, puis
depuis 2021). Mais aussi de Randy McSTINE
(guitare, pour la tournée actuelle)
et Nate NAVARRO (bassiste, pour la tournée actuelle).
Dès
les premières séquences on savoure la qualité inouïe de la sonorisation ! Le
concert sera un pur régal auditif, tel que Steven est capable d'en fournir dans
notre salon !
La
scène est éclairée par un dispositif faussement discret ; un arc de projecteurs
surplombe le tout. Il est lumineux, et contribuera merveilleusement par ses
teintes et ses nuances, aux atmosphères requises.
En fond de scène, un écran géant diffuse les images et mini-films illustrant les thèmes abordés.
L'espace
scénique est large et permet à chaque pupitre de disposer de son espace vital.
Cela étant, le seul à bouger sera Steven.
Partant
de ce cadre, on pourra toujours me soupçonner de subjectivité, mais le fait est
que de l'avis général cette prestation s'avèrera vite être LE concert de
l'année, tout simplement. La maitrise est totale de bout en bout, le visuel, le
son, le choix des titres tout relève de la perfection. Et que l'on ne vienne
pas m'opposer que seul Dieu serait parfait ; n'est-il pas là devant nous, sur
la scène ?!
Sur
l’écran, on voit s'animer, sous différentes formes et couleurs, le personnage
de la couverture d'In Absentia. La suite ravit nos sens avec une succession de
titres étourdissants principalement issus de "Closure / Continuation", produisant des émotions
indescriptibles. Je souligne la version magnifique d'"Even Less" de 7 minutes version. "Last Chance to Evacuate Planet Earth Before It Is Recycled",
dont les accords de banjo sont joués sur des guitares acoustiques. Steven
soigne particulièrement le titre "Chimera's
Wreck", dont l'intro lui permet de bidouiller le son de sa guitare
comme il le faisait à ses débuts, et durant lequel l'alternance étourdissante des
ambiances est magnifiée par un film d'illustration somptueux ! J'ai ainsi
appris ici à apprécier ce titre, alors qu'il était loin d'être mon favori sur
le CD ! Bref, le programme ne laisse aucun répit à nos esprits bousculés mais je
souligne encore la puissance mélodique et émotionnelle de "Dignity".
Force
est de constater que Steven est au sommet de son art, sa voix est posée et
juste et je rassure les inquiets (sa
récente orientation en solo in quiète certains observateurs) il sait
toujours jouer de la guitare, et très bien ! Il semble détendu ; il dialogue
avec son public, s'amuse des t-shirts qu'il remarque dans la fosse, s'excuse de
nous avoir fait attendre tant d'années (il peut !…). Son épanouissement
personnel (professionnel et sentimental) ne semble pas nuire à son talent, ni à
son envie, ni à sa créativité. Richard reste le discret enchanteur créateur
d'ambiances ; et que Gavin confirme une fois de plus son immense talent, sa
force tranquille, sa haute technicité et sa sensibilité de frappes. Même si je
déplore, par principe l'absence de Colin Edwin et celle de John Welsey,
j'admets volontiers que Nate (moment de bravoure de la basse sur "Dignity") et Randy (ses soli et ses
chœurs sont toujours opportuns et de qualité) les remplacent dignement.
Un
p'tit entracte est bienvenu pour un premier partage d'émotions et pour se
ressourcer avant de profiter d'un second acte qui nous fera grimper très, très
haut !
Une
bande son introductive évoquant le titre "Sentimental" annonce un bel
hommage à l'album "Fear of a Blank
Planet" qui sera effectivement dignement honoré durant l'acte II. Notons
cependant le puissant "Herd Culling"
couronné par un "Happy Birthday"
entonné par les admirateurs les plus avertis, à l'attention de Steven né le 3
novembre 1967. L'époustouflant "Anesthetize"
est joué dans son intégralité, avec des belles interventions de McStine. Et que
dire du redoutable "Sleep Together"
qui une fois de plus a littéralement désarticulé mon pauvre cou et dévasté ma
crinière.
L'ivresse du public est à son comble, bien évidemment.
L'attente
pour le rappel est bien trop longue à mon goût. Dans ce cadre, l'éthéré "Collapse the Light Into Earth"
vient calmer un peu les esprits ; seuls sont présents Steven et Richard.
Magique !
Avant
de clore cette soirée mémorable, Steven plaisante avec son public. Les plus
anciens admirateurs auront au passage mesuré combien le monsieur a pris de
l'assurance. Elle est loin l'époque où l'introverti se cachait derrière sa
frange de cheveux longs ! Revendicatif, il annonce ; Oui, le titre de clôture
sera un morceau emblématique de son choix, non soumis aux diktats médiatiques
auxquels sont soumis tant d'autres artistes. Non, ce ne sera pas un "Free Bird". C'est "Trains" qui fait chavirer
finalement un public absolument comblé. C'est au moins la septième fois qu'il
me ressort ce titre en concert, mais je ne m'en lasse pas !
En
un peu plus de deux heures et trente-cinq minutes, nous avons écouté vingt titres, dont les sept issus de Closure / Continuation (2022),
cinq issus d'In Absentia (2002), quatre issus de Fear of a Blank Planet (2007),
un issu de Deadwing (2005), un issu de Lightbulb Sun (2000), un issu de Recordings (2001) et un issu de Stupid Dream (1999).
Monsieur "plus" aurait volontiers apprécié des titres plus anciens ; en
plaçant le curseur sur les années 2000, Steven a oublié délibérément sa période
la plus éthérée. Choix artistique, donc respectable.
PROGRAMME
ACTE 1
Bande son introductive
: Tonalité longue tirée d'Even Less
Blackest Eyes (In Absentia, 2002)
Harridan (Closure / Continuation, 2022)
Of the New
Day (Closure / Continuation, 2022)
Rats Return
(Closure / Continuation, 2022)
Even Less (Stupid Dream, 1999)
Drown With
Me (In Absentia, 2002)
Dignity (Closure / Continuation, 2022)
The Sound
of Muzak (In Absentia, 2002)
Last Chance
to Evacuate Planet Earth Before It Is Recycled (Lightbulb Sun, 2000)
Chimera's Wreck (Closure
/ Continuation, 2022).
Bande son finale : Turiya (Alice Coltrane).
ACTE 2
Bande son introductive
: Sentimental
Fear of a Blank Planet (Fear of a
Blank Planet, 2007)
Buying New
Soul (Recordings, 2001)
Walk the
Plank (Closure / Continuation, 2022)
Sentimental
(Fear of a Blank Planet, 2007)
Herd Culling
(Closure / Continuation, 2022)
Anesthetize
(Fear of a Blank Planet, 2007)
Sleep
Together (Fear of a Blank Planet, 2007).
RAPPEL :
Collapse
the Light Into Earth (In Absentia, 2002)
Halo (Deadwing, 2005)
Trains (In Absentia, 2002).
Pour marquer l'évènement, un arrêt à l'échoppe s'impose. En ce qui me concerne se sera un nouveau t-shirt.
Le bonheur est dans la salle... ©Marco |
Je m'étais
abstenu de boire quoique ce soit ce soir de peur de manquer un tant soit peu de
ce concert, car je fais partie du redoutable GPV (Gang des P'tites Vessies). La
soif m'emporte donc avec quelques autres à trainer dans un bar au-delà des
horaires de circulation des métros… Heureusement, les Noctiliens roulent encore
pour nous rapprocher au mieux de chez nous !
Que du bonheur on vous dit !... |
Nous avons déjà des scrupules de ne pas avoir opté pour d'autres dates de la présentes tournée... Lors de la
rédaction du présent récit, nous savons déjà qu'une première date de festival
est fixée ; ce sera le Sounds of the City à Castlefield Bowl Manchester, (UK) le
29 juin 2023. … Ça cogite déjà … Et si PORCUPINE TREE venait au Night of the
Prog de Loreley ? hein ? Hein ?
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