HISTORIQUE DE WLR. Il était une fois, à Hurum,
un mélomane et musicien appelé Morten-Løken
Clason qui, assisté de quelques autres, invita des musiciens à venir
s'exprimer dans une grange. Hurum
est une ancienne commune située dans le comté de Buskerud, aux alentours d'Oslo,
en Norvège. L'initiative avait déjà pris de l'ampleur lorsque Hurum fut
intégrée à la municipalité d'Asker, le 1ᵉʳ janvier 2020. De concerts en
festivals, de déboires en réussites, et à force de persévérance et
d'abnégation, une structure s'est imposée. Le site indique que l'Organisation
œuvre ainsi depuis 2013. Une consultation du site officiel de l'Association, notamment
la page historique, permet de réaliser la grande qualité des programmations.
C'est en mémoire de ses origines que l'Organisation s'est intitulée WE LÅVE ROCK, qui est en fait un jeu de mot éloquent pour les initiés ; car s'il se prononce bien "we love rock", le mot norvégien "låve" signifie "grange". Oui, en effet nous adorons tous le rock fût-t-il joué dans une grange ou dans son salon.
Cette structure perpétue ainsi son œuvre pour
promouvoir le rock, et le rock progressif en particulier. Depuis 2018, son festival en est une des
déclinaisons, mais des concerts et un partenariat avec la maison "Crime
Records" accentue un soutien sans faille à la bonne Musique ! (pour info, CR soutient des artistes, tels
que THE WINDMILL, INFRINGEMENT, CLIVE NOLAN, ARKENTYPE, entre autres…).
> https://www.welaverock.no/festival
Dans cet honorable élan, chaque année en mai, le
festival de rock progressif We Låve Rock rassemble des musiciens et des
amateurs de musique, de Norvège et de l'étranger, en collaboration avec des
artistes, des sponsors, des sympathisants et des bénévoles. Mais le site
originel demeurait pénalisé car relativement peu aisé d'accès. Récemment, la
ville d'Asker accepta un partenariat en confiant sa Maison de la Culture (Kulturhus) pour accueillir les artistes
et les mélomanes dans un plus grand confort.
Fait louable, WLR est un festival non commercial dont
les bénéfices sont reversés aux artistes et au festival de l'année suivante. Il
faut saluer la persévérance des organisateurs, authentiques passionnés. Elle se
heurte, même en Norvège, à l'apathie de trop nombreux mélophiles ; ce qui pèse
sur les objectifs, en dépit des bonnes volontés. De surcroit, des évènements
ont été annulés à cause de la Pandémie.
Dommage que leur éloignement et leur situation
économique rendent leur accès onéreux pour nous. Parmi toutes les belles affiches
précédentes, nous n'avons pu assister qu'à deux évènements ; d'abord le concert
ARENA/THE WINDMILL au Cosmopolite d'Oslo, le 15 octobre 2022 ; puis la mémorable croisière Prog at Sea, le 5 mai 2023.
Cette dernière n'a été maintenue faute de rentabilité, malheureusement…
La septième édition du festival propose huit groupes sur deux soirées ; trois
le vendredi et cinq le samedi. Cinq groupes sont norvégiens ; THE WINDMILL, BRESK, MEER, CONFIRMATION BIAS et
PIL & BUE. Un groupe est suédois
; PAIN OF SALVATION. Le cas de Kristoffer GILDENLOW est particulier ; ce
Suédois a émigré aux Pays-Bas pour
rejoindre sa chérie batave ; cela et ses complices, donnent à son groupe une
identité néerlandaise… CYAN sera le seul groupe clairement non scandinave,
puisque britannique.
UNE PASSION CONTRARIEE PAR DES SCRUPULES. A défaut de trouver dans notre douce France de quoi
assouvir notre passion musicale, nous continuons de sillonner l'Europe. Fût-ce
à pied, en béquilles, en chaise roulante, en voiture, en train, à cheval, …ou
en avion, il me semble encore que peu d'entraves seraient de nature à m'empêcher
de partir à l'aventure musicotouristique, dès qu'une affiche en vaille la
peine, à mon sens bien entendu. Et pourtant, un jour viendra où nous devrons
fatalement nous calmer ; La Raison, la santé, les finances, et peut-être
d'autres contrariétés, finiront fatalement par l'emporter tôt ou tard, mais je
procrastine délibérément ! Carpe Diem !
En dépit de nos Grands Principes écodurables, nous
prendrons donc l'avion pour aller à Oslo. L'impact négatif de nos voyages sur l'environnement
est relativement peu défendable, certes. Oui mais, je plaide des circonstances
atténuantes ; cela reste un mode de transport collectif et en outre, je me vois
mal me lancer dans un trajet de plus d'une journée… Et puis, il s'agit d'assister
à un évènement avec des artistes trop rares (en tous cas en France) ; THE WINDMILL, mais aussi Peter JONES, CYAN, et PAIN of SALVATION.
Au-delà de ces états d'âme, nos errances
musico-touristiques nous ont déjà mené en Scandinavie sans jamais nous
décevoir. En outre, je considère que nos allers-retours dans ces contrées
nordiques sont d'autant plus légitimes, que ces Vikings ont largement contribué
ces dernières années à revigorer notre Musique préférée. Symptôme révélateur,
le répertoire des concerts auxquels j'ai assisté depuis 1979, montre que les
artistes originaires de la Norvège occupent le sixième rang (ceux de la Suède le cinquième !!). Même
caractéristique prééminente en analysant ma discothèque.
Nous allons voir ailleurs si l'herbe est plus verte,
mais paradoxalement je considère que les moutons ne sont pas ceux qu'on imagine
! Notre microcosme, dans toute sa diversité, se démarque obstinément en dépit
de nos très médiocres médias nationaux.
LE FESTIVAL.
Au sein de la Maison de la Culture d'Asker, nous montons quelques marches pour
accéder à un espace qui comprend, d'une part la salle polyvalente dont la capacité d'accueil est de 300 personnes debout, et d'autre part
"la scène Radar", une cafétéria étendue dont la capacité
est de 150 personnes. J'ai glané un chiffre de participation à
deux cent vingt pour le samedi (source
fiable a priori), ce qui est rassurant pour la pérennité de ce valeureux
festival. Les principales prestations se tiendront dans la salle polyvalente,
mais la scène Radar va nous offrir une splendide surprise le samedi…
Morten, en Maître de cérémonie, se chargera de la
présentation de chaque groupe. Je trouve ce geste très courtois, à la fois pour
les artistes et pour le public, qui n'est pas censé tout connaitre. Coiffé d'un
chapeau qui n'est pas sans me rappeler celui de Franck Carducci, il apparait ainsi
pour ouvrir le Festival puis pour présenter son propre groupe, en norvégien ce
qui est bien légitime. Ainsi nous resterons perplexes aux commentaires de la
plupart des artistes, autant que ceux de Morten. A noter que la langue suédoise
est très proche de la langue norvégienne, ce qui leur facilite la communication
… mais à nos dépends. Néanmoins, lot de consolation non négligeable, Morten ne
manque pas de signaler notre présence dans l'assemblée. Sans fausse modestie,
il est vrai que nous sommes les deux seuls Français à avoir fait le voyage !
Nous sommes ainsi deux Français et un Anglais, réunis
pour une fois dans une même galère linguistique ! Pas grave. Nous avons ainsi
saisi l'occasion de nous faire un nouvel ami franchement sympathique, Paul, un
anglais de notre génération, venu de Sheffield pour la même passion musicale
que nous. A défaut de maitriser totalement la langue de Shakespeare (il ne
maitrise pas du tout celle de Molière !), nous avons cependant échangé moult
informations. Je lui sais gré déjà de nous avoir fait découvrir le quatuor anglais
KYROS que nous allons suivre de près désormais … mais trêve de bavardage en
fosse, je m'égare, c'est une autre histoire. Silence, on écoute !
Les horaires indiqués sont ceux constatés ; ils
diffèrent quelque peu du protocole établi.
L'acoustique de ce bel auditorium s'avérera d'une
excellente qualité.
THE
WINDMILL [18h05-19h45]
Présentation par l'Organisation du Festival : "THE
WINDMILL fête ses 25 ans en tant que groupe et jouera les quatre titres
emblématiques de leurs quatre albums. Presque
deux heures de Musique : "A Day In A Hero's Life", "The
Gamer", "The Tree", et "Fear"."
Le groupe de rock progressif norvégien THE WINDMILL a débuté en 2001. Que de chemin parcouru
après cette divine révélation de Jean-Robert, à la vue d'un parc éolien dont
les pales de rotor semblaient en quasi synchronisation alors qu'il écoutait
CAMEL diffusé sur l'autoradio ! La graine était semée, un temps de gestion permit
de rassembler des volontaires. Les membres fondateurs sont Jean R. Viita (claviers, chant), Morten Clason (saxophone, flûtes, guitares,
chant, claviers) et Arnfinn Isaksen
(basse). Puis Bent Jensen (guitares), Vidar Kleivane (batterie) et Erik Borgen
(guitares, chant) se sont ensuite ajoutés à la formation. Leur premier album
"To Be Continued" est paru
en mai 2010.
Leur quatrième opus "Mindscapes" est paru le 1er
juillet 2024, via Crime Records.
THE WINDMILL se compose actuellement de Morten-Løken Clason (chant, flûtes, saxophones,
guitare, claviers, depuis 2001), Jean-Robert Viita (claviers, et chant, depuis 2001), Arnfinn Isaksen (basse, depuis 2001), Erik Borgen (chant, guitare, depuis 2003),
et Stig André Clason (fils de
Morten). En octobre 2023, Kristoffer Utby, le batteur depuis 2018, a choisi de
se retirer du groupe, pour consacrer plus de temps à INFRINGEMENT. Le nouveau
batteur est Nils Harsem ; il a fait
ses débuts avec le groupe lors d'un concert le 15 janvier 2024.
Avec ma p'tite Fée, nous avions découverts ce sextuor
norvégien à l'occasion du festival The Night of the Prog, à Sankt Goarshausen le
21 juillet 2019. Immédiatement
séduits par ces harmonieuses combinaisons d'instruments et de chants, nous
sommes allés les revoir en concert trois années plus tard, sur leurs terres à
Oslo (Cosmopolite). Ce soir, c'est la sixième
fois que nous avons la chance et le plaisir d'assister à ce concert.
Nous parvenons à nous placer parfaitement, devant la
scène au centre. Le fond de scène est décoré des quatre tentures peintes par Kirsten Knoph Viita (l'épouse de J-Robert),
pour illustrer les quatre albums à leur actif.
D'emblée nous nous réjouissons d'une sonorisation parfaitement
équilibrée qui nous permet de jouir totalement d'un concert qui s'avérera réussi
et mémorable. Le dispositif d'éclairage est bien dosé, en densité et en
couleurs, et sont le plus souvent correctement ciblés sur les intervenants.
La prestation est comme un gâteau quatre-quarts (les
gourmets apprécieront) ; les quatre morceaux emblématiques dépassent les vingt
minutes. Sans mépriser le reste de leur répertoire, ce choix me parait
judicieux pour symboliser leur quart de siècle d'existence. Ces pièces majeures
rassemblent tout ce qu'un mélomane progueux apprécie. Les ruptures rythmiques
et harmoniques ; les atmosphères oniriques sont ponctuées de sons jazzy, folk
ou orageusement métalliques. Il serait circonvenu de hiérarchiser ces quatre
titres, mais pour ma part je considère que "Fear" montre, dans sa structure, une apogée des expériences
engrangées durant leur existence et laisse augurer d'un avenir appétissant.
Les accords et les nappes mélodiques enivrantes du
clavier de Jean-Robert sont magnifiés
par le chant d'Erik, qui est accompagné
des chœurs exprimés en douceur par Morten, et J-Robert.
La Musique de The Windmill est succession de voyages
poétiques dans lesquels chaque pupitre peut s'exposer lors d'un solo à tour de
rôles ; pas de prérogative. Les musiciens sont parvenus à doser concentration,
efficacité et décontraction.
Toutefois, la particularité multi-instrumentiste de
Morten l'amène à intervenir souvent avec l'une de ses trois flutes ou de ses
deux saxophones. On imagine la satisfaction, voire la fierté de Morten de pouvoir échanger des duos
avec son fils Stig-André ; leurs
rapprochements sur scène est assez éloquent.
La fonction de guitariste soliste est brillamment
assurée par Stig-André ; avec une
apparente décontraction, toujours avec le sourire d'un bonheur évident. Il
distille des accords brodés avec la minutie et la sensibilité requise pour
magnifier l'ambiance onirique des chansons. Mais ne minorons pas les
compétences d'Erik ; loin de se
cantonner à son micro, il excelle également sur d'admirables interventions à
six cordes !
La transition avec Nils, le nouveau batteur, semble acquise, son rôle continue de
cadrer la rythmique avec soutien implacable de la basse d'Arnfinn.
Je pourrais m'étendre en compliments sur tous les titres,
mais si je devais désigner un segment ce serait la séquence de "The Tree" qui débute à la dixième
minute, particulièrement jouissive, jazzy à souhait ! Il met à l'épreuve les
six musiciens pour une parfaite synchronisation, qui s'est à nouveau vérifiée
sur scène ce soir.
Dans la foulée des marques de reconnaissances
mutuelles entre les artistes et l'auditoire, Kirsten est invitée par Morten à
venir sur la scène afin d'être honorée pour sa contribution artistique au
groupe. Elle reçoit une juste récompense.
La notable complicité entre la fosse et la scène est
logique puisque THE WINDMILL joue à domicile, devant son public ! La prestation
de qualité est bien évidemment acclamée en conséquence ! Le bonheur est
réciproque et nous en profitons modestement lorsque Jean-Robert n'a pas manqué
de nous cibler d'un signe d'affection pour marquer sa satisfaction de notre
présence.
Les quatre
opus sont donc évoqués avec quatre
titres, durant chacun plus de vingt minutes ! Et pourtant le temps est passé
très (trop) vite !
PROGRAMME
- A Day In A Hero`s Life [21:43]
(To Be Continued..., 2010)
- The Gamer [24:42] (The
Continuation, 2013)
- The Tree [23:54] (Tribus,
2018)
- Fear [22:47] (Mindscapes, 2024).
BRESK [20h35-21h40].
Présentation par l'Organisation du Festival : "BRESK est
un trio instrumental norvégien qui joue un prog symphonique, inspiré par des
artistes tels que FOCUS, ELP et JON LORD. Le groupe est composé du claviériste
Lars Christian Narum, qui se fit
connaitre par des groupes tels que Conception, Nickels & Dimes, Crest of
Darkness, Narum et Hellbillies. Son fils Peder Narum est à la batterie et son frère Jon Anders Narum à la basse. "A Journey
Through the Life of Peder Balke 1804-1887", un opus paru le 28 janvier
2022, est un album instrumental basé sur le concept de la vie dramatique du
peintre Peder Balke. WLR a hâte d'entendre ces incroyables musiciens jouer la
musique de ce disque."
Le trio familial ne semble donc pas avoir de nouveauté
à nous présenter, mais pas de frustration car nous sommes en totale découverte.
En curieux intrigués, nous nous étions positionnés en
retrait dans la fosse, entre la scène et la console de sons, afin d'assister à
ce que nous imaginions un sympathique intermède musical, sans plus… Quelle
erreur, quelle surprise ! Nous avons en fait assisté à une réjouissante
prestation !!
Un socle surélevé supporte un ensemble de claviers. Il
fait face à l'autre socle sur lequel est établie la batterie. En léger contrebas
se situe l'espace du bassiste. Pas de guitare, donc. Les trois pupitres forment
ainsi un cercle, magique et complice. Lars Christian est entouré de claviers dont
il joue avec une gourmandise évidente, un entrain et une fougue qui ne peut
laisser personne indifférent. Peder, qui se charge des commentaires
intermédiaires, démontre alternativement une puissance et subtilité qui
accentue encore le tourbillon dans lequel est plongé l'auditoire. Jon Anders
est sans doute le plus discret des trois mais il suffit de le regarder et de
l'entendre jouer pour réaliser la parfaite cohésion que constituent les trois Narum.
Le tout est très rythmé et entrainant, foisonnant de notes galopantes sur le
clavier ; personnellement j'ai capté de délicieuses influences des années 70.
La prestation, instrumentale, a été bien mise en valeur par une sonorisation
excellente. Un éclairage assez modeste, mais suffisant pour le trio, puisque
relativement statique par nature.
Le public semble déjà connaitre le phénomène et
acclame bruyamment ces fous furieux. Avec ma p'tite Fée nous nous associons
volontiers à cet enthousiasme général. Nous sommes totalement conquis !
Wouahou, ça c'est vraiment le genre de surprise qu'on adore recevoir !
Dix titres sont interprétés, dont six issus de leur album paru en 2022.
PROGRAMME
- Fanfare
- Sailing the Northern
Coast (A Journey Through the Life of Peder Balke 1804-1887, 2022)
- Train to Transylvania
- The Revolution of 1848 (A Journey Through the Life of Peder
Balke 1804-1887, 2022)
- Balkeby (A Journey Through the Life of Peder
Balke 1804-1887, 2022)
- The Fire (A
Journey Through the Life of Peder Balke 1804-1887, 2022)
- The End (A
Journey Through the Life of Peder Balke 1804-1887, 2022)
- Hangin' Out With the King
(A Journey Through the Life of Peder Balke 1804-1887, 2022)
- Varøger
- The Lynx.
L'entracte me permet de les approcher. Ils sont d'une
grande simplicité qui tranche avec leur talent. Ils n'ont hélas pas prévu de
vendre de CD (il parait que ce matériel serait obsolète chez les Vikings). Mais
je ne manque pas de m'autoriser un portrait en leur compagnie, histoire de me
rappeler de leurs bonnes bouilles !
MEER [22h30-00h05]
Présentation par l'Organisation du Festival : "Comme
tout le monde le sait, MEER est l'un des grands favoris de WLR. Ils ont sorti trois
albums depuis 2016 et nous avons maintenant hâte d'entendre les chansons des trois
albums quand nous les aurons enfin en tête d'affiche vendredi. MEER mélange
pop, rock et rock progressif d'une façon accrocheuse et très propre. On attend
ça avec impatience !"
Bref rappel
de la biographie. A la base, MEER a débuté en
2008 en tant que duo (Johanne Margrethe et Knut) à Hamar, en Norvège, sous le nom de TED GLEN
EXTENDED. Depuis, le duo s'est considérablement développé pour devenir ce qu'il
est aujourd'hui : un collectif éclectique de huit musiciens dont la musique est
un mélange de pop orchestrale, de musique classique et de rock progressif.
Son deuxième "Playing House"
est paru le 29 janvier 2021. Un troisième
album intitulé Wheels Within Wheels, est paru le 23 aout 2024. Ils participent à ce festival WLR pour la
quatrième fois !
MEER illustre parfaitement l'intérêt des
festivals, car sans ces évènements fédérateurs, nous n'aurions pas eu l'occasion
d'être séduit peu à peu par ces artistes atypiques. En effet, le 23 juin 2023
(Midsummer festival), puis le 3 février 2024 (Midwinter festival), je n'étais
pas parvenu à me laisser séduire... Mais ce n'est qu'à l'occasion du Night of
the Prog festival le 21 juillet 2024 que j'ai commencé
à percevoir les subtilités harmoniques.
Constitué à la base
de la fratrie, Johanne Kippersund
(chant) est seule aujourd'hui. Sur le site du groupe on peut lire que "Knut
Kippersund (chant, claviers) a
obtenu le travail de ses rêves, acteur au Nye Hjorten Teater à Trondheim ; son
emploi du temps n'était hélas pas compatible en ce vendredi." Le reste
du groupe est présent ; Eivind Strømstad
(guitare), Ole Gjøstøl (piano),
Morten Strypet (basse), et Mats Lillehaug (batterie). Åsa Ree est toujours au violon, mais sa
complice habituelle (Ingvild Nordstoga Eide) à l'alto, est ici remplacée par un
homme que je ne suis pas parvenu à identifier, qu'il me pardonne !
Nous parvenons
à nous positionner sur la gauche (en regardant la scène), entre le micro et le
clavier.
La sonorisation est cette fois encore parfaitement
équilibrée. Tous les pupitres, pourtant nombreux, sont audibles, et aucune
protection auditive ne parait nécessaire. Le dispositif d'éclairage est correct
et permet de distinguer les musiciens tout en entretenant les atmosphères
requises.
Nous sommes positionnés plus à proximité que pour nos
trois précédentes participations, cette prestation nous a encore davantage séduits.
Nous avons mieux mesuré la qualité du timbre et le charisme de Johanne, et
l'efficacité des autres complices. On peut en effet parler d'efficacité et de
talent car, à quatre reprise, une panne de sonorisation aurait pu en
déstabiliser plus d'un, mais eux non. Le batteur, imperturbable, continuait à
marquer le rythme qui permettait à chaque fois aux autres pupitres de reprendre
le morceau en cours ! Du grand Art !
En dépit de ma discothèque encore incomplète, j'ai pu
reconnaitre et apprécier les mélodies entrainante et symphoniques de cette musique
atypique. Ils ne se complaisent pas dans la facilité ; les ruptures
surprenantes font alterner avec subtilité les atmosphères joyeuses ou
hargneuses.
Nous sommes autant enthousiasmés que le public avec
lequel nous manifestons notre grande satisfaction. Les échanges en norvégiens
nous laissent un peu de côté dans cette belle communion, mais l'essentiel est
l'impression partagée dans la bonne humeur.
Quatre albums ont été évoqués avec seize titres, dont sept issus de "Wheels Within Wheels" (2024),
cinq de "Playing House"
(2021), trois de "Meer" (2016), un du mini album "Ted Glen Extended" (2012).
PROGRAMME
- To What End (Wheels Within
Wheels, 2024)
- Lay It Down (Playing House,
2021)
- Come to Light (Wheels Within
Wheels, 2024)
- Golden Circle (Wheels Within
Wheels, 2024)
- You Were a Drum (Playing
House, 2021)
- Chains of Changes (Wheels
Within Wheels, 2024)
- Solveig (Meer, 2016)
- Hello (Ted Glen Extended EP,
2012)
- Sorry for the Kiss (Meer,
2016)
- Something in the Water (Wheels
Within Wheels, 2024)
- Honey (Playing House, 2021)
- Today Tonight Tomorrow (Wheels
Within Wheels, 2024)
- Take Me to the River (Wheels
Within Wheels, 2024)
- Valentina in the Sky (Meer,
2016).
RAPPEL :
- Picking Up the Pieces (Playing
House, 2021)
- Beehive (Playing House, 2021).
J'ai visité l'échoppe dans la journée mais avec
abstinence, car je me méfie de la couronne norvégienne (je ferai mon marché en rentrant en France) pour éviter les frais
bancaires et les fluctuants taux de changes. Par ailleurs, je n'ai pas rencontré
les membres de MEER.
Dès la fin du concert, nous filons à la gare pour
éviter de louper le dernier train vers Oslo qui est passé à 0h35.
SAMEDI 26 AVRIL 2025
Une fois n'est pas coutume, nous ne sommes pas parvenu
à respecter les impératifs horaires. Suite à des contretemps inopinés, nous
avons été contraints de manquer le premier groupe du jour. Désolé pour CONFIRMATION
BIAS que je n'ai pas eu l'occasion de découvrir… Je me dois cependant, par
respect et pour la postérité, d'évoquer au moins leur pédigrée :
CONFIRMATION
BIAS [13h00-14h00]
Présentation
par l'Organisation du Festival : "CONFIRMATION BIAS est un groupe
de progrock dont la musique peut être décrite provisoirement comme un creuset
inspiré de l'art-rock seventies, du rock moderne et d'une touche de metal,
jouée par des musiciens expérimentés et habiles aux goûts éclectiques et un
filtre à conneries bien développé. CONFIRMATION BIAS a sorti l'un des meilleurs
albums norvégiens sorti en 2024 "Century
Mornings" paru le 29 mars 2024."
Leur
biographie relevée sur leur site officiel nous indique : "Confirmation
Bias est né dans le sillage du groupe hommage RUSJ – A Working Man's Tribute to
RUSH, formé en 2013. Le noyau dur de ce groupe souhaitait se lancer un défi
créatif : écrire et enregistrer des morceaux originaux. Depuis 2016, nous avons
complété notre line-up, écrit, répété et enregistré de nouveaux morceaux."
Les membres
du groupe sont : Lars Martin Aasgård
(chant principal), Jon Martin Haarr
(basse, pédales, claviers et chant), Ørjan Risa Svensen (guitares électriques et acoustiques, chant), Kai Gabrielsen (batterie et percussions), Fredrik
Skår (claviers et vocodeur), Eirik Hanssen (guitare acoustique, mandoline
et chant).
Fort heureusement, nous parvenons juste à temps à la
scène Radar (la petite scène en face de
la cafétéria pour ceux qui n'auraient pas tout suivi), pour assister à LA surprise immanquable du festival ;
Peter Jones nous offre un récital,
juste accompagné d'un clavier. Je ne cache pas ma gourmandise pour ce genre
d'imprévu musical, surtout s'agissant de cet admirable artiste.
PETER JONES
[14h-14h50]
Bref rappel biographique : Voilà un exemple de musicien complet,
multi-instrumentiste de talent. Il semble aussi à l'aise au chant qu'aux
claviers, le piano, la guitare, la basse, le saxophone, la clarinette, la flûte
à bec, les sifflets ainsi que divers instruments de percussion. Malheureusement
atteint, à l'âge de 15 mois, d'un rétinoblastome (une forme de cancer qui attaque la partie sensible à la lumière de
l'œil), la musicothérapie lui a été salvatrice. Son immense sensibilité et
ses talents musicaux variés lui ont très vite valu la reconnaissance de ses
pairs. Ainsi, outre son propre projet TIGER
MOTH TALES, il a intégré CAMEL en 2016, puis CYAN, et RED BAZAR. De surcroît, il n'hésite
pas à participer à toutes prestations de nature à partager les plaisirs de la
Musique. La clairvoyance et la sensibilité de la plupart des aveugles n'est
plus à démontrer, mais elle est d'autant plus évidente à l'égard de Peter Jones
; C'est un authentique Musicien qui vit pour
et par la Musique.
LE RECITAL. Le
cadre est quasi idéal pour ce genre de prestation ; l'artiste fait face à un
public assis (pour les premiers arrivés) ou débout (pour les autres, dont nous
deux qui ont déjà la chance d'assister à l'évènement). La cafétéria est
relativement respectueuse et silencieuse pour écouter religieusement les
émotions exprimées par ce musicien hors pair. Il reprend tout ou partie de divers
chansons empruntées au répertoire du rock progressif, mais très légitiment, il
puise beaucoup dans celui de son groupe TIGER
MOTH TALES.
Lorsqu'il reprend un judicieux montage de titres
extraits du répertoire de GENESIS, on perçoit nettement le frémissement de
satisfaction des mélomanes. Mais, lorsqu'il reprend "Long Good Byes" de CAMEL, mes pieds ne touchent plus le sol ; mon
émotion est à son comble.
Ce sont ainsi quelque huit titres (dans l'exaltation,
on me pardonnera de ne pas avoir compté) qui seront interprétés avec le
brio qui éclabousse nos âmes. Enormissime sensation que je ne suis pas près
d'oublier… Et le plus beau, c'est que ce n'est pas fini ! (mais ça je ne le sais pas à cet instant).
PROGRAMME
(à préciser avec le temps, peut-être…)
Don’t Let Go, Feels Alright (issu de "Cocoon",
TIGER MOTH TALES, 2014)
XXX
(de Steve HACKETT) ;
Intro
de "Dancing with the Moonlit Knight", et un extrait de "Carpet
Crawlers" (de GENESIS, 1973/74) ;
Long
Good Byes (issu de "Stationary Traveller" de CAMEL, 1984) ;
XXX (David
LONGDON) ;
Blackbird (issu de "The Whispering Of The
World", TIGER MOTH TALES, 2020) ;
A
Visit to Chigwick (issu de "Cocoon", TIGER MOTH TALES, 2014) ;
Nous ne disposons pas de beaucoup de temps pour nous
attendrir, il faut s'engouffrer dans la salle polyvalente pour espérer
bénéficier d'un bon emplacement…
KRISTOFFER
GILDENLÖW [15h05-16h10]
Présentation par l'Organisation du Festival : "Kristoffer
Gildenlöw a sorti cinq albums depuis qu'il a quitté son poste de bassiste dans
Pain Of Salvation en 2006. La musique est évocatrice, mélodique et inspirée par
des groupes comme Pink Floyd, Dire Straits et Mike Oldfield, dont l'influence
est particulièrement entendue sur son dernier disque "Empty", qui est
l'un des meilleurs disques paru en 2024. En plus de faire sa propre musique,
Kristoffer Gildenlöw a enregistré des disques et fait des tournées avec Kayak,
Neal Morse et Nine Skies. WLR a hâte de voir Kristoffer sur scène samedi et
ceux qui viennent peuvent attendre avec enthousiasme pour voir s'il y aura des
retrouvailles entre frères sur scène ce soir."
Bref rappel biographique : Né le 27 juillet 1978 à
Eskilstuna (Suède), Kristoffer commence à jouer du piano à l'âge de 8 ans. À 13
ans, son intérêt s'oriente davantage vers le rock et il passe à la guitare
basse et à la batterie tout en jouant dans différents groupes de hard rock à
l'école. En 1994, il étudie la guitare basse à l'Aesthetic College of Music
d'Eskilstuna, en Suède.
Puis dès novembre 1994, à
l'âge de 16 ans, Kristoffer a été invité à participer à un concert du groupe de
Daniel Gildenlöw, son frère : c'est PAIN
OF SALVATION. Les choses se sont bien passées et on lui a demandé de
rejoindre le groupe et de devenir membre à part entière début 1995. Avec le quatrième album "Remedy Lane",
PAIN OF SALVATION accroit encore son envergure. C'est à l'occasion de cette
tournée promotionnelle qu'il m'est permis de voir Kristoffer Gildenlow une première fois sur la
scène du Zénith de Paris le 7 février 2002,
alors que le groupe était invité de DREAM THEATER.
Mais en 2006, Kristoffer
émigre aux Pays-Bas pour partager la vie de Lilo (Liselotte Hegt), l'élue de son cœur. Il doit
quitter le groupe. Il offre alors ses services auprès d'autres artistes, en
concert ou en studio, tels que Neal Morse (US), Lana Lane (US), Damian Wilson
(UK), Mr. Fastfinger (FIN), Dark Suns (DE), Harmony (S), Omnia (NL), Bert
Heerink (NL), Semantic Saturation (US), For All We Know (NL) et bien d'autres… En
2007, il fonde avec sa femme Lilo le groupe DIAL, étiqueté "art-rock".
L'album "Synchronized" parait le 8 mai 2007. Ce fut
le début de l'écriture de sa propre musique cela mènera Kristoffer à sa propre
carrière solo. Son premier album solo "Rust" parait le 24 mai
2012.
Il continue toutefois ses diverses
collaborations ; il est annoncé officiellement en janvier 2023, comme bassiste
au sein du groupe néerlandais DILEMMA.
C'est ainsi que je l'ai revu sur scène une deuxième fois, au Center Park de
Port-Zeland (lors du Marillion Weekend), le 17 mars 2023.
Le deuxième album "Empty" est paru le 8 février 2024. Un album portant "sur le monde, ses
habitants, ses dirigeants et son créateur", selon la promotion.
Puis, la prestation de cette même formation à
l'occasion du Midsummer Festival, à Valkenburg le 28 juin 2024, m'a permis de le revoir une troisième fois. Il nous
avait totalement séduits.
Kristoffer, Suédois
d'origine est toujours entouré de ses complices néerlandais ; Paul Coenradie (guitare), qui a largement
contribué à magnifier son dernier opus, par ses soli étourdissants. Mais aussi Joris
Lindner (guitare), Liselotte Hegt (basse), Dirk Bruinenberg (batterie), et Paul van Acht (claviers).
Notre place, sur la gauche (en regardant la scène) face au pupitre de la bassiste, nous permet
de voir parfaitement tout en bénéficiant d'une sonorisation équilibrée et
audible, et ce, même si nous somme proche d'une enceinte.
Très vite, nous retrouvons
les impressions positives ressenties à Valkenburg ; des influences de Pink
Floyd, Mike Oldfield, voire Dire Straits, sont magnifiées par des musiciens de
talents. Les guitares se partagent les soli et de nombreux trio de guitares ("Down
We Go") apporte un surcroît d'harmonies somptueuses. Paul Coenradie et Joris Lindner constituent indéniablement un soutien de luxe pour
Kristoffer. La complicité avec les autres membres du sextuor, articule tout
cela avec efficacité et implication. Etant juste à ses pieds, je me suis amusé
à observer Lilo ; comme pour contrarier sa discrétion car souvent en retrait,
dans l'ombre (retrait d'ailleurs dénoncé avec amusement par Kristoffer au
moment des présentations). Pourtant, il pouvait lui arriver de s'avancer en
martelant les deux pieds comme pour accentuer les accords de sa basse.
L'auditoire a été complètement conquis, et l'a fait
savoir par de belles ovations !
Trois albums ont été évoqués avec dix titres ; L'opus le plus récent "Empty" (2024) est
valorisé avec sept morceaux, deux sont issus de "Rust" (2012) et un de "Let
Me Be a Ghost" (2021).
PROGRAMME
- Time to Turn the Page (Empty,
2024)
- The End of their Run (Empty,
2024)
- Harbinger of Sorrow (Empty,
2024)
- He’s Not Me (Empty, 2024)
- Down We Go (Empty, 2024)
- Saturated (Empty, 2024)
- Rust (Rust, 2012)
- Living Soil (Rust, 2012)
- Fleeting Thought (Let Me Be
a Ghost, 2021).
RAPPEL :
- Empty (Empty, 2024).
PETER
JONES [16h30-17h05]
Cette seconde session accentue encore notre admiration
pour l'Artiste. Doté de beaucoup d'humour, il vit complétement ses
interprétations et maitrise parfaitement paroles et notes avec une mémoire
admirable. La durée des deux sessions cumulées constitue indéniablement un
concert à part entière et c'est ainsi que je m'en souviendrai, même s'il n'est
pas ainsi présenté à l'affiche.
Nous aurons droit à quelques huit autres titres, toujours magnifiques et émouvants. Il a
notamment rendu hommage à David Longdon (BIGBIG TRAIN).
PROGRAMME
(à préciser
avec le temps… mais de nombreuses reprises de TIGER MOTH TALES)
The Merry Vicar (issu de "Cocoon",
TIGER MOTH TALES, 2014) ;
N'en déplaise
à certains râleurs (ici cela ne gêne personne), je revendique avoir conservé de
nombreuses images ; je ne pouvais pas me permettre de laisser tomber dans
l'oubli cet évènement …
Au terme de cette session bouleversante, nous ne
tardons pas à nous engouffrer dans la salle polyvalente, afin de découvrir ce
que peut exprimer le groupe suivant, parfaitement inconnu dans nos contrées.
PIL &
BUE [17h15-18h45]
Présentation par l'Organisation du Festival : "Réservés
pour le WLRF de cette année, après leur concert à Tons of Rock à Oslo l'été dernier.
Pil & Bue sont géniaux en concert et les deux musiciens sur scène livrent
un feu d'artifice de hard rock mélodieux et merveilleux. On attend ça avec
impatience !"
Leur biographie nous indique que Pil & Bue est "un duo venu des profondeurs du Nord de
la Norvège, qui malgré leur format minimal ressemble à un groupe à part
entière. Avec l'un des meilleurs chanteur norvégien, Petter Carlsen, au chant et à la guitare, et
Gøran Johansen redoutable à la
batterie, ils sont une explosion de hard rock."
Un quatrième album studio "Special Agents" est paru le 24 février 2023.
Il convient de préciser, pour éviter tout malentendu,
que ce Petter Carlsen est un homonyme
à l'autre Petter Carlsen qui avait accompagné Anneke Van Giersbergen en son
temps… Carlsen, c'est un peu le Dupont français.
Bon, l'unanimité des appréciations du public s'estompe
à cette occasion. Le duo semble populaire ici et était très attendu par une
bonne partie de l'auditoire. Mais pas toute. Quelques-uns ont profité de la
prestation pour se détendre.
Pour ma part, en curieux, j'ai cependant tenu à
assister à la majeure partie de ce concert étonnant. Au début la voix peut
surprendre, un peu aigue avec une tendance à crier, ce qui est de nature à
heurter les oreilles les plus délicates, j'en conviens.
Cependant, doté d'un tant soit peu de bienveillance au
fil des morceaux, on s'y fait d'autant plus qu'il varie les humeurs avec une
certaine subtilité. Je suis également étonné du son délivré avec pour seul
accompagnement une batterie fut-elle densément équipée. Je ne dis pas que la
prestation m'a fait grimper aux rideaux, mais les deux complices ont eu le
mérite d'exprimer une Musique plutôt séduisante, parfois mélodique, assez
brutale le plus souvent mais sans excès. Franchement, j'ai trouvé cela très
intéressant.
Nonobstant, cette séquence restera au rayon des
curiosités vikings.
Le public de connaisseurs, ma foi assez conséquent,
n'a pas manqué de soutenir bruyamment leurs valeureux compatriotes.
PROGRAMME
A déterminer…
CYAN [19h45-21h17].
Présentation par l'Organisation du Festival : "CYAN a
été fondé par Rob Reed en 1984, mais les premiers albums ne sont parus que dans
les années 90. En 2018, Rob a réactivé CYAN, qui est maintenant un "supergroupe"
de musiciens incroyables, dont bien sûr Rob Reed lui-même aux claviers, Peter Jones (de Tiger Moth Tales et Camel) au chant, le guitariste Luke Machin (de The Tangent) et le bassiste Dan
Nelson (Magenta/ex-Godsticks). Pour
les concerts, la batterie est gérée soit par Tim Robinson, soit Jon 'Jiffy' Griffiths issus de MAGENTA. WLR est
fier de présenter ce super groupe à leur festival. On attend ça avec impatience
!"
Bref rappel biographique : Durant les années 80,
Robert Reed composa les premiers
morceaux qui allaient devenir ceux de CYAN quelques années plus tard. Mais ce
groupe n'a été officiellement fondé par Rob Reed qu'au début des années 90 ;
trois albums sont ainsi parus entre 1993
et 1999. Mais CYAN a été plus ou
moins mis en sommeil, lorsque R. Reed s'est impliqué dans un autre projet qui
est devenu MAGENTA, en 2001.
Il y a quelques années, Reed a décidé de ressusciter CYAN, mais pour cela il fallait trouver
de nouveaux partenaires. En 2021, il
parvient à réunir de gros talents ; Pete Jones
(TALES FROM THE TIGER MOTH, CAMEL, RED BAZAR), Luke Machin et Dan Nelson
(GODSTICKS, MAGENTA).
Je tiens à m'attarder sur le cas du guitariste. J'ai déjà évoqué
ci-dessus la bio de Peter. Voici celle tout aussi édifiante de Luke Machin : "musicien, artiste,
compositeur, producteur et enseignant. Il a commencé à jouer de la guitare à
l'âge de 3 ans et a été impliqué dans la musique toute sa vie. Il a étudié à
l'Institut de musique moderne de Brighton sous la direction de musiciens tels
que Guthrie Govan et a joué aux côtés de Jeff Beck ; il a été élu "étudiant
de l'année" lors de sa première année d'études." https://www.lukemachin.com/
C'est ainsi que l'album "For King And Country", qui
était initialement paru en 1993, fait l'objet d'une nouvelle parution le 25 Septembre 2021, réarrangé (on
peut dire, revalorisé !) et enregistré avec la nouvelle formation. En hommage
aux autres compositions écrites, mais pas toutes publiées, dans les années 90,
Reed a choisi de les remodeler en deux volets. D'abord sur "Pictures
from the Other Side" paru le 17 novembre 2023, puis "The Guardians" paru le 9 aout 2024.
La prestation de CYAN lors du Night of the Prog
festival, à Sankt Goarshausen le 14
juillet 2023, nous avait fortement impressionnés.
Le groupe se compose donc de CYAN : Rob Reed (guitares, claviers), Dan Nelson
(basse), Luke Machin (guitares), et
Peter Jones (chant, claviers, saxo,
flûte), ainsi que Jon "Jiffy" Griffith (batterie). Notons qu'Angharad Brinn qui illumine de sa
voix en studio n'est pas présente.
Je me doutais que nous allions assister à un grand
moment. En fait ce fut un TRES grand
moment ! On a beau prétendre que le meilleur point d'écoute n'est pas le bord
de la scène, il n'empêche que regarder de près les musiciens dans un cadre
aussi confortable, ne peut qu'accroire notre admiration. A Loreley nous étions
en gradin, relativement distants de la scène. Là, nous avons pu bien observer
de près et nous imprégner totalement de leur maitrise impressionnante pour
interpréter des chansons pourtant très complexes dans leurs structures, dans la
pure tradition du rock progressif !
Une parfaite sonorisation a valorisé idéalement chaque
pupitre. Pourtant placés à la barrière, entre les pupitres de Peter et de Rob,
nous nous sommes régalés de l'exécution des titres.
Nous avons pu jouir totalement des compétences qui
sont subtilement dirigées par Rob ;
on le voit vibrer de sa Musique qu'il est parvenu à ressusciter après tant
d'année dans l'oubli. Peter et Luke ont en commun une grande
sensibilité qu'ils expriment magnifiquement avec leurs instruments. Tout fut
parfaitement en place avec les nuances requises pour un jeu de scène, et sans
bande son excessive (juste quelques sons d'ambiance), tous les titres nous ont
replongé dans l'univers crée en studio. C'est passionnant de regarder la
vivacité du jeu de Luke, son
apparente facilité d'exécution… Et puis son regard bienveillant et attentif sur
son partenaire Peter, dont on
pressent que rien ne lui échappe. Son regard est vide, mais on devine aux
traits de son visage l'acuité de son audition et de son analyse de la
situation.
Je sais bien qu'il faut toujours relativiser, qu'il y
a bien d'autres artistes exceptionnels, bien d'autres style musicaux, et même
qu'il n'y as pas que la Musique dans la vie, blabla… oui mais moi, c'est ici,
parmi ce microcosme de quelques mélomanes et avec ma P'tite Fée à mes côtés, au
fin fond d'un bled paumé de la Norvège, que je suis heureux, tout simplement. Ce
n'est pas mépriser les autres que de considérer modestement ma chance de vivre
de tels moments de bonheur, grâce à ces artistes exceptionnels. Voilà.
Bien évidemment conquis, l'auditoire ne pouvait
qu'être exalté par tant de prouesses et d'harmonie entre des musiciens
exceptionnels. L'ovation reconnaissante est longue et bruyante !
Deux albums (mais étonnamment pas du plus récent) ont été
évoqués avec neuf titres. Sept
sont issus de "For King and Country"
(2021) et deux de Man "Pictures from the Other Side" (2023).
PROGRAMME
- Snowbound (For King and
Country, 2021)
- Don't Turn Away (For King
and Country, 2021)
- Pictures From the Other Side (Pictures
from the Other Side, 2023)
- Call Me (For King and
Country, 2021)
- Man Amongst Men (For King
and Country, 2021)
- I Defy the Sun (For King and
Country, 2021)
- Broken Man (Pictures from
the Other Side, 2023)
- The Sorcerer (For King and
Country, 2021).
RAPPEL :
- For King and Country (For King and Country, 2021).
Le
retard pris sur la programmation fait craindre le pire à ceux qui dépendent du
dernier train pour rentrer à Oslo.
PAIN OF
SALVATION [22h05-00h05]
Présentation par l'Organisation du Festival : "Pain Of
Salvation n'a plus joué à Oslo depuis le 15 novembre 2017 ; et c'était pourtant
à guichet fermé. Nous sommes impatients d'entendre des chansons de toute la
carrière, teintées à la fois de pop, rock, prog et metal, avec des harmonies
vocales lourdes et des puissantes."
> Je constate ainsi que même les mélomanes
norvégiens se plaignent de la rareté de PoS !
Bref rappel biographique. PAIN OF SALVATION est un groupe suédois dont les fondements remontent en 1984 avec le seul membre original restant, Daniel Gildenlöw (chant et guitare). Reconnu
pour son incroyable instinct musical, sa grande variété d'influences et une
approche sombre et poétique. PAIN OF SALVATION a la réputation d'être
imprévisible, de sortir des sentiers battus et de vouloir expérimenter avec les
styles. Le son de Pain of Salvation est
caractérisé par une large gamme vocale et une oscillation entre passages lourds et calmes. Mais ce sont surtout les harmonies complexes, ponctuées de syncopes, de contretemps et de polyrythmies
qui entrainent l'auditeur dans un maelström enivrant. Ceux qui sont en capacité
de comprendre les textes anglais auront observé que jusqu'à présent, chaque
album sorti par le groupe est un album concept. Le groupe a tendance à aborder
des questions contemporaines, telles que la guerre, l'environnement, la
sexualité, ou encore la nature de Dieu, l'humanité et l'existence.
Le premier opus "Entropia" n'est paru qu'en 1997, même si Daniel Gildenlöw
a débuté les fondations du groupe dès 1984.
Le onzième
album studio, intitulé "Panther",
est paru le 28 août 2020. Rien
depuis cinq longues années, donc…
Je ne revois PAIN OF SALVATION ce soir que pour la
septième fois depuis le 7 février 2002 ; et encore, dont trois fois seulement
en France ! Au travers de ses entretiens et de son œuvre, je ressens Daniel
Gildenlöw comme un artiste particulièrement sensible et farouchement
indépendant. Il est rare, même sur les réseaux sociaux. Rien ne semble influer
sur son rythme créatif ni sur ses activités. La rareté entretient l'envie ; les
sorties du groupe sont donc guettées…
Daniel Gildenlöw
(chant et guitare) est actuellement entouré de Johan Hallgren (guitare, chœurs, de 1997 à 2011, puis depuis 2017), Léo Margarit (batterie, percussions, chœurs,
depuis 2007). Vikram A. Shankar
(claviers, percussions, chœurs, 2024), et Per Schelander (basse, 2024) semblent toujours considérés comme des
musiciens additionnels de tournée.
Malgré notre vigilance, et compte tenu de l'engouement
pour cette ultime prestation, nous ne retrouvons pas notre premier rang. Nous
nous positionnons cependant au deuxième rang face au centre de la scène, là où
nous apparait le nouveau Daniel. Le nouveau
car ce qui nous sidère d'amblée, c'est sa nouvelle apparence. Un peu comme l'a
fait il y a quelques années Einar Solberg (un
autre Suédois), Daniel a décidé de couper sa tignasse. Son apparence me
semble plus féline, mais plus austère. Il faudra nous y faire… Il continue à
nous surprendre.
Le concert débute très fort, dans tous les sens du
terme. La sonorisation nous semble excessivement puissante et pour la première
fois du festival, je dois me protéger de mes protections auditives ! De
surcroît, le choix du titre introductif a le mérite d'imposer à l'auditoire un
réveil très brutal, après le concert précédent (Cyan pour ceux qui n'ont pas tout suivi) qui fut davantage dans un lyrisme
plus apaisé.
L'éclairage me semble un peu trop sombre, mais il faut
reconnaitre qu'il sied bien à l'atmosphère requise. En fond de scène s'étale l'inquiétante
image d'une panthère sournoise dont le regard me rappelle étrangement celui de
Daniel.
D'une puissance phénoménale, le deuxième titre "Reasons" est loin de calmer les
esprits. Puis vient le "Meaningless"
un des titres que j'affectionne particulièrement pour sa fausse mélancolie
désespérée, marquée notamment par le chœur de Johan Hallgren. Avec "Wait"
l'univers musical devient moins violent, toute proportion gardée.
Les huit premiers titres restent ainsi dans la période
relativement récente des deux derniers albums (2017-2020), hormis la parenthèse
"Used" dont le rythme est
de nature à désarticuler le plus rigide des Guard de Buckingham Palace !
Lorsque tous les musiciens se coiffent d'un inquiétant masque à l'image d'un
chien, on comprend que nous aurons droit à "Panther".
Une bonne première moitié du concert aura été marquée
par un enchainement impitoyable n'offrant que peu de répit à l'auditoire
abasourdi. Enfin c'est mon ressenti, mais je reconnais que ma fatigue physique
se faisait déjà ressentir.
Loin de reposer les muscles déjà lourdement mis à
contribution, "On a Tuesday"
apporte cependant davantage de nuance, d'alternance entre le calme solennel et
la folie totale ; c'est aussi un de mes titres favoris. La séquence reste
toujours surprenante, lorsque Léo Margarit
derrière sa batterie chantonne d'une voix androgyne, avant que la folie
s'empare de la fosse. Ma nuque va encore souffrir demain. Le sac à poussière a
été encore très agité !
Puis le maelström semble s'apaiser quelque peu ; Daniel
semble affectionner l'opus "The
Perfect Element" puisqu'il y revient avec le titre éponyme. On
retrouve une certaine quiétude avec cette diversité musicale que j'apprécie
plus particulièrement dans la démarche du groupe, même si on demeure dans
l'humeur mélancoliquement désespérée.
Comme un clin d'œil à ma propre approche du groupe, le
programme aborde à deux reprises l'opus "Remedy Lane", tournée sur laquelle je les ai découverts à
l'époque.
Moi, le point
culminant du concert pour moi aura été le titre final (avant le rappel) ;
"Icon" me parle. Je ne sais pas pourquoi ; sans doute
toujours cette fameuse alternance de mélancolie tourmentée et de puissance
dévastatrice irrésistible. Une rythmique implacable sur un fond sonore
dissonant et inquiétant, tout cela crée en moi une perte totale du sens de la
raison. L'émotion m'a pris à la gorge et aux yeux. J'adore, tout simplement.
Déjà fatigué, ce titre a achevé d'épuiser mes ultimes forces. Imparable.
Tant et si bien que le temps du rappel, j'ai commencé
à regarder avec inquiétude l'heure qui s'approchait dangereusement de la limite
au-delà de laquelle nous aurions dû écouter la fête, ce dont j'ai horreur. A ce
moment-là nous ignorions en effet ce que nous réservait PoS, et j'espérais
toujours l'arrivée du frangin Kristoffer pour quelques titres joué ensemble.
Cela aurait été une apothéose. Mais cela ne se produira pas hélas. Ils n'ont
pas voulu nous accorder ce plaisir ; c'était pourtant l'occasion unique.
Dommage.
Au lieu de cela, "The Passing Light of Day" conclut le concert sur un crescendo
émotionnel. D'abord en quasi acoustique très calme, puis avec l'apport des
autres pupitres dans un final déchirant. Ce titre a eu le don de faire pleurer (au moins) deux Norvégiennes à mes
côtés. N'ayant jamais tenté de comprendre ces paroles en particulier, j'imagine
que leur sens doit être très triste.
Paradoxalement, je confesse que c'est avec une forme
de soulagement relatif que je constate la fin du concert. Au moins, nous
n'aurons pas à quitter une fête en cours…Nous pourrons quitter la fosse sans
frustration.
Bien évidemment le groupe recueille une belle ovation à
laquelle je ne participe que brièvement, ayant déjà tourné les talons.
Quatre albums ont été évoqués avec quatorze titres. Cinq sont issus de "Panther", quatre de "In the Passing Light of Day", trois
de "The Perfect Element - Part 1"
et deux de "Remedy Lane".
J'aurais apprécié que la période entre 2002 et 2017
soit davantage evoquée, mais puisqu'aucun titre ne m'a déplu, j'imagine que
j'étais condamné à une certaine attente insatisfaite.
PROGRAMME
- Accelerator (Panther, 2020)
- Reasons (In the Passing
Light of Day, 2017)
- Meaningless (In the Passing
Light of Day, 2017)
- Wait (Panther, 2020)
- Used (The Perfect Element -
Part 1, 2000)
- Panther (Panther, 2020)
- Restless Boy (Panther, 2020)
- On a Tuesday (In the Passing
Light of Day, 2017)
- Falling (The Perfect Element
- Part 1, 2000)
- The Perfect Element (The
Perfect Element - Part 1, 2000)
- Chain Sling (Remedy Lane,
2002)
- Icon (Panther, 2020)
- Beyond the Pale (Remedy Lane,
2002).
RAPPEL :
- The Passing Light of Day (In
the Passing Light of Day, 2017).
Nous ne pouvons pas nous permettre de saluer nos amis
avant de courir vers la gare pour monter dans le dernier train vers Oslo, ouf !
Nous nous effondrons dans les confortables fauteuils du wagon, épuisés
totalement mais heureux et conscients d'avoir vécu un Grand moment.