vendredi 25 avril 2025

WE LÅVE ROCK FESTIVAL 2025 - Asker Kulturhus (Asker, Norvège) – le vendredi 25 et samedi 26 avril 2025.

HISTORIQUE DE WLR. Il était une fois, à Hurum, un mélomane et musicien appelé Morten-Løken Clason qui, assisté de quelques autres, invita des musiciens à venir s'exprimer dans une grange. Hurum est une ancienne commune située dans le comté de Buskerud, aux alentours d'Oslo, en Norvège. L'initiative avait déjà pris de l'ampleur lorsque Hurum fut intégrée à la municipalité d'Asker, le 1ᵉʳ janvier 2020. De concerts en festivals, de déboires en réussites, et à force de persévérance et d'abnégation, une structure s'est imposée. Le site indique que l'Organisation œuvre ainsi depuis 2013. Une consultation du site officiel de l'Association, notamment la page historique, permet de réaliser la grande qualité des programmations.

C'est en mémoire de ses origines que l'Organisation s'est intitulée WE LÅVE ROCK, qui est en fait un jeu de mot éloquent pour les initiés ; car s'il se prononce bien "we love rock", le mot norvégien "låve" signifie "grange". Oui, en effet nous adorons tous le rock fût-t-il joué dans une grange ou dans son salon.

Cette structure perpétue ainsi son œuvre pour promouvoir le rock, et le rock progressif en particulier. Depuis 2018, son festival en est une des déclinaisons, mais des concerts et un partenariat avec la maison "Crime Records" accentue un soutien sans faille à la bonne Musique ! (pour info, CR soutient des artistes, tels que THE WINDMILL, INFRINGEMENT, CLIVE NOLAN, ARKENTYPE, entre autres…).
> https://www.welaverock.no/festival

Dans cet honorable élan, chaque année en mai, le festival de rock progressif We Låve Rock rassemble des musiciens et des amateurs de musique, de Norvège et de l'étranger, en collaboration avec des artistes, des sponsors, des sympathisants et des bénévoles. Mais le site originel demeurait pénalisé car relativement peu aisé d'accès. Récemment, la ville d'Asker accepta un partenariat en confiant sa Maison de la Culture (Kulturhus) pour accueillir les artistes et les mélomanes dans un plus grand confort.

Fait louable, WLR est un festival non commercial dont les bénéfices sont reversés aux artistes et au festival de l'année suivante. Il faut saluer la persévérance des organisateurs, authentiques passionnés. Elle se heurte, même en Norvège, à l'apathie de trop nombreux mélophiles ; ce qui pèse sur les objectifs, en dépit des bonnes volontés. De surcroit, des évènements ont été annulés à cause de la Pandémie.

Dommage que leur éloignement et leur situation économique rendent leur accès onéreux pour nous. Parmi toutes les belles affiches précédentes, nous n'avons pu assister qu'à deux évènements ; d'abord le concert ARENA/THE WINDMILL au Cosmopolite d'Oslo, le 15 octobre 2022 ; puis la mémorable croisière Prog at Sea, le 5 mai 2023. Cette dernière n'a été maintenue faute de rentabilité, malheureusement…

La septième édition du festival propose huit groupes sur deux soirées ; trois le vendredi et cinq le samedi. Cinq groupes sont norvégiens ; THE WINDMILL, BRESK, MEER, CONFIRMATION BIAS et PIL & BUE. Un groupe est suédois ; PAIN OF SALVATION. Le cas de Kristoffer GILDENLOW est particulier ; ce Suédois a émigré aux Pays-Bas pour rejoindre sa chérie batave ; cela et ses complices, donnent à son groupe une identité néerlandaise… CYAN sera le seul groupe clairement non scandinave, puisque britannique.


UNE PASSION CONTRARIEE PAR DES SCRUPULES. A défaut de trouver dans notre douce France de quoi assouvir notre passion musicale, nous continuons de sillonner l'Europe. Fût-ce à pied, en béquilles, en chaise roulante, en voiture, en train, à cheval, …ou en avion, il me semble encore que peu d'entraves seraient de nature à m'empêcher de partir à l'aventure musicotouristique, dès qu'une affiche en vaille la peine, à mon sens bien entendu. Et pourtant, un jour viendra où nous devrons fatalement nous calmer ; La Raison, la santé, les finances, et peut-être d'autres contrariétés, finiront fatalement par l'emporter tôt ou tard, mais je procrastine délibérément ! Carpe Diem !

En dépit de nos Grands Principes écodurables, nous prendrons donc l'avion pour aller à Oslo. L'impact négatif de nos voyages sur l'environnement est relativement peu défendable, certes. Oui mais, je plaide des circonstances atténuantes ; cela reste un mode de transport collectif et en outre, je me vois mal me lancer dans un trajet de plus d'une journée… Et puis, il s'agit d'assister à un évènement avec des artistes trop rares (en tous cas en France) ; THE WINDMILL, mais aussi Peter JONES, CYAN, et PAIN of SALVATION.

Au-delà de ces états d'âme, nos errances musico-touristiques nous ont déjà mené en Scandinavie sans jamais nous décevoir. En outre, je considère que nos allers-retours dans ces contrées nordiques sont d'autant plus légitimes, que ces Vikings ont largement contribué ces dernières années à revigorer notre Musique préférée. Symptôme révélateur, le répertoire des concerts auxquels j'ai assisté depuis 1979, montre que les artistes originaires de la Norvège occupent le sixième rang (ceux de la Suède le cinquième !!). Même caractéristique prééminente en analysant ma discothèque.

Nous allons voir ailleurs si l'herbe est plus verte, mais paradoxalement je considère que les moutons ne sont pas ceux qu'on imagine ! Notre microcosme, dans toute sa diversité, se démarque obstinément en dépit de nos très médiocres médias nationaux.


LE FESTIVAL. Au sein de la Maison de la Culture d'Asker, nous montons quelques marches pour accéder à un espace qui comprend, d'une part la salle polyvalente dont la capacité d'accueil est de 300 personnes debout, et d'autre part "la scène Radar", une cafétéria étendue dont la capacité est de 150 personnes. J'ai glané un chiffre de participation à deux cent vingt pour le samedi (source fiable a priori), ce qui est rassurant pour la pérennité de ce valeureux festival. Les principales prestations se tiendront dans la salle polyvalente, mais la scène Radar va nous offrir une splendide surprise le samedi…

Morten, en Maître de cérémonie, se chargera de la présentation de chaque groupe. Je trouve ce geste très courtois, à la fois pour les artistes et pour le public, qui n'est pas censé tout connaitre. Coiffé d'un chapeau qui n'est pas sans me rappeler celui de Franck Carducci, il apparait ainsi pour ouvrir le Festival puis pour présenter son propre groupe, en norvégien ce qui est bien légitime. Ainsi nous resterons perplexes aux commentaires de la plupart des artistes, autant que ceux de Morten. A noter que la langue suédoise est très proche de la langue norvégienne, ce qui leur facilite la communication … mais à nos dépends. Néanmoins, lot de consolation non négligeable, Morten ne manque pas de signaler notre présence dans l'assemblée. Sans fausse modestie, il est vrai que nous sommes les deux seuls Français à avoir fait le voyage !

Nous sommes ainsi deux Français et un Anglais, réunis pour une fois dans une même galère linguistique ! Pas grave. Nous avons ainsi saisi l'occasion de nous faire un nouvel ami franchement sympathique, Paul, un anglais de notre génération, venu de Sheffield pour la même passion musicale que nous. A défaut de maitriser totalement la langue de Shakespeare (il ne maitrise pas du tout celle de Molière !), nous avons cependant échangé moult informations. Je lui sais gré déjà de nous avoir fait découvrir le quatuor anglais KYROS que nous allons suivre de près désormais … mais trêve de bavardage en fosse, je m'égare, c'est une autre histoire. Silence, on écoute !

Les horaires indiqués sont ceux constatés ; ils diffèrent quelque peu du protocole établi.

L'acoustique de ce bel auditorium s'avérera d'une excellente qualité.

THE WINDMILL [18h05-19h45]
https://www.thewindmill.no/

Présentation par l'Organisation du Festival : "THE WINDMILL fête ses 25 ans en tant que groupe et jouera les quatre titres emblématiques de leurs quatre albums. Presque deux heures de Musique : "A Day In A Hero's Life", "The Gamer", "The Tree", et "Fear"."

Le groupe de rock progressif norvégien THE WINDMILL a débuté en 2001. Que de chemin parcouru après cette divine révélation de Jean-Robert, à la vue d'un parc éolien dont les pales de rotor semblaient en quasi synchronisation alors qu'il écoutait CAMEL diffusé sur l'autoradio ! La graine était semée, un temps de gestion permit de rassembler des volontaires. Les membres fondateurs sont Jean R. Viita (claviers, chant), Morten Clason (saxophone, flûtes, guitares, chant, claviers) et Arnfinn Isaksen (basse). Puis Bent Jensen (guitares), Vidar Kleivane (batterie) et Erik Borgen (guitares, chant) se sont ensuite ajoutés à la formation. Leur premier album "To Be Continued" est paru en mai 2010.

Leur quatrième opus "Mindscapes" est paru le 1er juillet 2024, via Crime Records.

THE WINDMILL se compose actuellement de Morten-Løken Clason (chant, flûtes, saxophones, guitare, claviers, depuis 2001), Jean-Robert Viita (claviers, et chant, depuis 2001), Arnfinn Isaksen (basse, depuis 2001), Erik Borgen (chant, guitare, depuis 2003), et Stig André Clason (fils de Morten). En octobre 2023, Kristoffer Utby, le batteur depuis 2018, a choisi de se retirer du groupe, pour consacrer plus de temps à INFRINGEMENT. Le nouveau batteur est Nils Harsem ; il a fait ses débuts avec le groupe lors d'un concert le 15 janvier 2024.

Avec ma p'tite Fée, nous avions découverts ce sextuor norvégien à l'occasion du festival The Night of the Prog, à Sankt Goarshausen le 21 juillet 2019. Immédiatement séduits par ces harmonieuses combinaisons d'instruments et de chants, nous sommes allés les revoir en concert trois années plus tard, sur leurs terres à Oslo (Cosmopolite). Ce soir, c'est la sixième fois que nous avons la chance et le plaisir d'assister à ce concert.

Nous parvenons à nous placer parfaitement, devant la scène au centre. Le fond de scène est décoré des quatre tentures peintes par Kirsten Knoph Viita (l'épouse de J-Robert), pour illustrer les quatre albums à leur actif.

D'emblée nous nous réjouissons d'une sonorisation parfaitement équilibrée qui nous permet de jouir totalement d'un concert qui s'avérera réussi et mémorable. Le dispositif d'éclairage est bien dosé, en densité et en couleurs, et sont le plus souvent correctement ciblés sur les intervenants.

La prestation est comme un gâteau quatre-quarts (les gourmets apprécieront) ; les quatre morceaux emblématiques dépassent les vingt minutes. Sans mépriser le reste de leur répertoire, ce choix me parait judicieux pour symboliser leur quart de siècle d'existence. Ces pièces majeures rassemblent tout ce qu'un mélomane progueux apprécie. Les ruptures rythmiques et harmoniques ; les atmosphères oniriques sont ponctuées de sons jazzy, folk ou orageusement métalliques. Il serait circonvenu de hiérarchiser ces quatre titres, mais pour ma part je considère que "Fear" montre, dans sa structure, une apogée des expériences engrangées durant leur existence et laisse augurer d'un avenir appétissant.

Les accords et les nappes mélodiques enivrantes du clavier de Jean-Robert sont magnifiés par le chant d'Erik, qui est accompagné des chœurs exprimés en douceur par Morten, et J-Robert.

La Musique de The Windmill est succession de voyages poétiques dans lesquels chaque pupitre peut s'exposer lors d'un solo à tour de rôles ; pas de prérogative. Les musiciens sont parvenus à doser concentration, efficacité et décontraction.

Toutefois, la particularité multi-instrumentiste de Morten l'amène à intervenir souvent avec l'une de ses trois flutes ou de ses deux saxophones. On imagine la satisfaction, voire la fierté de Morten de pouvoir échanger des duos avec son fils Stig-André ; leurs rapprochements sur scène est assez éloquent.

La fonction de guitariste soliste est brillamment assurée par Stig-André ; avec une apparente décontraction, toujours avec le sourire d'un bonheur évident. Il distille des accords brodés avec la minutie et la sensibilité requise pour magnifier l'ambiance onirique des chansons. Mais ne minorons pas les compétences d'Erik ; loin de se cantonner à son micro, il excelle également sur d'admirables interventions à six cordes !

La transition avec Nils, le nouveau batteur, semble acquise, son rôle continue de cadrer la rythmique avec soutien implacable de la basse d'Arnfinn.

The Gamer

Je pourrais m'étendre en compliments sur tous les titres, mais si je devais désigner un segment ce serait la séquence de "The Tree" qui débute à la dixième minute, particulièrement jouissive, jazzy à souhait ! Il met à l'épreuve les six musiciens pour une parfaite synchronisation, qui s'est à nouveau vérifiée sur scène ce soir.

Dans la foulée des marques de reconnaissances mutuelles entre les artistes et l'auditoire, Kirsten est invitée par Morten à venir sur la scène afin d'être honorée pour sa contribution artistique au groupe. Elle reçoit une juste récompense.

La notable complicité entre la fosse et la scène est logique puisque THE WINDMILL joue à domicile, devant son public ! La prestation de qualité est bien évidemment acclamée en conséquence ! Le bonheur est réciproque et nous en profitons modestement lorsque Jean-Robert n'a pas manqué de nous cibler d'un signe d'affection pour marquer sa satisfaction de notre présence.

Les quatre opus sont donc évoqués avec quatre titres, durant chacun plus de vingt minutes ! Et pourtant le temps est passé très (trop) vite !

PROGRAMME

  1. A Day In A Hero`s Life [21:43] (To Be Continued..., 2010)
  2. The Gamer [24:42] (The Continuation, 2013)
  3. The Tree [23:54] (Tribus, 2018)
  4. Fear [22:47] (Mindscapes, 2024).

BRESK [20h35-21h40].
https://www.facebook.com/profile.php?id=100071550152451&ref=page_internal#

Présentation par l'Organisation du Festival : "BRESK est un trio instrumental norvégien qui joue un prog symphonique, inspiré par des artistes tels que FOCUS, ELP et JON LORD. Le groupe est composé du claviériste Lars Christian Narum, qui se fit connaitre par des groupes tels que Conception, Nickels & Dimes, Crest of Darkness, Narum et Hellbillies. Son fils Peder Narum est à la batterie et son frère Jon Anders Narum à la basse. "A Journey Through the Life of Peder Balke 1804-1887", un opus paru le 28 janvier 2022, est un album instrumental basé sur le concept de la vie dramatique du peintre Peder Balke. WLR a hâte d'entendre ces incroyables musiciens jouer la musique de ce disque."

Le trio familial ne semble donc pas avoir de nouveauté à nous présenter, mais pas de frustration car nous sommes en totale découverte.

En curieux intrigués, nous nous étions positionnés en retrait dans la fosse, entre la scène et la console de sons, afin d'assister à ce que nous imaginions un sympathique intermède musical, sans plus… Quelle erreur, quelle surprise ! Nous avons en fait assisté à une réjouissante prestation !!

Un socle surélevé supporte un ensemble de claviers. Il fait face à l'autre socle sur lequel est établie la batterie. En léger contrebas se situe l'espace du bassiste. Pas de guitare, donc. Les trois pupitres forment ainsi un cercle, magique et complice. Lars Christian est entouré de claviers dont il joue avec une gourmandise évidente, un entrain et une fougue qui ne peut laisser personne indifférent. Peder, qui se charge des commentaires intermédiaires, démontre alternativement une puissance et subtilité qui accentue encore le tourbillon dans lequel est plongé l'auditoire. Jon Anders est sans doute le plus discret des trois mais il suffit de le regarder et de l'entendre jouer pour réaliser la parfaite cohésion que constituent les trois Narum. Le tout est très rythmé et entrainant, foisonnant de notes galopantes sur le clavier ; personnellement j'ai capté de délicieuses influences des années 70.

Hangin' Out With the King

La prestation, instrumentale, a été bien mise en valeur par une sonorisation excellente. Un éclairage assez modeste, mais suffisant pour le trio, puisque relativement statique par nature.

Le public semble déjà connaitre le phénomène et acclame bruyamment ces fous furieux. Avec ma p'tite Fée nous nous associons volontiers à cet enthousiasme général. Nous sommes totalement conquis ! Wouahou, ça c'est vraiment le genre de surprise qu'on adore recevoir !

Dix titres sont interprétés, dont six issus de leur album paru en 2022.

PROGRAMME

  1. Fanfare
  2. Sailing the Northern Coast  (A Journey Through the Life of Peder Balke 1804-1887, 2022)
  3. Train to Transylvania
  4. The Revolution of 1848 (A Journey Through the Life of Peder Balke 1804-1887, 2022)
  5. Balkeby (A Journey Through the Life of Peder Balke 1804-1887, 2022)
  6. The Fire  (A Journey Through the Life of Peder Balke 1804-1887, 2022)
  7. The End  (A Journey Through the Life of Peder Balke 1804-1887, 2022)
  8. Hangin' Out With the King  (A Journey Through the Life of Peder Balke 1804-1887, 2022)
  9. Varøger
  10. The Lynx. 

L'entracte me permet de les approcher. Ils sont d'une grande simplicité qui tranche avec leur talent. Ils n'ont hélas pas prévu de vendre de CD (il parait que ce matériel serait obsolète chez les Vikings). Mais je ne manque pas de m'autoriser un portrait en leur compagnie, histoire de me rappeler de leurs bonnes bouilles !


MEER [22h30-00h05]
https://meer.bandcamp.com/music

Présentation par l'Organisation du Festival : "Comme tout le monde le sait, MEER est l'un des grands favoris de WLR. Ils ont sorti trois albums depuis 2016 et nous avons maintenant hâte d'entendre les chansons des trois albums quand nous les aurons enfin en tête d'affiche vendredi. MEER mélange pop, rock et rock progressif d'une façon accrocheuse et très propre. On attend ça avec impatience !"

Bref rappel de la biographie. A la base, MEER a débuté en 2008 en tant que duo (Johanne Margrethe et Knut) à Hamar, en Norvège, sous le nom de TED GLEN EXTENDED. Depuis, le duo s'est considérablement développé pour devenir ce qu'il est aujourd'hui : un collectif éclectique de huit musiciens dont la musique est un mélange de pop orchestrale, de musique classique et de rock progressif.

Son deuxième "Playing House" est paru le 29 janvier 2021. Un troisième album intitulé Wheels Within Wheels, est paru le 23 aout 2024. Ils participent à ce festival WLR pour la quatrième fois !

MEER illustre parfaitement l'intérêt des festivals, car sans ces évènements fédérateurs, nous n'aurions pas eu l'occasion d'être séduit peu à peu par ces artistes atypiques. En effet, le 23 juin 2023 (Midsummer festival), puis le 3 février 2024 (Midwinter festival), je n'étais pas parvenu à me laisser séduire... Mais ce n'est qu'à l'occasion du Night of the Prog festival le 21 juillet 2024 que j'ai commencé à percevoir les subtilités harmoniques.

Constitué à la base de la fratrie, Johanne Kippersund (chant) est seule aujourd'hui. Sur le site du groupe on peut lire que "Knut Kippersund (chant, claviers) a obtenu le travail de ses rêves, acteur au Nye Hjorten Teater à Trondheim ; son emploi du temps n'était hélas pas compatible en ce vendredi." Le reste du groupe est présent ; Eivind Strømstad (guitare), Ole Gjøstøl (piano), Morten Strypet (basse), et Mats Lillehaug (batterie). Åsa Ree est toujours au violon, mais sa complice habituelle (Ingvild Nordstoga Eide) à l'alto, est ici remplacée par un homme que je ne suis pas parvenu à identifier, qu'il me pardonne !

Nous parvenons à nous positionner sur la gauche (en regardant la scène), entre le micro et le clavier.

La sonorisation est cette fois encore parfaitement équilibrée. Tous les pupitres, pourtant nombreux, sont audibles, et aucune protection auditive ne parait nécessaire. Le dispositif d'éclairage est correct et permet de distinguer les musiciens tout en entretenant les atmosphères requises.

Nous sommes positionnés plus à proximité que pour nos trois précédentes participations, cette prestation nous a encore davantage séduits. Nous avons mieux mesuré la qualité du timbre et le charisme de Johanne, et l'efficacité des autres complices. On peut en effet parler d'efficacité et de talent car, à quatre reprise, une panne de sonorisation aurait pu en déstabiliser plus d'un, mais eux non. Le batteur, imperturbable, continuait à marquer le rythme qui permettait à chaque fois aux autres pupitres de reprendre le morceau en cours !  Du grand Art !  

En dépit de ma discothèque encore incomplète, j'ai pu reconnaitre et apprécier les mélodies entrainante et symphoniques de cette musique atypique. Ils ne se complaisent pas dans la facilité ; les ruptures surprenantes font alterner avec subtilité les atmosphères joyeuses ou hargneuses.

Nous sommes autant enthousiasmés que le public avec lequel nous manifestons notre grande satisfaction. Les échanges en norvégiens nous laissent un peu de côté dans cette belle communion, mais l'essentiel est l'impression partagée dans la bonne humeur.

Quatre albums ont été évoqués avec seize titres, dont sept issus de "Wheels Within Wheels" (2024), cinq de "Playing House" (2021), trois de "Meer" (2016), un du mini album "Ted Glen Extended" (2012).

PROGRAMME

  1. To What End (Wheels Within Wheels, 2024)
  2. Lay It Down (Playing House, 2021)
  3. Come to Light (Wheels Within Wheels, 2024)
  4. Golden Circle (Wheels Within Wheels, 2024)
  5. You Were a Drum (Playing House, 2021)
  6. Chains of Changes (Wheels Within Wheels, 2024)
  7. Solveig (Meer, 2016)
  8. Hello (Ted Glen Extended EP, 2012)
  9. Sorry for the Kiss (Meer, 2016)
  10. Something in the Water (Wheels Within Wheels, 2024)
  11. Honey (Playing House, 2021)
  12. Today Tonight Tomorrow (Wheels Within Wheels, 2024)
  13. Take Me to the River (Wheels Within Wheels, 2024)
  14. Valentina in the Sky (Meer, 2016).

RAPPEL :

  1. Picking Up the Pieces (Playing House, 2021)
  2. Beehive (Playing House, 2021).

J'ai visité l'échoppe dans la journée mais avec abstinence, car je me méfie de la couronne norvégienne (je ferai mon marché en rentrant en France) pour éviter les frais bancaires et les fluctuants taux de changes. Par ailleurs, je n'ai pas rencontré les membres de MEER.

Dès la fin du concert, nous filons à la gare pour éviter de louper le dernier train vers Oslo qui est passé à 0h35.


SAMEDI 26 AVRIL 2025

Une fois n'est pas coutume, nous ne sommes pas parvenu à respecter les impératifs horaires. Suite à des contretemps inopinés, nous avons été contraints de manquer le premier groupe du jour. Désolé pour CONFIRMATION BIAS que je n'ai pas eu l'occasion de découvrir… Je me dois cependant, par respect et pour la postérité, d'évoquer au moins leur pédigrée :

CONFIRMATION BIAS [13h00-14h00]
https://www.confirmationbias.no/  
https://confirmationbias.bandcamp.com/

Présentation par l'Organisation du Festival : "CONFIRMATION BIAS est un groupe de progrock dont la musique peut être décrite provisoirement comme un creuset inspiré de l'art-rock seventies, du rock moderne et d'une touche de metal, jouée par des musiciens expérimentés et habiles aux goûts éclectiques et un filtre à conneries bien développé. CONFIRMATION BIAS a sorti l'un des meilleurs albums norvégiens sorti en 2024  "Century Mornings" paru le 29 mars 2024."

Leur biographie relevée sur leur site officiel nous indique : "Confirmation Bias est né dans le sillage du groupe hommage RUSJ – A Working Man's Tribute to RUSH, formé en 2013. Le noyau dur de ce groupe souhaitait se lancer un défi créatif : écrire et enregistrer des morceaux originaux. Depuis 2016, nous avons complété notre line-up, écrit, répété et enregistré de nouveaux morceaux."

Les membres du groupe sont : Lars Martin Aasgård (chant principal), Jon Martin Haarr (basse, pédales, claviers et chant), Ørjan Risa Svensen (guitares électriques et acoustiques, chant), Kai Gabrielsen (batterie et percussions), Fredrik Skår (claviers et vocodeur), Eirik Hanssen (guitare acoustique, mandoline et chant).


Fort heureusement, nous parvenons juste à temps à la scène Radar (la petite scène en face de la cafétéria pour ceux qui n'auraient pas tout suivi), pour assister à LA surprise immanquable du festival ; Peter Jones nous offre un récital, juste accompagné d'un clavier. Je ne cache pas ma gourmandise pour ce genre d'imprévu musical, surtout s'agissant de cet admirable artiste.

PETER JONES [14h-14h50]
https://www.tigermothtales.com/pete-jones

Bref rappel biographique : Voilà un exemple de musicien complet, multi-instrumentiste de talent. Il semble aussi à l'aise au chant qu'aux claviers, le piano, la guitare, la basse, le saxophone, la clarinette, la flûte à bec, les sifflets ainsi que divers instruments de percussion. Malheureusement atteint, à l'âge de 15 mois, d'un rétinoblastome (une forme de cancer qui attaque la partie sensible à la lumière de l'œil), la musicothérapie lui a été salvatrice. Son immense sensibilité et ses talents musicaux variés lui ont très vite valu la reconnaissance de ses pairs. Ainsi, outre son propre projet TIGER MOTH TALES, il a intégré CAMEL en 2016, puis CYAN, et RED BAZAR. De surcroît, il n'hésite pas à participer à toutes prestations de nature à partager les plaisirs de la Musique. La clairvoyance et la sensibilité de la plupart des aveugles n'est plus à démontrer, mais elle est d'autant plus évidente à l'égard de Peter Jones ; C'est un authentique Musicien qui vit pour et par la Musique.

LE RECITAL. Le cadre est quasi idéal pour ce genre de prestation ; l'artiste fait face à un public assis (pour les premiers arrivés) ou débout (pour les autres, dont nous deux qui ont déjà la chance d'assister à l'évènement). La cafétéria est relativement respectueuse et silencieuse pour écouter religieusement les émotions exprimées par ce musicien hors pair. Il reprend tout ou partie de divers chansons empruntées au répertoire du rock progressif, mais très légitiment, il puise beaucoup dans celui de son groupe TIGER MOTH TALES.

Lorsqu'il reprend un judicieux montage de titres extraits du répertoire de GENESIS, on perçoit nettement le frémissement de satisfaction des mélomanes. Mais, lorsqu'il reprend "Long Good Byes" de CAMEL, mes pieds ne touchent plus le sol ; mon émotion est à son comble.

Long Good Byes

Dancing with the Moonlit Knight +Carpet Crawlers

Ce sont ainsi quelque huit titres (dans l'exaltation, on me pardonnera de ne pas avoir compté) qui seront interprétés avec le brio qui éclabousse nos âmes. Enormissime sensation que je ne suis pas près d'oublier… Et le plus beau, c'est que ce n'est pas fini ! (mais ça je ne le sais pas à cet instant).

PROGRAMME
(à préciser avec le temps, peut-être…)
Don’t Let Go, Feels Alright (issu de "Cocoon", TIGER MOTH TALES, 2014)
XXX (de Steve HACKETT) ;
Intro de "Dancing with the Moonlit Knight", et un extrait de "Carpet Crawlers" (de GENESIS, 1973/74) ;
Long Good Byes (issu de "Stationary Traveller" de CAMEL, 1984) ;
XXX (David LONGDON) ;
Blackbird (issu de "The Whispering Of The World", TIGER MOTH TALES, 2020) ;
A Visit to Chigwick (issu de "Cocoon", TIGER MOTH TALES, 2014) ;

Nous ne disposons pas de beaucoup de temps pour nous attendrir, il faut s'engouffrer dans la salle polyvalente pour espérer bénéficier d'un bon emplacement…

KRISTOFFER GILDENLÖW [15h05-16h10]
https://www.kristoffergildenlow.com/

Présentation par l'Organisation du Festival : "Kristoffer Gildenlöw a sorti cinq albums depuis qu'il a quitté son poste de bassiste dans Pain Of Salvation en 2006. La musique est évocatrice, mélodique et inspirée par des groupes comme Pink Floyd, Dire Straits et Mike Oldfield, dont l'influence est particulièrement entendue sur son dernier disque "Empty", qui est l'un des meilleurs disques paru en 2024. En plus de faire sa propre musique, Kristoffer Gildenlöw a enregistré des disques et fait des tournées avec Kayak, Neal Morse et Nine Skies. WLR a hâte de voir Kristoffer sur scène samedi et ceux qui viennent peuvent attendre avec enthousiasme pour voir s'il y aura des retrouvailles entre frères sur scène ce soir."

Bref rappel biographique : Né le 27 juillet 1978 à Eskilstuna (Suède), Kristoffer commence à jouer du piano à l'âge de 8 ans. À 13 ans, son intérêt s'oriente davantage vers le rock et il passe à la guitare basse et à la batterie tout en jouant dans différents groupes de hard rock à l'école. En 1994, il étudie la guitare basse à l'Aesthetic College of Music d'Eskilstuna, en Suède.

Puis dès novembre 1994, à l'âge de 16 ans, Kristoffer a été invité à participer à un concert du groupe de Daniel Gildenlöw, son frère : c'est PAIN OF SALVATION. Les choses se sont bien passées et on lui a demandé de rejoindre le groupe et de devenir membre à part entière début 1995. Avec le quatrième album "Remedy Lane", PAIN OF SALVATION accroit encore son envergure. C'est à l'occasion de cette tournée promotionnelle qu'il m'est permis de voir Kristoffer Gildenlow une première fois sur la scène du Zénith de Paris le 7 février 2002, alors que le groupe était invité de DREAM THEATER.

Mais en 2006, Kristoffer émigre aux Pays-Bas pour partager la vie de Lilo (Liselotte Hegt), l'élue de son cœur. Il doit quitter le groupe. Il offre alors ses services auprès d'autres artistes, en concert ou en studio, tels que Neal Morse (US), Lana Lane (US), Damian Wilson (UK), Mr. Fastfinger (FIN), Dark Suns (DE), Harmony (S), Omnia (NL), Bert Heerink (NL), Semantic Saturation (US), For All We Know (NL) et bien d'autres… En 2007, il fonde avec sa femme Lilo le groupe DIAL, étiqueté "art-rock". L'album "Synchronized" parait le 8 mai 2007. Ce fut le début de l'écriture de sa propre musique cela mènera Kristoffer à sa propre carrière solo. Son premier album solo "Rust" parait le 24 mai 2012.

Il continue toutefois ses diverses collaborations ; il est annoncé officiellement en janvier 2023, comme bassiste au sein du groupe néerlandais DILEMMA. C'est ainsi que je l'ai revu sur scène une deuxième fois, au Center Park de Port-Zeland (lors du Marillion Weekend), le 17 mars 2023.

Le deuxième album "Empty" est paru le 8 février 2024. Un album portant "sur le monde, ses habitants, ses dirigeants et son créateur", selon la promotion.

Puis, la prestation de cette même formation à l'occasion du Midsummer Festival, à Valkenburg le 28 juin 2024, m'a permis de le revoir une troisième fois. Il nous avait totalement séduits.

Kristoffer, Suédois d'origine est toujours entouré de ses complices néerlandais ; Paul Coenradie (guitare), qui a largement contribué à magnifier son dernier opus, par ses soli étourdissants. Mais aussi Joris Lindner (guitare), Liselotte Hegt (basse), Dirk Bruinenberg (batterie), et Paul van Acht (claviers).






Notre place, sur la gauche (en regardant la scène) face au pupitre de la bassiste, nous permet de voir parfaitement tout en bénéficiant d'une sonorisation équilibrée et audible, et ce, même si nous somme proche d'une enceinte.

Très vite, nous retrouvons les impressions positives ressenties à Valkenburg ; des influences de Pink Floyd, Mike Oldfield, voire Dire Straits, sont magnifiées par des musiciens de talents. Les guitares se partagent les soli et de nombreux trio de guitares ("Down We Go") apporte un surcroît d'harmonies somptueuses. Paul Coenradie et Joris Lindner constituent indéniablement un soutien de luxe pour Kristoffer. La complicité avec les autres membres du sextuor, articule tout cela avec efficacité et implication. Etant juste à ses pieds, je me suis amusé à observer Lilo ; comme pour contrarier sa discrétion car souvent en retrait, dans l'ombre (retrait d'ailleurs dénoncé avec amusement par Kristoffer au moment des présentations). Pourtant, il pouvait lui arriver de s'avancer en martelant les deux pieds comme pour accentuer les accords de sa basse.

Empty

L'auditoire a été complètement conquis, et l'a fait savoir par de belles ovations !

Trois albums ont été évoqués avec dix titres ; L'opus le plus récent "Empty" (2024) est valorisé avec sept morceaux, deux sont issus de "Rust" (2012) et un de "Let Me Be a Ghost" (2021).

PROGRAMME

  1. Time to Turn the Page (Empty, 2024)
  2. The End of their Run (Empty, 2024)
  3. Harbinger of Sorrow (Empty, 2024)
  4. He’s Not Me (Empty, 2024)
  5. Down We Go (Empty, 2024)
  6. Saturated (Empty, 2024)
  7. Rust (Rust, 2012)
  8. Living Soil (Rust, 2012)
  9. Fleeting Thought (Let Me Be a Ghost, 2021).

RAPPEL :

  1. Empty (Empty, 2024).

 


PETER JONES [16h30-17h05]

Revenu d'une nécessaire pause extérieure, nous constatons à notre grand émerveillement que le Monsieur est de retour. Toutes les places assises sont bien évidemment occupées ; au jeu des chaises musicales, nous n'avons gagné qu'en fin de session, nous sommes restés un bon moment sur le côté pour assister à cette suite inespérée. Mais peu importe, nous n'en avons pas souffert trop longtemps.

Cette seconde session accentue encore notre admiration pour l'Artiste. Doté de beaucoup d'humour, il vit complétement ses interprétations et maitrise parfaitement paroles et notes avec une mémoire admirable. La durée des deux sessions cumulées constitue indéniablement un concert à part entière et c'est ainsi que je m'en souviendrai, même s'il n'est pas ainsi présenté à l'affiche.

Nous aurons droit à quelques huit autres titres, toujours magnifiques et émouvants. Il a notamment rendu hommage à David Longdon (BIGBIG TRAIN).

PROGRAMME
(à préciser avec le temps… mais de nombreuses reprises de TIGER MOTH TALES)
The Merry Vicar (issu de "Cocoon", TIGER MOTH TALES, 2014) ;
N'en déplaise à certains râleurs (ici cela ne gêne personne), je revendique avoir conservé de nombreuses images ; je ne pouvais pas me permettre de laisser tomber dans l'oubli cet évènement …

Au terme de cette session bouleversante, nous ne tardons pas à nous engouffrer dans la salle polyvalente, afin de découvrir ce que peut exprimer le groupe suivant, parfaitement inconnu dans nos contrées.


PIL & BUE [17h15-18h45]
https://pilbue.bandcamp.com/album/bonus-level-1-live-in-alta-rock-city

Présentation par l'Organisation du Festival : "Réservés pour le WLRF de cette année, après leur concert à Tons of Rock à Oslo l'été dernier. Pil & Bue sont géniaux en concert et les deux musiciens sur scène livrent un feu d'artifice de hard rock mélodieux et merveilleux. On attend ça avec impatience !"

Leur biographie nous indique que Pil & Bue est "un duo venu des profondeurs du Nord de la Norvège, qui malgré leur format minimal ressemble à un groupe à part entière. Avec l'un des meilleurs chanteur norvégien, Petter Carlsen, au chant et à la guitare, et Gøran Johansen redoutable à la batterie, ils sont une explosion de hard rock."

Un quatrième album studio "Special Agents" est paru le 24 février 2023.

Il convient de préciser, pour éviter tout malentendu, que ce Petter Carlsen est un homonyme à l'autre Petter Carlsen qui avait accompagné Anneke Van Giersbergen en son temps… Carlsen, c'est un peu le Dupont français.

Bon, l'unanimité des appréciations du public s'estompe à cette occasion. Le duo semble populaire ici et était très attendu par une bonne partie de l'auditoire. Mais pas toute. Quelques-uns ont profité de la prestation pour se détendre.

Pour ma part, en curieux, j'ai cependant tenu à assister à la majeure partie de ce concert étonnant. Au début la voix peut surprendre, un peu aigue avec une tendance à crier, ce qui est de nature à heurter les oreilles les plus délicates, j'en conviens.

Cependant, doté d'un tant soit peu de bienveillance au fil des morceaux, on s'y fait d'autant plus qu'il varie les humeurs avec une certaine subtilité. Je suis également étonné du son délivré avec pour seul accompagnement une batterie fut-elle densément équipée. Je ne dis pas que la prestation m'a fait grimper aux rideaux, mais les deux complices ont eu le mérite d'exprimer une Musique plutôt séduisante, parfois mélodique, assez brutale le plus souvent mais sans excès. Franchement, j'ai trouvé cela très intéressant.

Nonobstant, cette séquence restera au rayon des curiosités vikings.

Le public de connaisseurs, ma foi assez conséquent, n'a pas manqué de soutenir bruyamment leurs valeureux compatriotes.

PROGRAMME
A déterminer…


CYAN [19h45-21h17].

Présentation par l'Organisation du Festival : "CYAN a été fondé par Rob Reed en 1984, mais les premiers albums ne sont parus que dans les années 90. En 2018, Rob a réactivé CYAN,  qui est maintenant un "supergroupe" de musiciens incroyables, dont bien sûr Rob Reed lui-même aux claviers, Peter Jones (de Tiger Moth Tales et Camel) au chant, le guitariste Luke Machin (de The Tangent) et le bassiste Dan Nelson (Magenta/ex-Godsticks). Pour les concerts, la batterie est gérée soit par Tim Robinson, soit Jon 'Jiffy' Griffiths issus de MAGENTA. WLR est fier de présenter ce super groupe à leur festival. On attend ça avec impatience !"

Bref rappel biographique : Durant les années 80, Robert Reed composa les premiers morceaux qui allaient devenir ceux de CYAN quelques années plus tard. Mais ce groupe n'a été officiellement fondé par Rob Reed qu'au début des années 90 ; trois albums sont ainsi parus entre 1993 et 1999. Mais CYAN a été plus ou moins mis en sommeil, lorsque R. Reed s'est impliqué dans un autre projet qui est devenu MAGENTA, en 2001.

Il y a quelques années, Reed a décidé de ressusciter CYAN, mais pour cela il fallait trouver de nouveaux partenaires. En 2021, il parvient à réunir de gros talents ; Pete Jones (TALES FROM THE TIGER MOTH, CAMEL, RED BAZAR), Luke Machin et Dan Nelson (GODSTICKS, MAGENTA). 

Je tiens à m'attarder sur le cas du guitariste. J'ai déjà évoqué ci-dessus la bio de Peter. Voici celle tout aussi édifiante de Luke Machin : "musicien, artiste, compositeur, producteur et enseignant. Il a commencé à jouer de la guitare à l'âge de 3 ans et a été impliqué dans la musique toute sa vie. Il a étudié à l'Institut de musique moderne de Brighton sous la direction de musiciens tels que Guthrie Govan et a joué aux côtés de Jeff Beck ; il a été élu "étudiant de l'année" lors de sa première année d'études." https://www.lukemachin.com/

C'est ainsi que l'album "For King And Country", qui était initialement paru en 1993, fait l'objet d'une nouvelle parution le 25 Septembre 2021, réarrangé (on peut dire, revalorisé !) et enregistré avec la nouvelle formation. En hommage aux autres compositions écrites, mais pas toutes publiées, dans les années 90, Reed a choisi de les remodeler en deux volets. D'abord sur "Pictures from the Other Side" paru le 17 novembre 2023, puis "The Guardians" paru le 9 aout 2024.

La prestation de CYAN lors du Night of the Prog festival, à Sankt Goarshausen le 14 juillet 2023, nous avait fortement impressionnés.

Le groupe se compose donc de CYAN : Rob Reed (guitares, claviers), Dan Nelson (basse), Luke Machin (guitares), et Peter Jones (chant, claviers, saxo, flûte), ainsi que Jon "Jiffy" Griffith (batterie). Notons qu'Angharad Brinn qui illumine de sa voix en studio n'est pas présente.

Je me doutais que nous allions assister à un grand moment. En fait ce fut un TRES grand moment ! On a beau prétendre que le meilleur point d'écoute n'est pas le bord de la scène, il n'empêche que regarder de près les musiciens dans un cadre aussi confortable, ne peut qu'accroire notre admiration. A Loreley nous étions en gradin, relativement distants de la scène. Là, nous avons pu bien observer de près et nous imprégner totalement de leur maitrise impressionnante pour interpréter des chansons pourtant très complexes dans leurs structures, dans la pure tradition du rock progressif !

I Defy the Sun

Une parfaite sonorisation a valorisé idéalement chaque pupitre. Pourtant placés à la barrière, entre les pupitres de Peter et de Rob, nous nous sommes régalés de l'exécution des titres.

Nous avons pu jouir totalement des compétences qui sont subtilement dirigées par Rob ; on le voit vibrer de sa Musique qu'il est parvenu à ressusciter après tant d'année dans l'oubli. Peter et Luke ont en commun une grande sensibilité qu'ils expriment magnifiquement avec leurs instruments. Tout fut parfaitement en place avec les nuances requises pour un jeu de scène, et sans bande son excessive (juste quelques sons d'ambiance), tous les titres nous ont replongé dans l'univers crée en studio. C'est passionnant de regarder la vivacité du jeu de Luke, son apparente facilité d'exécution… Et puis son regard bienveillant et attentif sur son partenaire Peter, dont on pressent que rien ne lui échappe. Son regard est vide, mais on devine aux traits de son visage l'acuité de son audition et de son analyse de la situation.

Je sais bien qu'il faut toujours relativiser, qu'il y a bien d'autres artistes exceptionnels, bien d'autres style musicaux, et même qu'il n'y as pas que la Musique dans la vie, blabla… oui mais moi, c'est ici, parmi ce microcosme de quelques mélomanes et avec ma P'tite Fée à mes côtés, au fin fond d'un bled paumé de la Norvège, que je suis heureux, tout simplement. Ce n'est pas mépriser les autres que de considérer modestement ma chance de vivre de tels moments de bonheur, grâce à ces artistes exceptionnels. Voilà.

Bien évidemment conquis, l'auditoire ne pouvait qu'être exalté par tant de prouesses et d'harmonie entre des musiciens exceptionnels. L'ovation reconnaissante est longue et bruyante !

Deux albums (mais étonnamment pas du plus récent) ont été évoqués avec neuf titres. Sept sont issus de "For King and Country" (2021) et deux de Man "Pictures from the Other Side" (2023).

PROGRAMME

  1. Snowbound (For King and Country, 2021)
  2. Don't Turn Away (For King and Country, 2021)
  3. Pictures From the Other Side (Pictures from the Other Side, 2023)
  4. Call Me (For King and Country, 2021)
  5. Man Amongst Men (For King and Country, 2021)
  6. I Defy the Sun (For King and Country, 2021)
  7. Broken Man (Pictures from the Other Side, 2023)
  8. The Sorcerer (For King and Country, 2021).

RAPPEL :

  1. For King and Country (For King and Country, 2021). 

Le retard pris sur la programmation fait craindre le pire à ceux qui dépendent du dernier train pour rentrer à Oslo.

PAIN OF SALVATION [22h05-00h05]
https://painofsalvation.com/

Présentation par l'Organisation du Festival : "Pain Of Salvation n'a plus joué à Oslo depuis le 15 novembre 2017 ; et c'était pourtant à guichet fermé. Nous sommes impatients d'entendre des chansons de toute la carrière, teintées à la fois de pop, rock, prog et metal, avec des harmonies vocales lourdes et des puissantes."

> Je constate ainsi que même les mélomanes norvégiens se plaignent de la rareté de PoS !

Bref rappel biographique. PAIN OF SALVATION est un groupe suédois dont les fondements remontent en 1984 avec le seul membre original restant, Daniel Gildenlöw (chant et guitare). Reconnu pour son incroyable instinct musical, sa grande variété d'influences et une approche sombre et poétique. PAIN OF SALVATION a la réputation d'être imprévisible, de sortir des sentiers battus et de vouloir expérimenter avec les styles. Le son de Pain of Salvation est caractérisé par une large gamme vocale et une oscillation entre passages lourds et calmes. Mais ce sont surtout les harmonies complexes, ponctuées de syncopes, de contretemps et de polyrythmies qui entrainent l'auditeur dans un maelström enivrant. Ceux qui sont en capacité de comprendre les textes anglais auront observé que jusqu'à présent, chaque album sorti par le groupe est un album concept. Le groupe a tendance à aborder des questions contemporaines, telles que la guerre, l'environnement, la sexualité, ou encore la nature de Dieu, l'humanité et l'existence.

Le premier opus "Entropia" n'est paru qu'en 1997, même si Daniel Gildenlöw a débuté les fondations du groupe dès 1984.

Le onzième album studio, intitulé "Panther", est paru le 28 août 2020. Rien depuis cinq longues années, donc…

Je ne revois PAIN OF SALVATION ce soir que pour la septième fois depuis le 7 février 2002 ; et encore, dont trois fois seulement en France ! Au travers de ses entretiens et de son œuvre, je ressens Daniel Gildenlöw comme un artiste particulièrement sensible et farouchement indépendant. Il est rare, même sur les réseaux sociaux. Rien ne semble influer sur son rythme créatif ni sur ses activités. La rareté entretient l'envie ; les sorties du groupe sont donc guettées…

Daniel Gildenlöw (chant et guitare) est actuellement entouré de Johan Hallgren (guitare, chœurs, de 1997 à 2011, puis depuis 2017), Léo Margarit (batterie, percussions, chœurs, depuis 2007). Vikram A. Shankar (claviers, percussions, chœurs, 2024), et Per Schelander (basse, 2024) semblent toujours considérés comme des musiciens additionnels de tournée.

Malgré notre vigilance, et compte tenu de l'engouement pour cette ultime prestation, nous ne retrouvons pas notre premier rang. Nous nous positionnons cependant au deuxième rang face au centre de la scène, là où nous apparait le nouveau Daniel. Le nouveau car ce qui nous sidère d'amblée, c'est sa nouvelle apparence. Un peu comme l'a fait il y a quelques années Einar Solberg (un autre Suédois), Daniel a décidé de couper sa tignasse. Son apparence me semble plus féline, mais plus austère. Il faudra nous y faire… Il continue à nous surprendre.

Le concert débute très fort, dans tous les sens du terme. La sonorisation nous semble excessivement puissante et pour la première fois du festival, je dois me protéger de mes protections auditives ! De surcroît, le choix du titre introductif a le mérite d'imposer à l'auditoire un réveil très brutal, après le concert précédent (Cyan pour ceux qui n'ont pas tout suivi) qui fut davantage dans un lyrisme plus apaisé.

L'éclairage me semble un peu trop sombre, mais il faut reconnaitre qu'il sied bien à l'atmosphère requise. En fond de scène s'étale l'inquiétante image d'une panthère sournoise dont le regard me rappelle étrangement celui de Daniel.

D'une puissance phénoménale, le deuxième titre "Reasons" est loin de calmer les esprits. Puis vient le "Meaningless" un des titres que j'affectionne particulièrement pour sa fausse mélancolie désespérée, marquée notamment par le chœur de Johan Hallgren. Avec "Wait" l'univers musical devient moins violent, toute proportion gardée.

Les huit premiers titres restent ainsi dans la période relativement récente des deux derniers albums (2017-2020), hormis la parenthèse "Used" dont le rythme est de nature à désarticuler le plus rigide des Guard de Buckingham Palace ! Lorsque tous les musiciens se coiffent d'un inquiétant masque à l'image d'un chien, on comprend que nous aurons droit à "Panther".

Une bonne première moitié du concert aura été marquée par un enchainement impitoyable n'offrant que peu de répit à l'auditoire abasourdi. Enfin c'est mon ressenti, mais je reconnais que ma fatigue physique se faisait déjà ressentir.

Loin de reposer les muscles déjà lourdement mis à contribution, "On a Tuesday" apporte cependant davantage de nuance, d'alternance entre le calme solennel et la folie totale ; c'est aussi un de mes titres favoris. La séquence reste toujours surprenante, lorsque Léo Margarit derrière sa batterie chantonne d'une voix androgyne, avant que la folie s'empare de la fosse. Ma nuque va encore souffrir demain. Le sac à poussière a été encore très agité !

Puis le maelström semble s'apaiser quelque peu ; Daniel semble affectionner l'opus "The Perfect Element" puisqu'il y revient avec le titre éponyme. On retrouve une certaine quiétude avec cette diversité musicale que j'apprécie plus particulièrement dans la démarche du groupe, même si on demeure dans l'humeur mélancoliquement désespérée.

Comme un clin d'œil à ma propre approche du groupe, le programme aborde à deux reprises l'opus "Remedy Lane", tournée sur laquelle je les ai découverts à l'époque.

Moi, le point culminant du concert pour moi aura été le titre final (avant le rappel) ; "Icon" me parle. Je ne sais pas pourquoi ; sans doute toujours cette fameuse alternance de mélancolie tourmentée et de puissance dévastatrice irrésistible. Une rythmique implacable sur un fond sonore dissonant et inquiétant, tout cela crée en moi une perte totale du sens de la raison. L'émotion m'a pris à la gorge et aux yeux. J'adore, tout simplement. Déjà fatigué, ce titre a achevé d'épuiser mes ultimes forces. Imparable.

Tant et si bien que le temps du rappel, j'ai commencé à regarder avec inquiétude l'heure qui s'approchait dangereusement de la limite au-delà de laquelle nous aurions dû écouter la fête, ce dont j'ai horreur. A ce moment-là nous ignorions en effet ce que nous réservait PoS, et j'espérais toujours l'arrivée du frangin Kristoffer pour quelques titres joué ensemble. Cela aurait été une apothéose. Mais cela ne se produira pas hélas. Ils n'ont pas voulu nous accorder ce plaisir ; c'était pourtant l'occasion unique. Dommage.

Au lieu de cela, "The Passing Light of Day" conclut le concert sur un crescendo émotionnel. D'abord en quasi acoustique très calme, puis avec l'apport des autres pupitres dans un final déchirant. Ce titre a eu le don de faire pleurer (au moins) deux Norvégiennes à mes côtés. N'ayant jamais tenté de comprendre ces paroles en particulier, j'imagine que leur sens doit être très triste.

Paradoxalement, je confesse que c'est avec une forme de soulagement relatif que je constate la fin du concert. Au moins, nous n'aurons pas à quitter une fête en cours…Nous pourrons quitter la fosse sans frustration.

Bien évidemment le groupe recueille une belle ovation à laquelle je ne participe que brièvement, ayant déjà tourné les talons.

Quatre albums ont été évoqués avec quatorze titres. Cinq sont issus de "Panther", quatre de "In the Passing Light of Day", trois de "The Perfect Element - Part 1" et deux de "Remedy Lane".

J'aurais apprécié que la période entre 2002 et 2017 soit davantage evoquée, mais puisqu'aucun titre ne m'a déplu, j'imagine que j'étais condamné à une certaine attente insatisfaite.

PROGRAMME

  1. Accelerator (Panther, 2020)
  2. Reasons (In the Passing Light of Day, 2017)
  3. Meaningless (In the Passing Light of Day, 2017)
  4. Wait (Panther, 2020)
  5. Used (The Perfect Element - Part 1, 2000)
  6. Panther (Panther, 2020)
  7. Restless Boy (Panther, 2020)
  8. On a Tuesday (In the Passing Light of Day, 2017)
  9. Falling (The Perfect Element - Part 1, 2000)
  10. The Perfect Element (The Perfect Element - Part 1, 2000)
  11. Chain Sling (Remedy Lane, 2002)
  12. Icon (Panther, 2020)
  13. Beyond the Pale (Remedy Lane, 2002).

RAPPEL :

  1. The Passing Light of Day (In the Passing Light of Day, 2017).

 

Nous ne pouvons pas nous permettre de saluer nos amis avant de courir vers la gare pour monter dans le dernier train vers Oslo, ouf ! Nous nous effondrons dans les confortables fauteuils du wagon, épuisés totalement mais heureux et conscients d'avoir vécu un Grand moment.