samedi 14 juillet 1979

JEAN-MICHEL JARRE - Place de la Concorde à Paris - le 14 juillet 1979


REMARQUE LIMINAIRE

Ce relevé de mes impressions est postérieur de quarante-cinq années (2024) à l'événement. Le lendemain, j'en avais transcrites quelques-unes très succinctement, dans un carnet-souvenirs.

Cependant, je ne pouvais pas, ne pas en évoquer mon souvenir, même à l'aune des récits de l'époque, car je considère ce spectacle comme étant ma première participation à un concert (on va dire) "non classique".

Habituellement, j'écris des récits pour soutenir et promouvoir des artistes qui passent trop souvent sous les radars médiatiques. Là, c'est très loin d'être le cas puisque JMJ est sans doute un des artistes français les plus connus dans le monde, y compris en Chine ! Ce texte mémorial n'a donc ici aucune autre prétention que de témoigner de mes émotions personnelles, que j'encadre de son contexte.


Lorsque les médias de l'époque vantèrent ce concert organisé pour commémorer le 190ème anniversaire de la Révolution, bien peu de personnes connaissaient le musicien trentenaire qui avait été désigné pour assurer l'animation musicale du traditionnel feu d'artifice. Jean-Michel JARRE lui-même ne se doutait probablement pas des proportions qu'allait prendre sa prestation, et encore moins l'essor de sa carrière ensuite. D'ailleurs, ma mère n'en avait pas davantage conscience en m'y emmenant ; elle n'était pas du tout enclin à écouter cette musique futuriste. Une de ses idées lumineuses dont je lui en sais gré.

Car ce concert fut un nouvel électro choc musical. Ma sœur m'avait déjà mis les doigts dans la prise en me faisant écouter SLADE et les OSMOND BROTHERS dès la fin 1972, mais sans jamais pour autant gouter aux joies d'un concert ad hoc. Ma sœur et moi avions été bercés par une culture musicale traditionnelle façonnée à la fois par des années de Conservatoire, et par la profession musicale de mon père. Ainsi, les quelques concerts auxquels j'avais assistés étaient tout ce qu'il y a de plus classiques ; souvent de qualité, mais jamais hors de sentiers battus. Certes, depuis quelques années mes oreilles d'adolescents commençaient bien à s'émanciper de mes études alternant le solfège et les instruments. Là, soudainement, je me trouve assis en tailleur sur les pavés de la place de la Concorde, avec mère, pour assister à ce qui s'avèrera un dantesque spectacle musical, visuel et pyrotechnique, hors norme pour l'époque.

Honnêtement, du haut de mes seize ans, comme la plupart des gens présents, j'ignorais à quoi vraiment m'attendre. Après tout, ce pouvait être juste un beau feu d'artifice du 14 juillet, quelque peu amélioré par des sonorités originales… Mon souvenir de cette soirée est forcément imprécis et lointain, quarante-cinq années après. Je ne pourrais donc pas commenter précisément le jeu musical de Jean-Michel Jarre comme je le fais actuellement dans mes récits, et de toute façon, nous n'étions pas placés idéalement pour cela ; la scène était quelque part, ailleurs. Nous étions noyés dans la multitude quelque part sur ladite place. Tout ouïe, nos regards se sont portés en alternance dans un ciel constellé de mille feux, et sur les façades de l'Assemblée Nationale et de l'Hôtel de la Marine, sur lesquelles étaient diffusées les images. Heureusement le concert a été filmé, mais j'aurai finalement dû attendre quelques décennies avant de le visionner pour revivre enfin ces atmosphères oniriques (nota bene : d'ailleurs, on attend toujours un DVD digne de ce nom…). Je ne cache pas mon émotion intense en revoyant ces images, mes poils se dressent et de petites bosses significatives se forment à la surface de ma peau ; oui j'ai la chair de poule. En particulier sur certains passages particulièrement étourdissants. Je me pince, en me disant "j'y étais, pour l'applaudir !".

Ce concert m'a durablement marqué et a largement contribué à façonner ma sensibilité musicale. Comme tous les artistes, JMJ fut inspiré par d'autres musiciens avant-gardistes, mais il aura au moins eu le mérite d'exploiter ses influences pour les rendre accessibles au plus grand nombre. Dont moi. Au même titre que mon éducation musicale institutionnelle et familiale, cet évènement a participé à ma construction culturelle. J'allais ensuite devenir le mélomane protéiforme, capable d'apprécier non seulement les sons de mes instruments favoris (les cuivres), mais capable aussi d'apprécier toutes les sonorités audacieuses exprimées dans le rock progressif. Sans Jean-Michel JARRE, mon émancipation musicale se serait très probablement limitée au rock, à commencer par AC/DC que j'allais découvrir quelques semaines plus tard…

Le petit virus auditif inoculé ce jour du 14 juillet 1979 m'a permis de développer une sensibilité au potentiel infini offert par les claviers synthétiseurs, dont l'instrument serait sinon resté rattaché dans mon esprit aux sons qu'en tiraient Klaus Wunderlich (probablement fort honorable par ailleurs), et ses clones de la même époque.

RESUME BIOGRAPHIQUE DU MONSIEURhttps://www.jeanmicheljarre.com/ Pour ceux qui souhaitent en savoir un peu plus sur JEAN MICHEL JARRE, je les invite à consulter le site de son fanclub (http://oxygenejmj.free.fr/ ) qui foisonne d'informations très intéressantes. Cette lecture permet de rappeler que son influence majeure fut Pierre SCHAEFFER, (maître fondateur de la de la musique concrète, de la musique acousmatique et de la musique électroacoustique), qu'il rencontra en 1968, avant de rejoindre le très avant-gardiste G.R.M. (Groupe de Recherche Musicale) en janvier 1969. Il le quittera en 1971, en désaccord avec l'esprit du groupe. Ensuite, il collabore sur la musique de deux chansons du groupe de rock progressif TRIANGLE : "Récréation" et "Le matin du premier jour". En effet, François "Faton" CAHEN de MAGMA et Jean-Michel JARRE participent au deuxième album, communément appelé "Viens avec nous" (paru en 1972), du titre phare de l'album qui sort en 45 tours… J'ignorais aussi que Jean-Michel JARRE a composé la musique du film "Les Granges brûlées" (1973).
(Source additionnelle : / https://www.albumrock.net/album-triangle-viens-avec-nous-13218.html )

Après deux albums relativement confidentiels "Deserted Palace" (paru en 1972) et "Les Granges Brûlées" (bande originale du film, paru en 1973), JMJ explose sa notoriété avec de nouvelle sonorités. "Oxygène" est le troisième album studio, paru le 5 décembre 1976 ; "Equinoxe" est le quatrième album studio, paru le 17 novembre 1978.

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LE CONCERT
https://www.youtube.com/watch?v=TPrNpDtRY_k&ab_channel=JarreBootlegsConcerts

Voici comment ce concert est brièvement évoqué sur son site officiel : "La place de la Concorde, au centre de Paris, a été le théâtre du premier concert en plein air de Jean Michel Jarre en 1979. Bien qu'il ait déjà donné des concerts, avec les groupes de rock avec lesquels il a joué à la fin de son adolescence, en comparaison avec ses concerts précédents et les concerts conventionnels de l'époque, ce concert était une performance tout à fait unique et innovante. Elle était accompagnée de projections lumineuses géantes et de feux d’artifice. La Place de la Concorde a été le premier d'une longue série de concerts qui ont permis de visualiser la musique de Jarre et également d'innover en matière de concerts.

Le 14 juillet 1979, ce spectacle ambitieux attire un public estimé à un million de personnes. Jean-Michel Jarre était seul sur scène avec ses synthétiseurs, interprétant Oxygène et Equinoxe, et le concert a été important pour établir un nouveau standard. C'est également devenu le premier des nombreux concerts de Jarre à détourner une ville entière le temps d'une nuit."
https://www.jeanmicheljarre.com/live/place-de-la-concorde

Commentaires dithyrambiques : "Pour le premier concert du 14 juillet 1979 place de La Concorde, les autorités avaient prévu quelques dizaines de milliers de spectateurs, il y en aura plus d’un million. Pour l’occasion, on fit même synchroniser les fontaines de la place, non sans mal puisque la tuyauterie datait parait-il du baron Haussmann."
Source additionnelle : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-voix-nue/mega-concerts-la-concorde-la-chine-houston-9356584

"Le succès total de ce concert est une revanche prise sur les détracteurs de Jean-Michel qui opposaient à la musique électronique de ne pas être jouable en concert. Pour l'anecdote : le concert diffusé en direct à la télévision permet de voir une erreur de manipulation de Jean-Michel Jarre qui, lors du morceau Oxygène 6 coupe maladroitement le son. Il le remet quand il s'aperçoit que le public réagit (Jean Michel Jarre avait un casque sur les oreilles et ne pouvait pas se rendre compte du problème)."

Le record d'affluence à ce concert l'inscrit pour la première fois au Livre Guinness des records.

 PROGRAMME
1.                  Oxygene 1
2.                  Oxygene 2
3.                  Oxygene 3
4.                  Oxygene 5
5.                  Oxygene 6
6.                  Equinoxe 1
7.                  Equinoxe 2
8.                  Equinoxe 3
9.                  Equinoxe 4
10.              Equinoxe 5
11.              Equinoxe 6
12.              Equinoxe 7
13.              Equinoxe 8
14.              Oxygene 4.


Jean-Michel Jarre a utilisé :
ARP 2600
EMS AKS
EMS VCS3 
RMI Harmonic Synthesiser
Farfisa Organ
Eminent
Mellotron
Rhythmin'Computer
Yamaha Polyphonic Synthesiser 
Oberheim Polyphonic Synthesiser
RMI Harmonic Synthesiser
RMI Keyboard Computer
Elka 707
Korg Polyphonic Ensemble
ARP Sequencer
Matrisequencer
EMS Vocoder
(Source : http://oxygenejmj.free.fr/ ).

 

 

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